samedi 28 février 2009

Les Trois Royaumes

La version française des deux Red cliff sortira le 25 mars. La bande annonce confectionnée par Metropolitan Film est typique du rythme que donne habituellement à ses teasers. Une musique tonitruante et grandiloquante, pas de dialogues et un slogan simple. Je ne sais pas ce qui va rester dans la version française mais on peut adéjà supposer que toutes les sous intrigues vont disparaître au profit de la bataille finale. Je pense notamment aux rapports entre Zhao Wei et Tong Dawei. Le site officiel français propose une carte décrivant les relations entre les différents personnages. Très utile.


vendredi 27 février 2009

Red cliff partie 2

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Six mois d’attente avant de découvrir la suite du nouveau film qui marque le retour de John Woo. C’est un seul film en deux parties. La deuxième partie suit directement la première partie. La colombe qui s’envolait vers les bateaux du fleuve Yantse dans le dernier plan de Red cliff partie 1 ouvre Red cliff partie 2. Un court résumé des aventures des trois rois permet de se rappeler ce qui s’est passé précédemment, comme on dit dans les séries et c’est parti pour près de 135 minutes de cinéma grandiose. John Woo est là, de retour pour un grand film, son meilleur depuis plus de dix ans. Ce flash-back en forme de bande annonce est d’ailleurs d’e flash-back en forme de bande annonce est d’ailleurs d’une belle élégance. Chaque morceau du film précédent est séparé du suivant par une toile qui semble déchirée par un sabre.

Cette colombe, qui s’envole vers les navires de guerre du Premier Ministre Cao Cao qui entend faire taire la rébellion des trois rois et faire respecter la loi de l’empereur, a été lancée par la frêle Xiang Shang (Zhao Wei) qui s’est infiltrée dans les lignes ennemies. Elle donne des informations sur les stratégies et les plans que Cao Cao et ses généraux veulent adopter pour contrer l’armée menée par Zhou Yu (Tony Leung Chiu-wai). Là est la première surprise de cette deuxième partie, elle est du ressort purement comique. Xiang Shang est habillée en soldat et après avoir recueilli des renseignements et va voir les soldats de Cao Cao jouer au cuju, un ancêtre du football. Parmi les meilleurs joueurs, elle repère un jeune soldat avec qui elle va immédiatement sympathiser. Elle se surnomme Pit (Tong Dawei) et entre eux va se créer une amitié ludique. Grâce à son adresse, le Premier Ministre nomme Pit commandant et lui donne une section. Il aimerait parfois un peu d’intimité avec Wiang Shang, mais les soldats sous ses ordres le suivent comme des petits chiens. Le regard tendre et naïf de Tong Dawei donne une humanité au film, mais ce sera le seul à paraître humain dans l’armée de Cao Cao.

Dans la toute première partie de Red cliff partie 2, John Woo montre en montage alterné les stratégies opposées de Cao Cao et Zhou Yu. Comme dans la première partie, Cao Cao est présenté comme un homme cruel et retors. Pour éliminer les hommes de Zhou Yu, il lance sur les rivières des radeaux remplis des cadavres des soldats ennemis. Mais ces soldats ont le typhus et risquent de contaminer tout le monde. Dans le camp de Zhou Yu, c’est le désespoir. L’un de ses plus brillants généraux, Liu Bei (You Yong), considère que la bataille est perdue d’avance. De toute façon, les soldats de Cao Cao sont en bien plus grand nombre. Mais la réflexion continue d’être à l’ordre du jour avec ses hommes de stratégie, Sun Quan (Chang Chen) et Zhuge Liang (Takeshi Kaneshiro), à eux trois ils vont mettre en œuvre un plan ambitieux. Zhuge Liang continue de croire au pouvoir cosmique de la nature. Il élabore sa mise en scène pour éliminer la grande armée du Premier Ministre. Il va utiliser le vent, l’eau et le feu pour les prendre par surprise et contrecarrer les plans qu’ils ont récupérés grâce à Xiao Shang. Mais auparavant, il faudra trouver des flèches (on est au deuxième siècle) et créer des bombes de feu dans des jarres remplies d’huile de poisson. Cette fois ils vont profiter du brouillard dans une très belle scène humoristique où ils humilient l’armée de Cao Cao.

