vendredi 31 août 2012

Thirst


Il est 15h31 quand Sang-hyun (Song Kang-ha) est déclaré mort. Il succombe aux expérimentations du virus Emmanuel qu’on lui a volontairement inoculé. Sang-hyun recouvre la vie immédiatement et devient le Saint aux bandages auprès de quelques dizaines de fidèles venus quémander un miracle. Sang-hyun est prêtre le jour et vampire la nuit. Il ne sait pas encore qu’il est un suceur de sang mais il s’aperçoit vite que les pustules immondes qu’il cache sous les pansements disparaissent de son corps (et en particulier de son visage) dès qu’il boit du sang humain. Thirst débute sur un postulat scientifique pour immédiatement déboucher sur le film de vampires, la science est ici pour légitimer un état, une condition surnaturelle. Pour la décrire comme plausible et donc acceptable, même si cela n’était pas franchement nécessaire.

Le vampire du film de Park Chan-wook est occidental. S’il n’a pas de dents acérées (ce qui évite ces stupides mâchoires), il ne supporte pas le jour, vole dans les airs et a ses sens hyper développés (Sang-hyun peut même voir les acariens sur sa peau et entendre les ados rire à l’école, trop fort). Le film est également chrétien puisque Sang-hyun est prêtre, célibataire et perclus d’angoisse à l’idée de devoir tuer un homme pour se nourrir. Il raconte son sort à un de ses pairs prêtres (aveugle) qui accepte de lui donner un peu de son sang pour le rassasier. En revanche, ce vampire ne semble guère craindre les crucifix, paradoxe qui ne sera pas exploité par le film. Le ressentiment de Sang-hyun est celui de se vautrer dans le péché et il va encore plus y aller quand il va rencontrer Tae-ju (Kim Ok-bin).

C’est la belle mère de Tae-ju, Madame Ra (Kim Hae-sook) qui débarque un jour dans le bureau de Sang-hyun. Elle se colle à la fenêtre comme une folle pour réclamer de l’aide pour son fils Kang-woo (Shin Ha-kyun). On comprend très vite que Tae-ju, plus que l’épouse de Kang-woo, est la servante de la famille. Le fiston est un peu débile, pas franchement une lumière. Mais il est l’ancien camarade de classe de Sang-hyun et à ce titre va être invité à venir jour au mahjong chez les Ra avec d’autres personnes aussi ennuyeuses. Un policier acariâtre et stupide et un employé qui a épousé une Philippine puisque personne ne voulait de lui. Pour le prêtre et la bru, ces parties de mahjong vont devenir synonymes de parties de jambes en l’air. D’abord dans le magasin alors que tout le monde joue à l’étage, ensuite à l’hôpital où ils sont bénévoles, finalement dans la piaule du prêtre. Un dialogue en double langage lors d’une partie de mahjong entre tous les invités celle les liens amoureux et adultérins de Sang-hyun et Tae-ju.

La première partie de Thirst jouait sur les ambigüités, les doubles sens du langage, sur la romance naissante et interdite avec des interrogations sur la culpabilité. La deuxième heure navigue sur des eaux plus convenues à la fois de l’horreur (Tae-ju contrairement à son amant décide de tuer pour se nourrir) et de l’amour (certaines scènes de sexe sont tout simplement ennuyeuses parce que trop longues, banales avec une caméra qui filme le couple en plongée en train de baiser). Park Chan-wook montre tout et montre souvent trop, ce qui est aussi un problème. Il montre des dizaines de fois les cicatrices des vampires qui se closent par magie, il filme des scènes explicatives sur la vie des vampires avec des allusions aux maladies du sang, dont les porteurs seraient comme dans une caste à part, une sorte de secte dont il ne faudrait pas sortir si ce n’est pour être un héros (Sang-hyun accueilli chaque fois en sauveur par les ridicules campeurs) ou comme un assassin (Tae-ju qui fait venir son « repas » chez elle pour les croquer).

Que faire d’un mari encombrant et débile ? S’en débarrasser répond Tae-ju avec un sourire pervers, comme elle dit elle-même. Après une scène de bateau pseudo poétique (ah le reflet de la lune éclairant Sang-hyun dans l’eau), l’humour entre un peu dans Thirst avec un Kang-woo noyé qui revient emmerder le couple en s’immisçant entre eux pendant l’amour. Avec son sourire niais, Kang-woo campe un parfait imbécile dont on est ravi qu’ils s’en soient débarrassés. La vieille mère devient amorphe et ne s’exprimera qu’en clignant des yeux donnant un effet comique à l’ultime partie de mahjong. Après cet humour un peu salvateur bien qu'il se fasse contre ces personnages, le film sera dans sa fin plombé dans l’illustration avec un hommage poussif à Kubrick (l’appartement peint en blanc) et la séquence finale, variation poétique appuyée avec l’objet du début de leur relation amoureuse qui termine le film. Comme souvent dans ces films longs (ici 2h13), à velléités formalistes, le résultat est bancal et satisfera les amateurs du genre.

Thirst (박쥐) Un film de Park Chan-wook avec Song Kang-ho, Kim Ok-bin, Shin Ha-kyun, Oh Dal-su, Kim Hae-sook, Mercedes Cabral, Park In-hwan, Song Young-chang, Eriq Ebouaney.

jeudi 30 août 2012

Sorties à Hong Kong (août 2012)


The Lion roars 2 (河東獅吼2, Hong Kong – Chine, 2012) 
Un film de Joe Ma avec Cecilia Cheung, Xiao Shen-yang, Huang Wei-de, Zhang Xin-yu, Liu Hui, Wu Jianfei, Shen Fang-xi, Qi Ji, Chen Hao, Li Jia-juan, Gao Jie, Ding Zi-shuo, Liu Yu-qi, Zhao Ben-shan, He Jiang. 102 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie à Hong Kong : 30 août 2012.

mercredi 29 août 2012

The Vampire who admires me


Avec Wong Jing à la production et au scénario, les six actrices principales de The Vampire who admires me ne sont pas là pour faire de la figuration. Elles interprètent des mannequins et, en tant que telles, elles devront poser en maillot de bains pour le photographe qui se la joue artiste (Sam Lee, coiffé à l’afro comme tout photographe de mode qui se respecte). Ce dernier n’est pas satisfait du décor proposé par le commanditaire, King (Samuel Pang). Il trouve que le décor de cimetière en carton pate fait toc. King décide donc d’emmener toute la troupe sur son île privée. C’est idéal pour filmer les jeunes actrices en maillot de bain sur une plage de sable chaud.

Seulement voilà, Mancy (JJ Jia) a un mauvais pressentiment. Elle voit les morts et communique avec eux. Sa collègue Bibi (Ankie Beilke) pense qu’elle est un peu folle mais un simple dialogue (“Je parle aux morts”) suffit à la rassurer. Il faut bien faire avancer le récit. Or malgré les recommandations de la grand-mère de Mancy (décédée évidemment), la troupe s’embarque sur l’île paradisiaque, au moins au niveau des plages. La mannequin vedette est Chelsea (Natalie Meng, la dernière recrue sexy de Wong Jing) qui a une liaison avec King. C’est une pimbèche, cela va sans dire. Bien, assez parlé des actrices en maillot, place aux vampires, puisque c’est le thème du film.

Le premier vampire est une jeune femme qui va contaminer tout le monde. La police est sur le coup. Et quels policiers. A leur tête Faye (Ha Yue), un type gentil qui héberge un vieil homme (Wong Tin-lan, le papa de Wong Jing) dans la prison parce qu’il est trop pauvre et qu’il a ainsi à manger. Ses deux assistants ne sont pas bien malins ni très compétents, reprenant ainsi le schéma classique des Mr. Vampire. Mann (Terence Tsui) et Wayne (Roger Kwok) sont peureux et préfèrent passer leur temps à admirer les poitrines des mannequins que chercher la jeune femme disparue. Mancy est une ancienne camarade de classe de Mann et ce dernier va tomber amoureuse d’elle, donnant son sens au titre du film (oui, il deviendra un vampire). Là-dessus, il faut ajouter l’arrivée de Madame Sarah Chui (Jo Kuk), leur nouvelle chef qui veut appliquer le règlement et ne croit pas à ces histoires de vampires.

