lundi 29 décembre 2008

Johnny Hallyday à Hong Kong

On croyait que ce serait encore un tournage avorté, un de ces effets d’annonce comme il y en a beaucoup trop (on se souvient de ce remake du Cercle rouge avec Delon qui n’avance pas), mais apparemment Johnny Hallyday tourne vraiment à Hong Kong dans Vengeance le prochain film de Johnnie To et Wai Ka-fai. Paris Match est allé faire un reportage à Hong Kong et une interview avec le chanteur. Personnellement, je n’aime pas trop Hallyday, mais les deux cinéastes vont sans doute faire exploser son image. Voici quelques extraits volés du magazine.



Comment se passe le tournage?

L’équipe est adorable. Je vous assure, on n’a pas l’habitude d’être traité aussi chaleureusement par les équipes dans les autres pays. Ils sont tous aux petits soins. On attend, comme sur tous les tournages, mais ici ils viennent tout le temps vous demander si vous voulez du thé, de l’eau, un café ou quelque chose à manger. En France, si on ne demande rien, personne ne vient vous voir !

Et concrètement, est-ce une organisation différente?

Les membres de l’équipe sont très pragmatiques. Si on tourne dans la rue, ils ne vont pas chercher des chambres pour installer nos loges. Tout simplement, ils dressent des tentes sur un bout de trottoir, avec deux chaises, une table, un portant de vêtements et un miroir. Ça, c’est pour l’intendance : ils vont au plus simple. Mais techniquement, ils sont extrêmement méticuleux pour tout ce qui concerne les mouvements de caméras, les positions, la gestuelle. Cela n’est pas du tout aussi simple qu’on pourrait le croire. En plus, ils se “couvrent” beaucoup. C’est-à-dire que, pour une scène, on multiplie les angles et la taille des plans. On fait un film noir, mais Johnnie To y ajoute des plans qu’on verrait plutôt dans un western. Il fait des gros plans sur les yeux, la bouche, les mains. Il adore aussi les cadrages larges. Il est d’une grande précision. Il sait exactement ce qu’il veut.

Aviez-vous vu ses films avant de venir tourner avec lui?

Je connaissais son cinéma, mais, depuis que je suis à Hongkong, j’ai surtout découvert qu’ici Johnnie To est une vraie star. C’est sans aucun doute le metteur en scène le plus apprécié en Asie aujourd’hui. Ce réalisateur, très rigoureux envers son équipe, ses acteurs et lui-même, me fait penser à la fois à Godard et à Melville. Quand il filme la violence, il va jusqu’au bout, à la façon d’un Melville. Mais quand on tourne une scène intimiste, il prend son temps, comme Godard. Dans la vie, on ne se précipite pas pour allumer une cigarette ou boire un verre. Johnnie To me dit : “Tu prends le verre trop vite.” En France, on me dirait : “Mais pourquoi tu mets autant de temps pour prendre ce verre?” J’ai vraiment le sentiment qu’on est en train de faire un grand film noir. C’est aussi un film d’action, plutôt à l’américaine. Quand il y a du sang, en France, on n’ose pas trop le montrer. Ici, ils mettent le paquet. La nuit dernière, j’ai tourné une scène où je prends une balle dans l’épaule. Il y avait du sang partout. Je crois qu’ils mettent du sucre dans le faux sang, ça colle, et on a du mal à s’en débarrasser. Mais à l’image, ça se voit, cela rend la scène intense. C’est pareil pour la pluie. On sait qu’au cinéma il faut beaucoup de pluie pour que cela se voie, mais là, ils y vont à coups de lance à incendie ! Je tourne donc sous une fausse pluie, mais qui est bien froide. Et après six heures d’affilée à rester trempé, j’ai attrapé un rhume...
Comment se passe le travail avec Johnnie To?