La scène finale qui met en scène la bataille finale est un moment de bravoure comme on n’en avait pas vue depuis des lustres. Filmée d’abord de nuit (les soldats de Zhou Yu attaquent de nuit), la bataille selon John Woo est un moment de fureur et de violence d’une grande beauté. Les reflets du feu sur l’eau dans cette nuit noire sont splendides. Les soldats lancent des ballons blancs dans le ciel au dessus du feluve pour l’illuminer. Un bref moment de poésie au milieu d’une bataille sanglante. Les scènes d’action qui met en scène un très grand nombre de soldats (et donc de figurants) sont d’une grande clarté et extrêmement bien chorégraphiées. Tout cela est crédible et renforce le rythme du film qui ne cesse de s’accélérer au fur et à mesure. On retrouve quelques unes des marottes de John Woo héritées de sa passion du cinéma des Shaw Brothers. Cette amitié virille qui frôle l’homoérotisme, Tony Leung Chiu-wai et Takeshi Kaneshiro se regarde fixement, les yeux dans les yeux, dans un même plan avec un sourire très digne de celui de Ben Hur. Mais qu’on ne s’y trompe pas, Zhou Yu est marié même si le rôle de son épouse est assez secondaire. D’ailleurs, on ne comprend pas pourquoi elle décide d’aller dans le palais de Cao Cao. Ce sera le seul écueil de ce très grand film qui va arriver en France dans une version de seulement 150 minutes au lieu de 300 minutes. J’en parlerai en temps voulu.

Red cliff partie 2 (赤壁下, Chine – Hong Kong, 2009) Un film de John Woo avec Tony Leung Chiu-wai, Takeshi Kaneshiro, Zhang Fengyi, Chang Chen, Vicki Zhao Wei, Hu Jun, Lin Chi-ling, Shido Nakamura, You Yong, Song Jia, Tong Dawei, Hou Yong, Ba Sen Zha Bu, Zang Jinsheng, Zhang Shan, Shi Xiaohong, He Yin.

jeudi 26 février 2009

Sorties à Hong Kong (février 2009)

Basic love (愛情故事 )

Un film de Oxide Pang avec Elanne Kwong, Janice Man. 103 minutes. Classé catégorie IIA. Sortie : 26 février 2009.





LOVE (愛到底)

Un film de Giddens Ko, Vincent Fang, Jen Yi-shian, Huang Tzu Chiao, Vega Tsai (Taiwan) avec Ruan Jing-Tian, Lan Zheng Long (Blue), Van Fan, Chen Bo Lin, Modi, Prince, Tracy Chou, Alec Su . 93 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie : 26 février 2009.








lundi 23 février 2009

God of gamblers

Je continue mon petit chemin dans les films de vingt ans d'âge. J'avais déjà écrit sur sa suite (God of gamblers II) et sur sa « parodie » (All for the winner), mais jamais sur le film original sorti à Hong Kong en décembre 1989 et toujours inédit en France, sauf erreur. Et pourtant God of gamblers aurait de quoi satisfaire beaucoup des fans de Chow Yun-fat. C'était une époque où Wong Jing pouvait se surpasser et faire un bon film. Et Chow Yun-fat augmentait encore son aura de mec cool et classe dans un costard avec ce sourire qui est devenu sa marque de fabrique à Hong Kong.

Le God of gamblers, c'est bien sûr Chow Yun-fat, Ko Chun qui va de ville en ville pour gagner au jeu. Dès la première scène à San Francisco, le charisme du joueur, son magnétisme, son calme, sa pugnacité sont mis en avant. Ko Chun gagne tout. Puis, on le voit au Japon dans une séquence qui sera maintes fois parodiées (ironie, c'est désormais Wong Jing créateur qui est parodié) où une Japonaise descend le haut de son kimono pour laisser apparaître son tatouage. Elle joue aux dés et fait un très bon score mais Ko Chun peut deviner, quand il joue, quand le score est supérieur et gagne à chaque fois.

Ko Chun est accompagné de Janet (Cheung Man), une femme qui est amoureuse de lui et de deux de ses fidèles homme de main Yee (Charles Heung) et Dragon (Lung Fong). On propose une affaire juteuse à Ko Chun : affronter un très gros joueur sur les eaux internationales. Il accepte sur les conseils de Dragon et malgré les craintes de Yee. En attendant, ce gros combat de joueurs invétérés, Ko Chun va jouer aux cartes chez un autre accroc au jeu. Il le dépouille de tout son argent, mais devant la menace du joueur, il s'enfuit en train. Pour rester au calme, Ko Chun sort du train au hasard, il fait quelques pas mais dégringole d'une pente et se cogne la tête.

Là commence la partie du film la plus amusante où Ko Chun devient amnésique. On se croirait dans n'importe quelle aventure enfantine où une personne deviendrait amnésique par le simple fait de se cogner très fort la tête (et on s'en doute, le moyen de retrouver la mémoire sera de se cogner la tête à nouveau). Ko Chun est recueilli par Knife (Andy Lau) et sa copine Jane (Joey Wong) qui habitent avec la grand mère et leur pote Crawl (Ronald Wong). Ko Chun va se comporter en vrai gamin et là Chow Yun-fat fait des merveilles. On avait déjà compris qu'il aimait le chocolat dans les premières scènes. Sa copine Janet lui reprochait qu'il allait grossir à force de manger tant de chocolat. Comme l'amnésique en réclame, Knife le surnomme Chocolate.

