jeudi 28 juillet 2011

Sorties à Hong Kong (juillet 2011)

Wu Xia (武術, Hong Kong – Chine, 2011)

Un film de Peter Chan Ho-sun avec Donnie Yen, Takeshi Kaneshiro, Tang Wei, Zheng Wei, Li Jiamin, Jimmy Wang Yu, Ethan Ruan, Kara Hui, Chun Hyn, Jiang Wu, Li Xiao-ran, Wan To-shing. 115 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie à Hong Kong : 28 juillet 2011.






mardi 26 juillet 2011

The Murderer


Coup sur coup, il est sorti en France (comme en Corée d’ailleurs) J’ai rencontré le diable et The Murderer et il est très facile de les comparer. Durée similaire, effets sanguinaires garantis, poursuite acharnée entre deux hommes. Et de toute façon, comment ne pas comparer deux films coréens de cette nouvelle génération puisqu’il n’en sort que très peu. Seulement voilà, les deux films ne se ressemblent pas franchement. The Murderer commence dans une petite bourgade en Chine où les habitants sont d’expression coréenne. Gu-nam (Ha Jeong-woo) s’exprime en voix off. On ne va plus le lâcher pendant une heure.

Il dépense tout son argent au mahjong. Et il se fait chaque jour plumer. Il est chauffeur de taxi ce qui consiste dans ce lieu à aider les gens à porter leurs courses. Sa femme est partie travailler en Corée et leur petite fille est gardée par la mère de Gu-nam. Bref, il ne vit pas, il survit. Le style de Na Hong-jin n’a pas changé depuis The Chaser, caméra souple portée à l’épaule, montage vif voire saccadé. C’est ce qu’il raconte qui est à l’opposé de son précédent film. Il plonge le spectateur au cœur de son récit, suit son personnage de manière intense qui sera de tous les plans. On se croirait dans un film des frères Dardenne.

L’obsession de notre héros loser est de gagner de l’argent pour aller en Corée chercher sa femme. Myeon (Kim Yoon-seok) lui propose un marché. Il sera acheminé clandestinement à Séoul où il devra abattre un homme. Là-bas, on lui donnera des renseignements sur où se trouve sa femme. Il accepte. On le balade d’indices pourris en pistes épuisées, sa femme n’est nulle part où il se rend. Le soir, il surveille sa future victime, dans le froid glacial de l’hiver. Il pense beaucoup à ce qui a pu arriver à sa femme. Il imagine que le meurtre va se dérouler facilement un coup de couteau dans le ventre, il tranche un doigt en guise de preuve et à lui le bonheur. Rien ne va se passer comme prévu.

Cette première heure est haletante et bien mise en scène. Les deux éléments familiaux et criminels sont liés pour donner un suspense éprouvant. On apprend que homme à tuer est cocu, son épouse couche avec Kim (Jo Seong-ha), un mafieux local, qui a commandité le meurtre. Mais son homme de main a aussi prévu de le tuer. Dans la plus grande confusion, Gu-nam regarde l’homme se faire tuer et fonce dans le tas. La police arrive. Tout cela se termine par une course poursuite nocturne dans les rues désertes de Séoul. Gu-nam est devenu un homme aux abois, il va devoir se cacher. The Murderer est alors un film jouissif d’une manière très perverse. On se prend de sympathie pour Gu-nam pris dans l’étau entre la mafia qui l’a piégée et la police qui le traque.

Il aurait été formidable que le film continue de cette manière, que Na Hong-jin mette en scène son final avec la même intensité. Il n’en sera rien. Il reste encore 90 minutes. Gu-nam va passer de cachette en cachette mais le film le suit moins. Les personnages de Kim et Myeon prennent le relai du point de vue narratif. Le problème est double dans cette longue et deuxième partie. D’abord, les motivations (l’adultère) des méchants sont minces et forcent le scénario. Ensuite, The Murderer retombe dans le gore le plus commun. Et que je te plante mon couteau acéré dans le bide, et que je t’écrase la tête avec mon marteau, et que je t’aplatis la jambe avec ma bagnole. La portée sociale des déclassés du miracle économique s’évapore au profit d’un polar commun. Puisqu’il s’agit de cela en fin de compte, de ces gens prêts à toucher un peu d’argent pour s’en sortir. J’espère sincèrement que pour son prochain film, Na Hong-jin ne cédera pas à cette tentation.

