lundi 31 mars 2008

Daughter of darkness


Inutile de ménager un quelconque suspens, Daughter of darkness n'est pas un bon film, et quant à se procurer un Catégorie III avec l'immense Anthony Wong (mais ça, vous le savez déjà,) autant avoir Ebola syndrome. Mais, c'est un film qui étonne dans sa première demie heure par l'humour constant qu'il déploie.

Wong est le Capitaine Lu Qi de la Police Chinoise. Le film ne se déroule pas à Hong Kong, mais dans une ville anodine de la Chine continentale. Alors qu'il interroge trois gars qui jouent dans un tripot clandestin, Fong, une jeune fille entre dans le poste de police pour déclarer que toute sa famille vient d'être massacrée. Une jeune recrue, que Lu Qi appellera Petit (mais c'est une fille – qui porte des lunettes) va l'aider dans cette terrible enquête.

Humour donc. Lu Qi arrive sur les lieux (gros ralentis sur les cadavres méchamment ensanglantés) et se fait photographier par un journaliste. Il prend la pose comme une vedette avec son large sourire. Ce qui fait rire dans la première partie de Daughter of darkness, c'est le décalage constant entre l'attitude d'Anthony Wong et la tuerie sur laquelle il fait son investigation. Pour savoir quand a été commis le meurtre, il tâte les seins d'une jeune fille : ils sont mous, elle est morte depuis moins de douze heures. Malin, non ? Le reste de son humour est essentiellement à base de connotations sexuelles assez salaces, qui cependant passent mieux que celles de Danny Lee quand il est flic dans The Untold story.

Que s'est-il donc passé dans cette maison maudite ? Le Capitaine a quatre cadavres sur les bras : le père, la mère, la sœur et le frère de Fong. Très vite, ses soupçons se tournent vers Fong elle-même. Il faut dire qu'en Chine, l'activité favorite de la population est de dénoncer et de corrompre. Pas démagogique pour un yuan ! Or, Lu Qi et Petit découvre que Fong sort avec Kin, un flic collègue des deux autres. Chacun s'accusera du massacre, mais Lu Qi est très perspicace et la déposition de Kin oublie de mentionner un détail crucial : le père a une statue du Dieu Guan Yuan-cheung plantée dans le crâne.

Le reste du film (soit plus de quarante minutes) sera le récit de la jeune Fong. C'est une fille mal aimée de ses parents, traitée comme une servante par sa mère et sa sœur. Elle est sans cesse engueulée par tout le monde. Son père (qui n'est pas son vrai père) la trouve bien appétissante et suffisamment mûre pour être son objet sexuel. Bref, il la viole et elle en tombe même enceinte. Kin, le fiancé de Fong, essaie d'émigrer à Hong Kong avec elle, mais son père refuse qu'elle voie Kin. Et là, c'est le drame !

Il n'y a pas vraiment d'intérêt cinématographique dans Daughter of darkness, si ce n'est que les scènes comiques avec Anthony Wong sont filmées de jour et celles tragiques avec le personnage de Fong sont de nuit. Le montage abrupt est bourré de faux raccords et de plans avec la caméra posée n'importe où. La Catégorie III du film vaut pour beaucoup dans les scènes de nudité frontale féminine. Les scènes de tuerie ne valent pas n'importe quel film de John Woo ou d'un Catégorie IIB. Daughter of darkness a eu suffisamment de succès à Hong Kong pour en tourner deux suite : Daughter of darkness 2 et Brother of darkness.

Daughter of darkness (灭门惨案之孽杀, Hong Kong, 1993) Un film d’Ivan Lai avec Anthony Wong, Lily Chung, Ho Ka-kui, Money Lo, Hugo Ng.

samedi 29 mars 2008

Young yakuza


Jean-Pierre Limosin tourne pour la troisième fois au Japon. Après son documentaire sur Takeshi Kitano et après Tokyo eyes, Young yakuza dresse le portrait de quelques yakuzas sur le mode du documentaire. Young yakuza aurait très bien pu s’appeler « Profession yakuza » ou « Ma petite entreprise ». En tout cas, on sera très loin de ce que l’on a pu voir depuis longtemps sur les organisations criminelles japonaises, comme il est dit dans le film.

Tout commence par une brève conversation entre un yakuza et une maman. Elle en a marre de son paresseux de fiston et demande à ce qu’il soit pris en apprentissage dans le clan Kumagai dirigé par Monsieur Ishii. Naoki Watanabe, 20 ans, se retrouve donc le lendemain dans les bureaux du clan pour rencontrer le chef pas franchement charismatique, c’est le moins que l’on puisse dire.

Naoki a les cheveux trop longs : direction coiffeur. Il doit ensuite abandonner ses vêtements pour un uniforme bleu, genre blouse d’ouvrier. Il va après apprendre à se courber à 90° pour s’excuser quand il rencontre M. Ishii. Et finalement, il va passer un bon moment à faire la cuisine, à savoir comment on doit poser la tasse du patron pour prendre son thé et d’autres choses palpitantes de la vie de yakuza.

Limosin va ainsi pendant toute la première moitié du film montrer l’apprentissage absurde et abrutissant d’un jeune homme qui n’en demandait pas tant. Ce que l’on constate c’est l’ennui constant qui règne dans ce clan. On ignore les activités criminelles du clan, mais une chose est sûre, c’est que les hommes servent de boniches. On est là vraiment loin d’un éventuel romantisme cinématographique.

A un moment, Naoki va voir sa mère. Ils regardent un film à la télé, apparemment Dead or alive de Takashi Miike. Naoki dit que dans les films, on ne voit jamais les yakuzas dans leurs bureaux. Or dans le film de Limosin, on ne voit que ça. M. Ishii fait « ohé », et hop, un de ses serviteurs apparaît pour apporter le thé dans son bureau. Cela serait hilarant, si ça n’était pas aussi tragique. Il est assez pitoyable de voir tous ces yakuzas avec leur plumeaux, leurs balais et aspirateurs faire le grand nettoyage de printemps.

A la moitié du film, Naoki disparaît de l’organisation à l’occasion d’une prétendue visite à un oncle malade. Et là le vrai sujet du documentaire de Limosin apparaît : il faisait le portrait d’un chef de clan. Il s’attache à cerner M. Ishii. Comme dit plus haut, l’homme manque cruellement de charisme. Il explique qu’il veut moderniser l’esprit yakuza et qu’il accepterait que n’importe quel homme quitte le clan. Les doigts coupés, c’est fini dit-il.

M. Ishii essaie de sauver les apparences d’un chef de clan mais il semble le seul à le croire. Il sort toute sorte de théories vaseuses sur la hiérarchie (la comparaison avec la rivière) et explique sa froideur et sa raideur par la marque de respect qu’il lui serait dû. Ishii se fait croire à lui-même que son clan est une entreprise et trouve affreux les nouvelles lois qui répriment les clans yakuzas (interdiction de réunion, interdiction d’entrer dans des lieux publics).

Ishii n’est en vérité qu’un pion comme il prouve lui-même quand le parrain le dégrade. Mais, il a raison, son clan n’est qu’une entreprise néo-libérale comme une autre. Cela est porté jusqu’à l’ironie quand Naoki retrouve un de ses amis rappeur (le film est ponctué de chansons hip-hop japonais du groupe No Fear) et qu’il annonce que maintenant il est dans le milieu du désamiantage. Ce qui fait dire à son pote qu’il fait un boulot encore plus dangereux que yakuza.

Limosin laisse les gens parler. Il filme en boucle les moments en creux qui dressent un portrait d’une bande d’abrutis à qui on fait un lavage de cerveaux. On est à mille lieux du documentaire anglais A very British gangster qui cherchait à tout prix à faire dans le sensationnel et qui tombait dans le racolage actif. Limosin porte un regard de documentaire plein de justesse dans la droite ligne de Raymond Depardon. Young yakuza est un film nécessaire qui décrypte certains rouages des clans pour mieux les démythifier.

Young yakuza (France, 2007) Un film de Jean-Pierre Limosin.

vendredi 28 mars 2008

Les Larmes de Madame Wang

C’est un film qui revient de loin. Présenté en 2002 au Festival de Cannes, section Un certain regard où je l’avais vu, Cry woman, comme on l’appelait alors, sort six ans plus tard. Son cinéaste, Liu Bianjian, n’est pas en odeur de sainteté en Chine et à l’organe officiel du cinéma bien pensant de Pékin. Son premier film Le Protégé de Madame Qing, tourné en 1999 avait mis deux ans pour sortir en France malgré ses qualités. Ce premier film parlait d’homosexualité sous un jour positif pour les gays et très critique envers l’hypocrisie des autorités chinoises concernant l’homosexualité. Conséquence : aucun financement officiel. Les Larmes de Madame Wang a donc été tourné clandestinement avec des fonds français et coréens. A ce rythme-là, son dernier film Plastic flowers (2004) devrait arriver chez nous en 2016.

La pleureuse du titre c’est donc Madame Wang (Liao Qin, excellente) et le chemin pour arriver à ce métier dans sa ville natale ne doit rien au hasard. Elle habitait à Pékin avec son mari, chômeur et joueur impénitent de mahjong. Comme il joue de l’argent, il a des dettes. Il attend que sa femme ramène de l’argent pour rembourser. Elle vend à la sauvette des VCD pirates et pour passer inaperçue, elle « emprunte » la fillette de sa voisine. Mal leur en a pris. La voisine est partie en abandonnant sa gamine et le mari a crevé l’œil d’un de ses comparses de mahjong. Pour lui, direction la prison. Pour elle, sa ville natale. Mais l’épouse du gars blessé demande que Madame Wong paie les frais d’hôpitaux. Elle va devoir travailler.

Dans son coin perdu de Chine, elle va retrouver son ancien petit ami, marié depuis. Il tient un magasin de pompes funèbres. Comme elle se lamente, elle va devenir pleureuse lors des enterrements. Elle a toute une grille de tarifs selon la chanson que la famille du défunt exige. Son ex va trouver des « clients » partout où ils pourraient se trouver, notamment à l’hôpital. Les affaires commencent à bien marcher et tout le monde veut Madame Wang. Mais la dame a bien mauvais caractère et on lui reproche parfois de ne pas pleurer pour de vrai. De plus, elle est devenue la maîtresse de son ex. Elle a une très mauvaise réputation auprès des villageois qui la traitent de tous les noms.

Dans Les Larmes de Madame Wang, il n’y a pas un personnage pour rattraper l’autre. Tous sont menteurs, tricheurs et vénaux. Personne n’est épargné et sûrement pas les autorités, comme le chef de la police qui après une conversation sur la loi anti-corruption accepte de l’argent de Wang et plus si affinités. Le film plonge dans un monde sans solidarité où seul compte l’argent que l’on peut se faire. Quand le patron des pompes funèbres propose à Wang de pleurer à l’enterrement d’un chien, après quelques hésitations, elle y va, car après tout, elle ne pleure pas pour de vrai. La charge de Liu Biangjian est d’autant plus forte qu’elle se fait avec une bonne d’humour pince sans rire. On y rit jaune plus d’une fois. Il faut dire que Liao Qin dans ce rôle donne à Madame Wang la figure d’une femme exaspérante mais tellement humaine. Il est tout à fait compréhensible que le Bureau du Cinéma Chinois déteste cette vision de la Chine. Compréhensible, mais tellement injuste.

Les Larmes de Madame Wang (Cry woman, 哭泣的女人, France – Corée – Chine – Canada, 2002) Un film de Liu Bianjian avec Liao Qin, Wei Xingkun, Li Longjun, Zhu Jiayue, Weng Jing


jeudi 27 mars 2008

Kazuo Hara aux Voûtes

C’est bien volontiers que je signale une nouvelle activité de Tampopo : passer des films. En l’occurrence trois films de Kazuo Hara. Encore un gars que je ne connais pas. Cela aura lieu le samedi 5 avril à partir de 16 heures aux Voûtes dans le 13ème arrondissement parisien.

Tous les renseignements sur le blog Tampopo, sur le site des Voûtes et sur Kazuo Hara ici.

mardi 25 mars 2008

Pang Ho-cheung en dvd !!!!!!!!


Enfin une bonne nouvelle cette semaine. Deux films de Pang Ho-cheung sortent en DVD : Men suddenly in black et AV. Il était temps que l’on puisse découvrir dans de bonnes conditions ses films. Il faut maintenant espérer que ses autres films auront la même chance.

C’est par hasard que certains veinards ont pu découvrir Pang Ho-cheung. Un cinéma parisien, début 2004, avait programmé, lors d’un festival de cinéma asiatique, Men suddenly in black. Discrètement, un engouement s’est développé chez certains fans de films cantonais, ou de cinéma tout simplement.

Pang Ho-cheung est né à Hong Kong en 1973. On dit qu’il est l’auteur de l’histoire de Fulltime killer, film de Johnnie To et Wai Ka-fai, sorti en France en 2002. Pang a réalisé sept films. Tous inédits en France, que ce soit en salles ou en DVD. You shoot I shoot (2001). Men suddenly in black (2003). Beyond our Ken (2004). AV (2005). Isabella (2006), Exodus (2007) et Trivial matters (2007).

samedi 22 mars 2008

Princesse Chang Ping


John Woo n’a donc pas réalisé que des polars. John Woo n’a pas tourné que des comédies pourries avec Ricky Hui. Princesse Chang Ping n’est pas un film inconnu. Avant sa sortie en DVD, il fût disponible en VHS à la fin du vingtième siècle à l’époque du feu magazine HK Orient Extrême. Sorti en janvier 1976 sur les écrans hongkongais, il fait aujourd’hui encore figure de curiosité et restera pour l’éternité un film à part dans la filmographie de John Woo. A vrai dire, le film d’opéra cantonais reste une énigme à mes yeux. Princesse Chang Ping reste le seul film de ce genre que j’aie vu. Je ne me permettrai pas d’en voir les défauts ou les qualités. Mais d’après ce que j’ai pu comprendre, il fût un temps où l’industrie du cinéma de Hong Kong en produisait des tonnes. Le public adorait ces films où les sentiments sont exacerbés, où les costumes et les décors sont flamboyants, où l’amour est contrarié. En l’occurrence, Princesse Chang Ping ressemble comme deux gouttes d’eau à un mélo pur sucre.

