mardi 30 août 2011

Punished


Tandis que Johnnie To et Wai Ka-fai tournent leurs films à l’attention du public chinois (Don’t go breaking my heart, comédie romantique sortie fin mars et Life without principle, sélectionné à Venise 2011 pour To en solo), la compagnie Milkyway Image continue d’exister et de filmer ses petites polars que l’on connait. Law Wing-cheong, fidèle assistant réalisateur de Johnnie To tente de prolonger l’image de marque du producteur avec un film de vengeance.

L’homme qui cherche à se venger est Monsieur Wong (Anthony Wong), homme d’affaires un peu tyrannique avec sa famille. La mère de ses deux enfants et décédée et il s’est remariée avec Maggie Cheung Ho-yee (on ne saura jamais le prénom de sa deuxième épouse). C’est une épouse dévouée (c’est sans doute pour cela qu’on ne l’appelle pas, elle vient directement) qui essaye de bien s’entendre avec les enfants de Wong. Soit le plus jeune qui doit rentrer au lycée. Le père voudrait qu’il devienne médecin, l’ado veut être musicien.

Le nœud central de la famille est Daisy (Janice Man), l’adolescente rebelle qui contredit tout le monde, qui n’écoute aucun conseil et qui rêve de partir voir un lac salé en Bolivie. Ses lubies rendent fou son père qui continue pourtant de lui donner de l’argent. Elle fonce dans sa voiture de sport pour semer Amy (Candy Lo) ou Chor (Richie Ren), les deux employés de Monsieur Wong engagés pour surveiller sa fille. Le jour de l’anniversaire de la femme de Wong, Daisy disparait. Plus tard, un coup de téléphone demandera 50 millions de HK$ de rançon.

Très tôt dans Punished, on apprend que Daisy est morte. Cette révélation initiale où Chor et Wong déterre son cadavre et la découvre un sac de plastic sur la tête va emmener la vengeance. Wong demande à Chor de retrouver les coupables et, à la manière de Rashomon, chaque complice que Chor parvient à attraper raconte sa vision de l’histoire, donne son point de vue sur l’enlèvement et place une pièce du puzzle. L’idée de ce récit en flash-backs est de ménager un suspense à grands coups de rebondissements. Chaque complice donne le nom d’une autre personne que Chor va devoir retrouver.

Tandis que les recherches de Chor se poursuivent, souvent avec violence et deux ou trois gentils effets gore, Wong commence à culpabiliser. Il avait d’abord cru que sa fille avait feint son enlèvement. Il force un de ses employés à faire un sale boulot (chasser des pauvres d’un terrain sur lequel Wong veut construire un supermarché) puis décide d’y renoncer, mais l’employé trop fier continue sa bataille et décède. Puis enfin, l’affrontement avec son fils au sujet de ses choix de vie future. Ce changement de comportement, bien que magnifié par Anthony Wong, alourdit un peu Punished et ne lui donne pas le statut de grand film de la Milkyway.

Punished (報應, Hong Kong, 2011) Un film de Law Wing-cheong avec Anthony Wong, Richie Ren, Maggie Cheung Ho-yee, Janice Man, Lam Li, Candy Lo, Charlie Cho, Jun Kung.

samedi 27 août 2011

Mon voisin Totoro


Il y a mignon et mignon. Finalement, en quoi cette espèce gros monstre à l’énorme bouche remplie de dents menaçantes, aux yeux ronds écarquillés et aux griffes acérées est-il mignon ? Totoro, devenu depuis le logo du studio Ghibli, est donc vu comme une peluche mignonne et sympathique alors qu’il est plutôt monstrueux. Mais sa forme ronde qui l’assimile à un nounours, ses yeux et ses moustaches qui le rapprochent d’un chat, tout comme ses oreilles rappellent celles d’un lapin. Bref que des animaux mignons pour composer ce gros patapouf de Totoro que les deux enfants Mei et Satsuki vont adopter.

Pourtant Mon voisin Totoro commence comme un film horrifique, de ce genre où une famille emménage dans une nouvelle maison qui s’avère être hantée. En tout cas, le petit voisin d’à coté, Kanta le pense et n’oserait pas s’y aventurer. Les deux fillettes n’ont pas peur des noiraudes, ces boulettes de suie qui parcourent la maison à la recherche de tranquillité. Grand-mère (celle de Kanta en fait, une vieille voisine) sait que seuls les enfants peuvent voir ces « fantômes », ces apparitions. Tout comme le père des fillettes, elle croit les enfants qui voient les êtres venus d’ailleurs. C’est l’un des fondements du cinéma de Hayao Miyazaki, l’imaginaire est l’œuvre des enfants, pas des adultes. Si Mei et Satsuki n’ont pas peur des noiraudes, ni de pénétrer dans un tunnel, c’est parce qu’elles sont déjà confronter dans leur vie réelle à la maladie de leur maman qui est à l’hôpital et à l’idée de sa mort.

