vendredi 29 février 2008

John John


Après Muksin, bon film malaisien, voici John John, un film des Philippines. Pendant vingt ans, il n’était pas sorti de films philippins en France, depuis l’époque de Lino Brocka ou de Mike de Leon. Il y a un an L’Eveil de Maximo Oliveiros était modestement distribué en salles. John John est aussi un film autour de l’enfance.

John John est un gamin qui vit dans une famille d’accueil dans un quartier pauvre de Manille. Sa mère Thelma a deux autres garçons plus âgés. Le matin, elle reçoit la visite de Mlle Bianca, qui travaille pour le centre d’adoption. Le soir, John John sera adopté par un couple d’Américains. On va suivre le parcours de Thelma et John John, de leur misérable maison à l’hôtel de luxe.

Ce qui est formidable dans le film de Brillante Mendoza, c’est qu’il n’accuse personne, ni les institutions qui laissent partir les enfants à l’étranger, ni ceux qui abandonnent les bébés, ni les Américains qui pensent faire le bien des adoptés. C’est formidable parce que le réalisateur laisse à chacun se faire son opinion, et c’est très rare.

Mendoza suit ses personnages, sans jamais les quitter, du matin au soir. La caméra, quasi- documentaire, est toujours là, dans les dédales du quartier de la famille de Thelma. Ça grouille de monde et tous se connaissent. Et Mlle Bianca, quand elle vient rencontrer Thelma, connaît tout le monde aussi. La seule chose qui la différencie des pauvres, ce sont ses vêtements plutôt chics et qui vont bientôt être tachés par la boue. Le long parcours de la rue à la maison de Thelma est sinueux et long. A la fin du film, dans l’hôtel de luxe, Thelma se perdra dans la suite des Américains, et le chemin du quartier pauvre au riche est lui-même ardu.

On verra ainsi le petit déjeuner, le départ du mari au travail, une visite à l’école, une douche, un rendez-vous à l’orphelinat, des repas et finalement la visite au palace. Tout est fait sans sentimentalisme, même si Thelma aimerait bien garder John John, qui a sans doute été abandonné par ce qu’il est métis. La mère est philippine et le père serait libanais. On sait qu’aujourd’hui de nombreux riches du Moyen Orient emploient des bonnes des Philippines.

Etonnement, John John n’est pas dans l’émotion pure, au contraire, le film est dans le constat mais reste modeste dans sa portée sociale et politique, sans jamais tomber dans la caricature. Le film parvient parfois à faire rire : le gamin n’arrête pas de pisser sur tout le monde. De toute façon, personne ne lui demande son avis, personne ne lui explique ce qui va lui arriver. C’est sans doute là qu’est la clef du film.

John John (Foster child, Philippines, 2007) Un film de Brillante Mendoza avec Cherry Pie Picache, Eugene Domingo, Jiro Manio, Kier Segundo.

jeudi 28 février 2008

Sorties à Hong Kong (février 2008)

Playboy cops (花花型警)
Un film de Jingle Ma avec Shawn Yue, Chen Kun, Aloys Chen, Shaun Tam, Linda Chung, Wong You-nam, Danny Lee, Lin Chun, Vincent Kok, Xiong Xinxin, Ella Koon, Philip Ng. 99 Minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 28 février 2008.



mardi 26 février 2008

Mad detective


Mad detective marque deux retours. Tout d’abord celui de Wai Ka-fai au sein de la fameuse Milky Way, la compagnie fondée par Johnnie To il y a dix ans. C’est le onzième film que Johnnie To et Wai Ka-fai tournent ensemble. Leur collaboration artistique a commencé en 2000 avec Needing you et s’est terminée en 2003 avec Running on Karma. Depuis, To a tourné ses polars si célébrés en France et Wai Ka-fai trois comédies du Nouvel An Lunaire, les excellents Fantasia (2004) et The Shopaholics (2006) et le médiocre Himalayah Singh entre les deux.

Retour également dans l’équipe Milky Way de Lau Ching-wan, le meilleur acteur actuel à Hong Kong (qui d’autre ?). Lau Ching-wan avait joué dans les trois films en solo de Wai Ka-fai, pour le pire et bien entendu les meilleurs. L’acteur avait fait la gloire de la compagnie de Johnnie To, il en était l’emblème et s’était engagé sur d’autres projets après My left eye sees ghosts. Il porte Mad detective de manière incroyable.

Lau Ching-wan est cet inspecteur fou, il s’appelle Chan Gwei-bun. Ses méthodes sont particulières et consistent à reconstituer lui-même les scènes de crime. Pour le crime d’une petite fille retrouvée dans une valise, il se met dans une valise et se fait balancer du haut d’un escalier. Mais l’inspecteur Bun se fera virer après s’être coupé une oreille pour l’offrir à un de ses supérieurs. Bun s’habille mal, pantalon trop court, il oublie de mettre des chaussettes, il est coiffé en pétard. Lau Ching-wan, avec son visage poupin, offre un personnage à la fois puéril et sévère. Il a maigri pour se rôle et les cernes assaillent son regard.

Dix-huit mois après son renvoi, Bun est contacté par un jeune inspecteur de la Crime. Ho Kar-on (Andy On, doublé par la voix du cinéaste Soi Cheang, étrangeté sonore) est sur une enquête irrésoluble. Un flic a disparu depuis des mois. Il ne trouve pas d’indices. Ce flic et son collègue Ko Chi-wai (Lam Ka-tung) étaient à la poursuite d’un gangster. Malgré l’avis de sa femme, Bun accepte d’aider le jeune flic qui avoue que l’inspecteur est son idole. Bun va reprendre ses vieilles méthodes ésotériques.

C’est alors que Mad detective se lance dans la folie la plus pure, comme contaminé par celle de son personnage principal. Ce sera le point de vue de l’inspecteur Bun qui primera. L’homme a un pouvoir, il voit les esprits (ou les démons) des gens. Il a des visions. Au début, on ne comprend pas tout. Bun et Ho suivent Ko Chi-wai tandis qu’il va au restaurant. Mais dans le restaurant on voit Lam Suet commander, puis Eddy Cheung manger et finalement Flora Chan. Puis, c’est Lam Ka-tung qui apparaît. En tout, il y aura sept acteurs pour incarner les esprits de Ko Chi-wai. Sept n’est pas un chiffre porte bonheur dans le bouddhisme, bien au contraire.

Ce tour de force ésotérique, déjà très présent dans Running on Karma, se déploie de manière comique quand Lam Ka-tung conduit sa voiture et que Lau Ching-wan voit le véhicule rempli de passagers. Cela met aussi de la poésie dans la scène finale où les miroirs évoquent le final de La Dame de Shanghai d’Orson Welles. La plupart du temps, cela apporte une angoisse sourde puisqu’on ne sait pas si l’inspecteur Bun est tout simplement fou ou s’il a raison.

Wai Ka-fai n’est pas étranger au démembrement du scénario de Mad detective, c’est un habitué du genre. Il faut porter une grande attention au récit au risque de s’y perdre. A grands coups d’ellipse, les personnages se retrouvent dans un décor, puis dans un autre où l’inspecteur Bun reconstitue les scènes de crime. Un va et vient narratif complexe se met en place. On est loin de la linéarité des derniers films en solo de Johnnie To, qui ne semble présent ici que pour les scènes remarquables de gunfight, ou lors d’une scène de moto, l’un des passions du cinéaste (plusieurs personnages de ses films précédents roulent en moto).

L’idée générale du film est d’avancer masqué. Comme dans Fulltime killer, les gangsters portent des masques de carnaval, mais pas de présidents américains. Mad detective est une réflexion sur les acteurs et sur leur pouvoir d’incarnation, comme sur la mise en scène. La seule chose que fait l’inspecteur Bun, c’est se mettre à la place des autres et mettre en scène ces personnages qu’il pourrait avoir inventés. On est très loin des séries américaines sur les profileurs car ici seule importe l’absence de scientificité. On est dans un film fantastique où la folie est reine. A ce titre, la musique de Xavier Jamaux ajoute à la bizarrerie, tout autant que l’aspect sonore où des bruits peuvent disparaître sans crier gare au sein du même scène selon que les esprits apparaissent ou non.

Le film étonne à de nombreux moments. On ne saura jamais quel sera le plan suivant, quelle sera la prochaine scène, sans que cela ne tombe dans l’exercice de style. Plus que dans un film de M. Night Shyamalan, parce qu’ici il n’y a pas de pensée réactionnaire, on a envie de revoir Mad detective pour repérer ce qui permet de comprendre le cheminement du personnage de Lau Ching-wan, qui est, je le rappelle, le meilleur acteur actuel de Hong Kong. Mad detective est loin d'être un film mineur.

Mad detective (神探, Hong Kong, 2007) Un film de Johnnie To et Wai Ka-fai avec Lau Ching-wan, Andy On, Lam Ka-tung, Kelly Lin, Lee Kwok-lun, Karen Lee, Flora Chan, Cheung Siu-fai, Lam Suet, Lau Kam-ling, Eddy Ko, Jo Koo, Yuen Ling-to, Jonathan Lee, Ronald Yan.

Sorties à Hong Kong (février 2008)

Fatal move (奪師)

Un film de Dennis Law avec Sammo Hung, Simon Yam, Kelly Chu, Danny Lee, Wu Jing, Lam Suet, Cheung Siu-fai, Kenneth Low, Jacky Heung, Maggie Siu, Wong Ting-lam. 117 minutes. Classé Catégorie III. Sortie : 26 février 2008.





lundi 25 février 2008

Crocodile


Je n’avais jamais vu Crocodile, le premier film de Kim Ki-duk. Arte vient de le diffuser, assez tard dans la nuit. Le film est disponible une semaine en VOD sur le site internet de la chaîne, mais uniquement entre 23 heures et 5 heures du matin, compte tenu de sa violence.

Le moins que l’on puisse dire c’est que déjà Kim Ki-duk n’était pas un optimiste. Et aussi qu’il évoquait les sujets qui ont fait de lui un auteur du cinéma coréen les plus reconnaissables : la violence physique et psychologique, le goût des personnages en marge de la société, la frustration sexuelle et l’eau.

Crocodile suit le parcours de trois clochards : un grand-père, un enfant et le surnommé Crocodile interprété tout en nervosité par Jo Jae-hyun, qui sera le temps de quelques films l’acteur phare du cinéma de Kim Ki-duk. Ces trois hommes de trois générations différentes vivent au bord du fleuve dans un campement de fortune. L’histoire ne dira pas si les trois marginaux sont de la même famille. Ils survivent en mendiant, en vendant des chewing-gums, ou encore des canettes vides.

Le crocodile est un homme sauvage. Il rencontre un jour une jeune femme et, d’une certaine manière, l’enlève. Pas franchement romantique, il la viole, la frappe (ah, ces gifles doivent faire mal), mais elle reste dans la troupe pour une raison inexplicable et inexpliquée. Le crocodile, comme son surnom l’indique, plonge parfois dans le fleuve pour s’échapper de son monde. Il y a installé un salon.

Le personnage de Jo Jae-hyun frappe tout le monde et notamment le gamin avec qui il va monter une petite escroquerie de minables où ils tentent de vendre de quoi augmenter la taille du sexe. C’est bien le comble qu’un frustré de première vende un substitut sexuel. Lui-même qui viole une jeune femme tous les soirs. Il rencontre un soir un type dans un bar. Il ne s’aperçoit pas qu’il se fait draguer par cet homme. Jo Jae-hyun va lui casser la gueule et l’autre se venger en l’accusant de meurtre. Car le type travaille avec la police et esquisse pour elle des portraits robots.

L’image de Crocodile est déjà intéressante, toute en clair obscur qui décrit bien la noirceur de la vie du crocodile, ses sentiments contrastés et son désespoir. Tout cela ne se terminera pas dans la joie, bien entendu. Là est peut-être l’écueil de Crocodile, comme de la plupart de films de Kim Ki-duk qui préfère le romantisme au réalisme.

Crocodile (악어, Corée, 1996) Un film de Kim Ki-duk avec Jo Jae-hyeon, Jeon Moo-song, Ahn Jae-hong, Woo Yun-kyeong

dimanche 24 février 2008

Dance of a dream


Avant sa trilogie Infernal affairs, Andrew Lau a tourné seul, sans Alan Mak, une comédie romantique. Et quand je dis romantique, je veux vraiment dire romantique. Ça veut dire fleur bleue, à l’eau de rose, love-love, cucul la praline. Dance of a dream est l’histoire entre un homme, Andy Lau, et deux femmes, Anita Mui et Sandra Ng. Et bien moi, j’aime ce film.

Andy Lau est professeur de danse. Il enseigne le tango, le cha cha, la rumba. Il doit se produire lors d’une réception qu’organise Anita Mui. C’est une femme d’affaires très riche, mais très froide. Sa rigidité est connue de tous. Son petit frère (Edison Chen) tente de lui redonner le sourire. Pour cela, contre une forte somme, il va engager Andy Lau pour qu’il lui donne des cours de danse. Lui et son associé (Lam Ka-tung) n’hésitent pas une seconde. Son cours de danse n’est pas florissant, tous ses élèves sont assez nuls.

Dans la réception donnée par Anita Mui, se trouve Sandra Ng. L’actrice comique incarne l’inverse du personnage d’Anita Mui. Sandra est au service, elle apporte les boissons aux invités mais elle tombe en admiration devant les danses qu’exécute Andy Lau. Elle va vite s’inscrire à son cours. Sans le sou, elle n’a même pas de quoi s’acheter des chaussures et de payer les leçons. Elle fera donc le ménage gratuitement pour Andy Lau. Il y a donc dans Dance of a dream des rapports de classe qui s’établissent entre les personnages. Les rapports d’argent se mêlent aux sentiments et risquent de ne pas dévoiler la sincérité des protagonistes.

Anita Mui est nulle. Elle ne sait pas danser, mais son professeur la flatte. Il a besoin d’argent, il doit éponger ses dettes. L’assistante d’Anita remarque les réflexions d’Andy, elle en parle à sa patronne. Anita laisse couler. Elle n’est pas dupe. Mais, elle croit pouvoir acheter Andy. Il veut garder sa dignité.

Sandra va donc prendre des cours avec la troupe des pieds gauches : Lam Tze-chung, Ronald Cheng, Cherrie Yin. Ils sont assez nuls en danse mais ils s’amusent tous comme des fous ensemble. Ce sont certainement les scènes les plus drôles du film. Sandra se donne comme mission de dérider Anita. Dur défi. La belle est vraiment coincée et snob. Sandra l’invite à une fête en l’honneur d’Andy. Là enfin, elle va se décoincer. Elle va comprendre que sa solitude volontaire n’a aucun sens. Elle va s’amuser au plus grand bonheur de son petit frère.

La transformation a lieu au milieu du film au cours de la scène de barbecue. Elle commence dans un bar où Lam Ka-teung imite Jackie Cheung. Puis Andy Lau chante une chanson très populaire ("风继续吹", un des plus grands tubes de Leslie Cheung, qui date de 1983). Il est très probable que la star de canto-pop ne devait pas être au courant, que la scène est improvisée. La scène est d’une drôlerie incroyable et d’une intense émotion. Enfin Anita se met à sourire et Sandra, assise à côté d’elle, rayonne également. Là, on comprend qu’elle est en train de tomber amoureuse d’Andy. Et tout le monde, le comprend en même temps. Tous sauf Andy Lau qui feint d’ignorer l’attrait qu’il exerce sur les femmes.

Changement de décor pour cette scène où l’on se révèle. Le barbecue en lui-même. Toute la troupe des danseurs se met à interpréter une chanson de Cha cha cha, comme dans une comédie musicale. Cela donne un tour poétique et ludique au film, d’autant que l’on ne s’y attendait pas. Anita et Sandra s’habillent en garçons, les autres ont déjà commencé à chanter et à danser, elles viennent se mêler aux autres. Tous les acteurs chantent avec leur vraie voix, parfois faux, mais peut importe. Un pur moment de bonheur.

A partir de ce moment, les deux personnages sont à égalité. Anita est rentrée dans le monde de Sandra, dans un monde modeste mais heureux. Elle va enfin s’amuser avec ses nouveaux amis. Il va s’agir pour Sandra de devenir une dame, à l’égale d’Anita. Elle va devoir séduire Andy avec ses propres charmes, mais aussi en apprenant à danser parfaitement et à se rendre belle. On sait que Sandra n’est pas la plus grande beauté du cinéma de Hong Kong, c’est donc montré comme une gageure dans le film.

Inutile de le préciser, mais tous les acteurs, toutes les actrices sont géniaux. Tout concourt à donner à Dance of a dream un plaisir fou. Il faut être cynique pour ne pas aimer ça, pour ne pas verser une petite larme lors de la scène finale. J’adore Dance of a dream.

Dance of a dream (爱君如梦, Hong Kong, 2001) Un film d’Andrew Lau avec Andy Lau, Anita Mui, Sandra Ng, Edison Chen, Lam Ka-tung, Lam Tze-chung, Cherrie Yin, Ronald Cheng. Suzanne Chung

samedi 23 février 2008

CJ7


Il aura fallu trois ans à Stephen Chow pour faire un nouveau film. Trois ans pour faire oublier au public Crazy kung-fu (tâche difficile). Plutôt que de produire confortablement une suite à son film, Stephen Chow est allé vers d’autres histoires. Trois ans sans lui, cela veut dire aussi sans apparaître dans un aucun film réalisé par d’autres et prendre le risque de décevoir. Son aura actuelle lui permet d’espérer un succès énorme pour CJ7. Le film a déjà rassemblé, rien qu’à Hong Kong, plus de six millions de spectateurs.

Sans doute faut-il commencer par dire ce que CJ7 n’est pas. Chow renonce au burlesque nonsensique qui a fait sa gloire. Cela risque de décevoir ses fans occidentaux qui ne verraient en lui qu’un bouffon au comique irrésistible. CJ7 n’est pas non plus un remake cantonais de Flubber ou de ET. De plus, Chow n’apparaît pas dans CJ7 autant que dans ses films précédents. Comme si la star voulait désormais se consacrer essentiellement à la réalisation. Déjà cette tendance était visible dans Crazy kung-fu. Bref, Stephen Chow a choisi de ne pas faire du neuf avec du vieux. Le film est plus sombre que d’habitude, même si certains de ses films montraient sa part sombre.

Ti (Stephen Chow, qui joue pour la première fois un rôle de père) élève seul son jeune fils Dicky (Xu Jiao, une gamine de Chine, le rôle est paradoxalement tenue par une fille). Ti veut donner une belle éducation à son fils. Il va donc dans une école pour gosses de riche. Ti est très pauvre. Tout ce qu’il gagne va dans l’éducation de Dicky. Ti travaille dans un chantier, son patron (Lam Tze-chung, qui n’est présent que dans deux séquences) le traite comme un chien et le pousse à en faire toujours plus. Ti et Dicky habitent dans une maison délabrée (presque autant que celle de la famille de Charlie et la chocolaterie). Rien ne semble tenir debout. Ils n’ont bien sûr pas la climatisation et quand le père ramène un ventilateur, il ne fonctionne pas. Pauvreté extrême qui affecte Dicky : son uniforme d’élève est sale parce que sa maison n’est que gravas.

Dicky est le souffre-douleur de son professeur (Lee Sheung-ching) qui ne lui pardonne rien et surtout pas sa classe sociale. L’enfant est aussi constamment embêté par ses camarades d’école, tous plus riches et qui eux peuvent avoir les jouets qu’ils veulent. Ti ne peut rien offrir à son fils si ce n’est sa morale, ses valeurs et son amour paternel. Dicky veut un jouet, dans le magasin le vendeur les prend pour des voleurs. Le petit pleure. Ti va donc faire les poubelles pour trouver un cadeau et il tombe sur une sorte de ballon de foot-ball qu’il lui apporte.

Ce ballon n’en est pas un. C’est le CJ7 (cela évoque à la fois un jouet électronique et la rivière Yang Tsé) et c’est un extra-terrestre. Ti ne s’en aperçoit pas. Pourtant un reportage à la télé montrait dans la journée qu’un quidam disait avoir vu un OVNI. Le CJ7 va commencer à s’animer par la grâce des effets spéciaux (réussis par ailleurs). Dicky, d’abord effrayé, va apprivoiser la chose. L’extra-terrestre est un droïde, une adorable boule de poils blanc sur un minuscule corps vert comme de la gelée qui aime se faire caresser comme un toutou. Il va vite comprendre les possibilités du CJ7 et imaginer l’aide qu’il pourrait lui donner pour réussir à l’école.

Dicky n’est pas un brillant élève et le CJ7 va lui inventer des lunettes qui permettent de voir les copies de ses voisins, des chaussures qui lui offrent la force d’un surhomme. Mais entre le rêve et la réalité, il y a une grande différence. Le CJ7 n’a pas de tels pouvoirs et Dicky s’en débarrassera après l’avoir salement amoché. Mais le CJ7 se régénère et retourne dans le taudis de Ti. Dicky est tout content et fier d’amener son joujou à l’école mais c’est sans compter sur la méchanceté de ses camarades de classe.

Stephen Chow dans ses deux derniers films montrait deux groupes qui s’affrontaient. Les diverses équipes de foot-ball dans Shaolin soccer, les pauvres contre le gang des haches dans Crazy kung-fu. Dans CJ7, c’est un peu différent puisque Dicky est contre ses camarades de classe. Mais Stephen Chow ne fait rien comme tout le monde. Dans la classe se trouve une élève à la taille gigantesque mais à la voix d’enfant. Son affection pour les « monstres » est toujours vivace. Cette enfant géante, contrepoint idéal mais à peine humain du droïde, va défendre Dicky dans une courte scène de combat.

CJ7 n’est pas qu’un mélodrame, il évoque évidemment le néo-réalisme italien dans certaines scènes (Le Voleur de bicyclette) comme Crazy kung-fu rappelait Affreux sales et méchants. Les scènes sont comiques sont encore présentes, mais en moins grand nombre. Parfois facile (le CJ7 fait caca dans la main de Dicky), parfois visuel et sonore (la géante et sa voix), l’humour arrive toujours au milieu du drame sans crier gare. Les scènes les plus drôles sont celles entre l’enfant et Stephen Chow. Paradoxalement, cet humour verbal est méchant, le personnage de Monsieur Ti n’est pas très aimable parce que trop vertueux.

CJ7 est court, son récit est ramassé, son scénario basique. Il ne faut pas y voir une crise d’inspiration de la part de Stephen Chow. Sans doute, il ne s’est jamais autant livré que dans ce film où il semble raconter sa propre enfance. Le film se situe sur les lieux mêmes de son enfance. D’ailleurs, il n’y a que deux décors : la maison délabrée et l’école qui s’opposent par leurs aspects. On sait que Chow est issu d’une famille très pauvre. Tout le film peut être vu de manière strictement onirique comme si cet enfant c’était lui et qu’il imaginait ce que serait sa vie si une créature tombée du ciel allait à sa rencontre et l’aider à grandir. CJ7 est un film sur l’imaginaire débridé d’un enfant qui n’a jamais voulu grandir, et qui, une fois adulte, n’a jamais cessé de jouer comme un enfant.

CJ7 (長江7, Hong Kong – Chine, 2008) Un film de Stephen Chow avec Stephen Chow, Xu Jiao, Kitty Zhang, Lee Sheung-ching, Fun Min-hun, Huang Lee, Yao Wenxue, Han Yong-wua, Lam Tze-chung, Hu Qianlin.

vendredi 22 février 2008

Wing Chun


Le début de l’année 2008 est déprimant. Les films de plus de 2h30 sont légions et rarement rigolos. Par exemple, Le Libre arbitre (Mathias Glasner, Allemagne) suit pendant 2h48 un violeur qui risque de récidiver. Certains films à durée standard ne sont pas plus drôles. Voilà la guerre en Irak : le racolage de Battle for Aditha, l’ambiguïté de Redacted de Brian De Palma, le didactisme du Cahier d’Hana Makhmalbaf (elle, elle est allée en Afghanistan). Voilà pourquoi je me divertis en ce moment pour ne pas sombrer dans la dépression la plus noire. Donc merci à S., de son exil parisien, de m’avoir envoyer ce petit film de Yuen Woo-ping. Quand il habitait encore à Grenoble, nous étions allé voir ensemble Taï-chi master, toujours de Yuen, mais avec Jet Li. Je ne me rappelle pas trop le film, si ce n’est qu’on l’avait vu en VF. Et oui, c’est ça la province.

Je crois que Yuen Woo-ping est un mauvais. Quand il tourne pour de bons acteurs, le film est bon (ceux avec Jackie Chan, ceux avec Sammo Hung). Quand il tourne avec des acteurs pas géniaux, ses films ne sont pas géniaux. Michele Yeoh n’est pas la plus grande actrice de Hong Kong, loin de là. L’ambassadrice de L’oréal fût une bonne artiste martiale, une actrice pas terrible, mais jolie. Yuen Woo-ping n’est pas un imbécile. Les scènes d’action et de baston de Wing Chun sont formidables. C’est bien le moins. Les scènes de comédie sont ringardes. C’est dommage mais c’est comme ça.

Donnie Yen est aussi dans Wing Chun. Il arrive au bout de 35 minutes. C’est marrant de le voir jeune (il avait 30 ans) pas encore musclé après avoir tant soulevé de fonte. Donnie Yen n’est pas un bon acteur lui non plus. Plus mauvais que lui, c’est dur de trouver. Mais il sait bien se battre. A l’époque, il essayait d’être une star dans la lignée de Jackie Chan (ah ! les grimaces pour faire rire). Aujourd’hui qu’il est une star de Hong Kong, il n’est pas meilleur acteur mais il s’en fout. Son jeu consiste aujourd’hui à mettre des vêtements serrés pour souligner ses muscles. Ou mieux, se mettre torse nu. Ici, il reste toujours en costume traditionnel.

L’histoire de Wing Chun : celle de trois femmes. On est dans une Chine en costumes. Michele Yeoh est Wing Chun. Elle sait se battre, ce qui n’est pas bien vu. Une femme ne se battait pas à cette époque. Cinématographiquement, Yuen Woo-ping évoque les premiers wu xia pian où les femmes étaient les héroïnes. C’étaient elles qui se battaient avant que Chang Cheh ne masculinise le genre. Les deux autres femmes sont la propriétaire d’un magasin de tofu (interprétée par Cheng Pei-pei). Une femme bavarde, frustrée et qui se mêle toujours des affaires des autres. Et aussi Yim Neung (Catherine Hung), jeune et jolie veuve qui va attirer tous les regards des hommes, forcément lubriques. Les trois femmes sont célibataires.

Ça tombe, il y a trois hommes dans le film. Waise Lee est le Lettré Wong. Il a beau être lettré, il est stupide. La seule chose qui l’intéresse est de coucher avec Yim Neung. Donnie Yen joue Leong qui revient, après dix ans d’études, dans son village. Il était promis à Wing Chun. Le ballot ne la reconnaît pas, il la prend pour un homme et croit qu’elle est fiancée à Yim Neung, qu’il prend pour Wing Chun. Yuen Woo-ping fait durer ce théâtre de boulevard pendant au moins 40 minutes. Chapeau bas ! Dernier personnage masculin marquant : le méchant évidemment interprété par Norman Tsui. Une habitude chez lui. Il est le chef des bandits et va se battre avec sa grosse et lourde lance (oui, il faut y voir une connotation phallique) contre Wing Chun.

Wing Chun parle de cul, de sexe, de relations amoureuses avec une pudibonderie très habituelle. La seule scène de sexe, entre le Lettré Wong et la marchande de tofu, est invisible, derrière des rideaux. Les scènes de comédie sont drôles mais à condition d’apprécier les blagues salaces, les grimaces prolongées et les coups de pied au cul. Parfois, ça me mélange comme quand Michele Yeoh balance une boule de feu dans l’entrejambe du bras droit de Norman Tsui. Les chorégraphies de Yuen Woo-ping et de son équipe sont très différentes de celles de ses films antérieurs. Elle semblent largement inspirées par celle de Ching Siu-tung. Wing Chun est ce qu’on appelle un agréable divertissement familial. Pas plus ni moins.

Wing Chun (咏春, Hong Kong, 1994) Un film de Yuen Woo-ping avec Michele Yeoh, Catherine Hung, Cheng Pei-pei, Donnie Yen, Waise Lee, Norman Tsui.

jeudi 21 février 2008

Rétrospective Johnnie To

Lau Ching-wan dans Mad detective, sortie le 5 mars 2008

A partir du 5 mars 2008, la Cinémathèque Française propose une rétrospective Johnnie To. Il est préférable de parler d’hommage plutôt que de rétrospective à vrai dire. Non pas que le nombre de films ne soit pas conséquent, mais il ne représente pas même la moitié des films réalisés et produits par le cinéaste. Johnnie To sera présent le 5 mars pour discuter avec le public à l’issue de la projection de The Mission.

Ce qui déçoit beaucoup est que en fin de compte la plupart des films de To ont déjà été distribués en salles et en DVD, donc sont visibles, par tout le monde. Seule une poignée de films est inédite : A hero never dies, Fat choi spirit, Help !!!, Love for any seasons, Love on a diet, My left eye sees ghosts, Needing you et Running out of time 2. Il est dommage de ne pas pouvoir voir les premiers films de Johnnie To qui auraient pu montrer l’évolution de son style. D’autant que parmi ses premières réalisations il y a pour acteur Chow Yun-fat (The Eighth happiness et All about Ah Long) ou Stephen Chow (Justice, my foot ! et The Mad Monk). Quant à son tout premier film The Enigmatic case il va encore rester inconnu. Dommage. Etonnant également de ne pas trouver dans la rétrospective The Big heat ou Lifeline, pourtant édité en VHS et en DVD en leur temps. Il faut, en revanche, se réjouir de pouvoir voir les films de Patrick Yau ou l’invraisemblable Too many ways to be N°1 de Wai Ka-fai qui commençait à développer sa folie dans ce film abracadabrant. Autre bonne nouvelle : la rétrospective permettra de découvrir enfin Lau Ching-wan, présent ans dix films.

A hero never dies (1998) Vendredi 14 mars 19h et Samedi 5 avril 21h
Breaking news (2004) Mercredi 12 mars 19h et Jeudi 27 mars 17h
Election (2005) Samedi 15 mars 19h
Election 2 (2006) Samedi 15 mars 21h et Dimanche 6 avril 21h30
Exilé (2006) Dimanche 16 mars 21h et Mercredi 2 avril 21h30
Fat choi spirit (réalisé avec Wai Ka-fai, 2002) Jeudi 6 mars 21h et Lundi 17 mars 17h
Fulltime killer (réalisé avec Wai Ka-fai, 2001) Dimanche 9 mars 19h et Mercredi 26 mars 17h
Help !!! (réalisé avec Wai Ka-fai, 2000) Mercredi 19 mars 21h30 et Lundi 7 avril 17h
The Heroic trio (1993) Dimanche 23 mars 19h30 et Jeudi 3 avril 21h30
Heroic trio 2: Executioners (réalisé avec Ching Siu-tung, 1993) Dimanche 23 mars 21h30 et Jeudi 10 avril 21h30
Love for all seasons (réalisé avec Wai Ka-fai, 2003) Samedi 22 mars 19h30 et Mercredi 2 avril 19h30
Love on a diet (réalisé avec Wai Ka-fai, 2001) Mercredi 19 mars 19h30 et Jeudi 3 avril 17h
The Mission (1999) Mercredi 5 mars 20h
My left eye sees ghosts (réalisé avec Wai Ka-fai, 2002) Vendredi 14 mars 21h et Jeudi 27 mars 21h30
Needing you (réalisé avec Wai Ka-fai, 2000) Mercredi 26 mars 19h30 et Vendredi 11 avril 17h30
P.T.U. (2003) Samedi 8 mars 19h et Mercredi 2 avril 17h
Running on Karma (réalisé avec Wai Ka-fai, 2003) Dimanche 16 mars 19h et Dimanche 30 mars 15h
Running out of time (1999) Samedi 8 mars 21h et Dimanche 23 mars 14h30
Running out of time 2 (réalisé avec Law Wing-cheong, 2001) Dimanche 9 mars 21h et Samedi 5 avril 17h
Throw down / Judo (2004) Dimanche 16 mars 14h30 et Lundi 31 mars 17h
Triangle (réalisé par Tsui Hark, Ringo Lam et Johnnie To, 2007) Dimanche 6 avril 14h30
Yesterday once more (2004) Mercredi 12 mars 21h et Samedi 5 avril 19h
Films produits par Johnnie To :
Beyond hypothermia (Patrick Leung, 1996) Lundi 10 mars 17h et Jeudi 20 mars 21h
Expect the unexpected (Patrick Yau, 1998) Jeudi 20 mars 17h et Dimanche 30 mars 19h30
Filatures / Eye in the sky (Yau Nai-hoi, 2007) Dimanche 6 avril 17h
The Longest nite (Patrick Yau, 1997) Jeudi 6 mars 19h15 et Samedi 29 mars 19h30
The Odd one dies (Patrick Yau, 1997) Mercredi Jeudi 13 mars 19h et Dimanche 30 mars 21h30
Too many ways to be No. 1 (Wai Ka-fai, 1997) Samedi 8 mars 14h30 et Samedi 22 mars 21h30

L'Institut Lumière à Lyon va programmer également des films de Johnnie To courant mars 2008. A suivre...

mardi 19 février 2008

Origine


Origine est le premier long métrage d'animation produit par le studio Gonzo. Belle animation mais scénario avec un petit air de déjà vu...

Origine est un film post apocalyptique. Nous sommes dans un futur lointain où la forêt a pris la plus grande place et domine l’homme. La Terre est devenue un champ de ruines sur lesquelles ils essaient de bâtir leur civilisation.

Les héros du film de Keiichi Sugiyama, dont Origine est le premier long métrage, sont des enfants. Agito est un garçon espiègle qui avec son ami Cain va chercher, en secret, de l’eau au fonds d’un puits. L’eau manque sur la planète et elle est contrôlée par les Druides de la forêt. Pas de chance, ils se font surprendre et Agito s’enfuit dans les canalisations. Il découvre un vaisseau dans lequel est endormie une jeune fille Toola. Il vient du passé. De nombreuses aventures les attendent.

Origine est le premier film de cinéma de la société Gonzo. Pour ce coup d’essai, Gonzo a décidé de regarder du côté de Miyazaki en ce qui concerne la fable humaniste et écologique. Origine parle des rapports entre les humains et la nature, de ce qu’il faut faire ou pas pour assurer un avenir à la Terre. La jeune Toola, qui se réveille après un sommeil forcé, est amnésique. Elle cherche à retrouver son passé mais n’y parvient pas. Elle possède un appareil qui doit l’aider à communiquer avec les siens. Or c’est le chef de la ville ennemie Shunack qui répond. Lui veut détruire la forêt. On trouve dans Origine des Esprits, ces druides, qui évoque les personnages des Miyazaki. Ou encore le père de Agito, qui est un être amélioré, quelle ironie. Mais jamais Origine n’atteint la poésie de Princesse Mononoké, pour ne prendre qu’un seul exemple.

Origine se rapproche esthétiquement et dans son animation de Steamboy de Otomo. Si les personnages et les décors sont en dessins classiques 2D, de nombreux éléments sont en image numérique : l’eau, la forêt quand elle fait la guerre aux humains et les machines de guerre de Shunack. Le mélange des deux animations n’est pas aussi gracieux et réussi que dans Steamboy et fait, hélas, parfois penser à Il était une fois en Chine en animation produit par Tsui Hark.

Origine, comme bon nombre de films d’aventure, apporte son lot de rebondissements, de coups de théâtre et de méchants pervers. Mais l’ensemble souffre d’un trop plein scénaristique et d’une absence paradoxale de surprise. Un film ni désagréable ni enthousiasmant, mais on espère que la studio Gonzo trouvera une voie médiane entre Miyazaki et Otomo.

Origine (Origin: Spirits of the past, 銀色の髪のアギト, Japon, 2006) Un film de Keiichi Sugiyama avec les voix de Ryo Katsuji, Aoi Miyazaki, Kenichi Endo, Toshikazu Fukawa, Masaru Hamaguchi, Yûko Kotegawa, Ren Osugi

dimanche 17 février 2008

Trivial matters


Pang Ho-cheung est fou. Trois mois après Exodus, voilà déjà son nouveau film Trivial matters, comme si de rien n’était, sans se soucier d’un plan de carrière, juste pour le plaisir du cinéma. Et celui du spectateur.
Trivial matters est un film à sketches, ou à épisodes. Il y en a sept. Ils sont tirés d’histoires que Pang Ho-cheung a écrites. Le cinéaste doit être écrivain, auteur de nouvelles à Hong Kong. Je ne le savais pas. Il a adapté lui-même ses nouvelles pour son dernier film et, encore une fois, il étonne par la variété de son style, de plus en plus souverain, en dehors des modes, au-delà des canons du box-office. Pang Ho-cheung est un auteur, un grand cinéaste et il faut que cela soit écrit.
Dans un film à sketches, il y a forcément des choses moins bien, et dans Trivial matters il y a des parties moins réussies que d’autres. Mais celles qui sont réussies sont tellement passionnantes que j’en suis resté timide d’admiration. Il est par exemple facile de passer très vite sur le ketch Tak Nga où il y est question de planètes que l’on doit nommer.
On peut aussi faire l’impasse sur Civism, bien que le sketch soit l’un des plus drôles de la collection. Edison Chen essaie de draguer une fille en boîte de nuit. Sa méthode est simple mais triviale, voire vulgaire. Il affirme faire preuve de grand civisme puisqu’il pisse sur les bouts de merde restés collés dans les chiottes des lieux publics. La technique de drague est minable mais hilarante. La pauvre Stephanie Cheng se bouche le nez rien que d’imaginer la situation. Le spectateur est moins verni puisqu’il voit la pisse se déverser sur la merde. Ça n’a l’air de rien, mais c’est presque une révolution dans la comédie cantonaise. L’humour scato fonctionne à plein régime. C’est vraiment trivial.
Le film commence avec Vis Major, qui rappelle le dispositif d’Exodus, des plans séquence avec des personnages qui parlent. Et ils racontent leur vie sexuelle. Un couple raconte ses coïts. Jan Lamb (la voix du cochon MacDull) filme un professeur et son épouse, chacun à leur tour. Chacun reproche à l’autre son manque d’écoute, avec l’idée que le corps en dit beaucoup plus que les mots. Comme Jan Lamb ne les trouve pas assez sexy, la scène est reconstituée avec deux jeunes acteurs qui baisent nus. L’image contredit les propos des deux acteurs. Et c’est finalement cela que veut mettre en scène Pang Ho-cheung, une certaine misère sexuelle, et qui rappelle ses anciens films, Men suddenly in black, AV et Exodus.
Dans Trivial matters, Pang Ho-cheung propose quatre autres histoires plus élaborées. Toutes basées justement sur la solitude, sur l’attente d’une vraie proposition sexuelle. Cela put être du registre comique (It’s a festival today) où Eason Chan n’arrive pas à avoir de rapports sexuels avec sa fiancée ou du registre dramatique (Recharge) où Chapman To va voir une prostituée du continent et où il s’aperçoit qu’il est plus seul qu’elle malgré son exil.
Dans ces deux sketches, c’est le corps qui est filmé. Pang Ho-cheung avait déjà largement exhibé Chapman To dans Isabella, où il lui donnait une aventure sexuelle ambiguë avec sa fille et en faisait un corps incapable de se placer dans le décor ancien de Macao. Dans le sketch Recharge, To n’hésite pas à se mettre complètement à poil. Pang met en scène ce corps désormais massif de l’acteur face à celui frêle de la prostituée chinoise. On y parle, mine de rien, d’esclavage sexuel mais en se demandant qui est vraiment le maître de l’autre.
Le corps d’Eason Chan est lui aussi assez massif. L’acteur, avec ses cheveux bouclés, est à part dans le paysage hongkongais. Constamment en caleçon dans It’s a festival today, il parviendra à convaincre sa copine de lui tailler une pipe lors de chaque jour de fête. Parce que sucer c’est pas faire l’amour. Il sera pris au piège de son appétit sexuel dans un crescendo comique. Mais, comme pour le personnage de Chapman To, c’est la solitude que pointe Pang Ho-cheung.
Solitude encore pour le personnage de Ah Wai interprétée par une Gillian Chung qui porte des lunettes. Ah Wai est ce qu’on appelle une ringarde. Elle n’a pas d’amis. Kate (Stephy Tang), sa pseudo meilleure amie discute avec elle, mais de choses sans intérêt. Elles vont chanter une chanson d’une vedette (genre Leslie Cheung) au karaoké, mais elles chantent faux. Contre toute attente, Ah Wai va réussir sa vie. Alors que rien ne semblait aller vers son bonheur. Elle rencontre un jeune garagiste tatoué qui se promène toute la journée torse nu. Un jeune loubard apparemment, mais en fait un mec bien. Quant à Kate, elle rate tout à fait sa vie. L’inversion des destins des deux adolescentes est remarquablement mise en scène avec une rigueur impeccable. Ah Wai the « Big Head » est le sketch le plus réussi de Trivial matters.
Petit à petit, le film s’emplie de mélancolie, d’une ambiance douce-amère. Jusqu’au dernier sketch Junior où un représentant de commerce vient rencontrer un homme d’affaires. Ce qu’il propose est un programme de tueur à gages avec un crime gratuit tous les 12 assassinats. Ce sera Shawn Yue le tueur « junior » et Conroy Chan la future victime. On y fume du cannabis dans un bang et ils s’amusent ensemble. Par son ton, par le choix des musiques, ce sketch évoque Tarantino période Pulp fiction.
Trivial matters est grand sous une apparence modeste. On ne sait pas où ira maintenant Pang Ho-cheung. S’il était besoin de le dire, sa maîtrise est désormais totale. Ses choix (sujets, acteurs, chansons, musique, cadres, narration) sont ceux d’un immense cinéaste. Putain, ça fait du bien.
Trivial matters (破事兒, Hong Kong, 2007) Un film en 7 sketches de Pang Ho-cheung avec Jan Lamb, Chan Fat-hung, Kristal Tin (Vis Major), Edison Chen, Stephanie Cheng (Civism), Eason Chan, Isabel Chan, Chapman To (It’s a festival today), Kenny Kwan, Angelababy, Patrick Tam (Tak Nga), Stephy Tang, Gillian Chung, Juno Mak (Ah Wai the « Big Head »), Eason Chan, Chapman To, Zhang Zheng (Recharge), Feng Xiaogang, Peter Kam, Shawn Yue, Conroy Chan (Junior).