La princesse se fiance avec Chou Shih Hsien, un jeune lettré. Ce jour-là, les rebelles assiègent le palais et y mettent le feu. L’empereur accepte que son épouse et sa concubine se suicident. Il décide également de tuer ses deux filles et espère sauver son fils héritier. La princesse survit aux coups de sabre paternels et part se réfugier dans un couvent. Chou Shih Hsien la retrouve. Elle feint de ne pas être la princesse mais ne résiste pas à l’amour. Les deux fiancés partent défier le nouvel empereur. Ils décident de mourir ensemble, pour l’éternité. Le film est clairement divisé en trois actes : 1, le palais ; 2, le couvent ; 3, le palais à nouveau. Chaque acte est relié par de courtes transitions. Dans le même temps, l’action du film correspond à la durée de son déroulement.

Certains trouveront probablement dans cette histoire du film des motifs dans les films suivants de John Woo. Probablement autant qu’avec Ricky Hui, c'est-à-dire rien. Une chose est sûre, c’est le dépaysement total que procure Princesse Chang Ping à son spectateur, pour peu qu’il découvre pour la première fois un film d’opéra cantonais. Les seules choses que je puisse dire sont purement factuelles. Les personnages de jeunes hommes, dont Chou Shih Hsien, sont joués par des actrices. Quand les personnages ne s’expriment pas en chantant, ils déclament leurs dialogues. Tout réalisme est gommé au profit de la théâtralité. Chaque geste, chaque regard, chaque déplacement d’un acteur est dramatisé et déréalisé. Les protagonistes se déplacent avec élégance dans l’espace, tandis que les figurants (servantes, soldats, membres de la cour) restent immobiles. En revanche, la caméra est très mobile : travellings, zooms, ce qui renforce d’autant plus avec la théâtralité du film. La musique est pour l’essentiel composée de percussions.

Dans l’ensemble, Princesse Chang Ping est un film picturalement splendide. La scène devant le couvent, sous la neige, est très poétique. John Woo, alias Wu Yu-shen comme il est écrit sur le générique, signe un film extrêmement académique qui semble rendre hommage aux productions de la Shaw Brothers, ou tout au moins qui semble vouloir imiter leur style. Princesse Chang Ping a été un très succès public en son temps. On conseillera le film à toutes les personnes éprises de curiosités et d’exotisme, aux amateurs d’opéra cantonais ou aux fans hardcore de John Woo, s’il s’en trouve encore.

Princesse Chang Ping (帝女花, Hong Kong, 1976) Un film de John Woo Lung avec Kim Sung, Mui Shuet-sih, Leung Sing Bo, Lan Chi Pak, Young Phoenix Opera

vendredi 21 mars 2008

Money crazy + From riches to rags


John Woo va bientôt revenir à l’honneur avec la sortie dans de bonnes éditions des volumes du Syndicat du crime réalisés il y a de cela deux décennies. On connaît justement le cinéaste pour ces films (dits cultes) produits par Tsui Hark, mais rarement pour ses films antérieurs dont il n’a aucune raison d’être fier. On le sait maintenant John Woo a eu beaucoup d’échecs commerciaux dans sa carrière hongkongaise. Il n’a pas toujours pu faire ce qu’il a voulu et surtout tourner avec les acteurs dont il avait envie.

Money crazy (1977) comme From riches to rags (1980) sont deux comédies cantonaises dégénérées qui ont comme vedette Ricky Hui, l’un des fameux frères Hui. Ricky a tenté l’aventure solo sans Michael (l’intello irascible) et Sam (le beau gosse). Ensemble, ils avaient joué dans Mr Boo détective avec un certain talent. Quand j’écris « dégénéré », je ne veux pas dire que Ricky l’est, mais que l’humour dans ces deux films (qu’il a produit) est particulièrement de bas niveau, et pourtant Dieu sait que je peux aimer parfois ça.

En fait, Ricky joue les débiles. Il le jouait déjà dans le film de son frère Michael et avec John Woo, il continue. Son regard vide et sans émotion aide beaucoup à accepter son état d’imbécile. Sa coiffure au bol également. Il est fringué de manière au mieux anodine (jeans, t-shirt) au pire ridicule (vêtements trop grands pour lui ou mal assortis). Bref, Ricky Hui a l’étoffe grotesque du clown.

Les « thématiques » des deux films sont transparentes comme l’indiquent les titres : l’argent et son corollaire, devenir riche et s’échapper de la pauvreté. Avoir du pognon a l’avantage, selon les protagonistes, d’attirer les filles, car vue la gueule qu’a Ricky, seul le fric peut faire venir les filles. C’est une vision commune de la plupart des comédies produites au sein du studio de la Golden Harvest, comme je l’avais raconté au sujet de la trilogie des Five stars de Sammo Hung. Cela inclue aussi l’idée que les femmes sont vénales et sa conséquence directe, une certaine misogynie des personnages, ici atténuée par la bêtise de Ricky.

Ricky Hui et Richard Ng

Johnny Koo et Ricky Hui

Ricky Hui fonctionne dans les deux films en duo. Avec Richard Ng dans Money crazy et avec Johnny Koo dans From riches to rags. Il n’y a pas vraiment de scénarios construits autrement que par saynètes où chaque plan échafaudé par nos antihéros est mis en pièce, soit par eux-même du fait de leur incompétence, soit par leurs ennemis qu’ils ont tentés d’arnaquer. Bien entendu, les filles ne sont pas en reste pour les humilier.

Les gags sont à peu près les mêmes dans les deux films. On s’y casse la gueule, on se ramasse un seau d’eau sur la tête, on marche sur une merde de chien, on y louche, on y fait des grimaces, on confond les gentils et les vilains, des bosses poussent toutes seules sur le front, et surtout on court dans tous les sens histoire de remplir l’espace et le plan. Seul gag réellement drôle : Ricky entend à la radio la chanson de son frère Sam extraite de Mr Boo détective, Ricky balance alors la radio à la flotte.

Il me semble tout à fait impossible de voir quoi que ce soit de la mise en scène de John Woo dans ses deux films-là. Comme si le cinéaste se sachant prisonnier du contrat qui le lie à la Golden Harvest se contentait de filmer platement et sans talent le scénario indigent et indigeste de son acteur principal. On pourrait presque dire qu’il fait de la résistance. Ironie du sort, Money crazy fut le plus gros succès au box-office de l’année 1977. John Woo put alors tourner La Dernière chevalerie. Malheureusement pour lui, ce film d’art martial s’est soldé par un grave échec. Retour donc à la case Ricky Hui, jusqu’à sa rencontre avec Tsui Hark.

Money crazy (發錢寒, Hong Kong, 1977) Un film de John Woo avec Richard Ng, Ricky Hui, Angie Chiu, Sam Hui, Lan Law, Ying Cheung, Lam Ching-ying, Dick Wei.

From riches to rags (钱作怪, Hong Kong, 1980) Un film de John Woo avec Ricky Hui, Jo Jo Chan, Johnny Koo, Lam Ching-ying, Ching Tong, Ka Yik.

jeudi 20 mars 2008

Sorties à Hong Kong (mars 2008)

An empress and the warriors (江山美人)

Un film de Ching Siu-tung avec Donnie Yen, Kelly Chen, Leon Lai, Guo Xia-dong, Kou Zhen-dai. 99 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 20 mars 2008.




dimanche 16 mars 2008

Sex & zen II

Sex & zen II, c'est le coup de bambou. Produit par Wong Jing, cela n’a rien d’étonnant. Ça commence très fort avec la narration de la vie de Maître Chien, ou plutôt la vie du sexe de Maître Chien. Sexe qu'il entraîne à être toujours plus puissant en y suspendant trois pastèques. Sexe qu'il attache à celui d'un bœuf jusqu'à la castration de l'animal. Maître Chien boit aussi des potages faits à base de testicules d'animal sexuellement dominants. Bref, cet homme aime baiser. Il a quatre femmes et en profite tous les soirs.

