vendredi 7 août 2009

Encyclopédie 1958 - 1960

Les Cahiers du cinéma continuent le travail de sape concernant les films japonais. Il n’y aura pas un seul texte valable écrit sur un des films sont sortis en trois ans. Rien sauf sur les trois Mizoguchi. Si l’on lit le texte de Truffaut sur Passions juvéniles, on peut surtout y trouver, entre les lignes, un discours de la méthode du jeune cinéaste. Truffaut en pleine préparation des 400 coups, livre son opinion sur ce doit être un film selon lui. C’est du coup très intéressant, mais il ne voit le film – et l’apprécie – que sous l’angle du producteur. Akira Kurosawa qui a pourtant quelques uns de ses meilleurs films dans cette période ne voit toujours aucun de ses films distribués en salles depuis Les Sept samouraïs. Bref, tout va bien.


1958


La Montagne sauvage (白い山脈, Japon, 1957)

Sortie en France : 5 mars 1958

Un film de Sadao Imamura. Documentaire


Passions juvéniles (狂った果実, Japon, 1956)

Sortie en France : 9 avril 1958

Un film de Yasushi Nakahira avec Yujiro Ishihara, Masahiko Tsugawa, Miye Kitahara.

Commentaire : Le personnage de la fille est remarquable. Au début, lorsque les deux garçons la rencontrent sur le quai de la gare, corsage blanc, jupe large, lunettes noires, nous croyons réellement, comme eux, à une mélusine prestigieuse, inaccessible. Plus tard, nous devinons qu'elle est amoureuse de Haruji, le frère timide, mais pour ce qui est de sa virginité, nous en donnerions notre tête à couper (si l'on m'avait pris au mot, j'en serais réduit à écrire cet article avec mes pieds comme Ishihara ses nouvelles !) Plus tard seulement nous la verrons mariée et si juste encore dans cette scène que nous nous reprocherons de ne pas l'avoir devinée ; pour acheter le silence du frère audacieux, elle se donne à lui, et enfin au timide qui I'aima d'emblée. Elri, car elle s'appelle ainsi, n'a rien d'une garce ; nous acceptons vraiment comme autant d'évidences, qu'elle soit, 1° mal mariée, 2° amoureuse du timide Haruji pour la pureté de son cœur, 3° et de l'audacieux Natshuhisa pour la fougue de son corps. Rien d'agressif, ni de paradoxal : Vadim est battu sur son propre terrain, car Nakahira, le réalisateur, n'a aucun effort à accomplir pour que nous sympathisions en toutes circonstances avec ses personnages.

La mise en scène est admirable d'invention et de non-conformisme, Presque tous les raccords sont faux, tout simplement parce que les plans se suivent et ne se ressemblent pas ; c'est une mise en scène manifestement improvisée, pleine d'idées imprévisibles avant le tournage et si évidemment spontanées que l'on ne saurait les indiquer sur un script.

Dans la plupart des films, un beau plan est amené par deux plans inintéressants et suivi de deux autres également inintéressants, afin que tout cela « raccorde » harmonieusement et coule dans le moule du film comme une mayonnaise perpétuelle. Nakahira procède autrement ; ayant à filmer un couple couché sur le sable, il lui vient à l’idée de montrer la fille, comme on pourrait la voir en s'allongeant derrière elle : perspective oblique sur son corps, petit coup d'œil par l'interstice du maillot entre les seins ; joli point de vue, inédit à l'écran. Ayant filmé cela, il cadre maintenant verticalement des regards ; un regard du garçon vers la fille qu'il croit endormie ; euphorie du garçon ; puis, un regard de la fille vers le garçon qui tient ses yeux fermés ; puis, la caméra revenant derrière le couple, par terre, petit mouvement de la main de la fille qui, de sa cuisse, frôle celle du garçon ; plan du corps du garçon légèrement en biais et, très discrètement son slip bosselé.

François Truffaut, Cahiers du cinéma N°83 Mai 1958


Filles à soldats (女の防波堤,, Japon, 1958)

Sortie en France : 19 novembre 1958

Un film de Kiyoshi Komori avec Kimiko Obata, Toshio Hosokâwa, James P. Hughes.

Résumé : En 1945, poussées par la misère, la peur, voire par le patriotisme, des femmes japonaises acceptent de se prostituer dans les maisons ouvertes aux troupes

américaines. Le lendemain les clients arrivent, presque tous ivres. Kiyoto, une jeune veuve, ne peut accepter sa déchéance et se jette sous un train. Fumika, bouleversée par la mort de son amie, s’enfuit, mais bientôt est obligée de s'engager dans une maison similaire. Un jeune aviateur américain, Brown, s'éprend d'elle et l'épouse. Hélas, Brown est tué en 1930, au cours de la guerre de Corée au moment où elle met au monde une petite fille, Mary. Forcée de se séparer de l'enfant, elle tombe entre les mains du trafiquant Sugita, qui lui donne l'habitude de la drogue. Transportée dans un hôpital, elle est désintoxiquée grâce aux soins du docteur Sakata qui à son tour, s'éprend d'elle et l'épouse. Sakata apprend, par la suite le triste passé de Fumiko et la rejette. Elle se trouve de nouveau à la rue et, à bout de forces, pense à se suicider. La pensée de sa fille l'en empêche. Elle va donc retrouver la petite Mary. Elle reçoit ainsi.

Magashi un garçon qui a connu comme Fumiko une vie dégradante et qui l'aime cependant toujours. Puisqu'ils n'ont rien à se cacher de leur passé, ils unissent leurs infortunes.


Le Christ en bronze (青銅の基督,, Japon, 1955)

Sortie en France : 3 décembre 1958

Un film de Minoru Shibuya avec Osamu Takizawa, Eiji Okada, Shinobu Araki, Kyoko Kagawa, Akira Ishihama, Kinzo Shin, Isuzu Yamada.

Résumé : Il y a trois cents au Japon, tous ceux qui croient en Christ sont torturés. Pour les détecter, on oblige les suspects à fouler aux pieds des images saintes. Ceux qui refusent signent leur arrêt de mort. Mais les reliques sont rares et vite détériorées. Aussi l’épreuve est jugée peu efficace. Le Père Ferrara (Osamu Takizawa) reniant son Dieu et ses frères suggère de faire fabriquer un Christ en bronze. Ignorant la destination véritable de cette commande, le jeune graveur se met au travail. Son talent et l’amour qu’il porte à une jeune chrétienne lui font réaliser un chef d’œuvre. De nombreux chrétiens refusent d’abjurer et de souiller l’image de bronze. Ils sont liés sur des croix et brulés vifs. Le graveur qui assiste impuissant au supplice de son amoureuse a beau rejeter avec rage cette reproduction d’un Dieu auquel il ne croit pas et qui a provoqué le martyre de celle qu’il aime. Il est percé de lances, les autorités n’ont pas voulu croire qu’une œuvre aussi belle fut celle d’un incroyant.


L’Homme au pousse-pousse (無法松の一生, Japon, 1958)

Sortie en France : 12 décembre 1958

Un film de Hiroshi Inagaki avec Toshirô Mifune, Hideko Takamine, Yoshiko Yoshioka, Hiroshi Akutagawa, Chishu Ryu, Chouko Iida, Haruo Tanaka, Jun Tatara, Kenji Kasahara, Kaoru Matsumoto, Nobuo Nakamura, Ichirô Arishima, Chieko Nakakita, Seiji Miyaguchi.

Résumé : Pousse-pousse analphabète, toujours prêt à la bagarre, Matsu dit sans-peur (Toshirô Mifune) a mauvaise tête mais bon cœur. Apercevant un enfant craintif et chétif, Toshiro, il le pousse à se mêler aux jeux des ses intrépides camarades. Toshiro se blesse et Matsu le ramène chez sa mère, va chercher le docteur, refusant tout dédommagement. En rentrant chez lui, le père de Toshiro, valeureux officier, n’a pas de peine à reconnaître à la description le fameux Matsu qu’il a connu. Il l’invite à sa table et, malgré la différence de classe, le traite en ami. Hélas, le sympathique officier meurt. La jeune veuve demande à Matsu de faire du frêle Toshiro un garçon robuste.


Couverture des Cahiers du cinéma, la première consacrée à un film japonais


1959


La Fille aux cheveux blancs (白毛女, Chine, 1950)

Sortie en France : 14 janvier 1959

Un film de Wang Pin (Wang Bin) et Chouei Houa (Shui Hua) avec Tchao Lou, Tchang Chouwei, Tien Houa, Hou Peng, Li Powan, Tchen Tsiang, Li Jenlin, Li Po, Kouan Lin, Tchang Ying.

Résumé : Enfants de misérables fermiers exploités par la riche famille Huang, la jolie Hsi Erh (Tien Houa) et le courageux Ta Tchouen (Li Powan) sont fiancés. Le fils Huang (Tchen Tsiang), qui convoite Hsi Erh, oblige la jeune fille à entrer à son service en paiement d'une dette paternelle. Désespéré, le vieil homme se suicide en avalant de la soude. Si elle accepte d'être servante, servante humiliée et maltraitée, Hsi Erh se refuse à Huang; celui-ci la viole. Les fiancés veulent fuir mais Ta Tchouen est chassé a coups de révolver. Hsi Erh étant enceinte de ses œuvres, l’odieux Huang la vend à un marchand d’esclaves. Hsi Erh réussit à semer ses poursuivants. Elle se réfugie en montagne. Et, seule, met au monde dans une grotte glacée, un enfant qui meurt. Pour survivre, elle vole du feu et des offrandes alimentaires à un temple proche. Ses cheveux ont blanchi, prématurément et les paysans parlent d'une « déesse aux cheveux blancs ». Ta Tchouen, qui à réussi à rejoindre l'armée rouge, devint officier. Il revient dans le village et va arrêter les sinistres Huang. Ceux-ci, ont

l'habileté de faire croire aux paysans que la déesse les anéantira s’il leur arrive malheur. Ta Tchouen décide alors d’éclaircir le mystère et retrouve ainsi sa bien-aimée Hsi Erh. Les Huang paieront leurs crimes.


Les Contes de la lune vague après la pluie (雨月物語, Japon, 1953)

Sortie en France : 18 mars 1959

Un film de Kenji Mizoguchi avec Machiko Kyō, Kinuyo Tanaka, Mitsuko Mito, Masayuki Mori, Eitaro Ozawa, Ikio Sawamura, Kikue Mori.


Rodan (空の大怪獣 ラドン, Japon, 1956)

Sortie en France : 1er avril 1959

Un film de Inoshiro Honda avec Kenji Sahara, Yumi Shirakawa, Akihiko Hirata, Akio Kobori, Yasuko Nakata, Minosuke Yamada, Yoshifumi Tajima, Kiyoharu Onaka.


L’Homme H (と液体人間, Japon, 1958)

Sortie en France : 5 juin 1959

Un film de Hinoshiro Honda avec Yumi Shirakawa, Kenji Sahara, Akihiko Hirata, Koreya Senda, Makoto Satô, Yoshifumi Tajima, Eitarô Ozawa, Yoshio Tsuchiya, Kamayuki Tsubono, Tadao Nakamaru, Nadao Kirino.


L’Impératrice Yang Kwei Fei (楊貴妃, Japon, 1955)

Sortie en France : 24 juin 1959

Un film de Kenji Mizoguchi avec Machiko Kyô, Masayuki Mori, Sô Yamamura, Eitarô Shindô, Eitarô Ozawa, Haruko Sugimura, Yôko Minamida, Bontarô Miyake, Tatsuya Ishiguro, Michiko Ai, Noboru Kiritachi, Osamu Maruyama, Isao Yamagata.


Viol au japon

Sortie en France : 4 novembre 1959

Un film Keiji Matsuzaki et Hiroshi Onazawa avec Michiko Maeda, Ken Utsui, Susumu Suzoka.

Résumé : Le directeur d’une importante société fait accuser l’un de ses employés de meurtre et de vol avant de partir en tournée avec la fiancée de son employeur. Il convoite la jeune fille qui lui échappe sur le bateau en se jetant à la mer. Sur une île, elle est recueillie par cinq pêcheurs naufragés, deux bons qui la protègent, et trois méchants qui tentent de lui faire subir les derniers outrages.


Prisonnière des Martiens (空の大怪獣 ラドン, Japon, 1957)

Sortie en France : 2 décembre 1959

Un film de Hinoshiro Honda avec Kenji Sahara, Yumi Shirakawa, Momoko Kôchi, Akihiko Hirata, Takashi Shimura, Susumu Fujita, Hisaya Ito, Yoshio Kosugi, Fuyuki Murakami, Tetsu Nakamura, Yoshio Tsuchiya, Yutaka Sada, Ren Imaizumi, Takeo Oikawa, Tadao Nakamaru


Couverture de Télérama, première version, N° du 5 juillet 1959

1960


Vingt quatre prunelles (二十四の瞳, Japon, 1954)

Sortie en France : 10 février 1960

Un film de Keisuke Kinoshita avec Hideko Takamine, Yumeji Tsukioka, Takahiro Tamura, Toshiko Kobayashi.