The Murderer (Yellow sea, 황해, Corée, 2010) Un film de Na Hong-jin avec Ha Jeong-woo, Kim Yoon-seok, Jo Seong-ha, Lee Cheol-min, Kwak Byeong-gyoo, Lim Ye-won.

lundi 25 juillet 2011

Happy flight


Destination Honolulu. L’avion doit décoller de l’aéroport Haneda de Tokyo avec à son bord un co-pilote inexpérimenté et une hôtesse de l’air qui effectue son premier vol international. Ce sont ces deux personnages qui vont servir de fil conducteur pour Happy flight, assez différent de Waterboys et Swing Girls, mais qui reste une comédie avec un soupçon de suspense, puisque dès le début on comprend que l’avion va avoir un petit problème mécanique.

Soit donc un co-pilote qui doit assurer la liaison mais qui vient de se planter lamentablement à son cours de pilotage. On l’a vu s’écraser dans l’eau dans la séquence d’ouverture tandis qu’il s’entrainait au simulateur de vol. Il ne se sent pas du tout en confiance. Soit aussi une jeune hôtesse de l’air à qui on annonce qu’elle va devoir travailler dans l’équipe d’une chef plutôt stricte. Le premier fera le lien avec la tout de contrôle et l’aéroport, la deuxième avec les autres hôtesses de l’air et les passagers.

Les indices sont nombreux pour indiquer que Happy flight (titre ironique donc) sera un film catastrophe mais qui se terminera bien (à cause du titre encore). Tout sera filmé, comme il se doit, en une seule journée. Le film présente un grand nombre de personnages qui exercent différents postes, quelques passagers caractéristiques et le temps responsable des problèmes de l’avion. Dès le début du film, on apprend qu’un typhon menace et qu’il s’approche de Tokyo. En aucun cas, l’avion ne devra décoller en retard pour l’éviter.

L’idée maîtresse du film est que tout le monde doit se serrer les coudes et être solidaire pour faire en sorte que l’avion atterrisse à bon port. En l’occurrence, à Tokyo puisqu’il fait demi-tour. Une panne empêche le vol de se poursuivre. Il faut trouver les raisons de cette panne : l’indicateur de la vitesse de l’air ne fonctionne. Les divers indices sont passés en revue. Un oiseau ? Le chasseur officiel de l’aéroport a été neutralisé par des protecteurs d’oiseaux. Des geeks ont pris en photo l’impact de la mouette mais une agent de l’aéroport ne les écoute pas. A moins que la cause soit la clé anglaise perdue par un jeune mécanicien après avoir réparé un moteur.

Les personnages ne sont pas assez consistants (car trop nombreux) pour les suivre vraiment. On sourit plus qu’on ne rit. Les gags sont plutôt mignons et gentils. C’est le message qui est délivré qui est lourdaud. Le film dit en substance qu’unis tout va mieux, que les anciens savent toujours mieux comment faire pour se débrouiller en cas de coup dur (la moquerie des nouvelles technologies), qu’il vaut mieux obéir à un ordre qu’en faire à sa tête (le topo sur la casquette du co-pilote). Et finalement, quelle idée de partir en vacances hors du Japon tant les dangers sont présents. C’est donc un peu déçu que je termine mon mini cycle Shinobu Yaguchi.

Happy flight (ハッピーフライト, Japon, 2008) Un film de Shinobu Yaguchi avec Seiichi Tanabe, Saburo Tokito, Haruka Ayase, Kazue Fukiishi, Tomoko Tabata, Shinobu Terajima, Ittoku Kishibe, Megumi Sato, Hitomi Hasebe.

dimanche 24 juillet 2011

Swing Girls


Le récit de Swing Girls est une variation de celui de Waterboys : cinq lycéens (quatre filles et un garçon) décident de relever un défi, celui de jouer dans une formation de big band. Ils sont la risée de leurs camarades avant d’en devenir la coqueluche. Les progrès dans l’apprentissage seront l’occasion de donner des moments comiques. Le final sera le moment de bravoure musical avec des morceaux joués in extenso. Bref, Shinoby Yaguchi surfe sur le succès de son film précédent, on est en terrain connu mais les variations apportées permettent de d’apprécier Swing Girls.

C’est l’été, il fait chaud. Le prof de maths (Naoto Takenaka, le coach des Waterboys) donne des cours de rattrapage. Comme chaque semaine, l’harmonie musicale s’apprête à partir soutenir l’équipe de base-ball du lycée. Le car part sans attendre le livreur des plateaux repas. Tomoko (Juri Ueno) propose d’amener le déjeuner en train. Elle part avec toutes les filles et s’assoupissent dans le train, ratent l’arrêt et décident de repartir à pied en sens inverse. Pas de chance, les musiciens de l’harmonie sont victimes d’une intoxication alimentaire.

Tous sauf Nakamura (Yuta Hiroaka), le cymbaliste et éternel homme à tout faire de l’orchestre. Il faut dire que Tomoko et ses copines avaient mangé son plateau repas avant l’effet désastreux de la chaleur. Bien conscient de la faute des filles, il va les obliger à former un nouvel orchestre pour accompagner les joueurs. Réticentes, elles cèdent au chantage. Elles sont de sacrées paresseuses. Première étape : faire des exercices physiques pour leur redonner le souffle. Footing, étirements des membres, nourriture saine. Comme les garçons de Waterboys, elles ne comprennent le but de tout cela. Elles vont se rendre à l’évidence, ça marche. La première demi-heure est un joyeux bazar où les filles rouspètent, tentent de fausser compagnie à Nakamura, n’en font qu’à leur tête. Le rôle de leader que ce donne le jeune homme ne lui va pas. C’est un tocard mais il fait de son mieux. C’est dans cette idée d’équipe de bras cassés que réside l’humour bon enfant de Swing Girls.

Et là, tout s’arrête. Les joueurs de l’harmonie ont guéri. Ils viennent récupérer leurs instruments. Les lycéennes sont ravies à la fois d’avoir raté les cours de rattrapage de maths et de ne plus subir les directives de Nakamura, à son grand dam. Mais il leur manque quelque chose, cette ambiance de convivialité, cet esprit d’équipe et la musique. Faut trouver un boulot pour acheter des instruments. Elles sont font vite virer de la supérette qui les avait embauchées. Elles achètent des instruments d’occasion qui ne tiennent pas. Les coulisses du trombone tombent, une souris a élu domicile dans la trompette, les peaux du tambour sont trouées. Et surtout, les premiers concerts sont cacophoniques, elles jouent terriblement mal. Elles n’ont pas compris l’essence du jazz, que les notes comptent moins que le rythme.

Tout cela est bien amusant. On s’attend aux gags qui sont un peu répétitifs mais ça fonctionne. On a envie qu’elles réussissent. Tout cet édifice comique tien aussi aux personnages secondaires plus nombreux que dans Waterboys et plus truculents. Le prof de maths, grand amateur de jazz, maniaque avec ses 33 tours qui feint de savoir jouer du saxo mais qui se fait humilier par un gamin quand il prend des cours de musique. Deux filles habillées en cuir qui jouent de la basse et de la guitare électrique qui ont largué leurs mecs qui fondent devant eux comme des chiffes molles. Le prof de l’harmonie qui se plait à se moquer du big band et semble tout faire pour les enfoncer. Le patron de la supérette et sa mère qui les encouragent malgré les déboires du groupe. Et enfin, le chef de l’équipe de base-ball qui conclura le film en disant « il y a deux sortes de gens, ceux qui savent swinguer et les autres ».

Swing Girls ( (スウィングガールズ, Japon, 2004) Un film de Shinobu Yaguchi avec Yuta Hiraoka, Shihori Kanjiya, Yuika Motokariya, Naomi Nishida, Miho Shiraishi, Kei Tani, Yukari Toshima, Juri Ueno, Eriko Watanabe, Masaaki Takarai, Naoto Takenaka, Mutsuko Sakura, Nagisa Abe, Hana Kino.

vendredi 22 juillet 2011

Waterboys


Quand je pense que Waterboys a déjà dix ans et qu’il n’est jamais sorti en France. Alors qu’en tant que comédie, il aurait pu séduire un public si ce n’est large, au moins curieux. Je sais bien que les comédies cantonaise, japonaise ou coréenne n’ont pas la côte. Je regrette presque d’avoir mis tant de temps pour revoir ce film et pour maintenant y écrire. Ma nouvelle vision de Waterboys confirme ma première impression : celle d’un plaisir de voir une comédie réussie.

Les ingrédients en sont simples : cinq jeunes nageurs lycéens, un défi à relever et le passage vers l’âge adulte en passant par l’amour. Les cinq garçons ne sont pas très populaires dans leur lycée. Ils sont moqués et à l’écart des autres. Suzuki (Satoshi Tsumabuki) est le seul nageur de son équipe et le proviseur veut louer le bassin. Suzuki a alors l’idée de former une équipe de natation synchronisée. Quand la nouvelle prof arrive au lycée, tous les garçons la trouvent sexy et rentrent dans l’équipe. Jusqu’à ce qu’ils apprennent ce qu’ils devront faire. Au final, ils ne seront que cinq.

Sato (Hiroshi Tamaki) porte une coupe afro. Il prétend avoir quitté l’équipe de basket mais il s’est fait viré par ses collègues. Il est persuadé d’être irrésistible, séducteur et drôle. Ohta (Akifumi Miura) souhaite seulement être musclé. Kanazawa (Koen Kondo) aime les maths et pense qu’apprendre à nager va l’aider à devenir scientifique. Saotome (Takatoshi Kaneko) rejoint l’équipe parce que depuis toujours il est amoureux d’Ohta et qu’il trouve que c’est un bon moyen de lui dire qu’il est amoureux de lui. Cinq garçons totalement à côté de la plaque mais unis par une volonté de faire en dépit des embûches et des moqueries.

Seulement voilà, la prof était enceinte et doit partir. C’était bien parti pourtant. Ils prévoyaient de faire une chorégraphie pour la fête de fin d’année. Ils ont même réussi à vendre des billets, notamment dans un cabaret de travestis qui deviendront leurs plus grands fans. L’équipe est dissoute et le bassin loué pour élever des poissons. Le type qui a loué le bassin va accepter de les entrainer. Le coach (Takatoshi Kaneko) s’occupe d’un parc d’attractions aquatique où les cinq garçons vont se rendre. Ils n’ont guère le choix, ils ont tué tous les poissons de la piscine et doivent rembourser. Le coach a dressé des dauphins et Suzuki pense qu’il pourra faire la même chose avec lui et ses amis.

L’entrainement que prodigue le coach n’a rien d’orthodoxe. Il leur demande de nettoyer les bassins et les aquariums. Mais l’idée est de faire comme Simon Yuen face à Jackie Chan dans Drunken master : des gestes du quotidien viendront les gestes qui leur apprendront leur chorégraphie. Et effectivement ça marche. Pour donner un tout plus comique au personnage du coach, il est rendu un peu hystérique mais sympathique. On se doute bien qu’il ne souhaitait pas les entrainer, mais ça marche. Il les traite comme ses dauphins, leur donnant – par erreur – parfois un poisson ou deux.

Les autres lycéens se rendent compte qu’ils sont devenus la coqueluche de la ville. La télé se met à parler d’eux. On les traitait de ringards, on se met à les admirer. Les filles du lycée d’à côté se moquaient, même Suzuki, grand timide devant l’éternel, réussit à emballer. Du coup, tous les autres veulent rentrer dans l’équipe pour pouvoir draguer et être dans le coup. La revanche des tocards du lycée. Le film se termine après pas mal de fous rires sur les galères des cinq camarades sur le numéro de danse synchronisée. Waterboys est un petit bonheur de comédie qui fait se sentir bien.

Waterboys (ウォーターボーイズ, Japon, 2001) Un film de Shinobu Yaguchi avec Satoshi Tsumabuki, Hiroshi Tamaki, Akifumi Miura, Koen Kondo, Takatoshi Kaneko, Aya Hirayama, Naoto Takenaka, Kei Tani.

jeudi 21 juillet 2011

The Sword


Qiwu est le nom de l’épée que les personnages de The Sword veulent posséder. C’est une épée qui porte malheur à celui qui la possède. Wah (Tien Feng) souhaite faire aiguiser la lame mais le forgeron le prévient. Il doit se débarrasser au plus vite de cette épée qui vit autant qu’un humain. La lame est possédée par le démon et quiconque la tiendra, l’utilisera, sera maudit. Wah est un épéiste hors pair, un champion des arts martiaux et un sage, mais il préfère se soumettre et suit les conseils du forgeron.

Li Mak-yin (Adam Cheng) ne rêve que d’affronter Wah. Dans son arrogance, il s’est persuadé d’être le plus grand artiste martial. On lui conseille de pratiquer encore vingt ans pour parvenir à le vaincre. Il réussit à trouver l’une de ses demeures. Là, The Sword commence à aller vers la bizarrerie. La demeure est gardée par un homme visiblement fou, qui pense reconnaitre en Li Mak-yin son maître Wah. L’homme est là à l’attendre depuis douze ans. Sur une musique de piano atonale, il disparait et réapparait du plan, devant ou derrière Li, puis se tranche la tête sur l’épée du visiteur.

Le troisième personnage masculin apparait. Lin Han (Norman Chu) cherche aussi à s’emparer de Qiwu. Son homme de main Tie Yi (Eddy Ko) est là pour faire ses basses manœuvres, pour aller battre le fer contre les adversaires de son maître. C’est un personnage mystérieux qui ne prononcera jamais une parole. Il est dans les meilleures scènes d’action chorégraphiées par Ching Siu-tung. Il apparait la plupart du temps de nuit et seul son visage hiératique est filmé. Sa souplesse et sa capacité à attaquer en silence fait de lui un ennemi redoutable. Dans le scope de The Sword, il peut se cacher dans n’importe quel angle avant de traverser le plan de cadre en cadre en défiant les lois de la gravitation. C’est un essai pour Ching Siu-tung. Dans ses films suivants, il développera sa mise en scène des combats de plus belle manière encore.

Compte tenu de son titre, de l’époque et des combats qui émaillent le film, The Sword est un wu xia pian. En apparence. Les combats sont brefs, y compris le final qui d’habitude est le morceau de bravoure. Patrick Tam place un peu de réalisme (si cela veut dire quelque chose dans ce genre) et écourtant leur durée. Le comble est l’affrontement tant attendu entre Wah et Li Mak-yin qui blesse à la poitrine son adversaire qui s’avère vaincu et s’en va sans demander son reste. Autre variation, les combats à l’épée sont sans musique et sans dialogue ce qui change radicalement des wu xia pian de l’époque.

The Sword est un mélo déguisé en film de sabre. J’ai parlé des hommes mais pas encore des femmes. Au nombre de trois, ce sont elles qui décident du destin des hommes. La plus jeune est Wah Ying-chih (Chui Git), la fille de l’épéiste. Li Mak-yin la rencontre par hasard et va la suivre pour accéder à son père. Elle va considérer cela comme une trahison. La deuxième est Hsiao Yue (Chan Kei-kei), l’épouse de Lin Han. Elle connait Li depuis leur enfance et espérait se marier avec lui. Lin Han voit d’un mauvais œil cette vieille amitié. La troisième femme est Yuen Chi (Ngai Chau-wa) que Wah connaissait bien et qui est en possession de Qiwu.

Les rapports entre les hommes et les femmes vont au fur et à mesure se complexifier. Chacune pense que l’autre a les faveurs de Li Mak-yin. La jalousie s’instaure entre elles, les femmes doutent de la loyauté de Li. Son ennemi Lin Han en profite pour semer le trouble. L’épée, par sa forme phallique, symbolise toute la frustration sexuelle que ces femmes doivent subir à cause des hommes. C’est en cela que Qiwu est maudite et The Sword propose une modernité dans le wu xia pian.

The Sword (名劍, Hong Kong, 1980) Un film de Patrick Tam avec Adam Cheng, Norman Chu, Chui Git, Tien Feng, Chan Kei-kei, Ngai Chau-wa, Eddy Ko, Lau Siu-ming, Lee Hoi-sang, Lau Yat-fan, Ng Tung.

Sorties à Hong Kong (juillet 2011)


Love is the only answer (人約離婚後, Hong Kong, 2011)
Un film de Patrick Kong avec Charmaine Sheh, Alex Fong Lik-sun, Law Chung-him, Carol Yeung, Jeana Ho, Jacqueline Chong, Timmy Hung, Charmaine Fong, Jin Gang, Siu Yam-yam. 93 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 21 juillet 2011.

samedi 16 juillet 2011

Les Deux chevaux de Gengis Khan


Avec son nouveau film (qui a mis deux ans à sortir), la cinéaste mongole Byambasuren Davaa renonce en partie à ce qui faisait le charme de ses films précédents : une visite touristique où la Mongolie nous semblait bien jolie avec ses paysages, ses yourtes, ses rivières en zigzag, ses chevaux, ses personnages typiques et ses légendes. Les Deux chevaux de Gengis Khan commence avec le départ de Urna pour Ulan Baator.

La capitale est filmée de manière documentaire avec ses gens pauvres, ses poubelles à ciel ouvert et surtout cette idée que le nomadisme a été abandonné par la population. Urna se déplace en habit traditionnel et elle détonne par rapport aux gens qu’elle rencontre. Urna cherche les paroles d’une vieille chanson (qui donne son titre au film), les premiers vers sont écrits sur un violon à tête de cheval. Urna vient de Mongolie chinoise. Elle parle régulièrement de la Révolution Culturelle qui a supprimé toute la culture mongole en Chine au profit de celle des Hans, mais ça n’est guère mieux en Mongolie où, depuis la fin de l’URSS, le libéralisme sauvage a détruit la société et la culture millénaire.

Une image est typique de cet arrêt de la vieille image de la Mongolie. Urna part en car pour aller dans la steppe. Elle tient à rester en contact avec le luthier qui doit réparer son violon. Pour cela elle n’a que son téléphone portable et le réseau manque hors des villes. Le car fait un pause devant un monticule de pierres à prières. Les autres voyageurs prient tandis qu’elle téléphone, essaie d’envoyer un sms en jetant son portable en l’air. La cinéaste se demande si la modernité peut fonctionner en Mongolie. Elle marque aussi les différences entre les deux Mongolie, l’un qui écrit en caractère ancien, l’autre en cyrillique comme pour mieux souligner que c’est d’abord une culture orale et nomade.

Il s’agira donc pour Urna d’aller de yourte en yourte pour trouver des personnes assez âgées pour qu’elle puisse connaitre les paroles. Là, le film revient en terrain connu et balisé. Le road movie fait que Urna rencontre des gens toujours sympathiques, toujours souriants, toujours prévenants. Les clichés habituels. C’est tout plein de bonnes intentions, on est logiquement ravis qu’une vieille dame connaisse les paroles mais ça ne fait pas de tout cela un film passionnant.

Les Deux chevaux de Gengis Khan (Allemagne, 2009) Un film de Byambasuren Davaa avec Urna Chahar-Tugchi.

vendredi 15 juillet 2011

J'ai rencontré le diable


La scène inaugurale de J’ai rencontré le diable est splendide. De nuit, en caméra subjective, une voiture avance lentement sur la route (en quasi plan séquence). Les phares éclairent la neige qui tombe. On aperçoit une voiture sur la bas côté. Sa conductrice téléphone à son petit ami. Ils évoquent leur prochain mariage. Le fiancé (Lee Byeong-heon) est en plein travail. Le conducteur (Choi Min-sik) vient frapper à la fenêtre de la voiture de la dame, il propose son aide. Elle refuse poliment, il retourne à son bus scolaire qui ne démarre pas. Elle augmente la luminosité des phares. Là, surgit sur une musique abrupte, l’homme muni d’un marteau brise la pare-vitre, puis (hors champ) assomme la conductrice. Il la traine hors de la voiture, le sang colore la neige, filmé en plongée. Titre du film en incrustation : I saw the devil, j’ai rencontré le diable.

