jeudi 14 octobre 2010

Sorties à Hong Kong (octobre 2010)

The Child’s eye 3D (童眼)

Un film d’Oxide Pang et Danny Pang avec Elanne Kwong, Rainie Yang, Shawn Yue, Ka Tung Lam, Izz Xu, Rex Ho. 97 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 14 octobre 2010.






Lucky stars go places


Après les gros succès publics des franchises des Lucky stars (Le Gagnant, Le Flic de Hong Kong 1 et 2) et ceux des Mad mission (alias Aces go places), il était logique qu’une compagnie de production imagine un crossover entre les deux équipes de films. La Golden Harvest et la Bo Ho Films l’ont imaginé pour nous. La réalisation est confiée à Eric Tsang (réalisateur des deux premiers Aces go places) et la chorégraphie des combats à Sammo Hung. Le titre était facile à trouver Lucky stars go places.

L’intrigue du film est très basique. Un méchant japonais (Matsui Tetsuya) tente de vendre des armes à feu extrêmement puissantes à une quelconque triade chinoise. L’équipe de flics n’est pas parvenue à arrêter les méchants. L’inspecteur Tsui (Walter Tso) a l’idée géniale d’appeler Eric Kidstuff (Sammo Hung), flic en marge mais bon gars. Eric prend ses aises à l’hôtel de police, s’asseyant dans le fauteuil du chef, mettant sa casquette. Mais, son adversaire direct Baldy (Karl Maka) ne l’entend pas de cette oreille. D’autant qu’Eric connait bien Quito (Sylvia Chang), la femme de Baldy. Ce dernier est très jaloux et cherche constamment des noises à Eric, notamment lors d’un dîner où il se cache sous la table.

Eric compte bien faire appel à ses anciens camarades qui vivent tous encore ensemble dans la même maison comme à l’époque du Flic de Hong Kong. Richard Ng, Eric Tsang, Stanley Fung et Michael Mui viennent faire une courte apparition anecdotique où l’on retrouve les rapports d’autorité qu’on avait aimés dans les Lucky stars. Eric Tsang est toujours le souffre douleur, Richard Ng un prétentieux et Stanley Fung un hypocrite. Mais la fine équipe renonce et Eric doit trouver cinq nouveaux comparses. Le chef de la police lui propose quatre vieux flics (c’est dire si on n’en a rien à faire de l’intrigue), mais Eric va réussir à trouver quatre personnes. Des bras cassés évidemment, sans quoi la comédie ne pourrait pas prendre.

Ce club des cinq aura des surnoms à coucher dehors. Alan Tam sera Top Dog, un flic qui parvient à communiquer avec les chiens. Le gros Kent Cheng sera Fat Cat, un flic qui abuse un peu trop de son pouvoir. Billy Lau sera Libbogen et Anthony Chan sera Long Legs, deux flics peureux et veules, deux gars à lunettes gaffeurs et qui resteront anecdotiques. Enfin, Andy Lau sera Lambo, le fort à bras, dont le nom est dérivé de Rambo. Toute cette fine équipe part dans une villa pour s’entrainer avec Yum Yum (Maria Tung). On admire le surnom de la belle instructrice.

Les cinq hommes lâchés dans la nature (on remarquera que personne n’est marié) vont passer leur temps à draguer Yum Yum, qui n’en demande pas tant. Là est le seul intérêt de Lucky stars go places. Tout le reste (l’action, l’intrigue policière) n’a plus d’importance. L’humour doit fonctionner sur les facéties que provoquent les cinq hommes. Ils veulent voir Yum Yum en petite tenue, lui faire des bisous. Ils élaborent des plans qui vont se retourner contre eux. Idée géniale : feindre l’évanouissement pour que Yum Yum leur fasse du bouche à bouche. Mais elle demande de l’aide à ceux qui se sont réveillés. Ils refusent d’embrasser un autre homme et se chamaillent, révélant leur manigance.