Lui, parle mieux l’anglais que la plupart des membres de l’équipe ; et en plus, il est tout le temps avec son interprète. La communication est donc facile. Mais, de tous les acteurs, je suis le seul à avoir lu le scénario. Il ne le donne jamais à lire aux autres. Il les dirige jour après jour, scène après scène, sans qu’aucun d’entre eux ne connaisse l’histoire. Et comme on ne tourne pas dans l’ordre chronologique, ils doivent vraiment être perdus... Mais ils ont l’habitude de travailler avec lui, et ils lui font une confiance totale. Godard faisait la même chose, lorsqu’il nous donnait trois pages à apprendre un quart d’heure avant le tournage...

Vous pouvez nous parler de Francis Costello, votre personnage?

C’est un ancien gangster, reconverti dans la restauration. Il est français, mais sa fille, qui est mariée à un Chinois, vit à Hongkong. Elle et sa famille vont se faire massacrer par des gangsters armés par la mafia. Alors, il vient à Hongkong pour trouver les responsables et les tuer à son tour. Mais comme il ne connaît personne et ne parle pas la langue, il va se faire aider par trois tueurs. C’est un film noir, mais avec beaucoup d’humour. Un humour surprenant, assez décalé.

mardi 23 décembre 2008

Lau Ching-wan

la fiction : My name is fame et la statuette des HK Film Awards


Vingt ans de cinéma déjà et plus de quatre vingt films. Lau Ching-wan est l’un des acteurs de Hong Kong les plus respectés depuis quelques années. Pourtant qui aurait cru qu’il devienne à la fois aussi populaire et aussi talentueux avec un physique aussi atypique hors de canons de beauté des stars masculines de Hong Kong. En gros, Lau Ching-wan a un visage de poupon (nez en trompette, visage joufflu) sur un corps d’adulte (forte corpulence). Il sera donc l’acteur de toutes les contradictions.

Comme beaucoup, il commence à la télévision au début des années 1980. Puis, il fait logiquement des petits rôles. On peut l’apercevoir dans Police story 2 dans la peau d’un flic lors d’une courte scène. Il enchaîne les films et se retrouve en tête d’affiche de C’est la vie, mon chéri de Derek Yee en 1993 (avec qui il tournera aussi Viva erotica, Lost in time et Le Grand magicien). C’est son premier grand rôle dramatique, personnage à la fois bougon et romantique. Le premier d’une longue série de films romantiques, de mélodrames où on lui demande sans cesse de rejouer la même partition. Il ne chôme pas, c’est la période qui veut cela. 1993 : 6 films, 1994 : 15 films, 1995 : 11 films, 1996 : 6 films. Puis, la rétrocession arrive et l’industrie s’effondre.

Lau Ching-wan aura eu la chance de rencontrer Johnnie To en 1993 pour un second rôle dans le blockbuster The Heroic trio 2 Executioners. Le cinéaste va faire de l’acteur son interprète fétiche jusqu’à aujourd’hui. Il va lui permettre de montrer toute l’étendue de sa gamme qui va se révéler assez phénoménale. La transformation se produit dans Loving you en 1995 où le titre est romantique mais le personnage est torturé. Le film met en scène l’angoisse de la rétrocession, la fin d’une époque et le renouveau tant attendu. C’est un polar peu abouti, mais Johnnie To va travailler sa forme et sans cesse refaire ce film.

Lau Ching-wan n’arrive pas à rentrer dans l’univers de Tsui Hark (Tri-star puis Black mask), il va donc forger celui de la Milkyway de Johnnie To. Il fait des merveilles dans Beyond hypothermia de Patrick Leung et plus encore dans The Longest nite de Patrick Yau, sans doute son premier grand film où Lau Ching-wan, crâne rasé face à Tony Leung Chiu-wai. Il y est un personnage traqué qui joue de son visage impassible. Dans Too many ways to be N°1 de Wai Ka-fai, il est complètement déjanté dans un film pas franchement calme. Il tourne ainsi dans une demi douzaine de polars de la compagnie (Lifeline, A hero never dies, Where a good man goes, Running out of time 1 et 2) mais aussi pour Ringo Lam dans deux films, l'excellent Full alert et le raté Victim.

Se balader en slip bleu et faire des conneries est une chose qu’il fait avec génie, mais Lau Ching-wan sait aussi très bien porter le costume croisé et jouer les flics obstinés. Face à Andy Lau dans Running out of time, il devient celui qui traque dans un film labyrinthe retors. La suite déçoit mais pas l’acteur qui parvient toujours à faire donner le meilleur des ses partenaires. Quand Johnnie To et Wai Ka-fai s’associent, ils offrent à Lau Ching-wan deux comédies loufoques. Fat choi spirit, une comédie sur le mahjong avec la crème du cinéma de Hong Kong puis My left eye sees ghosts, où il est un gentil fantôme face à Sammi Cheng, dans une parodie burlesque du film des frères Pang. Il y déploie un grand talent comique.

Après ce film, Lau Ching-wan quitte la Milkyway et ne participera pas, hélas, à la vague du néo polar lancé par Johnnie To. En revanche, il reste fidèle à Wai Ka-fai avec qui il tourne trois films, trois énormes succès au box-office. Si Himalayah Singh est nul, les deux films qui l’entourent sont très bien. Fantasia est une parodie d’un film des frères Hui. Lau Ching-wan permet d’y développer un personnage méchant, irresponsable et catastrophique. C’est un râleur né. Dans The Shopaholics, il y est un psy déprimé face à une Cecilia Cheung en grande forme. Les trois films sont des comédies du Nouvel An Lunaire. Il retrouve Johnnie To, encore avec Wai Ka-fai, dans le génial Mad detective, puis dans Written by et La Vie sans principe.

L’acteur renoue avec Patrick Leung, affranchi du label Milyway et accoquiné avec Chan Hing-kai. Trois films ensemble et avec Louis Koo en co-star. La Brassière, Mighty baby et Good times bed times explorent la libido masculine de manière certes divertissante mais vaguement superficielle. Leung y montrent des hommes lâches et vulnérables en lutte contre les femmes. Il revient ainsi à ces premiers films romantiques où tout est bien qui se finit bien.

Lau Ching-wan est l’un des rares acteurs, avec Chow Yun-fat, à ne pas avoir mis un prénom occidental devant son nom de famille. Il s’est fait ainsi un pur produit de la culture cantonaise, il est devenu le symbole du cinéma, comme l’a montré My name is fame, qui met en abyme l’industrie du cinéma de Hong Kong. Il a reçu pour ce rôle le Hong Kong Film Awards du meilleur acteur après six autres nominations infructueuses, la première fois étant en 1993. Lau Ching-wan est un acteur majeur et c'est un acteur fidèle à ses cinéastes de prédilection.
la réalité : 26ème cérémonie des Hong Kong Film Awards

lundi 22 décembre 2008

Dostana


Depuis quelques semaines, j’ai remarqué qu’allociné annonce la sortie d’un film Bollywood dans une salle de la banlieue parisienne. Dostana est sorti dans une seule salle le 14 novembre et personne n’en a parlé. La bande annonce présente quelque chose d’assez inédit dans le film indien : un couple d’homos. Mes amis spécialistes de Bollywood n’en croyaient pas leurs yeux, j’ai vu le film.


Dostana c’est sea, sex and sun. Ça se passe à Miami et non pas en Inde, c’est plus exotique. John Abraham est Kunal. Il est photographe. John Abraham c’est surtout des abdos, des biceps, des triceps et un torse nu pendant presque tout le film ou une chemise largement ouverte. Un sourire à toute épreuve. Abhisehk Bachchan est Sameer. Il est infirmier. Ce Bachchan est le fils d’Amitabh et accessoirement le mari d’Aishwarya Rai. Les deux hommes se rencontrent par hasard et veulent louer le même appartement. Mais la propriétaire craint qu’ils ne ramènent trop de filles. Pas de problèmes, ils se font passer pour des homos et peuvent vivre en colocation avec Neha (Priyanka Chopra).