C’est le point de vue de Mei, la plus jeune des deux gamines, qui est adopté pendant tout le monde. Elle ne sait pas encore lire ni écrire mais elle n’a pas encore peur. Le spectateur rentre par son regard dans son univers. Totoro n’entre en scène qu’au bout d’une demi-heure de film. Auparavant, Mei aura eu le temps d’explorer les labyrinthes qui mènent à la cachette de Totoro. Elle rencontre deux mini Totoro et les suit. Ils ne savent pas à qui ils ont affaire et craignent, forcément, les humains. Mais la petite fille suit la piste des glands laissés là à son intention. Elle entre dans un monde secret que la musique de Joe Hisaishi rend magique. Totoro et ses comparses vivent au creux d’un chêne géant dans la forêt (Hayao Miyazaki élabore son message écologique en douceur et subtilité). Puis Mei entraine sa grande sœur dans ses aventures nocturnes. Plus tard ce sera la rencontre avec le chat-bus, un austre monstre géant qui parcoure des la campagne pour prendre quelques voyageurs.

La maman de Mei lui manque beaucoup et un jour elle décide d’aller la retrouver à l’hôpital. Mais Mei se perd. Stasuki ira chercher Totoro pour la retrouver à bord du chat-bus. La réalité des angoisses prend le pas sur la magie. Satsuki parcourt d’abord la campagne pour retrouver sa sœur égarée. Là aussi l’idée du labyrinthe opère l’idée du film horrifique. La nuit commence à tomber, la plaine est grande, quadrillée par les rizières. Mais qu’importe au chat-bus, il les traverse de part et d’autre pour poser les fillettes dans un arbre qui jouxte la chambre de la maman. Mon voisin Totoro est loin de n’être qu’un conte pour enfants, au contraire il invoque les peurs primales, la solitude et l’angoisse de la mort. Tout cela fait peut-être beaucoup pour une petite fille mais c’est le chemin pour grandir.

Mon voisin Totoro (となりのトトロ, Japon, 1988) Un film de Hayao Miyazaki avec les voix de Shigesato Itoi, Hitoshi Takagi, Masashi Hirose, Toshiyuki Amagasa, Shigeru Chiba, Naoki Tatsuta, Tomohiro Nishimura, Daiki Nakamura, Noriko Hidaka, Chika Sakamoto, Sumi Shimamoto, TaNie Kitabayashi, Yuko Maruyama, Machiko Washio, Reiko Suzuki, Tarako, Chie Kojiro, Yuko Mizutani, Akiko Hiramatsu, Ikue Ootani.

jeudi 25 août 2011

Sorties à Hong Kong (août 2011)

Summer love love (戀夏戀夏戀戀下, Hong Kong – Chine, 2011)
Un film de Willson Chin avec Alex Fong Lik-sun, Owodog, Terence Siufay, Elanne Kong, Carol Yeung, Zhang Xinyu, Liu Yuqi, Benz Hui, Miriam Yeung, Eric Tsang, Ekin Cheng, Sam Lee, Andy Hui, Dicky Cheung, Timmy Hung, Cheung Tat-ming, Tin Kai-man. 96 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 25 août 2011.


mardi 23 août 2011

Le Colosse de Hong Kong


Comme Super Inframan déjà avec Danny Lee, Le Colosse de Hong Kong est un sacré bon film de la Shaw Brothers. Tourné dans la foulée du revival King Kong (John Guillermin venait d’en faire une nouvelle version avec Jeff Bridges), c’est un genre tout nouveau qu’aborde la compagnie hongkongaise. C’est évidemment très raté et nanardesque comme le décrit très bien le site nanarland et cela est d’abord dû à un budget restreint comme souvent à la Shaw Brothers. Le moyen le plus simple pour parler de ce film, c’est d’en décrire par le menu sur un ton entre l’ironie et le sarcasme. Cela permet d’expliquer à la fois le côté navrant mais rigolo du Colosse de Hong Kong.

Alors oui, King Wong le colosse qui terrorise les villageois n’est pas un vrai singe géant. Il y a un bonhomme dans le costume de poils. Des sauvages en Inde (mais tous joués par des figurants de Hong Kong) sont effrayés par cet animal monstrueux qui vient détruire leurs maisons. Pourquoi ? Il n’est pas donné de raison. Contrairement à Godzilla, le nucléaire (et son danger du coup) n’est pas en cause. Quand King Wong brise les cabanes, ce sont des maquettes. On le voit, c’est amusant. Quand le gorille géant s’approche en poussant ses horribles cris, la superposition des deux images (au premier plan les villageois, au fond le gorille) donne une image bâclée. Plus tard, des éléphants en furie viendront charger l’expédition menée par Zhengjeng (Danny Lee) et son équipe avec les mêmes effets de surimpression. Cet effet spécial classique est ici très mal fichu comme si les images du fond étaient bien pâles et délavées. Le comble du ratage est atteint quand King Wong attaque Hong Kong. Là aussi des maquettes (notamment de voitures, d’hélicoptères ou de chars d’assaut) seront utilisées. Bien entendu, la peur censée être provoquée par King Wong n’est pas au rendez-vous.

