jeudi 30 octobre 2008

Le Lac des femmes


Je ne suis pas certain que Yoshida accorde beaucoup d’importance à son histoire. Histoire banale d’une femme mariée et mère, vivant dans la bonne bourgeoisie, qui a un amant bien plus jeune que lui, fiancé quant à lui. L’amant prend des photos de sa maîtresse dénudée et les négatifs sont volés. La femme va subir un chantage de la part du voleur. Le film joue sur les drames amoureux d’une femme seule qui espère un regard. Or ce regard ne sera plus apporté par son époux, ni par son amant mais bel et bien par son maître chanteur qui, à cause des négatifs subtilisés, va apporter un regard neuf sur elle et son corps dénudé.

Ce qui frappe le plus dans cet anti-drame de Yoshida c’est la manière de filmer sa compagne, l’actrice Mariko Okada. Ce n’est pas seulement qu’il la magnifie, c’est certainement qu’il crée pour elle un univers purement visuel d’où son personnage ne pourra pas s’échapper. Les dix premières minutes du Lac des femmes sont particulièrement étonnantes. Mariko est au lit avec son amant, elle veut partir et rentrer chez elle. La caméra tourne autour d’eux en plan séquence, filmant les corps nus puis les draps froissés, revenant aux corps de l’autre coté du lit. Séquence ultra blanche. L’amant prend des photos. On voit les clichés en plans fixes, très rapprochés du corps de Mariko. Comme une loupe tandis que les cartons du générique défilent. Mais les photos sont très sombres. Elle quitte la chambre, se retrouve dans la rue et là on touche presque à l’abstraction la plus totale.

Yoshida filme sa femme, oh oui, il la filme. Il la filme marchant dans la nuit noire mais il braque un projecteur sur son dos tandis qu’elle avance de dos loin de la caméra, puis il filme son visage avec seulement un halo de lumière dans la nuque. Ce sont des plans d’une grande beauté. Yoshida la filmera aussi de jour, dans une robe noire dans des petites ruelles très ensoleillées. Il développera ce contraste constamment tout au long du film, comme pour mieux révéler son ambivalence. Mais c’est son rapprochement avec le maître chanteur qui la fera changer et son caractère sera décelable selon les vêtements qu’elle porte (robe blanche ou noire), selon que son visage ou sa nuque est filmée et selon que la caméra est en plan large ou rapproché. Le récit bascule lors d’un étrange tournage de film au bord de la mer, près d’un bateau échoué.

Yoshida propose un film de pure mise en scène extrêmement formaliste sur un scénario somme toute très classique. J’ai pensé à la Magnani en voyant Mariko, et puis à Bergman, à Antonioni, à Godard parfois (le tournage du film) et aussi à Fellini (le vent). Mais c’est Yoshida.

Le Lac des femmes (女のみづうみ, Japon, 1966) Un film de Yoshishige Yoshida avec Mariko Okada, Shinsuke Ashida, Shigeru Tsuyuguchi, Tamotsu Hayakawa.

mercredi 29 octobre 2008

Besieged city


Huit ans après Spacked out, Lawrence Ah Mon continue de montrer un Hong Kong sombre, un monde de marginaux qui ne doivent compter que sur eux-mêmes pour survivre. Spacked out est un film de filles, Besieged city regarde plus les garçons, tous adolescents. Le cinéaste se voit mettre l’infâmant label Catégorie III, qui ces temps-ci sanctionnent parmi les meilleurs films de Hong Kong.


Ling (Tang Tak-po) est un jeune lycéen mal dans sa peau. Il est le souffre-douleur favori de ses camarades de classe. D’ailleurs, la classe est complètement indisciplinée, et c’est un euphémisme. Il faut dire que le film est situé dans un quartier mal famé de Hong Kong, un quartier tout en béton, en immeuble de cinquante étages qui sont le symbole d’une déshumanisation galopante. Ling est convoqué chez le proviseur (joué par Dennis Chan, par ailleurs producteur du film). On lui apprend que son jeune frère Jun (Wong Yat-ho) a été arrêté et se trouve à l’hôpital.


Ling n’avait pas revu Jun depuis deux ans. La police l’accuse du meurtre de Panadoll (Wong How-yun). Jun a aussi tenté de se suicider. Il est dans le coma. Ling va alors chercher à savoir ce qui a pu se passer et reconstituer l’histoire de son frangin depuis deux ans. Le film se lance dans de longs flashes back coupés par la vie de Ling qui rencontre petit à petit les amis de Jun.


Besieged city étale son drame pas franchement rigolo. Les parents sont tous pourris. Le père de Ling et Jun battait ce dernier au moindre mécontentement. Alcoolique et joueur, le daron piquait l’argent de la cantine du môme pour parier aux courses de chevaux. Cela a provoqué la fuite de Jun qui en a toujours à grand frère de n’avoir rien dit. Le père de Panadoll n’est pas mal non plus, puisqu’il viole sa fille devant les yeux de sa sœur Yee Wah (Joman Chiang). D’ailleurs les deux sœurs se trimbalent toujours avec un jeune gamin, dont on n’arrivera pas à savoir si l’une des deux est la mère.


Jun va plonger dans une vie infernale. Son père le bat, il est racketté par des filles au lycée. Il va rentrer dans un gang et vendre de la drogue et ainsi acquérir une certaine respectabilité. Enfin, il se sent quelqu’un. Le puzzle se met au fur et à mesure en place et les pièces de l’enquête apparaissent à Ling. Cependant Besieged city est moins fort que Spacked out. Le film joue plus sur les clichés d’autant que la mise en scène est parfois à la limite du clip, notamment dans les scènes de baston. A vrai dire, ce portrait d’une jeunesse désenchantée manque de crédibilité.


Besieged city (圍城, Hong Kong, 2007) Un film de Lawrence Ah Mon avec Tang Tak-po, Wong How-yun, Wong Yat-ho, Joman Chiang, Tze Lock, Lee Yat-sing, Juzco Nam, Ling Hoi-yin, Cheung Wing-hong, Ng Shing-tat, Dennis Chan.

lundi 27 octobre 2008

The Fun the luck & the tycoon


C’est drôle d’imaginer que six mois après The Killer, Chow Yun-fat joue dans une comédie aussi légère que The Fun the luck & the tycoon, qui plus est destinée au Nouvel An Lunaire. Mais telle est la vie des acteurs à Hong Kong, la possibilité de passer d’un genre à un autre avec une facilité déconcertante. Le porte-flingue de John Woo dans une comédie burlesque de Johnnie To, il faut le voir pour le croire. Il faut dire que la filmographie de Chow Yun-fat, si inconnue sous nos contrées, regorge de surprises en tout genre.


Johnnie To et l’acteur avait déjà travaillé à plusieurs reprises ensemble. A l’époque, n’importe quel film avec Chow était un succès. C’est surtout l’immense mélodrame All about Ah Long qui a fait leur réputation. Il était logique qu’ils se rencontrent une nouvelle fois. C’est encore Sylvia Chang qui sera sa partenaire féminine. Et le jeune Wong Kwan-yuen, qui était leur fils dans All about Ah Long, est également de la distribution, mais dans un rôle tout à fait opposé d’un enfant particulièrement énervant qui agit comme les adultes.


Le film porte bien son titre. C’est fun, les personnages foncent vers le destin et Chow Yun-fat est le mec riche, le tycoon, celui qui n’a pas d’autre souci que de dépenser son argent avec le sourire (je rappelle que l’élément moteur du jeu de Chow Yun-fat est son sourire et non les flingues avec lesquels il tire). Sa désinvolture l’amène à quitter son douillet cocon familial où sa mère et sa tante veulent le marier à sa cousine Cindy. Cette fille représente le pire arrivisme possible. Elle est prétentieuse et ne cache pas qu’elle en veut au fric de notre héros. Chow Yun-fat s’en va et se fait embaucher par hasard par Sylvia Chang.


Elle tient un fast-food avec son frère qui la surveille, elle et sa vie sexuelle. Il cherche à la marier à un mec riche et prétentieux. Et comme on s’en doutait, Sylvia Chang et Chow Yun-fat vont tomber amoureux. Mais auparavant, ils devront s’en rendre compte. Comme leurs « promis » respectifs vont tomber amoureux. Chow se plait dans son nouveau rôle de simple employé. Il n’a dit à personne qu’il était très fortuné. Mais son majordome, joué par l’impayable Wong Sun, va faire en sorte que le restau marche du tonnerre. Et que le destin s’accomplisse.


Le film joue à fond sur les quiproquos et sur les moyens d’éviter que son secret ne soit dévoilé. Le personnage du gamin qui travaille dans le restau est assez marrant avec ses attitudes macho. Il contraste tout à fait avec les personnages des membres du groupe de cantopop Beyond qui se comportent comme des enfants. Ils sont habillés, notamment la nuit, dans des pyjamas roses.


Bref, Johnnie To s’essaye à la comédie avec une certaine réussite même si le film travaille de vieilles recettes et que les facilités scénaristiques sont nombreuses. D’une certaine manière, ses films tournés dix ans plus tard avec son comparse Wai Ka-fai ne sont pas très éloignés de The Fun the luck & the tycoon, que je qualifierais de petit film sympa.


The Fun the luck & the tycoon (吉星拱照, Hong Kong, 1990) Un film de Johnnie To avec Chow Yun-fat, Sylvia Chang, Wong Kwan-yuen, Lawrence Cheng, Nina Li, Wong Sun, Raymond Wong et le groupe Beyond.

samedi 25 octobre 2008

Those were the days



Le cinéma cantonais est l’unique sujet de Those were the days, titre qui a beaucoup été utilisé à l’époque dans l’industrie. Ici, c’est une comédie nostalgique sur l’état du cinéma au moment de la rétrocession. Cela fait maintenant 18 mois que j’anime ce blog où je défends (ou pas) le cinéma cantonais, que je tente de le mettre en valeur, d’établir son histoire de manière incomplète mais toujours partiale. Il y a des cinéastes que je n’aime pas et surtout des genres qui sont abandonnés. La comédie cantonaise est sans aucun doute la chose la moins respectée par nos beaux critiques qui préfèrent le polar (John Woo et Johnnie To) et le film de sabre (les Shaw Brothers). On a été peu nombreux à défendre Pang Ho-cheung et à exhumer les vieux Jackie Chan en montrant leur valeur.

Pour résumer, aujourd’hui le cinéma de Hong Kong, c’est Johnnie To et Wong Kar-wai. Passés ces deux noms, il n’y a pas de salut. Il faut dire que pour parler de ce cinéma-là, il ne faut pas se cantonner à quelques films, c’est un travail de longue haleine, difficile parce que les vieux films sont rarement disponibles. On pourrait un constat similaire pour le Japon. Wong Kar-wai et son cinéma sont au centre de Those were the days. Pas vraiment le cinéaste de Nos années sauvages, mais son clone cinématographique qui s’appelle Wong Ching-wai (Wong Chi-wah). Il porte des lunettes noires, fume des clopes et exprime partout sa lassitude.

Un personnage dit de lui que personne n’a vu ses films et qu’ils sont très ennuyeux. Et si ce n’était pas faux. Cinéaste pour occidentaux Wong Kar-wai ? Oh, que oui ! Lors d’une cérémonie de prix, notre personnage annonce à l’assistance son mépris du cinéma cantonais. Passé une conversation avec son ennemi juré le cinéaste commercial Wong Ching (qui bien entendu ressemble à Wong Jing), il se retrouve en 1967 à un époque d’un certain âge d’or. Il pourra revenir en 1997 quand quelqu’un aura aimé un de ses films. On peut juger cet argument un peu démagogique. Parce tout simplement Wong Kar-wai est aussi un ambassadeur du cinéma de Hong Kong, mais c’est assez jouissif de voir son statut d’icône égratigné.

En 1967, notre homme à lunettes va rencontrer trois acteurs (Nat Chan, Francis Ng et Gallen Law) et deux actrices (Maggie Cheung et Shu Qi). Tous sont des débutants dans l’industrie et chacun cherche sa voie. Wong Ching-wai, grâce à sa connaissance de l’histoire de son cinéma, va aiguiller chaque personnage vers un rôle clef qui leur permettre d’accéder à la reconnaissance. Là, il vaut mieux avoir une certaine connaissance du cinéma de l’époque. Francis Ng imite bien la gestuelle de Patrick Tse et Gallen Law refait la voix de Lui Kei. C’est un plaisir. Le film montre aussi une industrie fait pour gagner de l’argent (le rôle des producteurs n’est pas esquivé). Le personnage de Law Kar-ying joue l’éternel Wong Fei-hung qui en est à son cinquantième film.

Le film devient très marrant quand Wong Ching-wai essaie de tourner ses films avec les acteurs et ingrédients scénaristiques de l’époque mais avec son style propre (ah, sa version « happy together » de Wong Fei-hung). Il faut cependant trouver quelqu’un qui aime ses films. Ce sera le jeune Wong Ching, qui vient sur les tournages avec son père (Vincent Kok). Toute ressemblance avec Wong Ting-lam est voulue. La fin propose une réconciliation entre tous les cinémas qui manque peut-être de subtilité. Mais personne n’est dupe.

Those were the days (精装难兄难弟, Hong Kong, 1997) Un film de Cho Kin-nam avec Wong Chi-wah, Nat Chan, Francis Ng, Gallen Law, Maggie Cheung Ho-yi, Shu Qi, Law Kar-ying, Vincent Kok, Cheung Tat-ming.

jeudi 23 octobre 2008

Sorties à Hong Kong (octobre 2008)

Wushu the young generation (武術之少年行)

Un film de Anthony Szeto avec Sammo Hung, Liu Fengchao, Wang Wenjie, Wang Xiaofei, Liu Yongchen, Wang Yachao, Mao Junjie, Wei Dong, Liang Zhicheng, Xin Liu, Yao Shi, Wu Dezhou, Zhang Jin, Nan Tie, Jing He. 104 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 23 octobre 2008.






mercredi 22 octobre 2008

Mad mission


Mad mission est la contribution de Tsui Hark à la franchise Aces go places lancée, avec très grand succès, par Eric Tsang pour la Cinema City and films Company. Je me rappelle avoir vu ce film, le tout premier de Tsui Hark à avoir été distribué en France, dans sa version DVD française, c'est-à-dire en VF. J’ai longtemps considéré ce film comme un ratage intégral, un nanar tel que l’entend nanarland, mais depuis j’ai vu d’autres choses. Une vision du film en cantonais m’a réconcilié avec lui. C’est certain, Mad mission a été un frein à la sortie d’autres films de Tsui Hark par chez nous, en tout cas à l’époque. Et pourtant, il y en avait de fameux jusqu’à celui-ci, mais il faut parfois renflouer les caisses pour se permettre d’envisager une nouvelle production. Voilà, comment Tsui Hark s’est retrouvé aux commandes du film.


On commence à Paris, avec une mission folle où des majorettes défilent devant la Tour Effel. Deux méchants veulent foutre la merde et il s’agit de deux vilains qui apparurent alors dans des aventures de James Bond, en l’occurrence Jaws alias Richard Kiel et Harold Sakata qui était dans Goldfinger. D’ailleurs, le film fait constamment référence aux James Bond, le titre, la musique et Neil Connery, le frère de, qui jouera pourtant les méchants de service. Mad mission est un attrape tocard, ou has been. On y retrouve Peter Graves au chômage depuis la fin de la série de Mission Impossible. Le pauvre, il n’a pas du comprendre tout de suite de quoi il retournait. La sosie officielle de la Reine Elisabeth II est aussi de la partie, elle s’appelle Huguette Funfrock. On l’avait déjà remarqué dans un film des Charlots tourné par Yvan Chiffre, Bons baisers de Hong Kong, un chef d’œuvre.