Au fur et à mesure du récit, les vampires vont se multiplier. Il suffit de mettre un peu de maquillage gris sur le visage des acteurs et de leur faire porter des dents acérées en plastic. Leur dialogue (déjà très pauvre) sera ensuite remplacé par des grognements. Comment se débarrasser de ces sales monstres ? Faye a une solution bien à lui : il leur pète au visage. Mais sinon, pour chasser le super méchant démon vampire tapi dans la tombe familiale de King – qui se déplace lui en sautillant – ,  il vaut mieux suivre les préceptes ancestraux : retenir sa respiration, jeter du riz gluant et leur planter une épée de bois dans le cœur. Cub Chien et Wong Jing recycle comme souvent sans esprit et avec un humour rarement au dessus de la ceinture.

The Vampire who admires me (有隻僵屍暗戀你, Hong Kong, 2008) Un film de Cub Chien avec JJ Jia, Natalie Meng, Ankie Beilke, Maggie Li, Roger Kwok, Winnie Leung, Jo Kuk, Sam Lee, Samuel Pang, Ben Cheung, Angel Ho, Tanya Ng, Terence Tsui, Ha Yue, Wong Tin-lam, Lee Fung, Si Ming, Wong Wai-tong, Cheung Wing-cheung, Wong Chun-sing, Roger Kwok, Terence Tsui. 

mardi 28 août 2012

Yes, I can see dead people


Ça n’est pas tous les jours marrants pour Nam (Steven Cheung) de voir les morts. En voix off, sur un mode mi comique mi navré, le jeune homme explique que les morts peuvent parfois être encombrant quand ils se vautrent nus dans l’ascenseur, quand ils se suicident devant ses yeux, quand ils viennent le taquiner quand il drague une fille. Oh, il ne se plaint pas vraiment, il dresse seulement un constat de la situation dans laquelle il se trouve. Et ce que Nam remarque, c’est qu’il peut voir les morts dans son immeuble mais que la voisine avec laquelle il voudrait sortir ne le remarque même pas. Chee (Kathy Yuen), hôtesse de l’air, passe à coté de lui et ne le voir pas alors que Nam fantasme une rencontre romantique et une idylle amoureuse. L’ironie du commentaire en voix off est accentuée par les discussions que Nam entretient à la fois avec les fantômes (qu’on ne voit pas) et celles qu’il a par skype (avec un interlocuteur invisible). Finalement, en ce début de film, Nam ne parle réellement avec personne.

Pour l’instant, il a fort à faire avec Tung (Kris Gu Yu), son frère qui partage sa chambre (deux lits superposés, comme les enfants). Tung sort avec Charlie (Mandy Chiang) et passent un week-end ensemble. A leur retour, le comportement du frangin est anormal. Plutôt paranormal puisqu’il se met à émettre des phrases en plein restaurant pour l’anniversaire de la maman (Tan En-mei). Tung devient soudain prostré et silencieux, puis se lève et s’en va sous le regard du père (Suen Lik-man) et du reste de la famille qui ne savent pas comment agir. Nam recevra des conseils bienveillants du concierge (Lau Kong), homme qui a beaucoup de connaissances sur les sciences occultes. Son corps est entièrement tatoué de symboles taoïstes et de charmes destinés à éloigner les fantômes errants. Dès lors, Nam a une mission à accomplir : sauver son frère qui semble bien atteint et résoudre cette énigme surnaturelle.

La peur dans Yes, I can see dead people, œuvre au titre qui fait explicitement référence à Sixième sens de M. Night Shyamalan, vient avec les apparitions soudaines et fugaces des revenants. Quelques enfants au fond d’une cour d’école, un homme barbu (Chau Ka-sing) dans l’escalier de l’immeuble, le tout dans une lumière bleutée. Ils ne parlent pas, on ne sait pas ce qu’ils veulent (pas plus Nam que le spectateur). Des flash-back, un peu signifiant, raconteront tout de leur malheur. Cela fait partie du suspense. Il sera alors question d’un billet de banque, d’un anneau de mariage, d’un car, d’enfants qui jouent ; autant d’éléments épars qui viennent constituer le puzzle rationnel du paranormal dans une volonté vaine d’explication du surnaturel. Puis, ce sont Tung et Chee qui sont successivement envouté par le gros à barbe et qui cherche à se venger. Les chiens aboieront à leur passage. Nam et Charlie devront traverser des lieux lugubres et sans éclairage. Il s’agit, après une première partie légère et souriante, de faire sursauter le spectateur, de passer en douceur de la comédie au film d’horreur. Le résultat est relativement bon grâce surtout à Steven Cheung, jeune homme cool en bermuda et chemise, cheveux mal coiffés, qui doit tenir le rôle de l’exorciste en chef, bref pas du tout le profil type. C’est parce que ce contraste marche que le film se regarde.

Yes, I can see dead people (惡男事件, Hong Kong, 2007) Un film de David Lee avec Steven Cheung, Mandy Chiang, Kathy Yuen, Kris Gu Yu, Lau Kong, Suen Lik-man, Tan En-mei, Chau Ka-sing, Tam Chun-ho, Sun Wai-lin, Kwan Sum-mung, Yu Sai-tang, Kaleb Choi, Chow Chi-sing, Lam Pui-chun, Kelvin Chan, Michelle Wong, Wong Siu-foon, Au Hin-wai, Monica Chan.

jeudi 23 août 2012

Sorties à Hong Kong (août 2012)

Naked soldier (赤裸戰士, Hong Kong, 2012) 
Un film de Marco Mak avec Jennifer Tse, Sammo Hung, Jiang Lu-xia, Philip Ng, Andy On, Ian Powers, Ankie Beilke, Ellen Chan, Lena Lam, Timmy Hung, Anthony Wong, Wilson Tong. 92 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 23 août 2012.


Sorties à Hong Kong (août 2012)

Lan Kwai Fong 2 (喜愛夜蒲2, Hong Kong, 2012) 
Un film de Wilson Chin avec Kelvin Kwan Cho-yiu, Shiga Lin, Dominic Ho, Linah Matsuoka, Mia Chen, Avis Chan, Liu Yu-qi, Sita Chan. 99 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 23 août 2012.


mercredi 22 août 2012

Tokyo park


Cela faisait un bon moment qu’il n’avait pas été possible de voir un nouveau film de Shinji Aoyama, comme si le réalisateur encensé après Eureka et ses 3 heures 37 minutes de film et totalement ignoré avec La Forêt sans nom était totalement oublié aujourd’hui. La sortie estivale de son dernier film Tokyo park montre un cinéaste à la fois modeste (peu d’acteurs, peu de scénario, peu de décors) et ambitieux (une volonté d’aller dans le cinéma de genre et d’aborder plusieurs sujets tabou). Au centre du récit de son film, Koji Shida (Haruma Miura), jeune étudiant de 22 ans, photographe à ses heures et qui aime se promener dans le parc à côté de chez lui.

Dans ce parc justement, il prend en photo une dame qui promène sa petite fille en poussette. Image charmante qu’un homme interdit à Koji de photographier. Paradoxalement, cet homme, dentiste de son état (Yo Takahashi) va le payer pour surveiller cette maman (Haruka Igawa), qui s’avère être sa femme. Il la soupçonne d’adultère. Cependant son appareil photo argentique est trop lourd, il a besoin d’un numérique plus compact et léger pour espionner cette femme qui commence à intriguer le jeune Koji, par ailleurs célibataire bien que très entouré. L’épouse semble également avoir remarqué ce jeune homme qui la suit dans de nombreux parcs tokyoïtes, ce qui donne l’occasion de visiter la ville au spectateur (on voir pas si souvent que ça des parcs dans le cinéma japonais) et à Shinji Aoyama de s’épargner de créer des décors extérieurs.