Knife est une petite frappe. Il est assez amusant de voir Andy Lau tout gamin avec un jean's qui lui monte jusqu'au nombril et un t-shirt blanc, très James Dean et fureur de vivre. Knife aime l'argent et cherche à voler celui de Chocolate. Jane s'y oppose, mais très vite ils vont se rendre compte des capacités de Ko Chun. Ils vont tenter d'arnaquer Kau (Shing Fui-hong) puis Shing (Ng Man-tat). Chaque fois, cela se solde par un échec mais sur un mode comique garanti. Chow Yun-fat joue au gamin, il prend le couteau des mains des méchants, il fait mille facéties, il se met soudain à crier ou à rire. Il produit un grand show, c'est extrêmement plaisant. Les autres joueurs l'appellent Le Roi débile des joueurs.

Ko Chun a perdu la trace de ses amis et de sa fiancée. C'est bien tard dans le film que Wong Jing va revenir vers le personnage de Janet. Il en fait une victime de Dragon et son goût du pouvoir. Dragon ne voit pas Ko Chun revenir et va entreprendre de séduire Janet. Ou plus simplement de la posséder. C'est cette trahison qui amorce le dernier tiers de God of gamblers, un film assez complet et qui plus de deux heures développe différents styles et aborde plusieurs genres. Wong Jing se permet même le luxe dans cette dernière partie de pasticher la célèbre scène de l'escalier du Cuirassé Potemkine (cette fois c'est sur l'escalator d'un centre commercial) puis de faire un gunfight où Chow Yun-fat semble tout droit sorti du Syndicat du crime.

Sans dévoiler la fin mythique, on se doute que Chow Yun-fat sera gagnant contre le super méchant qui triche, contre son ami qui le trahit. Wong Jing suggère que lorsque Ko Chun retrouve la mémoire et donc ses super capacités, il oublie également sa vie dans la peau de Chocolate. Mais c'est pour mieux nous berner et proposer un retournement de situation que l'on sent venir mais que l'on est content de voir se produire. En un mot comme en cent, un sacré bon film et peut-être le chef d'œuvre de Wong Jing. Quant à Chow Yun-fat, il ne reçut pas cette année-là le Hong Kong Film Award du meilleur acteur pour ce rôle. En effet, il fût battu par Chow Yun-fat pour son rôle dans All about Ah Long de Johnnie To.

God of gamblers (赌神, Hong Kong, 1989) Un film de Wong Jing avec Chow Yun-fat, Andy Lau, Joey Wong, Charles Heung, Cheung Man, Ronald Wong, Shing Fui-on, Lung Fong, Ng Man-tat, Michiko Nishiwaka, Dennis Chan, Wong Jing, Michael Chow.

samedi 21 février 2009

The Diary of a big man


Tsui Hark a toujours aimé les scènes où les portes claquent, où les amants se cachent dans le placard ou sous le lit, où les amoureux se mentent les uns les autres. Evidemment pour le grand plaisir des spectateurs comme on dit. Tsui Hark a pratiqué dans ses films ce genre de théâtre de boulevard avant ce film notamment dans Shanghai blues et Peking opera blues et plus tard dans Twin dragons. Ici, il laisse signer la mise en scène au vétéran Chu Yuan, mais personne n’est dupe, Tsui Hark est bien responsable de ce film.


Chow Yun-fat est le héros de The Diary of a big man. Comme le titre le dit, le film est vu comme si c’était son journal intime. Il apparaît dans des cases colorées et commente ses aventures face caméra. Le nom de son personnage est Chow Ting-fat et les actrices principales gardent leurs prénoms. Sally et Joey seront donc les épouses de Fat, car notre homme est bigame. Il n’a jamais réussi à choisir entre les deux femmes, mais évidemment aucune des deux n’est au courant de l’existence de l’autre.


Pour satisfaire ses deux épouses, il demande régulièrement l’aide de son collègue de travail Chi-hung (Waise Lee) l’appelle la nuit pour qu’il feigne d’aller au bureau. Par chance, leur métier est celui de courtier en bourse et l’excuse des décalages des marchés européens et américains lui permet de quitter ses foyers sans éveiller le moindre soupçon. Petit à petit, Fat va s’enfoncer dans le mensonge car les deux épouses va sans cesse contrecarrer ses plans de tranquillité.


