Dans un entretien accordé aux Cahiers du Cinéma lors de la sortie en salle de L’Hirondelle d’or, Cheng Pei-pei racontait sa déception d’avoir eu un si petit rôle dans Tigre et dragon. C’est sans doute la raison pour laquelle l’actrice a décidé de produire Flying dragon leaping tiger au titre anglais fort similaire au film d’Ang Lee. C’est autour de son personnage que se lance le récit, même si elle n’apparait que dans la première demi-heure. C’est atour de son histoire et d’une scène primitive que le destin des autres protagonistes va se jouer. Vingt ans avant le récit principal, Yian (Cheng Pei-pei) est assaillie dans une petite maison en plein désert par des soldats. Elle a deux enfants et doit les sauver d’un incendie. Seule sa fille en réchappe. Le reste du film consiste à assouvir sa vengeance.
Sur son chemin, elle va rencontrer un prisonnier. Pak (Fan Siu-wong) va la suivre après qu’elle ait tué tous les gardiens armée de son seul sabre. Elle y sera blessée. Tout le film se déroule dans le désert de Gobi, ce qui évite d’avoir à construire le moindre décor à l’exception d’une séquence dans une auberge (forcément en hommage à King Hu) où elle retrouve Yang (Sammo Hung qui est étrangement doublé) qui est le père de sa fille. Yang est accompagné d’un de ses disciples, son meilleur ami en fait qui régulièrement donne un proverbe loufoque (les seuls gags du film) devant le visage affligé de Yang. Yian refuse de discuter avec son ancien époux et repart dans le désert où elle va affronter la dangereuse bande de Kiu Yu (Kiu Jan-yu) qui cherche à venger son père. Double vengeance donc. Yian meurt dans le désert après avoir reçu les soins de Pak, dans une cavité qui s’ouvre sous leurs pieds dont on n’a pas compris comment ils y avaient accédé.
Pak qui dans ce combat a reçu un apprentissage express change de fringues (quelques bouts de tissus), se recoiffe et part chercher la fille de Yian sur son cheval. Dans le même temps, Yang est aussi parti sur les traces de sa fille (qui elle l’ignore). Arrivés sur place, ils se rendent que Long (Jade Leung) n’est pas une fille commode. Impulsive, elle préfère donner des coups et poser des questions après. La fougue de la jeunesse ! Yang va tenter de contrôler ce trop plein d’énergie, il la raisonne mais rien n’y fait, elle part chercher la bagarre persuadée d’être la plus forte. Il y aura de nombreux combats, beaucoup de philosophie de bas étage et une révélation que l’on avait deviné (en fait, le deuxième enfant n’était pas mort, tout ça pour ça !)
Le film souffre de son absence de budget qui en comparaison de n’importe quel wu xia pian de cette époque lui enlève tout charme. Le film joue sur un certain effet de nostalgie, un retour vers l’aridité de King Hu, bien plus que vers l’imagerie des Shaw Brothers ou l’énergie des productions de Tsui Hark. Mais tout apparait comme ringard et mal fichu. Les deux effets spéciaux (une tornade qui s’abat, une tour qui s’écroule) font rigoler. L’autre souci majeur est celui de l’interprétation où chaque acteur surjoue, Cheng Pei-pei en tête qui dramatise la douleur de sa blessure. Jade Leung finit par fatiguer dans son personnage qui perpétue une vengeance au-delà des générations.
Flying dragon leaping tiger (龍騰虎躍, Hong Kong, 2001) Un film d’Allan Lan avec Sammo Hung, Fan Siu-wong, Jade Leung, Cheng Pei-pei, Yuen Lai-kai, Kiu Jan-yu, Hui Gwoh, Bai Jun-jie, Mao Kit, Tung Ken-lan.
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