Tout cela ne vole pas très haut, mais il faut retenir une situation amusante. Top Dog se rend au cinéma pour rencontrer Eric. Un film de Jackie Chan y est joué. On y voit une scène émouvante où Jackie doit faire pleurer le spectateur. Or Top Dog doit rire et trois spectateurs derrière lui, dont le costaud Bolo Yeung, qui ordonne à notre tocard qu’il doit pleurer. Il faut voir dans cette scène une gentille moquerie des anciens meilleurs amis de Jackie Chan avec qui il était fâché. Un message haut et fort aux spectateurs de Hong Kong pour dire que Sammo Hung continuera son boulot de divertisseur.

Lucky stars go places (最佳福星, Hong Kong, 1986) Un film d’Eric Tsang avec Sammo Hung, Karl Maka, Sylvia Chiang, Maria Tung, Alan Tam, Kent Cheng, Anthony Chan, Andy Lau, Billy Lau, Richard Ng, Eric Tsang, Stanley Fung, Michael Mui, Matsui Tetsuya, Walter Tso, Bolo Yeung, Steve Mak, Chiang Cheng, Wong Jing.

mercredi 13 octobre 2010

Shanghai Grand


Le Shanghai des années 1930 a toujours fasciné Tsui Hark qui a su décrire l’atmosphère de la ville pendant cette période de crise que fût l’occupation par les étrangers de la ville chinoise. Shanghai Grand n’est, officiellement, qu’une production du cinéaste. Il a confié la réalisation du film à Poon Man-kit pour ce qui est le chant du cygne de la compagnie Film Workshop avant que Tsui Hark ne parte travailler pour Hollywood et que la société n’interrompe ses activités.

Trois personnages, trois chapitres annoncés dans un carton comme à l’époque du cinéma muet. Poon Man-kit jouera souvent sur cette imagerie en coloriant ses images d’un filtre sépia. C’est avec beaucoup de luxe que la ville de Shanghai est reconstituée même si les scènes en extérieur sont rares. Cela coûte moins cher de tourner en studio. On aperçoit une affiche d’Autant en emporte le vent, ce qui permet de dater précisément l’époque (fin des années 1930) et ce film, Fung Ching-ching va le voir tous les jours.

Ding Lik (Andy Lau) sait que Ching-ching se rend souvent au cinéma et fait tout ce qu’il peut pour la rencontrer. Ils viennent de deux mondes différents. Lik est un petit commerçant sans envergure qui se fait martyrisé par un petit chef local. Mais il est amoureux de Ching-ching et cherche à la voir. Elle est la fille unique d’un des pontes de la ville, une sorte de parrain à qui on ne peut rien refuser. Mais il va bien falloir lui trouver un mari. Lik est dans la liste des candidats.

Sa rencontre avec Hui Man-keung (Leslie Cheung) se fait par hasard. Shanghai Grand commence avec lui dans une scène d’une grande violence où lui et ses compagnons taïwanais sont torturés sur un bateau. Hui parvient à s’échapper. A bout de course, Lik le recueille et un concours de circonstances leur permet de rentrer dans le clan de Fung. Lik va pouvoir grimper les échelons et parvenir à son rêve de mariage avec la fille du parrain. Mais évidemment, tous ses beaux plans de carrière vont être contrecarrés par la réalité.

Le film, divisé en trois chapitres de longueurs inégales, propose le point de vue de chacun des trois personnages. Après l’ascension sociale de Ding Lik, c’est le passé de Ching-ching et la parcours de Hui avant sa rencontre avec Lik qui est évoqué. Chaque flashback offre un élément du puzzle qui permet de recomposer une histoire morcelée. Shanghai Grand devient plus qu’un simple film de triades mais une grande tragédie amoureuse où la femme sépare les hommes.