Justement, Sa Majesté s’est fait volé sa couronne. La police secrète de Hong Kong mène l’enquête. Une fine équipe de limiers avec à leur tête Karl Maka et Sylvia Chang se lance à la recherche des joyaux. Neil Connery engage de son coté Sam Hui, notre « King Kong » (c’est son nom de personnage). C’est le début d’une grande aventure où tous les coups seront permis, mais qu’on se rassure, il n’y a pas de violence vraie dans Mad mission, mais plutôt des bons gros gags.


Karl Maka joue son rôle de flic incompétent qui se fait abuser par son « ami » Sam Hui. C’est un obsédé sexuel qui drague malgré son mariage avec Sylvia Chang (qu’on voit peu) et avec qui elle a eu un bébé qui fait des tours pendables. Il s’amuse notamment avec les fermetures éclairs des dames et ouvre leur robe. John Sham vient faire un petit tour déguisé d’une moustache. Ricky Hui joue un flic très maladroit.


Sam Hui est un héros bondissant qui ose tout. Il saute d’un immeuble à l’autre. Il fuit en planche à roulette. Il échappe à un sous-marin en forme de requin. Il traverse un coffre-fort rempli de laser d’alarme. Il se fabrique un avion avec rien. Et bien entendu, Sam Hui est un séducteur, un vrai. Enfin presque, les femmes ne tombent pas dans ses pièges romantiques aussi facilement qu’il échappe à ceux de ses ennemis.


Comme de bien entendu, le scénario va n’importe où et n’importe comment. Comme d’habitude, le budget de la CCC ne permet pas d’aller au loin qu’un film de la Golden Harvest. Les décors sont assez rudimentaires et les effets spéciaux très bricolés, mais il y a un certain plaisir à regarder Mad mission. Le film est divertissant juste ce qu’il faut tout en restant très mineur dans la filmographie de Tsui Hark.


Mad mission (最佳拍档之女皇密令, Aces go places III : our man from Bond Street, Hong Kong, 1984) Un film de Tsui Hark avec Sm Hui, Karl Maka, Sylvia Chang, Ricky Hui, John Sham, Cyrus Wong, Lowell Lo, Peter Graves, Richard Kiel, Huguette Funfrock, Neil Connery, Harold Sakata.

dimanche 19 octobre 2008

My magic


Francis boit du whisky. Il demande au serveur de lui remplir son verre, et encore, et encore, jusqu’à plus soif. Francis essaie de rentrer chez lui, comme il peut, ivre d’alcool, incapable de contrôler son corps massif et imposant. Dans son appartement, il s’écroule et tombe tête première dans son propre vomi. C’est son fils qui va devoir nettoyer tout ça et l’adolescent (dont on ne saura jamais le prénom) peste contre son père et contre son alcoolisme. Il l’aide, le sermonne et va se recoucher.


L’adolescent va à l’école, pour gagner un peu d’argent, il fait les devoirs de ses camarades. Le père travaille dans un bar, il range les tables à la fermeture et finit les verres des clients. Ils vivent dans un minuscule appartement, dorment sur le même matelas. La mère n’est pas là. Elle est partie. Elle a quitté son mari et abandonné son fils. Le père l’appelle souvent au téléphone pour la supplier de revenir. Rien n’y fait. Pour arrondir les fins de mois, Francis fait des tours de magie, puis le fakir devant les clients impressionnés.


Francis et son fils sont Tamouls. Emigrés à Singapour, ils sont exploités par les Chinois (qui eux parlent cantonais). Le patron du bar, pour son plaisir sadique, fera de Francis son puching bull, il va le torturer contre quelques billets. Francis est un homme bon, il aide une immigrée clandestine à se cacher. Plus tard, elle se prostituera. Le film montre toute la détresse des différentes classes sociales. Les pauvres, qui n’ont rien, qui sont utilisés pour leur corps par les riches, qui abusent de leur pouvoir. Eric Khoo le montre très simplement, par une succession de plans en montage alterné où le père va de plus en plus loin dans son personnage de fakir tout en continuant de prendre soin de son fils.


My magic est un portrait touchant d’un père aimant et de son fils perdu. Les films précédents du cinéaste de Singapour montraient déjà la difficulté de la société de son pays. La mixité sociale y est très dure, l’exploitation des hommes une règle. L’imaginaire, ici la magie que pratique Francis et qu’il enseigne à son fils, est le seul moyen d’échapper à la réalité. D’ailleurs, la musique très présente dans le film joue également un rôle libérateur. Il y a pourtant un fatalisme dans le film qui amène un profond désespoir. On apprend ce qui est arrivé à la mère, puis le père succombe aux tortures de son patron. Mais Eric Khoo parvient à faire passer tout cela sans misérabilisme ni racolage. Le signe d’un grand.


My magic (Singapour, 2008) Un film d’Eric Khoo avec Francis Bosco, Jathisweran.

jeudi 16 octobre 2008

Sorties à Hong Kong (octobre 2008)

The Vampire who admires me (有隻僵屍暗戀你)
Un film de Cub Chien avec JJ, Meng Yao, Ankie Beilke, Maggie Cheung, Kwok Chun-on, Sam Lee. 93 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 16 octobre 2008.


mercredi 15 octobre 2008

Tokyo !


