"Recommandé par Penthouse", peut-on lire à la toute fin de Sex and zen. La bande annonce du film (visible en bonus dans sa version originale cantonaise) annonce fièrement que le célèbre magazine de charme américain a consacré trois reportages au film. Un gage de qualité, n'en doutons pas ! Autre fierté revendiquée annoncée dans cette bande annonce : le premier film des frères Mak classé Catégorie III, soit interdit aux moins de 18 ans. Les Catégories III ne font pas dans la dentelle. C'est toujours une surenchère de vulgarité, de comportements abjects et de violence non contenue. Jusqu'à présent aucun Catégorie III à caractère érotique n'était venu jusqu'à nous. On est ravi d'accueillir les Sex and zen et on admire le travail. Le sexe à Hong Kong semble plus subversif que la violence. Et être classé Catégorie III pour un producteur peut avoir un effet commercial très avantageux.
Sex and zen, tourné en 1991, est un film des frères Mak : Johnny à la production et Michael à la mise en scène. Le film est co-produit par la glorieuse Golden Harvest.
Sex and zen est paraît-il inspiré du “tapis à prière charnelle”. Un récit érotique écrit il y a quatre siècles. Deux moines dialoguent pour savoir si la vie d'ascète est meilleure que la vie de libertin. Le film va suivre le parcours d'un moine (dans le sens d'étudiant) dans sa vie de libertin. Si le film avait suivi l'autre moine, il se serait appelé Zen tout court. Mais là on est dans Sex and zen. Dont acte.
Le libertin a pour ambition de prendre le plus de plaisir sexuel possible. Telle est sa vision des choses. Pour cela, il épouse une jeune vierge. Le père accepte ce mariage car, selon lui, un lettré a forcément un savoir vivre exemplaire. La jeune épouse éduquée dans l'idée que la sexualité est ignoble craint sa nuit de noces. Leur premier rapport est catastrophique. Il lui fait boire un anesthésiant, mais il se blesse et n'arrive plus à bander. Ils sont obligés de regarder des estampes érotiques et essaient des positions dans un burlesque tout à fait drôle et ludique.
Le moine libertin est un lubrique. Il veut toutes les femmes et se prend quelques râteaux. Il sera aidé dans son entreprise de partenaires sexuelles par un voleur (Lo Lieh dans un de ses derniers rôles) qui lui permettra de s'introduire dans les maisons quand les maris sont partis. Mais le libertin a un gros problème : son sexe est minuscule. Il décide donc de se faire greffer un sexe de cheval. Pendant ce temps, sa femme se sent délaissée est engage une aventure avec le jardinier très musclé. Le libertin sera puni de son libertinage par une escouade d'amazones en furie. Et la femme sera vendue par son père à un bordel.
Pendant les 93 minutes de Sex and zen, il y a peu de zen et beaucoup de sexe. Presque tout y passe. Saphisme : deux femmes prennent du plaisir avec une flûte dans leur sexe. Masturbation : l'épouse apprend à écrire avec un pinceau dans le vagin. Le libertin se branle de temps en temps. Fellation : le valet du libertin essaie de redresser le membre de son maître. Les femmes doivent souvent sucer les hommes. SM : un teinturier bat sa femme avant de la prendre avec vigueur. La belle-mère du libertin adore les coups de fouets. J'en oublie sûrement.
Sex and zen mérite sa Catégorie III. On n'y voit pas de sexes masculins, si ce n'est en ombre chinoise (forcément). Mais on y voit beaucoup de fesses, de torses nus masculins plus ou moins musclés, de poitrines féminines de toutes tailles, et des poils. Oui des poils. Qui l'aurait cru ?
Ce qui plaît dans Sex and zen, et qui en fait un bon film, est un savant dosage entre érotisme par toujours soft et humour bienvenu. D'habitude les films de cul, c'est si chiant. Ils les ont même supprimé sur M6 pour mettre une émission de foot à la place. Mais c'est surtout le soin apporté aux décors et aux costumes qui réjouie. La mise en scène de Michael Mak fonctionne très bien, avec simplicité et paradoxalement n'est pas racoleuse. Un film que je recommande chaudement.
Sex and zen (玉蒲团之偷情宝鉴, Hong Kong, 1991) Un film de Michael Mak avec Lawrence Ng, Kent Cheng, Lo Lieh, Elvis Tsui, Amy Yip, Isabella Chow, Carrie Ng, Mari Ayukawa, Tomoko Ino.
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