Comme souvent, ce film est inspiré d’une histoire vraie. Celle de Kenichi Horie, un jeune homme du Japon incarné ici par Yujiro Ishihara, jeune acteur d’à peine trente ans, vaguement grassouillet. Horie a raconté dans un récit son aventure : la traversée en solitaire de l’océan pacifique d’Osaka à San Francisco en 94 jours. C’était au printemps 1962. Il était le premier à accomplir cette traversée.
Kenichi, le personnage, est un jeune homme du Japon de l’après guerre. Il s’ennuie. Il ne rêve pas forcément d’Amérique, mais veut y aller. Il vit avec ses parents et sa jeune sœur. Il ne veut pas poursuivre ses études mais ne veut pas travailler non plus, ce qui, comme lui dit son père, est très mal vu dans la société japonaise de 1962. Il décide de partir dans un petit voilier d’à peine
Seul sur l’océan pacifique commence par son départ. Kenichi est aidé par deux amis à mettre son voilier en mer. Ce que l’on apprend en voix off, c’est qu’une loi interdisait à l’époque aux Japonais de quitter l’archipel sur ce genre d’embarcation. Kenichi attend plusieurs heures dans le port avant que le vent ne se lève et peut finalement voguer sur l’océan.
Le doute, la difficulté de naviguer, la solitude, la faim. Rien n’est épargné à Kenichi qui croit surtout devenir fou puisqu’il se parle à lui-même dans ses moments d’inactivités. La première tempête est la plus difficile. Il doit rester éveillé, enlever l’eau et il vomit à cause du tangage. Mais, l’absence de vent soufflant sur sa voile le désespère tout autant que le typhon. Dans sa solitude, il se met à penser à ce qui l’a amené là.
Par série de flash back, Kon Ichikawa montre la préparation du voyage. D’abord la construction du bateau avec le peu d’argent que le jeune homme possède. Kenichi va constamment surveiller la construction du voilier ce qui commence à le rendre pénible auprès des ouvriers. Puis la litanie de tout ce dont il aura besoin pour traverser le pacifique : des ouvre boîtes au chapeau de paille en passant par 80 caleçons et un seau pour faire ses besoins. La bonne idée de Kon Ichikawa est de rendre notre personnage autant exaspérant qu’attachant, car certains de ces flash back ont un fort pouvoir comique.
En revanche, le flash back avec sa famille se montrent plus poignant. La sœur semble n’avoir rien à faire du départ de son frère. Le père ne cesse de lui faire la morale et regrette qu’il prenne cette décision. La mère ne cesse de pleurer le futur départ de son fils. Elle lui conseille de rester, puis de partir avec un de ses mais. Lui réplique qu’il a Pearl comme ami, c'est-à-dire le chien. Mais en fin de compte, elle comprend qu’il veuille partir.
C’est bien entendu un film casse gueule. Filmer pendant plus de 90 minutes, un homme seul dans un bateau risque d’être aussi ennuyeux que le voyage, mais Kon Ichikawa avec sa mise en scène parvient à rendre émouvant ce voyage. Même si on connait l’issue du voyage, on est sans cesse angoissé par ce qui pourrait à Kenichi. Autre pari difficile, filmer en écran scope un minuscule voilier dans l’immensité de l’océan. Mais ça marche.
Seul sur l’océan pacifique (太平洋ひとりぼっち, Japon, 1963) Un film de Kon Ichikawa avec Yujiro Ishihara, Masayuki Mori, Kinuyo Tanaka, Ruriko Asaoka, Hajime Hana, Gannosuke Ashiya, Kojiro Kusanagi, Shirō Osaka.
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