Le film décrit un combat entre King Wong et Zhengjeng. Ce dernier est un scientifique qu’une triste aventure conjugale (sa fiancée couche aussi avec son frère) a rendu particulièrement amer avec la vie. Il s’est mis à boire mais quand Lu Tien (Ku Feng) a eu écho qu’un gorille géant existait en Inde, il convainc Zhengjeng d’aller le capturer. Lu Tien pense qu’il va pouvoir se faire un paquet de fric en ramenant King Wong à Hong Kong (il n’a sans doute jamais entendu parler des aventures de King Kong). Mais peu importe. Notre héros part en Inde, traverse des rivières dans des carrioles tirées par des bœufs, manque de se faire écraser par une horde furieuse d’éléphants et se fait attaquer par un tigre. Et là, il est sauvé par Wei (Evelyne Kraft), une sculpturale blonde qui a l’immense pouvoir de communiquer avec les animaux de la jungle. Le courant va vite passer entre eux. Wei va raconter comment elle a atterri là (c’est le bon terme puisqu’enfant, elle était dans un avion qui a crashé). C’est King Wong qui l’a élevée et, forcément, le gorille est un peu jaloux de sa relation amoureuse naissante avec Zhengjeng.

Comment ne pas tomber amoureux d’une si belle femme aux longs cheveux blonds, vêtue de peau de bête et dont le soutien-gorge n’a pas de bretelle sur l’épaule gauche ? L’érotisme (soft, très soft) était à la mode dans ce milieu des années 1970. On ne verra jamais la poitrine d’Evelyne Kraft (qui tournera la même année un autre film pour la Shaw Brothers, Deadly angels, un pastiche de la série Drôles de dames), tout juste fugacement quand Lu Tien tente d’abuser d’elle. En revanche, sa peau est filmée sous toutes les coutures, essentiellement en gros plan. La scène la plus chaude du Colosse de Hong Kong est celle où elle se fait mordre par un serpent. Puis, Zhengjeng suce sa cuisse pour aspirer le venin. Une fois King Wong capturé et embarqué sur un cargo pour Hong Kong, Zhengjeng demande à Wei de se vêtir de vêtements occidentaux (une robe quoi) mais jamais elle ne le fera. Une fois arrivée dans l’archipel, elle garde ses peaux de bêtes et se promènera partout en ville dans sa courte tenue. Puis, c’est l’ex fiancée de Zhengjeng (celle qui l’avait trompé avec le frérot) qui va tenter de s’accaparer le héros. Wei en sera jalouse quand elle les verra s’embrasser à la TVB (la chaine de télé de la Shaw Brothers, un peu de pub gratuite ne fait pas de mal). Le scénario va suivre celui de King Kong et le gorille géant va grimper sur le plus haut gratte-ciel de Hong Kong dans un final où toutes les maquettes vont exploser et prendre feu.

Le Colosse de Hong Kong (The Mighty Peking man, 猩猩王, Hong Kong, 1977) Un film de Ho Meng-hua avec Danny Lee, Evelyn Kraft, Ku Feng, Lam Wai-tiu, Siu Yiu, Chen Ping, Norman Chu, Ng Hong-sang.

vendredi 19 août 2011

2002


L’équipe 2002 de la police de Hong Kong a pour mission de chasser les fantômes qui viennent hanter la ville. Enfin, équipe, il faut le dire vite puisqu’ils ne sont que deux. Sam (Sam Lee) et Yau (Nicholas Tse) forment un duo efficace qui ne se laisse pas distraire par les événements paranormaux qui devraient les effrayer. L’ouverture de 2002 montre une police débordée face au calme de Yau quand une antenne parabolique vient s’écraser à côté de lui sans qu’il ne bouge un cil. Leurs armes sont des capsules qui permettent de voir les fantômes et un révolver qui les envoient dans l’au-delà. Or ce flingue ne peut être utilisé que par un humain vivant. Car Sam est un flic fantôme mort depuis quelques années sous les balles de Yau lors d’une mission dangereuse quand ils n’étaient que de simples flics.