samedi 16 février 2008

The Postmodern life of my aunt


Ann Hui est une des rares réalisatrices de Hong Kong. De la même génération que Tsui Hark, elle n’a jamais eu la chance d’être connue en France, si ce n’est pour Boat people, il y a de cela déjà 25 ans. Le Chant de l’exil (1990) était un film magnifique, sans doute autobiographique, sur les exclus de l’Histoire. Dans The Postmodern life of my aunt, elle filme aussi des gens déclassés. Et c’est un grand film.
Madame Ye Rutang (SiQin Gaowa) vit à Shanghai. Elle vit seule dans un appartement au douzième étage. Dans une pièce, une quinzaine de canaris volent librement. Madame Ye doit faire face au danger du chat de Madame Shui (Lisa Lu), sa voisine, qui s’échappe souvent. Madame Shui vit seule également. Très coquette, elle est toujours ravie de venir montrer sa nouvelle perruque à Madame Ye. Elle est aussi très curieuse et tire les vers du nez de Kuankuan (Guan Wenshou), le neveu de Madame Ye qui vient lui rendre visite.
L’adolescent est insupportable, terriblement gâté et ne s’intéresse à rien d’autre qu’à son ipod. Il fait tourner en bourrique sa vieille tante. Il va simuler son enlèvement pour lui soutirer de l’argent. Cela partait d’un bon sentiment, il voulait trouver de l’argent à une jeune femme, dont la moitié du visage est défiguré, pour qu’elle puisse aller faire de la chirurgie esthétique. La police est alertée, car Madame Ye croit à un vrai kidnapping. Quand elle comprend le subterfuge, elle s’accuse elle-même pour que son neveu et la fille n’aillent pas en prison.
Car le problème de Ye Rutang est qu’elle est trop gentille, trop serviable et qu’elle ne pense qu’aux autres. Une fois son neveu reparti, elle fait la rencontre de Pan Zhichang (Chow Yun-fat) dans un jardin public. Pan chante en amateur des airs d’opéra classique. Ils sympathisent et elle lui prête de l’argent gentiment. Trop bonne, le monsieur ne la rappelle pas et oublie de la rembourser. Certes, elle râle mais elle s’est encore faite avoir.
Elle réussit à retrouver Pan et il lui sort une quelconque excuse pour son comportement. Il faut dire que Madame Ye a très envie de se laisser séduire par cet homme exubérant, élégant et charmeur. Elle se sent immédiatement bien avec lui. Elle se laisse charmer. Elle l’invite à venir déguster une pastèque chez elle, mais elle a peur du quand dira-t-on. Dans une scène au fort potentiel comique, ils tentent d’éviter la voisine trop curieuse. Par mégarde, ils tuent son chat. Madame Ye et Pan auront quelques moments d’insouciance. Ils se déguisent avec des costumes d’opéra, ils chantent et vont même à la piscine. Encore une fois, elle va se faire escroquer par lui en achetant une place au cimetière. Mais, il avait gardé l’argent.
Madame Ye veut aider les gens. Elle rencontre une femme blessée au visage Jin Yonghua (Shi Ke). Elle va l’embaucher comme femme de ménage. Yonghua a une vie difficile. Son mari travaille dans le bâtiment, elle ne le voit jamais. Sa fille est à l’hôpital pour une insuffisance respiratoire. Ici, The Postmodern life of my aunt pointe l’absence d’entraide entre les gens, elle décrit une Chine résolue à sacrifier ses habitants pour avancer, elle critique la solitude consécutive à une vie moderne aliénante. Madame Ye a choisi une vie post-moderne qui met en avant des valeurs de générosité et de rectitude. Et Ann Hui filme tout cela sans moralisme. Très fort.
Mais, les plans de notre héroïne vont à l’encontre de l’idéologie dominante, celle de l’individualisme dans une Chine fallacieusement communiste. An Hui parvient avec brio à étayer son point de vue sur la question. The Postmodern life of my aunt, dans sa première heure, enchaîne les moments drôles. On rit des petits malheurs de cette femme généreuse qui ne réclame rien mais qui donne beaucoup. Petit à petit, une mélancolie envahit le film, aidée par la musique subtile de Joe Hisaichi. Les couleurs elles-mêmes se ternissent au fur et mesure de l’histoire pour finalement arriver à un blanc déprimant et synonyme de mort, le blanc étant la couleur du deuil. Madame Ye voit d’ailleurs sa teinture noire disparaître pour laisser apparaître ses cheveux gris.
The Postmodern life of my aunt change de localité en cours d’histoire. Madame Ye doit quitter Shanghai pour retourner à Anshan, sinistre ville de Mandchourie, qu’Ann Hui connaît bien puisqu’elle y est née. On y apprend alors les raisons pour lesquelles Ye Rutang est partie pour Shanghai. A Anshan, elle retrouve sa fille Fudang (Vicky Zhao) et perd dans le même temps sa liberté et son rêve d’une vie meilleure. C’est un des moments les plus émouvants vus récemment.
The Postmodern life of my aunt (姨妈的后现代生活, Hong Kong – Chine, 2007) Un film d’Ann Hui avec SiQin Gaowa, Chow Yun-fat, Vicki Zhao, Lisa Lu, Guan Wenshou, Wang Ziwen, Shi Ke, Fang Qingzhou.

mardi 12 février 2008

Hooked on you


Hooked on you est le nouveau film de Law Wing-cheong. L’homme est connu à Hong Kong pour avoir été le monteur de la plupart des films de la Milkyway. C’est un protégé de Johnnie To qui avait déjà produit son premier film 2 become 1, comédie dramatique sur une femme atteinte d’un cancer du sein. Le film avait fait parler de lui à cause de son affiche qui montrait une poitrine. Miriam Yeung interprétait cette femme. Elle est Miu dans Hooked on you.

En 2007, Johnnie To a produit aussi Filatures / Eye in the sky, sorti à Hong Kong deux semaines avant ce film qui ne ressemble en rien puisqu’il est une comédie romantique où les deux personnages principaux ne vont pas réussir à se dire qu’ils s’aiment pendant les 90 minutes que durent Hooked on you. L’histoire se déroule sur dix ans, depuis la rétrocession jusqu’à maintenant. Comme Mr. Cinema de Samson Chiu, il s’agit de mêler la grande Histoire avec la petite histoire. Ici, cela fonctionne beaucoup moins bien.