Les deux garçons trouvent Neha tout à fait à leur goût mais vont devoir tenir la supercherie jusqu’au bout pour rester dans l’appartement. Sammer invente et improvise l’histoire de leur rencontre à Venise et le film utilise très vite les clichés de la folle pour figurer un gay. C’est pas très fin, on se marre parce qu’on sait que les deux acteurs sont des sex symbols en Inde et qu’ils en jouent. Neha aime bien les homos d’autant qu’elle travaille dans le milieu de la mode. D’ailleurs pour essayer d’avoir une promotion, elle invite son patron pour qu’il se fasse séduire par Sameer. Quiproquos et vaudeville. Les deux garçons ont demandé une carte de séjour en se faisant passer pour un couple et le contrôleur du service d’immigration arrive dans l’appartement. Quiproquos et vaudeville, suite. La mère de Sameer apprend ça et arrive sur les lieux, honteuse que son fils soit gay. Quiproquos et vaudeville, fin. Ça frôle la cata pour les garçons, ils veulent tout avouer, mais ils restent gays.


Voilà pour la première partie du film fait d’un comique un peu lourd. La deuxième moitié est consacrée à la romance. Les deux garçons tombent amoureux de Neha et chacun va tenter de la séduire de son côté. Mais Neha va rencontrer son nouveau patron Abhi (Bobby Deol), par ailleurs papa divorcé. Kanul et Sameer vont tout faire pour mettre des bâtons dans les roues de cette idylle naissante jusqu’à ce que le pot aux roses soit découvert. Ils vont manipuler tout le monde mais tout reviendra dans l’ordre à la fin, bien entendu. La romance est assez convenue mais elle présente un joli moment quand Kanul séduit Neha en reprenant une scène de Kuch kuch hota hai où il imite les gestes de Shah Rukh Khan.


Il faut préciser que Dostana est produit par Karan Johar, le créateur de Kuch kuch hota hai. D’ailleurs, certaines chansons sont des pâles imitations de celles de ce film. C’est sans doute là le plus gros point faible de Dostana. Les chansons et les danses manquent terriblement d’inspiration. Hormis la dernière, les acteurs ne dansent pas ni ne chantent, ce qui étonne. On sait qu’on ne s’embrasse pas dans les films indiens, mais Dostana essaie de déroger à cette règle. Sameer et Kanul s’embrassent sur la bouche, enfin presque. C’est une sorte de baiser à l’américaine, dans le cou, mais un baiser tout de même. Le cinéma indien va peut être un peu de décoincer, qui sait ?


Dostana (Inde, 2008) Un film de Tarun Mansukhani avec John Abraham, Abhishek Bachchan, Priyanka Chopra, Bobby Deol, Kiron Kher, Sushmita Mukherjee.

vendredi 19 décembre 2008

Serbis


Michel Ciment, le super-intendant de la revue de cinéma Positit, avait pris ses plus belles armes vocales lors de plusieurs numéros du Masque & la Plume pour dire toute sa haine de Serbis. En substance, c’était une honte, voire une infamie, que ce film philippin soit présenté en compétition au Festival de Cannes 2008. C’est bien entendu trop d’honneur et trop d’indignité. Serbis s’avère extrêmement décevant d’à peu près tous les points de vue.


En comparaison avec John John, le précédent film de Mendoza sorti en France, Serbis semble manquer cruellement d’envergure. Le film suit le parcours sur une journée d’une famille qui tient un cinéma porno dans une ville de province. Le personnage principal semble être Nayda (Jacklyn Jose). Mère de famille d’un adorable petit garçon, elle tient d’une main de maître le cinéma. Vivent aussi ici le frère et la sœur de Nayda et sa mère. C’est autour de son personnage que tourne la partie familiale du récit : elle fait un procès à son mari qui l’a trompée et vitupère contre son fils qui témoigne en faveur du père.


Nayda tente de concilier toute sa famille. De faire que sa sœur ne se maquille pas trop, que son frère ne s’engueule pas avec la mère, que la mère calme sa colère malgré l’adultère du mari, que son fils travaille à l’école pour que lui ne soit obligé de travailler dans ce cinéma minable et vétuste. Nayda doit aussi s’occuper du cinéma, veiller à ce que son projectionniste ne passe pas son temps à baiser. Mendoza voudrait en faire une mère-courage égale de la mère adoptive de John John, mais Nayda n’a pas autant de force et le scénario de Serbis s’apparente plus à celui d’un soap opéra qu’à un film social.