L’idée du plan subjectif affirme que le point de vue du film sera celui de Choi Min-sik, que l’on rentre dans son cerveau malade de tueur compulsif. On ne saura jamais les raisons des meurtres qu’il commet. On croit qu’il s’attaque uniquement aux jeune femmes seules (on imagine alors qu’il pourrait agir par frustration sexuelle) mais il tuera aussi deux hommes qui le prendront en stop plus tard dans le film. Mais ce plan subjectif est contredit par le plan en plongée qui instaure un narrateur extérieur et omniscient. D’une certaine manière, il juge la morale de ce tueur (qui n’est pas un meurtrier organisé puisqu’il tue tous ceux qu’il rencontre). C’est là le premier échec de la mise en scène de Kim Jee-won qui se montre incapable de choisir le ton de son film, échec augmenté par l’arrivée dans le récit du fiancé éploré quand il retrouve le corps découpé de son amie, assassinée par Choi Min-sik malgré qu’elle lui dise qu’elle est enceinte (ce que le fiancé ignorait).

Les deux hommes vont entamer un jeu du chat et de la souris. D’un côté, Choi Min-sik, avec un look qui rappelle Anthony Wong dans Ebola syndrome, qui tue et découpe des corps avec une volonté de créer du gore. Ces effets gore finissent vite par lasser parce qu’ils sont tout simplement répétitifs, mis en scène sans imagination dans un flot ininterrompu de mouvements d’appareil (travellings doux pour la plupart) censés esthétiser les meurtres. Là encore, il est impossible de déterminer les raisons dans la mise en scène des ces mouvements de caméra qui ne sont là que pour faire joli. Si la mise en scène se résumait au mouvement d’appareils, Luc Besson serait le meilleur cinéaste au monde. Pour résumer, ce sont des plans bien chiadés mais vides de sens.

De l’autre côté, le personnage de Lee Byeong-heon (d’une fadeur extrême, d’une inexpressivité pénible) qui cherche à se venger. Les films de vengeance sont justement un genre casse-gueule puisqu’il faut trouver l’équilibre entre la morale et l’absence de morale. Le spectateur doit prendre parti, savoir de quel côté il se place. Dans les films de Park Chan-wook, on se place généralement du côté de celui qui cherche à se venger tant les injustices (bien que totalement pas crédibles) nous forcent à placer notre empathie sur lui. Dans J’ai rencontré le diable, Kim Jee-woon présente celui qui veut se venger comme aussi malsain que le meurtrier. Ce jeu du chat et de la souris est de torturer le personnage de Choi Min-sik mais pas de le tuer immédiatement. Mais le meurtrier est plus malin que le vengeur qui a pourtant placé un émetteur pour suivre à la trace le tueur. Il est scénaristiquement assez difficile de croire à un tel postulat. L’idée primitive est de faire durer le suspense, de le relancer au fur et à mesure que la proie est relâchée. Au bout d’un moment, la surenchère spectaculaire ne prend tant le rythme est redondant. Scène de dialogue, poursuite en voiture, scène de baston, torture, meurtre pendant plus de 100 minutes. Etonnement, la police est peu présente – si ce n’est à la fin – pour arrêter le tueur et neutraliser le vengeur. Finalement, J’ai rencontré le diable ne parvient jamais à trouver son style ni même son sujet qui brille par son absence d’originalité. Il se voudrait moderne mais semble dater d’un autre âge.

J’ai rencontré le diable (I saw the devil, 악마를 보았다, Corée, 2010) Un film de Kim Jee-won avec Lee Byeong-heon, Choi Min-sik, Jeon Gook-hwan, Cheon Ho-jin, Oh San-ha, Kim Yoon-seo, Choi Moo-seong, Kim In-seo, Jo Deok-jae, Han Cheol-woo, Jo Myeong-yeon, Eom Tae-goo, Han Se-joo, Choi Jin-ho-I, Kim Kang-il, Yoon Byeong-hee, Park Seo-yeon, Lee Hye-rin, Lee Seol-goo, Jeong Mi-nam.