Shanghai Grand (新上海灘, Hong Kong, 1996) Un film de Poon Man-kit avec Andy Lau, Leslie Cheung, Ning Jing, Amanda Lee, Almen Wong, Wu Hsing-guo, Lau Shun.

lundi 11 octobre 2010

The Wesley's mysterious file

Entre Dance of a dream, jolie comédie musicale, et Infernal affairs, Andrew Lau a offert un écrin pour la carrière d’Andy Lau. Le rôle principal de The Wesley’s mysterious file au titre qui fleure bon l’énigme et l’anticipation. La star ne pouvait pas refuser une telle proposition d’autant que la papier cadeau a été fourni par le mogul génial et décadent Wong Jing. Voilà, un film avec des extra-terrestres qui n’a aucun sens et aucune direction. Dans le jargon, un nanar. C’est en tout ce qu’il est devenu au fil du temps, découvert par un public qui peut le comparer à Star Crash ou Turkish Star Wars.

Wesley est un agent de l’ONU qui aux Etats-Unis rencontre par hasard une femme qui lui rappelle d’étranges souvenirs d’enfance. Cette même personne avait été heurtée par une voiture et du sang bleu coulait de sa blessure. L’institutrice ne voulait pas croire les enfants. Wesley a été puni dans le couloir. Mais la femme, comme dans Men in black, a effacé la mémoire des enfants sauf de Wesley. Ce dernier part enquêter et se retrouve face à deux agents Sue (Shu Qi) et Pak (Roy Cheung), qui bossent pour Double-X, une section qui contrôle les activités extraterrestres.

Car cette femme nommée Fong (Rosamund Kwan) vient d’une autre planète. Il y a deux cents ans, elle est arrivée avec son frère Tan (Samuel Pang) en possession d’un fluide puissant qui guérit tout. Deux méchants aliens joués par Almen Wong et Mark Cheng, qui prennent la forme de qui ils veulent comme dans Terminator veulent ce fluide de sang bleu. Là, un ponte du FBI vient mettre son grain de sel, comme toujours le font toujours les pontes. Il ne croit personne et la catastrophe est proche. Il veut aussi faire des expériences avec le sang de Fong, mais Wesley, tombé amoureux d’elle, entend bien la sauver des tous les périls.

Dire que The Wesley’s mysterious file est mauvais ne saurait pas rendre justice au film. Son scénario est décousu et manque d’inspiration. Les scènes de combat et de gunfights sont plates et molles. L’histoire d’amour intergalactique d’une mièvrerie abyssale. Mais ce sont les effets spéciaux qui navrent le plus. Les transformations des extraterrestres, censées faire peur, sont risibles. Les décors gigantesques masquent à peine le vide des dialogues explicatifs à n’en plus finir, dialogues qui doivent eux faire avancer l’énigme dont on se fout éperdument. Tout ça pour délivrer un message de paix niais et conformiste. Quant à l’humour, seul le petit personnage que joue Wong JIng essaye d’en faire et entre tant de nullité parvient à faire sourire.

Un jour, il faudra que je comprenne pourquoi les dialogues en anglais dans les films de Hong Kong sont aussi mal dits. C’est là sans doute la chose la plus pénible du film. Les interprètes ânonnent leur texte sur un ton monocorde comme s’ils les découvraient au tournage. Cette impression, je l’avais déjà eu dans les films de Tsui Hark en anglais, surtout dans l’affreux Black mask 2. A moins que ce ne soit les cinéastes hongkongais qui exigent de faire dire les dialogues dans un anglais standard. En tout cas, tout sonne faux et The Wesley’s mysterious file est un film bidon.

The Wesley's mysterious file (衛斯理之藍血人, Hong Kong, 2002) Un film d’Andrew Lau avec Andy Lau, Rosamund Kwan, Shu Qi, Roy Cheung, Almen Wong, Mark Cheng, Wong Jing, Samuel Pang, Reuben Langdon.

dimanche 10 octobre 2010

Amphetamine

Après les joueurs de base-ball de City without baseball, Scud va faire un petit tour du côté de la natation en faisant du personnage principal d’Amphetamine, un maître nageur. Kafka (Byron Pang), cheveux teints en gris vit une petite vie d’apparence tranquille dans la piscine où il travaille. Mais les apparences sont bien sûr trompeuses et Kafka est un homme à l’esprit torturé. Il vient de se séparer de sa petite amie, sa mère est gravement malade et son grand frère l’a initié aux drogues.

