jeudi 4 novembre 2010

Sorties à Hong Kong (novembre 2010)

Showtime (用心跳)

Un film de Stanley Kwan avec Carina Lau, Hu Jun, Kelly Lin, Tony Leung Ka-fai, Angie Chiu, Huang Lei, Wang Nan, Song Jia, Landy Wen, Gao Ting-ting, Jiang Yi, Fan Wei, Christopher Doyle, Liao Fan. 96 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie : 4 novembre 2010.





mercredi 3 novembre 2010

Dream home


Avec Dream home, Pang Ho-cheung décale légèrement son cinéma pour arriver vers un terrain balisé mais où la plupart des films de Hong Kong ont échoué. La facilité avec laquelle le cinéaste parvient à remodeler. Il procède de la même manière que dans Men suddenly in black, glisser vers la comédie avec un film de triades. Ici, il invite le gore le plus sanglant dans un drame social. C’est ce mélange entre deux identités opposées qui crée l’étincelle qui fait fonctionner Dream home.
Sheung (Josie Ho) a une vie médiocre. Elle travaille dans un centre de télémarketing où elle doit contacter les clients d’une banque. Souvent dérangés, les clients lui répondent mal, l’insultent et Sheung doit garder le sourire. Sa vie amoureuse n’est pas non plus des plus heureuses. Elle couche avec un homme marié (Eason Chan) qui la rencontre de temps en temps dans une chambre d’hôtel puis uniquement dans sa voiture pour une simple fellation. Elle se rend compte qu’il ne quittera jamais sa femme pour elle.
La vie de Sheung est faite de déception mais Pang Ho-cheung nous suggère qu’elle est en train de tuer des gens. On semble bien la reconnaitre dans cette silhouette qui est en train de massacrer un homme de la sécurité. Il est un peu plus de 23 heures et le film va suivre la mort d’une douzaine de personnes en quasi direct. Sheung va assassiner une maman, son mari et la bonne philippine dans un appartement. Puis, l’étage en dessous, elle tue deux amis (Derek Tsang et Lawrence Chou) qui sont en train de baiser deux putes. Pui, un autre ami qui arrive et finalement deux policiers venus calmer cette jeunesse qui fait trop de bruit.
Le film est classé Catégorie III pour ses scènes gore qui sont effectivement costaudes. Cette imagination débridée pour faire mourir les personnages est jouissive. Sheung n’est pas une professionnelle du meurtre et va jusqu’au bout avec les armes qu’elle possède. Une planche de lit dans la gorge d’une fille, un couteau dans le ventre d’un gars d’où sortent ses viscères et d’autres choses rarement vues dans un film de Hong Kong. Cela n’est pas le seul attrait du film même si ça ne serait pas mal. Dans ces séquences, Pang Ho-cheung soigne à la fois le suspense et la matière visuelle.
Ce que réussit à faire Pang Ho-cheung est de nous rendre Sheung extrêmement sympathique. Le récit en continu est interrompu par la vie sociale et amoureuse de notre héroïne : vie médiocre et répétitive. On découvre également dans ce puzzle qu’elle a une obsession qui tourne à la maladie, comme ses interlocuteurs veulent lui faire entendre. Sheung cherche à tout prix à acheter un appartement qui donne sur la mer. Cette quête est menée comme un film à suspense. Sheung ne gagne pas beaucoup d’argent mais elle tient à avoir un appartement avec vue sur la mer.
De longs flash backs scandent le film où l’on retourne dans l’enfance de Sheung puis dans son adolescence. C’était alors le grand boum immobilier à Hong Kong avec ses quartiers populaires et vétustes. Et surtout l’abandon de la population par le gouvernement face aux triades qui cherchaient à acquérir ses logements pour une bouchée de pain. C’est dans ces espaces de récit entremêlés que Pang Ho-cheung montre sa facilité à tenir un récit et ce talent produit grâce à quelques uns des meilleurs techniciens de Hong Kong (Yu Lik-wai à l’image, Wenders Lee au montage) d’offrir l’un des meilleurs films de l’années.
Dream home (多利一号, Hong Kong, 2010) Un film de Pang Ho-cheung avec Josie Ho, Eason Chan, Michelle Ye, Norman Chu, Lawrence Chou, Derek Tsang, Sin Lap-man, Paw Hee-ching, Ching Wong, Lo Hoi-pang, Juno Mak, Lok Ying-kwan, Zhou Chu-chu, Chan Wai-hung, Juan Song.

jeudi 28 octobre 2010

Nothing lo lose


Au pied d’un grand immeuble, un jeune homme attend. Il regarde en l’air. Il veut monter mais l’ascenseur est en panne. Il décide de monter à pied jusqu’au toit. Somchai (Pierre Png) porte une belle chemise blanche qu’il enlève, plie comme il faut, pose dessus ses petites affaires et s’apprête à grimper sur le parapet. Mais il a le vertige et recule. A l’autre bout de la terrasse, Gogo (Fresh) se tient bien droite sur ses talons, prête à sauter. Elle porte une minijupe et des cheveux colorés. Somchai s’approche d’elle et engage la conversation.

Tous deux étaient là pour se suicider pour des raisons que Nothing to lose va donner au fur et à mesure de son récit mouvementé. Mais en attendant de se donner la mort, Somchai et Gogo décident d’aller manger un bout. Comme ils n’ont pas d’argent, ils s’enfuient du restaurant après s’être goinfrés. Et ils vont continuer leur chemin en duo à toute vitesse. Un passage à la banque où ils pourraient faire un hold up. Un passage à l’appartement de Gogo où elle récupère des vêtements pour Somchai. Un vol de perruques dans un magasin.

Etape dans un motel minable tenu par un tenancier complètement follasse. La chambre est toute crasseuse et Gogo exige que Samchoi dorme sur le sol. Mais lui trouve la fille tout à fait à son goût et aimerait bien que le duo se transforme en couple. Après tout, s’ils n’ont rien à perdre, ils n’ont qu’à baiser ensemble. Gogo refuse tout net et ils partent dans la ville, le lendemain matin, faire un petit casse dans un magasin. Et Somchai emmène Gogo dans le tripot où il joue et perd beaucoup d’argent. Et évidemment, ils vont jouer et perdre beaucoup d’argent et avoir le patron du tripot sur le dos.

Jusqu’à présent, Nothing to lose se démène pour être une petite comédie colorée au rythme trépidant. Le montage effectué par le réalisateur et un autre de ses frères y est pour beaucoup. Plans courts, montés cut, dialogues débités à toute vitesse. Dès son premier film, Danny Pang programme son style proche de celui de Wong Jing. Style américain si l’on peut dire, ou tel qu’il l’imagine. Et justement, le film va plonger dans le policier après avoir traversé la comédie par le truchement d’un super-flic, comme il se présente lui-même.

Ce flic enquête sur ce couple. Il prétend avoir fait ses armes au FBI et tout connaitre de la psychologie de « Bonnie and Clyde » comme il aime à appeler Gogo et Somchai. Parce que le spectateur découvre les tenants et aboutissants de leur vie minable, il se crée une tension entre le comique involontaire du flic filmé au premier degré et un suspense inhérent à son incompétence. C’est dans cette tension que Nothing to lose trouve sa saveur. Danny Pang joue sur l’attente du spectateur qui doit s’identifier (ou au moins prendre en sympathie) deux losers. Et ce pari est plutôt réussi sans changer quoi que ce soit du cinéma d’action.

Nothing to lose (1+1 เป็นสูญ, Thaïlande, 2002) Un film de Danny Pang avec Arisara Wongchalee, Pierre Png, Yvonne Lim, Nimponth Chaisirikul.

mardi 26 octobre 2010

Le Protégé de Madame Qing


Dans la première génération des cinéastes indépendants chinois qui comptait Jia Zhangke et Wang Chao, Liu Bingjian était l’un des plus fragiles. Auteur d’une poignée de films dont Les Larmes de Madame Wang, Liu n’a jamais réussi percer contrairement à ses camarades. Qui plus est, Le Protégé de Madame Qing parle d’homosexualité, sujet peu commun en Chine. Le film a été tourné clandestinement dans un nombre très restreint de décors : le magasin de vêtement de Madame Qing, son appartement puis l’appartement de l’amant de Xiao Bo (Yu Bo).

Xiao Bo arrive donc un jour d’hiver dans le magasin de Qing (Yang Qing) qui tente tant bien que mal de vendre un pull au prix indiqué, alors qu’une femme veut marchander. Dès le départ, Liu montre un pays qui vit chichement. Qing embauche Xiao Bo, va le loger, là aussi dans un appartement minuscule. Sa chambre a la taille d’un pauvre couloir et il dort sur un petit lit pliant inconfortable. Mais Xiao Bo est accueilli comme un fils par Qing et son mari Kang (Zhang Kang).

Xiao Bo reste très timide. Son premier repas à l’appartement se fait de manière forcée. Qing doit presque lui donner la becquée. Le mari doit presque lui faire boire la bière. Xiao Bo ne dit pas grand-chose mais Kang lui demande s’il a une petite amie. Ce qui n’est pas le cas. Qing se met donc en tête de lui trouver une fiancée. Elle pense à une de ses amies, Meng (Yu Mengjie), jeune femme bien sous tous rapports mais qui, évidemment, ne va pas intéresser Xiao Bo. Au bout de quelques rendez-vous où ils ne se disent que quelques banalités, Meng fait part de ses soupçons à Qing concernant le goût sexuel de Xiao Bo.

Dès lors, le couple va voir le jeune homme sous un œil différent. Kang va franchement devenir désagréable. Xiao Bo aimait passer du temps avec lui laissant soupçonner un attrait certain pour lui. Mais un soir après que Xiao Bo aie fait des pompes torse nu dans la cuisine, Kang le plaque alors sur le canapé et feint de vouloir le violer. Xiao Bo prend ce qu’il peut comme affaires et s’enfuit. Une vie de vagabond va commencer pour lui.

Le Protégé de Madame Qing avait commencé avec Gui Gui (Cui Zien, scénariste du film et réalisateur encore plus fauché que Liu) qui animait une émission de radio où il vantait les mérites des toilettes publiques. Les hasards des lieux de drague vont faire se rencontrer les deux hommes. Là, un drame amoureux va se nouer entre Cui Cui (Meng Hao), jeune homme aux cheveux longs, Gui Gui et Xiao Bo. Le film va montrer, non sans quelques maladresses, que la vie chez les homos chinois n’est pas plus simple que chez les hétéros.

La jalousie va prendre le pas sur l’amitié, notamment parce que Xiao Bo est un beau gars bien bâti. Cui Cui va le préférer à Gui Gui qui fait un peu folle et qui demande beaucoup à ses deux amis pour sa passion pour les toilettes publiques. Mais ce que dit clairement Liu Bingjian dans ses métaphores, c’est l’ostracisassions des homosexuels en Chine, leur mise au ban de la société qui n’a pas évolué d’un iota. Le Protégé de Madame Qing était l’un des tous premiers films sur l’homosexualité en Chine. Il n’y en a pas eu beaucoup d’autres depuis.