mercredi 13 juillet 2011

3D Sex and zen : Extreme ecstasy


3D Sex and zen : Extreme ecstasy, c’est d’abord un bon plan marketing qui a bien fonctionné. Le film repose sur une franchise bien connue (seuls les deux premiers films sont sortis en France, mais d’autres épisodes existent) mais le coup a été de vendre le film avec la 3D. Du sexe en relief, encore mieux qu’à la maison va se dire le spectateur qui écoute son pantalon (oui, le film s’adresse d’abord au mâle hétéro). Un grand pas pour l’homme que le cinéma érotique en 3D. Un peu comme si on voyait les scènes de sexe sur Pandora et non pas ces ridicules échanges tentaculaires et labiaux entre les deux amoureux. Le marketing a si bien fonctionné que même un journal aussi respectable que Le Monde a fait un papier en affirmant qu’un porno en 3D battait tous les records de fréquentation à Hong Kong. Ben tiens ! 30.000 spectateurs le premier jour, puis le bouche à oreille à rapidement fait que 3D Sex and zen : Extreme ecstasy s’est effondré au box-office. Sur cet écho, le film était annoncé en sortie en salles en France. Sortie finalement annulée, sans soute remplacée par une édition en DVD.

Passé le plan commercial, 3D Sex and zen : Extreme ecstasy reprend le scénario du premier film (le seul bon). Wei Zhangsheng (Hiro Hayama), un lettré va se marier avec Tie Yuxiang (Leni Lan), une belle jeune femme pour qui il a eu le coup de foudre. Mais l’homme est pourvu d’un sexe minuscule. Il va demander conseil au Prince de Ning (Tony Ho), un expert en plaisir qui vit retiré dans une grotte de montagne. En début du film, on l’a vu voler une statue d’une déesse. Dans son antre, il est entouré de nombreuses femmes qui vont avoir pour mission de faire bander dru le jeune et inexpérimenté Wei tandis que Tie est restée au village. Les actrices qui jouent (nues) les princesses du plaisir sont des actrices japonaises d’AV. Parmi ces femmes, la favorite de Ning, Dongmei (Yukiko Suo) qui ressemble trait pour trait à la statue. C’est une femme violente et sadique, Ruizhu (Saori Hara), la soumise et Bliss (Vonnie Lui) qui absorbe les forces vitales de ses victimes et qui possède une voix d’homme. Wei va devoir, pour satisfaire ces femmes, se faire greffer un sexe de cheval.

Au programme côté sexe et orgie, pas mal de choses. Les amateurs de beautés japonaises seront ravis. Les filles sont mignonnes et souvent dévêtues. Les acteurs ne sont pas aussi sexy. Sexe rigolo : le prince baise une femme en se balançant à une chaine accrochée au plafond. Bliss pourvu d’un très long pénis qu’elle enroule autour de sa jambe au repos parvient à soulever la roue d’une charrette quand il est en érection. Une scène d’extase autour d’une fontaine géante en forme de phallus qui crache quand Wei parvient à faire l’amour. Puis, au bout d’une heure, le film se transforme en lupanar sadique. Le prince a fait prisonnière Tie qu’il torture sur un cheval et lui place une ceinture de chasteté. On a droit à une scène vaguement saphiste mais les femmes sont toujours des objets que les hommes violent et frappent. Côté humour, une seule scène franchement comique, celle où Wei se fait greffer la pine de cheval. Ses chirurgiens la font voler à travers leur atelier. On en vient donc à la partie 3D qui se contente de lancer des objets (dont ce sexe de cheval) vers les spectateurs munis de lunettes. Couteaux, armes, quelques pétales de fleurs (le film se veut aussi sensuel) et de temps en temps du liquide qui évoque une éjac’ faciale. Le film est finalement terriblement ennuyeux, manque terriblement d’imagination, est vulgairement misogyne et d’une rare laideur (ah la caverne du Prince de Ning, les fringues des actrices). Tout ce film n’est qu’un plan marketing. Mieux vaut se contenter de la bande annonce ou regarder à nouveau Sex & zen.

3D Sex and zen : Extreme ecstasy (3D肉蒲團之極樂寶鑑, Hong Kong, 2011) Un film de Christopher Sun avec Saori Hara, Tony Ho, Yukiko Suo, Vonnie Lui, Lan Yan, Hiro Hayama, Chen Chiu-ping, Vienna Lin, Yiu Luk-ming, Justin Cheung.