jeudi 30 octobre 2008
Le Lac des femmes
mercredi 29 octobre 2008
Besieged city
Huit ans après Spacked out, Lawrence Ah Mon continue de montrer un Hong Kong sombre, un monde de marginaux qui ne doivent compter que sur eux-mêmes pour survivre. Spacked out est un film de filles, Besieged city regarde plus les garçons, tous adolescents. Le cinéaste se voit mettre l’infâmant label Catégorie III, qui ces temps-ci sanctionnent parmi les meilleurs films de Hong Kong.
Ling (Tang Tak-po) est un jeune lycéen mal dans sa peau. Il est le souffre-douleur favori de ses camarades de classe. D’ailleurs, la classe est complètement indisciplinée, et c’est un euphémisme. Il faut dire que le film est situé dans un quartier mal famé de Hong Kong, un quartier tout en béton, en immeuble de cinquante étages qui sont le symbole d’une déshumanisation galopante. Ling est convoqué chez le proviseur (joué par Dennis Chan, par ailleurs producteur du film). On lui apprend que son jeune frère Jun (Wong Yat-ho) a été arrêté et se trouve à l’hôpital.
Ling n’avait pas revu Jun depuis deux ans. La police l’accuse du meurtre de Panadoll (Wong How-yun). Jun a aussi tenté de se suicider. Il est dans le coma. Ling va alors chercher à savoir ce qui a pu se passer et reconstituer l’histoire de son frangin depuis deux ans. Le film se lance dans de longs flashes back coupés par la vie de Ling qui rencontre petit à petit les amis de Jun.
Besieged city étale son drame pas franchement rigolo. Les parents sont tous pourris. Le père de Ling et Jun battait ce dernier au moindre mécontentement. Alcoolique et joueur, le daron piquait l’argent de la cantine du môme pour parier aux courses de chevaux. Cela a provoqué la fuite de Jun qui en a toujours à grand frère de n’avoir rien dit. Le père de Panadoll n’est pas mal non plus, puisqu’il viole sa fille devant les yeux de sa sœur Yee Wah (Joman Chiang). D’ailleurs les deux sœurs se trimbalent toujours avec un jeune gamin, dont on n’arrivera pas à savoir si l’une des deux est la mère.
Jun va plonger dans une vie infernale. Son père le bat, il est racketté par des filles au lycée. Il va rentrer dans un gang et vendre de la drogue et ainsi acquérir une certaine respectabilité. Enfin, il se sent quelqu’un. Le puzzle se met au fur et à mesure en place et les pièces de l’enquête apparaissent à Ling. Cependant Besieged city est moins fort que Spacked out. Le film joue plus sur les clichés d’autant que la mise en scène est parfois à la limite du clip, notamment dans les scènes de baston. A vrai dire, ce portrait d’une jeunesse désenchantée manque de crédibilité.
Besieged city (圍城, Hong Kong, 2007) Un film de Lawrence Ah Mon avec Tang Tak-po, Wong How-yun, Wong Yat-ho, Joman Chiang, Tze Lock, Lee Yat-sing, Juzco Nam, Ling Hoi-yin, Cheung Wing-hong, Ng Shing-tat, Dennis Chan.
lundi 27 octobre 2008
The Fun the luck & the tycoon
C’est drôle d’imaginer que six mois après The Killer, Chow Yun-fat joue dans une comédie aussi légère que The Fun the luck & the tycoon, qui plus est destinée au Nouvel An Lunaire. Mais telle est la vie des acteurs à Hong Kong, la possibilité de passer d’un genre à un autre avec une facilité déconcertante. Le porte-flingue de John Woo dans une comédie burlesque de Johnnie To, il faut le voir pour le croire. Il faut dire que la filmographie de Chow Yun-fat, si inconnue sous nos contrées, regorge de surprises en tout genre.
Johnnie To et l’acteur avait déjà travaillé à plusieurs reprises ensemble. A l’époque, n’importe quel film avec Chow était un succès. C’est surtout l’immense mélodrame All about Ah Long qui a fait leur réputation. Il était logique qu’ils se rencontrent une nouvelle fois. C’est encore Sylvia Chang qui sera sa partenaire féminine. Et le jeune Wong Kwan-yuen, qui était leur fils dans All about Ah Long, est également de la distribution, mais dans un rôle tout à fait opposé d’un enfant particulièrement énervant qui agit comme les adultes.
Le film porte bien son titre. C’est fun, les personnages foncent vers le destin et Chow Yun-fat est le mec riche, le tycoon, celui qui n’a pas d’autre souci que de dépenser son argent avec le sourire (je rappelle que l’élément moteur du jeu de Chow Yun-fat est son sourire et non les flingues avec lesquels il tire). Sa désinvolture l’amène à quitter son douillet cocon familial où sa mère et sa tante veulent le marier à sa cousine Cindy. Cette fille représente le pire arrivisme possible. Elle est prétentieuse et ne cache pas qu’elle en veut au fric de notre héros. Chow Yun-fat s’en va et se fait embaucher par hasard par Sylvia Chang.
Elle tient un fast-food avec son frère qui la surveille, elle et sa vie sexuelle. Il cherche à la marier à un mec riche et prétentieux. Et comme on s’en doutait, Sylvia Chang et Chow Yun-fat vont tomber amoureux. Mais auparavant, ils devront s’en rendre compte. Comme leurs « promis » respectifs vont tomber amoureux. Chow se plait dans son nouveau rôle de simple employé. Il n’a dit à personne qu’il était très fortuné. Mais son majordome, joué par l’impayable Wong Sun, va faire en sorte que le restau marche du tonnerre. Et que le destin s’accomplisse.
Le film joue à fond sur les quiproquos et sur les moyens d’éviter que son secret ne soit dévoilé. Le personnage du gamin qui travaille dans le restau est assez marrant avec ses attitudes macho. Il contraste tout à fait avec les personnages des membres du groupe de cantopop Beyond qui se comportent comme des enfants. Ils sont habillés, notamment la nuit, dans des pyjamas roses.
Bref, Johnnie To s’essaye à la comédie avec une certaine réussite même si le film travaille de vieilles recettes et que les facilités scénaristiques sont nombreuses. D’une certaine manière, ses films tournés dix ans plus tard avec son comparse Wai Ka-fai ne sont pas très éloignés de The Fun the luck & the tycoon, que je qualifierais de petit film sympa.
The Fun the luck & the tycoon (吉星拱照, Hong Kong, 1990) Un film de Johnnie To avec Chow Yun-fat, Sylvia Chang, Wong Kwan-yuen, Lawrence Cheng, Nina Li, Wong Sun, Raymond Wong et le groupe Beyond.
samedi 25 octobre 2008
Those were the days
jeudi 23 octobre 2008
Sorties à Hong Kong (octobre 2008)
Wushu the young generation (武術之少年行)
Un film de Anthony Szeto avec Sammo Hung, Liu Fengchao, Wang Wenjie, Wang Xiaofei, Liu Yongchen, Wang Yachao, Mao Junjie, Wei Dong, Liang Zhicheng, Xin Liu, Yao Shi, Wu Dezhou, Zhang Jin, Nan Tie, Jing He. 104 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 23 octobre 2008.
mercredi 22 octobre 2008
Mad mission
Mad mission est la contribution de Tsui Hark à la franchise Aces go places lancée, avec très grand succès, par Eric Tsang pour
On commence à Paris, avec une mission folle où des majorettes défilent devant
Justement, Sa Majesté s’est fait volé sa couronne. La police secrète de Hong Kong mène l’enquête. Une fine équipe de limiers avec à leur tête Karl Maka et Sylvia Chang se lance à la recherche des joyaux. Neil Connery engage de son coté Sam Hui, notre « King Kong » (c’est son nom de personnage). C’est le début d’une grande aventure où tous les coups seront permis, mais qu’on se rassure, il n’y a pas de violence vraie dans Mad mission, mais plutôt des bons gros gags.
Karl Maka joue son rôle de flic incompétent qui se fait abuser par son « ami » Sam Hui. C’est un obsédé sexuel qui drague malgré son mariage avec Sylvia Chang (qu’on voit peu) et avec qui elle a eu un bébé qui fait des tours pendables. Il s’amuse notamment avec les fermetures éclairs des dames et ouvre leur robe. John Sham vient faire un petit tour déguisé d’une moustache. Ricky Hui joue un flic très maladroit.
Sam Hui est un héros bondissant qui ose tout. Il saute d’un immeuble à l’autre. Il fuit en planche à roulette. Il échappe à un sous-marin en forme de requin. Il traverse un coffre-fort rempli de laser d’alarme. Il se fabrique un avion avec rien. Et bien entendu, Sam Hui est un séducteur, un vrai. Enfin presque, les femmes ne tombent pas dans ses pièges romantiques aussi facilement qu’il échappe à ceux de ses ennemis.
Comme de bien entendu, le scénario va n’importe où et n’importe comment. Comme d’habitude, le budget de
Mad mission (最佳拍档之女皇密令, Aces go places III : our man from Bond Street, Hong Kong, 1984) Un film de Tsui Hark avec Sm Hui, Karl Maka, Sylvia Chang, Ricky Hui, John Sham, Cyrus Wong, Lowell Lo, Peter Graves, Richard Kiel, Huguette Funfrock, Neil Connery, Harold Sakata.
dimanche 19 octobre 2008
My magic
Francis boit du whisky. Il demande au serveur de lui remplir son verre, et encore, et encore, jusqu’à plus soif. Francis essaie de rentrer chez lui, comme il peut, ivre d’alcool, incapable de contrôler son corps massif et imposant. Dans son appartement, il s’écroule et tombe tête première dans son propre vomi. C’est son fils qui va devoir nettoyer tout ça et l’adolescent (dont on ne saura jamais le prénom) peste contre son père et contre son alcoolisme. Il l’aide, le sermonne et va se recoucher.
L’adolescent va à l’école, pour gagner un peu d’argent, il fait les devoirs de ses camarades. Le père travaille dans un bar, il range les tables à la fermeture et finit les verres des clients. Ils vivent dans un minuscule appartement, dorment sur le même matelas. La mère n’est pas là. Elle est partie. Elle a quitté son mari et abandonné son fils. Le père l’appelle souvent au téléphone pour la supplier de revenir. Rien n’y fait. Pour arrondir les fins de mois, Francis fait des tours de magie, puis le fakir devant les clients impressionnés.
Francis et son fils sont Tamouls. Emigrés à Singapour, ils sont exploités par les Chinois (qui eux parlent cantonais). Le patron du bar, pour son plaisir sadique, fera de Francis son puching bull, il va le torturer contre quelques billets. Francis est un homme bon, il aide une immigrée clandestine à se cacher. Plus tard, elle se prostituera. Le film montre toute la détresse des différentes classes sociales. Les pauvres, qui n’ont rien, qui sont utilisés pour leur corps par les riches, qui abusent de leur pouvoir. Eric Khoo le montre très simplement, par une succession de plans en montage alterné où le père va de plus en plus loin dans son personnage de fakir tout en continuant de prendre soin de son fils.
My magic est un portrait touchant d’un père aimant et de son fils perdu. Les films précédents du cinéaste de Singapour montraient déjà la difficulté de la société de son pays. La mixité sociale y est très dure, l’exploitation des hommes une règle. L’imaginaire, ici la magie que pratique Francis et qu’il enseigne à son fils, est le seul moyen d’échapper à la réalité. D’ailleurs, la musique très présente dans le film joue également un rôle libérateur. Il y a pourtant un fatalisme dans le film qui amène un profond désespoir. On apprend ce qui est arrivé à la mère, puis le père succombe aux tortures de son patron. Mais Eric Khoo parvient à faire passer tout cela sans misérabilisme ni racolage. Le signe d’un grand.
My magic (Singapour, 2008) Un film d’Eric Khoo avec Francis Bosco, Jathisweran.
jeudi 16 octobre 2008
Sorties à Hong Kong (octobre 2008)
Un film de Cub Chien avec JJ, Meng Yao, Ankie Beilke, Maggie Cheung, Kwok Chun-on, Sam Lee. 93 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 16 octobre 2008.
mercredi 15 octobre 2008
Tokyo !
Contrairement au gentil Paris je t’aime, ce film collectif de trois cinéastes aussi différents les uns que les autres n’est pas un ode à Tokyo. D’où sans doute le point d’exclamation dans le titre. Réunir deux cinéastes d’aujourd’hui (Gondry et Bong), deux cinéastes plutôt bons et relativement aimés et tendance avec un troisième tricard, qui a eu son heure de gloire mais qui n’a rien fait depuis dix ans, est un choix étonnant. Comme surprend l’absence de cinéaste japonais, tout simplement.