Tout se passe dans un marché couvert appelé Fortune Market. Miu vend avec son père (Stanley Fung) des poissons. En face d’elle se trouve un autre marchand de poissons, Fishman (Esaon Chan). Il y a aussi Porky (Huang Bo, un acteur chinois) qui est boucher. Porky est clairement amoureux de Miu, mais elle le repousse. Fishman est quant à lui un homme bourru, colérique mais qui s’adoucira. Miu veut épouser un homme riche et par un vendeur du marché. Elle rêve.

L’ambition de Hooked on you est de filmer la classe ouvrière. C’était déjà celle de Mr. Cinema. On voit l’ouverture d’un supermarché en face du Fortune Market. Les achats s’arrêtent vite. Puis, le gouvernement prévoit la démolition du lieu. Ici, c’est la course au rendement qui est pointée. Mais la critique du libéralisme sauvage ne pointe pas le bout de son nez.

Car voilà, tout est amené pour faire comprendre à nos protagonistes qu’ils s’aiment. Le temps fera son œuvre et chacun changera sa vie. On est assez loin dans Hooked on you d’un cinéma social tel qu’on le connaît. Les changements qui se produisent sur les personnages restent superficiels et convenus. Le film tente de montrer l’amertume de leurs vies sans toucher réellement. Quelques touches d’humour font mouche. L’ensemble reste assez peu passionnant.

Hooked on you (每当变幻时, Hong Kong, 2007) Un film de Law Wing-cheong avec Miriam Yeung, Eason Chan, Huang Bo, Stanley Fung, William Feng, Kin Kwan, Amy Chum, Farini Cheung, Marie Zhuge, Xie Lu-si, Ho Sai-man, Wong Wah-wo, Chan Kung, Jolie Chan, David Lo, Raymond Wong, Carl Ng, Wong You-nam, Lam Ka-tung, Hung Hui-siu, Jo Koo, Stephanie Cheng

vendredi 8 février 2008

My left eye sees ghosts


Un enterrement. Le bal des pleureuses est là à se lamenter sur la tombe de Daniel Tsui qui est mort lors d’une croisière aux Caraïbes. Susan (Lee San-san) s’effrondre sur le cercueil de Daniel, elle pleure et pleure toutes les larmes de son corps. Tout le monde veut consoler Susan. Pauvre veuve, pensent-ils. Mais Susan n’est pas la veuve. La veuve est plutôt joyeuse et s’appelle May (Sammi Cheng). Elle et Daniel s’étaient mariés sur un coup de tête et ils ne se connaissaient que depuis une semaine. May doit donc composer avec sa belle famille et surtout sa belle mère (Bonnie Wong) qui aimerait bien voir partir cette bru qu’elle méprise. Madame Tsui pense que May ne reste que pour l’héritage, car Daniel était très riche.

Trois ans après l’enterrement, May est encore veuve, certes, toujours seule sans nouveau copain ni mari et évidemment aux crochets de sa belle famille. Un soir, May a un accident de voiture. Elle avait bu. Elle est morte mais elle rencontre Ken (Lau Ching-wan) qui lui insuffle un dernier moment de vie. Son œil gauche est blessé. Dans la chambre d’hôpital, elle entend des voix qui décrivent ce qu’elle fait. Mais elle ne voit rien. Puis, elle enlève le pansement de son œil gauche, et là, elle voit trois hommes dans la chambre, dont Kin-wai. Ce dernier est un fantôme et, comme le titre du film l’indique on ne peut plus clairement, son œil gauche voit des fantômes.

May rentre chez elle et Kin-wai revient la voir. Elle prend peur et la fuite. Kin-wai la poursuit. Ce qu’il y a, c’est que ce fantôme est celui d’un adolescent mort mais qu’il a la taille d’un adulte, forcément puisqu’il est incarné par Lau Ching-wan, qui joue de son visage poupin pour donner corps, à défaut de vie, à ce fantôme. Même s’il effraie May, Kin-wai est gentil. Le seul gros problème qu’elle va rencontrer avec lui est son immaturité. Car Kin-wai fait des facéties, des blagues de gamin. Il prétend qu’ils étaient camarades de classe. Kin-wai se prend aussi pour un héros de bédé, genre Ken le survivant. My left eye sees ghosts est donc une comédie et non pas un film d’horreur comme pouvait l’être The Eye des frères Pang. On peut y voir aussi une parodie hilarante de Sixième sens de M. Night Shyamalan.

May veut conserver le souvenir de son défunt mari et notamment réparer sa voiture avec laquelle elle eu son accident. Elle va dans un garage tenu par Sam Wong et son père (Wong Tin-lam). Sam n’y est pas mais une femme fantôme lui remet une lettre pour lui. Cela la met dans une position de messager qu’elle n’avait pas prévue. Elle va se mettre à aider les fantômes qui se trouvent dans des situations délicates. Ainsi la père de May (Lam Suet) paie un exorciste pour que Kin-wai se marie à une femme fantôme bien abîmée et qu’il laisse May tranquille. Cela donne des scènes au grand pouvoir comique d’autant que Lau Ching-wan et Sammi Cheng sont irrésistibles.

Mais la vie continue et sa plus jeune belle sœur Tina (Cherrie Yin) essaie cependant de trouver un nouvel homme à May, tel Ben le médecin (Simon Yam). Mais sans soute May préfère la compagnie des morts. Il y a beaucoup de chances pour qu’elle soit tombée amoureuse de Kin-wai. C’est ce que dit l’exorciste embauchée par son père. Qui est ce fantôme Kin-wai ? Il y a aussi le mystère autour de Sam Wong, le garagiste, que l’on ne voit jamais. Qui dit que son père, qui semble souffrir de problèmes de mémoire, n’aurait pas omis de mentionner que son fils serait décédé ? C’est là, que My left eye sees ghosts prend un tour plus tendre et émouvant tout en ménageant de l’humour. On est vraiment dans un exercice de « la mort au travail ».

Johnnie To et Wai Ka-fai passent d’un registre à l’autre avec une facilité déconcertante. Il faut bien entendu être sensible à la comédie cantonaise pour apprécier au mieux cette ghost comedy sans kung-fu, ce qui la différencie largement de la vague lancée par Sammo Hung et Wu Ma au début des années 1980. Le film fonctionne surtout grâce à l’abattage énorme de tous ses interprètes et en premier lieu de Lau Ching-wan, le meilleur acteur cantonais actuel. Sammi Cheng déploie sa gestuelle habituelle faite de gestes amples des bras, de ses longs bras maigres qu’elle porte sous ses tenues larges et colorées, une actrice presque surnaturelle.

My left eye sees ghosts (我左眼见到鬼, Hong Kong, 2002) Un film de Johnnie To et Wai Ka-fai avec Lau Ching-wan, Sammi Cheng, Lee San-san, Bonnie Wong, Cherrie Ying, Wong Tin-lam, Lam Suet, Lee Fung, Simon Yam, Lam Chi-sin, Kelly Lin.

mercredi 6 février 2008

Sorties à Hong Kong (février 2008)

Kung fu dunk (功夫灌籃)

Un film de Kevin Chu Yen-ping (Taiwan - Hong Kong) avec Jay Chou, Chen Bo Lin, Charlene Choi, Eric Tsang, Ng Man-tat. 99 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 6 février 2008.






mardi 5 février 2008

Brave story


Wataru est un adolescent comme tous les autres. Il va au lycée et le soir il joue, en cachette, avec son pote Kachan dans un immeuble en espérant y voir des fantômes. Les deux amis jouent à se faire peur et justement ce soir-là, dans cet immeuble vide et vétuste, il découvre une boule bleue et luminescente. Cette boule est récupérée par un jeune homme qui cherche Aya. Ce garçon, qui s’appelle Ashikawa, s’enfuit et grimpe un escalier qui mène à une porte mystérieuse qui disparaît aussitôt.

Comme tous les adolescents, Wataru a aussi des parents. Un jour, son père lui annonce qu’il quitte sa femme. Cela attriste au plus haut point Wataru. Au lycée, il retrouve Ashiwara qui se fait molester par trois élèves plus âgés. Wataru prend sa défense, mais le jeune homme mystérieux lance un sort à ses bourreaux et les endort. Les deux nouveaux amis discutent et Ashiwara déclare à Wataru que derrière cette porte se trouve un monde où l’on peut changer son destin. Wataru décide d’aller dans ce monde parallèle et ainsi commencer cette aventure où il aura besoin de tout son courage pour affronter les méchants et parvenir à sa quête, réconcilier ses parents.

