La fumée sort de trois bâtons d’encens posés sur le sable d’un bonsaï. Elle parcourt la pièce où, sur un futon, dort un homme blond, torse nu et visiblement fatigué. La fumée d’encens continue son chemin en prenant la forme d’un dragon et finit son parcours autour de Bruce Lee ou plus exactement de sa figurine type headliner, conservé dans son paquet d’origine. L’encens anime Bruce Lee et sa vie peut commencer.
Le cinéaste d’animation Bruno Collet aime changer de registre. Après la noirceur du Jour de gloire, film en pâte à modeler sur la guerre des tranchées, il s’attaque à la figure légendaire du cinéma d’art martial dans Le Petit dragon, soit Bruce Lee. C’est surtout un hommage référentiel jouant sur l’imagerie de l’acteur qui est proposé dans ce court métrage. Un hommage à la fois drôle et désabusé sur l’époque qui se gave de registre post-moderne.
Bruce Lee apparaît dans sa fameuse combinaison jaune et nous donne son cri de combat quand il se frappe le poitrail. C’est un petit circuit électrique qui permet ce cri. La figurine va se déplacer dans la chambre, croiser un portrait géant de Chuck Norris et l’abattre en deux secondes. Puis un robot mécanique va l’agresser. Ni une, ni deux, il se saisit d’une bougie d’anniversaire et en fait un nunchaku. Finalement, il rencontre son double dans un jeu vidéo, ce qui provoquera sa perte. Le film disant bien que jamais les consoles de jeux ne remplaceront les films.
Le Petit dragon ne montre pas un simple plan de la cinéphilie, celui des salles de quartier, de cette mode si actuelle qui vénère les acteurs que nos parents méprisaient. Bruce Lee et sa figurine vont sous le lit du mec, un lit comme hanté, comme ravagé par la guerre des cinéphiles de piles de revue dédiés aux stars américaines de l’âge classique. Toutes ces vedettes que l’homme couché a sans doute aimé mais qu’il a abandonnés et oubliés. C’est un joli petit film sur le cinéma qui reste, qui part et qui revient. Un joli film sur la cinéphilie.
Le Petit dragon (France, 2009) Un film de Bruno Collet.
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