Le Protégé de Madame Qing (Men and women, 男男女女, Chine, 1999) Un film de Liu Bingjian avec Yang Qing, Yu Bo, Wei Jiangang, Meng Hao, Cui Zien, Zhang Kang, Yu Mengjie.

vendredi 22 octobre 2010

Je ne peux pas vivre sans toi


Ce film est inspiré de faits réels, lance un carton en début de film. Ce que l’on voit d’abord dans Je ne peux pas vivre sans toi, c’est un homme qui veut se suicider en sautant d’un pont. Il tient une fillette dans ses bras. La télévision est là, les téléspectateurs regardent un fait divers en train de se produire. La police tente de convaincre l’homme de ne pas sauter. Ce fou furieux, le film va faire découvrir sa vie, expliquer son geste dans un long flash-back.

Li Wu-hsiung (Chen Wen-pin), la quarantaine est un papa sans culture qui passe de petits boulots en jobs peu gratifiants. Il vit avec sa fille de sept ans qu’il n’a jamais songé à scolariser. Ce que les policiers de Taïwan vont lui reprocher. Mei (Chao Yo-hsuan) suit son père partout où il va. La mère n’est plus là et tous deux vivent dans un taudis au bord du port, dans un ancien entrepôt. Mai semble heureuse. Elle passe son temps à dessiner. Mais elle ne parle pas beaucoup, ce qui ne préoccupe pas le père.

La police exige que Mei aille à l’école. Wu-hsiung va au centre social pour l’inscrire. Là, il se rend compte que, bien que père biologique, il n’aurait pas du avoir la garde légale de Mei. Il ne s’était jamais marié avec la mère de la fillette, mère qui est, elle, encore mariée. L’administration exige que la mère et son époux viennent inscrire Mei. Wu-hsiung entre dans un imbroglio juridique qui le dépasse et qu’il ne comprend pas.

Son ami d’enfance Tsai (Liu Chin-ju) fort en gueule lui conseille d’aller voir à la capitale un conseiller du ministre qui vient de leur village. Juché sur sa moto, avec sa fille derrière lui, il va tout faire pour expliquer son problème. Mais il est très difficile d’ouvrir les portes du ministère et de se faire entendre. De la même manière, il tente d’alerter la presse, sans succès. Jusqu’à ce qu’il décide de menacer de se suicider avec sa fille, ce qui renvoie à la scène d’ouverture.

Leon Dai ne veut pas faire de son film un pamphlet contre l’administration ni le journalisme. Il ne stigmatise pas mais souligne avec douceur la douleur d’un homme incompris parce qu’il n’arrive pas à communiquer. Je ne peux pas vivre sans toi, avec son noir et blanc, insiste sur l’amour d’un père pour sa fille dans un pays où personne ne se soucie de l’autre. Avec son style lent mais qui va au bout de son sujet, Leon Dai évite le pathos et la mièvrerie. Il ne tombe pas dans le film à thèse et propose un film au réalisme troublant.

Je ne peux pas vivre sans toi (No puedo vivir sin ti ,不能沒有你, Taïwan, 2008) Un film de Leon Dai avec Chen Wen-pin, Chao Yo-hsuan, Liu Chin-ju.

jeudi 21 octobre 2010

Sorties à Hong Kong (octobre 2010)


Perfect wedding (抱抱俏佳人)
Un film de Barbara Wong avec Miriam Yeung, Raymond Lam, Chrissie Chau, Pierre Ngo, Eric Kot, Teresa Mo, Chu Suen, Bernice Liu, Kate Tsui, Richard Ng, Mak Ling-ling, Weng Jia-ni, Kathy Yuen, Tats Lau. 99 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie : 21 octobre 2010.


mardi 19 octobre 2010

A moment of romance III


Les affrontements entre les armées chinoise et japonaise deviennent de plus en plus fréquents. Des avions de chasse sont envoyés pour bombarder les avancées japonaises. Un pilote, Lau Tin-wai (Andy Lau) est le seul rescapé de son escadron et atterri tant bien que mal au beau milieu d’un champ de maïs près d’un hameau. Une jeune paysanne, Tin Siu-wo (Jacqueline Wu) manque de se faire écraser par l’avion. Elle va soigner Tin-wai qui est bien blessé.