Cet appareil numérique, il l’emprunte à Hiro (Shota Sometani) son colacataire. Hiro, habillé avec une drôle de tenue, constamment la même, est un peu inerte. C’est logique, il est mort et son enveloppe charnelle traine encore dans l’appartement où aucune de ses affaires ne semblent avoir bougé. Le soir, Koji est serveur dans un bar tenu par Takashi (Kenichi Haraki), un vieil homo devenu l’un de ses plus proches. Parmi les clientes, Miyu (Nana Eikura), sa meilleure amie et l’ex de Hiro. La filiation du film de fantôme se poursuit puisque Miyu est un fan du cinéma d’horreur avec vampires, zombie et morts-vivants. On découvre dans Tokyo park un extrait d’un film titré « Vampires zombies » aux effets horrifiques involontairement comiques. Miyu a beau citer deux trois noms (dont Romero évidemment et Eisenstein), elle ne semble pas faire la différence entre un navet et un bon film. Ce qui l’intéresse est d’avoir peur. Elle regrette du coup beaucoup de ne pas pouvoir voir son ex défunt.

L’autre cliente assidue du bar est la demi-sœur de Koji. La mère de Misaki (Manami Konishi) a épousé le père de Koji. Elle a une grande affection pour son demi-frère, une affection trouble que tous les personnages interrogent. Là est le nœud narratif du film que le réalisateur décline en longs plans séquence où les personnages s’expliquent longuement sur fond de musique jazz. Tokyo park a de quoi séduire mais il faut pour cela subir un rythme un peu bancal, parfois très mou en écho au caractère velléitaire de Koji (les discussions avec sa sœur), parfois plus vif (les confrontations lors de superbes scènes de repas – le beignet de porc suivi de pâtisserie arrosés au vin rouge – avec Miyu, le personnage le plus énigmatique). C’est gênant parce que le film tente le coup de force scénaristique et le coup de poing émotionnel dans sa dernière demi-heure, sans y parvenir. C’est finalement le trio Koji – Miyu – Hiro qu’on a le plus envie de suivre et qu’on attend chaque fois que le film part vers un autre personnage.

Tokyo park (Tokyo koen, 東京公園, Japon, 2011) Un film de Shinji Aoyama avec Haruma Miura, Nana Eikura, Manami Konishi, Haruka Igawa, Shota Sometani, Yo Takahashi, Takashi Ukaji.

The Death curse


La lettre que reçoit Nancy (Charlene Choi) lui apprend que son père (Chen Xian-da) l’invite à participer à une réunion familiale dans sa demeure située dans un petit village de Chine. A court d’argent, la jeune femme en emprunte pour son voyage à Keith (Laurence Chou), son voisin amoureux d’elle (sans réciprocité), un jeune gars timide mais qui l’espionne. En effet, il ouvre son courrier avant elle et il sait déjà tout sur cette réunion bien avant elle. Nancy le rabroue comme un vilain chiot pour cet outrage de sa vie privée mais accepte son argent pour rencontrer cette parentèle inconnue. On ne reverra Keith qu’en fin de film pour aider Nancy, finalement il fait bien de lire son courrier.

La demeure du père est une sorte de château isolé et qui dit château isolé dit apparitions fantomatiques. Nancy aperçoit une enfant immobile, portant un masque, la musique (et le titre du film) nous fait croire que c’est un fantôme. C’est en fait Fanny (Kau Lapi-yi), la nièce de Nancy. Cette dernière découvre que son père a eu huit enfants avec huit femmes différentes. La première partie de The Death curse présente ces personnages avec des caractéristiques variées pour qu’ils puissent être identifiables immédiatement. L’ainé est Andy (Zhou Bo), toujours nerveux, la seconde est Deon (Suen Hiu-yin) la maman célibataire de Fanny. Puis Nick (Raymond Wong Yo-hin) qui se prend un membre des triades et se promène en veste ouverte sur son torse (un macho donc). Suivent les plus jeunes Linda (Gillian Chung), Jerry (Kenny Kawn) et Ben (Steven Cheung), par ailleurs membres du groupe de cantopop Boy’z.

La méfiance entre tous ces frères et sœurs qui ne connaissent pas va être accentuée par la bataille que lance le notaire Cheung (Alex Fong Chung-sun). Il annonce que le testament de Monsieur Ting, leur père tout juste décédé, leur demande de partager son immense fortune en part égale entre les huit enfants. Cheung déclare qu’il manque Samuel, le troisième frère et qu’ils devront tous avant d’obtenir l’argent, rester 49 jours dans la demeure et brûler de l’encens chaque soir à minuit précise. Si l’un d’eux manque à l’appel de minuit, il sera supprimé des héritiers. Passés l’étonnement et la protestation de rigueur, chacun s’installe où il peut et chacun essaie, maladroitement, de faire connaissance. A tous ces personnages, il ne faut pas oublier le hiératique et mystérieux Monsieur Wong (Sun Le-qiu), majordome du défunt qui surveille tout, semble se déplacer tel un fantôme dans toutes les pièces.

Le film se lance alors dans un joyeux jeu de massacre où les enfants vont disparaitre les uns après les autres. The Death curse s’apparente d’abord au film de fantômes avec des apparitions immobile du mort à grand renfort de musique flippante. Tous les artifices du film horrifique sont convoqués et Soi Cheang se débrouille plutôt bien pour tenter de faire peur au spectateur. Les moyens sont basiques : lumières qui clignotent, lampe de plafond qui se balance alternant nuit et jour, voix d’outre tombe. L’architecture du lieu, huis-clos qui enferme les personnages, permet d’instaurer une tension. Tous découvrent les longs couloirs où les portes s’ouvrent et se ferment toutes seules en même temps que le spectateur. Enfin, la petite Fanny est la seule à voir les morts, semble-t-il. Plus qu’un vrai film d’horreur, Soi Cheang en réalise la parodie avec beaucoup d’ironie.

Le ton s’apparente clairement vers celui de la comédie avec une caricature extrême des personnages, notamment les accolades gênées que doivent se donner les frères et sœurs : leurs têtes contrites à ces moments sont amusantes. The Death curse est d’abord un film pour mettre en valeur tous ces jeunes acteurs, les Twins et les Boy’z en tête. Il faut donc supporter leur jeu relativement inexpressif qui en comparaison de la composition ironique d’Alex Fong Chung-sun ne fait pas toujours le poids. Et puis, il reste un scénario pataud résout l’énigme des ces fantômes avec Charlene Choi en enquêtrice en chef, rappelant plus Scooby Doo que Shining.

The Death curse (古宅心慌慌, Hong Kong, 2003) Un film de Soi Cheang avec Charlene Choi, Gillian Chung, Steven Cheung, Kenny Kwan, Alex Fong Chung-sun, Raymond Wong Ho-yin, Lawrence Chou, Kau Lap-yi, Suen Hiu-yin, Sun Le-qiu, Zhou Bo, Chen Xian-da.

dimanche 19 août 2012

Mortuary blues


Dans un village reculé où des rites ancestraux perdurent encore et toujours, le vieux Piao (Pak Man-biu) fait régner sa loi en se débarrassant d’une femme accusée d’adultère et donc qui risque de divulguer leur secret. L’amant lui cherche un trésor dans ce qui en vérité est un tombeau peuplé de vampires. Pendant ce temps, le policier du village, l’irascible Shih (Corey Yuen), en caleçon et débardeur sale, interroge un type censé faire du trafic de drogue. Comme Kau, le personnage de Lam Ching-ying, Shih est assisté de deux crétins incompétents dans une variation dégénérée de Mr. Vampire. Le Sergent Li (David Lo), avec sa bouille de gros bébé et ses lunettes est d’abord un obsédé sexuel qui met ses mains sur les fesses des filles. Chen (Alex To), le policier subalterne est un froussard qui passera tout le film le visage vert après avoir fumé la prétendue drogue.

L’arrivée d’une troupe de théâtre d’opéra chinois va amener un peu d’animation dans le village. Shih les prévient qu’il les surveillera de très près. C’est sans compter sur les facéties de Sandra Ng, Lowell Lo et Sheila Chan, membres de la troupe et qui vont tomber par hasard sur la carte du trésor. Parlons un peu de l’humour au-delà du potache de Mortuary blues avant que les fantômes n’entrent en scène. D’abord l’hystérie totale du personnage de Sandra Ng qui dès qu’elle voit Corey Yuen se met en transe amoureuse avec une absence absolue de sobriété. Elle fait des grands gestes, des grimaces et hurle ses dialogues : la routine du jeu des débuts de l’actrice. Il faut aimer. L’autre motif comique est le caca. Toute la troupe a mangé des aliments qui leur donnent la chiasse. Les hommes se mettent en rang pour déféquer et se poussent l’un l’autre. Sandra Ng et Sheila Chn, sur scène, changent leurs dialogues (elles jouent la légende du papillon) et contractées par leur diarrhée, elles jouent des vierges qui sont enceintes. C’est certes extrêmement poussif, très longuet, mais ça peut s’avérer parfois drôle.

La partie des fantômes commencent avec de l’humour en dessous de la ceinture. Le trio de théâtreux pénètre dans la pagode cachée. Là, ils y trouvent quatre vampires aux visages purulents. C’est pleine lune et les vampires attaquent les vivants. Les talismans de papier sont ici remplacés par les vestes des protagonistes qu’ils placent sur les têtes des zombies pour les arrêter. Lowell Lo met sa main sur une vampire, ce qu’elle semble apprécier. Dans une scène, des rats s’introduisent dans les pantalons des filles qui croient que c’est le sexe du garçon. Ils réveillent un affreux démon (Chan Sek) au visage plein de pustules (un maquillage assez mal fichu). Puis, ils vont aller chercher le trésor où dans chaque pièce une épreuve les attend (des murs se déplacent, un saut au dessus du vide en liane). Très impur, le film de Jeff Lau offre cependant une belle séquence d’opéra chinois à la fin. Toues les personnages ont revêtus des costumes de l’opéra (le film se situe dans l’époque contemporaine) et affronte le démon qui se prend pour l’empereur de Chine. Bien que parodique (un pied géant en référence à Wong Fei-hung écrasera le démon), ces costumes et parures ramènent le film aux origines du genre. Cette séquence finale est la seule vraiment réussie de Mortuary blues, un film qui montre bien que la comédie de fantômes était largement épuisée à cette époque.

Mortuary blues (屍家重地, Hong Kong, 1990) Un film de Jeff Lau avec Corey Yuen, Sandra Ng, Lowell Lo, Sheila Chan, Alex To, David Lo, Charlie Cho, Amy Yip, Chung Faat, Pak Man-biu, Chan Sek.

vendredi 17 août 2012

La Servante


D’abord une famille coréenne : M. Kim, le père (Kim Jin-kyu), professeur de piano dans l’usine ; son épouse (Ju Jeung-ryu) est enceinte pour la troisième fois. Elle est couturière à domicile pour compléter le salaire du mari. Elle devra bientôt s’arrêter de coudre pour accoucher. Enfin, les deux enfants. L’ainée, Ae-soon est handicapée et ne marche qu’avec des béquilles, le fils, Chang-soon, a quelques années de moins et passe son temps à se chamailler avec sa sœur, souvent de manière très cruelle. Une famille sans histoire qui loge dans une seule pièce en attendant un appartement plus vaste, plus confortable où ils ne seront pas les uns sur les autres. Voilà pour le cadre familial.

Kim plait aux femmes. Il ne fait rien pour. A l’usine, une ouvrière glisse dans le pian une lettre d’amour que le professeur s’empresse de donner au contremaitre. La jeune femme se fait renvoyer. Sa meilleure amie, également employée de l’usine, avait manigancé ce renvoi en l’encourageant à écrire cette missive. Cho (Um Aing-ran) est aussi amoureuse de Kim et va chez lui pour prendre quelques leçons privée de piano. Lors d’un cours au travail, il avait suggéré aux ouvrières de prendre des cours. Cho visite la nouvelle maison en travaux, fait connaissance avec la famille, constate que la mère a besoin d’une servante qu’elle va s’empresser de lui trouver. Pourtant le père aide beaucoup, il fait même mieux la cuisine que la mère selon les enfants.

Au bout de vingt minutes d’un récit qu’on pensait aller naviguer sur les eaux conventionnelles du drame adultérin, La Servante nous présente enfin cette servante (Lee Eun-shim), dont le nom ne sera jamais prononcé (en tout cas dans les sous-titres français). C’est dire qu’elle ne sera considérée comme une personne mais plutôt comme un meuble dans cet appartement désormais bien bourgeois. Dès le départ, on comprend qu’elle ne tourne pas rond. Elle ne dit pas grand-chose, se rend dans la cuisine, ouvre les placards, voit un rat dans l’un d’eux, l’attrape par la queue et le tue. Pour bien montrer l’inquiétude qu’elle va provoquer, elle mélange le riz avec de la mort aux rats. Sa mission première sera de décimer les rongeurs qu’elle prend plaisir à éradiquer si l’on en croit son visage satisfait proche de l’orgasme.

Les enfants la prennent en grippe et réciproquement. Dans un plan qui rappelle Soupçons d’Alfred Hitchcock, la servante monte les escaliers (les chambres sont situées à l’étage) avec un verre d’eau filmé en gros plan. La gamine pense que la servante a mis de la mort aux rats dans le verre. Elle en boit un peu avec un regard amusé mais de plus en plus menaçant. Et cette menace, elle va la mettre à exécution. Elle aussi tombe sous le charme de M. Kim et quand l’épouse part se reposer chez sa mère le dernier mois de sa grossesse, la servante séduit le mari qui succombe et la met enceinte. Il va devenir la possession de la servante qui observe les moindres faits et gestes de toute la famille, cachée derrière une porte, les yeux exorbités à la recherche de la moindre brèche lui permettant de s’incruster dans la vie familiale, filmée dans de rapides travellings claustrophobes. Mais personne ne veut d’elle.

La tension créée par la présence malsaine de la servante est accentuée par le son. Les journées à la maison sont rythmées par le bruit mécanique de la machine à coudre de la mère, son bientôt remplacés par les fausses notes de piano que martèle la servante qui sonnent comme le glas, comme un appel à l’époux pour qu’il monte s’occuper de cette maitresse qu’il rejette. Ce son devient pour la mère (toujours habillée en blanc) angoissant et pour le spectateur l’annonce d’un nouveau mauvais coup de la servante (toujours vêtue de noir). La Servante transcrit l’esprit moral et mesquin de l’époque. La raison pour laquelle les Kim ne renvoient pas leur servante est la peur du qu’en dira-t-on, de la rumeur et du jugement de la société. Le récit ne se développe qu’à cause de cette morale d’un autre âge (quoique) et qui autorise cet huis-clos étouffant à se terminer dans le drame le plus sordide. A moins que…

La Servante (하녀, Corée, 1960) Un film de Kim Ki-young avec Kim Jin-kyu, Ju Jeung-ryu, Lee Eun-shim, Um Aing-ran, Ahn Seong-gi, Go Seon-ae.

jeudi 16 août 2012

Sorties à Hong Kong (août 2012)


Diva (DIVA華麗之後, Hong Kong, 2012) 
Un film d’Heiward Mak avec Joey Yung, Hu Ge, Mag Lam, Bonnie Sin, Carlos Chan, Wilfred Lau, Fiona Sit, William So, Kara Hui, Matt Chow, Clement Cheng, Venus Wong, Chapman To. 101 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 16 août 2012.


Sorties à Hong Kong (août 2012)


Mc Dull, The Pork of music (麥兜噹噹伴我, Hong Kong, 2012) 
Un film de Brian Tse avec les voix de Sandra Ng, Anthony Wong, Ronald Cheng, The Pancakes. 79 minutes. Classé Catégorie I. Sortie à Hong Kong : 16 août 2012.


lundi 13 août 2012

L'Exorciste chinois 2


La rivalité amoureuse autour de la jeune Perle (Gung Tse-yan) est le fil conducteur de L’Exorciste chinois 2. Fiancée depuis leur plus tendre enfance à Bo (Sammo Hung), le jeune couple doit d’abord vivre secrètement leur union, d’autant que le père de la jeune femme, M. Chu (Teddy Yip) n’aime guère son futur gendre. Il va d’ailleurs le poursuivre dans leur cachette avec toute une horde de gens armés pour l’attraper et lui faire passer le goût de la vie. Mais le jeune couple s’est réfugié dans une grange où se trouve un couple de vampires qu’ils réveillent. Ils ne sont pas très contents et attaquent Bo et Perle dans un combat où Sammo Hung doit foutre de grands coups de pieds aux macchabées. Le film, qui marque le retour de l’acteur au genre de la kung-fu ghost comedie débute dans l’essence du style de Sammo Hung : un combat violent et précis.

Ce n’était qu’un cauchemar. Hoi (Mang Hoi), son collègue disciple de l’exorciste Jiao (Lam Ching-ying) le réveille en plein délire et le ramène à la réalité. Dans cette vie, Perle habite encore chez son père et elle se fait harceler par Shi (Lam Man-chung), jeune fils de parvenu (ses doigts sont couverts de bagues de jade) qui espère que le père de Perle renoncera à ce mariage afin qu’il puisse l’épouser. Dès que Bo arrive au restaurant, propriété de M. Chu, Shi se moque de lui en disant que ça sent le cochon, puis il l’accuse d’avoir mal servi un plat où se trouve une sauterelle. L’affrontement physique est inévitable. Le maître de Shi est un adepte de la magie noir (Huang Ha), il va donner à son jeune disciple l’agilité d’un singe grâce à un sort. Dans un habile montage parallèle, on voit le singe sautiller et l’acteur Lam Man-chung reproduire cette gestuelle.

Bo gagne ce combat mais la guerre continue. Deux camps sont clairement distincts. Les très méchants, Shi et le sorcier adepte de magie noire d’un côté, avec la complicité passive du restaurateur. Et Bo, Hoi et Jiao, défenseur de la justice d’autre part. Pour gagner le respect de son futur beau-père, Bo décide de monter une boutique de soupes. Mais il n’a aucun client si ce n’est Hong (Wong Man-wan), une femme qui achète une soupe mais paie en monnaie funéraire. Elle est un fantôme mais continue de s’occuper de sa vieille mère aveugle (Tam Sin-hung), dans une partition censée émouvoir le spectateur. Bo se prend de sympathie pour les deux femmes, comme elles, il se sent en marge de la société. Elle deviendra son alliée la plus sûre dans les affrontements suivants avec le sorcier.

Car c’est bien entendu cela qui intéresse le plus dans L’Exorciste chinois 2 : cette magie noire, ces monstres purulents crées à partir de cadavres en décomposition et qui fonctionne grâce à des cafards insérés dans la chair, le corps inerte de Sammo Hung attaqué par des dizaines de blattes et ces zombies au maquillage rudimentaire. L’affreux sorcier pour défaire Bo et anéantir sa force, déplace son âme dans le corps d’un cochon. Le film montre deux belles scènes de transferts de corps. La première est plutôt classique : la jeune fantôme Hong  s’insère dans le corps inopérant de Bo. Les coups portés par le sorcier font sortir avec la grâce de vieux effets spéciaux de surimpression la jeune femme. Plus loin, ce sera un combat à distance entre Jiao et le sorcier où les deux combattants s’affrontent en hologrammes. Dans ces idées, c’est un peu du bricolage poétique que l’on retrouve, on sait pertinemment que les effets spéciaux ne seront pas parfaits, loin de là, mais c’est cet artisanat qui séduit et qui, allié à la totale maitrise des chorégraphies de Sammo Hung, fait de L’Exorciste chinois 2 l’un des plus réussis du genre.

L’Exorciste chinois 2 (Encounter of the spooky kind II, 鬼咬鬼, Hong Kong, 1989) Un film de Ricky Lau avec Sammo Hung, Lam Ching-ying, Gung Tse-yan, Mang Hoi, Wong Man-gwan, Tam Sin-hung, Teddy Yip, Lam Man-chung, Huang Ha, Ngai Sing, Cheung Kwai-cheung, Wan Yuk-fai, Wong Lai-na, Cheung Wing-cheung, Cheung Kwok-keung.

samedi 11 août 2012

Mr. Vampire et les démons de l’enfer


Comme l’indique très bien le titre français, deux récits cohabitent dans Mr. Vampire et les démons de l’enfer. D’une part, une histoire comique de Mr. Vampire où le taoïste chasseur de fantômes est tenu par Richard Ng dans le personnage de Ming, un exorciste qui cherche à profiter de la peur des gens : métaphore de toutes les compagnies concurrentes de la BoHo (Sammo Hung et Leonard Ho) qui ont surfé sur le succès de la franchise sans atteindre la réussite de Ricky Lau. Ming est aidé de deux fantômes, Ta Pao le père (Lui Fong) et Hsi Pao le fils (Hoh Kin-wai), pour s’introduire chez les riches afin de leur soutirer de l’argent. Le taoïste chasse les fantômes complices sauf quand la demeure est réellement hantée et que le plan établi s’écroule face à toute une famille de fantômes mécontents de voir leur tombeau profané (cette vieille et sempiternelle histoire de construction sur les cimetières).

D’une autre part, Oncle Kau (Lam Ching-ying) reprend du service pour cette fois chasser des démons de l’enfer. En l’occurrence une bande de monstres assoiffés de sang menée par une sorcière (Pauline Wong). Le but des démons est de régner sur terre et la bataille sera rude. Les chorégraphies des combats sont violents et lorgnent vers le gore. Kau tranche la tête des démons mais la magie noire de la sorcière leur permet de continuer à survivre : elle sort de sa bouche des vers, les applique sur la plaie et ses créatures repartent à la bataille. Donc, de gentils fantômes qui cette fois parlent et se déplacent sans sautiller et d’affreux démons qui s’expriment en râles et se déplacent en volant. Il est évident que l’influence des Histoires de fantômes chinois de Ching Siu-tung et Tsui Hark sont pour quelque chose dans ce renouveau de la franchise Mr. Vampire qui retourne au début du 20ème siècle.

Comme d’habitude, Kau est aidé de deux assistants dont Chiang (Billy Lau) qui ne cessera pendant tout le film de bien se faire voir de son patron. Chiang est un personnage exaspérant, vaniteux et gênant. Tout ce qu’il entreprend se solde par un échec dont il accuse les autres d’être responsables. Kau devra bien entendu rétablir la situation. Jusqu’à la prochaine gaffe. Il suffit que Kau lui demande de surveiller deux démons féroces, immobilisés grâce à un pinceau talisman sur le front, pour qu’il fasse la farandole, que les pinceaux tombent et qu’il soit dépassé. Ailleurs, il doit surveiller la destruction de ces démons et de la sorcière. Il préfère déléguer à deux sous-fifres et partir flatter son maître au restaurant. Les deux démons auront tôt fait de prendre possession des corps des deux gardiens débutant ainsi une série de catastrophes. Et surtout, Chiang prend en grippe Ming et ses deux fantômes et ne cessent de les harceler.

