jeudi 31 octobre 2013

Sorties à Hong Kong (octobre 2013) Baby blues


Baby blues (詭嬰, Hong Kong, 2013) Un film Leong Po-chi avec Raymond Lam, Kate Tsui, Janelle Sing Kwan, Karena Ng, Lo Hoi-pang, Yu Bo, Irene Wan, Cheng Qian. 91 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 31 octobre 2013.


mercredi 30 octobre 2013

Snowpiercer – Le Transperceneige


Et de trois. Après le très raté Dernier rempart de Kim Jee-won, après le peu convaincant Stoker de Park Chan-wook, dire que l’on attend avec crainte le nouveau film de Bong Joon-ho est un euphémisme. Comment le meilleur cinéaste de la décennie précédente qui n’a rien tourné depuis Mother en 2009 allait-il résister au rouleau compresseur de la super-production internationale ? Qui plus est avec un casting et une équipe aussi hétéroclites, Chris « Captain America » en tête, tournage en République tchèque. Et en plus adapté d’une bande dessinée française des années 1980 un peu oubliée.

Le concept de Snowpiercer est simple. En 2031, notre planète n’est plus qu’une immense banquise à cause du dérèglement climatique et de la bêtise des hommes. Un train traverse à grande vitesse le globe, sans jamais s’arrêter. En tête du train, la première classe, en queue de train la troisième classe. C’est justement dans ce bout de train que le film démarre. Bong Joon-ho décrit les conditions misérables de la vie des passagers, comparables à celles de prisonniers, et lance immédiatement les enjeux. Une rébellion est en marche pour atteindre la tête du train.

Tous les passagers sont des survivants du cataclysme météorologique mais l’inégalité règne. Dans cette queue de train, les gens sont comptés comme des bêtes, habillés de haillons et ne mangent que des barres de protéines noires que des soldats leur apportent dans un grand charriot métallique. Ils sont entassés depuis 17 ans, depuis le démarrage du train. Ils vivent les uns sur les autres. Certains sont nés là, n’ont jamais pu poser un pied sur la terre et ils n’ont jamais vu le soleil. L’absence de lumière dans ces wagons donne une telle atmosphère lugubre magnifiée par la lumière du chef opérateur.

La première tâche de couleur dans toute cette grisaille vient de la veste orange d’une femme issue des premières classes. Elle vient chercher deux enfants sans donner d’explication. Elle a tous les droits, elle est de la race supérieure. Et de toute façon, elle est entourée de soldats armés. Devant ce kidnapping, Gilliam (John Hurt) autorise Curtis (Chris Evans) à lancer la révolte. Première étape : trouver Nam (Song Hang-ko), l’ingénieur du train qui permettra d’ouvrir toutes les portes et de pénétrer dans les wagons. Il accepte sous condition : recevoir à chaque porte ouverte une dose de kronol, une drogue synthétique.

Là faut-il probablement arrêter de raconter quoi que ce soit du scénario foisonnant de Snowpiercer, histoire de ne pas gâcher le plaisir simple du spectateur. Le film de Bong Joon-ho, tout comme The Host, ne se contente pas d’être un film spectaculaire aux scènes d’action entre les rebelles et les soldats superbement chorégraphiées mais il est aussi une réflexion profonde sur la condition humaine. La classe dominante a recréé dans ce train une nouvelle forme de société où Wilford (Ed Harris), le créateur du train est considéré comme un Dieu vivant.

Tout comme dans ses précédents films, l’humour est constamment présent dans Snowpiercer. Tilda Swinton incarne le porte-parole fanatique et lâche de Wilford. Avec ses lunettes rondes, son dentier, elle débite tout un discours sur la chance qu’ont les habitants de la dernière classe d’avoir été sauvés, que chaque homme doit rester à sa place et que les chefs doivent gouverner et les autres obéir. Son personnage fait rire tout en étant absolument terrifiant. Snowpiercer se transforme alors en film d’horreur pure. Les changements de ton créent un rythme frénétique, alternant moments de calme et action.

Après un tiers du film passé dans la queue du train, le soleil fait enfin son apparition pour les rebelles. Ils découvrent le monde qu’on leur a interdit. Ils voient le monde sous la neige. Ce monde artificiel recréé de toutes pièces semble changer de décennie suivant les wagons. D’abord, les années 1950 dans les restaurants et l’école où les chères têtes blondes apprennent à vénérer Wilford pour s’achever dans un monde futuriste qui semble vidé de toute substance. La grande richesse du film supprime toutes les craintes que j’avais plus haut. Snowpiercer est un très grand film.

Snowpiercer – Le Transperceneige (Snowpiercer, Corée – Etats-Unis – France, 2013) Un film de Bong Joon-ho avec Chris Evans, Ed Harris, Jamie Bell, Alison Pill, Tilda Swinton, John Hurt, Octavia Spencer, Ewen Bremner, Luke Pasqualino, Song Kang-ho, Steve Park, Clark Middleton, Kenny Doughty, Adnan Haskovic, Tómas Lemarquis.

mardi 29 octobre 2013

Au-delà du sang


Au-delà du sang est le premier long-métrage de Guillaume Tauveron, jeune photographe basé à Tokyo et déjà auteur d’une douzaine de courts-métrages. Son film qui sort ce mercredi 30 octobre en France a la bonne idée de ramasser son récit sur 82 minutes (générique compris). Tout se déroule en une seule nuit dans un Tokyo pratiquement déserté de ses habitants, éclairé par des néons lugubres. Le voyage à travers la nuit de Shinji (Takahiro Ono) commence après être rentré de son boulot.

Il reçoit un étrange sms sur son portable qui lui donne un rendez-vous dans un bar. On lui révélera qui a tué, un an auparavant, son épouse Akemi (Omocha Chiba) à qui il pense. Le film est régulièrement ponctué de flashbacks où le passé de Shinji, puis des autres personnages, est raconté. Ces retours en arrière sont filmés avec une lumière blanche qui contraste radicalement avec l’atmosphère sombre et nocturne du récit au présent.

On se croit d’abord lancé dans un film de fantômes puisque c’est Akemi qui donne des pistes pour retrouver son propre meurtrier. Elle apparait comme dans un épisode de Ring, visage verdâtre et cheveux longs qui retombent sur son visage. Elle donne un nom à un Shinji éberlué par ce qu’il est en train de vivre. Il va devoir trouver Takeshi (Hiroei Ishihara), l’un de ses amis qu’Akemi désigne comme son bourreau. Le périple de Shinji va l’emmener à rencontrer quelques personnes qui sont, tout autant que lui, des solitaires désespérés.

Pour se venger, Shinji décide d’acheter un revolver. Il va en trouver un auprès d’un yakuza (Keisaku Kimura), patron d’une boite de strip-tease. Sa chemise rouge vif, ses cheveux gominés et sa gueule de méchant en font un yakuza idéal. Il est entouré de quelques hommes de main bien plus jeunes que lui qui retiennent une jeune femme en uniforme de lycéenne. Elle voulait s’échapper et Shinji va l’aider en tirant un coup de révolver dans la jambe du yakuza.

Le duo doit fuir, à pieds, dans les rues désertes. Ils rencontrent une femme Izumi (Miwako Izumi), tombée de vélo. Elle les invite chez eux. Ils discutent longuement malgré la fatigue. Elle se trouve de nombreux points communs avec Shinji. Ils partagent la même solitude, ils sont hantés par les fantômes de leur passé, ils pourraient tous les trois recommencer leurs vies, fonder une nouvelle famille, quitter la ville. Shinji souhaite poursuivre sa vengeance. Elle ne va pas le laisser quitter son appartement.

Le film repose sur des archétypes que l’on connait tous. Shinji est un salaryman qui ne quittera jamais sa cravate. Il agit froidement dans sa quête de vengeance comme s’il travaillait. Le yakuza plus cruel que jamais qui clame son charisme à ses sbires. La lycéenne que le yakuza retenait prisonnière pour en faire une strip-teaseuse. Et enfin la femme quadragénaire, seule dans son petit appartement qui subit tout le poids de la société japonaise. Ces personnages, le film les triture, cherche à en retourner les clichés et leur fait passer des épreuves.

Au-delà du sang fonctionne comme un thriller sous hypnose où les personnages subissent les événements qui leur tombent dessus sans qu’ils ne puissent choisir leur destin. On sent partout l’envie du cinéaste de se souvenir de certains pans du cinéma japonais avec respect (la chanson du vieux Shimura dans Vivre d’Akira Kurosawa) ou amusement (le clin d’œil à Kitano dans le dialogue entre Shinji et Takeshi, ce dernier appelant le premier « haniki »), ces souvenirs fonctionnant comme autant de fantômes. Finalement, Au-delà du sang est peut-être bien un film de fantômes.

Au-delà du sang (France – Japon, 2013) Un film de Guillaume Tauveron avec Takahiro Ono, Mari Yoshida, Omocha Chiba, Keisaku Kimura, Miwako Izumi, Hiroei Ishihara, Ryu, Yasunari Kondo, Takashi Kokubu, Masato Yamaguchi, Takuya Omoto, Kazuki Yamamoto.

samedi 26 octobre 2013

La Légende Zatoichi 9 : La Lettre


Le jour de l’an est proche et Zatoichi (Shintarô Katsu) décide de le passer tranquillement dans le village de Kasama. Un homme lui propose une mission : donner une lettre à Sen (Eiko Taki), la servante de l’auberge. Cet homme est Shinsuke, le frère de Sen, poursuivi par la police pour avoir tué le chef d’un village voisin. Shinsuke se cache et espère pouvoir assouvir sa vengeance. Zatoichi ignore tout cela mais il va vite découvrir que ce qu’il se passe à Kasama ne lui réserve pas un jour de l’an très calme.

La communauté s’apprête à fêter la nouvelle année. Les saltimbanques et les marchands affluent pour divertir les villageois. Ils apprennent alors qu’ils devront reverser une large part de leur revenu au nouvel chef du village Jinbei (Kichijirô Ueda) qui pratique ce racket avec l’accord de Kojima (Akitake Kôno), l’intendant de l’empereur. Personne n’ose rien dire de peur des représailles. Personne ne veut partir maintenant qu’ils sont là. Pendant ce temps, les deux édiles passent leur temps à jouer au go faisant fi de la grogne populaire.

Dans l’auberge, Zatoichi doit cohabiter avec Mademoiselle Saki (Miwa Takada). Cette très belle jeune femme est à la recherche de son père qui se trouve être le chef de village que Shinsuke a tué sur commande de Kojima et Jinbei. La Lettre tourne autour du thème du père avec le personnage du vieil ivrogne Giju. Zatoichi pense qu’il pourrait être son propre père qu’il n’a jamais revu depuis dix-huit ans. Les deux hommes sympathisent et pactisent ensemble jusqu’à la trahison de Giju qui met Zatoichi dans tous ses états.

Les personnages fonctionnent par paire. Les deux chefs mafieux du village Kozima et Jinbei qui complotent pour accroitre leur pouvoir et s’accaparer l’argent du peuple. Les deux jeunes femmes Sen et Saki qui vont chercher l’aide de Zatoichi. Sur un mode plus mineur, deux saltimbanques qui apportent une pointe d’humour en se disputant sans cesse. Et enfin deux enfants acrobates d’une belle espièglerie qui vont aider Zatoichi à résoudre les problèmes des deux jeunes femmes. Ainsi chaque fois qu’un membre de la paire tente d’agir seul, tout tourne à la catastrophe.

Si Zatoichi pensait retrouver son père, il a aussi maille à partir avec deux samouraïs expérimentés, prolongeant ainsi le thème du double. Jinbei engage un samouraï fort en gueule mais qui ne sortira jamais son sabre et préférera s’enfuir plutôt que se battre contre Zatoichi. Le masseur aveugle trouvera son double parfait face à Gounosuke (Mikijiro Hida) aussi vif dans le maniement du sabre que Zatoichi. Les deux hommes sont ennemis mais se respectent, boivent du saké ensemble. Pour Gounosuke, il s’agit de battre Zatoichi et devenir un grand bretteur. Une mission impossible.

La Légende Zatoichi 9 : La Lettre (座頭市関所破り, Japon, 1964) Un film de Kimiyoshi Yasuda avec Shintarô Katsu, Miwa Takada, Eiko Taki, Kichijirô Ueda, Akitake Kôno, Mikijiro Hida.

jeudi 24 octobre 2013

Sorties à Hong Kong (octobre 2013) Rigor Mortis


Rigor mortis (殭屍, Hong Kong, 2013) Un film de Juno Mak avec Chin Siu-ho, Anthony Chan, Kara Hui, Pau Hei-ching, Lo Hoi-pang, Richard Ng, Chung Faat, Billy Lau. 101 minutes. Classé Catégorie IIB & Catégorie III. Sortie à Hong Kong : 24 octobre 2013.

mercredi 23 octobre 2013

Dimanche à Pékin + Sans soleil


Chris Marker est largement dans l’actualité cinématographique cette semaine avec la sortie de plusieurs de ses films. Largement veut dire ici par le nombre de films : un programme de courts-métrages : La Jetée (1962), Junkopia (1981), Dimanche à Pékin (1956) et Vive la baleine (1972) ; Lettre de Sibérie (1957), précieux documentaire tout en ironie sur l’URSS, invisible depuis des décennies ; Sans soleil (1983) ; Level five (1997) que l’on peut éviter et la semaine prochaine Le Fond de l’air est rouge (1976), sans oublier une expo au Centre Pompidou. Peu de copies existent en première semaine, mais les films vont tourner dans toute la France.

Dimanche à Pékin dure 20 minutes. Son générique est à la fois en chinois et en français. On remarque qu’Agnès Varda est créditée comme conseiller sinologique. L’idée du film est filmer des souvenirs de Pékin et, effectivement, ce sont des bribes d’images touristiques et typiques que l’on voit à l’image. « Un spectacle si joliment conventionnel », comme le dit le commentaire en voix off. Le film commence avec l’entrée du temple Ming (le plus vieux passé) pour finir avec le défilé de l’armée chinoise (la Chine de Mao Tsé-toung). Son regard est souvent celui d’un touriste un peu candide qui écarquille les yeux pour pouvoir tout découvrir.

Entre les deux, Chris Marker et son équipe observe la population dans ce qu’elle a de plus pittoresque. Cela va de deux hommes qui s’entrainent à la boxe chinoise au tireur de « pedicab » en passant par les écolières modèles. Le commentaire est encore sérieux, loin de l’ironie de Lettre de Sibérie et tente de se raccrocher à des comparaisons compréhensibles pour le spectateur français. Le cinéaste cherche dans Pékin des traces de Jules Verne ou de Marco Polo, compare les vieilles demeures aux décors de cinéma d’où Humphrey Bogart pourrait sortir d’une fumerie d’opium (bien que les films américains étaient censés se situer à Shanghai). On ne trouve aucun chat à Pékin. L’animal fétiche du cinéaste est cependant dessiné dans le générique et cité dans le commentaire.

Sans soleil n’est pas un film rare. Le regard du cinéaste est tout autre que dans Dimanche à Pékin, moins touristique et plus expérimental, de manière aujourd’hui souvent très désuète avec sa musique électronique et les images d’archives déformées. L’actrice Florence Delay lit des lettres de Sandor Krasna, un voyageur inventé qui n’est autre que Chris Marker, sur des images filmés en Afrique, en Islande, en Californie et au Japon. Toutes les lettres sont à la première personne du singulier. Ce « Je » qui s’adresse au spectateur propose de rentrer dans la mémoire du cinéaste globe-trotter. Le film est un montage d’images diverses non narratives où aucune des personnes filmées ne s’expriment devant la caméra, comme si il s’agissait d’une promenade.

Les parties les plus intéressantes sont filmées au Japon où l’on découvre la vie banale et quotidienne des habitants. Chris Marker filme les pieds des habitants, leurs mains, leurs visages, dans des plans très courts assimilables à des photographies, voire des clichés. Il filme surtout leurs rituels ancestraux, notamment ceux qui n’ont pas cours en France : la cérémonie des 20 ans des jeunes femmes où des cadeaux sont offerts pour devenir une bonne mère et épouse, l’arrivée de l’année du chien et les prières dans les temples. Ces rituels ancestraux, Chris Marker les confronte avec le trivial du présent. Il filme aussi au Japon beaucoup les chats sous toutes leurs formes, ceux qui se promènent dans les rues en toute liberté, comme les figurines qui accueillent le client dans les boutiques.

Dimanche à Pékin (France, 1956) Un film de Chris Marker.
Sans soleil (France, 1983) Un film de Chris Marker.

mardi 22 octobre 2013

La Légende de Zatoichi 8 : Voyage meurtrier


Pour son retour à la mise en scène de Zatoichi, Kenji Misumi encombre les bras de son héros d’un nourrisson. On ne peut pas, rétrospectivement, s’empêcher de penser à la série des Baby Cart que Kenji Misumi entamera huit ans plus tard en regardant ce Voyage meurtrier. Zatoichi est lui aussi un loup solitaire poursuivi par une meute de mercenaires qui en veulent à sa peau. Sauf que le ton de cette huitième aventure du masseur aveugle est plutôt joyeux et fonctionne sur le mode du road movie.

Si Zatoichi a un bébé avec lui, c’est à cause d’un concours de circonstance. Il se cache de ces cinq mercenaires qui cherchent à le tuer. C’est d’abord grâce à une procession d’aveugles qui le protègent qu’il leur échappe. Puis, il se fait transporter dans un palanquin. Sur le chemin, une femme portant un bébé trébuche de fatigue. Il lui cède la place mais les mercenaires, ayant vu Zatoichi se glisser dans la chaise à porteur, transpercent de leurs sabres le palanquin. La mère meurt. Le bébé est désormais seul au monde.

Si ce début de scénario est plutôt triste, le voyage de quelques jours que va engager Zatoichi pour emmener le bébé à son père sera plus léger. Kenji Misumi s’amuse d’abord de l’incongruité à mettre son personnage dans cette situation : comment nourrir le bambin, comment changer ses couches, comment échapper aux pleurs du nourrisson ? Pour les langes que Zatoichi jette au fur et à mesure des besoins du petit, il a une belle solution : il dépouille les épouvantails de leur chemise, les déchire et en fait des couches.

C’est justement au bord d’un champ qu’il fait la connaissance d’une femme (Ikuko Môri), personne de mauvaise vie, voleuse et sans doute prostituée, qu’il retrouve au village voisin en train de dérober un samouraï. Zatoichi décide de l’engager pour servir de nourrice. Ce trio cocasse traverse la campagne et les villes telle une nouvelle famille. La nourrice se rêve alors en mère de famille et, pourquoi pas, en épouse de Zatoichi. Elle lui fait d’ailleurs cette proposition de garder le bébé et de vivre ensemble.

Le film développe quelques moments comiques entre la nourrice et Zatoichi, notamment lors de leur première nuit ensemble dans la même chambre. Elle croit avoir été engagée pour donner su plaisir. Elle comprendra qu’elle doit s’occuper du bébé, Zatoichi souhaite seulement passer une nuit de calme. Au fil du trajet, elle se vexera que le masseur repasse toujours derrière elle pour chacune des taches accomplies. Des disputes de couple finalement bien ordinaires pour ce solitaire de Zatoichi.

Pendant ce temps, les mercenaires tentent de poursuivre le masseur. Il passe un accord de dupes avec eux : ils pourront s’occuper de lui quand il aura rendu l’enfant à son père. Comme on connait les habitudes de Zatoichi, on sait que peu survivront à l’habileté de son maniement d’arme. La scène finale de Voyage meurtrier est plus convenue que le reste du film, même si elle parvient à émouvoir partiellement par sa mélancolie. Le destin de Zatoichi ne change pas, il doit continuer à vivre seul et à éviter ceux qui veulent sa peau.

La Légende de Zatoichi : Voyage meurtrier (座頭市血笑旅, Japon, 1964) Un film de Kenji Misumi avec Shintarô Katsu, Nobuo Kaneko, Gen Kimura, Ikuko Môri, Shôsaku Sugiyama, Hizuru Takachiho.

lundi 21 octobre 2013

La Légende de Zatoichi 7 : La Lame


« J’ai abattu Zatoichi avec mon mousquet », crie le jeune Seiroku à ses compagnons yakuza qui demandent des preuves. Le corps du masseur aveugle est introuvable. Il a été touché dans le dos mais n’est pas mort. Remis de ses blessures, Zatoichi (Shintarô Katsu) part à la recherche de Kuni (Naoko Kubo), sa bienfaitrice qui a payé le médecin. Il se trouve qu’elle est la fille du chef Bunkichi du village de Kajikazawa. Elle ignore qui est l’homme qu’elle a sauvé puisqu’il n’a pas pu donner son nom. C’est donc tout naturellement qu’elle l’accueille dans sa demeure.

Elle vit avec son père Bunkichi et sa jeune sœur Shizu. Depuis un an, leur frère a quitté le foyer, parti pour des aventures plus viriles : il est devenu yakuza. Il s’agit de Seiroku qui, tel un fils prodigue, fait son retour à Kajikazawa, humilié de n’avoir pas trouvé le corps de Zatoichi. Shizu n’apprécie pas le retour de Seiroku d’autant qu’elle juge son frère immature, vantard et violent. Ce qu’il est. Cependant l’humeur chez les Bunkichi est à la fête car tout le village s’apprête à célébrer l’été avec des beaux feux d’artifices.

Tout se passerait pour le mieux si une rivalité avec le chef du village voisin, Yasugoro (Tatsuo Endô) ne compromettait cette ambiance. Yasugoro veut la concession du gué de la rivière qui sert de limite entre les deux clans, concession qui appartient aux Bunkichi. Pour cela, il est prêt à tous les coups bas, l’un d’eux sera de capturer Seiroku tout en faisant croire à son père que le jeune homme impétueux a blessé le chef Yasugoro. Zatoichi, pas rancunier, ira le délivrer et ne recevra aucun remerciement.