Quelques scènes choc ponctuent régulièrement le film. Une ou deux scènes de cul dans la salle tandis que le film se déroule, une fellation prodiguée au projectionniste, une scène de mutilation avec une bouteille. Rien de vraiment choquant en vérité. Il y une tentative assez vaine de filmer vrai, caméra à l’épaule et jeu naturaliste. Il y a surtout un gros travail sur le son où Mendoza fait enregistrer tous les bruits de l’extérieur, voitures, klaxons, qui saturent notre appréhension du film. Ça n’est jamais émouvant, juste un peu fatigant et somme toute très décevant.


Serbis (Philippines – France, 2008) Un film de Brillante Mendoza avec Dan Alvaro, Mercedes Cabral, Julio Diaz, Bobby Jerome Go, Roxanne Jordan, Jacklyn Jose, Kristoffer King, Coco Martin.

jeudi 18 décembre 2008

Largo Winch


Naïvement, je croyais qu’un film qui se déroule à Hong Kong utiliserait les décors de Hong Kong. Eh bien non ! Largo Winch commence effectivement bel et bien à Hong Kong, de nos jours. On le voit bien, c’est marqué sur l’écran et on reconnaît ce décor si familier. Pour les besoins du scénario (Largo veut venger la mort de son père qui a été éliminé pour voler sa compagnie), le film se déroule également au Brésil (où Largo s’est exilé) et en Croatie (d’où vient sa famille). Mais la majeure partie du film a lieu à Hong Kong.


Pour les scénaristes, Hong Kong est la plaque tournante du commerce actuel (moi, j’aurais dit Shanghai pour l’Asie, mais je ne suis pas scénariste) et l’entreprise a donc un immense immeuble d’où est dirigée l’activité – que l’on ignorera jusqu’au bout. En fait, toutes les scènes (ou presque) se dérouleront dans un bureau atour d’un conseil d’administration. Il n’y aura que deux scènes en extérieur. La première où Largo se promène tranquillement dans une rue populaire juste après être sorti de l’immeuble de luxe. La deuxième dans la passerelle d’un centre commercial avec une poursuite. C’est une passerelle qu’on voit dans plein de films d’action hongkongais.


Etonnement, le scénario ne cherche même pas à introduire dans l’action une bande des triades qui auraient pu corser le suspense. On est censé avoir assassiner Winch père et pas un personnage ne semble envisager la nuisance des triades. Quel manque d’inspiration. Quand aux scènes de baston, elles sont d’une repoussante banalité. Là non plus le cinéma de Hong Kong n’a pas influencé le réalisateur. Largo Winch est un film invraisemblable, ennuyeux et sans l’once d’une quelconque modernité. Du vrai cinéma franchouillard ringard qui pète plus haut que son cul. J’essaierai d’être moins naïf dans mes choix.


Largo Winch (France, 2008) Un film de Jérôme Salle avec Tomer Sisley, Kristin Scott Thomas, Miki Manojlovic, Gilbert Melki, Mélanie Thierry, Anne Consigny, Karel Roden, Steven Waddington, Racha Bukvic, Benjamin Siksou.

Sorties à Hong Kong (décembre 2008)

Ip man (葉問)

Un film de Wilson Yip avec Donnie Yen, Lynn Hung, Simon Yam, Lam Ka-tung, Wong Yau-nam, Fan Siu-wong. 107 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 18 décembre 2008.








mercredi 17 décembre 2008

C'est la vie, mon chéri


C’est la vie, mon chéri (en français dans le texte pour son titre, y compris au générique) est un des plus gros succès du cinéma de Hong Kong en 1993, une période entièrement dominée par les comédies burlesques de Stephen Chow. Derek Yee est aux commandes de ce mélodrame qui va lancer la carrière de Lau Ching-wan qui, jusqu’à présent, n’était qu’un acteur de seconde zone cantonné dans de petits rôles sans envergure.


