Qiwu est le nom de l’épée que les personnages de The Sword veulent posséder. C’est une épée qui porte malheur à celui qui la possède. Wah (Tien Feng) souhaite faire aiguiser la lame mais le forgeron le prévient. Il doit se débarrasser au plus vite de cette épée qui vit autant qu’un humain. La lame est possédée par le démon et quiconque la tiendra, l’utilisera, sera maudit. Wah est un épéiste hors pair, un champion des arts martiaux et un sage, mais il préfère se soumettre et suit les conseils du forgeron.
Li Mak-yin (Adam Cheng) ne rêve que d’affronter Wah. Dans son arrogance, il s’est persuadé d’être le plus grand artiste martial. On lui conseille de pratiquer encore vingt ans pour parvenir à le vaincre. Il réussit à trouver l’une de ses demeures. Là, The Sword commence à aller vers la bizarrerie. La demeure est gardée par un homme visiblement fou, qui pense reconnaitre en Li Mak-yin son maître Wah. L’homme est là à l’attendre depuis douze ans. Sur une musique de piano atonale, il disparait et réapparait du plan, devant ou derrière Li, puis se tranche la tête sur l’épée du visiteur.
Le troisième personnage masculin apparait. Lin Han (Norman Chu) cherche aussi à s’emparer de Qiwu. Son homme de main Tie Yi (Eddy Ko) est là pour faire ses basses manœuvres, pour aller battre le fer contre les adversaires de son maître. C’est un personnage mystérieux qui ne prononcera jamais une parole. Il est dans les meilleures scènes d’action chorégraphiées par Ching Siu-tung. Il apparait la plupart du temps de nuit et seul son visage hiératique est filmé. Sa souplesse et sa capacité à attaquer en silence fait de lui un ennemi redoutable. Dans le scope de The Sword, il peut se cacher dans n’importe quel angle avant de traverser le plan de cadre en cadre en défiant les lois de la gravitation. C’est un essai pour Ching Siu-tung. Dans ses films suivants, il développera sa mise en scène des combats de plus belle manière encore.
Compte tenu de son titre, de l’époque et des combats qui émaillent le film, The Sword est un wu xia pian. En apparence. Les combats sont brefs, y compris le final qui d’habitude est le morceau de bravoure. Patrick Tam place un peu de réalisme (si cela veut dire quelque chose dans ce genre) et écourtant leur durée. Le comble est l’affrontement tant attendu entre Wah et Li Mak-yin qui blesse à la poitrine son adversaire qui s’avère vaincu et s’en va sans demander son reste. Autre variation, les combats à l’épée sont sans musique et sans dialogue ce qui change radicalement des wu xia pian de l’époque.
The Sword est un mélo déguisé en film de sabre. J’ai parlé des hommes mais pas encore des femmes. Au nombre de trois, ce sont elles qui décident du destin des hommes. La plus jeune est Wah Ying-chih (Chui Git), la fille de l’épéiste. Li Mak-yin la rencontre par hasard et va la suivre pour accéder à son père. Elle va considérer cela comme une trahison. La deuxième est Hsiao Yue (Chan Kei-kei), l’épouse de Lin Han. Elle connait Li depuis leur enfance et espérait se marier avec lui. Lin Han voit d’un mauvais œil cette vieille amitié. La troisième femme est Yuen Chi (Ngai Chau-wa) que Wah connaissait bien et qui est en possession de Qiwu.
Les rapports entre les hommes et les femmes vont au fur et à mesure se complexifier. Chacune pense que l’autre a les faveurs de Li Mak-yin. La jalousie s’instaure entre elles, les femmes doutent de la loyauté de Li. Son ennemi Lin Han en profite pour semer le trouble. L’épée, par sa forme phallique, symbolise toute la frustration sexuelle que ces femmes doivent subir à cause des hommes. C’est en cela que Qiwu est maudite et The Sword propose une modernité dans le wu xia pian.
The Sword (名劍, Hong Kong, 1980) Un film de Patrick Tam avec Adam Cheng, Norman Chu, Chui Git, Tien Feng, Chan Kei-kei, Ngai Chau-wa, Eddy Ko, Lau Siu-ming, Lee Hoi-sang, Lau Yat-fan, Ng Tung.
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