mercredi 29 février 2012

Shaolin



Le général Hou Jie (Andy Lau) veut le pouvoir, tout le pouvoir et ne pas le partager. Il est un homme de guerre et mène ses batailles impitoyablement en tuant ses ennemis. C’est une période trouble pour la Chine, une bataille d’influence en ce début de 20ème siècle. Le seul socle de stabilité semble être le temple de Shaolin, unique décor du film de Benny Chan. Son destin, on le connait, sera d’être brûlé, Shaolin est le récit de ces derniers jours du temple. L’ouverture est filmés avec les mêmes intentions de noirceur que Les Seigneurs de la guerre de Peter Chan, des cadavres gisent au sol dans une atmosphère grisâtre. Contre toutes les conventions, Hou Jie va jusqu’à tuer dans l’enceinte du temple le chef des troupes qu’il combattait, malgré les appels à la raison des moines.

Hou Jie a trois ennemis dans le film. Tout d’abord, son « frère », le général Song (Shi Xiao-hong), à la fois allié (ils souhaitent que leurs enfants respectifs se marient) et adversaires (lequel des deux pourra devenir le chef de la ville qu’ils viennent de prendre aux ennemis). Hou Jie a décidé d’assassiner son compagnon d’armes lors de la cérémonie du mariage. Trahi par son propre ami, Song affirme dans un dernier geste d’agonie qu’il voulait lui céder la ville, prendre sa retraite et quitter la guerre. Mais le complot ne se passe pas comme Hou Jie l’entendait car un autre de ses ennemis cherche à lui piquer sa place. Tandis que cet ennemi l’assaille, la fillette de Hou Jie est blessée et immédiatement emmenée au temple Shaolin pour y être soignée. C’est un mouvement de scénario bien connu pour apporter un peu d’émotion à bon compte, le guerrier sanguinaire qui retrouve un peu d’humanité devant la mort d’un enfant. Gros plans sur les larmes, sur les visages tordus de douleur, musique qui dramatise cette douleur.

La brutalité de Hou Jie et son absence de pitié se retournent contre lui. Il est désormais traqué par le fomenteur du complot qui n’est autre que Tsao Man (Nicholas Tse), son second mais aussi son homme à tout faire que Hou Jie traitait comme un moins que rien. Cabotinant du mieux qu’il puisse, Nicholas Tse campe un méchant comme on n’en voyait plus depuis un bon moment : rire sardonique, détachement dans ses affirmations de devenir le maître du monde suivi d’excessifs accès de violence où il abat ceux qui contestent ses décisions. C’est un méchant au-delà de la caricature qui décide de piller la région de ses trésors nationaux et de tuer les témoins (les ouvriers qui sont allés creuser les tombes des empereurs). Les scènes d’exécutions sommaires sont particulièrement pénibles et racoleuse comme en est la raison scénaristique : tout cela est évidemment la faute des étrangers qui veulent envahir la Chine et corrompe le jeune général. Sur le plan du nationalisme, le film est puant, une habitude de plus en plus courante.

Mais le vrai ennemi de Hou Jie est lui-même. Il souhaite devenir moine à Shaolin. Compte tenu de ses faits d’arme, deux moines ont du mal à accepter ce retournement. Ce sont Jing Neng (Wu Jing) et Jing Kong (Xing Yu) adeptes des arts martiaux qui sont convaincus que le cœur du désormais ex général ne peut pas se purifier. Bien entendu, ils se trompent lourdement. Et c’est avec l’aide du cuisinier du temple (Jackie Chan) qui manie le wok comme d’autres le sabre que Hou Jie va s’humaniser au contact des jeunes enfants moines et apprendre le sens de la vie. Il faut reconnaitre que dans ce déluge de conventions scénaristiques, de personnages caricaturaux à l’extrême et de combats martiaux chorégraphiés par Corey Yuen, le personnage comique de Jackie Chan apporte un peu d’air frais. Mais ça ne suffit à palier la lourdeur de Saholin et son esprit rance.

Shaolin (新少林寺, Chine – Hong Kong, 2011) Un film de Benny Chan avec Jackie Chan, Nicholas Tse, Fan Bing-bing, Andy Lau, Wu Jing, Yu Shaoqun, Xing Yu, Yue Hoi, Hung Yan-yan, Bai Bing, Shi Xiao-hong, Sang Wei-lin.

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