vendredi 22 octobre 2010

Je ne peux pas vivre sans toi


Ce film est inspiré de faits réels, lance un carton en début de film. Ce que l’on voit d’abord dans Je ne peux pas vivre sans toi, c’est un homme qui veut se suicider en sautant d’un pont. Il tient une fillette dans ses bras. La télévision est là, les téléspectateurs regardent un fait divers en train de se produire. La police tente de convaincre l’homme de ne pas sauter. Ce fou furieux, le film va faire découvrir sa vie, expliquer son geste dans un long flash-back.

Li Wu-hsiung (Chen Wen-pin), la quarantaine est un papa sans culture qui passe de petits boulots en jobs peu gratifiants. Il vit avec sa fille de sept ans qu’il n’a jamais songé à scolariser. Ce que les policiers de Taïwan vont lui reprocher. Mei (Chao Yo-hsuan) suit son père partout où il va. La mère n’est plus là et tous deux vivent dans un taudis au bord du port, dans un ancien entrepôt. Mai semble heureuse. Elle passe son temps à dessiner. Mais elle ne parle pas beaucoup, ce qui ne préoccupe pas le père.

La police exige que Mei aille à l’école. Wu-hsiung va au centre social pour l’inscrire. Là, il se rend compte que, bien que père biologique, il n’aurait pas du avoir la garde légale de Mei. Il ne s’était jamais marié avec la mère de la fillette, mère qui est, elle, encore mariée. L’administration exige que la mère et son époux viennent inscrire Mei. Wu-hsiung entre dans un imbroglio juridique qui le dépasse et qu’il ne comprend pas.

Son ami d’enfance Tsai (Liu Chin-ju) fort en gueule lui conseille d’aller voir à la capitale un conseiller du ministre qui vient de leur village. Juché sur sa moto, avec sa fille derrière lui, il va tout faire pour expliquer son problème. Mais il est très difficile d’ouvrir les portes du ministère et de se faire entendre. De la même manière, il tente d’alerter la presse, sans succès. Jusqu’à ce qu’il décide de menacer de se suicider avec sa fille, ce qui renvoie à la scène d’ouverture.

Leon Dai ne veut pas faire de son film un pamphlet contre l’administration ni le journalisme. Il ne stigmatise pas mais souligne avec douceur la douleur d’un homme incompris parce qu’il n’arrive pas à communiquer. Je ne peux pas vivre sans toi, avec son noir et blanc, insiste sur l’amour d’un père pour sa fille dans un pays où personne ne se soucie de l’autre. Avec son style lent mais qui va au bout de son sujet, Leon Dai évite le pathos et la mièvrerie. Il ne tombe pas dans le film à thèse et propose un film au réalisme troublant.

Je ne peux pas vivre sans toi (No puedo vivir sin ti ,不能沒有你, Taïwan, 2008) Un film de Leon Dai avec Chen Wen-pin, Chao Yo-hsuan, Liu Chin-ju.

Aucun commentaire: