jeudi 31 mars 2011

Sorties à Hong Kong (mars 2011)

Don’t go breaking my heart (單身男女)

Un film de Johnnie To et Wai Ka-fai avec Louis Koo, Gao Yuan-yuan, Daniel Wu, Lam Suet, Larisa, JJ Jia, Terence Yin, Selena Li. 114 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie : 31 mars 2011.










lundi 28 mars 2011

Royal tramp II


Royal tramp II est sorti moins de deux mois après Royal tramp et cette suite commence là où s’arrêtait le premier film. Quelques changements d’acteurs ont eu lieu et en premier lieu, Ng Man-tat qui n’est plus dans cet épisode. Il est remplacé dans son rôle de soufre douleur favori de Stephen Chow par Nat Chan, ce qui n’est pas aussi agréable, parce qu’il faut quand même bien le dire, s’il y a bien un acteur pas drôle, c’est Nat Chan. Et il sera là pendant tout le film à jouer son rôle de traitre qui passe d’un camp à un autre. On lui attribue une maîtresse, en l’occurrence Sandra Ng, la sœur idiote de Wai Siu-bo (Stephen Chow).

Nouveau film, nouveaux ennemis. La secte du Dragon Divin envoie un des prêtresses Long Er (Brigitte Lin) pourvue de pouvoir surnaturelles et illimités protéger Wu Ying-xiong (Ken Tong) fils de Wu San-gui (Paul Chun) qui doit établir une alliance avec l’empereur pour finir leurs querelles, ce que la secte n’accepte pas. La Manchote a envoyé Li Ke (Michelle Reis) protéger Wei Siu-bo. Le fils Wu doit épouser Kim Ning (Chingmy Yau), la sœur de l’empereur, mais celle-ci est tombée enceinte de Wai Siu-bo, bien qu’ils ne soient pas du même rang. Cette grossesse doit rester secrète et Kim Ning n’est pas au courant des intentions maritales de son frère.

Mais Wu San-gui ne veut pas de la paix qui règne actuellement sur le pays. D’ailleurs, le film fait bien ressortir cette idée que tout le monde en veut à l’empereur alors qu’il est souligné qu’il a amené la paix et la prospérité en Chine. Quand Wei Siu-bo demande pour à chaque ennemi pourquoi il veut éliminer Kangxi, chacun réponde qu’il n’a plus de raison particulière si ce n’est parce qu’il est l’empereur. Les ennemis d’hier vont devoir devenir alliés. Ainsi Long Er est empoisonnée par Wu san-gui et son allié Feng (Yen Shi-kwan), qui a presque la même tête qu’Elvis Tsui dans le premier Royal Tramp. Un seul moyen pour guérir : faire l’amour avec un homme alors que pour conserver sa force martiale, elle doit rester vierge.

Plus encore que le premier épisode, Royal tramp II ne semble parler que de sexe. On en parle, on ne le montre pas. Au bout d’un moment, Wei Siu-bo se retrouve avec quatre épouses et une concubine (la sœur de l’empereur) ce qui est censé être drôle puisqu’elle est d’un rang largement supérieur aux autres femmes. Le comique réside uniquement dans les rapports que Wei Siu-bo entretient avec les femmes, d’autant qu’il est considéré comme un homme laid et sans attrait particulier, mais que ça langue bien pendue lui offre beaucoup de charme. L’humour n’est pas aussi varié si ce n’est une jolie scène où un grand nombre de personnes se trouvent coincées dans un palanquin.

Ce sont les chorégraphies de Ching Siu-tung qui sont plus intéressantes et plus nombreuses. C’est même à se demander s’il n’a pas pris les rennes du film tant son style est présent. Comme dans un classique de la Shaw Brothers, ce sont les personnages féminins qui se battent le plus. Brigitte Lin se bat contre la Manchote puis contre Feng et ses six condisciples, appelés les puceaux, qui sont dirigés par lui par un fil que Feng plante dans leurs cous. Royal tramp II est un peu plus crétin que la première partie, mais le film a été produit si rapidement qu’on ne peut guère le reprocher à Wong Jing ou à Stephen Chow.

Royal Tramp II (鹿鼎記II神龍教, Hong Kong, 1992) Un film de Wong Jing avec Stephen Chow, Brigitte Lin, Chingmy Yau, Michelle Reis, Nat Chan, Damian Lau, Deric Wan, Ken Tong, Paul Chun, Sandra Ng, Fennie Yuen, Vivian Chan, Yen Shi-kwan, Helen Ma.

dimanche 27 mars 2011

Royal tramp


Un jeune empereur inexpérimentée, une impératrice douairière et un premier ministre qui aimerait prendre tous les pouvoirs. Les deux Royal tramp utilisent un schéma très connu, celui des guerres de succession entre les empires Qing et Ming. L’idée de Wong Jing est de donner à Stephen Chow le personnage de Wai Siu-bo, ce saltimbanque qui vit de ville en ville proposer son spectacle de chansonnier en échange d’un repas ou de quelques pièces. Wai Siu-bo coiffé d’un masque de tigre amuse un jour les clients d’une auberge et parle de Chan Kan-man (Damian Lau), le chef de la secte Ciel et Terre, partisan du retour à l’ancienne dynastie.

L’empereur actuel est Kangxi (Deric Wan), jeune et innocent que Chan Kan-man veut éliminer. Son ministre est Ao Bai (Elvis Tsui) qui maitrise les arts martiaux à la perfection. Il est invincible et ne supporte pas la moindre contestation. Immédiatement, avec son rire sardonique, Ao Bai est désigné comme le super méchant qui arrive tout seul à détruire toute une armée d’ennemis. Kangxi en a peur mais il entend assoir son pouvoir et réunit dans une auberge de plaisir les sept chefs de l’empire. C’est l’eunuque impérial Hoi Ta-fu (Ng Man-tat) qui organise cette rencontre, l’un des rares en qui l’empereur a encore confiance

C’est précisément dans cette auberge que Wai Siu-bo raconte son histoire et c’est aussi dans cette auberge que Chan Kan-man vient pour tuer l’empereur. Les soldats, mis au courant, cherche à arrêter le chef rebelle. Celui-ci blessé va être aidé par Wai Siu-bo, qui n’en voulait pas tant mais dont le bon fond est prêt à fournir de l’aide à toute personne blessée. Chan Kan-man est persuadé que Wai Siu-bo est un de ses partisans. Il lui confie une mission : devenir un serviteur de l’empereur et s’infiltrer à la cour pour récupérer un livre. Au jeu des chaises musicales, Wai Siu-bo perd puisque les membres de la secte Ciel et Terre connaissent le danger. On lui tatoue un message sous le pied.

Direction le palais. La file d’attente est trop longue pour l’embauche des serviteurs. Wai Siu-bo se met dans l’autre queue qui est celle des futurs eunuques. Il est illettré et l’ignorait. Il réussit à échapper à la castration. Il rencontre vite l’eunuque impérial qui va engager Wai Siu-bo pour protéger l’empereur. Wai Siu-bo n’a qu’une envie, prendre le livre et vite partir du palais. Il va naturellement dans la bibliothèque et y rencontre l’empereur et sa jeune sœur, Kim Ning (Chingmy Yau) tout en ignorant qui ils sont tous les deux. Il en est d’autant plus insolent mais cela leur plait. Wai Siu-bo obtient une promotion et Kim Ning commence à en tomber amoureuse.

L’humour de Royal tramp est constitué d’éléments disparates. Le premier est le comique de situation. Wai Siu-bo se retrouve dans des situations qu’il ne maitrise pas et dans lesquelles il va s’empêtrer de manière burlesque tout en trouvant le moyen de s’en sortir. Stephen Chow n’hésite jamais à rendre ridicule son personnage mais également ceux de Ng Man-tat et de Nat Chan qui joue un conseiller de l’empereur qui trahit tout le monde l’un après l’autre. Le film se veut une critique des aléas de la politique, où le saltimbanque, malgré ses mensonges et sa veulerie, devient le conseiller de Kangxi et gravit les échelons un à un.

Le reste de l’humour est essentiellement constitué de jeux de mots que les sous-titres ont un peu de mal à traduire et d’allusions sexuelles. C’est l’humour habituel de Wong Jing avec ses blagues en dessous de la ceinture comme lors de la visite de Wai Siu-bo aux appartements de l’eunuque impérial qui conserve de nombreux pénis dans du formol. On s’y tire aussi beaucoup les tétons, les personnages rient à gorge déployée. Ceci est l’œuvre de Wong Jing qui laisse à Ching Siu-tung le soin de réaliser les combats où les adversaires défient, comme à son habitude, les lois de la gravitation. Royal tramp est un film roboratif. Sans doute trop.

Royal tramp (鹿鼎記, Hong Kong, 1992) Un film de Wong Jing avec Stephen Chow, Cheung Man, Ng Man-tat, Sandra Ng, Chingmy Yau, Damian Lau, Nat Chan, Fennie Yuen, Deric Wan, Elvis Tsui, Vivian Chan, Brigitte Lin, Dion Lam.

vendredi 25 mars 2011

Le Messager de guerre


Les origines de la République de Chine, au début du 20ème siècle, fournissent le fond du Messager de guerre. Ma (Leung Kar-yan) traverse la campagne pour apporter le courrier aux habitants des villages de sa région. Il ne se soucie pas de qui a raison, les révolutionnaires ou les royalistes. Il continue chaque jour son bonhomme de chemin et rencontre Yao Jie (Yuen Yat-choh), voleur de bourses qui prétend prendre aux riches ce qu’ils ont dérobé au peuple. Mais la police le recherche activement et, sans l’intervention de Ma, il se serait fait tuer. Les policiers s’attaquent aux deux hommes.

Ils seront sauvés par Hu Zhao-guan (Eddy Ko) qui leur propose un marché. Contre leur liberté, ils devront acheminer un colis au nord de la Chine. Ma hésite puis accepte. Deux autres hommes vont les accompagner dans leur périple. Le premier est Bu (Fan Mei-sheng) un expert en explosifs qui travaille dans une mine. Le deuxième est Fu Jun (Chow Yun-fat) un joueur intempestif recherché pour avoir triché et tué un homme. Dès le début du voyage, ils sont suivis par une jeune femme qui veut quitter son village pour aller dans la grande ville. Les hommes la considèrent comme un boulet mais Hua (Cherie Chung) s’accroche à la troupe et en fera vite partie intégrante.

Le film a été entièrement tourné en Corée et toutes les scènes (à de rares exceptions près dans une auberge) se déroulent en extérieur. Ronny Yu a filmé en scope ses paysages où les cinq voyageurs évoluent. Ils vont devoir affronter cette nature parfois hostile, le film se passe en hiver et la neige tombe, les lacs sont gelés et il faut les traverser et la nuit est glaciale et il faut ramasser du bois. Le rythme du Messager de guerre est inhabituel dans le cinéma de Hong Kong. La lenteur est de mise mais correspond à la cadence du voyage qui est fait à pieds. Le colis de Hu Zhao-guan est sur un poney mais qui est abandonné au bord de la route.

De temps en temps, le scénario s’emballe et la troupe voit arriver sur son chemin quelques adversaires. Deux mercenaires qui veulent arrêter Fu Jun pour les méfaits qu’il a commis. Il se défendra avec flegme en les frappant avec son écharpe qui agit telle une arme. Puis Li Ping (Guk Ching-suk, une actrice coréenne) les rejoint. Ils comprendront trop tard qu’elle les espionne pour le compte des révolutionnaires. Et finalement, un ninja qui disparait dans un écran de fumée aussi vite qu’il est apparu viendra les affronter. Le colis mystérieux ; que Ma et sa bande n’ouvriront pas, intéresse beaucoup de monde.

C’est un film très bancal dans la construction de son récit et surtout dans son final particulièrement grotesque. La première partie est superbement photographiée puis on a l’impression que Ronny Yu a quitté le poste et laissé son directeur des chorégraphies (pas très bonnes) finir le film. Ce qui frappe est l’interprétation terne de Leung Kar-yan même sans la comparer avec la prestation de Chow Yun-fat alors jeune mais déjà star. Leung Kar-yan qui avait surtout joué dans des films de Sammo Hung s’essaie dans Le Messager de guerre à la dramaturgie. Son visage a deux expressions et il est bien fade en leader du groupe.

Le Messager de guerre (The Postman strikes back, 巡城馬, Hong Kong, 1982) Un film de Ronny Yu avec Leung Kar-yan, Chow Yun-fat, Cherie Chung, Guk Ching-suk, Eddy Ko, Fan Mei-sheng, Yuen Yat-choh, Yeung Wai, Chiang Cheng, Lee Fat-yuen, Kuen Yat-chu, Hui Ying-sau.

jeudi 24 mars 2011

Sorties à Hong Kong (mars 2011)

Hi, Fidelity (出軌的女人)

Un film de Calvin Poon avec William Chan, Candice Yu, Carrie Ng, Pat Ha, Michelle Ye, Chapman To, Lawrence Cheng, George Lam, Bonnie Sin, Buzz Chung, Michelle Lo, Joey Leung, Wong Chung-yiu, Carlos Chan. 91 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 24 mars 2011.





mercredi 23 mars 2011

Pedicab driver


Dans le Macao des années 1950, quatre amis très unis sont conducteurs de taxi tricycle. Il ne faut pas les confondre avec des coolies qui tirent leurs pousse-pousse avec qui ils se battent régulièrement. Les « pedicab drivers » sont sur des vélos alors que les coolies sont à pied. Tung (Sammo Hung) est un bon vivant, toujours souriant et toujours aimable. Sucre d’Orge (Max Mok) est un jeune homme romantique comme son surnom l’indique. Boule de Riz (Mang Hoi) est marié et père de trois petites filles. Et enfin, San (Lowell Lo) soute sur toutes les filles qu’il trouve. Quatre amis aux vies et caractères différents.

Les célibataires cherchent à trouver des femmes. Tung est épris de la jeune Siu (Fennie Yuen) qui travaille à la boulangerie de son oncle Fong (Suen Yuet). Seulement voilà, le tonton la trouve aussi très à son goût et abuse de sa position dominante pour que Tung ne tente pas de la séduire. Siu, elle, ne s’intéresse pas au boulanger et aime la gentillesse de Tung, même s’il est un peu rustre et qu’il veut toujours en faire trop. Tung ne sait pas séduire une femme mais saura la protéger dans l’adversité, notamment quand, par accident, il arrive dans le casino tenu par Liu Chia-liang et casse une table de jeu. Cela donne une séquence où Sammo Hung se bat contre Liu, sorte d’hommage au maître du kung-fu authentique.