Contrairement au gentil Paris je t’aime, ce film collectif de trois cinéastes aussi différents les uns que les autres n’est pas un ode à Tokyo. D’où sans doute le point d’exclamation dans le titre. Réunir deux cinéastes d’aujourd’hui (Gondry et Bong), deux cinéastes plutôt bons et relativement aimés et tendance avec un troisième tricard, qui a eu son heure de gloire mais qui n’a rien fait depuis dix ans, est un choix étonnant. Comme surprend l’absence de cinéaste japonais, tout simplement.


Trois histoires, donc, qui ne sont reliées entre elles que par la ville, Tokyo. Gondry commence, Carax poursuit et Bong termine. Tokyo ! est plutôt correct, sans non plus soulever un enthousiasme. Gondry et Bong sont en dessous du niveau de leur deux derniers films, les formidables, Soyez sympas rembobinez et The Host. Carax, lui est forcément meilleur que Pola X, que de toute façon, tout le monde a eu le temps d’oublier, sauf peut-être deux ou trois rédacteurs des Cahiers du cinéma.


Le premier bon point de Tokyo ! est de voir, contrairement à Paris je t’aime, nos trois réalisateurs ne font pas du tourisme. Gondry enferme ses personnages dans un minuscule appartement, Carax met Denis Lavant dans les égouts et le personnage de Bong reste enfermé chez lui. Pas de promenade romantique, ni même de restaurant japonais, pas plus de saké et de kimono. En revanche, ils montrent tous une certaine étrangeté des Japonais, et parfois, chez Carax, une vraie cruauté.


Les trois courts-métrages ont essentiellement en commun, une inquiétante étrangeté, un fantastique domestique. La fille de Interior design (Gondry), ne trouve pas sa place en tant qu’humain, elle va se transformer en chaise. Lavant dans Merde (Carax) est un monstre des égouts qui tue tout le monde et qui ne s’exprime que dans une langue inconnue. Sa physionomie inquiète. Le héros de Shaking Tokyo (Bong) n’arrive, physiquement, pas à sortir de chez elle. Il va contaminer la ville qui se transforme en no man’s land.


Michel Gondry a un peu du mal à poursuivre au Japon l’unité de son univers foutraque. Il aurait du s’attarder sur son personnage masculin, qui fait des films bizarres. Bong Joon-ho se fait formaliste, cadre à l’extrême ses plans, mais son histoire évoque plus les derniers Kim Ki-duk que ses propres films. Dommage. C’est Leos Carax qui s’en tire avec bonheur. Il filme un Japon à la fois humain et animal, une pure opposition entre le haut et le bas. C’est le bas qui gagne.


Si une grande part d’humour n’était présente, Tokyo ! pourrait apparaître comme un film particulièrement déprimant. Mais son esprit bancal l’empêche d’être autre chose qu’une bizarrerie.


Tokyo ! (Japon – Corée – France – Allemagne, 2008) Un film de Michel Gondry, Léos Carax et Bong Joon-ho avec Yû Aoi, YosiYosi Arakawa, Jean-François Balmer, Julie Dreyfus, Ayako Fujitani, Ayumi Ito, Teruyuki Kagawa, Ryo Kase, Denis Lavant, Yutaka Matsushige, Nao Omori, Naoto Takenaka, Satoshi Tsumabuki, Hiroshi Yamamoto.

Hong Kong 1941


Ce qu’il a de facile avec ce film, c’est qu’on sait tout de suite où ça se passe et quand ça se passe. Donc Hong Kong 1941 est le récit de quelques amis lors de l’occupation japonaise de Hong Kong alors que les Britanniques se sont enfuis de leur colonie en laissant les habitants se débrouiller avec l’armée ennemie.

Xao Nam (Cecilia Yip) et Wong Pang (Alex Man) sont amoureux, mais le père de Nam (Shih Kien) a décidé de marier sa fille avec le fils d’un homme riche. Nam n’en veut pas, elle veut Pang, mais ce dernier est pauvre et vaguement hors la loi. Il est débrouillard et vend du riz au noir avec ses potes. Un jour, il se fait embaucher dans une usine et y rencontre Yip Fai (Chow Yun-fat), qui lui aussi n’a pas d’argent. Le patron veut gagner encore plus de fric et vire tout le monde. La police s’en mêle et le commissaire (Paul Chun) cherche des noises aux garçons.

L’armée japonaise s’installe à Hong Kong et impose sa loi, ce qui implique une propagande pan-asiatique, une obligation de détester les Anglais. Mais les Japonais sont autant craints que détestés, ce qui n’empêche pas une collaboration avec eux, dans le sens de celui qu’on entend pendant la deuxième guerre mondiale. Mais il y a les vrais collabos et les faux.

Les vrais ce sont ceux qui veulent profiter de la situation et en premier lieu le chef de la police Paul Chun qui tente de violer Nam après avoir essayé de piller la maison de Monsieur Xao. Sa bête noire est évidemment Pang, qui se lie d’amitié avec des Chinois du continent qui vivent dans un ghetto. Pang, pour améliorer son quotidien, va vendre des vieux vêtements, mais joue l’argent aux jeux et se retrouve prisonnier d’un autre collabo (Wu Ma) particulièrement cruel.