Commentaire : Keisuke Kinoshita prend un village de pêcheurs de l’île Shodo comme décor, une institutrice et ses douze élèves comme témoins. A l'immobilité du décor s'oppose le vieillissement et la vulnérabilité des témoins.

L'admirable est que cette quête dans le temps mesurable n'ordonne pas les souvenirs en fonction des personnages. Les souvenirs sont libres, indépendants de tout ce qui vit. La mémoire n'est pas instable, troublée, incomplète ; au contraire c'est un tout, elle ne s'épuise pas en visées qui s'effacent dans l'instant. C'est une mémoire d'arbre, de montagne, celle de la terre et de la mer, la mémoire de l’île. Son appréhension des êtres et des choses est totale, sa perception ne renvoie point à d'autres perceptions. Elle est immanente à la nature.

Et c'est cette nature, et les paysages, qui commandent. Ces ciels gris et humides, ces courses d'enfants à travers champs, les retours de l'école sur les routes campagnardes, la mer, la pluie, les collines brumeuses dans le lointain, voilà ce qui demeure.

Keisuke Kinoshita s'attache à la modestie de la vie et au bonheur de l'instant dans l’équilibre des éléments, dans la paix d'un univers reconnu, et qui ne s'étend point au-delà des limites de l’île. Ceux qui partent ont toujours tort. Seule est juste l'humble et heureuse soumission à la simplicité de la marche humaine vers le repos, vers une non-souffrance qui n’est point une résignation, mais une conquête.

Le film est ainsi fait d'émotions fugitives et timides, et d'une extrême délicatesse. C'est doux et grave, de cette gravité de l'enfance, et c'est d'une tristesse gracieuse, celle des plaisirs passés, mais qui recommencent toujours, des rêves qui s'effacent, mais dont on garde longtemps les traces sacrées.

Pierre Marcabru, Cahiers du cinéma N°106 avril 1960


Pigalle à Tokyo (嵐を呼ぶ男, Japon, 1957)

Sortie en France : 1er juin 1960

Un film de Umetsugu Inoue avec Yûjirô Ishihara, Kyoji Aoyama, Fukuko Sayo, Mie Kitahara, Masumi Okada, Yumi Takano, Izumi Ashikawa, Zenji Yamada, Keiko Amaji, Mari Shiraki, Toshio Oida, Nobuo Kaneko.


L’Invincible Spaceman (鋼鉄の巨人, Japon, 1957)

Sortie en France : 6 juillet 1960

Un film de Teruo Ishii avec Ken Utsui, Junko Ikeuchi, Minoru Takada, Ryo Iwashita, Minako Yamada, Utako Mitsuya, Shôji Nakayama, Jôji Ôhara.


L’Etrange obsession (, Japon, 1959)

Sortie en France : 30 septembre 1960

Un film de Kon Ichikawa avec Machiko Kyô, Ganjiro Nakamura, Junko Kano, Tatsuya Nakadai, Jun Hamamura, Tanie Kitabayashi, Mayumi Kurata, Kyu Sazanka, Ichirô Sugai, Mantarô Ushio.


L’Intendant Sansho (山椒大夫, Japon, 1954)

Sortie en France : 5 octobre 1960

Un film de Kenji Mizoguchi avec Kinuyo Tanaka, Yoshiaki Hanayagi, Kyôko Kagawa, Eitarô Shindô, Akitake Kôno, Masao Shimizu, Ken Mitsuda, Kazukimi Okuni, Yôko Kosono, Noriko Tachibana, Ichirô Sugai, Teruko Omi, Masahiko Kato.

2 commentaires:

victor a dit…

remarquez que meme actuellement les films asiatique sont tres mal distribués dans les salles de ciné...
heureusement qu'il y a le dvD et des collections comme celle de jean pierre dionnet ou le cataloque wild side mais là autre problème , le prix des dvd, au rayon dvd asiatique de la fnac, parfois c'est prohibitf...

heureusement qu'il y a des forum de fansub et le directdownload......regardez celui ci vous y trouverez pas mal de films
http://forum.subwawa.com/index.php

Anonyme a dit…

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