jeudi 28 octobre 2010

Nothing lo lose


Au pied d’un grand immeuble, un jeune homme attend. Il regarde en l’air. Il veut monter mais l’ascenseur est en panne. Il décide de monter à pied jusqu’au toit. Somchai (Pierre Png) porte une belle chemise blanche qu’il enlève, plie comme il faut, pose dessus ses petites affaires et s’apprête à grimper sur le parapet. Mais il a le vertige et recule. A l’autre bout de la terrasse, Gogo (Fresh) se tient bien droite sur ses talons, prête à sauter. Elle porte une minijupe et des cheveux colorés. Somchai s’approche d’elle et engage la conversation.

Tous deux étaient là pour se suicider pour des raisons que Nothing to lose va donner au fur et à mesure de son récit mouvementé. Mais en attendant de se donner la mort, Somchai et Gogo décident d’aller manger un bout. Comme ils n’ont pas d’argent, ils s’enfuient du restaurant après s’être goinfrés. Et ils vont continuer leur chemin en duo à toute vitesse. Un passage à la banque où ils pourraient faire un hold up. Un passage à l’appartement de Gogo où elle récupère des vêtements pour Somchai. Un vol de perruques dans un magasin.

Etape dans un motel minable tenu par un tenancier complètement follasse. La chambre est toute crasseuse et Gogo exige que Samchoi dorme sur le sol. Mais lui trouve la fille tout à fait à son goût et aimerait bien que le duo se transforme en couple. Après tout, s’ils n’ont rien à perdre, ils n’ont qu’à baiser ensemble. Gogo refuse tout net et ils partent dans la ville, le lendemain matin, faire un petit casse dans un magasin. Et Somchai emmène Gogo dans le tripot où il joue et perd beaucoup d’argent. Et évidemment, ils vont jouer et perdre beaucoup d’argent et avoir le patron du tripot sur le dos.

Jusqu’à présent, Nothing to lose se démène pour être une petite comédie colorée au rythme trépidant. Le montage effectué par le réalisateur et un autre de ses frères y est pour beaucoup. Plans courts, montés cut, dialogues débités à toute vitesse. Dès son premier film, Danny Pang programme son style proche de celui de Wong Jing. Style américain si l’on peut dire, ou tel qu’il l’imagine. Et justement, le film va plonger dans le policier après avoir traversé la comédie par le truchement d’un super-flic, comme il se présente lui-même.

Ce flic enquête sur ce couple. Il prétend avoir fait ses armes au FBI et tout connaitre de la psychologie de « Bonnie and Clyde » comme il aime à appeler Gogo et Somchai. Parce que le spectateur découvre les tenants et aboutissants de leur vie minable, il se crée une tension entre le comique involontaire du flic filmé au premier degré et un suspense inhérent à son incompétence. C’est dans cette tension que Nothing to lose trouve sa saveur. Danny Pang joue sur l’attente du spectateur qui doit s’identifier (ou au moins prendre en sympathie) deux losers. Et ce pari est plutôt réussi sans changer quoi que ce soit du cinéma d’action.

Nothing to lose (1+1 เป็นสูญ, Thaïlande, 2002) Un film de Danny Pang avec Arisara Wongchalee, Pierre Png, Yvonne Lim, Nimponth Chaisirikul.

mardi 26 octobre 2010

Le Protégé de Madame Qing


Dans la première génération des cinéastes indépendants chinois qui comptait Jia Zhangke et Wang Chao, Liu Bingjian était l’un des plus fragiles. Auteur d’une poignée de films dont Les Larmes de Madame Wang, Liu n’a jamais réussi percer contrairement à ses camarades. Qui plus est, Le Protégé de Madame Qing parle d’homosexualité, sujet peu commun en Chine. Le film a été tourné clandestinement dans un nombre très restreint de décors : le magasin de vêtement de Madame Qing, son appartement puis l’appartement de l’amant de Xiao Bo (Yu Bo).

Xiao Bo arrive donc un jour d’hiver dans le magasin de Qing (Yang Qing) qui tente tant bien que mal de vendre un pull au prix indiqué, alors qu’une femme veut marchander. Dès le départ, Liu montre un pays qui vit chichement. Qing embauche Xiao Bo, va le loger, là aussi dans un appartement minuscule. Sa chambre a la taille d’un pauvre couloir et il dort sur un petit lit pliant inconfortable. Mais Xiao Bo est accueilli comme un fils par Qing et son mari Kang (Zhang Kang).

Xiao Bo reste très timide. Son premier repas à l’appartement se fait de manière forcée. Qing doit presque lui donner la becquée. Le mari doit presque lui faire boire la bière. Xiao Bo ne dit pas grand-chose mais Kang lui demande s’il a une petite amie. Ce qui n’est pas le cas. Qing se met donc en tête de lui trouver une fiancée. Elle pense à une de ses amies, Meng (Yu Mengjie), jeune femme bien sous tous rapports mais qui, évidemment, ne va pas intéresser Xiao Bo. Au bout de quelques rendez-vous où ils ne se disent que quelques banalités, Meng fait part de ses soupçons à Qing concernant le goût sexuel de Xiao Bo.

Dès lors, le couple va voir le jeune homme sous un œil différent. Kang va franchement devenir désagréable. Xiao Bo aimait passer du temps avec lui laissant soupçonner un attrait certain pour lui. Mais un soir après que Xiao Bo aie fait des pompes torse nu dans la cuisine, Kang le plaque alors sur le canapé et feint de vouloir le violer. Xiao Bo prend ce qu’il peut comme affaires et s’enfuit. Une vie de vagabond va commencer pour lui.

Le Protégé de Madame Qing avait commencé avec Gui Gui (Cui Zien, scénariste du film et réalisateur encore plus fauché que Liu) qui animait une émission de radio où il vantait les mérites des toilettes publiques. Les hasards des lieux de drague vont faire se rencontrer les deux hommes. Là, un drame amoureux va se nouer entre Cui Cui (Meng Hao), jeune homme aux cheveux longs, Gui Gui et Xiao Bo. Le film va montrer, non sans quelques maladresses, que la vie chez les homos chinois n’est pas plus simple que chez les hétéros.

La jalousie va prendre le pas sur l’amitié, notamment parce que Xiao Bo est un beau gars bien bâti. Cui Cui va le préférer à Gui Gui qui fait un peu folle et qui demande beaucoup à ses deux amis pour sa passion pour les toilettes publiques. Mais ce que dit clairement Liu Bingjian dans ses métaphores, c’est l’ostracisassions des homosexuels en Chine, leur mise au ban de la société qui n’a pas évolué d’un iota. Le Protégé de Madame Qing était l’un des tous premiers films sur l’homosexualité en Chine. Il n’y en a pas eu beaucoup d’autres depuis.

Le Protégé de Madame Qing (Men and women, 男男女女, Chine, 1999) Un film de Liu Bingjian avec Yang Qing, Yu Bo, Wei Jiangang, Meng Hao, Cui Zien, Zhang Kang, Yu Mengjie.

vendredi 22 octobre 2010

Je ne peux pas vivre sans toi


Ce film est inspiré de faits réels, lance un carton en début de film. Ce que l’on voit d’abord dans Je ne peux pas vivre sans toi, c’est un homme qui veut se suicider en sautant d’un pont. Il tient une fillette dans ses bras. La télévision est là, les téléspectateurs regardent un fait divers en train de se produire. La police tente de convaincre l’homme de ne pas sauter. Ce fou furieux, le film va faire découvrir sa vie, expliquer son geste dans un long flash-back.

Li Wu-hsiung (Chen Wen-pin), la quarantaine est un papa sans culture qui passe de petits boulots en jobs peu gratifiants. Il vit avec sa fille de sept ans qu’il n’a jamais songé à scolariser. Ce que les policiers de Taïwan vont lui reprocher. Mei (Chao Yo-hsuan) suit son père partout où il va. La mère n’est plus là et tous deux vivent dans un taudis au bord du port, dans un ancien entrepôt. Mai semble heureuse. Elle passe son temps à dessiner. Mais elle ne parle pas beaucoup, ce qui ne préoccupe pas le père.

La police exige que Mei aille à l’école. Wu-hsiung va au centre social pour l’inscrire. Là, il se rend compte que, bien que père biologique, il n’aurait pas du avoir la garde légale de Mei. Il ne s’était jamais marié avec la mère de la fillette, mère qui est, elle, encore mariée. L’administration exige que la mère et son époux viennent inscrire Mei. Wu-hsiung entre dans un imbroglio juridique qui le dépasse et qu’il ne comprend pas.

Son ami d’enfance Tsai (Liu Chin-ju) fort en gueule lui conseille d’aller voir à la capitale un conseiller du ministre qui vient de leur village. Juché sur sa moto, avec sa fille derrière lui, il va tout faire pour expliquer son problème. Mais il est très difficile d’ouvrir les portes du ministère et de se faire entendre. De la même manière, il tente d’alerter la presse, sans succès. Jusqu’à ce qu’il décide de menacer de se suicider avec sa fille, ce qui renvoie à la scène d’ouverture.

Leon Dai ne veut pas faire de son film un pamphlet contre l’administration ni le journalisme. Il ne stigmatise pas mais souligne avec douceur la douleur d’un homme incompris parce qu’il n’arrive pas à communiquer. Je ne peux pas vivre sans toi, avec son noir et blanc, insiste sur l’amour d’un père pour sa fille dans un pays où personne ne se soucie de l’autre. Avec son style lent mais qui va au bout de son sujet, Leon Dai évite le pathos et la mièvrerie. Il ne tombe pas dans le film à thèse et propose un film au réalisme troublant.

Je ne peux pas vivre sans toi (No puedo vivir sin ti ,不能沒有你, Taïwan, 2008) Un film de Leon Dai avec Chen Wen-pin, Chao Yo-hsuan, Liu Chin-ju.

jeudi 21 octobre 2010

Sorties à Hong Kong (octobre 2010)


Perfect wedding (抱抱俏佳人)
Un film de Barbara Wong avec Miriam Yeung, Raymond Lam, Chrissie Chau, Pierre Ngo, Eric Kot, Teresa Mo, Chu Suen, Bernice Liu, Kate Tsui, Richard Ng, Mak Ling-ling, Weng Jia-ni, Kathy Yuen, Tats Lau. 99 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie : 21 octobre 2010.


mardi 19 octobre 2010

A moment of romance III


Les affrontements entre les armées chinoise et japonaise deviennent de plus en plus fréquents. Des avions de chasse sont envoyés pour bombarder les avancées japonaises. Un pilote, Lau Tin-wai (Andy Lau) est le seul rescapé de son escadron et atterri tant bien que mal au beau milieu d’un champ de maïs près d’un hameau. Une jeune paysanne, Tin Siu-wo (Jacqueline Wu) manque de se faire écraser par l’avion. Elle va soigner Tin-wai qui est bien blessé.

La vie des paysans dans la Chine des années 1930 est marquée par le travail des champs. Le pilote est le seul indice qu’ils ont pour voir que la guerre approche. Parfois, quelques avions passent. Pour l’instant, il s’agit de faire en sorte que le maïs pousse suffisamment pour passer l’hiver. Mais, une seule passe son temps à autre chose, c’est Siu-wo qui attend que son malade se réveille. Forcément, parce qu’elle est seule, elle va se prendre d’affection pour lui.

Le village n’est peuplé que de femmes. Les hommes sont partis travailler dans les usines d’armement, mais la débâcle est là. Ils rentrent au village et rencontrent Lau Tin-wai et comprennent en un regard que Siu-wo s’est attachée à lui, qu’elle en sans doute éprise, même si elle va le nier. Tin-wai ne pense qu’à rentrer à sa base et dès qu’un avion passe à l’horizon, il l’appelle par radio. Il va se rendre compte qu’il est lui-même tombé amoureux d’elle.

Les paysans ne voient pas d’un bon œil le pilote. Ils s’en méfient mais quand la récolte de maïs est menacée par les chenilles et qu’ils constatent que la bombe au phosphore qui a explosé a tué les chenilles. Après d’âpres négociations, Tin-wai accepte de faire profiter les autres bombes aux paysans. Mais quand il s’agira de l’aider à désenliser l’avion, ils ne seront plus là. Le chef du village a lancé un ultimatum à Siu-wo, elle devra, comme promis, épouser son fils.

Petit à petit, A moment of romance III devient un mélo dans la plus pure tradition du genre. Les deux amoureux n’osent pas s’avouer leur passion. Leurs origines sociales sont opposées. Siu-wo est une paysanne illettrée qui vit dans une communauté régie par les traditions ancestrales. Tin-wai est le fils d’une famille très aisée. Sa mère (Cheung Yin), une femme très respectée souhaiterait qu’il quitte l’armée pour partir loin des troupes japonaises qui arrivent.

Deux mondes se rencontrent sans se comprendre. Tin-wai vit quelques temps au village, exige beaucoup trop des paysans et de Siu-wo qui va sacrifier sa vache pour lui. Siu-wo s’enfuit du village et part dans la grande ville où c’est un tout autre monde. Ça grouille, ça court et surtout les Japonais bombardent la ville. C’est dans cet échange constant entre deux Chine que le mélodrame prend son ampleur. Johnnie To dirige ses deux acteurs de manière très sobre, de manière totalement inverse à Casino raiders II. Même si on peut en deviner la fin, le film réussit à être émouvant et touchant.

A moment of romance III (天若有情III烽火佳人, Hong Kong, 1996) Un film de Johnnie To avec Andy Lau, Jacqueline Wu, Alex Fong Chung-Sun, Cheung Yin, Faan Chi-gong, Yu Man-lap.

lundi 18 octobre 2010

Casino raiders II


Avant la période glorieuse de Johnnie To, le cinéaste a fait quelques films de pure commande où son style est difficilement repérable. Casino raiders II fait partie de ces films. Ça n’est pas une suite du film de Wong Jing à proprement parlé. Il s’agit plutôt d’attirer le public avec un titre qui évoque un succès passé. Et puisque c’est la mode du film de gambling, autant en profiter pour tourner un film où l’enjeu sera une partie de black jack, même si on sent très vite que les jeux de cartes n’intéressent pas beaucoup Johnnie To.

Chicken Feet (Andy Lau), mec cool par excellence, mais qui en veut trop tout de suite, aime jouer au black jack, mais s’emballe. Il tient avec sa copine Lin (Jacqueline Wu) et son « oncle » Fan (Lau Siu-ming) un tripot sur une petit bateau (il s’agit d’échapper aux contrôles de la police). Chicken Feet a un don, celui de deviner les cartes. Plus besoin de les retourner. Et quand oncle Fan, de sa chaise roulante, lui lance des cartes, il parvient à piocher au vol les cartes pour une quinte flush. Un doué du jeu.

L’oncle Fan ne croit pas en la victoire de Chicken Feet dans le tournoi prochain où une grosse somme est en jeu. Il attend le retour de Kit (Dave Wong) qui sort de prison mais cherche à renoncer au jeu. Kit a une petite fille que la sa mère a laissé à la garde d’une parente peu amène. Le personnage de Kit va surtout faire la gueule pendant tout le film comme si tout le poids du monde était sur ses épaules. Son renoncement au jeu est vu comme une lâcheté par certains, d’autant qu’on lui demande à ce fameux tournoi de perdre. Il y a de grosses sommes d’argent en jeu.

Mais les ennemis sont là en la personne de James (Kelvin Wong), caricature de parrain violent et impitoyable qui veut empêcher de toutes ses forces que Chicken Feet ne joue. Tout est bon pour arriver à ses fins : chantage, menaces, enlèvements, brutalité. L’autre méchant est Kao (Anthony Wong) tout en flamboyance grâce au jeu dément de l’acteur. Kao a épousé l’ex femme de Kit et cela fait un autre point de pression pour qu’ils trichent et perdent le tournoi.

A vrai dire, Johnnie To se contente du strict minimum dans cette histoire de jeu. Il complique à souhait les enjeux qui paraissent beaucoup trop importants. Ça n’est qu’un jeu de cartes après tout. Du coup, il se concentre sur l’histoire entre Chicken Feet et Lin. Elle est un peu soupe-au-lait, quasi hystérique même et lui est un peu macho. Ça fait des étincelles entre eux mais ils s’aiment. Ce sont des personnages premier degré directement issus d’un quelconque soap opéra. Cela fait de Casino raiders II un film très négligeable.

Casino raiders II (至尊無上 II:永霸天下, Hong Kong, 1991) Un film de Johnnie To avec Andy Lau, Dave Wong, Jacqueline Wu, Monica Chan, Kelvin Wong, Anthony Wong, Chan Cheuk-yan, Lau Siu-ming, Lee Siu-kei, Peter Yang, Tien Feng.

dimanche 17 octobre 2010

Detective Dee le mystère de la flamme fantôme


Pour marquer d’un grand sceau son intronisation, la future impératrice Wu (Carina Lau) – la première et unique femme à accéder au pouvoir au Chine – décide de faire construire un Bouddha géant. Les travaux suivent leur cours mais d’étranges morts vont menacer la poursuite de la construction. Le maître d’ouvrage se met à brûler de l’intérieur comme dans une combustion spontanée. Il ne reste de son corps que des cendres éparpillées au sol. Une enquête va être menée car le couronnement approche à grand pas.

Pei Donglai (Deng Chao), le ministre de la justice, dont les cheveux sont teints en blanc, est chargé de mener les investigations. Il va vite en besogne et accuse immédiatement Shatuo (Tony Leung Ka-fai) qui a confectionné les plans du Bouddha d’être l’auteur de ses meurtres. Shatuo a été un temps l’ennemi de la couronne et sa main gauche a été coupée. Depuis il porte un crochet. Il est le suspect idéal puisque l’ennemi de l’impératrice. L’oracle, sous forme de daim, clame à la souveraine qu’elle devrait faire appel à au détective Dee (Andy Lee).

Il a été accusé de trahison et Dee purge sa peine dans un coin du palais. Sa condamnation est désormais de brûler les archives de l’empire. Il les lit avant de les détruire et n’ignore rien des affaires du palais comme de la Chine. Il travaille avec un vieil aveugle et comme lui porte une longue barbe et a l’air hirsute. Tandis que l’intendante de l’impératrice, la jeune et énigmatique Waner (Li Bing-bing) vient chercher Dee, des mercenaires les attaquent pour les assassiner. Dee va mener l’enquête malgré les réticences de Pei et celle de Waner.

Detective Dee and the mystery of the Phantom Flame se transforme en film policier où l’enquête va avancer à coup de rebondissements. Il faut s’accrocher pour les suivre tous. Les informations n’arrêtent pas de tomber sur les tenants et aboutissants de ces crimes étranges. Tsui Hark place Dee dans la même situation que le spectateur qui découvre les indices en même que lui. Indices qui vont le mener dans les bas-fonds de l’empire, dans ses secrets de lutte de pouvoirs les plus sordides, puisque telle était l’époque. Il revisite cette période de complots où l’accession à la couronne d’une femme est vu par les notables comme la gangrène.

Il n’y aura guère que Dee et l’impératrice Wu à conserver leur noblesse d’esprit. Les autres personnages sont placés sous le signe de l’ubiquité. Pei avec sa chevelure blanche hésite entre servir loyalement Wu ou obéir aux ordres de Dee. Le personnage Waner est très ambigu. Elle n’hésitera pas à se donner à Dee dans une scène de prélude sexuelle peu torride, mais s’avèrera une manipulatrice dans les indices. Son existence même est sous le signe du masque et de la double personnalité. Dee lors de son enquête rencontre un mage exilé dans les bas-fonds. Donkey Wang, qui donnera une partie de l’explication des meurtres, est joué par deux acteurs Richard Ng puis Teddy Robin, qui fait, après Gallants, un joli come-back. Quant au personnage de Shatuo…

Après deux films contemporains (Missing, thriller mou et All about women comédie urbaine), Tsui Hark retrouve avec Detective Dee les costumes de cette Chine ancienne et mystérieuse qu’il a tant filmée. L’opposition très nette entre les deux mondes, celui du palais avec ses beaux drapés, son luxe et son apparat filmé de jour dans une lumière éclatante, contre celui des bas-fonds remplis de personnages sales, habillés de haillons et filmés dans une quasi obscurité, offre un panorama éclatant de son art de la mise en scène. Cette opposition permet également d’inverser les valeurs des personnages, de manière assez simple mais fonctionnelle.

Certes, Detective Dee ne renoue pas avec la force de certains de ses films précédents. Certains effets spéciaux demeurent encore visuellement indigestes. Mais parfois de beaux souvenirs reviennent en mémoire et l’on se dit que Tsui Hark est encore là. Comme dans cette scène où Dee et Waner, accompagnés de Donkey wang, doivent combattre un démon au visage caché. Des poutres sortent de l’eau pour les attaquer. Leurs lancées verticales viennent briser le cadre su cinémascope. Les personnages, en se battant, défient les lois de l’attraction. L’actrice Li Bing-bing du haut des statues des daims rappelle Brigitte Lin et le souvenir de Zu les guerriers de la montagne magique reviennent vite. Pour ces séquences, très belles chorégraphiées par Sammo Hung, on se dit que Tsui Hark n’est pas fini. Et cela donne de l’espoir.

Detective Dee, le mystère de la flamme fantôme (Detective Dee and the mystery of the Phantom Flame, 狄仁傑之通天帝國, Hong Kong – Chine, 2010) Un film de Tsui Hark avec Andy Lau, Li Bing-bing, Tony Leung Ka-fai, Deng Chao, Carina Lau, Du Yiheng, Richard Ng, Teddy Robin.

vendredi 15 octobre 2010

Génériques 8


La sortie de quelques films chez HK Vidéo permet de jeter un œil sur la compagnie Bo Ho Films qui, en une dizaine d’années à partir du milieu des années 1980, a produit une quarantaine de longs métrages. Essentiellement des comédies d’action et surtout beaucoup de films de ou avec Sammo Hung. Le logo de la Bo Ho est un amoncellement d’étoiles sur un ciel nocturne. Les lettres de la compagnie se forment sur une musique martiale. Un halo se forme derrière le logo offrant une gloire à la compagnie.

jeudi 14 octobre 2010

Sorties à Hong Kong (octobre 2010)

The Child’s eye 3D (童眼)

Un film d’Oxide Pang et Danny Pang avec Elanne Kwong, Rainie Yang, Shawn Yue, Ka Tung Lam, Izz Xu, Rex Ho. 97 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 14 octobre 2010.






Lucky stars go places


Après les gros succès publics des franchises des Lucky stars (Le Gagnant, Le Flic de Hong Kong 1 et 2) et ceux des Mad mission (alias Aces go places), il était logique qu’une compagnie de production imagine un crossover entre les deux équipes de films. La Golden Harvest et la Bo Ho Films l’ont imaginé pour nous. La réalisation est confiée à Eric Tsang (réalisateur des deux premiers Aces go places) et la chorégraphie des combats à Sammo Hung. Le titre était facile à trouver Lucky stars go places.

L’intrigue du film est très basique. Un méchant japonais (Matsui Tetsuya) tente de vendre des armes à feu extrêmement puissantes à une quelconque triade chinoise. L’équipe de flics n’est pas parvenue à arrêter les méchants. L’inspecteur Tsui (Walter Tso) a l’idée géniale d’appeler Eric Kidstuff (Sammo Hung), flic en marge mais bon gars. Eric prend ses aises à l’hôtel de police, s’asseyant dans le fauteuil du chef, mettant sa casquette. Mais, son adversaire direct Baldy (Karl Maka) ne l’entend pas de cette oreille. D’autant qu’Eric connait bien Quito (Sylvia Chang), la femme de Baldy. Ce dernier est très jaloux et cherche constamment des noises à Eric, notamment lors d’un dîner où il se cache sous la table.

Eric compte bien faire appel à ses anciens camarades qui vivent tous encore ensemble dans la même maison comme à l’époque du Flic de Hong Kong. Richard Ng, Eric Tsang, Stanley Fung et Michael Mui viennent faire une courte apparition anecdotique où l’on retrouve les rapports d’autorité qu’on avait aimés dans les Lucky stars. Eric Tsang est toujours le souffre douleur, Richard Ng un prétentieux et Stanley Fung un hypocrite. Mais la fine équipe renonce et Eric doit trouver cinq nouveaux comparses. Le chef de la police lui propose quatre vieux flics (c’est dire si on n’en a rien à faire de l’intrigue), mais Eric va réussir à trouver quatre personnes. Des bras cassés évidemment, sans quoi la comédie ne pourrait pas prendre.