Kit (Lau Ching-wan) est musicien. Un homme seul depuis qu’il s’est séparé de Tracy (Carina Lau) une star de la cantopop. Il passe son temps à ne rien faire, à ruminer son mal de vivre et n’arrive pas à avancer dans la vie. Kit habite un modeste appartement mal meublé. Au rez-de-chaussée de son immeuble, habite Min (Anita Yuen), une jeune femme qui arbore constamment un beau sourire. Elle va entreprendre de lui redonner de la joie de vie. Ils se rencontrent dans un jardin public où elle donner à manger aux chiens errants. Puis il l’aperçoit dans la troupe de musiciens que tient son oncle (Paul Chun).


Commence entre eux une amitié établie sur une douce complicité. Min va régulièrement sonner à la porte de Kit, qui bougon, la reçoit avec son éternel caleçon bleu et son débardeur de la même couleur. Elle l’entraîne dans les rues pour des promenades où elle va tenter de lui redonner le sourire, ce qui s’avère une tâche ardue. Mais ils apprennent à se connaître, parlent beaucoup et elle espère réussir à le faire sortir de sa coquille. Puis, petit à petit une idylle naît entre eux et ils commencent à sortir ensemble, sous l’œil fort peu bienveillant de la mère de Min (Fong Bo-bo).


Ce que va vite apprendre Kit, c’est que sa nouvelle petite amie est atteinte de leucémie. Une moribonde qui apprend à vivre à un déprimé. Et c’est sur ce postulat que le film de Derek Yee engage sa seconde moitié. Jusque là, C’est la vie, mon chéri ne semblait qu’une romance un peu éculée, mais le virage vers le mélodrame pur est inattendu. Le cinéaste refuse le pathos, comme la mièvrerie, et continue à faire du personnage d’Anita Yuen une femme pleine d’allant et d’espoir. Kit rêve d’ailleurs de lui faire enregistrer une chanson qu’il avait commencé à écrire pour son ex et qu’il prévoit pour Min maintenant qu’elle lui a fait retrouver l’inspiration.


Tout le film est ainsi baigné de musique de tous les genres. La cantopop évidemment, le genre phare aujourd’hui à Hong Kong, pour lequel travaillent les personnages de Tracy et Kit, mais un genre superficiel et lié à la fin de l’amour. On y entend la troupe de Paul Chun jouer des vieilles chansons populaires, un air d’opéra lors d’une tournée en province ou du jazz pour l’anniversaire de la mère de Min, moment crucial où Kit est enfin accepté dans la famille. Tous ces éléments ainsi que l’interprétation incarnée des acteurs font de C’est la vie, mon chéri un film émouvant très justement récompensé cette année-là aux Hong Kong Films Awards.


C'est la vie, mon chéri (新不了情, Hong Kong, 1993) Un film de Derek Yee avec Anita Yuen, Lau Ching-wan, Carrie Ng, Carina Lau, Fung Bo-bo, Paul Chun, Sylvia Chang, Jacob Cheung, David Wu, Wong Ching-wah, Peter Chan Ho-san, Teddy Chan, Joe Cheung, Jamie Luk, Tats Lau, Herman Yau.

mardi 16 décembre 2008

Painted skin 2008


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Painted skin de Gordon Chan n’est pas un remake du film de King Hu, mais une nouvelle adaptation d’un des nombreux récits de Pu Sun-ling, auteur chinois du début du XVIIIe siècle. L’œuvre de Pu a longtemps inspiré Tsui Hark notamment pour ses Histoires de fantômes chinois, en l’adaptant à sa convenance qui se trouve être également la mienne et celle de nombreux cinéphiles. Gordon Chan et ses producteurs ont affirmé vouloir revenir au récit initial de Pu en profitant de toutes les techniques actuelles.