Cette septième aventure de Zatoichi, réalisée comme la sixième par Kazuo Ikehiro, revient sur les conflits entre clans rivaux au milieu desquels Zatoichi se trouve mêlé bien malgré lui. Cette fois, le masseur aveugle prend clairement parti pour les Bunkichi. Le chef Yasugoro, avec son bégaiement et ses éructations, est montré comme un homme sournois. Zatoichi reconnait les gens aux grands cœurs. Parmi eux, Kuni, femme célibataire, est d’une moralité à toute épreuve. Le film évite pourtant la romance entre Kuni et Zatoichi.

La Lame retrouve, le temps d’une séquence, la beauté d’une mise en scène des combats parfaitement maîtrisée. Zatoichi se bat de nuit. A l’extérieur, les feux d’artifices sont lancés et crépitent. A l’intérieur, les bougies éclairent le couloir de la demeure des Yasugoro. La lame de Zatoichi les tranchent les unes après les autres, seul son visage dans l’obscurité reste à peine visible. Ce seront les lumières des feux d’artifices qui éclaireront les adversaires dans un couloir, filmés dans un travelling latéral.

Le film est volontiers sanglant et les morts s’accumulent. Pour contraster avec cette funeste atmosphère, La Lame dissémine çà et là quelques courts moments burlesques. Zatoichi s’énerve contre une mouche qu’il tranche avec son sabre. Des enfants lui font acheter des sucreries par malice. Il tombe dans un trou dans une route. Il se fait porter pour traverser la rivière à gué et son porteur est bien encombré avec le corps massif du masseur. Ces saynètes comiques permettent au spectateur de reprendre son souffle entre deux combats violents

La Légende de Zatoichi : La Lame (座頭市あばれ凧, Japon, 1964) Un film de Kazuo Ikehiro avec Shintarô Katsu, Tatsuo Endô, Takashi Etajima, Ryûtarô Gomi, Bokuzen Hidari, Jun Katsumura, Naoko Kubo, Ikuko Môri, Mayumi Nagisa, Yutaka Nakamura, Koh Sugita, Teruko Ômi.

dimanche 20 octobre 2013

Haewon et les hommes


Comme dans ses films les plus récents, la petite rengaine d’Hong Sang-soo continue dans Haewon et les hommes. Des promenades dans la ville, ici le quartier ouest de Séoul et une forteresse médiévale dans la campagne. Deux personnages travaillant dans le cinéma, Hae-won (Jeong Eun-chae), apprentie actrice est l’étudiante de Lee (Lee Seon-gyoon), réalisateur de cinéma qui donne des cours de cinéma à la fac. Ils étaient amants, ils ne le sont plus. Tout le récit tourne autour d’eux, de leur crise existentielle.

Avec son pull rouge vif aux manches trop longues, Hae-won traine sa solitude dans les cafés. Elle rencontre Jane Birkin qui cherche son chemin et lui confesse qu’elle ressemble à Charlotte. Elle retrouve sa mère (Kim Ja-ok) pour une ultime conversation. Sa mère quitte la Corée pour s’établir au Canada. Hae-won va se retrouver encore plus seule. Elles visitent un parc, une librairie où les livres sont offerts, croisent un jeune homme qui fume. Hae-won se lance dans une danse enfantine autour d’une statue.

En passant devient un hôtel, elle se rappelle qu’elle a couché avec Lee ici pour la première fois. Elle décide de l’appeler. Il est marié et a trois enfants. Leur relation a toujours été gardée secrète, du moins le pensent-ils. Car lors d’une conversation alcoolisée, comme Hong Sang-soo en place toujours dans ses films, dans un restaurant, le soju – l’alcool de riz coréen – fait délier les langues. Hae-won et Lee sont entourés de six étudiants qui jugent bien sévèrement la jeune femme.

Les hommes qui illustrent le titre français ont tous les âges mais sont tous des intellectuels. Le jeune libraire que la mère tente de pousser dans les bras de sa fille, l’étudiant triste qui a consolé Hae-won, des mois auparavant, quand elle a rompu avec le professeur Lee et un homme plus âgé qui travaille lui aussi dans le cinéma mais à Hollywood qui lui propose de l’épouser au coin d’une rue. Et ce vieillard qui agit comme un chœur antique au milieu de la forteresse qui commente les disputes entre Hae-won et Lee.

Le film d’Hong Sang-soo accumule les répétitions, d’abord avec ses anciens films (la scène de restaurant alcoolisée) puis au sein même du récit. Une cigarette sur le sol que la jeune femme écrase du pied, les allers et retours dans la forteresse où elle emprunte les mêmes sentiers, les dialogues se répètent y compris quand les protagonistes changent. Hong Sang-soo procède par substitution, tente toutes les possibilités en déplaçant les personnages d’un lieu à un autre.

L’atmosphère de Haewon et les hommes est grisâtre, reflétant les sentiments de ses personnages principaux. On est au printemps (la voix off d’Hae-won égrène les dates, comme si elle rédigeait un journal intime) mais l’amour à du mal à éclore en cette saison de renouveau. Et finalement, on se rend compte que peut-être la jeune femme est en train de rêver tout cela, qu’elle vit sa vie comme un songe ou qu’elle imagine tout ce qui lui arrive, comme si elle écrivait le scénario de sa vie amoureuse dont elle serait le personnage central.

Haewon et les hommes (누구의 딸도 아닌 해원, Corée, 2012) Un film d’Hong Sang-soo avec Lee Seon-gyoon, Jeong Eun-chae, Kim Ee-seong, Yoo Joon-sang, Ye Ji-won, Ki Joo-bong, Kim Ja-ok, Ryoo Deok-hwan, Ahn Jae-hong, Bae Yoo-ram, Sin Seon, Jeong Da-won, Ahn Seon-yeong, Park Joo-hee-I, Jane Birkin.

vendredi 18 octobre 2013

Sorties à Hong Kong (octobre 2013) Special ID


Special ID (特殊身份, Hong Kong – Chine, 2013) Un film de Clarence Ford avec Donnie Yen,    Andy On, Jing Tian, Zhang Han-yu, Yang Kun, Qi Daji, Ngai Sing, Pau Hei-ching, Frankie Ng, Ronald Cheng, Ying Zhi-gang, Ken Lo. 98 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 18 octobre 2013.

jeudi 17 octobre 2013

Sorties à Hong Kong (octobre 2013) The Best plan is no plan


The Best plan is no plan (溝女不離三兄弟, Hong Kong, 2013) Un film de Patrick Kong avec Sammy Sum, Tan Han-jin, Justin Cheung, Lin Si-nga, Chiang Ka-man, Ng Yeuk-hei, Ngai San-hei, Jacqueline Chong, Terence Tsui, Natalie Meng, Lo Hoi-pang, Lam Shing-pun, Siu Yam-yam, Linah Matsuoka, Wai Yue-sam, Ben Chong. 96 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 17 octobre 2013.


mercredi 16 octobre 2013

La Légende de Lu Ban


Avec sa petite barbe grise, ses modestes vêtements et sa sacoche en bandoulière, Lu Ban (Wei Heling) passe pour un voyageur bien ordinaire. Il est pourtant le vénéré patron des artisans et, comme le précise le générique de La Légende de Lu Ban, de nouvelles anecdotes édifient son histoire depuis 2000 ans. Ce sont trois récits dans trois régions de la Chine antique qui composent le film.