Daniel (Thomas Price) est un jeune cadre dynamique d’entreprise. Bien propre sur lui, apprécié de ses employés et de ses collègues, il est le gendre idéal. Il a un grand appartement au sommet d’un immeuble et mène une vie bourgeoise. Sa rencontre, par hasard, avec Kafka va changer totalement leur vie. Daniel le remarque au bar à côté de sa boite, puis ils se trouvent tous les deux dans un temple où ils vont prier. Ils vont sympathiser ensemble, mais les intentions de Daniel à l’égard de Kafka deviennent vite sexuelles.


Kafka est rétif à sortir avec Daniel. Pourtant ce dernier fait tout pour. Il va le couver, l’héberger chez lui, lui faire découvrir du monde. Il veut le protéger de la drogue et lui ouvrir un univers auquel il n’a jamais eu droit à cause de son absence d’éducation. Mais, pour lui, faire l’amour avec un homme n’est pas possible. Kafka a subi un grave traumatisme plus jeune et cela le hante. Il est sujet à d’horribles cauchemars. Ce traumatisme est sans doute la cause de sa toxicomanie. Daniel insiste pour qu’il devienne son amant et devant tant d’attention, Kafka va succomber au charme de Daniel.


Ce que Scud aime filmer, ce sont les corps de ses acteurs qui sont pratiquement de chaque plan. Pour les scènes de piscine, c’est très commode, ils sont déjà en maillot de bains. Pour les scènes de tendresse, il filme ses deux acteurs enlacés dans un jacuzzi, au lit, prenant une douche. Scud est l’un des rares cinéastes à filmer ses acteurs intégralement nus, de plein pied et à montrer des sexes masculins. L’histoire d’amour entre les deux hommes est noueuse et compliquée à souhait, sans doute un peu trop parfois. En revanche, si les acteurs sont à poil sexe au vent, il n’y a pas de scène de sexe. Kafka refuse de coucher avec son amant.


Les acteurs sont convaincants. Byron Pang passe de mec viril un peu macho à un personnage soumis à Daniel. Il change de coiffure, cuisine pour lui et devient sa chose. D’une certaine manière, Amphetamine pourrait presque passer pour un film politique avec la bourgeoisie qui soumet à ses désirs la classe moyenne. Cela est en partie vrai même si Scud semble surtout intéressé de filmer la peau. Le film est embarrassé de chichiteries de mise en scène qui alourdissent le propos. Filtres de couleurs, musique lounge et surtout des flash-back au milieu d’autres plans censés évoquer les douleurs du passé. Le final est un peu grotesque mais l’effort de Scud de montrer des homos sans tabou est important même si le dolorisme reste de mise.


Amphetamine (安非他命, Hong Kong, 2010) Un film de Scud avec Byron Pang, Thomas Price, Winnie Leung, Simon Tam, Linda So.

vendredi 8 octobre 2010

Confucius

Le Grand Lyon Film Festival 2010 a projeté Confucius restauré par la Hong Kong Film Archive. Repéré par Lorenzo Codelli, le film de Fei Mu a été réalisé dans une période confuse. La Chine était occupée par le Japon, sa capitale était Shanghai. Le cinéaste chassé de Chine après Mao Tse-toung a lui-même apporté son film à Hong Kong où il s’est exilé. On a cru le film perdu jusqu’à ce qu’on le retrouve, dans un mauvais état. Une partie du son manque et l’image est tachée, pleine de rayures.

Le sujet de Confucius est celui du sage né près de cinq siècles avant Jésus Christ, on y voit d’ailleurs un crucifix, comme si le film était également destiné aux Occidentaux. La confusion qui régnait dans l’Empire de Chine est globalement la même que celle de 1940. Le pays est morcelé, les guerres civiles font rage. Les trois vice-rois des royaumes de Tsi, Lu et Wei se font continuellement la guerre, chacun demandant l’appui de l’empereur. Dans le même temps, Confucius alias Maître Kung, recrute trois disciples, Tse Loo, Tse Kung et Yen Huei, chacun ayant un caractère valeureux spécifique.