Yau est persuadé d’être un oiseau de malheur et de causer la mort de ses proches. A part Sam, il n’a aucun ami vivant si ce n’est Papa Chan (Law Kar-ying) un commerçant de colifichets pour les funérailles. Un drôle de bonhomme qui troque sa tenue traditionnelle pour un costume occidentale et une perruque selon ce que veulent ses clients. Papa Chan apporte l’élément comique du film, il est toujours en décalage par rapport à la situation. Mais c’est également lui qui annonce à Yau que la verrue qu’il a dans la main est un signe de malheur, que c’est à cause de cette verrue qu’il voir les fantômes et qu’il cause la mort de ses proches. Yau reste célibataire et pourtant Danielle (Danielle Graham), la jeune femme qu’il croise chaque jour dans le bus, lui plait beaucoup.

Voici donc l’élément romantique de 2002. Yau ne veut pas succomber au charme de Danielle, infirmière, mais elle tente sa chance en feignant d’avoir oublié son argent pour le bus. Elle lui demande une pièce de 5 HK$, elle devra le rembourser et le revoir. La maladresse amoureuse de Yau est touchante et l’histoire de cette pièce être leur moyen de communication tout au long du film. Elle travaille à l’hôpital et Yau s’y rend régulièrement suivant les conseils d’une grand-mère fantôme qui demande à ce qu’il s’occupe de sa petite fille dans le coma. Rain (Rain Li) est un légume mais Fung (Stephen Fung), le nouveau collègue de Yau va tomber amoureux d’elle et se charger de faire de sa chambre un lieu plus accueillant.

Fung remplace Sam qui est allé rejoindre les cieux. Fung est un simple agent de police mais voit lui aussi les fantômes. Le film se dirige vers le buddy movie où les deux hommes doivent apprendre à se connaitre. Ils font équipe et, comme le précise bien Yau, ils ne sont pas amis. Fung s’installe pourtant chez Yau et lui prépare de bons petits plats qu’il lui fait manger avec ses baguettes. Ils commencent à faire tout ensemble mais leurs flirts sont là pour nous rappeler que leur relation n’est axée que sur le travail. Deux gros dilemmes se posent à eux. Le premier est que Fung est paralysé de peur dès qu’il voit un fantôme. Il va devoir surpasser cette angoisse. Le deuxième est cette malédiction de Yau sur la mort future de son collègue (qui petit à petit devient son ami) qui l’empêche d’agir correctement.

Mais on n’est d’abord dans un film d’action et nos jeunes acteurs doivent faire quelques combats contre le méchant fantôme (Alex Fong Lik-sun) qui cherche à se venger de la disparition de sa copine fantôme (Anya). On se bat donc, on vole dans les airs, puis on nage dans la piscine car le méchant tire sa force de l’eau. Dans le même temps, Yau est tombé dans le coma et Danielle tente de le réveiller. Le film se dirige vers un final relativement convenu qui ne reprend plus l’humour vu jusqu'à lors, si ce n’est avec l’arrivée dans l’action de Papa Chan. 2002 demeure un film très agréable à regarder qui parvient à harmoniser les genres.

2002 (Hong Kong, 2001) Un film de Wildon Yip avec Nicholas Tse, Stephen Fung, Law Kar-ying, Rain Li, Sam Lee, Danielle Graham, Alex Fong Lik-sun, Anya, Lee Lik-chi, Hau Woon-ling, Vincent Kok, Joe Lee.

jeudi 18 août 2011

Sorties à Hong Kong (août 2011)


Overheard 2 (竊聽風雲2, Hong Kong – Chine, 2011)
Un film de Felix Chong et Alan Mak avec Lau Ching-wan, Louis Koo, Daniel Wu, Michelle Ye, Alex Fong Chung-sun, Chrystal Huang, Kenneth Tsang. 121 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 18 août 2011.







jeudi 11 août 2011

Sorties à Hong Kong (août 2011)

The Fortune buddies (勁抽福祿壽, Hong Kong, 2011)
Un film de Zhong Qing avec Fiona Sit, Wong Cho-nam, Lee Sze-chit, Maggie Cheung Hoh-yee, Fala Chen, Michael Tse, Bosco Wong, Louis Yuen, Eric Tsang, Lam Suet, Pauline Wong, Siu Yam-yam, Samantha Ko, Michelle Lo, Stephen Fung. 93 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie à Hong Kong : 11 août 2011.







mardi 9 août 2011

A Chinese ghost story


Un remake donc. D’un classique, qui plus est. Comme à Hollywood, l’industrie va-t-elle se mettre à tourner de nouvelles versions des ses anciens succès des années 1980. Le film de Ching Siu-tung a 25 ans déjà, les effets spéciaux ont bien changé depuis et surtout, il existe un nouveau public pour ces films fantastiques qui explorent les légendes chinoises : la Chine continentale toute entière. A Chinese ghost story a été fait pour ce public avide de divertissement apolitique. Wilson Yip a donné des gages de bonne conduite au Bureau du Cinéma de Pékin avec Ip Man 2, film à la gloire d’un certain patriotisme chinois.