Chacun des trois épisodes commence de la même manière. Lu Ban traverse des paysages, rencontrent des gens qui parlent de lui en termes très élogieux – et il prend bien soin de seulement écouter et rester incognito – puis arrive dans un lieu où une énigme d’artisan est à résoudre. Ici on construit un pont, là un temple imposant, plus loin des tours de garde.

Chaque fois, l’architecte ne parvient pas à trouver la solution idéale pour achever ses travaux. Le seigneur local le presse trop pour construire un pont en pierres que devra emprunter la procession pour le Nouvel An. Le dôme du temple est trop lourd à porter. L’exigence architectural pour les tours de garde est importante, soit neuf poutres, 18 colonnes et 72 toits.

Arrivé sans donner son nom, Lu Ban s’approche des ouvrages pour se faire engager. Aucun ouvrier ne comprend vraiment ce qu’il fabrique. Sa méthode n’est pas d’expliquer en long en large et en travers comment résoudre l’énigme architecturale, mais de pratiquer un approche décalée pour trouver la solution. Puis, il quitte les lieux sans demander son reste. C’est là que les ouvriers comprennent qui il est.

Le personnage de l’artisan ne se montre ainsi pas plus malin que les ouvriers ou les maîtres d’ouvrage, il cherche plutôt des solutions pratiques venues de la vie de tous les jours, comme le montre une séquence intermédiaire de son passé où sa mère et son épouse l’aident à inventer une cale pour mieux raboter. Il s’agit de montrer qu’on est plus fort à plusieurs que seul.

Lu Ban pratiquera les mêmes méthodes avec ces architectes peu inspirés : un bol de riz et deux poissons feront comprendre au maitre d’ouvrage comment monter son dôme, une cage à grillon inspirera celui qui est menacé de mort par l’empereur comment construire sa tour de garde. Le film résout avec une pointe d’ironie tous ses problèmes, provoquant chez le spectateur un enthousiasme non dénué de plaisir.

La Légende de Lu Ban n’est sans doute pas non plus dépourvue d’une idée d’édification des masses laborieuses de la Chine de 1958, mais sur un mode ludique pas encore gangréné par la propagande. L’image et l’histoire de Lu Ban sont vénérées et le personnage est ici représenté comme un ouvrier lambda dont la modestie n’a d’égale que l’habileté au travail. Bref, un exemple de travailleur modèle à suivre.

La Légende de Lu Ban (鲁班的传说, Chine, 1958) Un film de Sun Yu avec Wei Heling, Li Wei, Zhong Shuhuang, Guan Hongda, Wang Hanlun, Li baoluo.

mardi 15 octobre 2013

La légende de Zatoichi 6 : Mort ou vif


1000 pièces d’or : c’est le montant des impôts exigés. En ces temps de mauvaises récoltes, les paysans sont si pauvres qu’ils ont du mal à payer les impôts que Gundai l’intendant du seigneur exige. Le convoi est attaqué par deux bandes rivales, le coffre contenant les 1000 pièces dévale dans les bois et se retrouve aux pieds de Zatoichi (Shintaro Katsu) qui se défend quand les deux bandes viennent récupérer leur trophée.

Zatoichi n’était venu dans le village d’Itakura que pour se recueillir sur la tombe d’une connaissance. Mais une révolte de paysans semble couver dans ce bourg. L’argent des impôts a disparu, l’intendant exige que le montant soit versé à nouveau ce qui provoquera une plus grande pauvreté. Le village accuse Chuji, un chef de clan, d’être le complice de ce vol. Zatoichi tente de se défendre et affirme qu’il va éclaircir cette sombre affaire.

Chuji et sa bande se cachent dans une montagne que Zatoichi grimpe tant bien que mal. Il n’emprunte pas la grande route pour ne pas rencontrer Yata, Senroku et Kaji, trois rônins mercenaires engagés par l’intendant et le parrain Monji. Il ne fait guère de doutes que c’est Monji et l’intendant qui ont volé le butin. Leur cruauté est vite démontrée quand ils torturent quatre paysans qui se sont révoltés. Ils veulent en faire des exemples pour mater les villageois.

Mort ou vif traite de l’injustice que font subir les dominants sur leurs sujets, de la corruption des seigneurs et du grand cœur des pauvres. Zatoichi est largement malmené par les deux camps et cela donne une impression de caricature. Ce qui plait plus, ce sont les courtes scènes qui se détachent du récit : une scène de bain avec une jeune femme curieuse, Zatoichi qui se met à jouer du tambour avec un plaisir non feint. Enfin, Shintaro Katsu retrouve son frère Tomisaburô Wakayama (sous le pseudo Jo Kensaburo) qui incarne l’un des trois rônins respectueux du courage de Zatoichi.

La Légende de Zatoichi 6 : Mort ou vif (座頭市千両首, Japon, 1964) Un film de Kazuo Ikehiro avec Shintaro Katsu, Shogo Shimada, Mikiko Tsubouchi, Machiko Hasegawa, Jo Kensaburo, Tatsuya Ishiguro, Hikosaburo Kataoka. 

lundi 14 octobre 2013

I love Maria


Pendant la période de trois ans (septembre 1986 et octobre 1989) où Tsui Hark n’a réalisé (officiellement) aucun film pour se consacrer entièrement à la production au sein de la Film Workshop (une dizaine de films), on trouve I love Maria, parfois appelé Roboforce. A côté des prestigieux Syndicat du crime et Histoires de fantômes chinois, I love Maria fait figure de parent pauvre, comme si Tsui Hark, à l’instar de la Cinema City, cherchait à tourner des films à petit budget pour tester le public cantonais avec un film de robots.

Dans cette bizarrerie de science fiction, où il n’y a guère de science, Tsui Hark incarne Whisky (parce qu’il boit beaucoup dans les bars) et John Sham est Curly (parce qu’il a les cheveux bouclés). Ce dernier est un inventeur d’armes d’assaut qui essaye de vendre ses brevets sans grand succès, vu se tête d’hurluberlu. Ils ne sont pas amis et se rencontrent par hasard dans un bar où chacun est venu se souler pour oublier leur vie médiocre. C’est peu de dire que les deux hommes, également producteurs du film, ne font pas dans la dentelle dans leur interprétation.

Ils vont être confrontés à une bande d’apprentis maîtres du monde menée par Maria (Sally Yeh) et son frère (Ben Lam). Elle tient en otage des savants qu’elle n’hésite pas à tuer en cas de résistance, histoire de bien montrer combien la bande de méchants est impitoyable. Cela permet aussi de placer quelques scènes de violence dans le récit. Ils ont créé un robot géant nommé Pionneer I, de forme vaguement humaine dont chaque morceau est une arme. Le robot attaque Hong Kong laissant la police sans qu’elle ne puisse réagir.

Un deuxième robot, Pioneer II est en court de fabrication. Contrairement au précédent, il a une forme tout à fait humaine, et même féminine puisque que Sally Yeh joue ce robot sexy aux formes évocatrices de la créature de Metropolis de Fritz Lang. Curly reprogramme le robot pour qu’elle leur obéisse. La majorité des gags de I love Maria consiste à donner des ordres à Maria le robot, les deux hommes se disputant les faveurs de la créature de métal dont ils sont tombés amoureux.

Le film a un budget tellement minuscule, que plus de la moitié du film est tourné avec les trois personnages, Curly, Whisky et Maria le robot dans une maison en ruines, sans que l’on sache réellement la raison pour laquelle ils se sont réfugiés là. Les murs composés de briques en carton se détruisent très rapidement sous les corps des deux hommes qui se disputent, Maria traverse les plafonds. Les effets spéciaux, conçus par la Film Worshop et Tsui Hark, sont tous mécaniques (on voit parfois les fils tirer les pièces des robots) ou créés avec un simple montage d’images.

A cela il faut ajouter la présence d’un journaliste photographe interprété par Tony Leung Chiu-wai dans un de ses premiers rôles. Il passe son temps à faire tomber son appareil photo et se trouve bien maladroit. Le maître du gang des méchants est incarné par Lam Ching-ying. Il a la charge des scènes sérieuses d’action (mises en place par Ching Siu-tung) notamment contre Ben Lam devenu mégalomane qui veut prendre sa place. Le film peut parfois faire sourire compte tenu de ses incohérences scénaristiques, ses gags médiocres et ses combats bâclés. La plupart du temps I love Maria demeure un navet assez fastidieux et indigent.

I love Maria (鐵甲無敵瑪利亞, Hong Kong, 1988) Un film de David Chung avec Tsui Hark, John Sham, Sally Yeh, Tony Leung Chiu-wai, Lam Ching-ying, Paul Chun, Ben Lam.

mardi 8 octobre 2013

My lucky star


La malchance s’acharne sur Yip Ku-hung (Miriam Yeung) du soir au matin. Quand son réveil n’oublie pas de sonner, elle confond le dentifrice avec une crème pour la peau, quand elle n’arrive pas en retard au boulot, elle se fait voler ses affaires dans un taxi, quand elle ne se fait pas voler ses clients par sa collègue pimbêche, son patron la drague lourdement en la menaçant de la virer. Depuis toute petite, on la malmène, on profite de sa gentillesse, on ne veut pas être ami avec elle. On la surnomme la « Reine de la malchance ».

Pour contrer cette malchance, Hung est armée. Chaque matin, elle consulte son horoscope, touche des porte-bonheurs, fait des incantations. Rien ne marche vraiment et c’est pour cela qu’elle a décide de consulter le maître du feng-shui, Lai Lui-po (Tony Leung Chiu-wai). Ses livres, que Hung a tous lus, se vendent par milliers, il conseille de riches clientes qui parfois le draguent (Josie Ho qui tente sa chance mais Lai ne saisit pas la perche) et donne des cours de chance. Il est l’homme de la situation.

Problème pour Hung, sa malchance est un héritage. Dans une vie antérieure, que My lucky star montre longuement en ouverture dans une scène en costume, les ancêtres de Hung et Lai s’étaient rencontrés dessinaient les destins de leurs descendants. Trois générations plus tard, ils se retrouvent mais Lai a eu comme conseil de son grand-père de ne jamais faire affaire avec un Yip sous peine de malheur. Hung a beau changer son nom de famille, Lai se rend assez vite compte de sa nature et l’oblige à ne plus revenir le voir.

Elle s’incruste dans sa vie, l’oblige à lui donner des sorts pour l’aider. Le film développe, avec ironie et respect, toute une panoplie des croyances et superstitions issues de la culture populaire à Hong Kong. Voir les signes de la nature (les fleurs des pêchers, les poissons dans l’eau) comme comprendre l’œuvre de l’homme (les bâtiments de Hong Kong en forme d’animaux, les joueurs de mahjong en face d’un Bouddha géant) peut permettre de renverser le destin de Hung, mais toujours en faisant une offrande.

Comme il se doit, My lucky star va se diriger vers une romance entre Hung et Lai. Il éternue chaque fois qu’il la rencontre, signe tangible de sa malchance, elle commence à perdre le sourire. « J’étais malchanceuse mais heureuse, depuis que je vous ai rencontré, je ne suis plus heureuse », dit-elle. La vie amoureuse de Lai n’est pas plus envieuse. Tout à sa tâche, il n’a jamais eu le temps de tomber amoureux ni même de regarder une femme. Hung va le secourir car les opposés s’attirent. Le récit est certes cousu de fil blanc, on devine vite la fin heureuse.

Ce qui amuse le plus dans My lucky star, ce sont les seconds rôles. Vincent Kok est le patron polygame et inconscient de Hung. Les beaux-parents avares et acariâtres sont incarnés par Chapman To qui se rêve en vedette de hip hop cantonais et Teresa Carpio vêtue comme une poupée. Ils ont de leur côté Crab Duen (Ronald Cheng), ennemi de Lai, qui déchaine les fureurs du destin sur Hung. Dans de courtes apparitions de flics venus départager Lai et Duen, on croise Shawn Yue, Alex Fong Lik-sun, Cheung Tat-ming. Une joyeuse comédie du nouvel an lunaire.

My lucky star (行運超人, Hong Kong, 2003) Un film de Vincent Kok avec Tony Leung Chiu-wai, Miriam Yeung, Ronald Cheng, Chapman To, Teresa Carpio, Vincent Kok, Anya, Ken Wong, Ken Cheung, Alex Fong Chung-sun, Sammy Leung, Kitty Yuen, Shawn Yue, Cheung Tat-ming, Rain Li, Lee Lam-yan, Alex Fong Lik-sun, Josie Ho, Steven Fung.

lundi 7 octobre 2013

Blind detective


C’est le grand retour du duo Sammi Cheng et Andy Lau sous la caméra de Johnnie To et Wai Ka-fai (ici uniquement scénariste). Après la timidité maladive dans Needing you, l’obésité dans Love on a diet et la leucémie dans Yesterday once more, le quatuor explore dans Blind detective la cécité  accidentelle de son personnage masculin principal, Johnston incarné par Andy Lau. Ancien policier, il a perdu la vue quatre ans auparavant lors d’une enquête. Depuis, il est chasseur de primes, tentant d’arrêter, avant la police, des personnes criminelles recherchées.

Le film commence ainsi, par une filature de Johnston dans la rue. Il a développé son odorat et suit un homme qui attaque la population à l’acide chlorhydrique. De loin, son ancien partenaire, Szeto Fatbo (Guo Tao) surveille l’affaire. Il a envoyé Ho (Sammi Cheng), une femme policier, acheter de quoi manger pendant la planque mais quand Szeto aperçoit Johnston dans la rue, il la charge de le suivre. Elle va se retrouver avec le chasseur de primes en haut d’un immeuble en train d’empêcher l’attentat d’être commis.

Le film est basé sur leurs relations de travail et n’envisage pas, dans presque toute sa durée, de romance entre Ho et Johnston. Elle l’engage parce qu’elle a entendu parler de lui et qu’elle admire ses résultats. Ho cherche à savoir ce qu’est devenue Minnie, une adolescente qu’elle voyait souvent devant chez elle et qui a disparu du jour au lendemain. Johnston accepte cette affaire en lui faisant passer des tests : elle pourra courir pour poursuivre suspects récalcitrants, elle lui servira de guide en étant ses yeux.

Les méthodes d’investigation de Johnston sont peu orthodoxes, Ho va vite se rendre compte de ses excentricités qui sont autant de gags burlesques. Il ne réfléchit qu’en mangeant fréquentant autant de restaurants qu’il y a d’avancées dans l’enquête qu’il mène. Quand il consulte dossiers que lui confie son ancien partenaire, le premier suspect interrogé se trouve toujours à côté d’un bon restaurant. Il a une passion pour les tripes qu’il mange avec un plaisir sans fin, se léchant les babines avec un grand sourire. Il parle très fort, s’énerve souvent et se montre inflexible dans ses directives.

