dimanche 3 mai 2009

Cape No.7


Cape No.7 est le plus succès du cinéma taïwanais dans son propre. Le film a talonné Titanic l’an dernier. C’est devenu ce qu’on appellera un phénomène culturel puisque près d’un habitant de l’île sur cinq a vu le film. Le film a coûté 45 millions de dollars taïwanais et en a rapporté 500 millions. Cela rappellera notre histoire locale à nous avec le film qui se passe dans le Nord.


Dans une petite ville du sud de Taïwan, la vie consiste au train-train quotidien. Aga (Van) revient au bled après avoir tenté une carrière dans la chanson à Taipei. Echec et retour à la case départ. Aga est le fils du député local, un type qui ne se déplace jamais sans ses deux « gardes du corps » et dans sa grosse caisse. Evocation d’un esprit gentiment mafieux de ce député, un parrain plutôt qu’il vaut mieux écouter. Le député, chemise hawaïenne constamment sur le dos, veut trouver du travail pour son fiston.


Et voilà justement le vieux Mao, le facteur du village, qui a un accident de cyclomoteur. Le vieillard grand joueur de guitare traditionnelle à trois cordes est bien obligé de laisser le boulot au jeune rebelle. Le député va faire mieux. Il va imposer à Tomoko (Chie Tanaka), attachée de presse japonaise qui fit ses études à Taïwan mais qui n’en est jamais parti, un groupe de musique locale pour la première partie d’un chanteur japonais qui vient faire un concert dans la ville.


Avec Aga au chant et à la guitare, le groupe va se construire. Il y aura la Grenouille, un homme un peu raté qui drague une mère de famille qui a des triplés très envahissant. Un quinquagénaire et son fils, flic qui agresse Aga lors de sa tournée, qui sont tous deux issus de la communauté aborigène et qui cherchent toujours à interpréter un chant aborigène. Et une gamine au piano qui en joue à l’église locale. Sans oublier le vendeur de Malasun qui hurle pour vanter son produit. Le groupe sera hétéroclite et permettra au film de provoquer quelques sourires lorsque les membres qui se disputent. Jalousie, colère et amateurisme sont au programme des répétitions.


Aga trouve dans le courrier à livrer un colis qui n’a pas trouvé son destinataire. Dans ce colis, des lettres d’un Japonais qui a été amoureux d’une Taïwanaise pendant la guerre. On entend (en japonais) la lettre et là le film passe dans le tournant historique de Taïwan. Les relations de l’île avec le Japon ne sont pas simples. Occupée par l’Empire au début du 20ème siècle, Taïwan a toujours gardé des liens forts avec le Japon une fois l’arrivée de Mao au pouvoir. Le vieux postier parle d’ailleurs japonais. Le film mélange les langues (mandarin, dialectes taïwanais et aborigène, japonais) et les cultures ancestrales et modernes notamment grâce à la musique.


Cape No.7 aborde aussi plusieurs genres, parfois avec une grande maladresse. Les répétitions sont de l’ordre comique. Mais elles permettent de nouer une romance entre Aga et Tomoko, histoire d’amour qui trouve son écho dans les lettres que l’on entend. L’image est souvent très belle. Wei Te-sheng et son chef opérateur filment la ville de Hengchun, très connue pour son paysage très Riviera, sans chromo et avec goût. Le film est un hommage à la culture locale qui veut lui redonner sa fierté. Pas tout à fait abouti mais intéressant.


Cape No.7 (海角七號, Taïwan, 2008) Un film de Wei Te-sheng avec Van, Chie Tanaka, Kousuke Atari, Rachel Liang, Min-hsiung, Mai Tzu, Ma Nien-hsien, Ying Wei-min, Shino Lin, Johnny C.J. Lin, Ma Ju-lung, Bjanav Zenror, Pei Hsiao-lan, Chang Kuei, Lee Pei-chen, Chang Chin-yen, Yukihiko Kageyama.

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