Passée la surprise du format scope Panavision, on entre dans un campement dans le désert où quelques barbares entendent compter fleurette à une jeune femme seulement couverte d’une fourrure de renard blanc. Des soldats vont combattre ces barbares et venir à la rescousse de la belle victime, sans se douter que c’est elle la prédatrice et qu’elle s’apprêtait à dévorer leurs cœurs. Xiaowei est un fantôme en recherche de proie et la prochaine sera le Général Wang Sheng (Chen Kun). Il ignore qui elle est et ramène Xiaowei dans sa cité.

L’épouse de Sheng, Peirong (Vicky Zhao), une femme timide et calme comprend vite la vraie nature de cette femme. Très vite, dans la cité, des cœurs sont arrachés, des victimes affolent la population. Peirong va voir un prêtre taoïste qui se fait assassiner. Elle trouve un écho à ses soupçons auprès de Pang Yong (Donnie Yen) puis de Xia Bing (Sun Li), qui exerce la profession de chasseur de fantôme. Cette dernière vient d’une longue lignée de chasseur. Un autre démon se cache dans la cité, Xiao Yi (Qi Yuwu) à la chevelure argenté et qui a la capacité de devenir invisible. C’est le démon caméléon qui va aider la diablesse renard.

L’idée de Gordon Chan pour cette nouvelle version de Painted skin est de dessiner un carré amoureux entre les personnages. Peirong est amoureuse de son mari Wang Sheng qui n’est pas insensible aux charmes de Xiaowei qui elle-même affirme aimer Sheng mais méprise l’amour éperdu que lui porte Xiao Yi. C’est tout autour de cette quadrature que va tourner la dramaturgie avec de nombreuses longueurs dues essentiellement aux discussions qui discutent de la nature démoniaque de Xiaowei. La renarde réussit à passer les rets tendus par Peirong et ses alliés et à accuser son adversaire de sorcellerie.

Et Donnie Yen dans tout ça ? L’acteur joue les comiques dans un duo avec Sun Li qui propose un burlesque léger. Xia Bing n’est pas une très bonne chasseuse de démon et Yong se moque d’elle. Il la rembarre régulièrement et elle se rebelle derechef arguant qu’elle est un maître en chasse de fantômes. Donnie Yen se bat également dans des combats inspirés de Tigre et Dragon. Il saute de toit en toit de vieille cité et affronte le démon Xiao Yi. Donnie Yen en fait des tonnes dans ses parties comiques. Gordon Chan essaie de retrouver le goût des succès du film épique avec des fantômes d’il y a vingt ans et y arrive parfois. Painted skin est un film divertissant avec un agréable mélange de romance, d’art martial, d’humour et d’érotisme soft.

Painted skin (畫皮, Chine – Hong Kong – Singapour) Un film de Gordon Chan avec Zhou Xun, Chen Kun, Vicky Zhao, Donnie Yen, Sun Li, Qi Yuwu.

lundi 15 décembre 2008

The Warlords, meilleur film aux 45ème Golden Horse Awards

Le film épique à Hong Kong fait preuve d’un petit renouveau depuis quelques temps. The Warlords de Peter Chan Ho-sun a gagné un grand nombre de récompenses depuis sa sortie il y a tout juste un an. Presque tous les Hong Kong Film Awards et le 6 décembre 2008, lors des 45ème Golden Horse Awards, le prix du meilleur film, meilleu réalisateur, meilleurs effets visuels. Depuis, cette sortie les cinéastes de renom et les stars se bousculent au portillon pour tenter eux aussi de rafler la mise. Un tel engouement est une assez bonne occasion pour comparer les affiches de ces films épiques, par ailleurs des productions panasiatiques, sortis depuis un an et constater que, pour attirer le public, mieux vaut ne pas innover et regarder ce qui se fait ailleurs.


Warlords (投名狀) Un film de Peter Chan Ho-sun. Sortie : 13 décembre 2007.


An empress and the warriors (江山美人) Un film de Ching Siu-tung. Sortie : 20 mars 2008.


Three kingdoms Resurrection of the dragon (三國之見龍卸甲) Un film de Daniel Lee. Sortie : 3 avril 2008.


Red cliff (赤壁) Un film de John Woo. Sortie le 10 juillet 2008.