Johnston initie Ho à ses curieuses reconstitutions des scènes de crime. Il joue tout ce qui a pu se passer, laissant libre court à son imagination débridée. Wai Ka-fai, scénariste ne se prive pas pour faire de ses reconstituions macabres des moments comiques irrésistibles. Pour le détective aveugle, il s’agit de mettre en scène les meurtres. Il connait le début et la fin des situations entre la victime et le suspect, Johnston se charge de recréer le milieu. Chacun prenant un rôle, recevant des coups de marteau sur la tête, étranglant un cou. Les personnages du passé se mettent à discuter avec Ho et Johnston dans des flashbacks imaginaires.

Seulement voilà, Ho est suffisamment maline pour comprendre que le détective aveugle ne l’aide pas vraiment dans la recherche de Minnie. En effet, il profite des yeux et des jambes de la policière pour travailler quelques cas irrésolus (immense second rôle de Lam Suet en joueur dans un casino de Macao que Ho tente d’énerver pour lui tendre un piège mais qui kidnappe Johnston). Chaque fois, Johnston ment allégrement en affirmant que l’enquête en cours a un rapport avec celle de Minnie. Il devra se résoudre à aider Ho.

Les deux protagonistes de Blind detective ont surtout à réconcilier avec leur passé. Ho cherche à retrouver Minnie qui a disparu en 1997. Elle culpabilise de n’avoir pas répondu à son appel tandis qu’elle était dans la rue en train de se taillader le bras. Johnston cherche à rentrer en contact avec Ding-ding (Gao Yuan-yuan) qu’il aimait avant de devenir aveugle, une jeune et belle professeur de danse qu’il regardait avec Szeto quand il faisait une pause pour manger des tripes. Il cherche à rattraper un passé qui se trouvera être une impasse pour lui.

C’est peu de dire que ce nouveau film de Johnnie To est un plaisir de spectateur, que le scénario de Wai Ka-fai et Yau Nai-hoi amène son lot de rebondissements, d’action, et d’humour liant chaque récit du passé avec la situation actuelle de Ho et Johnston. Il est plus accompli que Mad detective, auquel on pense souvent, tout en étant aussi foutraque. Blind detective n’est pas sans défaut et se force un peu à créer une histoire d’amour entre Ho et Johnston dans la toute dernière partie du film, mais en ces temps de disette dans le cinéma de Hong Kong, il est tellement rare de voir un film aussi maîtrisé qu’il serait inconvenant de faire la fine bouche.

Blind detective (盲探, Hong Kong, 2013) Un film de Johnnie To avec Andy Lau, Sammi Cheng, Guo Tao, Gao Yuan-yuan, Lo Hoi-pang, Bonnie Wong, Lam Suet, Patrick Keung, Zi Yi, Lang Yue-ting, Eileen Yeow.

samedi 5 octobre 2013

La Légende de Zatoichi 5 : Voyage sans repos


Zatoichi a le chic pour se mettre dans des situations périlleuses. Il ne cherche pourtant qu’à gagner sa vie. Il joue aux dés mais on veut l’arnaquer, et il sort son sabre. Un homme lui propose un travail, lui paie les repas et le saké, mais trois samouraïs viennent lui chercher des noises et tue son guide. Dans la forêt, une horde de mercenaires est à la recherche d’une jeune fille et interroge Zatoichi (Shintarô Katsu, encore et toujours) sans ménagement. Comme l’indique parfaitement cette cinquième aventure, ça n’est pas un Voyage sans repos.

Il ne peut pas s’en empêcher, il doit toujours venir en aide aux faibles et punir les méchants. Ainsi quand un vieillard, tandis qu’il est en train de mourir, dans cette forêt supplie Zatoichi de protéger Mitsu (Shiho Fujimura), le masseur aveugle se donne comme mission de défendre cette jeune fille. Elle est poursuivie à mort pour avoir planté une aiguille dans le visage d’un homme. Zatoichi n’a pas besoin de demander pourquoi elle a agit ainsi. Il décide d’accompagner cette jeune femme apeurée chez ses parents à Edo.

Elle vaut de l’or. En tout cas, c’est ce que pensent les gens que rencontrent Zatoichi et Mitsu. Hisa (Reiko Fujiwara), l’épouse d’un des trois samouraïs tués et Jingorô (Ryûzô Shimada), un chef de clan, se retrouvent face à eux dans une auberge. Pour gagner de quoi payer sa chambre, Zatoichi propose des massages. Jingorô l’appelle, tout en restant incognito, pour profiter de ses services. Il envisage de le tuer mais notre héros est bien trop malin. Hisa parvient cependant à convaincre que son gardien est malfaisant et quitte l’auberge.

Tout se complique encore plus quand la jeune femme sert d’otage dans un affrontement entre deux clans. Zatoichi avait été engagé pour se battre pour le clan des Doyama. Il demande une forte somme pour accepter. Or, Hisa et Jingorô engagent Tomegoro (Yoshio Yoshida) pour le clan adverse des Shimozuma. L’homme vulgaire et vénal a cette idée d’otage et espère, par-dessus le marché, rouler ses alliés pour avoir la rançon. Le film montre des êtres dépourvus de loyauté et sans vergogne, l’inverse même de la morale de Zatoichi.

Si le masseur a le chic pour tomber au milieu des guerres claniques, il a aussi le génie pour tomber amoureux des jeunes filles tristes. C’est précisément ce qui se passe avec Mitsu. Comme toujours, il regrette de ne pas pouvoir admirer les traits des demoiselles. Il touche par mégarde son visage alors qu’ils se terrent, presque enlacés, pour se cacher. Belle scène pudique et émouvante d’un homme qui ne peut assouvir ses désirs et préfère garder un objet de Mitsu en souvenir et la laisser partir avec un jeune samouraï candide plutôt que de la destiner à une errance de proscrit.

Après deux épisodes réalisés par Tokuzo Tanaka, aux scénarios très alambiqués qui semblaient chercher à prolonger la trilogie initiale tout en lançant de nouvelles pistes, Voyage sans repos marque la première mise en scène de Kimitoshi Yasuda. Tout comme Kenji Misumi, il tournera six épisodes de Zatoichi. Ce qui ravit est la fluidité et la simplicité du récit avec des personnages et des situations à la fois plus marquants et mieux dessinés, le tout avec quelques pointes d’humour pince-sans-rire bien senties.

La Légende de Zatoichi : Voyage sans repos (座頭市喧嘩旅, Japon, 1963) Un film de Kimiyoshi Yasuda avec Shintarô Katsu, Shiho Fujimura, Ryûzô Shimada, Reiko Fujiwara, Matasaburo Niwa, Yoshio Yoshida, Sonosuke Sawamura, Shôsaku Sugiyama, Yutaka Nakamura.

vendredi 4 octobre 2013

La Légende de Zatoichi 4 : Le Fugitif


Dans chaque épisode de Zatoichi, il se trouve un moment où le masseur aveugle doit faire preuve de sa dextérité au sabre. Dans Un nouveau voyage, réalisé comme La Légende de Zatoichi : Le Fugitif, par Tokuzo Tanaka, il devait seulement trancher quatre bougies situées autour de lui. Dans Le Fugitif, Zatoichi est défié par un adversaire qui tranche un bol de saké. Notre héros jette alors un dé dans une bouteille, prend son sabre, tranche à la fois le flacon et le dé, humiliant tous ceux qui se trouvent dans la pièce. Comment un aveugle peut-il être plus adroit qu’un samouraï expérimenté ?