Sucre d’Orge va rencontrer une jeune femme, Bing (Nina Li Chi) qui heurte son tricycle par accident. Il va tomber amoureux d’elle et lui offre le voyage. C’est autour du personnage de Bing que va tourner le récit. Son petit ami travaille pour les triades et il doit une somme à Maitre 5 (John Sham) mais il ne peut pas payer. Les sbires le tuent et décident de mettre Bing dans un bordel jusqu’au remboursement de la dette. Son issue de secours est Sucre d’Orge qu’elle revoit et qui commence à lui plaire. Il ne sait rien du fâcheux destin de Bing mais San révèle cette histoire après être allé dans cette maison close.

Avec Pedicab driver, Sammo Hung se lance dans la comédie romantique. Mais comédie d’action avec un finale particulièrement sanglant et brutal. Les personnages féminins sont a priori mieux traités que dans ses films précédents, mais elles restent des faibles femmes. L’excuse de l’époque (les années 1950) est un peu faible. Ce qui marque le plus est le rôle de John Sham qui avait habitué à ses personnages de gentil lunaire avec ses grosses lunettes rondes et ses cheveux en bataille. Il est parfait en méchant sadique et vicieux. Quant au film, globalement, il ne fait pas partie des réussites de Sammo Hung. Dans un genre similaire, Jackie Chan réalisait à l’époque des films largement supérieurs.

Pedicab driver (群龍戲鳳, Hong Kong, 1989) Un film de Sammo Hung avec Sammo Hung, Nina Li Chi, Suen Yuet, Max Mok, Fennie Yuen, Lowell Lo, Mang Hoi, John Sham, Liu Chia-liang, Maria Cordero, Corey Yuen, Billy Lau, Manfred Wong, Alfred Cheung, Lam Ching-ying, Peter Chan, Dick Wei, Michelle Yip, Billy Chow, Eric Tsang, Hsiao Ho.

mardi 22 mars 2011

First mission


Des policiers tirent sur des terroristes habillés en jaune, parmi eux Dah (Jackie Chan) qui réussit à tous les éliminer. Il s’agissait d’un entrainement dont le chef n’est pas satisfait. Dah est flic mais ne rêve que d’une chose : devenir marin et partir naviguer sur les flots. Il vient d’ailleurs de recevoir son ordre d’engagement. Seulement voilà, Jenny (Emily Chu), serveuse dans un restaurant, ne se réjouit pas de son départ prochain. Les collègues de Dah et Yan (Mang Hoi) en tête sont persuadés qu’il va la perdre d’autant que les clients la draguent souvent.

Ce qui inquiète encore plus Dah et ses amis est son grand frère Dodo (Sammo Hung), adulte qui se comporte comme un enfant. Il est retardé et est incapable de prendre soin de lui-même seul. Il traine toute la journée avec les gamins du quartier qui en profite parfois. L’un d’eux le fait passer pour son père auprès du directeur de l’école mais Dodo répète la phrase qu’il a apprise par cœur et joue avec une figurine de Superman devant lui. Ou encore quand les gamins l’amènent au glacier et qu’ils n’ont pas assez d’argent pour payer. Dah lui paye des cours pour qu’il apprenne des choses mais son prof particulier ne lui enseigne rien.

Sammo Hung joue à la perfection les crétins abyssaux et n’hésite jamais à se ridiculiser lui-même. Habillé avec une salopette et coiffé d’une coupe au bol, il se comporte comme un enfant de six ans et offre un visage adéquat. Mes autres en profitent tel Wu Ma dans un personnage de commerçant qui l’humilie en public en lui faisant faire le chien quand Dodo vient demander un petit boulot. L’essentiel du comique de First mission tient dans ce rôle d’imbécile heureux qui n’en a d’bord pas conscience mais qui tente, par la suite, de s’améliorer.

C’est donc à Jackie Chan qu’est dévolue la partie action du film puisque Sammo Hung ne se bat pas. La première partie s’occupe des rapports de Dodo à la société et la deuxième va se contenter de l’action pure avec malfrats, poursuite en voitures et bastons. Dodo qui jouait avec les gamins fait échouer une livraison de bijoux. La machine un peu de mal à fonctionner et ne donne rien de neuf ni d’éclatant. First mission reprend l’habituel discours sur les erreurs judiciaires dans la police qui accuse Dodo de complicité de vol (ah ! l’injustice). C’est un peu la routine mais c’est Jackie Chan qui est le héros et il doit avoir le beau rôle du justicier. Sammo Hung fera bien mieux avec Yuen Biao dans Shanghai express et Eastern condors l’année suivante.

First mission (Heart of the Dragon, 龍的心, Hong Kong, 1985) Un film de Sammo Hung avec Jackie Chan, Sammo Hung, Melvin Wong, Chung Faat, Dick Wei, Mang Hoi, Phillip Ko, Tai Bo, James Tin, Peter Chan, Yuen Wah, Chin Kar-lok, Dennis Chan, Emily Chu, Wu Ma, Corey Yuen.

vendredi 18 mars 2011

The Owl vs Bumbo


L’un s’appelle Chan (Sammo Hung) alias Bumbo, l’autre se nomme Wong (George Lam) alias Owl. Tous deux sont des voleurs qui viennent de faire un gros coup. Bumbo a cambriolé une banque et donne désormais des cours d’aérobic. Il faut voir Sammo Hung dans son justaucorps moulant aux couleurs criardes se déhancher devant des jolies filles. Owl a volé la recette d’un parrain des triades et coule désormais une vie bien tranquille et oisive. Ils ne se connaissent pas mais reçoivent chacun une lettre qui leur donne rendre-vous au même moment dans le même lieu.

Cette lettre a été écrite par un policier. L’inspecteur Fung (Stanley Fung) était en planque au moment où Owl faisait son coup, trois ans auparavant et le flagrant délit a été raté à cause d’un flic peu honnête, Lui (Cheung Ging-boh) qui a appelé Au Gan (James Tin), le parrain spolié de son argent. Non seulement Fung veut prendre sa revanche sur Au Gan qui prépare un gros coup, mais aussi il souhaite que Owl and Bumbo se rachète. Fung leur dit qu’il oubliera tout leurs passés s’ils aident des jeunes délinquants à se réinsérer. Il a démissionné de la police et est devenu concierge du centre pour délinquants tout en gardant des contacts avec la police.

Comme on peut le craindre, The Owl vs Bumbo lorgne vers le film social le plus élémentaire et avec beaucoup de démagogie. L’enseignante des jeunes, Mademoiselle Yeung (Michele Yeoh, méconnaissable) se fait marcher sur les pieds. Chaque jeune a une bonne raison d’être dans la difficulté et de ne pas vouloir travailler. Le travail des deux hommes et de les remotiver puis de leur trouver un travail. Leur méthode est plutôt basique. Il s’agit de jouer au patron et à l’employé qui cherche un travail. Le cas auquel s’intéresse le plus le film est celui de Bonnie Leung (Season Ma), une jeune fille au visage triste qui reproche à Mlle Yeung de bien vivre alors qu’elle-même est obligée de se prostituer. On s’en doute, tout se terminera bien pour ces jeunes grâce à la solidarité et à la compréhension.

C’est d’abord une comédie où les personnages de George Lam et Sammo Hung se querellent joyeusement. Leurs caractères sont très opposés. Owl est le beau mec qui sait parler et Bumbo le balourd maladroit. Ils vont d’abord se détester cordialement, se battre gentiment puis s’apprécier et s’entraider notamment quand Au Gan viendra se mêler à toute cette histoire. En ce début des années 1980, Sammo Hung avait abordé l’époque contemporaine après avoir longtemps œuvré dans le film en costumes. Les personnages féminins apparaissent enfin et il leur offre des romances. Ainsi Owl flirtera avec Joyce Leung (Deannie Yip), la directrice du centre et Bumbo avec Mlle Yeung. Tout cela restera très chaste et courtois, aucun baiser ne sera même échangé.