Les moines taoïstes, Thunder (Fan Siu-wong) et Yin (Louis Koo) en tête, passent leur temps à traquer les démons qui pullulent sur terre. Il est impossible qu’un humain aime un fantôme dit Thunder à Yin quand ce dernier tombe amoureux de la belle Siu Sin (Liu Yi-fei), aux traits si gracieux et si fins. Comment ne pourraient-ils pas tomber amoureux tous les deux. Mais c’est sans compter sur leurs chefs qui engagent un combat sans merci pour séparer les deux amants au-delà de la vie et de la mort. Dans ce combat Thunder perd un bras dans sa bataille contre Muk Kee (Kara Hui). Il la vainc mais Yin doit s’exiler et oublier Siu Sin.

Bien des années ont passées quand le jeune fonctionnaire Ning Choi-shan (Yu Siu-kwan, bien éloigné du charisme de Leslie Cheung dont il reprend le rôle) arrive dans un village où l’eau s’est faite rare. L’œuvre des démons. Le chef (Elvis Tsui) le prend pour un démon et veut le sacrifier. Il va les convaincre qu’il peut trouver de l’eau et aller au temple. Sur son chemin, il voit un jeune renard qui est Siu Sin réincarnée. La gentillesse de Ning va faire que Siu Sin tombe amoureuse de lui. C’est sans compter sur le venue de Yin. Ce qui change dans cette version est le triangle amoureux qui se crée autour de Siu Sin. Les deux hommes l’aiment. Ning a du mal à croire Yin quand il lui affirme qu’elle est un fantôme. Mais la méchanceté de Meek dans un maquillage outrancier lui fera vite prendre conscience de son erreur. Kara Hui est assez formidable dans son rôle de super méchante, elle cabotine mais sait s’arrêter quand il le faut pour ne pas tomber dans le ridicule.

Cette guerre amoureuse va se dérouler essentiellement dans le temple. Wilson Yip veut renouer avec l’aspect visuel qui faisait le charme d'Histoires de fantômes chinois de Ching Siu-tung et Tsui Hark. Il y parvient parfois en n’intégrant pas autant d’effets spéciaux qu’on l’aurait craint. On retrouve la lumière bleutée, les personnages qui traversent l’écran de long en large en défiant les lois de la gravitation et, cela est essentiel, le soupçon de sensualité que le spectateur est en droit d’attendre devant les aventures du puceau Ning qui découvre la sexualité en même temps que l’amour. Au fur et à mesure du récit, on se prend à comparer les deux films, on constate que A Chinese ghost story version 2011 n’est pas raté mais qu’il ne servait à rien de le faire. Ce remake est cependant moins stupide que A woman a gun and a noodle shop de Zhang Yimou, remake de Blood simple. Le final de A Chinese ghost story promet une suite.

A Chinese ghost story (倩女幽魂, Hong Kong – Chine, 2011) Un film de Wilson Yip avec Louis Koo, Liu Yi-fei, Yu Siu-kwan, Kara Hui, Gong Xinliang, Fan Siu-wong, Wang Danyi Li, Lin Peng, Elvis Tsui, Li Jing.

Filmographie : Wilson Yip


Wilson Yip, 葉偉信
01:00 a.m. (夜半一點鐘, 1995) Sortie à Hong Kong le 2 juin 1995.
Daze raper (迷姦犯, 1995) Sortie à Hong Kong le 22 novembre 1995.
Mongkok story (旺角風雲, 1996) Sortie à Hong Kong le 7 septembre 1996.
Midnight zone (迴轉壽屍, 1997) Sortie à Hong Kong le 12 avril 1997.
Teaching sucks! (誤人子弟, 1997) Sortie à Hong Kong le 25 octobre 1997.
Bio zombie (生化壽屍, 1998) Sortie à Hong Kong le 16 juin 1998.
Bullets over summer (爆裂刑警, 1999) Sortie à Hong Kong le 5 août 1999.
Juliet in love (朱麗葉與梁山伯, 2000) Sortie à Hong Kong le 2 mars 2000.
Skyline cruisers (偷次世, 2000) Sortie à Hong Kong le 24 novembre 2000.
2002 (2001) Sortie à Hong Kong le 15 décembre 2001.
United we stand, and swim (4X100 水著份子, 2001) Réalisé avec Matt Chow.
Dry wood fierce fire (乾柴烈火, 2002) Sortie à Hong Kong le 19 avril 2002.
The Mummy, aged 19 (五個嚇鬼的少年, 2002) Sortie à Hong Kong le 2 novembre 2002.
Leaving me loving you (大城小事, 2004) Sortie à Hong Kong le 12 février 2004.
Dragon blanc (The White dragon, 小白龍情海翻波, 2004) Sortie à Hong Kong le 28 octobre 2004.
SPL (殺破狼, 2005) Sortie à Hong Kong le 18 novembre 2005.
Dragon Tiger Gate (龍虎門, 2006) Sortie à Hong Kong le 27 juillet 2006.
Flash point (導火線, 2007) Sortie à Hong Kong le 26 juillet 2007.
Ip Man (葉問, 2008) Sortie à Hong Kong le 19 décembre 2008.
Ip Man 2 Legend of the Grandmaster (葉問2, 2010) Sortie à Hong Kong le 29 avril 2010.
A Chinese ghost story (倩女幽魂, 2011) Sortie à Hong Kong le 22 avril 2011.
Magic to win (開心魔法, 2011) Sortie à Hong Kong le 1er décembre 2011.

lundi 8 août 2011

Sleazy dizzy


Pour son avant dernier film, Chu Yuan, l’ancien grand cinéaste phare de la Show Brothers, tourne une comédie policière avec Chen Kuan-tai (acteur de la Shaw lui aussi) qui fait équipe avec Stephen Chow. Avant de faire équipe, le duo de Sleazy dizzy va devoir se rencontrer. Cela se fera dans l’appartement de Lin (Sibelle Hu) qui est agressée dans la rue par quatre hommes en costumes. Chen (Chen Kuan-tai) vient la secourir. Il est devenu amnésique après une opération policière ratée où il s’apprêtait à arrêter un ponte des triades. Elle le fait monter chez elle. Tandis qu’elle s’apprête à prendre une douche, Xing (Stephen Chow) pénètre dans l’appartement de la jeune femme pour la cambrioler.

Tout le film va tenir sur ce trio de personnages qui ne se connaissaient pas et qui vont devoir lutter contre les ennemis tapis derrière leurs fonctions. En l’occurrence, le premier à vouloir se débarrasser d’eux est Li (Alex Fong Chung-sun), un homme d’affaires que connait très bien Lin. Il faut dire qu’il y a 50 millions de HK$ en jeu, somme rondelette que Chen a caché avant de devenir amnésique. Le deuxième ennemi est une femme, elle mettra plus de temps à se révéler. Chen trouve son nom et son adresse dans une de ses poches. Il est persuadé qu’elle est son épouse, en fait c’est une tueuse à gages vietnamienne. C’est lors d’une discussion pleine de sous entendus (et aussi un peu de racisme primaire) qu’on apprend qu’elle est là pour abattre Chen.

Sleazy dizzy est typique de ces films policiers des années 1980 où la corruption règne en maîtresse absolue. Thème rebattue mais qui devait encore faire illusion à cette époque de grande peur avant la rétrocession. Le récit est construit sur un mode bien connu du coup de théâtre mais il est très facile de deviner qui est le grand patron qui donne ses ordres à Li et à la tueuse vietnamienne. Enfin, Stephen Chow dans ses premiers films ne s’est pas encore affirmé totalement. Son humour tel que je l’aime pointe à quelques moments, surtout dans les scènes qu’il partage avec Chen Kuan-tai, comme celle où il tente de braquer une voiture et qu’il le rejoint dans la rue en peignoir et que le policier qui les surprend les prend pour un couple gay qui se dispute. Certes, Stephen Chow fait parfois le show, il fait sourire, mais le film reste assez peu intéressant.

Sleazy dizzy (偷亞), Hong Kong, 1990) Un film de Chu Yuan avec Stephen Chow, Chen Kuan-tai, Sibelle Hu, Alex Fong Chung-sun, Josephine Koo, Kenneth Tsang, Ricky Ho.

vendredi 5 août 2011

Le Cri de la hyène


La photo qui illustre ce texte est une capture d’écran du Cri de la hyène, suite de La Hyène intrépide. Depuis sa première réalisation, Jackie Chan a largement progressé, il a peu à peu abandonné le cinéma de kung-fu pour se lancer dans la comédie d’action. En 1983, Lo Wei – en tant que producteur – sort Le Cri de la hyène en mettant Jackie Chan en tête d’affiche. Seulement voilà, la star s’était fâché avec Lo Wei, il avait quitté le tournage. Cela n’a pas empêché ce vieux tâcheron de continuer son film en faisant jouer Jackie Chan par un autre acteur grimé (il porte une moustache ou une barbe, un chapeau ou une perruque). Que Jackie ne ressemble plus en 1983 à ce qu’il était en 1977 n’est même pas un problème pour le producteur.

Faire jouer un seul personnage par deux acteurs, pourquoi pas. Le sosie réussit à peu près à se battre. Il imite la gestuelle si particulière de Jackie Chan, sa manière de se déplacer, la façon dont il bouge dans un angle à 90° son visage plus vite que ses cheveux (son personnage a des cheveux longs), l’arcage exagéré de ses jambes. On le sait tous, Jackie Chan c’est d’abord un physique reconnaissable entre tous. Mais comme l’avait Ng See-yuen dans Le Jeu de la mort 2 avec Bruce Lee, Lo Wei utilise des morceaux d’anciens films de Jackie Chan pour palier son absence. On le voit pécher les grenouilles et une anguille dans L'Intrépide. Pire que cela, le combat final entre le super méchant (Yen Shi-kwan) et Jackie est celui de La Hyène intrépide avec comme modification au montage la suppression des dialogues entre les deux hommes et l’ajout du personnage de Tung le paresseux (Austin Wai) qui, comble du foutage de gueule, est celui qui met fin aux jours du méchant.

Car l’autre moyen pour faire du Cri de la hyène un long métrage à durée classique est d’y introduire un deuxième personnage. Ce sera Tung que l’on découvre chez lui, couché dans son lit, tirant sur des leviers pour faire venir les objets à lui (bouffe, pot de chambre, etc) sans avoir à bouger le petit doigt. C’est un paresseux et la scène assez drôle rappelle Noiret dans Alexandre le bienheureux. Il se lie avec Grenouille (Hon Gwok-choi), un trompe la faim, qui a des dettes et qui trouve refuge dans la maison de Tung. Ils vont former un duo comique qui repose sur leur opposition physique (l’un grand et beau gosse, l’autre nerveux et vilain). Le souci dans ce film est que Lo Wei galère pour trouver un scénario pour que Jackie et Tung se rencontrent enfin. Le récit est rempli d’incohérences encore plus mis en avant par le festival de faux raccords. On se croirait dans un navet de Godfrey Ho.

A vrai dire, raconter l’histoire du Cri de la hyène n’est pas nécessaire. Décrire les personnages vaut tout récit. Ainsi les deux supers méchants qui cherchent à éliminer les pères de Jackie et Tung sont affublés de grandes capes rouge et bleu et leur rire sardonique prévient tout le monde qu’ils sont d’affreux jojos. Ils sont accompagnés de quatre gardes vêtus d’uniforme doré qui accentuent le côté ridicule du film. Je ne précise pas qu’on n’y croit pas du tout. Jackie Chan avait choisi de ne pas inclure de personnage féminin dans La Hyène intrépide. Lo Wei introduit une protagoniste (Pearl Lin) qui ne sert à rien sinon montrer une femme. Et je finirais avec la scène entre Dean Shek et Jackie où ce dernier se fait moquer de son physique par le premier. J’ignore si les dialogues ont été faits après le départ de l’acteur, telle une vengeance pour le ridiculiser, mais ça en a tout l’air.

Le Cri de la hyène (The Fearless hyena II, 龍騰虎躍, Hong Kong, 1983) Un film de Chan Chuen avec Jackie Chan, Austin Wai, Yen Shi-kwan, Kwan Yung-moon, James Tien, Chan Wai-lau, Hon Gwok-choi, Dean Shek, Ma Cheung, Peng Kong, Wong Chi-sang, Pearl Lin.

jeudi 4 août 2011

La Hyène intrépide


Quand Jackie Chan passe à la réalisation avec La Hyène intrépide, il ne change pas la formule qui lui a permis d’accéder au succès. Le disciple qui se prend pour le maître mais qui n’est pas si fort que ça et qui doit prendre des leçons, est le leitmotiv récurrent de bon nombre de films de kung-fu et Jackie Chan en a fait sa marque de fabrique avec Drunken master comme étalon. Ses autres films étant des variations. Dans La Hyène intrépide, il est un jeune homme qui vit avec Chen Peng-fei, son grand-père (James Tien).

Il n’écoute pas toujours les bons conseils de son aîné, il part souvent au village voisin (ils habitent tous les deux dans une maison isolée) pour jouer aux jeux d’argent. Son habileté le fait gagner et il aide un autre homme à empocher quelques pièces. Cela ne ravit pas les trois amis qui organisent ces jeux d’arnaque. Les trois gars le retrouvent bientôt sur le chemin du retour. Cheng Fu-hung le grand costaud, Ma Cheung au crâne rasé et Wong Yiu avec trois trous dans sa chevelure ne vont pas faire le poids face à Jackie qui leur met une branlée. Ils sont tellement impressionnés par son talent martial qu’ils vont lui demander d’être leur maître.