Ces démonstrations ont pour but de montrer la supériorité du masseur aveugle, en l’occurrence, au chef Yagiri ainsi qu’à ses amis banquiers, de révéler le danger qu’il les guette en cas d’attaque. Yagiri a mis à prix la tête de Zatoichi. En ouverture de film, une scène légère et drôle montre un combat de sumo où Zatoichi décide de combattre. Il défait tous les hommes du clan Yagiri, l’un après l’autre. Un affront que le chef de clan ne peut supporter. Il met un jeune yakuza à ses trousses que Zatoichi tue alors qu’il se repose au bord d’une rivière.

Le film est marqué par la présence de trois femmes issues de génération différentes. Le jeune homme inexpérimenté ne faisait pas le poids et Zatoichi va s’excuser auprès de Mika, sa vieille et dynamique mère (« toujours aussi énergique », disent les clients du restaurant où elle travaille). Mika est la mère de lait de Sakichi, le nouveau chef du territoire. Sakichi est pris en tenaille entre sa volonté de faire rayer la paix au village et les relents guerriers de Yagiri. Ce dernier considère le jeune homme comme un faible et ne va pas tarder à chercher à le manipuler.

Sakichi est amoureux de Nobu, la fille adoptive de l’aubergiste. Cet amour est réciproque mais contrarié par les rapports de classe. De plus, l’aubergiste alimente une rancœur à l’égard de Sakichi pour avoir fait transformer sa salle de jeux florissante en auberge qui rapporte moins d’argent, l’un des thèmes du film. Zatoichi va prendre sous son aile ce couple. Il s’agit de protéger Sakichi qui est menacé de mort par l’aubergiste et de contrer le projet de mariage d’argent de Nobu avec un banquier. Cette histoire d’amour contrarié entre Nobu et Sakichi renvoie à celle qu’a vécue Zatoichi.

Tane, la femme qui avait failli chavirer son cœur dans Zatoichi le masseur aveugle réside dans l’hôtel. Elle a quitté le charpentier qu’elle avait épousé pour se marier à Tanakura, un samouraï dégingandé. Quand il n’est pas avachi à boire du saké, il traque Zatoichi. C’est lui qui lançait la démonstration d’adresse évoquée plus haut. Tanakura est fier d’avoir la mission de tuer un homme aussi vaillant. Pour la première fois, le combat est long (un bon quart d’heure) où Zatoichi affronte tous ses ennemis, repart en dansant le sourire aux lèvres jusqu’au plan final où on le découvre plus sombre et triste que jamais de son sort de proscrit.

La Légende de Zatoichi : Le Fugitif (座頭市兇状旅, Japon, 1963) Un film de Tokuzo Tanaka avec Shintarô Katsu, Miwa Takada, Masayo Banri, Tôru Abe, Junichirô Narita, Katsuhiko Kobayashi, Sanemon Arashi, Yûji Hamada, Jutarô Hojo, Sumao Ishihara.

jeudi 3 octobre 2013

Sorties à Hong Kong (octobre 2013) Out of Inferno


Out of Inferno (逃出生天, Hong Kong, 2013) Un film d’Oxide Pang et Danny Pang avec Louis Koo, Lau Ching-wan, Angelica Lee, Wang Xue-qi, Gillian Chung, Wang Bao-qiang, Jackie Xu, Chen Sicheng, Eddie Cheung, Natalie Tong, Jin Qiao-qiao, Hui Siu-hung, Sun Hong-lei, Terence Tsui. 107 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 3 octobre 2013.





mardi 1 octobre 2013

Conspirators


Les vieilles histoires de famille recèlent parfois des secrets qu’il fallait laisser enfouis. C’est ce que va découvrir Chan Tam (Aaron Kwok), détective privé en Thaïlande qui part en Malaisie à la recherche de la vérité. Depuis trente ans, il ne sait pas comment son morts ses parents et encore moins qui les a tués. Oxide Pang, qui abuse encore et toujours des mêmes filtres jaunes et verts, poursuit sa franchise autour de ce détective lancée en 2007. J’avoue ne pas avoir ni Detective ni Detective 2.

Le début de Conspirators est plutôt stimulant, Tam se rend compte qu’en Malaisie personne ne veut lui donner le moindre renseignement. Il va discuter avec un propriétaire de discothèque, Chai (Chen Kuan-tai) qui reconnait les parents de Tam, désigne sur une autre photo un certain Pang. Il reste évasif sur la mort des parents. Il conseille surtout au détective de rentrer chez lui. Tam apprend d’ailleurs qu’on est entré par effraction dans son bureau, que tout a été chamboulé et qu’on lui a volé des objets.

Stimulant parce que le spectateur est dans la même situation que Tam, qu’il avance à l’aveugle dans cette enquête sur la fin des parents du détective. Stimulant aussi parce que Tam engage un détective, Zheng Fong-hei (Nick Cheung). Zheng (qui porte le même nom qu’un personnage du film He never gives up, comme il fait remarquer lui-même) se prétend la bonne personne pour cette enquête alors qu’il n’a jamais fait que travailler sur des cas de dettes ou d’adultère. Zheng est un expert en arts martiaux et pourra le défendre.

Le duo fonctionne bien. Nick Cheung, qui porte les cheveux mi-longs, déploie un comique léger face à Aaron Kwok, très sérieux. Zheng Fong-hei reçoit son pair dans un bureau encombré de toutes sortes d’objets, il sort sa calculette pour compter ses honoraires, trop content d’avoir une si belle affaire. Du moins le pense-t-il, car dès que les deux hommes commencent à aller interroger les éventuels témoins, les embuches se mettent à pleuvoir sur leur chemin. Le macguffin du film est une bande sonore et un film qui révéleraient tout.

Et c’est là que le film se gâte. Conspirators est un jeu de pistes où les indices sont donnés régulièrement mais Oxide Pang s’acharne à produire un retournement de situation à espace régulier pour augmenter le suspense du film. Tam et Zheng rencontrent un témoin, il fait une révélation et, paf, il est tué par celui qui ne veut pas que Tam remonte jusqu’à lui. Entre chaque mort, on a droit de longs dialogues explicatifs et à des interrogations sur un musique tonitruante. Pour épicer le tout, Zheng donne quelques coups de tatanes dans une chorégraphie trop hachée.

Le passé difficile de Tam est connu. Le film nous montre la mort au ralenti de ses parents dans un flash-back inutile et racoleur. Pour faire bonne mesure, on apprend que Zheng Fong-hei a lui aussi des problèmes avec la bande de Pang. Son frère jumeau (joué par lui-même) mais avec les cheveux courts, est en prison à cause de Pang et Zheng va chercher à le venger. A cela il faut ajouter Zi-wei, la fille adoptive de Chai, pour qui Tam se prend de sympathie. Le finale est composé d’une grosse scène de tabassage puis d’une interminable conclusion en forme de happy end d’autant plus écœurant que le début était prometteur.

Conspirators (同謀, Hong Kong, 2013) Un film d’Oxide Pang avec Aaron Kwok, Nick Cheung, Jiang Yi-yan, Li Chen-hao, Chen Kuan-tai.