jeudi 30 septembre 2010

Sorties à Hong Kong (septembre 2010)

Detective Dee and the mystery of the Phantom Flame (狄仁傑之通天帝國)

Un film de Tsui Hark avec Andy Lau, Li Bing-bing, Tony Leung Ka-fai, Deng Chao, Carina Lau, Du Yiheng. 124 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 30 septembre 2010.





mercredi 29 septembre 2010

Ocean heaven


Une main glisse doucement sur l’eau. Cette main, c’est celle de Wang (Jet Li), un père veuf qui a amené son grand fiston Dafu (Wen Zhang) faire du bateau sur la mère. Le fils a un petit geste de la main gauche et un regard droit. On comprend immédiatement qu’il est autiste. Tous les deux ont le sourire, la mer est calme, il fait beau. Wang prend une corde, s’attache les pieds, puis ceux de son fils et lie le tout à un poids. Puis, ils se jettent dans l’eau pour mourir.

Le plan suivant de Ocean heaven montre le père et le fils marchant pour rentrer chez eux. La voisine, Madame Chai (Zhu Yuanyuan) devait garder la maison pendant leurs prétendues vacances. Une lettre d’explication l’attendait. Mais, elle ne l’a jamais lue. Elle s’étonne de leur odeur. Elle veut les aider, mais Wang, avec délicatesse parvient à ce qu’elle s’en aille, et va faire à manger comme si de rien n’était. Sans doute Madame Chai n’est pas insensible à la force de caractère de Wang dont elle dit qu’il est le meilleur père qu’elle n’a jamais rencontré. Dafu reprend ses petites habitudes comme si ce suicide avorté n’avait jamais eu lieu.

Wang a décidé de se consacrer entièrement à son fils. Il travaille au nettoyage d’un parc aquatique. Il vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer et cherche une nouvelle place pour son fils. Mais le fils n’est pas autonome. Il faut l’aider pour chaque chose. Le soir, Wang lui enlève son t-shirt pour dormir et le borde comme un enfant. Il faut tout lui apprendre : à se faire à manger, à prendre le bus et à sortir à la bonne station. Et comme, il veut aussi lui trouver un boulot, c’est encore plus difficile. C’est la quête d’un centre pour autiste qui est au centre des préoccupations du père. Il est difficile d’accueillir un jeune adulte, mais il saura trouver un hospice pour lui. Là, sans doute existe-t-il une trop grande idéalisation. Tout le monde est un peu trop gentil, personne ne se moque jamais de Dafu.

Dafu est dans son monde, isolé et serein. Il vit avec ses petites manies, comme mettre un chien en peluche sur la télé, que Wang déplace chaque jour sur le canapé. Il aime surtout nager dans le grand aquarium du parc aquatique. Et le patron de Wang pense que sa nage pourrait faire une grande attraction pour le public. Mais, il faut y renoncer le jour où Dafu manque de se noyer à cause d’une faute d’inattention de son père. Au parc, Dafu va faire la connaissance de Lingling (Kwai Lunmei), une belle femme qui fait des attractions foraines et qui va lui faire découvrir une part de rêve. On imagine un moment qu’une idylle pourrait naître entre eux, mais le film évite cet écueil et l’évoque à peine.

Xue Xiaolu réalise avec Ocean heaven un premier remarquable. Jet Li dans un de ses tous premiers rôles dramatique s’avère très juste et n’en fait pas trop. Pas de grimace à la Jackie Chan. Il a trouvé le bon ton et est au diapason des autres acteurs qui déploient une finesse de jeu pour un sujet aussi casse gueule. La manière dont est montré l’autisme est sans misérabilisme. Bien au contraire, il est fait preuve d’un sens de l’humour salutaire. Tout est filmé avec un grand calme, y compris les scènes où Wang a perdu Dafu. Qui plus est, le film est éclairé par Christopher Doyle et la musique est de Joe Hisaichi. Une petite brochette de stars pour un joli petit film. Pour Jet Li, qui affirme avoir renoncer aux films de kung-fu, c’est un nouveau départ qui s’amorce bien.

Ocean heaven (海洋天堂, Chine, 2010) Un film de Xue Xiaolu avec Jet Li, Kwai Lunmei, Wen Zhang, Sik Siu-Lung, Cao Bing-kun, Ma Zihan, Zhu Yuanyuan, Chen Rui.

mardi 28 septembre 2010

The Story of Wong Fei-hung

La saga Wong Fei-hung a démarré en 1949 avec dans le rôle titre Kwan Tak-hing, qui endossa le personnage pendant plusieurs décennies et des dizaines de films. Story of Wong Fei-hung est en deux parties, histoire de mettre les spectateurs dans l’attente de la suite en laissant le héros chinois dans une situation pleine de suspense. Pour toucher encore plus la population de la colonie britannique, le film est parlé en cantonais. Il est bien entendu en noir et blanc.

Le film commence dans un décor de carton pâte par une danse du lion qu’exécute Wong. La séquence, souvent filmée en longs plans d’ensemble, dure un peu plus de cinq minutes. Un homme acclame Wong fei-hung et se fait houspiller par un autre. Wong les sépare, il préconise la paix plutôt que l’attaque. Le maître invite cet homme chez lui et présente la genèse des ancêtres qui pratiquaient son kung-fu. Régulièrement, le film montrera des démonstrations d’art martial présenté comme inhérent à la culture chinoise.

Wong Fei-hung, en tant que médecin, reçoit des consultations. En l’occurrence, le valet d’un homme d’affaires qui a du mal à partir avec un malandrin qui en veut à sa femme. Il l’a faite prisonnière et rendu malade l’époux. Wong Fei-hung va tenter de démêler cette sombre histoire. Il s’agit de montrer la noblesse d’âme du héros, sa grandeur d’esprit et sa volonté de justice tout en proposant un scénario de polar avec ses chausse-trappes et ses combats.

L’école de Wong Fei-hung est florissante et cela suscite des jalousies. Cela donnera un nouveau scénario, une fois le précédent réglé. Un autre maître provoque le médecin en insinuant que son kung-fu est médiocre. La bataille des écoles est un classique qui sera au centre des scénarios de nombreux wu xia pian. Et les femmes dans tout ça ? Pour accomplir sa noble tache, Wong Fei-hung reste célibataire. Certes une jeune femme l’apprécie beaucoup, mais il souhaite devenir son parrain plutôt que son époux.

Que cela soit vrai ou non, cet élément sera toujours repris dans les films modernes, en particulier dans les films produits et tournés par Tsui Hark. Car, ce Story of Wong Fei-hung a pour but de montrer la vérité sur le héros, à la manière d’un documentaire. De là découlent ces scènes d’exhibition. Cependant, toute idée politique est exclue, seule la morale compte. La morale traditionnelle chinoise à l’heure où la Chine continentale s’en va donner le pouvoir à Mao Tsé-toung.

Story of Wong Fei-hung : Part I (黃飛鴻傳上集, Hong Kong, 1949) Un film de Wu Pang avec Kwan Tak-hing, Walter Tso, Chan Lau-wa, Ma Siu-ying, Sek Kin, Lee Pang-fei, Tsang Choh-lam, Chow Siu-loi, Chui Chung-ming, Ng Tung.

lundi 27 septembre 2010

Song of the exile

En 1973, à Londres Cheung Hue-yin (Maggie Cheung) finit ses études. Elle est jeune et passe du temps avec ses camardes d’université en attendant d’avoir des rendez-vous d’embauche. Une des ses amies en a un à la BBC. Yin a également un entretien mais un courrier la perturbe. Sa mère (Luk Siu-fan) qui vit à Hong Kong lui demande de rentrer pour assister au mariage de sa petite sœur. Après avoir résisté un peu, elle prend l’avion et va retrouver sa famille.

Très vite, les souvenirs reviennent à la mémoire quand elle vivait à Canton avec ses grands parents qui s’occupent de la petite. Le père (Waise Lee) travaille à Hong Kong et a laissé fille et mère chez ses parents. La mère passe son temps à travailler sans enthousiasme. Elle vit mal l’absence de son époux et demeure silencieuse et triste. Du coup, la petit Yin passe tout son temps avec ses grands parents et quand le père vient chercher la famille, la gamine ne veut pas partir et les grands parents vont la garder avec eux.

En 1963, Yin va à Hong Kong parce que les grands parents commencent à vieillir. C’est une ville qu’elle ne connait pas. Elle ne connait d’ailleurs pas plus sa famille. Ses parents ont eu une autre fille qui est déjà grande. Le père de Yin trouve qu’elle est bien ingrate. Une dispute s’en suit et le père lui annonce que sa mère est Japonaise. Yin l’ignorait. C’est tout un pan de l’histoire de sa famille et d’elle-même qu’elle apprend. Elle comprend qu’elles se ressemblent, qu’elles sont toutes deux des exilées.

Ann Hui mêle dans Song of the exile les époques à coup de longs flash backs qui exposent un moment marquant du passé. On passe d’une décennie à une autre pour reconstituer le puzzle de cette famille où les choses ne sont pas dites, où les secrets restent lourds à porter et où l’amour manque autant qu’il est demandé. Le passage d’une période à une autre se fait sans heurt, tout en douceur au gré des souvenirs de Yin. Elle va au coiffeur pour le mariage et cela lui rappelle son premier jour d’école où sa mère lui coupe les cheveux, drame dont elle ne s’est jamais remise.

Ces souvenirs amènent la mère à penser à son avenir. Et cet avenir la pousse à vouloir rentrer au Japon, à retrouver sa famille et terre natale. Point de nostalgie dans le film d’Ann Hui, pas plus d’idée de nationalisme, mais un sentiment de bien être à recouvrer. Yin suit sa mère au Japon. Son frère est toujours vivant et l’accueille volontiers, mais sa vieille institutrice lui reproche son départ. Yin va à la rencontre du passé de sa mère, elle se promène en vélo dans la campagne, créant quelques incidents à une ferme parce qu’elle ne parle pas la langue. Et surtout, elle apprend comment ses parents se sont rencontrés.

De manière un peu maladroite, Ann Hui filme les fêtes traditionnelles japonaises comme une touriste le ferait. Cela n’apporte pas grand-chose à l’histoire de Song of the exile. Il semble bien évident que la cinéaste a mis beaucoup d’elle-même dans son film, qu’elle parle de son propre parcours, de sa propre vie. Tout est conté avec une grande délicatesse qui dénote une grande tendresse pour tous les personnages et Maggie Cheung, dans le rôle de la cinéaste, atteint une grande justesse.

Song of the exile (客途秋恨, Hong Kong – Taiwan, 1990) Un film d’Ann Hui avec Maggie Cheung, Luk Siu-fan, Waise Lee, Siu Seung, Tien Feng, Yeung Ting-yan, Kaji Kentaro.

vendredi 24 septembre 2010

Marco Polo le guerrier de Kublai Khan


Entre ses films italiens divers et variés et ses monstrueux navets produits par Godfrey Ho, Richard Harrison a joué dans deux films produits par la Shaw Brothers et réalisés par Chang Cheh. Dans Marco Polo, il interprète le rôle éponyme avec à chaque plan qu’il lui est offert la même expression : sourire léger qui se cache derrière ses yeux bleus et sa belle chevelure blonde. L’absence d’expressivité est peut être due à la volonté du cinéaste de faire de Marco Polo un observateur objectif de la situation de l’Empire de Chine. Ou peut-être, est-ce tout simplement dû à la nullité de l’acteur.

Marco Polo arrive aux portes du palais de Kublai Khan (Lee Tung-chun), empereur Mongole qui règne sur toute la Chine. Invité à sa cour, le voyageur vénitien découvre les vaillants combattants du Khan qui se battent devant ses yeux. Les trois meilleurs deviendront les gardes du corps de l’empereur : Abulahua (Gordon Liu), Caldalu Leung Kar-yan et Dulldan (Johnny Wang). La même nuit, on tente d’assassiner le souverain. Cinq assassins s’introduisent secrètement et Zu (Carter Wong), l’un d’eux sera gravement blessé. Marco Polo et les trois gardes partent à sa recherche dans le Yangzhou.

Là-bas, Zu et sa femme (Shih Szu) sont vite repérés. Zu est tué et son épouse faite prisonnière. Marco Polo s’installe dans le palais du chef de la ville (Han Chiang). Marco Polo recherche les quatre autres assassins qui se cachent justement dans cette demeure. Mais le héros vénitien n’intéresse absolument pas Chang Cheh. Il n’a pratiquement aucun dialogue et au bout de quelques minutes, il n’apparait que de manière très épisodique. Ce qui passionne le réalisateur sont ces quatre hommes qu’il voit comme des résistants alors que Marco Polo et les trois gardes du corps sont vus comme des bourreaux.

Fu Sheng, Chi Kuan-chun, Bruce Tong et Phillip Kwok sont ces quatre Chinois Han qui tentent de préserver leur culture face à l’impérialisme mongol. Filmés pendant tout le film torse nu et souvent dans l’effort, ils sont mis en scène tels des icones de la liberté. Mais leur liberté est difficile à acquérir, d’autant qu’ils sont totalement inexpérimentés et que leur art martial est très faible. Ils vont devoir s’entrainer durement auprès de vieux sifu qui possèdent la connaissance de cet art.

Chacun d’eux fera l’apprentissage d’un élément de la nature pour pouvoir vaincre les féroces soldats mongols. Le feu, l’eau, le bambou et le roc. Parvenir à marcher sur l’eau, réussir à rompre un bambou sans se souper, remuer les haricots qui cuisent sans se brûler ou briser des rochers avec le poing, telles sont les buts que s’atteignent les quatre vrais héros de Marco Polo. Le scénario classique du film de kung-fu est posé avec son lot d’épreuves et de réussite pour les combattants. Le film se clôt par la bataille des quatre hommes contre toute l’armée du Khan dans la plus pure tradition des Shaw Brothers.

Marco Polo le guerrier de Kublai Khan (Marco Polo, 馬哥波羅, Hong Kong, 1975) Un film de Chang Cheh avec Fu Sheng, Chi Kuan-chun, Bruce Tong, Phillip Kwok, Richard Harrison, Shih Szu, Lo Dik, Gordon Liu, Leung Kar-yan, Johnny Wang, Lee Tung-chun, Carter Wong, Ting Wa-chung, Tang Tak-cheung, Chang I-Fei, Lee Ying, Chan Wai-lau, Han Chiang.

jeudi 23 septembre 2010

Sorties à Hong Kong (septembre 2010)

Legend of the fist. Return of Chen Zhen (精武風雲.陳真)

Un film d’Andrew Lau avec Donnie Yen, Shu Qi, Huang Bo, Zhou Yang, Huo Siyan, Anthony Wong, Chen Jia-jia, Kohata Ryu, Shi Feng, Shawn Yue, Kurata Yasuaki. 103 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 23 septembre 2010.





mardi 21 septembre 2010

Land of scarecrows


Il faudra un bon quart d’heure pour le premier mot soit prononcer. Et dans ces quinze premières minutes, il va falloir s’accrocher pour mettre un lien entre toutes les images que Land of scarecrows propose. Une ébauche des trois personnages se glisse entre des plans d’ensemble, que n’aurait pas reniés Jacques Rivette, d’une ville où les déchets remplacent l’herbe, où la pollution du sol est tenace et où tout le monde fait la gueule. On se retrouve soudain aux Philippines où trois hommes rencontrent des femmes à épouser, donc Rain un des personnages du film.

En Corée, Jiyoung Chang (Kim Seon-yeong) une femme se travestit et part justement aux Philippines pour se marier avec cette femme. Tandis que Loi Tan (Jeong Doo-won), un jeune Coréen recherche son père adoptif. Lui pense qu’il vient des Philippines. Rain ne tarde pas à découvrir que Chang est une femme. Malgré ses atermoiements, elle va la quitter pour partir dans un no man’s land tandis qu’elle se fait agresser par la grand-mère voisine.

C’est le cas typique de film qui progresse dans un cinéma mi expérimental mi poétique pour finalement n’arriver qu’à dire que la solitude est le mal de notre époque, que c’est une pollution de l’âme. Land of scarecrows est un simple montage d’images symboliques dont les signes devraient demeurer cachés au spectateur. Le sens des images, comme les plans, sont étirés dans une volonté toute souveraine, mais vaine, de faire de l’écriture cinématographique.

Land of scarecrows (허수아비들의 , Corée – France, 2008) Un film de Roh Kyeong-tae avec Kim Seon-yeong, Eun Ha, Jeong Doo-won, Lee Mi-seon, Shin An-jin.

lundi 20 septembre 2010

La Comédie humaine


Le retour au cinéma de Chapman To s’est déroulé en deux actes. L’acteur a écrit le scénario de Once a gangster, sans y jouer dedans et il a produit Ex en se donnant qu’un petit rôle. Et il a le rôle principal de La Comédie humaine (en français dans le texte). A quoi ressemble Chapman To aujourd’hui ? Cheveux ras, éternelle bonne bouille d’adolescent mais son ventre a grossi et il prend un malin plaisir à le montrer pendant une très large partie du film. Le comique de son personnage tient d’ailleurs dans cette protubérance physique.

Chapman To a comme nom de personnage Seeto Spring Migration, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? C’est un tueur à gages. Le film commence sur une musique qui aurait pu accompagner les films récents de Johnnie To. C’est volontaire. Seeto marche devant des chromo de soleil couchant avec Setting Sun (Hui Shiu-hung), un autre tueur. Ils se séparent pour aller sur une affaire et prévoit de se retrouver quelques jours plus tard sur le toit d’un immeuble. La planque est mal abritée et Seeto s’évanouit à cause du froid.

Le lendemain matin, il se réveille à poil dans un lit. Il a été recueilli par un gringalet à lunettes parce que Seeto est tombé sur les antennes de télévision. Le jeune homme se présente, il s’appelle Soya Chugot (Wong Cho-lam) et doit expliquer pourquoi il a mis à poil son invité. Ses vêtements sont sales et Soya lui prête le seul t-shirt à sa taille avec Homer Simpson. Seeto se sent humilié et Soya est pénible et il se dit qu’il le tuerait volontiers, mais chaque fois, il lui prépare un bon petit repas et Seeto reste chez son hôte.

Soya est scénariste. Sur le mur, on trouve une affiche de Jules et Jim et une immense photo d’Audrey Hepburn. Ses étagères sont remplies de DVD. Il demande à Seeto de lui parler de sa vie. Il s’invente une vie où les titres des films se mêlent, s’auto-citant quand il parle d’Isabella. C’est un joli moment d’humour, un peu trop allongé certes, mais qui fonctionne sur un mode post-moderne, comme le sera le reste de La Comédie humaine, avec l’idée de pasticher les films de gangster. Le film propose, évidemment, une parodie gay friendly des films de John Woo.

En tant que scénariste, Soya travaille sur un film réalisé par Lee lik-chi, qui interprète un réalisateur arrogant et hautain. Il a demandé conseil à deux prétendus tueurs mais c’est Seeto qui va donner des conseils et Soya propose, dans une mise en abyme, la propre histoire du film, sans que l’on sache s’il a compris qui est vraiment Seeto. Et Chapman To imite Andy Lau puis Tony Leung Chiu-wai dans leurs rôles d’Infernal affairs. Rien n’est moins sûr. Soya semble si innocent et pour ainsi dire stupide. Et Wong Cho-lam parvient à faire de cette naïveté, lui qui d’habitude en fait des tonnes réussit à jouer sur tous les tons.

Soya sent qu’il s’est fait un nouvel ami. Un ami qui ne cesse de lui mentir et avec lequel les rapports sont de plus en plus tendres et francs. Les deux cinéastes filment les deux acteurs comme un couple, l’un prenant soin de l’autre, ils dorment ensemble mais un personnage féminin va apparaître, puis un deuxième. Le premier est Sky Love (Fiona Sit), selon le surnom que lui a donné Soya. Là aussi, la relation entre Sky Love et Soya est un vrai roman. Torturé et violent. Les deux, aussi timides, l’un que l’autre mettent des semaines à se parler, puis sortent ensemble, jusqu’à ce qu’elle se mette à le frapper. Le ton change radicalement et Seeto envisage de la descendre.

Puis Seeto rencontre Maggie Chan (Kama Law), une ado enceinte avec laquelle il va se lier dans une relation paternelle. Alors pourquoi est-ce que les relations avec les femmes sont si difficiles pour nos deux hommes ? Chan Hing-kai est le spécialiste des rapports entre les hommes et les femmes et sur le ton de cette comédie enjouée et drôle, il s’avère très pessimiste. Le scénariste réalisateur fait l’éloge de l’amitié et de la fraternité. Le scénario part un peu dans tous les sens mais le film fonctionne, porté par les acteurs.

La Comédie humaine (人間喜劇, Hong Kong, 2010) Un film de Chan Hing-kai et Janet Chun avec Chapman To, Wong Cho-lam, Chui Tien-you, Hui Shiu-hung, Kama Law, Lee Lik-chi, Fiona Sit.

dimanche 19 septembre 2010

Agent spécial (My father is a hero)


La femme et le fils de Kung Wai (Jet Li) ignorent tout de sa vie. Clope au bec, dans un quartier populaire de Pékin, Wai attend un homme qui va faire une livraison de faux papiers. L’affaire ne se passe pas comme prévu et Wai enferme le chef de la bande dans un sac en toile, grimpe sur son vélo et fonce jusqu’au stade pour aller regarder son fils Kung Ku (Xia Miao) à un concours d’arts martiaux. Le fils attend la venue de son père qui met du temps à arriver et qui manque presque la finale où son fils joue. D’autant, que les autres méchants le poursuivent et il doit se battre dans les coulisses.

Le petit Ku vénère son père même s’il se doute que ses activités ont quelque chose de spécial et de pas franchement légales. Il aime passer du temps avec lui et la raison pour laquelle il voulait absolument gagner ce concours d’arts martiaux est que le gagnant a droit à une photo de famille. Ce qui est exceptionnel compte tenu de la pauvreté de la famille. La mère est malade et tout l’argent passe dans les médicaments. Ku va aussi, avec un de ses amis, lui ramasser des fourmis pour en faire des décoctions. Mais, un jour Wai est arrêté par la police et ses camarades de classe commencent à le harceler et à se moquer de ce « fils de criminel ».

Wai est arrêté mais on découvre qu’il est flic et que ses missions est d’infiltrer le milieu. Et justement, son supérieur lui annonce qu’il va partir à Hong Kong pour surveiller un réseau de contrebande d’antiquités. Pour cela, il va s’évader de prison avec un vrai petit gangster, Darkie (Blacky Ko). Wai ne veut pas, sa femme va de plus en plus mal. Il doute que son jeune fils puisse s’occuper seul de sa mère. Mais un ordre est un ordre. Darkie va prendre en sympathie Wai quand il comprend qu’il abandonne sa famille et le faire rencontrer Po (Yu Rongguang).

Po va embarquer Darkie et Wai dans un cambriolage de bijouterie qui ne se passera pas comme prévu. La police intervient, Wai tient un homme en otage et c’est l’inspectrice Fong (Anita Mui) qui prend la place de l’otage. Une course poursuite s’engage et Fong se trouve en mauvaise posture. Or, Wai la sauve et Fong commence à s’interroger sur ce voleur qui ne veut pas abattre un flic. Elle enquête sur lui, se rend en Chine et rencontre Kun Ku et sa mère dont la maladie s’est aggravée. Elle décède et Fong, prise de sympathie, emmène l’enfant avec elle à Hong Kong.

Fong ne va pas tarder à découvrir la vérité. Elle va s’attacher à la fois au petit et à son père. L’enfant va découvrir que son père est effectivement un héros. Mais le méchant Po va comprendre également qu’il est un flic infiltré et prend en otage Ku. Dans une scène tendue par l’émotion, le père va parvenir à simuler la mort de son fils avec comme objectif de ne pas griller sa position d’agent infiltré. Puis, Darkie va comprendre que Po est beaucoup trop violent et brutal et va aider Wai à sauver Ku.

Pour apprécier My father is a hero, il ne faut s’embarrasser des excès de scénario qui sont nombreux. Po parvient toujours à trouver ses ennemis comme s’il avait un sixième sens. Comme souvent dans les films d’action de Hong Kong, le méchant est borderline, ignoble et n’a aucun sens de la mesure, d’autant que Yu Rongguang porte un costume de super bad guy, gants blancs, lunettes de soleil et rire sardonique. Jet Li cherchait avec ce film à faire progresser son personnage de flic au cœur pur. L’émotion doit gagner le spectateur avec les scènes familiales déchirantes. Le mélodrame est convenu mais fonctionne grâce à Anita Mui dans son rôle de flic d’abord intransigeante puis amoureuse de son ennemi, et grâce au duo Jet Li – Xia Miao que l’on sent complice bien qu’invraisemblable, notamment dans la séquence ou Jet Li doit désamorcer les bombes aidé par le fils.

Agent spécial (My father is a hero, 給爸爸的信, Hong Kong, 1995) Un film de Corey Yuen avec Jet Li, Anita Mui, Xia Miao, Blacky Ko, Yu Rongguang, Damian Lau, Ngai Sing, Bonnie Fu, Ken Lo, Yu Naam-naam, Corey Yuen, Henry Fong.

samedi 18 septembre 2010

Top squad


Les femmes aussi veulent devenir flics. Jackie Chan l’a bien compris en produisant pour la Golden Harvest Top squad qui répond aux Yes Madam ! et autres films d’action féminins des années 1980. Les personnages seront suffisamment typés pour qu’on puisse développer la romance, l’humour et l’action. Le film aura tant de succès que trois suites seront tournées.

Bienvenue donc dans l’escouade féminine de l’école de police. Toutes les filles sont là dans la salle à se présenter les unes aux autres, à parler maquillage et garçons. Ça papote, ça piaille, le ton est donné : les femmes dans une école de police ne sont pas chez elles. Toutes ces apprenties policières vont rencontrer leur instructeur. C’est l’inspectrice Wu (Sibelle Hu), qui s’était installé au milieu des autres pour mieux écouter. La séquence inaugurale avait déjà présenté Wu, une femme à poigne à qui on ne la fait pas. Avec l’inspectrice Law (Cynthia Rothrock), elle avait maté des gangsters. On comprend immédiatement que la tranquillité des élèves va être mise à rude épreuve avec elle.

Effectivement, l’entrainement est rude. Le film passe un bon moment à nous en décrire les détails. Les filles doivent courir, porter des sacs pleins de pierres, grimper à la corde et courir. Chaque apprentie flic va pouvoir dans ces exercices forcés révéler sa personnalité. Ailene (Regina Kent) est la timide du groupe qui a du mal à s’adapter. May (Kara Hui) est la fonceuse, celle qui n’hésite jamais à se mettre en avant, quitte à braver le danger, mais son attitude risque de mettre en péril l’unité du groupe. D’ailleurs, une altercation entre les deux femmes provoque le départ de la forte.

La solidarité est désormais de rigueur. C’est ce que vont vivre Karen (Ann Bridgewater) et Jean (Ellen Chan) qui se rendent compte un jour, lors d’une discussion sur leur petit ami, qu’elles sortent avec le même garçon (Michael Chan). Elles vont lui faire payer cette forfaiture. Mais c’est Amy (Sandra Ng) qui a le personnage de la comique de service, la fille mal fagotée et rigolote que les hommes ne regardent pas, comme le montre la scène où Ricky Hui apparait. Il est cuistot et sert toutes les filles avec un grand sourire sauf elle.

Cependant, Amy sera la seule à parvenir à avoir une relation amoureuse avec un de ses collègues masculins. L’école de police est mixte, même si les hommes ne dorment pas dans les mêmes chambres que les femmes. C’est le personnage de Ken Lo, le bras droit de Jackie Chan, qui va devenir le petit ami d’Amy. Il la trouve d’abord laide et grosse, mais ils ont le même caractère et vont vite s’apprécier. Autre histoire d’amour, celle entre l’inspectrice Wu et Kan (Stanley Fung), l’instructeur de l’équipe des garçons.

La solidarité va cette fois s’appliquer entre les futurs policiers hommes et femmes dans un affaire de stricte convention où tous doivent surveiller un défilé de mode (bin ringard) où un très méchant compte bien voler les bijoux des mannequins. Jackie Chan et son équipe de cascadeur qui sont acteurs dans le film (Mars est de la partie) mettent en scène le traditionnel combat final où les femmes, évidemment, se battent aussi bien que les hommes. Mais, le film sent la routine et l’habitude.

Top squad (The Inspector wears skirts, 霸王花, Hong Kong, 1988) Un film de Wellson Chin avec Sibelle Hu, Cynthia Rothrock, Sandra Ng, Stanley Fung, Ann Bridgewater, Jeff Falcon, Kara Hui, Bill Tung, Regina Kent, Ellen Chan, Lee Pooi-ling, Lai Ming-si, Alex To, Mars, Ken Lo, Billy Lau, Michael Chow, Shing Fui-on, Ricky Hui, Dennis Chan.

jeudi 16 septembre 2010

Sorties à Hong Kong (septembre 2010)

Adventure of the King (龍鳳店)

Un film de Chung Shu-kai avec Richie Ren, Barbie Hsu, Huo Siyan, Law Kar-ying, Bruce Leung, MiuMiu, Nat Chan, Pan Chang-jiang, He Yunwei. 108 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie : 16 septembre 2010.





mercredi 15 septembre 2010

Flirting scholar 2


Lee Lik-chi n’avait rien tourné depuis bien longtemps, soit The King of comedy avec Stephen Chow. Plus quelques apparitions en tant qu’acteur depuis une dizaine d’années. Et voilà qu’arrive Flirting scholar 2, sans Stephen Chow évidemment, qui s’avèrera être le prequel de Flirting scholar qui était l’un des sommets de l’acteur comique. En revanche, ce nouveau film qui reprend les mêmes personnages dans des situations diverses et variées n’arrivent pas à faire rire.

Le problème n’est pas dans le fait que ce genre de comédie ne fonctionne plus aujourd’hui, même si l’absence de Stephen Chow et de relève se fait grandement sentir. Il se tourne encore quelques comédie drôles et inspirées qui, souvent, ne fonctionne pas jusqu’au bout. Wong Jing essaie toujours d’en faire, sans succès, malgré Sandra Ng et son abattage. Les scénarios se contentent de recycler ce qui a marché des années auparavant, alors qu’auparavant les films prennaient un genre et le pervertissaient.

Tang Bak-fu est interprété par un acteur nouveau, Huang Xiaoming, qui en fait beaucoup pour rentrer dans le moule dessiné par Stephen Chow. Sa mère (Mimi Chu) l’inscrit à une école pour en faire un lettré, car c’est un cancre. Il est aidé dans sa tache par trois de ses amis, Nat Chan, Richie Ren (qui porte les cheveux bouclés) et Zhou Libo. Le gage de Lee Lik-chi est de faire rire avec ce quatuor. Viendra Qian-qian (Zhang Jingchu), la jeune fille rebelle dont Bak-fu va tomber amoureux mais qu’il aura bien du mal à conquérir.

L’humour ne vaut pas grand-chose, à moins d’apprécier tout simplement les coups de pied au cul, les chutes au sol et les blagues en dessous de la ceinture. Richie Ren feint d’avoir inventer un produit pour devenir invisible. Nat Chan écoute cela et se saisit de la boule magique qui est composée de crotte de chien. Ils rient en coin. Puis, Nat Chan déambule à poil, dans une longue scène qui s’étire trop. Et qui rappelle celle avec Richard Ng (qui fait une apparition dans le film) dans Le Gagnant. Mais jamais le duo Nat Chan - Huang Xiaoming n'arrivera à la cheville Nt Man-tat - Stephen Chow.

De la même manière, le moine en chef (Law Kar-ying) dirige un monastère tou sauf orthodoxe. Quand Bak-fu y arrive, il comprend que quelque chose ne tourne pas rond. Les moines frappent les éventuels fugitifs comme ceux dans The God of cookery où Stephen Chow en faisait les frais. Les vrais moines sont enfermés dans la cave où ils doivent travailler sans cesse pour que garder le bain chaud dans lequel les jeunes femmes du casting puissent offrir quelques scènes érotisantes. Puis, Law Kar-yin se transforme en démon et Flirting scholar 2 part dans l’absolu n’importe quoi.

Flirting scholar 2 (唐伯虎點秋香 2 之四大才子, Hong Kong – Chine, 2010) Un film de Lee Lik-chi avec Huang Xiaoming, Zhang Jingchu, Richie Ren, Nat Chan, Law Kar-ying, Cheung Tat-ming, Zhou Libo, Fan Siu-wong, Mimi Chu, Joe Cheng, Lee Siu-kei, Richard Ng, Lam Tze-chung, Tin Kai-Man, Yuen King-tan, Barbie Hsu.

lundi 13 septembre 2010

One day


Le rêve comme moteur du fantastique est en vogue. De manière sophistiquée dans Inception ou plus planante dans Oncle Boonmee, de manière violente dans Dream. One day, produit par Hou Hsiao-hsien, est plutôt d’un autre côté, dans un fantastique domestique que les personnages acceptent volontiers, une fois que Tsung (Bryan Chang) a expliqué à Singing (Nikki Hsieh), sa petite amie qu’ils sont en plein rêve.

Singing, jeune femme, vit avec sa mère qui est veuve. L’époux a disparu en mer, on ne l’a jamais retrouvé. Elle garde précieusement la boussole qui lui appartenait et dont elle ne se sépare jamais. Elle travaille de nuit dans un ferry qui part de Taïwan jusqu’à l’île de Xinmen. Elle remarque un soldat qui regarde également une boussole. On comprendra plus tard qu’il s’agit de la même boussole et qu’elle a été transmise par le rêve.

Le soldat c’est Tsung. Mais, à ce moment-là, ils ne se connaissent pas encore, ou plutôt, le rêve se décale dans le temps. Singing rêve de lui en 2009 et il va la rejoindre dans le même songe en 2010. Ils sont ensemble sur le ferry. Il n’y a plus aucun passager si ce n’est un Indien (Jishnu Prasad), qui ne parle pas mandarin, mais qui parvient à se faire comprendre parce qu’en rêve tout est possible. L’Indien rêve aussi, mais dans un autre temps encore. Il a faim, il a soif. Ils ont peur de lui.

Se rejoindre en rêve quand on est ensemble dans la vraie prend du temps. C’est aussi un danger car Singing n’arrive pas à se rappeler le rêve, la raison pour laquelle elle doit rencontrer Tsung. Le réalisateur filme d’abord décadré le rêve, dans des plans obliques avec beaucoup de flous et des lumières qui clignotent, puis tout se calme, sans aucun effet spécial et à peine quelques notes de musique. One day est un film tout rempli de langueur et de couleurs vives.

One day (有一天, Taiwan, 2010) Un film de Hou Chi-jan avec Bryan Chang, Nikki Hsieh, Jishnu Prasad, Gwen Yao, Shi Shin-hui.

vendredi 10 septembre 2010

Tora-san, c’est dur d’être un homme


La Shôchiku produisait en 1969 Tora-san, qui succès aidant, deviendra une longue série de films réalisés par Yôji Yamada avec dans le rôle éponyme Kiyoshi Atsumi. Une bonne cinquantaine de longs-métrages et quelques téléfilms. Il n’est pas toujours facile de se plonger dans un film qui a marqué autant le cinéma japonais, d’en comprendre tous les rouages et la portée.

Tora est un camelot qui a quitté son quartier populaire des faubourgs de Tokyo il y a vingt ans. Il revient voir sa famille, en l’occurrence son oncle et sa tante puisque ses parents sont morts. Dans la petite maison vit sa sœur Sakura (Chieko Baisho) qui a bien du mal à se rappeler ce grand frère qu’elle n’a pratiquement pas connu. Elle est encore célibataire et s’apprête à épouser le fils de son patron. Elle est une simple employée dans une grande entreprise.

Parce que l’oncle a trop bu la veille pour célébrer le retour de Tora, c’est ce dernier qui va l’accompagner au repas de présentation des futurs époux. Mais, Tora se met à boire et ses manières ne plaisent guère à la belle famille potentielle. Il mange le miso en faisant trop de bruit, il raconte quelques blagues de mauvais goût. Le mariage ne se fera pas plongeant la famille dans une grande colère face à l’inconséquence de Tora. D’autant que Sakura n’a pas de dote à offrir et a peur de rester célibataire.

Mais Tora est un bon gars. Et il va chercher à arranger les choses. Il ne peut pas s’en empêcher d’aider les gens. Dans la rue, tandis qu’il déprime à cause de ses bêtises, il va rencontrer Noburu (Daisaku Akino), un autre camelot mais sans talent et va l’introduire dans sa famille. Mais, Sakura n’en veut pas, elle est amoureuse de son voisin, le jeune Hiroshi (Gin Maeda) qui s’avère bien maladroit pour avouer son amour réciproque.

Et la vie amoureuse de Tora dans tout cela ? S’il pouvait se marier avec Sakura, il le ferait. Mais, c’est Miss Fuyuko (Sachiko Mitsumoto), la fille du gardien du temple bouddhiste, qui a ses faveurs. Mais le père (Chishû Ryû) a déjà choisi un époux pour sa fille. Le trio d’acteurs offre une des meilleures scènes. Ils veulent se faire prendre en photo et le père, qui a du mal à sourire, dit « butter » au lieu de « cheese », ce qui fait rire aux éclats sa fille. Le gag sera repris plus tard lors du mariage de Sakura.

L’humour de Tora-san consiste à rire aux conséquences des actes de Tora. Chaque entreprise qu’il commence se termine régulièrement par une petite catastrophe. Tora n’est pas capable de se contrôler et sa trivialité affecte toujours la famille. La situation se rétablit, car on est dans un film moralisateur, mais de justesse. Cela n’empêche pas le film d’être émouvant comme lors du discours du père de Hiroshi interprété par un Takashi Shimura au visage fermé. Tora-san est aussi l’occasion de découvrir la vie des petites gens, vingt cinq ans après la guerre, période de fin de transition où le personnage de Tora agit comme un révélateur.

Tora-san, c’est dur d’être un homme (男はつらいよ, Japon, 1969) Un film de Yôji Yamada avec Kiyoshi Atsumi, Chieko Baisho, Sachiko Mitsumoto, Chishû Ryû, Takashi Shimura, Shin Morikawa, Gin Maeda, Daisaku Akino, Gajiro Satoh, Keiroku Seki, Chieko Misaki, Hisao Dazai, Shunsuke Ômi, Taichirô Hirokawa, Fusataro Ishijima.

lundi 6 septembre 2010

The Housemaid


La femme, l’homme, la maîtresse. Le schéma classique de la relation adultérine est au centre de The Housemaid. Une famille très propre sur elle, de la bonne bourgeoisie coréenne qui vit dans une belle maison isolée de la ville qui sera l’unique décor à cet hui-clos. Les meubles sont modernes, gris, noirs. Une atmosphère glaciale qui ne dépareille pas avec la froideur extérieure de l’hiver ni avec l’époux qui n’esquissera pas un seul sourire.


La femme (See Woo) est enceinte. Elle a besoin d’une nouvelle bonne pour s’occuper d’elle. Eun-I (Jeon Do-yeon ) sera engagée et va vivre à demeure. Le mari (Lee Jeong-jae) rentre tard le soir et adopte toujours le même rituel. Il enlève sa veste de costumes haute couture et va ouvrir une bouteille de vin pour en boire un verre avec sa femme dans le salon. Préliminaire nécessaire juste avant de lui faire l’amour, ou plutôt de la baiser, car il ne lui demande pas son avis.


Tout va changer avec l’arrivée d’Eun-I qui est mignonne et qui porte bien l’uniforme. Peu importe que le mari la trouve à son goût ou pas. Un soir, il baise sa femme de manière strictement organique. Puis il arrive torse nu avec son pantalon de pyjama dans la chambre de la bonne, avec la bouteille de vin. Il enlève le pantalon et se fait sucer par la bonne sans même dire un mot, sans lui demander son avis et s’en retourne comme il était arrivé, sûr de sa domination.


Les scènes de sexe de The Housemaid sont aussi glaciales que le décor et la neige. Elles sont décrites comme un rapport de domination entre classes sociales, l’homme domine les femmes alors que ce sont elles les plus nombreuses dans le film. Outre l’épouse et Eun-I, la grande maison est habitée par la petite fille du couple dont s’occupe la bonne pendant que la mère est enceinte. Une autre employée est présente, plus âgée, que l’époux ne baise pas mais qui reste soumise et dévouée à la famille et qui découvrira que Eun-I a une liaison avec le mari.


C’est à ce moment là que la mère de l’épouse entrera en jeu. Elle arrive dans la demeure quand la grossesse arrive à son terme et toutes les femmes envisagent de se débarrasser de cette bonne qui, selon elles, osent briser les règles de la hiérarchie sociale, alors que c’est l’époux qui est coupable en premier chef. Eun-I est seule contre tous et sa copine boulotte qui lui conseille de se défendre n’y pourra rien, tout cela se terminera dans le drame.


The Housemaid (하녀, Corée, 2010) Un film de Im Sang-soo avec Jeon Do-yeon, Lee Jeong-jae, Yoon Yeo-jeong, Seo Woo, Park Ji-yeong, Ahn Seo-hyeon.

dimanche 5 septembre 2010

Mr. Funny bone


L’humour selon la Shaw Brothers se déploie avec une adaptation en couleurs et en cantonais des aventures de Old Master Q, la bande dessinée d’Alphonso Wong, un personnage très populaire habillé comme à l’ancien temps et qui se perd dans les rets de l’époque contemporaine. Coiffé d’un calot surmonté d’un pompon rouge, portant une tunique beige ancienne sur un pantalon à carreaux, Master Q alias Lao Fu Zi (Wang Sha) est grand, maigre, chauve et n’a que deux dents dans la mâchoire supérieure.