Tout commence à sentir le roussi pour Fat le jour où il a un banal accident de voiture. Mais pas de chance pour lui, il rentre dans la voiture de Kent Cheng qui exerce la profession de policier. Avec son assistant David Wu, il emmène Fat à l’hôpital et les deux épouses sont prévenues. Mais le flic soupçonne Fat de bigamie et va enquêter. Fat et Chi-hung vont encore plus manigancer jusqu’à faire croire qu’ils sont homos. Au bout d’un moment, Sally et Joey vont s’apercevoir de la situation et se venger de Fat.


Avec beaucoup de malice, le scénario va crescendo dans le mensonge et la tromperie et donne droit à des scènes de claquage de portes d’une jolie drôlerie. Il faut dire que Chow Yun-fat en fait des tonnes pour assumer son rôle de bigame. Il grimace, il rit très fort et ne cesse pas de bouger. Chow Yun-fat porte des lunettes sans doute pour exprimer son côté double. Petit bonus, il interprète une chanson, Very nice, qui n’a rien à voir avec le reste du film. Mais on s’en fout. The Diary of a big man est cependant un film d’un autre âge, celui de la comédie loufoque à tout petit budget (le film est coproduit par la Cinema City Company et la Film Workshop) qui n’existe plus aujourd’hui.


The Diary of a big man (大丈夫日记, Hong Kong, 1988) Un film de Chu Yuan avec Chow Yun-fat, Sally Yeh, Joey Wong, Waise Lee, Carrie Ng, Kent Cheng, David Wu, Elaine Kam, Shing Fui-on, Tai Bo.

jeudi 19 février 2009

Dry wood fierce fire


Je ne me lasse pas de m'étonner de la variété des registres des films réalisés par Wilson Yip. Dry wood fierce fire a presque un titre de wu xia pian mais c'est une comédie romantique d'une grande légéreté comme il s'en fait beaucoup et auxquelles Johnnie To et Wai Ka-fai ont beaucoup donné avec Needing you ou Turn right turn left. Ça n'est évidemment pas le meilleur film de Wilson Yip ni le meilleur rôle de Louis Koo, mais il faut parfois aussi satisfaire ses producteurs et le public populaire pour faire des films plus ambitieux.

Alice (Miriam Yeung, qui ressemble à s'y méprendre à Sammi Cheng dans ce film) travaille dans un journal féminin (Ladies) où toutes ses collègues sont des femmes. Le film commence par nous montrer l'enfance d'Alice. Sa mère au visage ingrat ne jure que par la beauté et espère que sa fille sera belle et ne s'intéresse pas à son intelligence; Son père, marchand d'herbes médicinales, lui enseigne le kung-fu et l'usage des plantes. Mais Alice binoclarde est le souffre douleur de ses camarades de classe. Elle va apprendre à sourire et à vivre seule. Dans son travail, plutôt que d'écrire des articles, elle préfère soigner ses collègues. Encore et toujours sa gentillesse et son besoin d'être aimée.

Michelle (Flora Chan), la patronne d'Alice veut rapprocher la rédaction du magazine de celle de « Gents » dirigée par Joe (Joe Lee) et où travaille Chapman To, Matt Chow et Louis Koo. Ce dernier joue Ryan Li et il a quelques petits soucis puisqu'il s'évanouit souvent. Wilson Yip filme d'abord Louis Koo comme dans une pub, avec des ralentis pour bien montrer le beau gosse qu'il est puis filme sa chute grotesque. Les deux rédactions devront travailler ensemble, même si Chow et To vont jouer aux pimbèches. Arrive alors à grands traits l'enjeu narratif du film : Alice va tomber amoureuse de Ryan qui va tomber amoureux de Michelle. On sait très bien comment tout cela va se terminer. Seul compte la manière d'y arriver.

J'aime bien la manière qu'a Louis Koo de vouloir casser son image de gentil gendre à sa mémère. Il n'hésite pas dans Dry wood fierce fire à se montrer complètement en dehors du coup, incapable de choisir et de se tromper totalement dans ses sentiments. Mais cette romance romantique entre le trio n'est pas suffisamment neuve pour réellement intéresser. Ce sont les personnages secondaires qui sont plus amusants et notamment la courte apparition de Cheung Tat-meung en clodo qui vient s'assoir sur le canapé que Ryan vient de s'acheter. C'est Alice qui l'a aidé dans son choix malgré un vendeur récalcitrant (et très drôle). Or le canapé est si moche que le clodo est persuadé qu'ils sont en train de l'emmener à la décharge. Car Alice a beau travailler dans un magazine de mode féminine, elle n'a aucun goût. Le film est un gentil hommage aux gens inadaptés où l'on sourit en leur compagnie.

Dry wood fierce fire (干柴烈火, Hong Kong, 2002) Un film de Wilson Yip avec Louis Koo, Miriam Yeung, Flora Chan, Cheung Tat-ming, Wyman Wong, Yuen King-tan, Joe Lee Yiu-ming, Lo Meng, Matt Chow, Chapman To, Wong Yat-fei, Lee Fung, Monica Lo, Soi Cheang.

