The Lady c’est Aung San Suu Kyi et Aung San Suu Kyi c’est Michelle Yeoh. Luc Besson est allé chercher une figure de la résistance à la junte birmane, prix Nobel de la paix, comme en 1999, il avait fait de sa Jeanne D’Arc (son meilleur film jusqu’à présent) une résistante de la France. The Lady est un biopic tout ce qui il y a de plus simple et c’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles le film fonctionne. La raison majeure est Michelle Yeoh qui incarne parfaitement Suu, comme tous les personnages l’appellent.
Le film commence en 1947 avec l’assassinat du père de Suu au moment de l’indépendance quand le « père de la nation » décide d’apporter la démocratie en Birmanie. C’est cette image du père que Suu va incarner toute sa vie. Le récit reprend immédiatement en 1998 quand l’époux de Suu, Michael Aris (David Thewlis), professeur de langues orientales à Oxford apprend qu’il a le cancer et qu’il va mourir sans doute sans avoir pu revoir sa femme. Pire que cela, sans que leurs deux garçons, ne puissent pas revoir leur mère. C’est ce rôle de mère et d’épouse qu’elle ne pourra pas tenir.
Retour en arrière en 1988 quand la mère de Suu tombe malade. Elle décide de la rejoindre à Rangoon. Les autorités commencent à comprendre que Suu est en train de devenir la figure d’un espoir de démocratie (le mot le plus employé dans le film). Les généraux de la junte au pouvoir vont tout faire pour la dissuader de rester dans son pays natal et de rentrer à Oxford dans sa famille. Mais le destin va en décider autrement et le reste, c’est l’Histoire. Suu ne quitte pas la Birmanie, elle va mener une campagne pour les élections législatives. Elections qu’elle va gagner mais dont la junte ne va tenir compte.
Les militaires, joués essentiellement par des acteurs birmans, sont certes montrés de manière caricaturale : violents et stupides (le chef de l’état est superstitieux et décide de l’avenir du pays en consultant un voyante ou en tirant les cartes), mais ils ne peuvent pas se débarasser si facilement d’elle parce qu’elle incarne la figure de son père, héros national. Le film parle essentiellement birman, sauf Suu et sa famille qui parlent anglais. Pour bien faire comprendre à Suu qu’elle n’est pas considérée par la junte comme une birmane, les militaires s’adressent à elle en anglais.
The Lady n’est pas exempt de maladresses. Il est parfois tire-larmes (en même temps, il y a un peu de quoi), les scènes de la campagne électorale sont un peu trop jolies, le discours de remise du prix Nobel crée un suspense un peu simpliste, mais le scénario, que Besson n’a pas écrit cette fois – comme me le rappelait un de mes amis – tient la route. Et donc, c’est Michelle Yeoh qui impressionne par la dignité qu’elle offre à la figure d’Aung San Suu Kyi. On la voit défier les soldats d’un regard, sourire quand elle retrouve ses enfants, garder un visage ferme quand elle est dépossédée de sa liberté, de ses livres et qu’elle doit vivre seule. Mais en se débarrassant de ses tics (les mouvements de caméras sont moins voyant que d’habitude), en demandant à Eric Serra de se calmer sur sa musique et en engageant Michelle Yeoh, Luc Besson a réussi son film politique.
The Lady (France – Grande-Bretagne, 2011) Un film de Luc Besson avec Michelle Yeoh, David Thewlis, Jonathan Raggett, Jonathan Woodhouse, Susan Wooldridge, Benedict Wong.
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