Trois histoires, donc, qui ne sont reliées entre elles que par la ville, Tokyo. Gondry commence, Carax poursuit et Bong termine. Tokyo ! est plutôt correct, sans non plus soulever un enthousiasme. Gondry et Bong sont en dessous du niveau de leur deux derniers films, les formidables, Soyez sympas rembobinez et The Host. Carax, lui est forcément meilleur que Pola X, que de toute façon, tout le monde a eu le temps d’oublier, sauf peut-être deux ou trois rédacteurs des Cahiers du cinéma.
Le premier bon point de Tokyo ! est de voir, contrairement à Paris je t’aime, nos trois réalisateurs ne font pas du tourisme. Gondry enferme ses personnages dans un minuscule appartement, Carax met Denis Lavant dans les égouts et le personnage de Bong reste enfermé chez lui. Pas de promenade romantique, ni même de restaurant japonais, pas plus de saké et de kimono. En revanche, ils montrent tous une certaine étrangeté des Japonais, et parfois, chez Carax, une vraie cruauté.
Les trois courts-métrages ont essentiellement en commun, une inquiétante étrangeté, un fantastique domestique. La fille de Interior design (Gondry), ne trouve pas sa place en tant qu’humain, elle va se transformer en chaise. Lavant dans Merde (Carax) est un monstre des égouts qui tue tout le monde et qui ne s’exprime que dans une langue inconnue. Sa physionomie inquiète. Le héros de Shaking Tokyo (Bong) n’arrive, physiquement, pas à sortir de chez elle. Il va contaminer la ville qui se transforme en no man’s land.
Michel Gondry a un peu du mal à poursuivre au Japon l’unité de son univers foutraque. Il aurait du s’attarder sur son personnage masculin, qui fait des films bizarres. Bong Joon-ho se fait formaliste, cadre à l’extrême ses plans, mais son histoire évoque plus les derniers Kim Ki-duk que ses propres films. Dommage. C’est Leos Carax qui s’en tire avec bonheur. Il filme un Japon à la fois humain et animal, une pure opposition entre le haut et le bas. C’est le bas qui gagne.
Si une grande part d’humour n’était présente, Tokyo ! pourrait apparaître comme un film particulièrement déprimant. Mais son esprit bancal l’empêche d’être autre chose qu’une bizarrerie.
Tokyo ! (Japon – Corée – France – Allemagne, 2008) Un film de Michel Gondry, Léos Carax et Bong Joon-ho avec Yû Aoi, YosiYosi Arakawa, Jean-François Balmer, Julie Dreyfus, Ayako Fujitani, Ayumi Ito, Teruyuki Kagawa, Ryo Kase, Denis Lavant, Yutaka Matsushige, Nao Omori, Naoto Takenaka, Satoshi Tsumabuki, Hiroshi Yamamoto.
Hong Kong 1941
Xao Nam (Cecilia Yip) et Wong Pang (Alex Man) sont amoureux, mais le père de Nam (Shih Kien) a décidé de marier sa fille avec le fils d’un homme riche. Nam n’en veut pas, elle veut Pang, mais ce dernier est pauvre et vaguement hors la loi. Il est débrouillard et vend du riz au noir avec ses potes. Un jour, il se fait embaucher dans une usine et y rencontre Yip Fai (Chow Yun-fat), qui lui aussi n’a pas d’argent. Le patron veut gagner encore plus de fric et vire tout le monde. La police s’en mêle et le commissaire (Paul Chun) cherche des noises aux garçons.
L’armée japonaise s’installe à Hong Kong et impose sa loi, ce qui implique une propagande pan-asiatique, une obligation de détester les Anglais. Mais les Japonais sont autant craints que détestés, ce qui n’empêche pas une collaboration avec eux, dans le sens de celui qu’on entend pendant la deuxième guerre mondiale. Mais il y a les vrais collabos et les faux.
Les vrais ce sont ceux qui veulent profiter de la situation et en premier lieu le chef de la police Paul Chun qui tente de violer Nam après avoir essayé de piller la maison de Monsieur Xao. Sa bête noire est évidemment Pang, qui se lie d’amitié avec des Chinois du continent qui vivent dans un ghetto. Pang, pour améliorer son quotidien, va vendre des vieux vêtements, mais joue l’argent aux jeux et se retrouve prisonnier d’un autre collabo (Wu Ma) particulièrement cruel.