Ces deux récits devront forcément se mêler, s’interpénétrer et donner une forme à ce troisième épisode, après la nullité du Retour de Mr. Vampire, plus tenu et assez intéressant. Comme les monde des vivants cohabite avec le monde des défunts, la comédie se transforme assez vite en film d’action. L’idée de donner un rôle comique important à Richard Ng face à Lam Ching-ying toujours aussi sérieux fonctionne tout à fait. Les deux personnages s’entendent, se comprennent bien que l’un chasse les fantômes et que l’autre les emploie pour son travail. Le saut qualitatif entre le deuxième épisode et celui-ci est très important notamment dans la séquence finale qui oppose la sorcière et ses deux affreux démons (dont l’un d’eux devient une sorte de monstre purulent) face aux taoïstes et les deux gentils fantômes où, suivant la leçon de Ching Siu-tung et Tsui Hark, les lois de l’attraction volent en éclats.

Mr. Vampire et les démons de l’enfer (Mr. Vampire III, 靈幻先生, Hong Kong, 1987) Un film de Ricky Lau avec Lam Ching-ying, Richard Ng, Lui Fong, Billy Lau, Pauline Wong, Hoh Kin-wai, Baan Yun-sang, Lee Chi-git, Chu Tau, Teddy Yip, Wu Ma, Sammo Hung, Ka Lee, Corey Yuen, Gam Biu, Chow Gam-kong, Cheung Wing-cheung, Pang Yun-cheung, Siu Hung-mooi, Chun Kwai-bo, Tam Yat-ching, Yip So.

vendredi 10 août 2012

Sorties à Hong Kong (août 2012)


The Silent war (聽風者, Hong Kong, 2012) 
Un film d’Alan Mak et Felix Chong avec Tony Leung Chiu-wai, Mavis Fan, Zhou Xun, Wang Xue-bing, Carrie Ng, Gan Ting-ting, Bai Ru, Dong Yong. 119 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie à Hong Kong : 10 août 2012.

jeudi 9 août 2012

L'Empire de la passion


1895, un petit village du Japon. L’ancien soldat Toyoji (Tatsuya Fuji) traine son ennui dans les rues de la petite communauté, son uniforme de l’armée porté nonchalamment sur son torse nu. Jeune homme célibataire, mais viril puisqu’il porte une moustache, il cherche à s’attirer les faveurs sexuelles de Seki (Kazuko Yoshiyuki), mère de famille (elle a une fille adolescente et un nourrisson) et mariée à Gisaburo (Takahiro Tamura), le tireur de pousse-pousse du village. Elle proteste mollement à cause de leur différence d’âge mais elle se laisse séduire par lui. Il pousse le nourrisson endormi à côté d’elle, une après-midi d’été, et se met à téter son sein. C’est la première étape de leur liaison secrète et adultère.

Le jour où il la force à se laisser entièrement raser le pubis, elle deviendra sa propriété, il la possédera toute entière. Seki ne pourra plus se montrer nue devant son époux sans qu’il ne soupçonne l’adultère. La première partie de L’Empire de la passion est consacrée aux jeux amoureux et sexuels des deux amants. Contrairement à L’Empire des sens, l’érotisme est diffus, caché, les sexes sont cachés par les corps des partenaires (elle à genoux devant lui baissant son pantalon pour montrer sa verge en érection quand elle se refuse à lui ; lui à genoux devant elle allongée quand il la rase). Leur passion est réelle, mais doit rester intime car personne dans le village ne doit être au courant. Et surtout pas le mari. La solution est vite trouvée : le tuer.

Ils l’étranglent ensemble, avec une corde. Ils emmènent le corps de Gisaburo en forêt et le jette au fond d’un puits, dans une des plus belles scènes du film où la neige les recouvre presque. La caméra est au fond du puits, point de vue aveugle puisque personne ne s’y trouve, si ce n’est bientôt un cadavre, mais cela fait passer le film dans le champ du fantastique. Seki dira aux villageois que son époux est parti à Tokyo. Au bout de trois ans, personne n’a de ses nouvelles mais cela n’empêche pas les villageois de lancer des rumeurs (le chœur des trois vieilles rombières qui disent tout haut ce que chacun pense tout bas), de se poser des questions et de croire qu’elle a une liaison avec Toyoji. Ce dernier refuse toujours de s’installer avec elle, il veut continuer à maintenir un secret qui ronge la passion amoureuse que lui porte Seki.

Virage vers le fantastique donc, ou plus précisément le film de fantômes japonais. Le mari vient hanter les rêves des villageois. D’abord un voisin qui affirme lui avoir parlé en songe. Puis, la fille de Gisaburo qui évoque un puits. Enfin Seki qui le voit apparaitre chez lui, le visage blanc comme les morts. Il ne parlera jamais, il la fixera. Le fantastique de Nagisa Oshima n’est pas conçu pour effrayer. Il est poétique et métaphorique afin d’exprimer la folie des deux amants. Elle qui cherche à exorciser la culpabilité qui la ronge, lui qui jette chaque jour des feuilles dans le puits comme pour recouvrir un crime qu’il n’assume pas. Ces gestes les rendent coupables à la fois aux yeux des villageois et de l’inspecteur venu enquêter sur la trop longue disparition du mari. Ce que montre L’Empire de la passion est une société malade de ses préjugés bâtis sur des fondements rétrogrades qui contamine et condamne ceux qui voudraient s’en échapper.

L’Empire de la passion (愛の亡霊, Japon – France, 1978) Un film de Nagisa Oshima avec Tatsuya Fuji, Kazuko Yoshiyuki, Takahiro Tamura, Takuzo Kawatani, Akiko Koyama, Taiji Tonoyama, Sumie Sasaki, Eizo Kitamura.

Sorties à Hong Kong (août 2012)


Vulgaria (低俗喜劇, Hong Kong, 2012) 
Un film de Pang Ho-cheung avec Chapman To, Dada Chan, Ronald Cheng, Fiona Sit, Crystal Tin, Siu Yam-yam, Matt Chow, Hayama Hiro, Jim Chim, Lawrence Chou, Mak Ling-ling, Vincent Kok, Simon Loui, Lam Suet, Lawrence Cheng, Miriam Yeung, Nora Miao, Jimmy Wan, Huang Lu, Ray Pang, Fanny Lee, Au Hin-wai. 92 minutes. Classé Catégorie III. Sortie à Hong Kong : 9 août 2012.


mardi 7 août 2012

Le Retour de Mr. Vampire


Le récit du Retour de Mr. Vampire se transporte de nos jours (c'est-à-dire en 1986). Un archéologue portant bouc et lunettes demi-lune, le professeur Kwok (Chung Faat) s’affaire à retrouver des objets antiques pour les revendre. Aidés par ses deux assistants, Chicken (Billy Lau) et Sashimi (Ka Lee) aussi incompétents et froussards que ceux de Maitre Kau dans Mr. Vampire, il tombe dans une grotte sur trois sépultures parfaitement conservées. Une famille entière, père, mère et enfant, tous trois en habits mandarins et portant un sort sur le front. Oui, ce sont des vampires et ils vont foutre une sacrée pagaille.

Kwok cherche immédiatement à vendre ses momies et apporte le petit (Hon To-yue) chez un éventuel acheteur laissant Chicken seul avec les adultes. Il enlève le parchemin du front de la mère (Pauline Wong) qui se réveille, sautille sur ses pieds et chercher à le mordre. Puis, c’est le père (Cheung Wing-cheung) qui se réveille. Il est bien plus coriace et le pauvre assistant maladroit et gaffeur a bien du mal à ne pas se laisser croquer. Les deux vampires poussent des râles crépusculaires et l’antre se transforme en champ de batailles burlesque où le pauvre diable cherche à se cacher jusqu’à ce que Kwok et Sashimi reviennent pour maitriser les vampires.

Pendant ce temps, le petit vampire s’est aussi réveillé et apprécie la musique sur l’auto-radio. Il va s’échapper et atterrir chez Monsieur Hu (Wu Fung), un veuf avec deux enfants (un peu grassouillets). Réfugié dans la remise, l’enfant va être accueilli par la petite fille si gentille qu’elle le prend pour un boat people (la télé montre un reportage sur eux). Comme dans ET de Steven Spielberg, elle va cacher la présence du vampire à son père. Cette partie familiale est terriblement mièvre, sans humour et surtout passablement mal jouée (les enfants sont atroces). Le film est clairement à destination du jeune public.

L’arrivée dans l'histoire, au bout d'une bonne demi-heure, de Lam Ching-ying en descendant de Maitre Kau (il porte encore une fois des sourcils d’un seul tenant, signe de sagesse) pour sauver l’archéologue n’y fera rien. Il est aidé de Yen (Yuen Biao) qui aspire à épouser Gigi (Moon Lee), la fille de Lam Ching-ying. La seule séquence de combat s’éternise, et pour cause, dans l’antre de l’archéologue un produit ralentisseur s’échappe de sa fiole. Tous les gestes, dialogues et grognements des acteurs sont filmés comme au ralenti, les interprètes jouant donc en parlant et bougeant lentement, très lentement. Bonne idée mais qui s’éternise trop pour être amusante. Le Retour de Mr. Vampire reprise tout ce qui faisait la saveur de Mr. Vampire sans jamais arriver à ce que cela fonctionne.

Le Retour de Mr. Vampire (Mr. Vampire II, 殭屍家族, Hong Kong, 1986) Un film de Ricky Lau avec Chung Faat, Billy Lau, Ka Lee, Pauline Wong, Cheung Wing-cheung, Hon To-yue, Yuen Biao, Moon Lee, Lam Ching-ying, Hoh Kin-wai, Choi Man-gam, Wu Ma, James Tin, Wu Fung, Walter Tso, Manfred Wong, Stanley Fung.

lundi 6 août 2012

Kaïro


« Tout avait commencé un jour ordinaire », explique Michi (Kumiko Asô), en guise de lancement du récit de Kaïro, alors qu’elle se trouve seule avec un homme plus âgé qu’elle (Kôji Yakusho, l’acteur fétiche de Kiyoshi Kurosawa qui ne fait qu’une très courte apparition) sur un bateau en pleine mer. Ce jour-là, son collègue Taguchi se fait attendre au travail alors qu’elle cherche une disquette qu’il devait préparer. Personne n’a eu de ses nouvelles depuis longtemps. Elle décide donc d’aller chez lui, un appartement mal entretenu. Elle le découvre, mal habillé, l’air hébété dans un coin d’une pièce. Il ramasse une corde pour ranger son studio, elle va fouiller à côté de l’ordinateur pour trouver cette disquette. Une minute plus tard, elle le retrouve pendu dans la chambre sans comprendre ce qui a bien pu se passer. La police qui vient la chercher n’a pas non plus d’explication.

Junko (Kurume Arisaka), la collègue de Michi l’interroge sur ce suicide. Elle s’inquiète surtout pour Michi, et il faut le dire, qu’elle a sacrément peur. Mais cette peur est mêlée de curiosité. Yabé (Masatoshi Matsuo), l’un des collaborateurs de leur boite, ouvre la disquette et il découvre une image énigmatique : on y voit Taguchi devant son ordinateur et sur l’écran de l’ordinateur, cette image démultipliée. Sur un autre écran, il remarque ce qui semble être un visage livide. Yabé retourne dans le logement de Taguchi, fouille un peu, tombe sur une feuille sur laquelle est inscrite « zone interdite », puis aperçoit une tache sombre sur le mur, comme de la fumée, précisément là où le jeune homme s’est donné la mort. Enfin, il voit son collègue, ou pense-t-il le voir. Au bout de quelques jours, le résultat est le même, Yabé se tire une balle dans la tête.

Autre lieu, autres personnages. Kawashima (Haruhiko Katô) est un jeune étudiant aux cheveux colorés qu’on imagine un peu superficiel. Un soit de désœuvrement, il entreprend d’installer internet sur son ordinateur. Il n’y connait pas grand-chose (il faut se rappeler que le film date de 2001, époque où le web n’était pas encore si présent) mais l’ordi se connecte immédiatement sur des vidéos de personnes seules chez elles, le visage trouble. Il va demande à Harué (Koyuki), la fortiche en informatique des conseils. Ils ne vont plus se quitter pour tenter d’expliquer cette vague de disparition des humains et d’apparition de fantômes. Un étudiant leur affirmera que les âmes sont désormais trop nombreuses et qu’elles s’installent à la place des vivants. Et surtout, il conseille de se méfier des lieux entourés de ruban adhésif rouge.

Quand Kaïro est sorti, le cinéma japonais était en pleine mode de Ring et autres films de fantômes chevelus qui se retournait soudain pour faire peur au spectateur. Les fantômes de Kaïro n’existent qu’à l’état de trace sur les murs ou comme entité désarticulée qui prend possession du corps des humains, comme dans la belle scène d’angoisse pure où Yabe rencontre une femme qui se dirige vers lui au ralenti. La méthode de Kiyoshi Kurosawa pour instiller la peur repose sur des effets strictement dramatiques (musique stridente à base d’instruments à corde, voix déformées) sans pour autant chercher à faire sursauter le spectateur. Les pièces cerclées de ruban rouge deviennent des lieux où la mort règne. Les vidéos grisâtres, floues et statiques de fantômes envahissent l’écran.

Le décor dans lequel évoluent les personnages revêt une grande importance dans la montée de l’effroi. Au fur et à mesure que le film avance, la population disparait, les rues se vident, plus personne ne répond au téléphone, l’université de Kawashima n’a plus d’étudiants et Michi perd tous ses collègues. Le récit se déplace dans une zone industrielle froide et déshumanisée où la solitude est le seul moyen de survie. La photographie du film adopte une teinte de plus en plus grise, adoptant pratiquement des tons sépia où la couleur rouge est désormais symbole de danger. Kaïro ne fait pas vraiment peur mais instaure un malaise profond, un désespoir sur l’état du monde qui est la marque de fabrique de Kiyoshi Kurosawa dans une vision poétique plus proche de celle de Jean Cocteau que de John Carpenter.

Kaïro (回路, Japon, 2001) Un film de Kiyoshi Kurosawa avec Haruhiko Katô, Kumiko Asô, Koyuki, Kurume Arisaka, Masatoshi Matsuo, Shinji Takeda, Jun Fubuki, Shun Sugata, Shô Aikawa, Kôji Yakusho, Kenji Mizuhashi.

dimanche 5 août 2012

Mr. Vampire


C’est fort des succès de L’Exorciste chinois puis de La Fureur du revenant que Sammo Hung se lance dans la production de Mr. Vampire. Lam Ching-ying reprend son personnage de moine taoïste du début du 20ème siècle, Oncle Kau. Il est engagé par monsieur Yam (Huang Fu) pour déplacer la sépulture de son père afin que son feng shui s’améliore. Il découvre que le cercueil a été enterré à la verticale et quand il l’ouvre, Oncle Kau constate, très étonné, que le corps est extrêmement bien conservé. Cela ne lui semble pas un bon signe. En tant que spécialiste des fantômes, morts-vivants et autres vampires, il décide de déplacer ce cercueil chez lui afin de veiller à ce que le macchabée ne se transforme pas en zombie.

C’était sans compter sur ses deux assistants aussi dévoués qu’incompétents. Le premier est Wen-tsai (Ricky Hui) qui ouvre le film. On le découvre en train de nourrir les cadavres avec trois bâtons d’encens quand il se rend compte que l’un d’eux avale les bâtons trop rapidement à son goût. C’est en fait son collègue Shen (Chin Siu-ho) qui s’est caché dans la sépulture pour lui faire une blague. Mal lui en a pris, les deux hommes en se disputant font tomber les talismans de papier sur le front des morts qui se mettent à les poursuivre. Il faudra l’aide de Kau et d’un autre moine (Anthony Chan dans une courte apparition) pour en venir à bout. Dès l’ouverture, la puissance de ces morts-vivants est montrée : une puissance phénoménale que seul un expert peut contrer. Mais les zombies sont aussi rigolos quand ils se déplacent en sautillant à pieds joints dans leur habit de mandarin.