L’idée principale de Brave story est de mettre Wataru dans la même position que le spectateur. On découvre en même temps que lui la prochaine épreuve qu’il aura. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les scénaristes du studio Gonzo, qui produit le film après la semi-réussite de Origine, n’ont pas chômé. Les personnages abondent, les décors tout autant et le voyage initiatique n’est pas sans embûche ni violence.

Dans sa quête, Wataru rencontrera quatre personnages qui lui prêteront main forte. Le Maître Moine Lau qui est toujours accompagné d’une nuée d’oiseaux. Le reptile nomade Ki Kima qui le sauve dans le désert. Mina, une petite chatte acrobate et son bébé dragon, Jozo. Et enfin, Kattsu, une femme humaine à fort tempérament. Tous ensemble, ils affrontent divers démons et surtout Ashiwara bien décidé, lui aussi, à donner vie à son destin et qui n’hésite pas à dévaster le monde et à tuer des innocents.

Esthétiquement, Brave story mélange avec un certain bonheur la naïveté des dessins pour les personnages. Le bestiaire évoque évidemment celui des films du studio Ghibli. Les décors sont grandioses et en 3D. Le récit est limpide et se suit sans complication. D’une certaine manière, Brave story peut se voir comme un jeu vidéo où Wataru, donc le spectateur, doit affronter des épreuves pour accéder au niveau suivant. Le film est un agréable divertissement malgré son propos sur l’enfance qui reste assez banal.

Brave story (ブレイブストーリー, Japon, 2006) Un film de Koichi Chigira avec les voix de Takako Matsu, Eiji Wentz, Miki Imai, Taro Ishida, Shirô Itô, Ayako Kawasumi, Kirin Kiki, Yo Oizumi, Chiwa Saito, Rie Shibata, Katsumi Takahashi, Yoshiko Tanaka, Takako Tokiwa.

lundi 4 février 2008

Hong Kong Film Awards 2007 : les nominés sont...

L’Académie du Cinéma de Hong Kong, présidée par le cinéaste Gordon Chan, a présenté les nominations pour les 27ème Hong Kong Film Awards qui seront décernés le 13 avril 2008.

Meilleur film :
Filatures (Eye in the sky) de Yau Nai-hoi
Mad detective de Johnnie To et Wai Ka-fai
The Postmodern life of my aunt d’Ann Hui
Protégé de Derek Yee
The Warlords de Peter Chan Ho-sun

Meilleur réalisateur :
Peter Chan Ho Sun (The Warlords)
Ann Hui (The Postmodern life of my aunt)
Yau Nai-hoi (Filatures / Eye in the sky)
Johnnie To et Wai Ka-fai (Mad detective)
Derek Yee (Protégé)

Protégé de Derek Yee: 14 nominations

Meilleur scénario :
Xu Lan, Chun Tin-nam, Aubrey Lam, Huang Jian Xin, Jo Jo Hui, Ho Kei-ping, Kwok Chun-lap et James Yuen (The Warlords)
Derek Yee, Chun Tin-nam, Loong Man-hong et Ko Sun (Protégé)
Li Qiang (The Postmodern life of my aunt)
Wai Ka-fai et Au Kin-yee (Mad detective)
Yau Nai-hoi et Au Kin-yee (Filatures / Eye in the sky)

Meilleur acteur :
Andy Lau (The Warlords)
Lau Ching-wan (Mad detective)
Aaron Kwok (The Detective)
Jet Li (The Warlords)
Simon Yam (Filatures / Eye in the sky)

Meilleure actrice :
Charlene Choi (Simply actors)
Rene Liu (Kidnap)
Teresa Mo (Mr. Cinema)
Si Qin Gao Wa (The Postmodern life of my aunt)
Zhang Jing-chu (Protégé)

The Warlords de Peter Chan Ho-sun : 12 nominations

Meilleur acteur dans un second rôle :
Ronald Cheng (Mr. Cinema)
Nick Cheung (Exodus)
Chow Yun-fat (The Postmodern life of my aunt)

Louis Koo (Protégé)
Andy Lau (Protégé)

Meilleure actrice dans un second rôle :
Karen Mok (Mr. Cinema)
Susan Shaw (The Pye dog)
Maggie Shiu (Filatures / Eye in the sky)
Anita Yuen (Protégé)
Zhao Wei (The Postmodern life of my aunt)

Meilleur nouvel interprète :
Linda Chung (Love is not all around)
Tsei Tsz-tung (Protégé)
Kate Tsui (Filatures / Eye in the sky)
Wen Jun-hui (The Pye dog)
Wong Hau-yan (The Besieged City)

The Postmodern life of my aunt d’Ann Hui : 9 nominations

Meilleure photographie :
Charlie Lam (Exodus)
Arthur Wong (The Warlords)
Venus Keung (Protégé)
Kwan Pun-leung et Yu Lik-wai (The Postmodern life of my aunt)
Cheng Siu-keung (Mad detective)

Meilleur montage :
Oxide Pang et Curran Pang (The Detective)
Wenders Li (The Warlords)
Eric Kong (Protégé)
Tina Baz (Mad detective)
David Richardson (Filatures / Eye in the sky)

Meilleurs décors :
Anuson Pinyopotjanee (The Detective)
Alfred Yau (Blood brothers)
Yee Chung-man, Yi Zheng-zhou et Pater Wong (The Warlords)
Yee Chung-man et Kenneth Mak (Protégé)
Wong Yan-kwai (The Besieged City)

Filatures / Eye in the sky de Yau Hai-noi : 8 nominations

Meilleurs costumes et meilleurs maquillages :
Surasak Warakitcharoen (The Detective)
Tim Yip (Blood brothers)
Yee Chung-man, Jessie Dai et Lee Pik-kwan (The Warlords)
Ma Yu-tao (The Postmodern life of my aunt)

Stanley Cheung (Mad detective)

Meilleure chorégraphie des scènes d’action :
Kong Tao-hoi (Twins mission)
Ching Siu-tung (The Warlords)
Lee Chung-chi (Invisible target)

Chin Ka-lok (Protégé)
Donnie Yen (Flash point)

Meilleur son :
Wachira Wongsaroj (The Detective)
Sunit Asvinikul et Nakorn Kositpaisal (The Warlords)
Kinson Tsang (Protégé)
Steve Burgess et Sam Wong (Flash point)

Tu Duu-chih et Kuo Li-chi (The Drummer)

Mad detective de Johnnie To et Wai Ka-fai : 7 nominations

Meilleurs effets spéciaux :
Suchada Somasavachai (The Detective)
Ng Yuen-fai (The Warlords)
Ho Siu-lun, Chow Kim-hung et Ching Han-wong (Protégé)
Raymond Man (Mad detective)
Leung Wai-kit, Don Ma, Leung Yiu-fung et Frankie Chung (The Magic gourd)

Meilleure musique originale :
Payont Permsith et Jadet Chawang (The Detective)
Chatchai Pongprapaphan, Chan Kwong-wing, Peter Kam et Leon Ko (The Warlords)
Peter Kam (Protégé)
Joe Hisaishi (The Postmodern life of my aunt)

Andre Matthias (The Drummer)

Meilleure chanson :
"Brothers" chantée par Andy Lau et Eason Chan (Brothers)
"Forced too closed" chantée par Kary Ng (Love is not around)
"Starlight accompanies my heart" chantée par Ronald Cheng (Mr. Cinema)
"Happy wanderer" chantée par Anthony Wong et Zhou Xun (Ming Ming)
"No reply from heaven" chantée par George Lam (The Pye dog)

The Detective de Oxide Pang : 6 nominations

Meilleur nouveau réalisateur :
Derek Kwok (The Pye dog)
Yau Nai-hoi (Filatures / Eye in the sky)
Adam Wong (Magic boy)

Meilleur film d’Asie du sud est :
The Sun also rises (Jiang Wen; Chine)
Lust caution (Ang Lee ; Chine)
Secret (Jay Chou ; Taiwan)
Tokyo Tower : mom & me, and sometimes dad (Matsuoka Joji ; Japon)
Getting home (Zhang Yan ; Chine)