Fai s’occupe de Nam mais les sentiments étant ce qu’ils sont, ils commencent à tomber amoureux. Fai feint de collaborer avec les Japonais mais sape leurs projets. Il va sauver Pang qui s’est fait torturé et leur amitié devient complexe avec Nam qui fait le lien entre eux, qui fait qu’ils se rapprochent autant qu’ils se repoussent. Film sur l’amitié et ses difficultés, Hong Kong 1941 met en opposition deux caractères, Chow Yun-fat est réfléchi et Alex Man impulsif. C’est aussi un des rares films qui évoquent la guerre et l’occupation japonaise avec autant de discernement.
Le réalisateur compose de beaux plans qui parviennent à ne sombrer dans le chromo. Sa reconstitution d’une époque où les valeurs s’inversent, où les traîtres s’emparent du pouvoir est raconté sans académisme mais avec un certain réalisme. Hong Kong 1941 a beaucoup impressionné alors que son influence a été très limitée.
mardi 14 octobre 2008
Red cliff (partie 1)
jeudi 9 octobre 2008
Sorties à Hong Kong (octobre 2008)
mercredi 8 octobre 2008
Le Sens du devoir IV
Après le Japon, nous voici cette fois dans une aventure policière qui commence à Seattle, capitale de l’état du Washington, plaque tournante du trafic de drogue entre les Etats-Unis et Hong Kong. L’agent Yeung (Cynthia Khan) va, comme d’habitude, devoir donner quelques coups de pied pour faire respecter la loi. On est dans un film d’action, alors place à l’action.
Yeung est encore une fois en filature et elle croise sur sa route trois autres personnages. Un manœuvre qui aidait, sans le savoir, à transporter la drogue. Il est témoin du meurtre de trafiquants qui sont doublés par
Donnie Yen est un flic qui enquête sur le même trafic et qui va se confronter, dans un premier temps, à Cynthia Khan avant de lui prêter main forte. Dans un de ses tout premiers rôles principaux, Donnie Yen commence à forger son personnage d’impulsif et têtu qui fonce tête baissée vers les ennemis. Yen a déjà ce regard obstiné et bas de plafond qui en fera pendant des années un acteur si impersonnel.
Mais ce n’est rien comparé au troisième larron, Michael Wong qui ne sait rien faire d’autre que le beau gosse de service. Il y est le supérieur hiérarchique de Donnie Yen, mais très vite des indices nous montrent qu’il pourrait être un traître. Il va tout faire pour éliminer Yuen Yat-chor, quitte à dézinguer tout l’étage d’un hôpital.
Le Sens du devoir IV est un minuscule film d’action de Yuen Woo-ping qui était alors obligé de cachetonner. L’action proprement dite se contente de quelques coups de poings et pieds sur les adversaires sans offrir une véritable chorégraphie, sauf dans la scène finale de Donnie Yen. Comme le scénario n’est pas le plus passionnant au monde, le film reste assez anecdotique.
Le Sens du devoir IV (In the line of duty IV, 皇家师姐 IV之直击证人, Hong Kong, 1989) Un film de Yuen Woo-ping avec Cynthia Khan, Donnie Yen, Michael Wong, Yuen Yat-chor, Liu Kai-chi.
lundi 6 octobre 2008
Le Sens du devoir III
Bye bye, Michelle. Hello, Cynthia. Quand il a fallu trouver une remplaçante à Michelle Yeoh dans la série Le Sens du devoir, c’est Cynthia Khan qui a été pris après un casting énorme, dit la légende. Enfin, légende est un grand mot. Khan sera cantonné, la pauvre, dans les six autres films de la franchise. Le Sens du devoir III est une vieillerie de vingt ans qui n’est pas le fleuron du film d’action, loin s’en faut.
Le film fonctionne à la surenchère, pour se démarquer des autres films (ceux de John Woo par exemple) et pour faire plus que les deux épisodes précédents. Dès le début du film, les morts se compteront par dizaine. Et ils (les deux réalisateurs) n’y vont pas avec le dos de la cuiller. On est au Japon, et le « couple infernal » attaque un défile de bijoux d’un styliste. L’attaque dégénère en tuerie, comme le dit si bien la bande annonce. Il faut signaler que le couple infernal est membre de l’Armée Rouge japonaise. Un flic en perd son co-équipier. Les cruels amants partent à Hong Kong et le flic les suit.