Cet expert qu’est Oncle Kau va expliquer par le menu toutes les manières de défaire un zombie et enseigner son savoir taoïste à ces deux apprentis qui sont ignorants, tout comme le spectateur de Mr. Vampire. Comme on l’a vu, il faut les nourrir mais aussi veiller à ce que la flamme répandant une huile spéciale ne cesse jamais de brûler. Les morts-vivants ont peur de leur reflet et un miroir à huit côtés sert de répulsif. Une épée de bois permet de transpercer leur cœur pour les éliminer. Sinon, les brûler, ça marche aussi. Le riz glutineux permet de les repousser et les consument à petit feu. Encore faut-il que le marchand en vende de bonne qualité, ce qui n’est pas le cas du marchand de la ville (Wu Ma) qui refourgue par cupidité du riz simple à Kau, ce qui provoque une énième catastrophe quand l’ancêtre de Yam (Yuen Wah) se révèle un vampire particulièrement féroce.

Kau pourrait combattre le vieux Yam si ces deux assistants ne l’accablaient pas de leur maladresse. Wen-tsai, grièvement blessé, se transforme en vampire. Il devra être soigné grâce au riz glutineux évoqué plus haut, faire bouger ses bras et jambes pour que le poison ne se répande pas. La partie comique que développe Ricky Hui est ici, comme souvent, basée sur le grotesque, remuant son corps pataud. Shen est possédé par un démon féminin. La belle Jade (Pauline Wong) attire Chun dans son antre. Selon Kau, une romance entre un humain et un fantôme est interdite, les deux mondes ne peuvent pas se rejoindre. Jade n’est pas avare de mauvais coups et de sorts lancés contre le gentil Chun qui se met à combattre son maître.

Kau doit également protéger l’autre personnage féminin du film, Yam Ting-ting (Moon Lee) la fille de monsieur Yam. Ce sera sans compter sur le policier Wai (Billy Lau) aussi incompétent et gaffeur que les deux assistants. Il accuse d’abord le taoïste d’un crime dont il est innocent aggravant la menace des vampires. Wai se dispute les faveurs de Ting-ting avec Wen-tsai bien que les deux rivaux n’ont aucune chance avec la belle demoiselle. Wen-tsai , dans une des scènes les plus drôles, jette un sort à Wai et prend possession de son corps et le ridiculise devant Ting-ting. Mr. Vampire se tourne vers la bouffonnerie avec ces trois personnages tellement stupides qu’ils en deviennent drôles. Le film étant produit par Sammo Hung, il se termine par un énergique combat d’arts martiaux entre Yuen Wah, Lam Ching-ying et Chin Siu-ho.

Mr. Vampire (殭屍先生, Hong Kong, 1985) Un film de Ricky Lau avec Lam Ching-ying, Ricky Hui, Chin Siu-ho, Moon Lee, Huang Ha, Yuen Wah, Pauline Wong, Billy Lau, Anthony Chan, Ka Lee, Wu Ma, Wong Wan-si, Tenky Tin, Ho Pak-kwong.

jeudi 2 août 2012

When fortune smiles



Quand le patriarche de la famille s’apprête à mourir, toute la parentèle est présente pour connaitre le nom de l’héritier, attentive aux derniers mots du moribond. Son frère (Lau Kau) à son chevet entend bien faire respecter son testament : que sa fille Fei-fei hérite de toute sa fortune. Mais il faut la retrouver, personne ne sait où elle se trouve depuis qu’elle est partie étudier en France. Le but du jeu de When fortune smiles est de piquer l’héritage avant elle et tous les coups sont bons.

Le neveu du défunt, Lung (Shing Fui-on) aurait bien aimé profiter de l’héritage mais son père n’est pas d’accord. En secret, il va engager un jeune cambrioleur Vincent (Stephen Chow) pour s’introduire chez lui et dérober le testament. Il sera aidé par le détective privé Wong (Anthony Chan, le réalisateur du film), grand gars effilé à lunettes franchement pas adroit de ses mains : dans l’un des gags du film, on le retrouve la tête dans la cuvette des WC, histoire de bien montrer quel genre d’humour le film privilégie. Le style de Stephen Chow est ici à l’état brut. Dans une longue scène face à Lung, son personnage doit essayer de le faire rire. S’il réussit, il aura la vie sauve. C’est l’occasion pour l’acteur de faire de nombreuses mimiques et de tordre son corps burlesque dans tous les sens. En revanche, quand l’humour se fait scatologique, il devient paradoxalement plus fin. Vincent est en prison et doit se taire mais Stephen Chow mime son envie d’aller aux WC à quelqu’un qui ne comprend rien.

Face à Lung, le fils du patriarche, Wei (Anthony Wong) n’entend pas se laisser voler le magot par une sœur disparue depuis des années. Wei est un fou furieux, ultra violent, un personnage qu’Anthony Wong joue sans aucune retenue. Son idée est de trouver un sosie qui sera incarné par la mendiante Feng (Sandra Ng), une obsédée des cannettes de soda qu’elle écrase d’un bon coup de pied pour mieux ensuite les revendre. Feng se fera passer pour Fei-fei. Wei, pour la première rencontre avec l’oncle et Lung, lui donne un émetteur dans l’oreille et lui dicte son dialogue. Très vite, elle perd son oreillette et doit improviser. Pour corser le tout, elle rencontre Vincent qui est justement venu ce soir-là voler les dernières volontés. Ils se rendent vite compte qu’ils sont dans la même galère. Il se déguisera en servante (gags un peu misogynes) et elle l’aidera à s’en sortir dans une série de quiproquos.

Le reste du film développe ce simulacre où les deux personnages jouent eux-mêmes deux personnages qui vont, forcément, tomber amoureux l’un de l’autre. C’est la règle du jeu. Le sujet du film, l’héritage et ses contraintes, les rancœurs des spoliés et les cœurs purs des deux fantoches, était un thème largement développé par Wong Jing (Perfect girls ou Prince charming) mais surtout très normatif. Anthony Chan, spécialiste de la comédie du mariage, comprend assez vite que l’attraction majeure de son film est Stephen Chow. Alors qu’il commençait en duo comique, son propre personnage s’efface progressivement. Je retiendrai deux autres gags en dehors de ceux déjà évoqués (celui sur le mime du caca étant le meilleur du film) : dans le premier Stephen Chow fait de la boxe en imitant le cri de Bruce Lee, le match est arrangé, il défonce tout le monde puis devient le punching-ball humain d’un adversaire ignorant l’arrangement. Dans cette scène, ses changements de regard, d’abord arrogant puis angoissé, donnent déjà l’étendue du pouvoir comique de son visage. L’autre gag est typiquement visuel : c’est un combat en cuisine avec des poêles comme armes : la taille des ustensiles augmentent au fur et à mesure du combat : là, c’est l’esprit non-sensique qui officie.

When fortune smiles (無敵幸運星, Hong Kong, 1990) Un film d’Anthony Chan avec Stephen Chow, Sandra Ng, Anthony Chan, Anthony Wong, Cutie Mui, Shing Fui-on, Lam Kau, Hui Ying-sau, Mai Kei, Billy Chow, Stuart Ong, Sai Gwa-pau, Billy Ching, Lui Tat, Gam Lau.

Sorties à Hong Kong (août 2012)

Lacuna (醉后一夜, Chine – Hong Kong, 2012) 
Un film de Derek Tsang et Jimmy Wan avec Shawn Yue, Zhang Jing-chu, Lawrence Chou, Yoga Lin, Zhu Yu-chen, Mia Yam, Wang Yi, Yu Na, Wang Jun-jia, Sun Cong, Cheung Lam, Shuang Zi, Zhang Chao, Lin Zi-luo, Wang Mei-qian, Guan Zheng-nan, Chen Yi-sha, Du Ming-hua, Zhang You-you, Hei Yun, Leva Liang. 97 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie à Hong Kong : 2 août 2012.