Painted skin (畫皮) Un film de Gordon Chan. Sortie : 26 septembre 2008.


Butterfly lovers (武俠梁祝) Un film de Jingle Ma. Sortie : 9 octobre 2008.


A cette liste, il serait possible de rajouter Le Royaume interdit avec Jackie Chan et Jet Li et, pourquoi pas, La Momie 3, deux films américains assez ratés.

dimanche 14 décembre 2008

Painted skin 1993


Après les petits problèmes logistiques subis lors du tournage de Swordsman et qui ont mené à son remplacement derrière la caméra, King Hu tourne deux ans plus tard son dernier film Painted skin. Tsui Hark n’est plus à la production mais son ombre est présente puisque les personnages principaux sont joués par Adam Cheng, Sammo Hung et Joey Wong, tous trois habitués de l’univers de Tsui Hark. King Hu reste dans cette mouvance du film fantastique en costumes, qui pourtant n’était plus tellement à la mode auprès des spectateurs.


Maître Wang (Adam Cheng) est un lettré et aussi un musicien qui pratique la harpe chinoise. Il joue avec des amis. King Hu installe longuement sa plage musicale et la fait durer. Enfin, au bout du morceau, Wang se lève et s’en va, sans que l’on ne comprenne quel sens avait cette introduction, si ce n’est le plaisir de King Hu de nous faire entendre de la musique. Maître Wang sort, c’est la nuit et il aperçoit un marchand ambulant de viande de chien. C’est Wu Ma, qui s’avèrera un moine taoïste. Il fait un petit tour de magie en faisant disparaître son étal. King Hu ne change pas sa mise en scène, le champ contrechamp suffit à faire l’illusion.


Dans une rue étroite, Wang renverse une jeune femme, Miss Feng (Joey Wang). Il lui propose de venir chez lui, elle semble désemparée. Elle est toute vêtue de blanc, couleur du deuil et de la mort. Il n’avertit pas sa femme et la conduit dans sa bibliothèque. L’attitude de Miss Feng est étrange lorsque le matin survient. On comprend qu’elle est un fantôme. Dans la matinée, Maître Wang rencontrera Daoling (Lau Shun) qui lui affirmera qu’il est hanté. Pour le lettré, c’est incompréhensible. Il a du mal à imaginer un univers de l’au-delà. Mais Miss Feng va lui raconter pourquoi elle ne peut se réincarner.


Le roi démoniaque du Yin Yang la tenait prisonnière, elle s’est échappée. Elle doit souvent enlever la peau de son visage pour lui redonner du lustre, d’où le titre du film, qui est une adaptation des récits de Pu Sun-ling. Le démon va chercher à récupérer sa proie. Il entre dans le corps de Maître Wang et la chasse avec ses sbires. Mais les deux moines taoïstes partent à la recherche du Grand Moine (Sammo Hung) qui permettra à l’innocente dame fantôme d’échapper à son destin. La route sera longue jusqu’au monastère du Grand Moine et les embûches seront nombreuses de la part des sbires et du roi démoniaque.


Painted skin est un film d’un autre âge. King Hu tente de faire un film fantastique avec sa propre méthode, celle de A touch of zen. Tout le monde semble jouer au ralenti en prenant bien garde de rester dans le cadre lors des nombreux mouvements d’appareil. C’est très joli ces travellings dans la prairie, mais cela donne un rythme indolent. Les rares scènes d’arts martiaux avec Sammo Hung ou Lam Ching-yin (qui fait une très courte apparition) souffrent de cette vieille méthode du champ contrechamp. Les effets spéciaux sont très bricolés. Le film manque totalement d’humour malgré quelques tentatives. King Hu, pour son dernier film, ne parvenait pas à renouveler un genre entièrement dominé par les productions de la Film Workshop.


Painted skin (画皮之阴阳法王, Hong Kong – Chine, 1993) Un film de King Hu avec Adam Cheng, Joey Wong, Sammo Hung, Wu Ma, Lau Shun, Lam Ching-yin.