Ce club des cinq aura des surnoms à coucher dehors. Alan Tam sera Top Dog, un flic qui parvient à communiquer avec les chiens. Le gros Kent Cheng sera Fat Cat, un flic qui abuse un peu trop de son pouvoir. Billy Lau sera Libbogen et Anthony Chan sera Long Legs, deux flics peureux et veules, deux gars à lunettes gaffeurs et qui resteront anecdotiques. Enfin, Andy Lau sera Lambo, le fort à bras, dont le nom est dérivé de Rambo. Toute cette fine équipe part dans une villa pour s’entrainer avec Yum Yum (Maria Tung). On admire le surnom de la belle instructrice.

Les cinq hommes lâchés dans la nature (on remarquera que personne n’est marié) vont passer leur temps à draguer Yum Yum, qui n’en demande pas tant. Là est le seul intérêt de Lucky stars go places. Tout le reste (l’action, l’intrigue policière) n’a plus d’importance. L’humour doit fonctionner sur les facéties que provoquent les cinq hommes. Ils veulent voir Yum Yum en petite tenue, lui faire des bisous. Ils élaborent des plans qui vont se retourner contre eux. Idée géniale : feindre l’évanouissement pour que Yum Yum leur fasse du bouche à bouche. Mais elle demande de l’aide à ceux qui se sont réveillés. Ils refusent d’embrasser un autre homme et se chamaillent, révélant leur manigance.

Tout cela ne vole pas très haut, mais il faut retenir une situation amusante. Top Dog se rend au cinéma pour rencontrer Eric. Un film de Jackie Chan y est joué. On y voit une scène émouvante où Jackie doit faire pleurer le spectateur. Or Top Dog doit rire et trois spectateurs derrière lui, dont le costaud Bolo Yeung, qui ordonne à notre tocard qu’il doit pleurer. Il faut voir dans cette scène une gentille moquerie des anciens meilleurs amis de Jackie Chan avec qui il était fâché. Un message haut et fort aux spectateurs de Hong Kong pour dire que Sammo Hung continuera son boulot de divertisseur.

Lucky stars go places (最佳福星, Hong Kong, 1986) Un film d’Eric Tsang avec Sammo Hung, Karl Maka, Sylvia Chiang, Maria Tung, Alan Tam, Kent Cheng, Anthony Chan, Andy Lau, Billy Lau, Richard Ng, Eric Tsang, Stanley Fung, Michael Mui, Matsui Tetsuya, Walter Tso, Bolo Yeung, Steve Mak, Chiang Cheng, Wong Jing.

mercredi 13 octobre 2010

Shanghai Grand


Le Shanghai des années 1930 a toujours fasciné Tsui Hark qui a su décrire l’atmosphère de la ville pendant cette période de crise que fût l’occupation par les étrangers de la ville chinoise. Shanghai Grand n’est, officiellement, qu’une production du cinéaste. Il a confié la réalisation du film à Poon Man-kit pour ce qui est le chant du cygne de la compagnie Film Workshop avant que Tsui Hark ne parte travailler pour Hollywood et que la société n’interrompe ses activités.

Trois personnages, trois chapitres annoncés dans un carton comme à l’époque du cinéma muet. Poon Man-kit jouera souvent sur cette imagerie en coloriant ses images d’un filtre sépia. C’est avec beaucoup de luxe que la ville de Shanghai est reconstituée même si les scènes en extérieur sont rares. Cela coûte moins cher de tourner en studio. On aperçoit une affiche d’Autant en emporte le vent, ce qui permet de dater précisément l’époque (fin des années 1930) et ce film, Fung Ching-ching va le voir tous les jours.

Ding Lik (Andy Lau) sait que Ching-ching se rend souvent au cinéma et fait tout ce qu’il peut pour la rencontrer. Ils viennent de deux mondes différents. Lik est un petit commerçant sans envergure qui se fait martyrisé par un petit chef local. Mais il est amoureux de Ching-ching et cherche à la voir. Elle est la fille unique d’un des pontes de la ville, une sorte de parrain à qui on ne peut rien refuser. Mais il va bien falloir lui trouver un mari. Lik est dans la liste des candidats.

Sa rencontre avec Hui Man-keung (Leslie Cheung) se fait par hasard. Shanghai Grand commence avec lui dans une scène d’une grande violence où lui et ses compagnons taïwanais sont torturés sur un bateau. Hui parvient à s’échapper. A bout de course, Lik le recueille et un concours de circonstances leur permet de rentrer dans le clan de Fung. Lik va pouvoir grimper les échelons et parvenir à son rêve de mariage avec la fille du parrain. Mais évidemment, tous ses beaux plans de carrière vont être contrecarrés par la réalité.

Le film, divisé en trois chapitres de longueurs inégales, propose le point de vue de chacun des trois personnages. Après l’ascension sociale de Ding Lik, c’est le passé de Ching-ching et la parcours de Hui avant sa rencontre avec Lik qui est évoqué. Chaque flashback offre un élément du puzzle qui permet de recomposer une histoire morcelée. Shanghai Grand devient plus qu’un simple film de triades mais une grande tragédie amoureuse où la femme sépare les hommes.

Shanghai Grand (新上海灘, Hong Kong, 1996) Un film de Poon Man-kit avec Andy Lau, Leslie Cheung, Ning Jing, Amanda Lee, Almen Wong, Wu Hsing-guo, Lau Shun.

lundi 11 octobre 2010

The Wesley's mysterious file

Entre Dance of a dream, jolie comédie musicale, et Infernal affairs, Andrew Lau a offert un écrin pour la carrière d’Andy Lau. Le rôle principal de The Wesley’s mysterious file au titre qui fleure bon l’énigme et l’anticipation. La star ne pouvait pas refuser une telle proposition d’autant que la papier cadeau a été fourni par le mogul génial et décadent Wong Jing. Voilà, un film avec des extra-terrestres qui n’a aucun sens et aucune direction. Dans le jargon, un nanar. C’est en tout ce qu’il est devenu au fil du temps, découvert par un public qui peut le comparer à Star Crash ou Turkish Star Wars.

Wesley est un agent de l’ONU qui aux Etats-Unis rencontre par hasard une femme qui lui rappelle d’étranges souvenirs d’enfance. Cette même personne avait été heurtée par une voiture et du sang bleu coulait de sa blessure. L’institutrice ne voulait pas croire les enfants. Wesley a été puni dans le couloir. Mais la femme, comme dans Men in black, a effacé la mémoire des enfants sauf de Wesley. Ce dernier part enquêter et se retrouve face à deux agents Sue (Shu Qi) et Pak (Roy Cheung), qui bossent pour Double-X, une section qui contrôle les activités extraterrestres.

Car cette femme nommée Fong (Rosamund Kwan) vient d’une autre planète. Il y a deux cents ans, elle est arrivée avec son frère Tan (Samuel Pang) en possession d’un fluide puissant qui guérit tout. Deux méchants aliens joués par Almen Wong et Mark Cheng, qui prennent la forme de qui ils veulent comme dans Terminator veulent ce fluide de sang bleu. Là, un ponte du FBI vient mettre son grain de sel, comme toujours le font toujours les pontes. Il ne croit personne et la catastrophe est proche. Il veut aussi faire des expériences avec le sang de Fong, mais Wesley, tombé amoureux d’elle, entend bien la sauver des tous les périls.

Dire que The Wesley’s mysterious file est mauvais ne saurait pas rendre justice au film. Son scénario est décousu et manque d’inspiration. Les scènes de combat et de gunfights sont plates et molles. L’histoire d’amour intergalactique d’une mièvrerie abyssale. Mais ce sont les effets spéciaux qui navrent le plus. Les transformations des extraterrestres, censées faire peur, sont risibles. Les décors gigantesques masquent à peine le vide des dialogues explicatifs à n’en plus finir, dialogues qui doivent eux faire avancer l’énigme dont on se fout éperdument. Tout ça pour délivrer un message de paix niais et conformiste. Quant à l’humour, seul le petit personnage que joue Wong JIng essaye d’en faire et entre tant de nullité parvient à faire sourire.

Un jour, il faudra que je comprenne pourquoi les dialogues en anglais dans les films de Hong Kong sont aussi mal dits. C’est là sans doute la chose la plus pénible du film. Les interprètes ânonnent leur texte sur un ton monocorde comme s’ils les découvraient au tournage. Cette impression, je l’avais déjà eu dans les films de Tsui Hark en anglais, surtout dans l’affreux Black mask 2. A moins que ce ne soit les cinéastes hongkongais qui exigent de faire dire les dialogues dans un anglais standard. En tout cas, tout sonne faux et The Wesley’s mysterious file est un film bidon.

The Wesley's mysterious file (衛斯理之藍血人, Hong Kong, 2002) Un film d’Andrew Lau avec Andy Lau, Rosamund Kwan, Shu Qi, Roy Cheung, Almen Wong, Mark Cheng, Wong Jing, Samuel Pang, Reuben Langdon.

dimanche 10 octobre 2010

Amphetamine

Après les joueurs de base-ball de City without baseball, Scud va faire un petit tour du côté de la natation en faisant du personnage principal d’Amphetamine, un maître nageur. Kafka (Byron Pang), cheveux teints en gris vit une petite vie d’apparence tranquille dans la piscine où il travaille. Mais les apparences sont bien sûr trompeuses et Kafka est un homme à l’esprit torturé. Il vient de se séparer de sa petite amie, sa mère est gravement malade et son grand frère l’a initié aux drogues.

Daniel (Thomas Price) est un jeune cadre dynamique d’entreprise. Bien propre sur lui, apprécié de ses employés et de ses collègues, il est le gendre idéal. Il a un grand appartement au sommet d’un immeuble et mène une vie bourgeoise. Sa rencontre, par hasard, avec Kafka va changer totalement leur vie. Daniel le remarque au bar à côté de sa boite, puis ils se trouvent tous les deux dans un temple où ils vont prier. Ils vont sympathiser ensemble, mais les intentions de Daniel à l’égard de Kafka deviennent vite sexuelles.


Kafka est rétif à sortir avec Daniel. Pourtant ce dernier fait tout pour. Il va le couver, l’héberger chez lui, lui faire découvrir du monde. Il veut le protéger de la drogue et lui ouvrir un univers auquel il n’a jamais eu droit à cause de son absence d’éducation. Mais, pour lui, faire l’amour avec un homme n’est pas possible. Kafka a subi un grave traumatisme plus jeune et cela le hante. Il est sujet à d’horribles cauchemars. Ce traumatisme est sans doute la cause de sa toxicomanie. Daniel insiste pour qu’il devienne son amant et devant tant d’attention, Kafka va succomber au charme de Daniel.


Ce que Scud aime filmer, ce sont les corps de ses acteurs qui sont pratiquement de chaque plan. Pour les scènes de piscine, c’est très commode, ils sont déjà en maillot de bains. Pour les scènes de tendresse, il filme ses deux acteurs enlacés dans un jacuzzi, au lit, prenant une douche. Scud est l’un des rares cinéastes à filmer ses acteurs intégralement nus, de plein pied et à montrer des sexes masculins. L’histoire d’amour entre les deux hommes est noueuse et compliquée à souhait, sans doute un peu trop parfois. En revanche, si les acteurs sont à poil sexe au vent, il n’y a pas de scène de sexe. Kafka refuse de coucher avec son amant.


Les acteurs sont convaincants. Byron Pang passe de mec viril un peu macho à un personnage soumis à Daniel. Il change de coiffure, cuisine pour lui et devient sa chose. D’une certaine manière, Amphetamine pourrait presque passer pour un film politique avec la bourgeoisie qui soumet à ses désirs la classe moyenne. Cela est en partie vrai même si Scud semble surtout intéressé de filmer la peau. Le film est embarrassé de chichiteries de mise en scène qui alourdissent le propos. Filtres de couleurs, musique lounge et surtout des flash-back au milieu d’autres plans censés évoquer les douleurs du passé. Le final est un peu grotesque mais l’effort de Scud de montrer des homos sans tabou est important même si le dolorisme reste de mise.


Amphetamine (安非他命, Hong Kong, 2010) Un film de Scud avec Byron Pang, Thomas Price, Winnie Leung, Simon Tam, Linda So.

vendredi 8 octobre 2010

Confucius

Le Grand Lyon Film Festival 2010 a projeté Confucius restauré par la Hong Kong Film Archive. Repéré par Lorenzo Codelli, le film de Fei Mu a été réalisé dans une période confuse. La Chine était occupée par le Japon, sa capitale était Shanghai. Le cinéaste chassé de Chine après Mao Tse-toung a lui-même apporté son film à Hong Kong où il s’est exilé. On a cru le film perdu jusqu’à ce qu’on le retrouve, dans un mauvais état. Une partie du son manque et l’image est tachée, pleine de rayures.

Le sujet de Confucius est celui du sage né près de cinq siècles avant Jésus Christ, on y voit d’ailleurs un crucifix, comme si le film était également destiné aux Occidentaux. La confusion qui régnait dans l’Empire de Chine est globalement la même que celle de 1940. Le pays est morcelé, les guerres civiles font rage. Les trois vice-rois des royaumes de Tsi, Lu et Wei se font continuellement la guerre, chacun demandant l’appui de l’empereur. Dans le même temps, Confucius alias Maître Kung, recrute trois disciples, Tse Loo, Tse Kung et Yen Huei, chacun ayant un caractère valeureux spécifique.

Les trois vice-rois belliqueux s’opposent dans le film aux trois disciples, à la fois de manière philosophique et de manière martiale quand il s’agira de faire taire les bruits de la guerre. Grâce à sa sagesse, Confucius devient le conseiller de l’empereur et gravit petit à petit les échelons jusqu’à devenir premier ministre. Puis, un jour il décide de tout quitter et de parcourir le monde. Là, les puissants de ce monde, l’abandonnent, puis ses trois disciples partent répandre sa pensée. Confucius finit sa vie avec son petit-fils à écrire sa vie sur des bambous.

Les quatre parties de la vie de Confucius sont imagés avec chacune des quatre saisons. L’été est sa vie familiale, l’automne son rôle politique, l’hiver sa pérégrination avec les disciples et le printemps sa vieillesse et le début de la propagation de ses théories. Des cerisiers sont dans chaque décor en carton pate du film entièrement filmé en studio. Le jeu des interprètes est assez outré, théâtral et totalement démodé, notamment les rires sardoniques qui ponctuent de nombreux dialogues. Il est difficile de mesurer l’importance du film ou son classicisme. La seule chose que j’espère, c’est qu’un jour le Festival de Lyon programmera non seulement des vieux films chinois mais aussi des productions récentes. Je lance deux noms à Thierry Frémaux : Dante Lam et Lau Ching-wan. S’il m’entend…

Confucius (孔夫子, Chine de Shanghai, 1940) Un film de Fei Mu avec Tang Huaiqiu, Zhang Yi, Sima Yingcai, Pei Chong, Chen Qi, Tang Qi, Qian Yi, Tu Gangqi, Miao Zhusan, Li Jingbo, Xu Li.

jeudi 7 octobre 2010

Sorties à Hong Kong (octobre 2010)

Reign of assassins (劍雨)

Un film de John Woo et Su Chaopin avec Michelle Yeoh, Jung Woo-sung, Shawn Yue, Kelly Lin, Barbie Hsu, Wang Xueqi, Guo Xiaodong, Jiang Yiyan. 117 minutes. Catégorie IIA. Sortie : 7 octobre 2010.






mardi 5 octobre 2010

On the run


La guerre des polices est un motif récurrent des films d’action de la fin des années 1980. Un flic corrompu gangrène tout le service et fait accuser un de ses collègues intègre. Trois services s’affrontent. L’inspectrice Lo Huan (Ida Chan) enquête sur un important trafic de drogue. Elle est abattue par une thaïlandaise, tueur à gages engagée par le commissaire Lu (Charlie Chin) qui se trouve être le fiancé de Lo Huan et le chef de service de la section criminelle. Pour éliminer les traces, Lu décide d’éliminer Chui (Pat Ha), la fine lame qui ne rate jamais son coup.

Chui va trouver un appui incertain, mais inespéré. Celui de Heung Ming (Yuen Biao) qui travaille dans la police au service politique. Ming est l’ex de Lo Huan avec laquelle il a eu une petite fille Lin (Chan Cheuk-yan). Quand Lo Huan est assassiné, il la récupère chez sa mère et comprend très vite que quelque chose ne tourne pas rond. Lu va mettre toute la police sur son dos en l’accusant d’être le responsable des morts de flics causées par la légitime défense de Chui. C’est donc une course poursuite qui s’engage dans On the run dans les rues de Hong Kong pendant la nuit.

C’est une des meilleures idées du film que d’avoir travaillé sur le temps qui reste à vivre à ce duo improbable de flic / truand. La chasse à l’homme qui commence ne peut qu’être une épreuve de sang. Le nombre de truands et de flics anonymes qui meurt est impressionnant. Ensuite, c’est au tour de la mère de Heung Ming de se prendre une balle en pleine tête, de ses collègues d’être tué sans sommation, de quelques truands dont Lo Lieh et Yuen Wah dans un personnage de truand lâche et veule. L’époque (et les films de John Woo) voulait cela, une surenchère de cadavres.

Mais là où On the run se fait franchement putassier, c’est dans la partition qu’occupe la fillette. C’est une valeur émotionnelle importante exploitée jusqu’au bout par Alfred Cheung. Jusqu’à l’exagération puisque même cette gamine y passera. Il s’agit surtout de bien rendre manichéen les personnages, de montrer que Lu et ses hommes sont des salauds et que Heung Ming et Chui ont finalement de se défendre. La fillette sert souvent de bouclier humain plus rarement d’appât, mais sa présence est vite gênante d’autant qu’il n’y avait pas besoin de son personnage pour faire un polar vif plein de rebondissements.