Il a aussi deux enfants. Un fils idiot qui ne sait dire que "ouais" et une fille qui s'habille en garçon. La fille part faire des études dans un monastère et son père lui met une ceinture de chasteté qui doit couper tout ce qui pourrait toucher ses seins, ses fesses ou son sexe. Elle rencontre un jeune moine. Wong Jing et Gordon Chin ne résistent pas à nous faire une parodie de The Lovers de Tsui Hark, mais déjà à force de plans filmés immanquablement avec une caméra oblique, on commence à flairer l'escroquerie.

D'autant que les scènes sexuelles ne sont pas aussi inventives, drôles et érotiques que dans l'opus des frères Mak. Gordon Chin rajoute des voiles mais on ne ressent rien de bien palpitant. Il montre quelques bouts de sein en très gros plans furtifs quand Michael Mak les faisaient se frotter contre n'importe quel paroi. Cette fois, ça n'est pas une pine de cheval que se fait greffer le garçon, mais un sexe mécanique qui peut faire de la fumée. Quel en est l'intérêt me demanderez-vous. Sex & zen II ne le dit pas.

Comme vous le savez, Sex & zen II est le premier film de la carrière de la très belle Shu Qi. Elle y est Dame Mirage, une méchante. Elle réussit à épouser le frère au cerveau lent. Mais il meurt en jouant au cerf volant. Je vous le jure ! Son beau père en fait sa cinquième épouse. Mais Shu Qi est une prédatrice qui absorbe la vie de ses proies sexuelles. Au bout d'un moment, Sex and zen II se contente de n'être qu'un simple wu xia pian fantastique et laisse de côté l'érotisme qui était déjà très soft. Jusqu'à la scène finale où les deux femmes se caressent et se bisouillent. Et surtout jusqu'à la nudité frontale de Shu Qi, nudité qui réserve quelques surprises.

Sex & zen II (玉蒲团二之玉女心经, Hong Kong, 1996) Un film de Gordon Chin avec Shu Qi, Rachel Lee, Elvis Tsui, Ben Ng.

samedi 15 mars 2008

Sex & zen


"Recommandé par Penthouse", peut-on lire à la toute fin de Sex and zen. La bande annonce du film (visible en bonus dans sa version originale cantonaise) annonce fièrement que le célèbre magazine de charme américain a consacré trois reportages au film. Un gage de qualité, n'en doutons pas ! Autre fierté revendiquée annoncée dans cette bande annonce : le premier film des frères Mak classé Catégorie III, soit interdit aux moins de 18 ans. Les Catégories III ne font pas dans la dentelle. C'est toujours une surenchère de vulgarité, de comportements abjects et de violence non contenue. Jusqu'à présent aucun Catégorie III à caractère érotique n'était venu jusqu'à nous. On est ravi d'accueillir les Sex and zen et on admire le travail. Le sexe à Hong Kong semble plus subversif que la violence. Et être classé Catégorie III pour un producteur peut avoir un effet commercial très avantageux.

Sex and zen, tourné en 1991, est un film des frères Mak : Johnny à la production et Michael à la mise en scène. Le film est co-produit par la glorieuse Golden Harvest.

Sex and zen est paraît-il inspiré du “tapis à prière charnelle”. Un récit érotique écrit il y a quatre siècles. Deux moines dialoguent pour savoir si la vie d'ascète est meilleure que la vie de libertin. Le film va suivre le parcours d'un moine (dans le sens d'étudiant) dans sa vie de libertin. Si le film avait suivi l'autre moine, il se serait appelé Zen tout court. Mais là on est dans Sex and zen. Dont acte.

Le libertin a pour ambition de prendre le plus de plaisir sexuel possible. Telle est sa vision des choses. Pour cela, il épouse une jeune vierge. Le père accepte ce mariage car, selon lui, un lettré a forcément un savoir vivre exemplaire. La jeune épouse éduquée dans l'idée que la sexualité est ignoble craint sa nuit de noces. Leur premier rapport est catastrophique. Il lui fait boire un anesthésiant, mais il se blesse et n'arrive plus à bander. Ils sont obligés de regarder des estampes érotiques et essaient des positions dans un burlesque tout à fait drôle et ludique.

Le moine libertin est un lubrique. Il veut toutes les femmes et se prend quelques râteaux. Il sera aidé dans son entreprise de partenaires sexuelles par un voleur (Lo Lieh dans un de ses derniers rôles) qui lui permettra de s'introduire dans les maisons quand les maris sont partis. Mais le libertin a un gros problème : son sexe est minuscule. Il décide donc de se faire greffer un sexe de cheval. Pendant ce temps, sa femme se sent délaissée est engage une aventure avec le jardinier très musclé. Le libertin sera puni de son libertinage par une escouade d'amazones en furie. Et la femme sera vendue par son père à un bordel.

Pendant les 93 minutes de Sex and zen, il y a peu de zen et beaucoup de sexe. Presque tout y passe. Saphisme : deux femmes prennent du plaisir avec une flûte dans leur sexe. Masturbation : l'épouse apprend à écrire avec un pinceau dans le vagin. Le libertin se branle de temps en temps. Fellation : le valet du libertin essaie de redresser le membre de son maître. Les femmes doivent souvent sucer les hommes. SM : un teinturier bat sa femme avant de la prendre avec vigueur. La belle-mère du libertin adore les coups de fouets. J'en oublie sûrement.

Sex and zen mérite sa Catégorie III. On n'y voit pas de sexes masculins, si ce n'est en ombre chinoise (forcément). Mais on y voit beaucoup de fesses, de torses nus masculins plus ou moins musclés, de poitrines féminines de toutes tailles, et des poils. Oui des poils. Qui l'aurait cru ?

Ce qui plaît dans Sex and zen, et qui en fait un bon film, est un savant dosage entre érotisme par toujours soft et humour bienvenu. D'habitude les films de cul, c'est si chiant. Ils les ont même supprimé sur M6 pour mettre une émission de foot à la place. Mais c'est surtout le soin apporté aux décors et aux costumes qui réjouie. La mise en scène de Michael Mak fonctionne très bien, avec simplicité et paradoxalement n'est pas racoleuse. Un film que je recommande chaudement.

Sex and zen (玉蒲团之偷情宝鉴, Hong Kong, 1991) Un film de Michael Mak avec Lawrence Ng, Kent Cheng, Lo Lieh, Elvis Tsui, Amy Yip, Isabella Chow, Carrie Ng, Mari Ayukawa, Tomoko Ino.

vendredi 14 mars 2008

Double fattiness




L’actrice hongkongaise Lydia Shum est décédée le 19 février 2008. Comme beaucoup d’actrices au physique plus ingrat que d’autres, Lydia Shum était une actrice comique. Son embonpoint devait être une des sources de son jeu, mais comment le savoir réellement puisqu’il est très difficile de voir les films dans lesquels elle a joué. Pour dire la vérité, je ne la connaissais pas avant d’apprendre son décès, je me suis donc procuré un de ses plus gros succès sorti en 1988, il y a maintenant vingt ans de cela.

