vendredi 30 avril 2010

Taoism drunkard


Hier soir, je suis allé à une soirée nanarland.com à Grenoble. Au programme, un long métrage français Il était une … le diable de Bernard Launois (1985). Comme à leur habitude, l’équipe des amateurs du cinéma navrant mais rigolo présentait un montage d’extraits de quelques nanars et parmi eux une minute de Taoism drunkard où l’on voyait un homme se battre contre une sorte de petit robot. Ce qui frappait était que cet extrait semblait bien moins mauvais que les autres moments montés avant et après. Et je suis donc allé voir ce film cantonais. Je n’ai pas été déçu du voyage.


A cette époque bénie, le cinéma cantonais est en pleine vague de la kung-fu ghost comédie dont le fleuron sera L’Exorciste chinois de Sammo Hung ou The Dead and the deadly de Wu Ma. Pour résumer, le genre bâtard comprend du kung-fu, des fantômes, des ghoules ou des vampires et bien-sûr des morceaux de comédie. Dans Taoism drunkard, ce sont trois frères de la prolifique famille Yuen qui se charge de divertir le public. Corey Yuen est à l’action (nombreuse) et Yuen Cheung-yan à la réalisation et au rôle titre qui évoque bien entendu celui de son père, Simon Yuen, dans Drunken master de Yuen Woo-ping qui ne fait rien dans ce film.



Je défie quiconque de raconter l’histoire. Je ne suis pas certain que les frères Yuen l’aient compris ou même lu ce scénario qui part dans tous les sens et qui pourrait se résumer ainsi : un très, très méchant démon au rire sardonique (Yuen Shun-yi) veut s’emparer d’un talisman pour prendre le pouvoir. Il fait peur avec ses longs cheveux péroxidés sans doute inspirés par le dernier clip de Wham ! Les gentils dont Wu Shun-chiu (Yuen Yat-choh) doit faire cesser cette mise en péril. Et puis il y a la grand-mère interprétée par Yuen Cheung-yan lui-même, vieille vacharde qui fait des tours pendables à tout le monde.


Le réalisateur incarne également un autre personnage, celui du vieux taoïste soûlard qui va finalement permettre de sauver le monde des assauts du démon. L’acteur aime se grimer, les maquillages et les déguisements sont très nombreux et kitsch. Il s’est même fait poser une paire de dents de lapin pour s’enlaidir (l’affiche hongkongaise met d’ailleurs en avant cette difformité). Enfin, il y a le monstre tout rond qui défend le talisman. Je ne sais pas si c’est un nain ou un enfant qui se glisse dans cette boule, mais il en fait des bonds. La boule a des grandes dents et tente d’arracher le pantalon du démon au niveau de ses parties intimes. C’est très rigolo.



Quand les acteurs ne passent pas leur temps à se battre dans des chorégraphies approximatives filmées à grands coups de zoom sur une musique tonitruante, ils hurlent leurs dialogues censés faire avancer l’histoire dans laquelle on se perd très vite. L’humour énorme de Taoism drunkard joue beaucoup sur les grimaces des acteurs et des actrices. Les coups de pied au cul et les chutes sont légion. Les effets spéciaux abondants offrent de grands moments pyrotechniques. On est cependant très loin de la poésie de Zu les guerriers de la montagne magique. Bref, pour rester modéré, je dirais que Taoism drunkard est un tantinet décousu et exubérant.


Taoism drunkard (鬼馬天師, Hong Kong, 1984) un film de Yuen Cheung-yan avec Yuen Yat-choh, Yuen Shun-yi, Yuen Cheung-yan, Jue Hoi-ling, Yen Shi-kwan, Tai Po, Hilda Liu, Siu Foo-dau, Tsui Oi-sam, Mandy Chan, Mai Kei, Wong Yiu, Hoh Tin-shing, Lam Gwong-wing, Lo Pi-Ling.

Aucun commentaire: