samedi 31 janvier 2009

Volta

Un ami m’a envoyé le dvd d’un film philippin. Ça s’appelle Volta. Ça me change des films de Brillante Mendoza. En revanche, ça ressemble furieusement à certains films de Hong Kong, par exemple à Super Inframan. Volta est une super héroïne, elle porte une culotte rouge, une cape de la même couleur et des cheveux qui tirent vers le cramoisi le plus ultime. Elle porte un masque sur son visage qui n’est pas sans évoquer Fernandel. Notre héroïne est interprétée par Ai Ai Delas Alas, star de la chanson aux Philippines.


Mais dans la vie Volta est Perla. Dans son enfance, elle a été contaminée par l’électricité et depuis vit cette malédiction. Elle a brûlé la peau de son petit frère Percy (Justin Cuyugan) qui travaille dans une grande entreprise de téléphone avec Lloyd (Diether Ocampo) et Kelly (Jean Garcia), une jeune femme arriviste qui veut les super pouvoirs de Volta. Kelly se transformera en Celphora et avec l’aide de mutants, Oh Vlading, Oh Blah Blah et 9 Volts (une gamine joue le rôle), elle va semer la panique dans Manille. Perla a du mal avec son pouvoir, ses collègues de travail Deden et Nancy y voient le moyen de gagner beaucoup d’argent mais Volta a une mission : éliminer les méchants. Perla veut plus simplement que sa famille soit heureuse, se réconcilier avec son frère et sauver sa sœur Penny (Pauleen Luna) du coma dont elle est responsable.


Ce qui amuse dans Volta n’est pas le mélodrame digne d’un soap opéra, comme le dit un des personnages pour se moquer des préoccupations purement familiales et amoureuses de Perla. Ce qui est très drôle, c’est d’abord les effets spéciaux bricolés avec trois francs six sous. Volta maîtrise l’électricité et s’en sert pour pulvériser les méchants. On a droit à des effets lumineux de toutes les couleurs pour montrer le fluide électrique. Les transformations sont assez marrantes. Quand Volta doit se battre, tout est pataud, une des raisons pour lesquelles, la bataille entre Volta et Celphora est montrée en dessin animé. La pauvre actrice a souvent du mal à se relever, elle est très lente. Evidemment, les costumes sont du pain bénit, d’une beauté kitsch qui ravira n’importe quel fan de nanar. Les méchants sont assez stupides, Oh Vlading est une espèce de folle et Oh Blah Blah a une voix métallique. Volta est plutôt bien foutu, dans la limite d’un budget qu’on imagine par forcément énorme. Mais le film a dû avoir un grand succès puisqu’une série inspirée du film a vu le jour à la télévision.


Perla sort de son cercueil telle un fantôme japonais effrayant Deden et Nancy
Perla avec sa sœur et son frère
les méchants : Oh Vlading, 9 Volts, Kelly et Oh Blah Blah
le génie de l'électricité qui donne ses pouvoirs à Volta
Volta sort de chez elle pour faire régner la justice
Volta menace des violeurs potentiels
Volta fout sa pâté à Celphora dans une scène animée d'anthologie
un téléphone portable géant très "transformer", bel hommage à Michael Bay
Volta se bat contre 9 Volts avec grâce
Volta utilise ses effets spéciaux contre Celphora

Volta (Philippines, 2004) Un film de Wenn V. Deramas avec Ai Ai Delas Alas, Diether Ocampo, Jean Garcia, Justin Cuyugan, Bobby Andrews, Onemig Bondoc, Eugene Domingo, Boy Abunda, Pauleen Luna, Chokoleit, Mura.


mardi 27 janvier 2009

Blade of fury


Ce qui fait que Sammo Hung est un grand cinéaste est que, quel que soit le genre de film qu’il aborde, son style est reconnaissable au premier coup d’œil. Et Blade of fury est un summum du style de Sammo, un florilège de tout ce qui a fait la force de ses films. Il souhaitait à l’époque tourner un grand wu xia pian et a pris, au sein de la Golden Harvest, le vétéran Lo Wei – alors en semi retraite et ruiné – pour produire son nouveau film où il jette toutes ses obsessions.