Fai s’occupe de Nam mais les sentiments étant ce qu’ils sont, ils commencent à tomber amoureux. Fai feint de collaborer avec les Japonais mais sape leurs projets. Il va sauver Pang qui s’est fait torturé et leur amitié devient complexe avec Nam qui fait le lien entre eux, qui fait qu’ils se rapprochent autant qu’ils se repoussent. Film sur l’amitié et ses difficultés, Hong Kong 1941 met en opposition deux caractères, Chow Yun-fat est réfléchi et Alex Man impulsif. C’est aussi un des rares films qui évoquent la guerre et l’occupation japonaise avec autant de discernement.

Le réalisateur compose de beaux plans qui parviennent à ne sombrer dans le chromo. Sa reconstitution d’une époque où les valeurs s’inversent, où les traîtres s’emparent du pouvoir est raconté sans académisme mais avec un certain réalisme. Hong Kong 1941 a beaucoup impressionné alors que son influence a été très limitée.

Hong Kong 1941 (等待黎明, Hong Kong, 1984) Un film de Li Po-chih avec Chow Yun-fat, Cecilia Yip, Alex Man, Wu Ma, Paul Chun, Shih Kien.

mardi 14 octobre 2008

Red cliff (partie 1)

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L’ambition du nouveau film de John Woo dépasse largement le cadre habituel des films qui développent l’unification des anciens empires chinois comme scénario. L’histoire de la confection du film a été chaotique, difficile : le départ de Chow Yun-fat pour des raisons qui restent équivoques a beaucoup fait parler du film avant sa sortie. John Woo n’était plus que l’ombre de lui-même après une série d’échecs artistiques assez pénibles pour le spectateur. Refaire sa vie de cinéaste en Chine avec un gros projet et une super production : voilà ce qu’est d’abord Red cliff.

Grosse histoire très connue en Chine, celle des trois royaumes, celle de l’unification de l’Empire, histoire que l’on pourrait vite juger comme une affaire nationale dans le contexte actuel. Contexte politique, bien sûr. Zhang Yimou l’a déjà abordé dans ses films en costumes. L’Empereur est un homme faible, son Premier Ministre Cao Cao va en profiter pour acquérir le pouvoir et faire la guerre aux trois souverains. Stratégies, manipulations, infaillibilité sont les arguments du Premier Ministre. Il invente des raisons pour prendre le pouvoir et ne laisse personne le contredire.

Les souverains vont avoir du mal avec Cao Cao, leur puissance est bien faible. Cao Cao met en branle une armée gigantesque, puis une flotte encore plus importante. Il va s’assurer une victoire sans équivoque. Ce sera sans compter sur les propres stratégies guerrières des trois rois et leur conviction d’avoir raison contre le Premier Ministre. John Woo met en scène la conception des plans d’attaque des rois et leur application, son point de vue embrasse celui des faibles. Il les montre comme des hommes bons, qui ne veulent pas appliquer une justice expéditive, qui évitent la cruauté. Deux scènes s’opposent : Cao Cao fait trancher la tête d’un conseiller de l’Empereur qui s’était opposé à la guerre, Zhou Yu (Tony Leung Chiu-wai) règle une histoire de bœuf volé à un paysan à l’amiable. Il n’y a pas de doute sur la vision politique que John Woo vise.

Red cliff est une épopée de plus de deux heures (140 minutes dont 3 minutes de générique inaugural et 8 de générique final) qui réussit à investir le temps et à donner à chaque séquence une amplitude inégalée et très rare aujourd’hui. Les scènes de bataille ne sont pas filmées comme de simples batailles, mais développent un sens dramatique redoutable. L’efficacité est là et permet d’y croire. La première bataille dure un bon quart d’heure et offre plusieurs enjeux. Elle fait aussi largement référence à certains films de la Shaw Brothers, tel ce barbu qui rappelle l’acteur Fan Mui-sang ou encore, lors de l’assaut, les boucliers qui vont refléter le soleil et éblouissent les chevaux, stratégie vue souvent dans les Shaw Brothers où les reflets de lumière sur les lames ou le métal ont une grande importance esthétique.

John Woo a surtout la bonne idée de ne pas abuser des effets spéciaux mais au contraire de faire de l’humain le centre de sa mise en scène. Il y a quelques effets numériques, très laids par ailleurs comme toujours, pour certaines scènes de foule. Notamment lorsque les armées de Cao Cao sont montrées. Tel plan vu du ciel montre l’immensité de ses soldats, ou sa flotte qui semble ininterrompue. Mais d’une certaine manière, ces effets numériques caractérisent le caractère inhumain du Premier Ministre. Red cliff regorge de figurants (le budget du film a dû être colossal) qui jouent les soldats, cela donne un authenticité intéressante aux batailles. John Woo filme des gens qui marchent, des chevaux qui tombent, du sang qui coule, des visages grimaçants sous la douleur.

Des moments plus doux, plus poétiques parsèment le film, car Red cliff n’est pas que sang et fureur. Ces moments ne sont pas que des pauses dans le récit de Red cliff. John Woo ne filme pratiquement que les trois rois et leurs généraux pour justement prendre le temps de nous les rendre sympathiques. Un enfant qui joue de la flûte aux soldats, une jument qui doit mettre bas avec difficulté, un morceau de sitar chinoise (le qin) que Tony Leung Chiu-wai joue, une femme à aimer avant qu’elle ne soit enlevée par l’ennemi. Tous ces moments participent d’une volonté de mettre en œuvre les tenants et aboutissants de cette Chine du début du troisième siècle.

John Woo propose aussi quelques bizarreries esthétiques liées au monde animal. Outre cette jument à mettre bas, les chevaux tiennent une large place dans le récit. Une princesse, à qui on refuse l’occasion de combattre avec les hommes, parle à l’oreille d’un cheval et s’en rend maîtresse contre son cavalier. Zhu-ge (Takeshi Kaneshiro) est équipé d’un éventail en plumes. Il y a aussi cette histoire de justice autour d’un bœuf. Plus tard, un tigre viendra révéler la force d’un général. Puis encore une tortue qui inspirera une stratégie gagnante aux trois rois. Et bien entendu, quelques pigeons qui vont clore cette première partie de Red cliff. Comment John Woo n’aurait-il pu ne pas mettre en scène ses volatiles fétiches ?

La deuxième partie de Red cliff doit sortir en Chine et à Hong Kong en janvier prochain. Les trois rois et les généraux vont de voir affronter la gigantesque flotte de Cao Cao. En France, Red cliff devrait sortir dans une simple version de 2h30 au printemps 2009. Toutes les parties « calmes » seront probablement supprimées. C’est bien dommage. Comme le dit le carton final, to be continued.

Red cliff Partie 1 (赤壁, Chine, 2008) Un film de John Woo avec Tony Leung Chiu-wai, Takeshi Kaneshiro, Zhang Fengyi, Chang Chen, Vicki Zhao Wei, Hu Jun, Shidou Nakamura, Lin Chi-ling.

jeudi 9 octobre 2008

Sorties à Hong Kong (octobre 2008)

Butterfly lovers (武俠梁祝)

Un film de Jingle Ma avec Charlene Choi, Wu Chun, Hu Ge, Shao Bing, Ti Lung, Harlem Yu, Bonnie Sin. 103 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 9 octobre 2008.






mercredi 8 octobre 2008

Le Sens du devoir IV


Après le Japon, nous voici cette fois dans une aventure policière qui commence à Seattle, capitale de l’état du Washington, plaque tournante du trafic de drogue entre les Etats-Unis et Hong Kong. L’agent Yeung (Cynthia Khan) va, comme d’habitude, devoir donner quelques coups de pied pour faire respecter la loi. On est dans un film d’action, alors place à l’action.


Yeung est encore une fois en filature et elle croise sur sa route trois autres personnages. Un manœuvre qui aidait, sans le savoir, à transporter la drogue. Il est témoin du meurtre de trafiquants qui sont doublés par la CIA. Forcément, il va devenir la proie d’un peu tout le monde. Hélas, ce personnage est joué par un Yuen Yat-chor assez inexpressif, mais qui se trouve être un membre de la famille du réalisateur. Et accessoirement, un cascadeur hors pair.


Donnie Yen est un flic qui enquête sur le même trafic et qui va se confronter, dans un premier temps, à Cynthia Khan avant de lui prêter main forte. Dans un de ses tout premiers rôles principaux, Donnie Yen commence à forger son personnage d’impulsif et têtu qui fonce tête baissée vers les ennemis. Yen a déjà ce regard obstiné et bas de plafond qui en fera pendant des années un acteur si impersonnel.


Mais ce n’est rien comparé au troisième larron, Michael Wong qui ne sait rien faire d’autre que le beau gosse de service. Il y est le supérieur hiérarchique de Donnie Yen, mais très vite des indices nous montrent qu’il pourrait être un traître. Il va tout faire pour éliminer Yuen Yat-chor, quitte à dézinguer tout l’étage d’un hôpital.


Le Sens du devoir IV est un minuscule film d’action de Yuen Woo-ping qui était alors obligé de cachetonner. L’action proprement dite se contente de quelques coups de poings et pieds sur les adversaires sans offrir une véritable chorégraphie, sauf dans la scène finale de Donnie Yen. Comme le scénario n’est pas le plus passionnant au monde, le film reste assez anecdotique.


Le Sens du devoir IV (In the line of duty IV, 皇家师姐 IV之直击证人, Hong Kong, 1989) Un film de Yuen Woo-ping avec Cynthia Khan, Donnie Yen, Michael Wong, Yuen Yat-chor, Liu Kai-chi.

lundi 6 octobre 2008

Le Sens du devoir III


Bye bye, Michelle. Hello, Cynthia. Quand il a fallu trouver une remplaçante à Michelle Yeoh dans la série Le Sens du devoir, c’est Cynthia Khan qui a été pris après un casting énorme, dit la légende. Enfin, légende est un grand mot. Khan sera cantonné, la pauvre, dans les six autres films de la franchise. Le Sens du devoir III est une vieillerie de vingt ans qui n’est pas le fleuron du film d’action, loin s’en faut.


Le film fonctionne à la surenchère, pour se démarquer des autres films (ceux de John Woo par exemple) et pour faire plus que les deux épisodes précédents. Dès le début du film, les morts se compteront par dizaine. Et ils (les deux réalisateurs) n’y vont pas avec le dos de la cuiller. On est au Japon, et le « couple infernal » attaque un défile de bijoux d’un styliste. L’attaque dégénère en tuerie, comme le dit si bien la bande annonce. Il faut signaler que le couple infernal est membre de l’Armée Rouge japonaise. Un flic en perd son co-équipier. Les cruels amants partent à Hong Kong et le flic les suit.


A Hong Kong, Cynthia Khan est une jeune flic en uniforme. Son oncle est aussi son supérieur hiérarchique et il a peur de lui donner des missions dangereuses. Mais elle va y aller bille en tête et affronter tous les dangers avec, souvent, comme seule arme ses jambes et ses poings. Ça ne va jamais s’arrêter pendant 80 minutes de baston et d’ultra violence racoleuse. Des morts violentes il y en aura. La pire, celle d’un méchant donc le crâne explose au contact d’une scie sauteuse.


Peu d’éléments comiques viennent contrebalancer la boucherie ambiante. Le personnage de Paul Chun dans le rôle du chef surprotecteur. Les collègues de Cynthia Khan qui ne pensent qu’au sexe. Parmi ces collègues, Sandra Ng dans un de ses tout premiers cachets (un troisième rôle). On voit aussi la présence de Stanley Fung, Eric Tsang et Richard Ng dans des très courtes apparitions drolatiques. Que dire de plus ? Les méchants meurent et les flics gagnent. La suite au prochain épisode.


Le Sens du devoir III (皇家师姐 III之雌雄大盗, Hong Kong, 1988) Un film de Brandy Yuen et Arthur Wong avec Cynthia Khan, Michiko Nishiwaka, Hiroshi Fujioka, Stuart Ong, Yueh Hua, Paul Chun, Pang Kin-san, Dick Wei, Sandra Ng, Melvin Wong, Law Ching-ho, Eric Tsang, Richard Ng, Stanley Fung, Sally Kwok, Lee Kin-sang, Ma Si-san.

vendredi 3 octobre 2008

Magnificent warriors


Le cinéma cantonais défie souvent les lois du bon goût, mais rarement celles du commerce. Ainsi en était-il de la carrière naissante de Michelle Yeoh (enfin encore Kheng au générique) et de son cinéma d’action. Yes, Madam essayait avec un certain succès de naviguer sur le succès de Police story, tandis que ce Magnificent warriors lorgne avec bonheur vers Sammo Hung et son Shanghai express. A la production, on retrouve John Sham et à la réalisation le directeur de la photographie David Chung, qui l’avait dirigée dans Royal warriors.


Michelle Yeoh joue une aventurière genre Indiana Jones au féminin, mais pas en jupe ni en costume d’époque (le film se déroule en 1938), elle garde son pantalon et est armée d’un fouet avec lequel elle élimine ses ennemis. La musique évoque de manière imparable les films d’aventure de Steven Spielberg. Comme dans les films d’Indiana Jones, la première séquence n’est qu’un amuse gueule permettant de comprendre de quoi est faite cette femme.


Puis, le scénario commence et il va s’agir de défendre un petit royaume local au fin fond du Bhoutan, royaume mené par un Lowell Lo au physique si particulier, avec sa barbe envahissante sur son visage longiligne. Il règne sur Kaal qui est menacé par les Japonais qui envahissant la Chine. Il est loyal envers son pays mais se laisse mener par son premier ministre, mais surtout parce qu’il est amoureux de sa fille (Chindy Lau).


Dans la petite cité de Kaal, elle va rencontrer également Richard Ng, un vagabond malicieux et roublard qui va servir pendant le film de pendant burlesque pour contrebalancer l’action qui elle, outre Michelle Yeoh, sera Derek Yee (oui, le réalisateur de Une nuit à Mongkok), qui incarne le patriotisme, le courage mais aussi l’impulsivité. Ce quintet va affronter un Japonais, soldat de son état (Tetsuya Matsui) et qui veut non seulement envahir et coloniser la Chine mais aussi élaborer un gaz mortel.


Voici donc les bases de ce film d’action nerveux où les scènes de combat sont souvent filmées en travellings latéraux et où Michelle Yeoh se bat contre des centaines de soldats japonais avec un sourire constant. Il y a aussi pas mal de gunfights, non pas comme ceux des films de John Woo, mais plutôt à l’arme lourde. Quant aux « indigènes », ils se battent avec des flèches et de la paille enflammée. L’éternelle histoire du pot de fer contre le pot de terre. Le film se veut un vague éloge de la résistance.


Le film est certes plaisant, mais reste bien en deçà de la réussite de Sammo Hung. Magnificent warriors délivre peu de surprise à tous les niveaux, celui du comique comme celui de l’action, à vrai dire essentiellement constituée de cascades, car personne dans ce film n’est un vrai artiste martial. Michelle Yeoh épousera le producteur du film et tentera de changer de carrière, sans succès, avant d’abandonner quelques années la cinéma.


Magnificent warriors (中华战士, Hong Kong, 1987) Un film de David Chung avec Michelle Yeoh, Richard Ng, Derek Yee, Lowell Lo, Chindy Lau, Tetsuya Matsui.