Jackie va fonder son école de kung-fu. Il demande l’appui d’un homme riche (Lee Kwan) et reprend le nom de l’école de son grand-père, ce qui donne droit à un grand nombre de jeux de mots. Des adeptes des arts martiaux viennent défier le maître, la réputation de l’école doit augmenter pour faire rentrer de l’argent. Jackie va se faire passer, en se déguisant, pour un serviteur faible ou une femme, affronter ses adversaires et gagner. C’est la partie la plus comique du film même si elle repose sur un art du grotesque sans finesse. Finalement, quand Jackie Chan se déguise en femme pour défaire son adversaire, c’est drôle, mais il faudra constater que ce sera le seul personnage féminin de tout le film.

Un des adversaires est Yen Chen-wong (Yen Shi-kwan), personnage qui ouvrait le film. C’est le méchant incarné. Il cherche dans toute la Chine le grand-père de Jackie et le nom de l’école le met sur la voie. La Hyène intrépide prend alors une direction plus classique où Jackie montré comme un paresseux va devoir apprendre (sous la discipline d’un ami de son grand-père) comment affronter Yen pour le vaincre. Ce dernier a tué son grand-père devant ses yeux et Jackie a soif de vengeance. On ne sent pas encore la manière particulière des chorégraphies de Jackie, notamment dans le combat final filmé dans une clairière – comme souvent à cette époque – où Jackie n’a pas d’objet qu’il peut attraper pour se battre.

La Hyène intrépide (The Fearless hyena, 笑拳怪招, Hong Kong, 1979) Un film de Jackie Chan avec Jackie Chan, James Tien, Yen Shi-kwan, Lee Kwan, Chan Wai-lau, Cheng Fu-hung, Ma Cheung, Wong Yiu, Wong Chi-sang, Ricky Cheng, Dean Shek.

lundi 1 août 2011

Choyleefut


Après le père, voici le fiston. Dans la famille Hung, je demande Sammy. Le petit dernier de Sammo Hung est déjà un grand garçon. Le voilà maintenant lancé en tête d’affiche dans une coproduction avec la Chine dans un film de promotion des arts martiaux en nous présentant le style choyleefut, un art combiné par trois maîtres du kung-fu. Mais le jeune Jie (Sammy Hung) qui vit en Angleterre pratique un kung-fu bien faible. Lors d’une attaque de petits truands dans un pub, lui et son pote Ken (Kane Kosugi) ont bien du mal à en venir à bout.

Une seule direction possible, la Chine où l’école de choyleefut que dirige son père et son oncle Hong (Yuen Wah). L’école ne paie pas de mine, elle est un peu vieillotte, loin de l’idée que les deux jeunes hommes s’en faisaient. Ils rêvaient d’une école comme dans les films, ils la fantasmaient et ils se retrouvent face à Hong, nonchalant, toujours assis à fumer sa pipe. Et là, une grande nouvelle : ils apprennent que Sammo Hung a promis un acte de vente à une grosse boîte de divertissement qui veut promouvoir dans un combat le choyleefut. L’idée de perdre l’authenticité de cet art martial révolte Jie. Il défit Zuo (Stephen Wong), le boxeur vedette de la boite : le gagnant possèdera l’école.

Choyleefut se lance alors dans un schéma très classique. L’apprentissage commence, Ken et Jie ne sont pas à la hauteur. Les valeurs traditionnelles sont mises en avant mais sans finesse comme c’était le cas dans les classiques des films de kung-fu. On présente trois maitres d’arts martiaux, histoire de montrer toute la variété et d’appuyer le caractère authentique face à la grosse boîte. Le problème n’est pas l’entrainement mais ce qui se passe avant et après où on a droit à quelques sermons sur la loyauté et toutes ces choses qui forment un homme. Mais surtout, les deux jeunes acteurs ne sont pas très charismatiques, dans chaque scène de dialogue ils restent les bras ballants à débiter leurs textes. Et les adversaires ne sont guère plus charismatiques.

A tout cela, il faut ajouter une romance entre Jie et Xia (Wang Jia-yin), l’une des cadres de l’entreprise. Romance compliquée puisqu’elle est l’ennemie de Jie, mais c’est surtout une romance à l’eau de rose dont l’issue est prévisible. Le pire est la musique à base de R’n’B cantonaise d’une rare indigence. Il faut ajouter que pour couronner le tout, Sammo Hung n’apparait que cinq minutes au début et dix minutes à la fin en tant que spectateur du combat entre l’entreprise et l’école. Mais à ce moment-là du film, l’ennui était déjà immense face à des enjeux si maigres.

Choyleefut (蔡李佛, Hong Kong – Chine, 2011) Un film de Sam Wong et Tommy Lor avec Sammy Hung, Kane Kosugi, Sammo Hung, Yuen Wah, Lau Kar-wing, Sam Wong, Ian Powers, Odagiri Joe, Lau Wing-kin, Wong Ka-lok, Wang Jia-yin, Su Qianwei, To Yue-hong, Li Chenxi.