A Hong Kong, Cynthia Khan est une jeune flic en uniforme. Son oncle est aussi son supérieur hiérarchique et il a peur de lui donner des missions dangereuses. Mais elle va y aller bille en tête et affronter tous les dangers avec, souvent, comme seule arme ses jambes et ses poings. Ça ne va jamais s’arrêter pendant 80 minutes de baston et d’ultra violence racoleuse. Des morts violentes il y en aura. La pire, celle d’un méchant donc le crâne explose au contact d’une scie sauteuse.
Peu d’éléments comiques viennent contrebalancer la boucherie ambiante. Le personnage de Paul Chun dans le rôle du chef surprotecteur. Les collègues de Cynthia Khan qui ne pensent qu’au sexe. Parmi ces collègues, Sandra Ng dans un de ses tout premiers cachets (un troisième rôle). On voit aussi la présence de Stanley Fung, Eric Tsang et Richard Ng dans des très courtes apparitions drolatiques. Que dire de plus ? Les méchants meurent et les flics gagnent. La suite au prochain épisode.
Le Sens du devoir III (皇家师姐 III之雌雄大盗, Hong Kong, 1988) Un film de Brandy Yuen et Arthur Wong avec Cynthia Khan, Michiko Nishiwaka, Hiroshi Fujioka, Stuart Ong, Yueh Hua, Paul Chun, Pang Kin-san, Dick Wei, Sandra Ng, Melvin Wong, Law Ching-ho, Eric Tsang, Richard Ng, Stanley Fung, Sally Kwok, Lee Kin-sang, Ma Si-san.
vendredi 3 octobre 2008
Magnificent warriors
Le cinéma cantonais défie souvent les lois du bon goût, mais rarement celles du commerce. Ainsi en était-il de la carrière naissante de Michelle Yeoh (enfin encore Kheng au générique) et de son cinéma d’action. Yes, Madam essayait avec un certain succès de naviguer sur le succès de Police story, tandis que ce Magnificent warriors lorgne avec bonheur vers Sammo Hung et son Shanghai express. A la production, on retrouve John Sham et à la réalisation le directeur de la photographie David Chung, qui l’avait dirigée dans Royal warriors.
Michelle Yeoh joue une aventurière genre Indiana Jones au féminin, mais pas en jupe ni en costume d’époque (le film se déroule en 1938), elle garde son pantalon et est armée d’un fouet avec lequel elle élimine ses ennemis. La musique évoque de manière imparable les films d’aventure de Steven Spielberg. Comme dans les films d’Indiana Jones, la première séquence n’est qu’un amuse gueule permettant de comprendre de quoi est faite cette femme.
Puis, le scénario commence et il va s’agir de défendre un petit royaume local au fin fond du Bhoutan, royaume mené par un Lowell Lo au physique si particulier, avec sa barbe envahissante sur son visage longiligne. Il règne sur Kaal qui est menacé par les Japonais qui envahissant
Dans la petite cité de Kaal, elle va rencontrer également Richard Ng, un vagabond malicieux et roublard qui va servir pendant le film de pendant burlesque pour contrebalancer l’action qui elle, outre Michelle Yeoh, sera Derek Yee (oui, le réalisateur de Une nuit à Mongkok), qui incarne le patriotisme, le courage mais aussi l’impulsivité. Ce quintet va affronter un Japonais, soldat de son état (Tetsuya Matsui) et qui veut non seulement envahir et coloniser
Voici donc les bases de ce film d’action nerveux où les scènes de combat sont souvent filmées en travellings latéraux et où Michelle Yeoh se bat contre des centaines de soldats japonais avec un sourire constant. Il y a aussi pas mal de gunfights, non pas comme ceux des films de John Woo, mais plutôt à l’arme lourde. Quant aux « indigènes », ils se battent avec des flèches et de la paille enflammée. L’éternelle histoire du pot de fer contre le pot de terre. Le film se veut un vague éloge de la résistance.
Le film est certes plaisant, mais reste bien en deçà de la réussite de Sammo Hung. Magnificent warriors délivre peu de surprise à tous les niveaux, celui du comique comme celui de l’action, à vrai dire essentiellement constituée de cascades, car personne dans ce film n’est un vrai artiste martial. Michelle Yeoh épousera le producteur du film et tentera de changer de carrière, sans succès, avant d’abandonner quelques années la cinéma.
Magnificent warriors (中华战士, Hong Kong, 1987) Un film de David Chung avec Michelle Yeoh, Richard Ng, Derek Yee, Lowell Lo, Chindy Lau, Tetsuya Matsui.