Lao Fu Zi vit avec Monsieur Patate (Aai Dung-gwa), un bon gros habillé de la même manière, mais encore plus chauve et qui n’a que trois cheveux sur le crâne. Le duo est complété par Mr. Chin (Lau Luk-wa) vêtu comme tout le monde, ce qui veut dire en 1976, en pantalon patte d’eph et T-shirt. Mr. Chin est le chien fou du trio, jeune obsédé sexuel qui aimerait tant sortir avec Miss Lin (Chong Lee). Master Q n’a d’yeux que pour sa collègue de travail, Miss Chen (Li Chung), jolie secrétaire que le patron Mr. Chiu (Ng Tin) convoite également.


Mr. Funny bone suit un vague scénario. Master Q veut sortir avec Miss Chen et tous les événements l’en empêchent. D’où un grand nombre de gags dont certains sont directement tirés du format original (Master Q se lave les dents avec une brosse à chaussure, il arrive toujours en retard et doit nettoyer les toilettes de l’entreprise, les pets). Le film est divisé en scènes qui sont autant de sketchs présentés par un dessin qui les annonce. Les génériques (l’ouverture est très longue) sont faits sur des dessins où les deux compères chantent.


Tout tourne autour des femmes, Miss Lin, Miss Chen que draguent de manière grossière et insistante Mr. Chin et Master Q, mais aussi Miss Chiu, la femme du patron, sorte d’ogresse qui humilie son mari. Les femmes n’ont pas le beau rôle, simples objets de désir sexuel. Le pompon arrive avec le personnage de Tsui Oi-nam, actrice obèse, censée être la cousine de Master Q et qui le harcèle de ses assiduités. Mr. Patate la trouve à son goût surtout quand elle arrive avec toute une bande de grosses bonnes femmes pour gâcher le mariage de Miss Chen et Master Q. C’est de l’humour misogyne.


Le reste du film propose des gags que n’aurait pas renié Benny Hill. Chaque fois, une situation simple dans laquelle Master Q amène son lot de catastrophe ou d’échec. Il veut prendre le bus mais devant la foule, il ne parvient à pas à y monter. Dans l’ascenseur, les femmes le prennent pour un satire. Dans son bureau, il allume le ventilateur qui fait s’envoler tous les dossiers de ses collègues. J’en passe et des meilleurs. Bref, c’est un humour sans grande ambition qui se déploie fait de coups de pied au cul, de chute suivie d’une grimace, bien loin des gags élaborés par d’autres à la même époque.


Mr. Funny Bone (老夫子, Hong Kong, 1976) Un film de Gwai Chi-hung avec Wang Sha, Li Ching, Aai Dung-gwa, Lau Luk-wa, Chong Lee, Ng Tin, Jia Ling, Tsui Oi-sam, Norman Chu, Leung Seung-wan, Ngaai Fei, Lee Yuen-wa, Lau Wai-ling, Sharon Yeung, Kong Yeung, Mak Wa-mei.

samedi 4 septembre 2010

Mr. Boo fait de la télévision


Avant de se lancer dans le cinéma au début des années 1970, Michael Hui a fait de la télévision. Non pas comme acteur comique, mais d’abord comme simple présentateur de jeu (comme on le voit faire dans Mr. Boo fait de la télévision). On raconte qu’un jour, il sort un blague anodine qui fit rire le public. Le lendemain, le patron de la chaîne lui offre une émission comique. Pour son quatrième long métrage en tant que réalisateur, Michael Hui offre donc une réflexion désenchantée sur la télévision, média qui a explosé à cette époque et fit une grande concurrence au cinéma.


La chaine de télévision s’appelle MTV, Mice TV et reprend les codes de couleurs de TVB, la chaine des Shaw Brothers en prenant la forme d’une souris. La chaîne concurrente s’appelle CTV (Cat TV) et la bataille de l’audimat fait rage. Man (Michael Hui) est un homme à tout faire, un acteur raté. Il a signé un contrat de huit ans mais on ne lui propose que de faire de la figuration derrière le dernier chanteur de cantopop à la mode. Mais son caractère irascible lui cause des ennuis et il se bat avec son partenaire. Il manque de peu de se faire virer d’autant que la chaine concurrente lui propose un contrat.


Mais le patron vient d’engager une nouvelle chef des programmes. Il faut voir l’attelage. Miss Wong (Tiffany Bao) arrive avec ses deux gros bras. Le premier est borgne, le deuxième a un crochet au bout du bras. Miss Wong a les cheveux gris, ne sourit jamais, se déplace sur un fauteuil surmonté d’un perroquet qui rapporte tout ce qu’il entend à sa maîtresse. C’est une femme dure et inflexible qui entend proposer des programmes qui plaisent à tout le monde. Ce qui pour Michael Hui consiste à mettre des émissions racoleuses qui excitent les plus bas instincts.


Michael Hui a fait appel à ses deux frères. Sam joue un magicien prestidigitateur à Singapour qu’une tournée amène à Hong Kong. Il doit de l’argent à son manager, un Indien que les trois frères se plairont à humilier (il représente d’une certaine manière l’occupation anglaise). Ses tours d’illusion permettent de faire un joli numéro de burlesque entre les gros bras et Michael Hui avec les malles magiques. Ricky Hui sert encore une fois de faire valoir, mais il joue un personnage d’inventeur qui crée la télévision interactive ce qui provoque quelques catastrophes.


Mr. Boo fait de la télévision montre l’envers du décor, du décor lui-même fait de carton pate qui évacue toute fonction de séduction (la télévision n’offre que du rêve au rabais) à la morgue des dirigeants (les directeurs d’antenne se suivent et ils parient sur le temps qu’ils mettent à se suicider) en passant par l’espoir que tout un chacun pourrait devenir une star du petit écran, pure illusion encore une fois. Derrière les gags, souvent de bonne tenue, Michael Hui est un grand pessimiste mais n’est pas encore le personnage méchant qu’il deviendra dans ses films suivants.


Mr. Boo fait de la télévision (The Contract, 賣身契, 1978) Un film de Michael Hui avec Michael Hui, Ricky Hui, Sam Hui, Tiffany Bao, Ellen Lau, Yeung Wai, Cheng Fu-hung, Russell Cawthorne, Chan Ging-cheung, Cheng Siu-ping, Gwong Gwan-lang.