Sorties à Hong Kong (février 2009)

Give love (愛得起)

Un film de Joe Ma et Fire Lee avec Gigi Leung, Shao Bing, Wilson Chen, Shaun Tam, Fan Siu-wong, Crystal Cheung, Regen Cheung, Winkie Lai, Hui Siu-hung. 88 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie : 19 février 2009.




mardi 17 février 2009

Beast stalker


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Le nouveau film de Dante Lam repose sur le principe très simple de l’énigme. Comment les trois personnages principaux sont-ils embarqués dans la même galère ? Beast stalker développe donc un scénario brillant qui évite l’habituel écueil du retournement final mais au contraire étonne par son suspense et sa sécheresse.

Nicholas Tse est Tong, un flic qui poursuit un membre des triades. Il espère l’arrêter mais un accident de voiture change le cours des événements. Lui et ses hommes sont grièvement blessés. Le problème de Tong avec sa hiérarchie est qu’il est vu comme un homme froid et exigeant, malgré son jeune âge. L’autre problème est qu’une petite fille est morte dans l’échange de coups de feu tirés entre la police et les triades.

Or, il s’avère que la jeune enfant décédée a pour mère Ann Kao (Zhang Zhing-chu) qui exerce la profession de procureur au tribunal. Elle doit mettre en accusation le mafieux mais on enlève sa deuxième petite fille (par ailleurs la jumelle de la première). Elle doit supprimer les preuves pour permettre un non lieu au procès. Très vite, Tong va se mettre sur la piste du kidnappeur, mais Anne Kao lui reproche d’être responsable de la mort de son enfant.

La petite Ling Kao a été enlevée par Hung (Nick Cheung). Il cache l’enfant dans son appartement, mais une femme se trouve également là pour une raison inconnue. Elle est constamment couchée, elle souffre, elle ne parle plus. Hung prend soin d’elle, lui donne des médicaments pour calmer la douleur. Hung a, quant à lui, une plaie à l’œil droit et sa vision est difficile. La mafia exige ce contrat pour rembourser ses dettes. Tong va comprendre qu’il est responsable de l’enlèvement et une course poursuite s’engage entre les deux hommes tandis que le procès commence.

La force de Beast stalker provient de sa nervosité. Dante Lam a choisi de filmer son récit en caméra à l’épaule. Ça n’est pas une chose rare (quoique dans le cinéma cantonais, il n’y ait guère que Une nuit à Mongkok qui aille au bout du procédé). Mais le récit est très ramassé dans le temps surtout dans son dernier tiers où le suspense fonctionne à plein régime. La petite fille va-t-elle être sauvée ? La mère cachera-t-elle les preuves ? Ce sont certains des enjeux du film. Quelques flash backs bien placées nous éclairent sur cet accident de voiture qui lance le film et qui expliquent pourquoi les situations sont ainsi.

En revanche, ce sont (encore une fois) les personnages masculins qui sont les mieux servis. Le personnage de Anne Kao est un peu sacrifié même si Dante Lam et son scénariste Ng Wai-lun évite de proposer une romance entre elle et Tong. C’est d’autant plus étonnant que les personnages secondaires sont plutôt bien traités. On mettra cela sur le compte d’un refus de la sensiblerie souvent inhérent aux films mettant en scène des enfants. Beast stalker est un film sec, noir (pas une once d’humour) et remet Dante Lam sur le devant de la scène en tant que bon cinéaste de Hong Kong.

Beast stalker (証人, Hong Kong, 2008) Un film de Dante Lam avec Nicholas Tse, Nick Cheung, Zhang Jing-chu, Miao Pu, Liu Kai-chi, Keung Ho-man, Kwok Jng-hung, Sherman Chung, Zhang He, Wong Suet-yin, Wong Sum-yin.

samedi 14 février 2009

Hong Kong Film Awards 2008 : les nommés

La liste des films et personnalités nommés pour la cérémonie des Hong Kong Film Awards 2008 vient d'être rendue publique. Comme on pouvait s'y attendre, John Woo et son Red cliff partie 1 part grand favori, suivi de près par Painted skin et Ip Man, ce qui doit rendre Donnie Yen extrêmement heureux. Sans entrer dans les détails, il faut noter que Johnnie To et Tsui Hark, malgré deux films chacun sortis cette année, doivent se contenter de peu de nominations. Enfin, Louis Koo va-t-il enfin ramasser une statuette ? La réponse sera donnée lors de la cérémonie le 19 avril 2009.


Meilleur film

The Way we are 天水圍的日與夜 (Ann Hui)

Red cliff 赤壁 (John Woo)
CJ7
長江7 (Stephen Chow)
Painted skin 畫皮 (Gordon Chan)
Ip Man
葉問 (Wilson Yip)


Red cliff : 15 nominations


Meilleur réalisateur

Ann Hui (The Way we are)

Johnnie ToSparrow

John WooRed cliff

Benny ChanConnected

Wilson YipIp Man)


Meilleur scénario
Lui Yau-wah (The Way we are)

Susan Chan, Sylvia Chang et Mathias Woo (Run papa run)

Gordon Chan, Lau Ho-leung et Abe Kwong (Painted skin)

Dante Lam et Ng Wai-lun (The Beast stalker)

Ivy Ho (Claustrophobia)


Meilleur acteur
Louis Koo (Run papa run)

Simon Yam (Sparrow)

Tony Leung Chiu-wai (Red cliff)

Nick Cheung (The Beast stalker)

Donnie Yen (Ip Man)


Ip Man : 12 nominations


Meilleure actrice

Pau Hee-ching (The Way we are)

Prudence Lau (True women for sale)

Barbie Hsu (Connected)

Zhou Xun (Painted skin)

Karena Lam (Claustrophobia)


Meilleur acteur dans un second rôle

Zhang Fengyi (Red cliff)

Stephen Chow (CJ7)

Liu Kai-chi, (The Beast stalker)

Lam Ka-tung (Ip Man)

Fan Siu-wong (Ip Man)


Meilleure actrice dans un second rôle

Nora Liao (Run papa run)

Chan Lai-wan (The Way we are)

Zhao Wei (Red cliff)

Race Wong (True women for sale)

Sun Li (Painted skin)


Painted skin : 12 nominations


Nouveau meilleur interprète

Monika Mok (Ocean flame)

Kitty Zhang (All about women)

Leung Cheung-lung (The Way we are)

Lin Chi-ling (Red cliff)

Xu Jiao (CJ7)


Meilleur directeur de la photo

O Sing-pui (Ip Man)

Arthur Wong (Painted skin)

Lu Yue et Zhang Li (Red cliff)

Cheng Siu-keung (Sparrow)

Cheung Tung-leung (Three Kingdoms : Resurrection of the Dragon)


Meilleur montage

Chan Ki-hop (The Beast stalker)

Yau Chi-wai (Connected)

Cheung Ka-fai (Ip Man)

Angie Lam, Robert A. Ferretti et Yang Hongyu (Red cliff)

David Richardson (Sparrow)


The Way we are : 6 nominations


Meilleurs décors

Yee Chung-man et Ben Lau (An Empress and the warriors)

Kenneth Mak (Ip Man)

Bill Lui (Painted skin)

Tim Yip (Red cliff)

Daniel Lee et Horace Ma (Three Kingdoms : Resurrection of the Dragon)


Meilleurs costumes et maquillages
William Cheung (All about women)

Yee Chung-man et Dora Ng (An Empress and the warriors)

Bobo Ng (Painted skin)

Tim Yip (Red cliff)

Thomas Chong et Debby Wong (Three Kingdoms : Resurrection of the Dragon)

Meilleure chorégraphie d’action

Li Chung-chi (Connected)

Sammo Hung et Tony Leung Siu-hung (Ip Man)

Stephen Tung (Painted skin)

Corey Yuen (Red cliff)

Sammo Hung (Three Kingdoms : Resurrection of the Dragon)


Sparrow : 5 nominations


Meilleur son

Phyllis Cheng, Nip Kei-wing et David Wong (The Beast stalker)

Chris Goodes et Sam Wong (Connected)

Kinson Tsang (Ip Man)

Kinson Tsang et Lai Chi-hung (Painted skin)

Wu Jiang et Roger Savage (Red cliff)


Meilleurs effets visuels

Craig Hayes et The Orphanage (Red cliff)

Eddy Wong, Victor Wong et Ken Law (CJ7)

Ho Siu-lun (Missing)

Ng Yuen-fai, Chau Chi-sing et Tam Kai-kwan (Painted skin)

Henri Wong (Ip Man)


Meilleure musique originale

Kenji Kawai (Ip Man)

Ikuro Fujiwara (Painted skin)

Taro Iwashiro (Red cliff)

Xavier Jamaux et Fred Avril (Sparrow)

Henry Lai (Three Kingdoms : Resurrection of the Dragon)


Connected : 5 nominations


Meilleure chanson originale

隨夢而飛 "Flying with Dreams" (An Empress and the warriors) Musique : Mark Lui, Paroles : Lin Xi, Interprètes : Kelly Chen et Leon Lai

分手要狠 "Breaking Up is Ruthless" (L For Love, L For Lies) Musique : Andrew Chu, Paroles : Fong Kit, Interprète : Kary Ng

心戰 "War Heart" (Red Cliff) Musique : Taro Iwashiro, Paroles : Francis Lee, Interprète : Alan

一萬年的序幕 "Ten Thousand Years Prelude" (Missing) Musique :克合爾曼克尤木, Paroles : 螞蟻米工廠, Interprètes : Angelica Lee, 迪麗努爾.皮達

畫心 "Painted Heart" (Painted skin) Musique : Ikuro Fujiwara, Paroles : Chan Siu-kei, Interprète : Jane Zhang

Meilleur nouveau réalisateur
Ivy Ho (Claustrophobia)

Derek Kwok (The Moss)

Heiward Mak (High Noon)

Meilleur film asiatique

If you are the one (Feng Xiaogang – Chine)

Cape No. 7 (Wei Te-sheng – Taïwan)

Suspect X (Hiroshi Nishitani – Japon)

Forever Enthralled (Chen Kaige – Chine)

Assembly (Feng Xiaogang – Chine)


The Beast stalker : 5 nominations

Sorties à Hong Kong (février 2009)


Love connected (保持愛你)
Un film de Patrick Kong avec Stephy Tang, Justin, Kay Tse, Miki Yeung, Sammi, Joey Leung, Celina Jade, Miki Yeung, Venus Wong, G.E.M., Tong Kim-hong, Kayan Kung, Terry Wu. 96 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 14 février 2009.







jeudi 12 février 2009

L'Enfer des tortures


Pendant les dix premières minutes, je n’ai pas compris de quoi il s’agissait. Le récit de L’Enfer des tortures est éclaté, le sens des scènes m’a franchement échappé et je me suis même demandé si j’allais continuer de regarder le film. Le générique n’est pas franchement d’une grande gentillesse. Un shogun fait exécuter quelques femmes en les torturant. Un homme plante une lance dans le vagin puis tranche la gorge de la femme. Puis, trois femmes sont enterrées jusqu’au visage et deux hommes les décapitent avec une scie. Le film porte bien son titre.


Le personnage principal du film n’arrive pas immédiatement. Teruo Yoshida joue le rôle d’un tatoueur, l’un des plus grands experts de cet art corporel qui va permettre à Teruo Ishii de montrer pendant 95 minutes de montrer des poitrines dénudées de femmes. C’est très commode tout cela. Yoshida est en compétition avec un autre tatoueur qui a les faveurs d’un responsable de la police corrompu. Entre les deux tatoueurs, il y a bien entendu une femme qu’ils vont se disputer et sur laquelle ils comptent faire leur chef d’œuvre pictural. Le titre du film est le nom de l’œuvre fait sur une femme dont la photo qui illustre ce texte.


Le policier corrompu aide une mère maquerelle à trouver des prostituées pour son bordel. Les deux tatoueurs font faire affaire en utilisant les corps des femmes. La maquerelle sait qu’il existe une clientèle pour voir les filles tatouées se faire torturer. Là, les clients pratiquent le voyeurisme. La cage où sont les filles n’a pas de plafond et le sol est en verre (des clients regardent d’en faut et d’en bas), cela donne quelques scènes assez jolies. Les tortures sont assez brèves et consistent en quelques flagellations portées hors champ. En revanche, certaines scènes sont plus difficiles à supporter comme lorsque la maquerelle crève les yeux d’une de ses geishas. Faut aimer ça, j’aime pas trop ça.


La dernière partie du film se déroule en Chine. Des geishas ont été vendues pour être torturées en Chine. Et là, c’est le pompon. La Chine est montrée comme un pays extrêmement arriéré. On y mange des chiens, des serpents et d’autres choses peu ragoûtantes. Les rues sont sales, surpeuplées, mal éclairées. Les Chinois sont montrés comme un peuple superstitieux et opiomane. Une image vraiment abjecte, mais tout le monde est abjecte dans ce film qui se termine par un défilé de femmes tatouées qui évoque ridiculement un ballet du Crazy Horse. Vraiment, c’est pas mon truc.


L’Enfer des tortures (徳川いれずみ師 責め地獄, Japon, 1969) Un film de Teruo Ishii avec Teruo Yoshida, Mieko Fujimoto, Reiichi Hatanaka, Yuki Kagawa, Kamiko Katayama, Asao Koike, Miki Obana, Masumi Tachibana, Haruo Tanaka.

Sorties à Hong Kong (février 2009)

Claustrophobia (親密)

Un film de Ivy Ho avec Karena Lam, Ekin Cheng, Andy Hui, Eric Tsang, Felix Lok, Derek Tsang. 101 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie : 12 février 2009.









dimanche 8 février 2009

Twin dragons


Deux Jackie Chan pour le prix d'un, c'est ce que propose Twin dragons, un film très impersonnel de Tsui Hark et Ringo Lam, si impersonnel que l'on serait bien incapable de dire qui a fait quoi là-dedans. D'autant qu'une myriade de chorégraphes, dont Jackie Chan lui-même et Ching Siu-tung entre autres, se sont occupés des scènes de combat évidemment parfaites pour une comédie d'action de ce genre.

