Le Shanghai des années 1930 a toujours fasciné Tsui Hark qui a su décrire l’atmosphère de la ville pendant cette période de crise que fût l’occupation par les étrangers de la ville chinoise. Shanghai Grand n’est, officiellement, qu’une production du cinéaste. Il a confié la réalisation du film à Poon Man-kit pour ce qui est le chant du cygne de la compagnie Film Workshop avant que Tsui Hark ne parte travailler pour Hollywood et que la société n’interrompe ses activités.
Trois personnages, trois chapitres annoncés dans un carton comme à l’époque du cinéma muet. Poon Man-kit jouera souvent sur cette imagerie en coloriant ses images d’un filtre sépia. C’est avec beaucoup de luxe que la ville de Shanghai est reconstituée même si les scènes en extérieur sont rares. Cela coûte moins cher de tourner en studio. On aperçoit une affiche d’Autant en emporte le vent, ce qui permet de dater précisément l’époque (fin des années 1930) et ce film, Fung Ching-ching va le voir tous les jours.
Ding Lik (Andy Lau) sait que Ching-ching se rend souvent au cinéma et fait tout ce qu’il peut pour la rencontrer. Ils viennent de deux mondes différents. Lik est un petit commerçant sans envergure qui se fait martyrisé par un petit chef local. Mais il est amoureux de Ching-ching et cherche à la voir. Elle est la fille unique d’un des pontes de la ville, une sorte de parrain à qui on ne peut rien refuser. Mais il va bien falloir lui trouver un mari. Lik est dans la liste des candidats.
Sa rencontre avec Hui Man-keung (Leslie Cheung) se fait par hasard. Shanghai Grand commence avec lui dans une scène d’une grande violence où lui et ses compagnons taïwanais sont torturés sur un bateau. Hui parvient à s’échapper. A bout de course, Lik le recueille et un concours de circonstances leur permet de rentrer dans le clan de Fung. Lik va pouvoir grimper les échelons et parvenir à son rêve de mariage avec la fille du parrain. Mais évidemment, tous ses beaux plans de carrière vont être contrecarrés par la réalité.
Le film, divisé en trois chapitres de longueurs inégales, propose le point de vue de chacun des trois personnages. Après l’ascension sociale de Ding Lik, c’est le passé de Ching-ching et la parcours de Hui avant sa rencontre avec Lik qui est évoqué. Chaque flashback offre un élément du puzzle qui permet de recomposer une histoire morcelée. Shanghai Grand devient plus qu’un simple film de triades mais une grande tragédie amoureuse où la femme sépare les hommes.
Shanghai Grand (新上海灘, Hong Kong, 1996) Un film de Poon Man-kit avec Andy Lau, Leslie Cheung, Ning Jing, Amanda Lee, Almen Wong, Wu Hsing-guo, Lau Shun.
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