Blade of fury est l’alliance de la force et de la sagesse. La force est incarnée par Yeung Fan, un acteur chinois qui est resté inconnu. Son personnage, Wang Wu, est un résistant membre du Pavillon Noir. Tous les membres de sa milice ont été décimés par ses adversaires. Lui seul survit et va se réfugier dans un village où il exerce le métier de forgeron. Il a avec lui un jeune apprenti toujours prêt à mettre la main à la pâte et d’une loyauté à toute épreuve.


La sagesse est dans le personnage de Ti Lung. Tan Szu-tung est un lettré et un émissaire de l’Empereur. Il a rédigé un livre « Humanisme » où il prône la modernité de la Chine qui s’apprête à entrer dans le 20ème siècle mais qui conserve un esprit passéiste. Mais à Pékin, la cour ne veut pas du changement et va devoir lutter contre tous les ennemis du progrès. Tan est accompagné de Cao Kan (Cynthia Khan) qui, comme l’apprenti du forgeron, est prête à en découdre. Wang Wu et Tan Szu-tung se rencontre dans le village et vont s’allier.


Ensemble, ils vont créer une école d’arts martiaux. Lors d’un concours de combat devant un prince, Wang impressionne par sa capacité à se battre. Cela est vécu comme une provocation par certains maîtres présents et Wang va s’en faire des ennemis. Mais cela l’ouvre auprès du peuple qui voit en lui et Tan les nouveaux héros dont il n’espérait plus la venue. Cependant que Wang va tomber amoureux de la fille d’un seigneur. Cette fille c’est Rosamund Kwan dans un rôle un peu ingrat de jeune femme romantique et très secondaire destiné à donner un peu d’humanité et de glamour au film.


Car Blade of fury est un film d’une grande noirceur, comme l’était Eastern condors. Sammo Hung est très pessimiste et sa vision de l’avenir n’est pas des plus heureuses. Le film date de 1993 : quatre ans après le printemps de Pékin et quatre ans avant la rétrocession. Il représente ce premier événement en montrant des soldats qui s’apprêtent à tirer sur le peuple qui réclame du changement. Il situe l’action de son film tout juste un siècle avant sa réalisation et il semble certain qu’il craignait (comme beaucoup des habitants de Hong Kong) les désastres du rattachement à la Chine. Le bref personnage de Sammo Hung apparaît comme un homme qui admet qu’il va se soumettre à l’autorité du vainqueur.


Mais Blade of fury n’est pas qu’un film politique, loin de là. C’est surtout une anthologie de morceaux de bravoure et de combats irréels. Si l’on voit les fils qui font voler les membres du « Pavillon Noir » dans la séance d’introduction, même si l’on devine les dizaines de trampolines qui permettent aux acteurs de défier les lois de la gravitation, si le son des armes rappellent les vieilles heures du wu xia pian, les scènes d’arts martiaux sont vraiment artistiques. Sammo Hung abuse parfois cependant du ralenti pour mieux faire admirer les passes d’armes. La plupart des combats sont aériens, les pieds ne touchent presque plus le sol. Sammo Hung se réserve un beau combat au sabre (et en accéléré) avec Wang.


On repérera quelques références aux films de la Shaw Brothers (l’entraînement des élèves dans l’école) mais aussi aux films de Tsui Hark dans sa volonté de créer des héros purement chinois. Certaines séquences étonnent par leur absence de couleurs, comme cette arrivée d’une bande de bandits dans le village au début du film. Tout est ocre, gris, sableux dans un décor que l’on dirait en ruine. Rétrospectivement cela fait penser à The Blade, qui sera tourné quelques mois plus tard. Cette belle séquence aura sans doute inspiré Tsui Hark. Blade of fury, comme The Blade, sera un énorme échec au box-office et marquera la fin inéluctable du wu xia pian à Hong Kong.


Blade of fury (一刀倾城, Hong Kong, 1993) Un film de Sammo Hung avec Ti Lung, Cynthia Khan, Yeung Fan, Collin Chou, Lau Shun, Rosamund Kawn, Sammo Hung, Wong Kam-kong.

lundi 26 janvier 2009

Tiger cage


Tiger cage est un film d’une autre époque où chaque société de production cherchait à faire plus fort dans le boum boum avec plein de flingues, de mecs qu’on dézingue et de courses poursuites. Ici, c’est la D&B déjà responsable des Sens du devoir. Yuen Woo-ping met donc en scène ces actions policières et démarre son film sur les chapeaux de roue avec une séquence où les flics (les héros) tentent d’arrêter des trafiquants de drogue (les méchants). Comme de bien entendu, les méchants tirent sur tout le monde et les corps des flics figurants tombent comme des mouches. Les flics ne sont pas en reste et déciment tous les méchants sauf le chef. Il va pouvoir continuer son trafic de drogue et, accessoirement, chercher à sa venger.