Double fattiness a été réalisé par David Chiang, le frère de Derek Yee et l’un des acteurs phares de la Shaw Brothers. C’était lui qui avait repris le rôle du sabreur manchot dans La Rage du tigre après le départ de Jimmy Wang Yu. Lydia Shum a elle aussi commencé à la Shaw Brothers quand elle était adolescente.

Lydia Shum joue une femme qui tient un restaurant. Elle y sert des plats occidentaux, des sortes de pizza qu’elle fait cuire à la poêle. Elle travaille avec son mari Bill Tung (il était le chef de la police dans les Police story) et son fils Eric Tsang (qui dans la vraie vie n’avait que huit ans de moins que l’actrice, peu importe). Une famille de gros. Madame est une femme autoritaire et mène son monde. Gare à son époux et à son fils s’ils n’attrapent pas les pizzas-crèpes quand elle les lance.

Un homme d’affaires véreux cherche à racheter le restaurant pour construire à la place un immeuble moderne. Il envoie ses hommes de main, mais Lydia leur fout la patté à coups de pied, de pizzas et de farine. Diable, cette femme ne se laisse pas faire. Hélas, Lydia meurt peu de temps après. Compte tenu de son poids, elle brise le pont qui doit l’amener dans l’au-delà. Selon la règle en vigueur, elle a le droit de se réincarner. Elle trouve un corps, celui de Maggie Cheung, qui se trouve être la cousine de l’homme d’affaires. Elle ne pourra pas dire qui elle est vraiment.

Maggie Cheung vient s’occuper du restaurant et agit comme la grosse bonne femme, à la plus grande surprise de Bill Tung et d’Eric Tsang. L’âme de Lydia Shum dans le corps de Maggie Cheung est toujours amoureuse de son mari, mais ce dernier préfère les grosses. Comme Lydia Shum est la star du film, on lui offre un deuxième personnage qui arrive là comme un cheveu sur la soupe. Bill Tung tombe amoureux du sosie. Il s’agira de faire passer l’âme de l’une dans le corps de l’autre.

L’humour développé dans Double fattiness est classique des grosses farces de la comédie cantonaise. Lydia Shum montre deux aspects de personnalité, une femme fort en gueule et une timide. Elle utilise son corps massif comme une Sammo Hung au féminin. Son personnage est celui d’une femme irascible (elle engueule tout le monde en frappant de son index les gens), maniaque (elle traite son mari comme un enfant en lui préparant tout à l’avance même le dentifrice sur sa brosse à dents) mais elle reste romantique. Tout le film sur ses épaules de l’actrice, les répliques des autres interprètes, comme leurs actions, ne sont là que pour exhausser ses gags. Mais l’humour de Double fattiness est tout de même un peu balourd, c’est le moins qu’on puisse dire.

Double fattiness (雙肥臨門, Hong Kong, 1988) Un film de David Chiang avec Lydia Shum, Bill Tung, Eric Tsang, Maggie Cheung, Paul Chun, Dennis Chan.

jeudi 13 mars 2008

Sorties à Hong Kong (mars 2008)

L for love L for lies (我的最愛)

Un film de Patrick Kong avec Alex Fong Lik-sun, Stephy Tang, Miki Yeung, Kara Hui. 109 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 13 mars 2008.




mercredi 12 mars 2008

Peace Hotel


John Woo et Chow Yun-fat se sont offert un dernier film avant de partir à Hollywood bousiller leur carrière. Le premier à la production, le second au scénario et en tant qu’interprète principal. Ils ont confié leur film d’adieu à Wai Ka-fai, jeune scénariste à l’époque. Peace Hotel est un bon film avec des partis pris formels intéressants.

L’hôtel de la Paix en question dans le titre est un refuge pour bandits en mal de rédemption. L’homme qui a créé ce lieu est lui-même un ancien assassin qui a massacré dans cet endroit tout un clan. Il s’est vengé du meurtre de sa femme et de son fils. Il a planté son épée dans un bloc de pierre. Depuis dix ans, plus personne n’ose rentrer dans l’hôtel pour chercher vengeance aux bandits réfugiés. Nous sommes dans les années 1930.

L’homme n’a pas de nom, la voix off qui ouvre le film grâce à un flash back en noir et blanc le surnomme le Tueur. L’allusion est transparente d’autant que l’on aperçoit quelques volatiles, colombes ou pigeons, s’envoler tandis qu’il tue tout son monde. La dernière partie du film montre aussi Chow Yun-fat en train de dézinguer les méchants à l’aide d’une bonne grosse mitraillette. Entre ces deux moments, Peace Hotel restera dans cet hôtel, montrera pourquoi les bandits sont là et réservera quelques pirouettes scénaristiques.

Passé le flash back introductif, Peace Hotel ouvrira ses portes à un personnage féminin haut en couleur qui apportera un grain de folie au lieu et qui mènera à l’attaque des bandits. Là non plus, on ne sait pas qui est cette femme interprétée par Cecilia Yip, une actrice aujourd’hui en retrait de l’industrie. Le Tueur n’est pas là. Il est parti chercher du ravitaillement en ville. La femme arrive, joue la grande dame et se fait passer, avec un culot incroyable, pour la femme du Tueur. Il l’attendrait depuis tout ce temps. Quand il revient, il comprend la supercherie, mais elle s’acharne à raconter des bobards, à mettre en scène sa vie, à s’inventer un passé plus légendaire que véridique. Les souvenirs ne passeront pas par des flashes back visuels, mais par les dialogues. Autant dire que cela apporte au film de grands moments de drôlerie.

Tout ce manège va être interrompu par la révélation de ses mensonges. Les autres habitants de l’hôtel vont lui faire payer. De grande dame, elle va passer à la pauvre boniche. Puis vont arriver les méchants qui veulent lui faire la peau. Là, Peace Hotel se transforme en western et réussit le tour de force de nous amener dans le grand ouest américain. Les méchants (nombreux) sont à cheval, ils portent des chapeaux de cow-boys, ils sont armés de fusils et font faire le siège de l’hôtel, comme dans un bon vieux film de John Ford. Comme on est dans un film de Hong Kong, il y aura quelques bastons façon art martial, mais la recette va prendre.

Les deux acteurs principaux sont magnifiques. Chow Yun-fat ne se parodie pas mais n’est pas dupe de la caricature qu’il porte dans les films de John Woo qui ont fait sa gloire dans la décennie écoulée. Gloire qui va l’amener aux Etats-Unis mais qui va se transformer en cauchemar. Cecilia Yip en belle plante fière apporte une note d’humour incroyable, mais c’est une femme bafouée et si elle s’invente, c’est pour masquer la honte de sa vie passée. La galerie des bandits est assez bien vue avec des personnages (hommes et femmes) qui changent d’avis selon les situations. Les méchants n’existent pas en tant qu’individus, ils ont à leur tête une teigne dont on apprendra dans la dernière partie les motivations profondes.

