La série des Mad mission, c’est tout une époque, aujourd’hui largement oubliée mais qui consistait à réunir quelques acteurs typiques et à les faire jouer pendant 90 minutes autour d’une idée, avec éventuellement un scénario. Dans Aces go places !, c’est Eric Tsang qui s’y colle pour la Cinema City & films Company.
L’époque demande également Samuel Hui qui s’est échappé de la tutelle encombrante de son frère Michael et qui l’avait, jusque là, cantonné dans les rôles de joli garçon. Il s’agit pour lui de montrer qu’il peut faire tenir sur ses épaules un projet tout entier. Et à lui tout seul. Enfin seul ou presque puisque les acteurs maison de la CCC seront là pour lui prêter main forte et parfois lui voler la vedette. Après tout, le cinéma de Hong Kong est impitoyable.
Aces go places ! commence sur les chapeaux de roue avec une séquence où Sam Hui traverse l’écran de part en part, vole d’immeuble en immeuble, construit sur le toit d’un building de la ville un avion portable qu’il sort de son sac à dos. Il chasse le bandit et en l’occurrence des trafiquants de diamants, d’odieux receleurs qui par hasard se trouvent être des occidentaux. Le film se poursuit à Rome (pourquoi pas) où un parrain d’opérette imite très bien Don Corleone. Décidément, depuis Bruce Lee les Italiens n’aiment pas les Hongkongais. Sam Hui sera donc le héros virevoltant de la série. Un héros sexy à qui la production demandera de se mettre torse nu sans raison scénaristique. Il est chez lui et hop, il tombe la chemise. Il porte toujours des vêtements noirs ce qui dénote un esprit un peu pirate et rebelle.
Entrent alors en scène deux personnages. Une femme et un homme. Elle, c’est Sylvia Chang qui est inspectrice et qui enquête sur ce vol de diamants. Elle ignore que Sam Hui alias King Kong est un espion de premier ordre. L’inspectrice est un garçon manqué qui ne perd jamais une occasion de montrer sa supériorité et de sortir son révolver de son étui. Ou d’utiliser ses charmes pour faire sortir les coupables de leur tanière. Dans sa première scène, on la voit avec un flingue caché sous sa jupe. L’inspectrice n’est pas féminine, mais tout le film va faire en sorte qu’elle le devienne et qu’elle tombe amoureuse des garçons.
L’autre homme est le personnage de Karl Maka, l’acteur chauve le plus célèbre de Hong Kong et qui donc va tenter de voler la vedette à Sam Hui. Ce qui n’est pas très difficile. Karl Maka qui a ici comme nom de personnage Albert Au, qui se trouve être le nom d’un acteur relativement connu à cette époque. Mais j’ignore pourquoi il a choisi ce pseudonyme. Cela devait avoir une raison à l’époque. Bref, Karl Maka avec sa barbe et son crâne lisse est un habitué des rôles de fourbes, de méchants vicieux et cruels. C’est sans doute pour cette raison que Sylvia Chang le prend pour un malfrat et cherche à l’interroger à la dur. Elle est la seule à ignorer qu’il est un ponte de la police ce qui donne droit à un quiproquo amusant.
Aces go places ! ne vaut que ce que vaut son scénario, c'est-à-dire qu’il va un peu au hasard des situations. La mise en scène d’Eric Tsang met en vedette son trio d’acteurs sans oublier les seconds rôles, comme celui de Tsui Hark complètement hystérique. Les scènes d’action, faute de réels moyens, démontrent un important art de la suggestion, comme lorsque Sam Hui doit faire le funambule entre deux immeubles. Sam Hui chante dans le film une chanson qui compare son personnage à James Bond, mais Aces go places ! fait beaucoup plus penser à un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir de la période 1977 avec Purdey et Gambit.
Aces go places ! (最佳拍档,Hong Kong, 1982) Un film d’Eric Tsang avec Samuel Hui, Karl Maka, Sylvia Chang, Dean Shek, Tsui Hark.
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