Les trois vice-rois belliqueux s’opposent dans le film aux trois disciples, à la fois de manière philosophique et de manière martiale quand il s’agira de faire taire les bruits de la guerre. Grâce à sa sagesse, Confucius devient le conseiller de l’empereur et gravit petit à petit les échelons jusqu’à devenir premier ministre. Puis, un jour il décide de tout quitter et de parcourir le monde. Là, les puissants de ce monde, l’abandonnent, puis ses trois disciples partent répandre sa pensée. Confucius finit sa vie avec son petit-fils à écrire sa vie sur des bambous.

Les quatre parties de la vie de Confucius sont imagés avec chacune des quatre saisons. L’été est sa vie familiale, l’automne son rôle politique, l’hiver sa pérégrination avec les disciples et le printemps sa vieillesse et le début de la propagation de ses théories. Des cerisiers sont dans chaque décor en carton pate du film entièrement filmé en studio. Le jeu des interprètes est assez outré, théâtral et totalement démodé, notamment les rires sardoniques qui ponctuent de nombreux dialogues. Il est difficile de mesurer l’importance du film ou son classicisme. La seule chose que j’espère, c’est qu’un jour le Festival de Lyon programmera non seulement des vieux films chinois mais aussi des productions récentes. Je lance deux noms à Thierry Frémaux : Dante Lam et Lau Ching-wan. S’il m’entend…

Confucius (孔夫子, Chine de Shanghai, 1940) Un film de Fei Mu avec Tang Huaiqiu, Zhang Yi, Sima Yingcai, Pei Chong, Chen Qi, Tang Qi, Qian Yi, Tu Gangqi, Miao Zhusan, Li Jingbo, Xu Li.

jeudi 7 octobre 2010

Sorties à Hong Kong (octobre 2010)

Reign of assassins (劍雨)

Un film de John Woo et Su Chaopin avec Michelle Yeoh, Jung Woo-sung, Shawn Yue, Kelly Lin, Barbie Hsu, Wang Xueqi, Guo Xiaodong, Jiang Yiyan. 117 minutes. Catégorie IIA. Sortie : 7 octobre 2010.






mardi 5 octobre 2010

On the run


La guerre des polices est un motif récurrent des films d’action de la fin des années 1980. Un flic corrompu gangrène tout le service et fait accuser un de ses collègues intègre. Trois services s’affrontent. L’inspectrice Lo Huan (Ida Chan) enquête sur un important trafic de drogue. Elle est abattue par une thaïlandaise, tueur à gages engagée par le commissaire Lu (Charlie Chin) qui se trouve être le fiancé de Lo Huan et le chef de service de la section criminelle. Pour éliminer les traces, Lu décide d’éliminer Chui (Pat Ha), la fine lame qui ne rate jamais son coup.

Chui va trouver un appui incertain, mais inespéré. Celui de Heung Ming (Yuen Biao) qui travaille dans la police au service politique. Ming est l’ex de Lo Huan avec laquelle il a eu une petite fille Lin (Chan Cheuk-yan). Quand Lo Huan est assassiné, il la récupère chez sa mère et comprend très vite que quelque chose ne tourne pas rond. Lu va mettre toute la police sur son dos en l’accusant d’être le responsable des morts de flics causées par la légitime défense de Chui. C’est donc une course poursuite qui s’engage dans On the run dans les rues de Hong Kong pendant la nuit.

C’est une des meilleures idées du film que d’avoir travaillé sur le temps qui reste à vivre à ce duo improbable de flic / truand. La chasse à l’homme qui commence ne peut qu’être une épreuve de sang. Le nombre de truands et de flics anonymes qui meurt est impressionnant. Ensuite, c’est au tour de la mère de Heung Ming de se prendre une balle en pleine tête, de ses collègues d’être tué sans sommation, de quelques truands dont Lo Lieh et Yuen Wah dans un personnage de truand lâche et veule. L’époque (et les films de John Woo) voulait cela, une surenchère de cadavres.

Mais là où On the run se fait franchement putassier, c’est dans la partition qu’occupe la fillette. C’est une valeur émotionnelle importante exploitée jusqu’au bout par Alfred Cheung. Jusqu’à l’exagération puisque même cette gamine y passera. Il s’agit surtout de bien rendre manichéen les personnages, de montrer que Lu et ses hommes sont des salauds et que Heung Ming et Chui ont finalement de se défendre. La fillette sert souvent de bouclier humain plus rarement d’appât, mais sa présence est vite gênante d’autant qu’il n’y avait pas besoin de son personnage pour faire un polar vif plein de rebondissements.

On the run (亡命鴛鴦, Hong Kong, 1988) Un film d’Alfred Cheung avec Yuen Biao, Pat Ha, Charlie Chin, Ida Chan, Lee Heung-kam, Lo Lieh, Yuen Wah, Phillip Ko, Do Tak-chi, Lam Lap-san, Bowie Lam, Cheung Choi-mei, Peter Pau, Peter Ngor, Chan Cheuk-Yan.

lundi 4 octobre 2010

Les Aventuriers de Shanghai



Le cas Teddy Robin m’a toujours intéressé. Non pas tant à cause de sa petite taille qui n’est, somme toute, que l’équivalent de l’embonpoint de Sammo Hung. Le cinéma cantonais est friant de gueules pas possible, de corps uniques et de voix stridentes. Teddy Robin est tout petit, un peu bossu et une voix nasillarde très vite insupportable tout en jouant un séducteur. Plutôt que cet aspect physique, c’est son éclectisme, acteur, chanteur, compositeur et quelques films en tant que réalisateur dont Les Aventuriers de Shanghai au casting très Golden Harvest.
Shanghai, années 1930. Un jeune paysan surnommé Petit-Tigre (Yuen Biao) tout juste débarqué de sa campagne vient voir son grand frère Grand-Tigre (George Lam), colonel à l’armée britannique en stationnement dans sa concession. Dans les dix premières minutes qui rappellent le début de Big brother, Petit-Tigre rencontre tous les personnages clés du film. Sammo Hung est Chin, le parrain local, qui collabore avec les Anglais. Il est vu comme un traitre bien que, paradoxalement, il soit le seul à être habillé en habit traditionnel. Tous les autres personnages sont en costumes occidentaux.
Lors, d’un bal masqué organisé par Chin, Grand-Tigre retrouve son ancienne maîtresse Mary Sung (Anita Mui), revenue des Etats-Unis pour mener la révolution contre l’occupation. Elle doit récupérer des dollars pour la cause, argent qui vient d’être dérobé par les sbires de Chin, par ailleurs parrain de Mary. Mary est en concurrence avec Ting Ting (Tien Niu) qui vient de se séparer d’avec Grand-Tigre, fille d’apparence futile mais qui se révélera être du bon côté et bien futée. Mary doit retrouver les résistants et va s’adjoindre l’aide d’une troupe de théâtre menée, entre autres par Pao (Sandy Lam) qui va tomber amoureuse de Petit-Tigre.
Il y a les traitres, tous les Anglais avec à leur tête Pottinger (Louis Roth), incarnation du mal, du fourbe et de l’homme cruel. C’est beaucoup trop caricatural pour qu’on y prête vraiment attention, mais le genre veut cela. En dehors du personnage de Sammo Hung qui campe sur ses positions et qui ne cherche qu’à faire de l’argent, tous les Chinois se mobilisent pour virer les Anglais qui sont très maladroits. Les soldats ne sont jamais foutu d’en abattre un seul mais ils tombent comme des mouches.
Film en costumes, Les Aventuriers de Shanghai a l’ambition évidente de marcher sur les plates bandes de Jackie Chan qui avait triomphé avec Big brother. Les amis étaient plus ou moins fâchés après avoir travaillé si longtemps ensemble. Mais Yuen Biao n’est pas Jackie Chan et son combat avec Sammo Hung, chorégraphié par Corey Yuen, reste anecdotique. C’est Anita Mui qui est magistrale et qui règne sur le film entre son petit sourire en coin et son jeu de jambes (filmées au ralenti) quand elle file sa castagne aux méchants.
Les Aventuriers de Shanghai (Shanghai, Shanghai, 亂世兒女, Hong Kong, 1990) Un film de Teddy Robin avec Yuen Biao, George Lam, Anita Mui, Sammo Hung, Tien Niu, Sandy Lam, Louis Roth, Lawrence Cheng, Mang Hoi, Sam Wong, Lo Lieh,