La vie des paysans dans la Chine des années 1930 est marquée par le travail des champs. Le pilote est le seul indice qu’ils ont pour voir que la guerre approche. Parfois, quelques avions passent. Pour l’instant, il s’agit de faire en sorte que le maïs pousse suffisamment pour passer l’hiver. Mais, une seule passe son temps à autre chose, c’est Siu-wo qui attend que son malade se réveille. Forcément, parce qu’elle est seule, elle va se prendre d’affection pour lui.

Le village n’est peuplé que de femmes. Les hommes sont partis travailler dans les usines d’armement, mais la débâcle est là. Ils rentrent au village et rencontrent Lau Tin-wai et comprennent en un regard que Siu-wo s’est attachée à lui, qu’elle en sans doute éprise, même si elle va le nier. Tin-wai ne pense qu’à rentrer à sa base et dès qu’un avion passe à l’horizon, il l’appelle par radio. Il va se rendre compte qu’il est lui-même tombé amoureux d’elle.

Les paysans ne voient pas d’un bon œil le pilote. Ils s’en méfient mais quand la récolte de maïs est menacée par les chenilles et qu’ils constatent que la bombe au phosphore qui a explosé a tué les chenilles. Après d’âpres négociations, Tin-wai accepte de faire profiter les autres bombes aux paysans. Mais quand il s’agira de l’aider à désenliser l’avion, ils ne seront plus là. Le chef du village a lancé un ultimatum à Siu-wo, elle devra, comme promis, épouser son fils.

Petit à petit, A moment of romance III devient un mélo dans la plus pure tradition du genre. Les deux amoureux n’osent pas s’avouer leur passion. Leurs origines sociales sont opposées. Siu-wo est une paysanne illettrée qui vit dans une communauté régie par les traditions ancestrales. Tin-wai est le fils d’une famille très aisée. Sa mère (Cheung Yin), une femme très respectée souhaiterait qu’il quitte l’armée pour partir loin des troupes japonaises qui arrivent.

Deux mondes se rencontrent sans se comprendre. Tin-wai vit quelques temps au village, exige beaucoup trop des paysans et de Siu-wo qui va sacrifier sa vache pour lui. Siu-wo s’enfuit du village et part dans la grande ville où c’est un tout autre monde. Ça grouille, ça court et surtout les Japonais bombardent la ville. C’est dans cet échange constant entre deux Chine que le mélodrame prend son ampleur. Johnnie To dirige ses deux acteurs de manière très sobre, de manière totalement inverse à Casino raiders II. Même si on peut en deviner la fin, le film réussit à être émouvant et touchant.

A moment of romance III (天若有情III烽火佳人, Hong Kong, 1996) Un film de Johnnie To avec Andy Lau, Jacqueline Wu, Alex Fong Chung-Sun, Cheung Yin, Faan Chi-gong, Yu Man-lap.

lundi 18 octobre 2010

Casino raiders II


Avant la période glorieuse de Johnnie To, le cinéaste a fait quelques films de pure commande où son style est difficilement repérable. Casino raiders II fait partie de ces films. Ça n’est pas une suite du film de Wong Jing à proprement parlé. Il s’agit plutôt d’attirer le public avec un titre qui évoque un succès passé. Et puisque c’est la mode du film de gambling, autant en profiter pour tourner un film où l’enjeu sera une partie de black jack, même si on sent très vite que les jeux de cartes n’intéressent pas beaucoup Johnnie To.

Chicken Feet (Andy Lau), mec cool par excellence, mais qui en veut trop tout de suite, aime jouer au black jack, mais s’emballe. Il tient avec sa copine Lin (Jacqueline Wu) et son « oncle » Fan (Lau Siu-ming) un tripot sur une petit bateau (il s’agit d’échapper aux contrôles de la police). Chicken Feet a un don, celui de deviner les cartes. Plus besoin de les retourner. Et quand oncle Fan, de sa chaise roulante, lui lance des cartes, il parvient à piocher au vol les cartes pour une quinte flush. Un doué du jeu.