Le film reste très mineur par rapport à ces réussites de la même époque mais une belle scène se démarque au milieu du film. Au milieu de la rue, Sammo Hung se met à danser, imitant une partie de la chorégraphie de Make them laugh dans Chantons sous la pluie, puis entame un beau pas de danse avec Deannie Yip. La grâce que l’acteur déploie dans cette scène est tendre et s’approche presque de la poésie tant elle est déconnectée du reste du récit. La séquence est un moment d’anthologie au milieu d’un film conformiste.

The Owl vs Bumbo (貓頭鷹與小飛象, Hong Kong, 1984) Un film de Sammo Hung avec Sammo Hung, George Lam, Deannie Yip, Stanley Fung, Season Ma, Michelle Yeoh, Cheung Ging-boh, Huang Ha, James Tin, Phillip Chan, Tai Bo, Dick Wei, Wu Ma.

jeudi 17 mars 2011

L'Exorciste chinois


L’invention dégénérée de Sammo Hung en ce début des années 1980 a été de mettre des morts-vivants, goules, revenants ou vampires (quel que soit le nom qu’on leur donne) dans des films de kung-fu. Pourquoi personne n’y avait pas pensé plus tôt ? Sans doute parce que les rares essais de films de fantômes n’avait jamais marché jusqu’à présent à Hong Kong. La Shaw Brothers a fait quelques tentatives grossières. Mais Sammo Hung ose tout et c’est pour ça qu’on l’aime.
En voix off qui résonne, deux hommes se parlent. Ils sont dans deux jarres et voient s’approcher Cheung (Sammo Hung) qui boit en toute quiétude du vin. Ce sont deux fantômes affamés qui espèrent bien manger quelques morceaux du bon gros. Ils s’attaquent à sa jambe et arrachent un morceau de viande. Tout cela était un rêve, Cheung se réveille et se fait engueuler par sa femme pas commode (Leung Suet-mei). Le gore cumulé au comique a comme effet de bien placer le spectateur de L’Exorciste chinois dans ce que sera le film : une comédie horrifique.
On parle de fantômes, mais Cheung est un homme courageux. Il a eu très peur dans son rêve mais dans la vie, il se vante d’être le plus brave. Trois de ses amis font lui faire une sale blague. Ils lui proposent de prouver son courage en allant passer toute une nuit chez l’un d’eux. Ils se grimeront en revenants et il perdra son pari. Cheung s’aperçoit de la supercherie et leur botte le train. Mais quand on évoque les fantômes, ils ne sont jamais loin. Justement l’un d’eux apparait dans la maison et la détruit entièrement. Il ne fallait pas les énerver. Mais leur vie reprend comme avant.
La vie, c’est surtout que la femme de Cheung le trompe avec Monsieur Tam (Huang Hu), qui est son patron. Cheung a failli les surprendre au lit, chez lui. Tam a décidé de se débarrasser du mari de sa maitresse et a engagé Hoi, un prêtre taoïste (Peter Chan), pour lui jeter un sort. Il s’en confie à un de ses collègues, le prêtre Tsui (Chung Faat) qui va défendre Cheung contre les sortilèges qu’il va subir. Direction le temple où Hoi va réveiller un macchabé pour tuer Cheung. Sammo Hung développe l’imagerie du mort vivant : il a les membres rigides et se déplace en sautillant, ce qui lui confère un aspect ridicule dans un but comique.
Cheung s’est bien défendu, grâce à son kung-fu, mettant en échec la tentative de Hoi et Tam. Grâce aux conseils de Tsui, Cheung pourra se défendre lors de la deuxième attaque en jetant des œufs de poulet sur le mort-vivant. Second échec. Tam décide alors de passer à un plan plus simple : il va accuser Cheung d’avoir assassiné sa femme. Dans les films précédents de Sammo Hung, les femmes étaient peu présentes, mais là, l’épouse est au centre du récit. Le film développe une misogynie qui sera souvent l’écueil de son cinéma.
L’Exorciste chinois a eu un gros succès public. Le mélange entre bouffonnerie, kung-fu et fantastique fonctionnait à plein régime. Cependant, cette recette a fait long feu car comme souvent dans l’industrie du cinéma de Hong Kong, quand un film marche, tous les studios essaient de copier. Toute une flopée de films avec Spooky ou Vampire dans le titre du film a été produite, lassant le public. Puis, Tsui Hark et Ching Siu-tung sont arrivés avec Histoires de fantômes chinois, ringardisant tous ces films dont la plupart sont tombés dans l’oubli.
L’Exorciste chinois (Encounters of the spooky kind, 鬼打鬼, Hong Kong, 1980) Un film de Sammo Hung avec Sammo Hung, Chung Faat, Wu Ma, Lam Ching-ying, Peter Chan, To Siu-ming, Huang Ha, Leung Suet-mei, Tai Bo, Cheung Ging-boh, Yuen Miu, Ho Pak-kwong, Fung Ging-man.

mardi 15 mars 2011

True legend


True legend le retour de Yuen Woo-ping à la réalisation après une bonne décennie à Hollywood et la fabrication de quelques chorégraphies en Chine pour Jet Li. Et on voit aussi revenir Chiu Man-cheuk, alias Vincent Zhao comme il est écrit au générique, le valeureux sabreur de The Blade après dix ans de série télé. Ensemble, le duo s’attaque à l’un des mythes fondateurs du film de kung-fu, le maître de la boxe ivre, le mendient soûl que Yuen Woo-ping avait illustré dans son deuxième film, Drunken master, il y a 32 ans de cela.
Avant d’en arriver à l’apogée du mendiant, le film se rappelle ses débuts de général. Su (Chiu Man-chiuk) va libérer un prince impériale fait prisonnier. Il est aidé par son demi-frère Yuan (Andy On) que le prince nomme gouverneur d’une province. Su désire se retirer de l’armée et part avec son épouse Ying (Xun Zhou), par ailleurs sœur de Yuan. Cinq ans plus tard, le couple a donné naissance à un garçon Feng et Su s’apprête à fêter l’anniversaire de son père. Ils attendent la visite de Yuan à cette célébration.
Mais Yuan est venu se venger car son père adoptif avait tué son père naturel. Depuis des années, il fomente sa vengeance et s’est entrainée des années pour devenir invincible. Il a notamment acquis la force des poings des cinq venins qui permet de tuer ses adversaires en les empoisonnant par un simple toucher. Yuan tue son beau-père et kidnappe le jeune Feng. Su n’a pas la force de se défendre et est vaincu. Son corps meurtri est jeté dans un fleuve, Ying plonge pour le suivre. Ils seront sauvés par une ermite (Michelle Yeoh), médecin qui vit dans une montagne isolée.
Son épouse est très dévouée et le souvenir de leur fils prisonnier d’un fou est d’une immense douleur. Su reprend petit à petit des forces en s’entrainant. Quand tout à coup, il entend deux hommes qui l’appellent. C’est le Dieu du wushu (Jay Chou) et le Vieux Sage (Gordon Liu) qui virevoltent dans les airs et emmènent Su dans une montagne où des statues immenses serviront de lieux d’entrainement. Le Dieu va apprendre à Su la boxe de l’homme ivre et les longues scènes d’apprentissage, filmées pour être projetées en 3D, fournissent le meilleur de True legend. Jay Chou joue avec la placidité qu’on lui connait et il débrouille plutôt bien dans ce personnage ironique qui se moque de Su.
Le temps de la vengeance est venu. Yuan s’est forgé sur son corps même une carapace d’acier qu’il a cousu sur sa peau. Su est venu chercher son fils et Yuan n’est pas près de le rendre. Tout ne se terminera pas bien car, dans sa folie, Ying a été sacrifiée, l’épouse de Su meurt et ce dernier plonge dans une grande dépression. Chiu Man-cheuk reste un artiste martial d’exception et les chorégraphies des combats sont très élaborées et retravaillées avec un grand nombre d’effets spéciaux : ralentis, défi à la gravitation. On est très loin de la simplicité de Drunken master. En revanche, l’acteur n’est pas un bon dramaturge et ses scènes d’émotion sont très forcées.
Les trois quarts du film sont à la limite du fantastique puisqu’il y est question de figures légendaires et divines. Tout se gâte quand Su revient dans une Chine quotidienne dans le dernier quart. Il est mendiant et alcoolique. Le petit Feng a promis de s’occuper de son père. Mais il faut que la légende s’imprime et True legend plonge dans les écueils du film nationaliste. Un affreux américain, incarné par David Carradine dans son dernier rôle, organise de sauvages combats de boxe pour humilier les Chinois. C’est un personnage ingrat qui plombe le film, mais telle semble devenue la mode dans les films de kung-fu. Vivement que ça s’arrête.
True legend (蘇乞兒, Chine, 2010) Un film de Yuen Woo-ping avec Chiu Man-cheuk, Jay Chou, Guo Xiaodong, Michelle Yeoh, Andy On, Xun Zhou, Le Cung, Butterbean, David Carradine, Conan Stevens.

lundi 14 mars 2011

Ha ha ha


Deux amis se rencontrent et décident de boire quelques verres ensemble. Au fil de leur conversation, ils se rendent compte qu’ils ont tous les deux passés quelques jours dans la ville provinciale de Tongyeong. L’un s’appelle Jo Moon-kyeong (Kim Sang-kyeong), c’est un ancien professeur qui aimerait tourner un film et envisage de partir au Canada. L’autre se nomme Bang Joong-sik (Yoo Joon-sang) est critique de cinéma. En voix off et sur des plans fixes en noir et blanc, on les voit trinquer régulièrement tandis que le récit au passé est en couleur.

Ce qui intéresse les deux hommes est d’abord et avant tout les femmes. Et leurs récits respectifs narre comment chacun a essayé de coucher avec la femme qu’il a rencontré. Moon-kyeong visite les lieux historiques et touristiques de la ville dont le temple dédié au héros local, le général Lee Soon-shin. Là, il tombe sous le charme de la guide touristique Wang Seong-ok (Moon So-ri), aux cheveux courts mais aux idées bien arrêtées qui ne supporte pas que les visiteurs doutent de l’héroïsme du général. Perpétuellement habillé du polo orange, Moon-kyeong va chercher à la revoir, la suivant jusqu’à son domicile ce qui commence à lui faire peur. Mais elle acceptera d’aller boire un verre avec lui.

Joong-sik qui a toujours le sourire malgré sa dépression chronique va voir un de ses jeunes amis, Kang Jeong-ho (Kim Kang-woo). Le jeune homme s’affirme poète ce qui contraste avec la casquette qu’il porte en permanence. Il va amener son ami dans un restaurant pour rencontrer No Jeong-hwa (Kim Gyoo-ri-I) qui travaille là. Elle a du charme mais Joong-sik a une petite amie, Ahn Yeon-joo (Ye Ji-won), hôtesse de l’air qui va bientôt le rejoindre. Le critique et le poète vont écumer les salons pour écouter de la poésie, pas terrible par ailleurs. Joong-sik doute réellement du talent de Kang Jeong-ho, alors que ce dernier croit à son talent.

Ce que Joong-sik et Moon-kyeong vont se rendre compte est qu’ils ont rencontrés les mêmes personnes. En effet, le jeune poète essaie de séduire Seong-ok, mais elle est un peu compliquée. Mais surtout, le restaurant où ils vont souvent est tenu par la mère de Moon-kyeong. C’est sur ces hasards de la vie que tient le récit de Ha ha ha. A vrai dire, le film est bien trop long pour tenir jusqu’au bout son récit. Les deux hommes vont de déception en déception mais cela lasse assez vite, notamment à cause des incessantes interruptions des « santé » que se donnent les amis au fil des verres qu’ils boivent. Le film se veut drôle, il ne l’est guère, il embrasse la forme du film choral mais Hong Sang-soo a beaucoup de peine à relier de manière cohérente ses saynètes. Mais surtout, à cause de son budget minuscule, l’image est hideuse, filmée en petite caméra avec des zooms inutiles.

Ha ha ha (하하하, Corée, 2010) Un film de Hong Sang-soo avec Kim Sang-kyeong, Yoo Joon-sang, Moon So-ri, Ye Ji-won, Kim Kang-woo, Yoon Yeo-jeong, Kim Gyoo-ri-I, Ki Joo-bong, Jang Chang-seok, Lee Sang-cheol, Park Seung-gyoo.

samedi 12 mars 2011

Le Maître intrépide (Knockabout)


Deux petits voleurs, Sai-po (Yuen Biao) et Tai-po (Leung Kar-yan) parcourent les villes à la recherche d’escroquerie. Les deux frères sont insouciants de la justice mais sont deux petits malins qui parviennent à leur fin. Dans la ville où se déroule Knockabout, ils vont arnaquer le préteur sur gages. Sai-po arrive à l’office pour échanger une pépite. Là, Tai-po se présente comme un coursier venu donner un colis à Sai-po. Le colis contient un lingot d’or qui selon le courrier de son oncle fait 20 onces. Le commerçant pèse, le lingot en fait plus et il décide de lui donner 120 pièces correspondant cependant à 20 onces d’or. Mais ça n’est pas de l’or et quand le policier (Karl Maka) vient régler l’histoire, le préteur sur gages est accusé d’avoir voulu escroquer Sai-po sur le poids mais aussi sur les pièces, que les frères ont échangées contre des fausses. Résultat des courses : ils se retrouvent libres, malgré leur escroquerie, et avec deux sacs de pièces, puisque le marchand a du leur en donner à nouveau.

Les deux frangins sont ravis de leur bon coup. Ils filent hors de la ville pour partager le butin et repartir sur un autre coup. Sai-po tente d’arnaquer son frère en accaparant une plus grosse part. Pendant qu’ils se disputent, on leur vole leur argent. On ne voit pas qui c’est mais on se doute que c’est le vagabond (Sammo Hung) qui passait par là. Ce vagabond qui a l’air un peu idiot est perclus de tics, il cligne des yeux, fait des grimaces. C’est d’ailleurs un ressort comique du film puisque Yuen Biao, quand il prépare un bon coup, fait des ronds avec sa main droite et Leung Kar-yan se caresse la barbe. Mais pour l’instant, nos deux frérots se retrouvent sans le sou et affamés. Retour en ville pour tenter d’arnaquer quelqu’un d’autre. Ils tentent leur chance dans une salle de jeu, mais doivent se battre quand le pot aux roses est découvert. Finalement, ils se dirigent au restaurant où ils trouveront bien sur place un gogo à plumer.

Leur choix tombe sur un homme aux cheveux gris, Ka Mo-to (Lau Kar-wing). Ils veulent faire croire qu’il a volé la bague de jade de Tai-po, mais le renard est plus malin qu’eux. Ils le suivent hors du village mais leur donne une raclée. Ils décident qu’ils devraient devenir leur maîtres. Voilà nos deux escrocs disciples. Il va leur apprendre, dans la tradition du film de kung-fu, son art martial et ils vont peiner pour cela. Et il faut voir les deux frères bien obéissants même s’ils ne comprennent pas à quoi cela sert (comme c’était le cas dans Drunken master). Lors de leur première sortie en ville, après leur entrainement, ils restent gentiment debout derrière lui au restaurant. Puis, sans lui, ils rendent justice à une bande de malfrats venus incommoder des commerçants. Sai-po et Tai-po sont devenus des hommes respectables aux yeux de tous.

Seulement voilà, Sammo Hung n’en n’a que faire de la tradition du film de kung-fu. Il va prendre à rebours le schéma classique tel que le développaient, à l’époque, Liu Chia-liang ou Yuen Woo-ping. On avait déjà repéré un homme muni d’affiches (Mars) qui cherche des repris de justice. On pouvait penser qu’il s’agissait des deux frères, mais c’est Ka Mo-to et deux de ses complices qui sont recherchés. Or, les deux complices sont justement chez lui venus cherche leur part du butin. Les frangins vont les affronter dans un combat mise en scène de manière burlesque, d’abord parce que l’un des deux complices est montré avec ridicule (il est montré comme une tapette) et ensuite parce que l’autre reçoit plein de coups sur la tête qui lui donne plein de bosses en forme de champignons.

Mais quand ils s’aperçoivent que leur maître est maléfique, ils vont se rebeller. Ka Mo-to va tuer Tai-po et son frère va s’enfuir. Dans sa fuite, il tombe dans la cabane du vagabond qui n’est pas un mauvais bougre, bien au contraire puisqu’il va partager son repas et l’inviter à dormir, malgré quelques facéties que le vagabond fait subir à Sai-po. Ce dernier va chercher à venger la mort de son frère. Là, le cinéma de Sammo Hung reprend ses droits puisque la vengeance est la plupart du temps le moteur du scénario. Le film redevient sec et dénué d’humour, d’autant que le scénario n’est même pas accaparé par une histoire d’amour prétexte à plus de douceur (le film n’a aucun personnage féminin). Après avoir ri pendant une heure, Knockabout devient particulièrement sombre dans sa partie vengeance.

Le Maître intrépide (Knockabout, 雜家小子, Hong Kong, 1979) Un film de Sammo Hung avec Yuen Biao, Leung Kar-yan, Lau Kar-wing, Sammo Hung, Karl Maka, Wang Kuan-yu, Lee Hoi-sang, Mars, Lau Tin-chi, Ho Pak-wong.

vendredi 11 mars 2011

Warriors two


Warriors two est entièrement consacré au wing chun, ce style d’art martial dont il défend la prépondérance. D’une certaine manière, il est possible de voir dans ce troisième long métrage de Sammo Hung, en tant que réalisateur, un documentaire sur cette discipline. Le générique de lancement décrit la généalogie du wing chun, de sa création jusqu’au moment où se déroule film. Sur une musique dramatique, on découvre les deux protagonistes, Maître Tsang (Leung Kar-yan) et Wah (Casanova Wong) qui s’entraînent. Chacun de leurs coups est arrêté dans un plan fixe. Mais avant d’en arriver là, le disciple devra travailler.

La boxe du wing chun fait la fierté de Chun (Sammo Hung), gentil benêt qui vend des gâteaux dans la rue. Si gentil que certains en profite pour abuser de sa fierté et lui jouer un tour pendable et parier sa marchandise. Il va la perdre et chercher de l’argent à la banque où Wah, un simple caissier, lui conseille de ne pas être aussi fier. Après son travail, Wah entend une conversation entre Mo (Fung Hak-on), le patron la banque et deux mercenaires qu’il a engagés. Mo veut s’emparer de la ville et tuer le maire en place. Wah ne sait pas à qui s’adresser et il tombe sur le conseiller du maire (Dean Shek) qui lui donne rendez-vous le lendemain.

Bien mal lui en pris car ce conseiller est un traitre. Il est d’ailleurs amusant de constater que Dean Shek jouait souvent dans les films de Sammo Hung ce rôle de traitre à la fois obséquieux et pleutre. Avec sa petite voix aigue, ses lunettes rondes, des longs ongles, il est une incarnation parfaite de l’homme qui vendra toujours ses services au plus offrant et au plus cruel en l’occurrence. Sa grande taille et son corps fin en font un personnage au physique totalement inverse de celui de Sammo Hung, donc un ennemi évident. Dans Le Moine d’acier, il était un affreux Mandchou et était vite écrasé par Sammo Hung. Dans Warriors two, l’acteur lui offre une scène de combat mais sur le registre comique.

Wah faisait confiance au conseiller et se retrouve devant les sbires de Mo. Wah ne sait pas se battre et se fera salement amoché et sauvé de justesse par Chun qui le défend. Il sera soigné par Tsang tandis que sa mère est froidement assassinée en représailles. Wah voudrait être le disciple de Tsang mais ce dernier refuse. Chun, qui a bon cœur, va monter un gentil stratagème pour que son sifu l’accepte comme élève de l’école de wing chun. S’en suit une longue partie d’apprentissage où les progrès seront minutieusement notés. Malgré les conseils de Tsang, Wah n’a qu’une envie se venger.

Il est assez savoureux de savoir que maître Tsang est interprété par Leung Kar-yan, acteur qui n’avait aucune pratique des arts martiaux. Il a joué l’adversaire chinois de Sammo Hung dans le combat à trois dans Enter the fat dragon et son frère dans Knockabout. Or la plupart des combats dans ces films sont filmés en long plans séquence montrent l’amplitude des coups et leurs chutes. Leung Kar-yan suivait à la lettre les gestes que lui mimait Sammo Hung et les scènes dans lesquelles il apparait sont bien plus découpées. Cela n’enlève rien à la qualité des combats mais dévoile leur extrême précision. Cependant, idéologiquement le film défend avec force la vengeance et elle sera sanglante et inéluctable.

Warriors two (贊先生與找錢華, Hong Kong, 1978) Un film de Sammo Hung avec Leung Kar-yan, Casanova Wong, Sammo Hung, Dean Shek, Fung Hak-on, Lee Hoi-sang, Tiger Yang Cheng-wu, Yeung Wai, Lam Ching-ying, Yuen Biao, Billy Chan, Wellson Chin, Mang Hoi, Chung Faat, Eric Tsang, Peter Chan, Lau Kar-wing, Mars.

jeudi 10 mars 2011

Enter the fat dragon


Après la mort de Bruce Lee, la bruceploitation a repris son aura pour proposer des films souvent très nuls. Il existe plusieurs catégories. Les clones (Bruce Le, Bruce Li, Bruce Law, Bruce Leung), les films qui mettaient dans les titres Bruce (Bruce Lee against Superman, Legend of Bruce Lee, Bruce Lee’s ways of kung-fu), les films conçus par ceux qui avaient connu Bruce Lee. Dans cette dernière catégorie, Sammo Hung rend hommage à sa manière à la star dans Enter the fat dragon (en parodiant le titre anglais de Opération dragon alias Enter the dragon). Il y a peu de chance que l’on confonde le petit dragon avec le bon gros tant physiquement que dans les scénarios.