vendredi 1 octobre 2010

Zodiac killers

Le Japon et le milieu des yakuzas sont la toile de fond de l’histoire de Zodiac killers où quelques étudiants chinois vont être confrontés à la mafia de manière impitoyable. Ils seront plongés dans un monde qu’ils ne connaissent pas et dont ils ne maîtrisent pas les codes, si ce n’est par le biais de la bande dessinée et du cinéma. Et Ann Hui joue précisément sur ces codes en poursuivant sa thématique de l’exil, en l’approfondissant en faisant de Tokyo son décor où les marionnettes seront écrasées.

Le film commence par son réveil dans une séquence où les réveils se mettent tous à sonner en même temps dans un maelström sonore et visuel d’une grande beauté. On se croirait dans un manège mais il s’agit bien de la piaule de Ben (Andy Lau), un jeune étudiant à l’université du Japon qui fait visiter Tokyo aux Chinois quand il n’a pas cours. C’est un homme enjoué et heureux, assez fier de lui et de son corps, sûr de son pouvoir de séduction qu’il se plait à appliquer sur les femmes.

La femme qu’il veut séduire est Tie-lan (Cherie Chung) aperçue un soir dans un bar où Ben se rend avec son cousin Ming (Suen Pang) qui a pour ambition de devenir le gendre d’un parrain. Ben est aussi avec Zhang (Tok Chung-wa), un garçon totalement paumé qui passe son temps à montrer la photo de sa copine qui a disparu et qu’il cherche depuis des mois. Tie-lan est une entraineuse, comme on dit, qui accompagne un Japonais grossier. C’est une fille timide qui n’ose pas parler et qui se refuse à Ben.

Mais Ben est tenace. Tie-lan est retenue par Harada, un homme libidineux qui profite des l’hébergement pour abuser sexuellement d’elle. Tie-lan vit avec une de ses compatriotes qui accepte cet état, mais Tie-lan s’enfuit et trouve un autre Japonais, Asano (Ishida Junichi) qui s’avère être un yakuza en rupture de ban qui tente de faire un retour dans les affaires. Mais le clan ennemi veut l’éliminer. Ben s’immisce dans cette histoire. Il veut offrir des fleurs à Tie-lan mais Asano le prend pour un tueur. Là, la mécanique s’enraye et le filet de la pieuvre commence à les encercler.

Zodiac killers commençait de manière quasi baroque, quasi irréelle et régulièrement Ann Hui offre des scènes étranges, parfois répétées, comme lorsque Ben Et Tie-lan court dans la nuit bleutée, comme ces poursuites en moto, comme cette vieille prostituée fardée. Le film accélère son rythme au fur et à mesure jusqu’à l’épuisement, jusqu’à la mort de presque tous ses personnages. Toutes les cinq minutes, un événement nouveau se produit qui fait bifurquer les personnages dans une nouvelle direction. C’est toujours très beau, les plans sont composés avec beaucoup de goût et de talent, mais c’est épuisant.

Zodiac killers (極道追蹤, Hong Kong, 1991) Un film d’Ann Hui avec Andy Lau, Cherie Chung, Ishida Junichi, Kishida Kyoko, Takazawa Zunko, Kurata Yasuaki, Tok Chung-wa, Suen Paang, Law Fei-yu, Tsang Wai-fai.