Tout commence en 1965, en noir et blanc. Dans un hôpital deux jumeaux viennent de naître. Les parents (Sylvia Chang et James Wong) sont heureux d'avoir les plus beaux bébés du monde. Ils se rendent compte que comme eux, ils ont un grand nez, gentille pique à la physionomie de Jackie Chan. Mais un méchant arrive et échappe à la police. Pour se défendre, il vole un des enfants et s'enfuit par la fenêtre. Les parents désespérés par le chagrin s'envolent pour les Etats-Unis pour y recommencer leur vie. Le jumeau perdu sera élevé par une femme de petite vertu et alcoolique et deviendra garagiste et débrouillard. L'autre deviendra un des plus grands pianistes au monde et restera un gars prudent voire pleutre.

Trente ans plus tard, Casse-cou (Jackie le garagiste) passe son temps avec Tyson (Teddy Robin) à faire des petites magouilles et en l'occurrence ils vont chercher à sauver des griffes d'un loup de la mafia la belle Barbara (Maggie Cheung) qui n'en demandait pas temps. Les garçons, mais surtout Casse-cou, détruisent tout le décor (un des motifs de l'action chez Jackie Chan) de l'immense boîte de nuit karaoké et ils foutent des baffes aux sbires du mafieux local qui voudrait bien avoir Barbara. Quand ils l'ont tirée d'affaires, Casse-cou comprend que Tyson ne la connaissait pas mais qu'il voulait la séduire; la belle enlève sa perruque bleue et tout le monde tombe sous le charme.

Trente ans plus tard, Ma Yu (Jackie le pianiste) rentre à Hong Kong pour donner un grand récital de piano. Certes, il va jouer une œuvre de Lowell Lo, le compositeur de la musique du film, une sorte de symphonie pour trois claviers Bontempi et une batterie électrique. C'est un peu cheap, mais il est censé être une star. Il descend dans un palace mais le portier le prend pour casse-cou, évidemment puisqu'ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Ma Yu sera épaulé pendant son séjour par Tang-hsi (Nina Li-chi) dont le père aimerait tant qu'elle se marie avec Ma Yu. Par un concours de circonstance, les deux jumeaux vont se retrouver dans les mêmes pièces et bientôt se rencontrer puis échanger leur place.

C'est bien entendu autour de ce burlesque de situations et de quiproquos dont Tsui Hark connait le secret que le deuxième tiers du film va se tourner. Les deux filles vont rencontrer l'autre Jackie Chan qu'elles connaissaient. Personne ne va se rendre compte qu'il y en a deux. Effets de miroir à la Marx Brothers, baignoire remplie de mousse où Jackie est tantôt nu tantôt vêtu, confusion de la part du personnel du palace mais aussi des truands. Tout est bon pour faire rire. Certes, on est en terrain connu mais l'abattage des acteurs divertit beaucoup. Le dernier tiers du film est entièrement dédié à une scène de combat dans la lignée des films de Jackie Chan: chaque objet du décor est une arme potentielle. Or ici, il y a deux Jackie.

Film plaisant mais sans plus, impersonnel – encore une fois. Il permet aussi de voir quelques guests dans des situations drolatiques (ou pas). Les deux réalisateurs et le producteur Ng Sze-yuen font une apparition dans la scène finale où ils jouent aux cartes. John Woo fait un prêtre. Mention spéciale à Eric Tsang au téléphone qui propose des scénarios de porno zoophile à son interlocuteur et à Wong Jing en guérisseur incompétent. Twin dragons a été réalisé dans le cadre d'une réalisation de charité pour le syndicat des réalisateurs (comme il y a des galas de charité).

Twin dragons (双龙会, Hong Kong, 1992) Un film de Tsui Hark et Ringo Lam avec Jackie Chan, Maggie Cheung, Teddy Robin, Nina Li-chi, Sylvia Chang, James Wong, Kirk Wong, Anthony Chan, Alfred Cheung, David Chiang, Chor Yuen, Eric Tsang, Ann Hui, Philip Chan, Tsui Hark, John Woo, Clifton Ko, Wong Jing, Lau Kar-leung, Jacob Cheung, Mabel Cheung, Stephen Tung, Yuen Woo-ping, Ching Siu-tung, Jeff Lau, Jamie Luk, Peter Chan, Lee Chi-ngai, Ringo Lam, Gordon Chan, Dennis Chan, David Wu, Ng Sze-yuen, Guy Lai.