Seulement voilà, un flic est complice du trafic de drogue. Et c’est toute la brigade qui déchante en l’apprenant. La corruption est là et bien là. C’est d’autant plus grave que le policier concerné était très apprécié des ses collègues. Il se fait cependant assassiner par le méchant persuadé qu’il l’a vendu. Mais très vite, un autre flic est impliqué. Et pour se défendre, il accuse un autre policier, évidemment innocent qui aura bien du mal à prouver sa bonne foi face aux fausses preuves. Le scénario est clair comme de l’eau de roche et très prévisible. On a déjà vu des films avec cette histoire, mais Yuen Woo-ping ne s’occupe que des scènes d’action, pas vraiment chorégraphiées mais nerveuses et violentes (beaucoup de sang, beaucoup de morts). Les scènes de comédie sont rares (le repas précédant le mariage) et les dialogues ne servent qu’à faire progresser l’action et à amener les scènes de flingues.


L’intérêt principal du film est dans les acteurs. Pas mal d’entre eux trouvaient dans Tiger cage leurs premiers rôles principaux. Jacky Cheung est le flic généreux et loyal qui veut démanteler le trafic et coffrer ses collègues corrompus. Ng Man-tat est un flic dévoyé, solitaire et désespéré à l’opposé de ses rôles dans les comédies non-sensiques qu’il fera avec Stephen Chow dans les années 1990. Donnie Yen est un jeune flic inexpérimenté et survolté. Il ne finira pas le film. Enfin, on trouve un Simon Yam quasi méconnaissable, tout fluet dans le rôle du commissaire. En revanche, les deux actrices principales, Carol Cheung en fliquette désabusée et Irene Wan dans la fiancée de Jacky Cheung, jouent un peu les potiches. Elles n’ont pas fait grand-chose plus tard. C’est toujours intéressant de voir ces acteurs aujourd’hui stars de Hong Kong dans leurs premières gammes, fussent-elles purement commerciales.


Tiger cage (特警屠龙, Hong Kong, 1988) Un film de Yuen Woo-ping avec Jacky Cheung, Simon Yam, Carol Cheng, Ng Man-tat, Donnie Yen, Irene Wan, Leung Ka-yan.

Bonne année du Buffle

恭喜發財

samedi 24 janvier 2009

La Fureur de vaincre

C’est avec La Fureur de vaincre que Bruce Lee a acquis une inégalable notoriété à Hong Kong. Vraies convictions ou démagogie, le film joue à fond la carte du patriotisme chinois. Son film précédent, The Big boss, le premier à Hong Kong depuis son retour de Hollywood où il s’est fait humilier par l’industrie du divertissement, n’était qu’un piètre polar mal foutu. La Fureur de vaincre se déroule à un moment crucial de l’occupation de la Chine par les occidentaux, et pire par les Japonais. Moment douloureux de l’exploitation des ressources nationales au seul profit des étrangers. Dès le début du film, Hu, un Chinois, collabore avec les Japonais qui veulent imposer le judo comme art martial suprême. Ils méprisent les Chinois et les défient. Or, le sifu de Chen Zhen (Bruce Lee) vient de mourir. L’occasion est trop belle de démanteler l’école de kung-fu. Les Japonais donnent aux Chinois un tableau infâmant. Chen Zhen se sent provoqué, il veut se battre mais on le retient. Il va rendre le tableau et bat un à un les Japonais, dans une séquence où Bruce Lee se bat torse nu avec ses habituels cris et son nunchaku. Le reste du film travaillera l’affrontement entre les Japonais et les Chinois tandis qu’une histoire de cœurs liera Chen Zhen avec une belle jeune femme. Mais, il y a au bout de trente minutes de film, une séquence fameuse, d’à peine deux minutes, qui a redonné du baume au cœur des spectateurs de l’époque. Celle du parc. Analyse de la séquence.