Lung (Sammo Hung) vit dans sa campagne et s’occupe d’élever des cochons. Il ne rêve que de Bruce Lee dont il est fan absolu. Son père lui demande d’aller à Hong Kong aider l’oncle Hung (Fung Fung) qui a besoin de main d’œuvre. Hop, le générique du film qui parodie ceux des Shaw Brothers où Sammo se bat contre une douzaine d’artistes martiaux (on reconnait Yuen Biao) dans un décor avec un fond rouge. Mais la réalité sera tout autre car Lung est un gros maladroit qui ne va faire que des bêtises. Il faut dire qu’à part garder les cochons il ne sait pas faire grand-chose.

Le restaurant est aussi tenu par son cousin Kao (Lu Chu-sek) et ils doivent se battre contre le restaurant mitoyen (en fait une impasse coupée en deux) dont la patronne est plutôt féroce. Elle ne tolère aucun dépassement de chaise et n’hésite pas à voler les clients. Un jour, une bande de petites frappes veut partir du restaurant de cette dame sans payer. Elle tente de les contrer en leur suggérant d’aller voir chez Hung et Kao. Les malfrats veulent bouffer à l’œil mais Lung, avec sa naïveté et sa force, leur fout quelques coups de tatanes. Mais, un jour où notre bon gros n’est pas là, ils reviennent et détruisent le restaurant.

En attendant, il faut trouver un autre job. Lung devient figurant dans un film de bruceploitation mais est trop fort pour la vedette clone. C’est alors que Chen (Lee Hoi-suk), la cousine qui travaille dans un restaurant chic réussit à leur trouver un boulot de serveur lors d’une réception. Le hasard fait bien les choses, Pai (Peter Yang) est le boss des malfrats. Apparemment, il connait très bien Chen dont il est amoureux depuis toujours mais elle s’est refusée à lui. Il décide de la kidnapper et Lung va chercher à la retrouver. Une longue course poursuite sur le mode comique va avoir lieu, Kao est dans un taxi et Lung, qui n’a pas pu monter dedans, le suit en courant puis en vélo en offrant quelques cascades.

L’essentiel de Enter the fat dragon repose sur des codes connus des spectateurs qui se trouvent dans les films de Bruce Lee. Le restaurant que veulent voler les malfrats en premier lieu, Lung utilise le nunchaku pour les battre. Il prodiguera quelques cris imités de la star, son petit geste de la main pour les faire venir et il touchera ses lèvres avec son doigt. Et en toute fin, il affrontera dans un hangar trois hommes comme dans Opération dragon. Un blanc (David Nick), un noir (Lee Hoi-sang, grimé) et un jaune (Leung Kar-yan). Le problème du film tient dans son absence de rythme et à son scénario qui part parfois dans tous les sens avec ses rebondissements excessifs.

Enter the fat dragon (肥龍過江, Hong Kong, 1978) Un film de Sammo Hung avec Sammo Hung, Lee Hoi-suk, Lau Heung-ping, Luk Chu-sek, Peter Yang, Lam Kin-ming, Roy Chiao, Leung Kar-yan, Lee Hoi-sang, David Nick, Fung Hak-on, Fung Fung, Mars, Yuen Biao, Eric Tsang.

Sorties à Hong Kong (mars 2011)

Men suddenly in love (猛男滾死隊)

Un film de Wong Jing avec Chapman To, Jim Chim, Chrissie Chau, Carol Yeung, Caroline Zhu, Di Yee-tat, Wong Jing, Eric Tsang, Jessica Xu, Rainbow Woo, Betrys Kong, Monica Chan, Maggie Cheung Hoh-yee, Richard Ng, Jacqueline Chong, Yeung Sze-man, Alex Lam, Charmaine Fong, Bonnie Wong, Yu Miu-lin. 89 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 10 mars 2011.



mardi 8 mars 2011

Le Moine d'acier


Avec Le Moine d’acier, Sammo Hung passe enfin à la réalisation après une décennie d’apprentissage au sein de la Golden Harvest (il se bat contre Bruce Lee dans Opération dragon) ou pour King Hu (dont il signe les chorégraphies). Le studio lui fait confiance et il en profite pour faire exactement ce qu’il envie. Le scénario s’applique à suivre une histoire de vengeance très basique en mêlant les styles, un peu de comédie, beaucoup de violence et de nombreux combats réglés à sa manière.

Après la mort de son oncle tué par des Mandchous au beau milieu de son magasin de nouilles, le jeune Chong Mai-long (Sammo Hung) a été recueilli dans une école de kung-fu. Son espièglerie fait qu’il reçoit souvent quelques punitions de la part du sifu. Son appétit énorme ne correspond pas non plus au régime auquel sont astreints les autres élèves. Bref, il veut s’en aller, vivre sa vie et surtout venger son oncle. Il estime avoir suffisamment appris le kung-fu de Shaolin pour se débrouiller tout seul et affronter les vicieux Mandchous. Cela différencie beaucoup d’autres films de kung-fu où l’apprentissage était le moteur du récit.

Les Mandchous sont cruels et sans pitié, dit un dialogue du film et effectivement, on les voit dans leurs basses œuvres. Ils ont envahi cette région peuplée de Hans dans l’espoir d’accaparer leurs terres. Le Moine d’acier reprend de manière transparente la problématique de la colonisation qui était au centre du récit de la Fureur de vaincre. Le chef (Fung Hak-on) a un regard cruel et tient, dans sa main, un éventail. Dans la rue, ils embêtent des enfants et leur coupent les nattes. Mais, ils s’attaquent aussi aux femmes et violent la sœur de Liang (Lo Hoi-pang), un ouvrier de l’usine de tissus qu’il aimerait acquérir. Le film montre donc des hommes qui ne s’attaquent qu’aux plus faibles qu’eux.

La première moitié du film est consacrée à la montée de la lassitude des habitants face à l’arrogance des Mandchous. Liang et Chong vont se rencontrer au milieu du village où Liang, fou de colère, poignarde un Mandchou. Ensemble, ils vont chercher à assouvir leur vengeance. Pour cela, Chong va demander l’aide d’un moine Tak (Chan Sing) qu’il va ramener en ville. Parce que Chong et Liang aiment les plaisirs simples, ils vont dans une maison de plaisirs. Les Mandchous sont persuadés que Chong est celui qui a tué l’un des leurs et ils vont l’humilier devant tous les clients. Mais Chong va à son tour les battre et cette fois ce seront les ennemis qui seront ridiculisés.

Devant la force et la témérité de Chong, le chef va engager deux mercenaires pour les piéger. Tout ne se passe pas comme prévu et Liang parvient à contrer l’escroquerie montée contre son patron de l’usine de tissus. Pour l’anecdote, l’un des ouvriers est interprété par Eric Tsang dans un de ses premiers rôles. Mais les mercenaires ne supportent pas cette humiliation et décident de tuer tous les ouvriers. Le film plonge alors dans une noirceur et expose des combats de plus en plus violents. Les morts des adversaires sont scandées par une prière du moine Tak, qui apporte d’abord un peu d’humour noir. Cela se transforme en chant funèbre laissant découvrir un aspect sombre de la personnalité de Sammo Hung, considéré surtout comme un gentil comique. Le combat final dure un bon quart d’heure et les chutes sont filmées en courts plans séquence et non plus en montage champ-contrechamp. D’une certaine manière, c’est en cela que le cinéma de Sammo Hung est moderne.

Le Moine d’acier (The Iron fisted monk, 三德和尚與舂米六, Hong Kong, 1977) Un film de Sammo Hung avec Sammo Hung, Chan Sing, Lo Hoi-pang, Chu Ching, Wang Hsieh, Fung Hak-on, Wu Ma, Lam Ching-ying, Casanova Wong, Yeung Wai, Dean Shek, James Tin, Eric Tsang.

dimanche 6 mars 2011

The Hitman


Un tueur à gages anonyme élimine des gens riches sur lesquels la justice est inefficace. Il se fait appeler « l’ange exterminateur » et l’un de ses particularités et de ne pas se faire payer. The Hitman s’ouvre sur la mise en place de l’exécution de Tsukamoto, un homme d’affaires japonais montré comme un obsédé sexuel qui aime par-dessus tout violer les jeunes femmes vierges. Le hitman est masqué, il s’introduit dans le building où se trouvent les bureaux de Tsukamoto, tire sur les caméras de surveillance pour ne pas être filmé. Face au Japonais, il se voit menacer de représailles s’il est tué. Une prime de 100 millions de dollars est prévue en cas d’assassinat. Sans un mot, le hitman tue Tsukamoto.

Le fils de Tsukamoto (Sato Keiji) met immédiatement en place un conseil de guerre pour venger son père et annonce que la prime sera offerte à la personne qui découvrira qui est le tueur masqué et invisible. Ngor alias Crocodile (Eric Tsang) croit à sa chance décrocher le gros lot. Ngor est une grande gueule mais c’est un petit escroc qui rate à peu près tout ce qu’il entreprend. Régulièrement, sa fille Gigi (Gigi Leung) qui fait des études de droit pour devenir avocate de venir lui payer ses cautions quand il se fait prendre par la police. L’avocat de Tsukamoto reçoit tous les candidats à la prime. C’est là qu’il rencontre Fu (Jet Li) venu lui aussi pour empocher l’argent.

Fu est un jeune immigré chinois débarqué à Hong Kong et qui vit, avec des compatriotes, dans un taudis. Il est tueur à gages à la recherche du moindre cachet. Il porte de vieux vêtements qui sentent pas bon. Il reprise son pantalon usé jusqu’à la corde. Il est surtout très radin, il économise le moindre centime et refuse de dépenser quoi que ce soit, y compris pour la bouffe. Toute cette radinerie tend vers l’humour comme si Fu ne rendait pas compte de son défaut. On le voit ainsi manger à côté d’un Indien qui lui propose un bout de poulet dont Fu s’empare sans partager alors que ce dernier offre au pauvre Indien une minuscule portion d’omelettes. Fu le radin et Ngor le tocard font faire affaire ensemble.

Le duo est l’attraction majeure de The Hitman. Il fonctionne sur le registre inépuisable du buddy movie où les deux héros sont très mal assortis mais parviennent à surmonter les épreuves qui se trouvent sur leur chemin. Fu va s’incruster chez Ngor qui voit cela d’un mauvais œil. Et quand Gigi passe à l’appartement, Fu ne semble pas insensible à son charme, ce qui rend Ngor encore plus en colère d’autant qu’elle est fiancée à un de ses collègues avocats. Mais en attendant, il faut que Fu ressemble à un vrai tueur à gages : direction le tailleur avec une séquence classique d’essayage de costumes où Fu est habillé comme Chow Yun-fat dans Le Syndicat du crime ou comme Jean Réno dans Léon.

Au bout d’un moment, il faut bien que le scénario revienne à cette histoire de tueur à gages. Je n’ai pas encore parlé d’un personnage important du film, celui de l’inspecteur Chan (Simon Yam) qui a été mis au courant de la prime et qui soupçonne Fu d’être le hitman vengeur et bénévole. Il va donc augmenter la surveillance sur le duo. Jusqu’à la révélation finale, on ne saura pas qui est le tueur. Mais à vrai dire, ça n’est pas très important puisque la valeur de The Hitman vient de l’irrésistible duo comique entre Jet Li et Eric Tsang. De la même manière, l’affrontement final entre le fils Tsukamoto et le duo n’apporte aucune nouveauté.

The Hitman (殺手之王, Hong Kong, 1998) Un film de Stephen Tung avec Jet Li, Eric Tsang, Gigi Leung, Simon Yam, Yip Kwong-kim, Timmy Ho, Frankie Ng, John Ching, Paul Rapovski, Sato Keiji, Hidari Meiken, Isuzu Nokoto, Sahara Kenji.

vendredi 4 mars 2011

Pirates et guerriers


Sous l’empire Ming, des hordes de pirates attaquent les bateaux en mer. Lutter contre eux est la priorité du pouvoir d’autant que ces corsaires sont aidés par des ronins, ces yakuzas japonais déclassés. Comme dans les autres films de King Hu, une voix off ouvre Pirates et guerriers illustrant des gravures d’époque. On nous présente les personnages et les acteurs qui vont les interpréter. L’empereur envoie le général Yu Dayou (Roy Chao) et ses hommes les combattre. Ils sont sept pour évincer un grand nombre de pirates.

La méthode de Yu est de se faire passer pour des commerçants. Ils font semblant de vendre des marchandises pour attirer les pirates, les faire prisonniers et les interroger afin de retrouver leur repère où est caché leur trésor de guerre. Ils sont experts en kung-fu et en simulation, mais les pirates qu’ils arrêtent ne savent pas où se trouve la cachette. Le lieu leur a toujours été interdit d’entrée. Ce sont les mercenaires Japonais qui en connaissent l’accès. Il faudra qu’ils s’infiltrent dans la bande des pirates.

Ce sera Wu Jiyun (Pai Ying) et sa femme mutique Wu Shaopang (Hsu Feng) qui entrer en contact avec le maître de l’île où les pirates ont choisi d’y avoir leur repaire. Après moultes négociations, le couple Wu parvient à leur fin et rencontrent les chefs des pirates. Ils devront faire leur preuve en combattant au sabre, en envoyant des flèches et en prodiguant leur art martial. Parmi les combattants, on découvre un jeun Yuen Biao dans une courte scène. L’un des ronins japonais est incarné par Sammo Hung, par ailleurs maquillé de blanc. Sammo Hung est par ailleurs l’auteur des chorégraphies.

Ce Japonais, Bodojin (Sammo Hung) est le seul à ne pas faire confiance à Wu. Et quand l’assaut des guerriers se déclenche, il va en profiter pour tenter de spoiler ses comparses. Le film suggère que les Japonais n’ont pas de parole. King Hu filme les affrontements avec de nombreux travellings qui enserrent les personnages. Les combats ne sont pas spectaculaires et sont construits essentiellement avec le montage (champ sur un coup de sabre, contrechamp sur son effet). C’est une vieille méthode qui sera avec l’avènement du cinéma de Sammo Hung, entre autres, mise de côté quand l’acteur choisira de montrer les chutes et les coups dans les films qu’il réalisera.

Pirates et guerriers marque la fin d’une époque, celle de ses wu xia pian épique et héroïque qui verra triompher la justice. Si King Hu utilise des personnages japonais négatifs et vicieux, c’est sans doute parce que Bruce Lee est passé par là. Mais c’est l’absence quasi-totale des femmes qui frappe. Seule madame Wu incarne une présence féminine, mais elle parle très peu et se bat comme les autres hommes, niant ainsi toute féminité. Cette absence contraste tout à fait avec l’héroïsme et la présence féminine dans L’Auberge du printemps.

Pirates et guerriers (The Valiant ones, 忠烈圖, Hong Kong, 1974) Un film de King Hu avec Hsu Feng, Pai Ying, Roy Chiao, Han Ying-chieh, Sammo Hung, Yuen Biao, Lee Man-tai, Hao Li-jen, Mars, Yeung Wai, Lau Kong, Simon Yuen, Ng Ming-choi.