On the run (亡命鴛鴦, Hong Kong, 1988) Un film d’Alfred Cheung avec Yuen Biao, Pat Ha, Charlie Chin, Ida Chan, Lee Heung-kam, Lo Lieh, Yuen Wah, Phillip Ko, Do Tak-chi, Lam Lap-san, Bowie Lam, Cheung Choi-mei, Peter Pau, Peter Ngor, Chan Cheuk-Yan.

lundi 4 octobre 2010

Les Aventuriers de Shanghai



Le cas Teddy Robin m’a toujours intéressé. Non pas tant à cause de sa petite taille qui n’est, somme toute, que l’équivalent de l’embonpoint de Sammo Hung. Le cinéma cantonais est friant de gueules pas possible, de corps uniques et de voix stridentes. Teddy Robin est tout petit, un peu bossu et une voix nasillarde très vite insupportable tout en jouant un séducteur. Plutôt que cet aspect physique, c’est son éclectisme, acteur, chanteur, compositeur et quelques films en tant que réalisateur dont Les Aventuriers de Shanghai au casting très Golden Harvest.
Shanghai, années 1930. Un jeune paysan surnommé Petit-Tigre (Yuen Biao) tout juste débarqué de sa campagne vient voir son grand frère Grand-Tigre (George Lam), colonel à l’armée britannique en stationnement dans sa concession. Dans les dix premières minutes qui rappellent le début de Big brother, Petit-Tigre rencontre tous les personnages clés du film. Sammo Hung est Chin, le parrain local, qui collabore avec les Anglais. Il est vu comme un traitre bien que, paradoxalement, il soit le seul à être habillé en habit traditionnel. Tous les autres personnages sont en costumes occidentaux.
Lors, d’un bal masqué organisé par Chin, Grand-Tigre retrouve son ancienne maîtresse Mary Sung (Anita Mui), revenue des Etats-Unis pour mener la révolution contre l’occupation. Elle doit récupérer des dollars pour la cause, argent qui vient d’être dérobé par les sbires de Chin, par ailleurs parrain de Mary. Mary est en concurrence avec Ting Ting (Tien Niu) qui vient de se séparer d’avec Grand-Tigre, fille d’apparence futile mais qui se révélera être du bon côté et bien futée. Mary doit retrouver les résistants et va s’adjoindre l’aide d’une troupe de théâtre menée, entre autres par Pao (Sandy Lam) qui va tomber amoureuse de Petit-Tigre.
Il y a les traitres, tous les Anglais avec à leur tête Pottinger (Louis Roth), incarnation du mal, du fourbe et de l’homme cruel. C’est beaucoup trop caricatural pour qu’on y prête vraiment attention, mais le genre veut cela. En dehors du personnage de Sammo Hung qui campe sur ses positions et qui ne cherche qu’à faire de l’argent, tous les Chinois se mobilisent pour virer les Anglais qui sont très maladroits. Les soldats ne sont jamais foutu d’en abattre un seul mais ils tombent comme des mouches.
Film en costumes, Les Aventuriers de Shanghai a l’ambition évidente de marcher sur les plates bandes de Jackie Chan qui avait triomphé avec Big brother. Les amis étaient plus ou moins fâchés après avoir travaillé si longtemps ensemble. Mais Yuen Biao n’est pas Jackie Chan et son combat avec Sammo Hung, chorégraphié par Corey Yuen, reste anecdotique. C’est Anita Mui qui est magistrale et qui règne sur le film entre son petit sourire en coin et son jeu de jambes (filmées au ralenti) quand elle file sa castagne aux méchants.
Les Aventuriers de Shanghai (Shanghai, Shanghai, 亂世兒女, Hong Kong, 1990) Un film de Teddy Robin avec Yuen Biao, George Lam, Anita Mui, Sammo Hung, Tien Niu, Sandy Lam, Louis Roth, Lawrence Cheng, Mang Hoi, Sam Wong, Lo Lieh,

vendredi 1 octobre 2010

Zodiac killers

Le Japon et le milieu des yakuzas sont la toile de fond de l’histoire de Zodiac killers où quelques étudiants chinois vont être confrontés à la mafia de manière impitoyable. Ils seront plongés dans un monde qu’ils ne connaissent pas et dont ils ne maîtrisent pas les codes, si ce n’est par le biais de la bande dessinée et du cinéma. Et Ann Hui joue précisément sur ces codes en poursuivant sa thématique de l’exil, en l’approfondissant en faisant de Tokyo son décor où les marionnettes seront écrasées.

Le film commence par son réveil dans une séquence où les réveils se mettent tous à sonner en même temps dans un maelström sonore et visuel d’une grande beauté. On se croirait dans un manège mais il s’agit bien de la piaule de Ben (Andy Lau), un jeune étudiant à l’université du Japon qui fait visiter Tokyo aux Chinois quand il n’a pas cours. C’est un homme enjoué et heureux, assez fier de lui et de son corps, sûr de son pouvoir de séduction qu’il se plait à appliquer sur les femmes.

La femme qu’il veut séduire est Tie-lan (Cherie Chung) aperçue un soir dans un bar où Ben se rend avec son cousin Ming (Suen Pang) qui a pour ambition de devenir le gendre d’un parrain. Ben est aussi avec Zhang (Tok Chung-wa), un garçon totalement paumé qui passe son temps à montrer la photo de sa copine qui a disparu et qu’il cherche depuis des mois. Tie-lan est une entraineuse, comme on dit, qui accompagne un Japonais grossier. C’est une fille timide qui n’ose pas parler et qui se refuse à Ben.

Mais Ben est tenace. Tie-lan est retenue par Harada, un homme libidineux qui profite des l’hébergement pour abuser sexuellement d’elle. Tie-lan vit avec une de ses compatriotes qui accepte cet état, mais Tie-lan s’enfuit et trouve un autre Japonais, Asano (Ishida Junichi) qui s’avère être un yakuza en rupture de ban qui tente de faire un retour dans les affaires. Mais le clan ennemi veut l’éliminer. Ben s’immisce dans cette histoire. Il veut offrir des fleurs à Tie-lan mais Asano le prend pour un tueur. Là, la mécanique s’enraye et le filet de la pieuvre commence à les encercler.

Zodiac killers commençait de manière quasi baroque, quasi irréelle et régulièrement Ann Hui offre des scènes étranges, parfois répétées, comme lorsque Ben Et Tie-lan court dans la nuit bleutée, comme ces poursuites en moto, comme cette vieille prostituée fardée. Le film accélère son rythme au fur et à mesure jusqu’à l’épuisement, jusqu’à la mort de presque tous ses personnages. Toutes les cinq minutes, un événement nouveau se produit qui fait bifurquer les personnages dans une nouvelle direction. C’est toujours très beau, les plans sont composés avec beaucoup de goût et de talent, mais c’est épuisant.

Zodiac killers (極道追蹤, Hong Kong, 1991) Un film d’Ann Hui avec Andy Lau, Cherie Chung, Ishida Junichi, Kishida Kyoko, Takazawa Zunko, Kurata Yasuaki, Tok Chung-wa, Suen Paang, Law Fei-yu, Tsang Wai-fai.