Naomi Kawase aime la montagne et tente maintenant d’en sonder l’esprit. Une voix off sur fond de monts brumeux nous parle du temps des Dieux, des hommes qui se battent pour se disputer les femmes. Régulièrement, un râle se fait entendre, sourd et mystérieux. Hanezu l’esprit des montagnes déploie avec des éléments très simples un univers qui tend à s’approcher du fantastique, on croise dans des plans très sombres des insectes sur un tronc d’arbre, ici une toile d’araignée ensoleillée, plus loin un peu de pluie sur les flancs d’une rizière. La nature est là, en train de vivre éternellement, sans se soucier du reste.
Le reste, ce sont les personnages du film de Naomi Kawase. Elle en filme d’abord les gestes du quotidien. Kayoko (Hako Oshima) est artisane, elle prépare des foulards qu’elle teint avec une décoction de fleurs. Son visage ne rayonne pas, ses gestes sont mécaniques. Elle vit dans une jolie maison de leur bourgade avec Tetsuya (Tetsuya Akikawa), publicitaire qui doit partir une semaine dans la grande ville pour rencontrer ses clients. Il mange bio, il vante les qualités de ces si belles tomates qu’il a acheté le matin. Ils ont voulu leur vie au plus près de la nature mais elle semble s’ennuyer.
Kayoko a un amant Takumi (Tohta Komizu), un homme des bois, encore célibataire au grand dam de son grand-père qui souhaite lui trouver une épouse. Il vit dans la montagne dans une cabane. Il lui prépare un plat de légumes cuits au feu de bois et qu’il sert dans une buche creusée au milieu. Elle lui annonce qu’elle est enceinte. Il va devoir faire face à cette nouvelle. Un couple d’hirondelles niche dans sa cuisine, ils volent librement, symbolisant la liberté de Takumi. A l’opposé, chez Kayoko, un canari est enfermé dans une cage, seul, voletant sans but. Symbolique un peu lourde et très signifiante.
Autre symbolique un peu poussive, celle de l’éternité et du temps qui passe avec un personnage d’archéologue (Akaji Maro) qui fouille les vestiges de la capitale primitive du Japon (le film est dédié à toutes les âmes perdues de cette ville). Cet archéologue discute avec un soldat fantôme qui se promène et qui l’avait initié, jadis, à l’étude des pierres. Pour tout dire, la recette (puisqu’on parle beaucoup de cuisine dans Hanezu) ne prend pas. Il faut en plus supporter une caméra à l’épaule hésitante (encore une fois l’effet du réel apparait comme le nouvel académisme) et une lumière crue particulièrement fastidieuse.
Hanezu, l’esprit des montagnes (朱花の月, Japon, 2011) Un film de Naomi Kawase avec Tohta Komizu, Hako Oshima, Tetsuya Akikawa, Akaji Maro, Taiga Komizu, Kirin Kiki, Norio Nishikawa, Miyako Yamaguchi, Sen-nosuke Tanaka.
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