Wai Ka-fai tourne ici son premier film avec un certain aplomb. L’image est soignée (les teintes sont beiges, couleur sable) et le rythme soutenu, passant de la comédie au western avec aisance. C’est un film de commande. On peut éventuellement lire le message de John Woo et Chow Yun-fat : ils seraient des gentils à Hong Kong malgré leurs films de triade. Les méchants qui attaquent leur petite entreprise seraient des envahisseurs venus d’ailleurs. Un autre film sur l’angoisse de la rétrocession.

Peace Hotel (和平饭店, Hong Kong, 1995) Un film de Wai Ka-fai avec Chow Yun-fat, Cecilia Yip, Ho Chin, Shun Lau, Annabelle Lau, Gary Mak, Lawrence Ng, Wu Chien-lien.

mardi 11 mars 2008

Too many ways to be N°1


Mon petit week-end parisien m’a permis d’aller voir Too many ways to be N°1 de Wai Ka-fai, dans le cadre de la rétrospective Johnnie To. J’y suis allé avec le superintendant du gourbi electro Tampopo. On s’est mis à l’avant dernier rang de la grande salle de la CF Bercy. Au début, on s’était mis devant, mais un gars est arrivé avec ses deux enfants. Quelle idée d’amener deux ados voir ce film classé Catégorie III. Ya du sang, ya de la baston, ya du slip. Too many ways to be N°1 est trop génial. On a chanté au début quand le logo de la Golden Harvest est arrivé sur l’écran.

Wai Ka-fai est maboule. Ce mec est dingue et son film est l’honneur de la Milkyway. C’est le premier film du label de Johnnie To. Juste avant, il avait réalisé ailleurs Peace hotel le dernier film cantonais de Chow Yun-fat avant qu’il ne parte se foutre la honte à Hollywood. J’en parlerai demain sas faute.

Too many ways to be N°1, c’est Lau Ching-wan, encore jeune, déjà génial. C’est un petit con qui se croit géant. Il vit de petits trafics au sein d’une triade pourrie. Il part en Chine avec ses amis malfrats pour vendre des bagnoles. Et puis au milieu du film, on revient à la scène initiale et la bande part à Taiwan faire autre chose. Chaque fois ça se termine mal, mais c’est drôle. Pas la peine de raconter le scénario, tout est dans l’ensemble.

Wai Ka-fai filme pratiquement tout en grand angle ce qui aplatit les visages et les décors. Comme il a la bonne idée de mettre plein d’acteurs dans le cadre, il se dégage une impression d’étrangeté proche du fantastique. Il se moque surtout de son collègue Wong Kar-wai qui avait systématisé jusqu’à l’écœurement le grand angle dans Les Anges déchus ou Nos années sauvages. Wai Ka-fai ne parodie pas le cinéaste mais pastiche ses défauts.

Assez vite on est fixé sur le ton du film, ça partira dans tous les sens. Dans un sauna, la bande va se bastonner avec d’autres gangsters, Wai Ka-fai filme la scène en plan séquence, et tout à coup, la caméra se renverse comme prise dans la bataille, comme si c’était un pugiliste qui était à terre. Les gars prennent des coups, plutôt deux fois qu’une. On se demande même si une grande part d’improvisation n’est pas présente.

Les acteurs sont parfois filmés en slip. Lau Ching-wan porte parfois un slip bleu, quelle idée bizarre. Cela n’apporte rien à la psychologie des personnages, mais encore une fois, cela rappelle Wong Kar-wai. Les garçons (combien sont-ils ? à peu près cinq) font n’importe quoi. Ils sont stupides et les conneries s’accumulent. Ils arrivent même à se blesser ou à se tuer.

Dans la partie taiwanaise, Lau Ching-wan doit accomplir deux missions. Assassiner Frère Blackie mais aussi Frère Blanc, habillés comme il se doit en noir et en blanc. Ce sont les deux parrains de Taiwan, et eux aussi sont des abrutis, mais leurs hommes leur sont fidèles jusqu’à l’absurde, comme ce pauvre gars qui se reçoit des bouteilles dans la gueule. On s’y coupe le doigt au moindre reproche, et parfois sans raison.

Y a-t-il une justification à un tel mælstrom esthétique dans Too many ways to be N°1 ? Certes oui, car il est jouissif de voir ces saloperies de triades montrées comme des organisations d’imbéciles. Au même moment, l’ineffable Wong Jing produisait les suites à Young and dangerous. Ce dernier film faisait un carton et le film de Wai Ka-fai un gros bide. C’est la vie mais j’ai choisi mon camp.

Too many ways to be N° 1 (一个字头的诞生, Hong Kong, 1997) Un film de Wai Ka-fai avec Lau Ching-wan, Francis Ng, Ruby Wong, Carman Lee, Matt Chow, Cheung Tat-ming, Xu Jinjiang, Wong Ka-ming.

vendredi 7 mars 2008

Pompoko


Pompoko est le film de Takahata qui ressemble le plus à l'univers de Miyazaki. Fable écologiste sur l'urbanisation galopante qui a eu lieu au Japon à la fin des années 1960 et plus particulièrement à Tokyo, Pompoko se distingue par une trivialité que l'on trouvait déjà dans Kié la petite peste. De tous les films que nous avons cités plus haut, c'est le seul où les humains n'ont pas les premiers rôles. On suit le destin des tanukis, gros mammifères proches par l'aspect du blaireau.

Une voix off nous les présente sur un mode humoristique comme des animaux paresseux et bagarreurs qui vont devoir faire face à la destruction de la forêt où ils résident, forêt qui est petit à petit rognée par les lotissements et les immeubles. Graphiquement, Takahata et ses animateurs ont eu l'idée de les représenter de deux manières opposées : le tanuki lorsqu'il est vu par des humains n'est qu'un animal dessiné de manière réaliste, mais dès que l'on rentre dans leur intimité, ils adoptent un aspect bonhomme de jolie petite peluche. Et bien sûr ils parlent.

Le don des tanukis est de pouvoir se transformer. Ils appellent cela le grand art. Cela consiste à prendre une autre forme pour achever leur œuvre, sauver leur forêt menacée. Ce grand art, oublié par les plus jeunes confortablement occupés à ne rien faire, doit être restauré et la vieille Oroku et l'ancêtre Tsurugame sont là pour enseigner la transformation à ces ignares. Takahata et son équipe s'en donnent à cœur joie dans des séquences, très nombreuses, où l'animation fait merveille. Un hommage particulièrement réussi est rendu aux films aux cent monstres, les Yokai, dans un défilé censé faire peur aux tokyoïtes. Hélas, habitués aux images et ne croyant plus aux légendes ancestrales du Japon, ils voient ce défilé comme un simple amusement. Qui plus est, ce défilé sera récupéré par le patron vénal d'un parc d'attractions. La mission des tanukis d'écarter les humains de leur territoire s'avère un échec.

Pompoko n'est pas une fable simpliste sur l'écologie où la nature devrait prendre le dessus sur la civilisation. Takahata refuse tout manichéisme en donnant à certains de ses personnages de tanukis des élans guerriers à faire froid dans le dos : Gonta, le costaud fort en gueule, cause la mort des trois ouvriers du chantier et ces dommages collatéraux qui servent la cause ne le gênent pas le moins du monde. Son projet est tout bonnement d'exterminer la race humaine. Ce à quoi répondent les autres tanukis : " mais comment pourrions-nous manger des hamburgers ? "

Ce que pointe Takahata avec précision est cette ambivalence de respecter la nature sans mettre un frein au progrès. Dans un même mouvement, il met dos à dos les extrémistes des deux camps : les écologistes et les bétonneurs. Pompoko est une réflexion précise et profonde sur la fin du vingtième siècle, ses transformations, ses échecs et ses espoirs.

Pour contrebalancer ce constat effarant, Isao Takahata a une arme redoutable : l'humour. Et certes, Pompoko n'en manque pas. L'humanisation progressive des tanukis par le biais de la télévision qu'ils regardent offre quelques scènes croustillantes où nos petites habitudes sont soulignées et mises à mal. Les transformations en tout et n'importe quoi, suivies de leurs conséquences sur les tanukis, sont l'occasion de gags hilarants. Takahata joue beaucoup sur le physique des bestioles, notamment sur leurs testicules et leur élasticité, qui leur servent autant de tapis que de parachute. Déjà dans Kié la petite peste, les testicules du chat Antonio étaient un sujet cher au cinéaste. Dans Pompoko, cela va encore plus loin dans une trivialité réjouissante.

Comme son confrère Hayao Miyazaki, Isao Takahata est un humaniste et Pompoko est une pierre importante dans l'édifice d'un cinéma social japonais. Cependant, le film est sans doute un peu trop long (119 minutes) et n'évite pas quelques répétitions et longueurs qui auraient mérité un montage plus resserré. Le scénario se cantonne parfois à une enfilade de saynètes. Mais une chose est maintenant certaine : Isao Takahata est un (grand) cinéaste politique. Quel meilleur moyen que le cinéma de divertissement, telle l'animation, pour faire passer un message généreux ?

Pompoko (平成狸合戦ぽんぽこ, Japon, 1994) Un film de Isao Takahata avec les voix de Kokondei Shinchou, Makoto Nonomura, Yuriko Ishida, Norihei Miki, Nijiko Kiyokawa, Shigeru Izumiya, Gannosuke Ashiya, Takehiro Murata, Beichou Katsura, Bunshi Katsura, Kosan Yanagiya, Akira Kamiya, Rei Sakuma.

jeudi 6 mars 2008

Sorties à Hong Kong (mars 2008)

Shamo (軍雞)

Un film de Soi Cheang avec Shawn Yue, Francis Ng, Annie Liu, Dylan Kuo, Pei Pei. 101 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 6 mars 2008.



mardi 4 mars 2008

The Raid


The Raid est un film d’un autre âge, pas seulement parce qu’il date maintenant de 1991, mais surtout parce qu’il marque le sommet de Tsui Hark et de sa compagnie la Film Workshop. Je suis certain qu’un tel film ne serait plus possible aujourd’hui, à part peut-être à la Milky Way si Wai Ka-fai se mettait à faire un film en costumes. Tsui Hark met toutes ses forces dans The Raid et ne fait que ce qui lui plait, pour le pire et pour le meilleur, car ce film n’est pas génial mais il porte fortement la marque de son créateur.

The Raid est inspiré d’une bande dessinée hongkongaise qui se déroule dans la Chine de 1932, période difficile où le pays subissait de plein fouet l’invasion des troupes de l’armée du Japon. Tsui Hark est un nationaliste, il ne l’a jamais caché et cela a été visible dans plusieurs de ses films, tel L’Enfer des armes ou Il était une fois en Chine. Ici, il conspue la faiblesse étatique chinoise en donnant à Pu Yi, l’empereur déchu, un personnage d’idiot et de lâche à la solde des Japonais. The Raid se passe dans le Mandchoukouo, république fantoche créée par Hiro Hito en Mandchourie pour s’assurer une base arrière en Chine. Pu Yi avait été nommé Président de cet état illégitime. On peut voir le mécontentement de la population face à la propagande d’état. On y entend des slogans affirmant que le Président est l’homme le plus aimé. On est très loin de l’esprit du film de Bernardo Bertolucci, Le Dernier empereur.

Pu Yi est secondé par un militaire Japonais, Masa (Tony Leung Ka-fai) qui ne rêve que de devenir le chef. Et à ses côtés, il y a l’actrice la plus célèbre du Mandchoukouo, Kim Pik-fai (Joyce Godenzi) dont la beauté fait fondre tous les hommes. Mais Kim est en fait une japonaise et s’appelle Yoshiko Kawashima. Ces trois personnages seront les méchants de The Raid et, comme dans tout film d’action qui se respecte, les gentils vont leur mettre des bâtons dans les roues de leurs plans néfastes et machiavéliques. Les méchants n’ont bien sûr ni foi ni loi, ils sont raides dans leur vilenie.

Pour mettre à mal les projets de Masa, on trouve deux personnages. D’abord l’oncle Choy (Dean Shek), un grand-père qui est prêt à aider tout le monde. Dès le début du film, il va porter des soins à l’armée révolutionnaire. Cette organisation est dirigée par le lieutenant Mang (Paul Chun) qui est le second gentil du film. Mais Mang estime qu’il n’a pas besoin d’un vieillard, il a peur que cela ralentisse la marche vers la révolution. L’oncle Choy ne tiendra pas compte des recommandations et suivra l’armée. Lui-même sera suivi par deux adolescents orphelins, une fille et un garçon.

Et entre les gentils et les méchants, il y a les opportunistes. Ce sont Lam au Long Nez (Corey Yuen) qui fait du commerce avec les Japonais et Niu (Jacky Cheung). Ce dernier est un homme qui cherche lui aussi à gagner facilement de l’argent. Il va rencontrer par hasard la troupe des révolutionnaires et les suivre un peu contraint. Son engagement politique est nul, mais une espionne qui surveille les Japonais, Tin-fong (Fenny Yuen) devient une attraction, d’autant qu’elle lui promet de rencontrer l’actrice Kim Pik-fai. Les deux hommes vont devoir choisir leur camp. Et les aventures ne font que commencer.

Il ne faudrait pas croire que The Raid est un film politique. Loin de là. Ce résumé succinct des personnages pourrait faire croire à un film de guerre sérieux, mais Ching Siu-tung et Tsui Hark font éclater tout cela en mille morceaux, avec parfois des moments extrêmement poussifs. Les personnages sont sans cesse fortement caricaturaux. Tony Leung Ka-fai hurle fort et ricane comme un très méchant. Jacky Cheung est un obsédé sexuel qui ne vit que pour flairer la beauté des femmes. Quant aux femmes, elles sont toutes prudes mais vénéneuses. Pas de quoi développer l’histoire des guerres sino-japonaises.

Ching Siu-tung a filmé les scènes de guerre et celles d’art martial. A ce titre, rien de nouveau. Dean Shek manie le sabre et tape sur tout le monde, malgré son grand âge (ce sera d’ailleurs son dernier film en tant qu’acteur). Il vole dans les airs, saute comme un lapin selon la doctrine habituelle des films précédents du cinéaste. Sa pupille manie le bâton et n’est pas commode non plus, malgré son jeune âge. Ici, c’est la transmission de la culture classique, forcément positive, qui est mise en avant. Elle s’oppose aux armes de destructions modernes des Japonais (gaz mortel, canons, armes à feu).

Tsui Hark filme les morceaux de comédie et on a droit à un best of de ses films antérieurs. Le plus marquant est la scène de théâtre de boulevard dans une chambre où les personnages se retrouvent dans en caleçon sous le lit, ou dans le placard, où il faut se cacher à cause de quiproquos. Pu Yi croit même que Masa aime les garçons. Qu’est-ce qu’on se marre. Tsui Hark filme des femmes soldats qui dansent et chantent au milieu d’une scène de repas où les soldats révolutionnaires font tomber leurs fausses barbes dans le potage. Vous voyez le niveau.

Cet humour grotesque et énorme contraste avec le sérieux du propos et la violence des scènes de baston. C’est toute la limite de The Raid qui a fait un beau bide au box office hongkongais. Quatre mois plus tard, Ching Siu-tung se rattrapera avec Histoires de fantômes chinois III, remake du premier épisode, tandis que Tsui Hark cassera la baraque avec Il était une fois en Chine, encore plus nationaliste mais moins drôle.

The Raid (财叔之横扫千军, Hong Kong, 1991) Un film de Ching Siu-tung et Tsui Hark avec Dean Shek, Jacky Cheung, Paul Chun, Tony Leung Ka-fai, Joyce Godenzi, Lau Siu-ming, Corey Yuen, Fennie Yuen.

lundi 3 mars 2008

Terracotta warrior


Terracotta warrior est une nouvelle histoire de fantôme chinois. Chins Siu-tung nous entraîne dans une épopée à travers les siècles où Zhang Yimou et Gong Li sont des amants éternels…

Entre deux Histoires de fantômes chinois, Ching Siu-tung a tourné Terracotta warrior, le soldat en terre cuite. Ching est un réalisateur de l'écurie Tsui Hark, ici crédité comme producteur et aux effets spéciaux. Zhang Yimou est l'acteur principal du film, ce fameux soldat en terre cuite. Il est aussi crédité comme superviseur du métrage. Terracotta warrior a sans doute été fait à trois, ce qui lui donne une certaine énergie.

Tout commence il y a 3000 ans ou presque. Mong (Zhang Yimou) est l'architecte de l'Empereur fondateur de la dynastie Qing. Il construit, avec l'aide de 50.000 ouvriers le tombeau impérial dans la région du Xi'an. L'Empereur, tout habillé de noir, est un homme cruel. Ainsi, lors d'une visite à son futur tombeau, forcément gigantesque, un rebelle tente de l'assassiner. Son impopularité est due à son absence de pitié. Ses gardes n'ayant pas réussi à le protéger du rebelle, il les décapite tous de son sabre. Or, c'est Mong qui le sauve et l'Empereur décide de le nommer garde personnel.

Avoir un tombeau, c'est bien. Mais être immortel, c'est mieux. L'Empereur convoque des savants pour trouver une formule d'immortalité. Or, ce sont des charlatans. Menacés de mort, ils indiquent où trouver cette fameuse formule. L'Empereur et Mong partent pour les trois Monts de l'Immortalité avec une escouade de cinq cents vierges. Parmi elle, la très belle Tong-yi (Gong Li) dont Mong tombe amoureux, ce qui provoque la colère de son souverain. La formule est trouvée, Mong l'absorbe, ainsi qu'une bonne partie des soldats. Cependant la vengeance de l'Empereur est grande. Il condamne Mong à devenir un soldat en terre cuite et Tong-yi à être brûlée vive. C'est la triste fin de ce couple d'amoureux.

Au bout de moins de quarante minutes, l'histoire de Terracotta warrior bifurque vers la Chine des années 1930. Dans cette époque, Gong Li est une actrice de cinéma abonnée aux seconds rôles. Justement, la production qui l'a engagée tourne un film dans la région du Xi'an. L'acteur Pan Yun-fei en est la star. Pan s'est acoquiné avec des malfrats qui sont à la recherche d'antiquités. Ils ont trouvé des reliques ancestrales, mais Lyly (le nom du personnage de Gong Li dans cette partie du film) est témoin d'un assassinat. Pan tente de s'en débarrasser dans un accident d'avion. L'avion s'écrase pile sur le tombeau impérial et réveille le soldat Mong d'un long sommeil trois fois millénaire.

Mong ne sait pas qu'il est immortel, et en voyant Gong Li, il est persuadé d'avoir en face de lui celle qu'il a aimée jadis. S'ensuit une folle aventure comique digne des aventures d'Indiana Jones (la troisième en l'occurrence où Indi partait en Terre Sainte à la recherche du Graal.) Pan va chercher à découvrir ce secret d'éternité. Lyly alias Tong-yi reste innocente devant toutes ses péripéties. Son seul dilemme est de ne pas savoir qui aimer réellement. La fin de l'histoire le dira.

Film à trois cinéastes : Ching Siu-tung, Zhang Yimou et Tsui Hark. Que retrouve-t-on du style de chacun de ces fortes personnalités ? La première partie de Terracotta warrior adopte une forme classique de wu xia pian. Zooms rapides, contre jours sur les visages en gros plan, bruits des sabots de chevaux, des vêtements et des sabres, rire sardonique de l'Empereur, loyauté des vassaux. Cette partie est très réussie. Ching Siu-tung est spécialiste du wu xia pian : Duel to the death, la série des Histoires de fantômes chinois. Ching a aussi chorégraphié les deux wu xia pian de Zhang Yimou. Une scène où Mong s'entraîne au sabre dans une forêt, tandis que Tong-yi joue de la musique avec des bols remplis d'eau de pluie, rappelle Le Secret des poignards volants, sans la lourdeur des effets numériques.

La partie moderne est tout autant réussie. On retrouve le goût de Tsui Hark pour cette période colorée où la légèreté des personnages rencontre la gravité de l'Histoire chinoise. On voit en arrière fond des soldats blessés alors que les acteurs vedettes vont se goinfrer au restaurant. Mong est perdu dans ce monde dont il ne connaît pas les codes. Et le scénario de Tsui Hark souligne, armé de son moralisme bien connu, la décadence des mœurs et l'oubli du passé glorieux. Rétrospectivement, on peut constater que Tsui développe des gags temporels qu'il reprendra par la suite dans les Il était une fois en Chine. Le soldat Mong découvre les voitures, la radio, dans un restaurant il sent le menu que lui tend le serveur parce qu'il est persuadé que c'est le mets. De manière plus subtile, Wong Fei-hung découvrira les inventions qu'adopte Tante Yee. Mong est un hibernatus chinois. Et c'est drôle.

Terracotta warrior est une film d'aventures et d'amour très plaisant. En revanche, il est un peu difficile de comprendre la raison pour laquelle Zhang Yimou en a le rôle principal. Il n'est pas vraiment mauvais acteur, mais son jeu est limité surtout en face de l'abattage de Gong Li, dans le double rôle d'une femme pure et amoureuse puis d'une écervelée qui rappelle celui de Sally Yeh dans Shanghai blues de Tsui Hark. Ces réserves sont minimes comparées au plaisir que procure Terracotta warrior. Quant à l'histoire d'amour dans la vraie vie entre Zhang Yimou et Gong Li, c'est une autre histoire...

Terracotta warrior (秦俑, Hong Kong, 1989) Un film de Ching Siu-tung avec Zhang Yimou, Gong Li, Yung Kang-yu, Luk Suk Bung, Chiu Lo-cheung, Ng Hian-cheung, Tse Pok-man.