Plan 1 : Des occidentaux, vêtus de manière anachronique, rentrent dans un parc gardé par un employé d’origine indienne.


Plan 1, suite : Chen Zhen s’approche de la grille du parc d’un pas décidé, puis il s’arrête et regarde le gardien.


Plan 2 : Le gardien tient une matraque, il regarde Chen Zhen qui lève la tête pour lire l’inscription à l’entrée.


Plan 3 : Le gardien place sa matraque devant Chen Zhen et lui demande « Où vas-tu, paysan ? ». Chen Zhen lui réponde qu’il veut entrer dans le parc. Son regard est provocateur. Il a lu la pancarte, mais pas encore le spectateur.


Plan 4 : On peut lire sur la pancarte : « Interdit aux chiens et aux Chinois ». La musique se fait plus dramatique. Plan 5 : Chen Zhen regarde le gardien avec étonnement.


Plan 6 : Une occidentale se dirige dans le parc. Elle tient au bout d’une laisse un gros chien. Le gardien la laisse rentrer avec un geste de bras qui l’accueille cordialement. Plans 7 et 8 : Chen Zhen proteste. Il constate que ce chien peut entrer, mais le gardien lui réplique que parce que c’est une étrangère, il ne peut rien dire. La musique se fait encore plus dramatique.


Plan 9 : Un groupe de cinq Japonais s’approche de l’entrée. L’un d’eux interpelle (en cantonais) Chen Zhen et lui demande s’approcher de lui. Son ton est condescendant. Chen Zhen s’approche de lui, le menton haut montrant son mépris.


Plan 10 : Avec un sourire narquois, le Japonais tape de son index le torse de Chen Zhen. Il lui demande s’il veut rentrer dans le parc. Plan 11 : Une foule de badauds commence à s’agglutiner devant l’entrée du parc. Ce sont tous des Chinois. Le Japonais suggère avec beaucoup de mépris à Chen Zhen de se mettre à quatre pattes pour se transformer en chien. Ainsi, annonce avec une belle morgue le Jponais, il pourrait rentrer dans le parc. Les Japonais ricanent de son bon mot.


Plans 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18 : Chen Zhen donnent un grand coup de poing au Japonais qui s’effrondre. Puis un coup dans les estomacs de deux autres Japonais qui voulaient l’attaquer de dos, ce qui démontre leur lâcheté. Il gifle violemment l’un d’eux qui tombe. Il prend le deuxième, lui donne un bon coup de poing qui le fait tomber dans les bras des deux Japonaises qui crient. Il lui redonne une claque et il s’effondre.


Plan 19 : Tandis que le Japonais s’effondre, un zoom avant recadre le visage de Chen Zhen plein de colère. Plans 20 et 21 : Le premier Japonais se relève s’apprête à lever l’affront fait à ses compatriotes. Chen Zhen lui met un grand coup de pied. La tension est à son comble.


Plans 22, 23, 24, 25, 26 : Gros plan en insert de la pancarte. Gros plan sur le visage de Chen Zhen qui regarde la pancarte. Il s’élance, frappe du pied la pancarte et dans les airs, il la brise en mille morceaux. Plans 27 et 28. : Une fois au sol, Chen Zhen est félicité par ses compatriotes Chinois. Leur honneur bafoué a été restauré. Mais, ils doivent fuir car le gardien siffle pour appeler la police.


La Fureur de vaincre (Fist of fury, 精武门, Hong Kong, 1972) Un film de Lo Wei avec Bruce Lee, Nora Miao, James Tien, Riki Hashimoto, Kun Li.


vendredi 23 janvier 2009

Sorties à Hong Kong (janvier 2009)

All’s well end’s well 2009 (家有囍事2009)
Un film de Vincent Kok avec Louis Koo, Raymond Wong Bak-min, Sandra Ng, Ronald Cheng, Chen Yao, Miki Shen, Ha Chun-chau, Lee Hung-kam. Classé Catégorie IIA. Sortie : 23 janvier 2009.





Look for a star (游龍戲鳳)
Un film de Andrew Lau avec Andy Lau, Shu Qi, David Chiang, Maria Cordero, Cheung Tat-ming, George Lam, Ella Koon, Pei Weiying. 118 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie : 23 janvier 2009.





mercredi 21 janvier 2009

Yûkoku, Rites d’amour et de mort


Yûkoku est l’unique film réalisé par Yukio Mishima, il dure environ trente minutes, il est muet et accompagné d’une musique classique (Wagner). C’est un film en cinq chapitres annoncés par un rouleau qui se déplie et qui explique le rituel du seppuku alias hara-kiri. Le noir et blanc photographié par Kimio Watanabe est superbe. Tout est filmé dans un décor quasi nu, blanc. Seul sur un mur est accroché, un tableau. Parfois un meuble ou des objets s’ajoutent au décor au fil des chapitres. Ce qui frappe dans le film, c’est toute la beauté apportée pour montrer ce rituel de suicide. Chaque geste est posé, formé avec une lenteur et une précision extrêmes. Ainsi lorsque le lieutenant Takeyama se poignarde le ventre, la caméra reste près du sabre. Les plans alternent avec le visage de son épouse. Puis, les viscères commencent à tomber sur le sol. Cette solennité est étrangement poétique. Auparavant, la scène d’amour aura été également magnifiée avec des surimpressions des mains du lieutenant sur la femme. Puis les corps dénudés vont se confondre pour finir avec des gros plans des yeux des personnages. Un mélange impressionnant de pure poésie et de réalisme.


Yûkoku, Rites d’amour et de mort (憂国, Japon, 1966) Un film de Yukio Mishima avec Yukio Mishima et Yushiko Tsuruhoka.

mardi 20 janvier 2009

Le Temple du lotus rouge


C’est une autre aventure de Fong Sai-yuk, mais cette fois Jet Li n’est pas de la partie, bien au contraire. C’est Tsui Hark qui produit Le Temple du lotus rouge et il a confié la réalisation du film à Ringo Lam. Lam n’est pas vraiment un habitué du wu xia pian, mais s’est forcé une belle réputation dans le polar urbain violent. Mais il fallait répondre correctement à la traîtrise de Jet Li.


C’est Willie Chi qui donne ses traits au Fong Sai-yuk de Ringo Lam. Honnêtement, l’acteur ne possède pas le charisme de Jet Li, loin de là. Il est plutôt insipide et c’est l’un des problèmes principaux du Temple du lotus rouge. Certes, il sait se battre correctement mais échoue à donner aux moments dramatiques une ampleur digne du scénario qui se déroule devant nos yeux.


L’époque est la même que dans les deux Fong Sai Yuk de Corey Yuen. Les Mandchous interdisent au moines de Shaolin de prier et brûlent tous leurs écrits. C’est l’exil pour Fong Sai-yuk et un autre moine. Ils sont vite chassés par des soldats habillés tout en noir. Après une rude et sanglante bataille, ils se cachent dans une ferme isolée où ils rencontrent Tao Tao (Carman Lee). Hélas pour eux, les soldats réapparaissent. Le vieux moine meurt sous les coups, Tao Tao et Fong Sai-yuk sont fait prisonniers et amenés dans le sinistre temple en question.


Le temple est tenu par un seigneur cruel et sanguinaire qui a mis en esclavage les moines et qui utilise les femmes pour son plaisir sexuel. Tao Tao deviendra sa favorite mais elle va tomber amoureuse de Sai-yuk. Ce dernier retrouve un moine qui est devenu contremaître et dont la trahison révolte les esclaves. Fong Sai-yuk va s’employer pendant tout le reste du film à délivrer ses camarades, à se débarrasser du seigneur et à poursuivre son histoire d’amour.


Le film est sombre, très sombre. Ringo Lam n’hésite jamais à montrer des corps ensanglantés, des têtes tranchées, des cicatrices dans une photographie très peu éclairée qui ajoute à une atmosphère pesante et angoissante. Les combats sont eux aussi très violents et parfois brutaux. Le film n’a pas une pointe d’humour et là réside sans doute le plus gros problème du film. Le Temple du lotus rouge n’est qu’une succession de scènes de combat qui se ressemblent toutes. Il y a entre ces scènes quelques moments pseudo érotiques qui ne devraient émousser personne. Ça n’est pas un gage de qualité quelconque, mais le public de Hong Kong a largement boudé ce film.


Le Temple du lotus rouge (Burning paradise, 火烧红莲寺, Hong Kong, 1994) Un film de Ringo Lam avec John Ching, Willie Chi, Chun Lam, Carman Lee, Wong Kam-kong, Yang Sheng.