L’oncle Fan ne croit pas en la victoire de Chicken Feet dans le tournoi prochain où une grosse somme est en jeu. Il attend le retour de Kit (Dave Wong) qui sort de prison mais cherche à renoncer au jeu. Kit a une petite fille que la sa mère a laissé à la garde d’une parente peu amène. Le personnage de Kit va surtout faire la gueule pendant tout le film comme si tout le poids du monde était sur ses épaules. Son renoncement au jeu est vu comme une lâcheté par certains, d’autant qu’on lui demande à ce fameux tournoi de perdre. Il y a de grosses sommes d’argent en jeu.

Mais les ennemis sont là en la personne de James (Kelvin Wong), caricature de parrain violent et impitoyable qui veut empêcher de toutes ses forces que Chicken Feet ne joue. Tout est bon pour arriver à ses fins : chantage, menaces, enlèvements, brutalité. L’autre méchant est Kao (Anthony Wong) tout en flamboyance grâce au jeu dément de l’acteur. Kao a épousé l’ex femme de Kit et cela fait un autre point de pression pour qu’ils trichent et perdent le tournoi.

A vrai dire, Johnnie To se contente du strict minimum dans cette histoire de jeu. Il complique à souhait les enjeux qui paraissent beaucoup trop importants. Ça n’est qu’un jeu de cartes après tout. Du coup, il se concentre sur l’histoire entre Chicken Feet et Lin. Elle est un peu soupe-au-lait, quasi hystérique même et lui est un peu macho. Ça fait des étincelles entre eux mais ils s’aiment. Ce sont des personnages premier degré directement issus d’un quelconque soap opéra. Cela fait de Casino raiders II un film très négligeable.

Casino raiders II (至尊無上 II:永霸天下, Hong Kong, 1991) Un film de Johnnie To avec Andy Lau, Dave Wong, Jacqueline Wu, Monica Chan, Kelvin Wong, Anthony Wong, Chan Cheuk-yan, Lau Siu-ming, Lee Siu-kei, Peter Yang, Tien Feng.

dimanche 17 octobre 2010

Detective Dee le mystère de la flamme fantôme


Pour marquer d’un grand sceau son intronisation, la future impératrice Wu (Carina Lau) – la première et unique femme à accéder au pouvoir au Chine – décide de faire construire un Bouddha géant. Les travaux suivent leur cours mais d’étranges morts vont menacer la poursuite de la construction. Le maître d’ouvrage se met à brûler de l’intérieur comme dans une combustion spontanée. Il ne reste de son corps que des cendres éparpillées au sol. Une enquête va être menée car le couronnement approche à grand pas.

Pei Donglai (Deng Chao), le ministre de la justice, dont les cheveux sont teints en blanc, est chargé de mener les investigations. Il va vite en besogne et accuse immédiatement Shatuo (Tony Leung Ka-fai) qui a confectionné les plans du Bouddha d’être l’auteur de ses meurtres. Shatuo a été un temps l’ennemi de la couronne et sa main gauche a été coupée. Depuis il porte un crochet. Il est le suspect idéal puisque l’ennemi de l’impératrice. L’oracle, sous forme de daim, clame à la souveraine qu’elle devrait faire appel à au détective Dee (Andy Lee).

Il a été accusé de trahison et Dee purge sa peine dans un coin du palais. Sa condamnation est désormais de brûler les archives de l’empire. Il les lit avant de les détruire et n’ignore rien des affaires du palais comme de la Chine. Il travaille avec un vieil aveugle et comme lui porte une longue barbe et a l’air hirsute. Tandis que l’intendante de l’impératrice, la jeune et énigmatique Waner (Li Bing-bing) vient chercher Dee, des mercenaires les attaquent pour les assassiner. Dee va mener l’enquête malgré les réticences de Pei et celle de Waner.

Detective Dee and the mystery of the Phantom Flame se transforme en film policier où l’enquête va avancer à coup de rebondissements. Il faut s’accrocher pour les suivre tous. Les informations n’arrêtent pas de tomber sur les tenants et aboutissants de ces crimes étranges. Tsui Hark place Dee dans la même situation que le spectateur qui découvre les indices en même que lui. Indices qui vont le mener dans les bas-fonds de l’empire, dans ses secrets de lutte de pouvoirs les plus sordides, puisque telle était l’époque. Il revisite cette période de complots où l’accession à la couronne d’une femme est vu par les notables comme la gangrène.

Il n’y aura guère que Dee et l’impératrice Wu à conserver leur noblesse d’esprit. Les autres personnages sont placés sous le signe de l’ubiquité. Pei avec sa chevelure blanche hésite entre servir loyalement Wu ou obéir aux ordres de Dee. Le personnage Waner est très ambigu. Elle n’hésitera pas à se donner à Dee dans une scène de prélude sexuelle peu torride, mais s’avèrera une manipulatrice dans les indices. Son existence même est sous le signe du masque et de la double personnalité. Dee lors de son enquête rencontre un mage exilé dans les bas-fonds. Donkey Wang, qui donnera une partie de l’explication des meurtres, est joué par deux acteurs Richard Ng puis Teddy Robin, qui fait, après Gallants, un joli come-back. Quant au personnage de Shatuo…

Après deux films contemporains (Missing, thriller mou et All about women comédie urbaine), Tsui Hark retrouve avec Detective Dee les costumes de cette Chine ancienne et mystérieuse qu’il a tant filmée. L’opposition très nette entre les deux mondes, celui du palais avec ses beaux drapés, son luxe et son apparat filmé de jour dans une lumière éclatante, contre celui des bas-fonds remplis de personnages sales, habillés de haillons et filmés dans une quasi obscurité, offre un panorama éclatant de son art de la mise en scène. Cette opposition permet également d’inverser les valeurs des personnages, de manière assez simple mais fonctionnelle.

Certes, Detective Dee ne renoue pas avec la force de certains de ses films précédents. Certains effets spéciaux demeurent encore visuellement indigestes. Mais parfois de beaux souvenirs reviennent en mémoire et l’on se dit que Tsui Hark est encore là. Comme dans cette scène où Dee et Waner, accompagnés de Donkey wang, doivent combattre un démon au visage caché. Des poutres sortent de l’eau pour les attaquer. Leurs lancées verticales viennent briser le cadre su cinémascope. Les personnages, en se battant, défient les lois de l’attraction. L’actrice Li Bing-bing du haut des statues des daims rappelle Brigitte Lin et le souvenir de Zu les guerriers de la montagne magique reviennent vite. Pour ces séquences, très belles chorégraphiées par Sammo Hung, on se dit que Tsui Hark n’est pas fini. Et cela donne de l’espoir.

Detective Dee, le mystère de la flamme fantôme (Detective Dee and the mystery of the Phantom Flame, 狄仁傑之通天帝國, Hong Kong – Chine, 2010) Un film de Tsui Hark avec Andy Lau, Li Bing-bing, Tony Leung Ka-fai, Deng Chao, Carina Lau, Du Yiheng, Richard Ng, Teddy Robin.

vendredi 15 octobre 2010

Génériques 8


La sortie de quelques films chez HK Vidéo permet de jeter un œil sur la compagnie Bo Ho Films qui, en une dizaine d’années à partir du milieu des années 1980, a produit une quarantaine de longs métrages. Essentiellement des comédies d’action et surtout beaucoup de films de ou avec Sammo Hung. Le logo de la Bo Ho est un amoncellement d’étoiles sur un ciel nocturne. Les lettres de la compagnie se forment sur une musique martiale. Un halo se forme derrière le logo offrant une gloire à la compagnie.