Ce qui fait que Sammo Hung est un grand cinéaste est que, quel que soit le genre de film qu’il aborde, son style est reconnaissable au premier coup d’œil. Et Blade of fury est un summum du style de Sammo, un florilège de tout ce qui a fait la force de ses films. Il souhaitait à l’époque tourner un grand wu xia pian et a pris, au sein de
Blade of fury est l’alliance de la force et de la sagesse. La force est incarnée par Yeung Fan, un acteur chinois qui est resté inconnu. Son personnage, Wang Wu, est un résistant membre du Pavillon Noir. Tous les membres de sa milice ont été décimés par ses adversaires. Lui seul survit et va se réfugier dans un village où il exerce le métier de forgeron. Il a avec lui un jeune apprenti toujours prêt à mettre la main à la pâte et d’une loyauté à toute épreuve.
La sagesse est dans le personnage de Ti Lung. Tan Szu-tung est un lettré et un émissaire de l’Empereur. Il a rédigé un livre « Humanisme » où il prône la modernité de
Ensemble, ils vont créer une école d’arts martiaux. Lors d’un concours de combat devant un prince, Wang impressionne par sa capacité à se battre. Cela est vécu comme une provocation par certains maîtres présents et Wang va s’en faire des ennemis. Mais cela l’ouvre auprès du peuple qui voit en lui et Tan les nouveaux héros dont il n’espérait plus la venue. Cependant que Wang va tomber amoureux de la fille d’un seigneur. Cette fille c’est Rosamund Kwan dans un rôle un peu ingrat de jeune femme romantique et très secondaire destiné à donner un peu d’humanité et de glamour au film.
Car Blade of fury est un film d’une grande noirceur, comme l’était Eastern condors. Sammo Hung est très pessimiste et sa vision de l’avenir n’est pas des plus heureuses. Le film date de 1993 : quatre ans après le printemps de Pékin et quatre ans avant la rétrocession. Il représente ce premier événement en montrant des soldats qui s’apprêtent à tirer sur le peuple qui réclame du changement. Il situe l’action de son film tout juste un siècle avant sa réalisation et il semble certain qu’il craignait (comme beaucoup des habitants de Hong Kong) les désastres du rattachement à
Mais Blade of fury n’est pas qu’un film politique, loin de là. C’est surtout une anthologie de morceaux de bravoure et de combats irréels. Si l’on voit les fils qui font voler les membres du « Pavillon Noir » dans la séance d’introduction, même si l’on devine les dizaines de trampolines qui permettent aux acteurs de défier les lois de la gravitation, si le son des armes rappellent les vieilles heures du wu xia pian, les scènes d’arts martiaux sont vraiment artistiques. Sammo Hung abuse parfois cependant du ralenti pour mieux faire admirer les passes d’armes. La plupart des combats sont aériens, les pieds ne touchent presque plus le sol. Sammo Hung se réserve un beau combat au sabre (et en accéléré) avec Wang.
On repérera quelques références aux films de
Blade of fury (一刀倾城, Hong Kong, 1993) Un film de Sammo Hung avec Ti Lung, Cynthia Khan, Yeung Fan, Collin Chou, Lau Shun, Rosamund Kawn, Sammo Hung, Wong Kam-kong.
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