Zhou Xun, la jeune star du cinéma chinois change totalement de registre avec son rôle dans The Equation of love and death. Elle n’est plus la chanteuse romantique de Perhaps love de Peter Chan ou le porte manteau de The Banquet. Dans ce film, modeste mais réussi, elle porte des cheveux longs et gras mal attachés, elle a comme vêtement un jeans et une chemise de routier. Bien loin du glamour, mais ça marche.
Li Mi (Zhou Xun) est chauffeur de taxi. Elle fume clope sur clope et parle toute seule devant ses clients médusés. Elle donne des chiffres, 302, 402 sans en dire la raison, elle prononce des phrases énigmatiques. Elle a un regard très triste, quelque chose ne va pas. Avec une certaine agressivité, elle montre des photos de son petit ami disparu depuis quatre ans et demande aux clients s’ils ne le reconnaissent pas. Or, pour une fois deux clients semblent s’intéresser à son histoire. Ce sont Huo-gui (Wang Yanhui) et Shui-tian (Wang Baoqiang), deux campagnards de passage en ville. La machine scénaristique peut commencer.
Les deux hommes ont rendez-vous avec un troisième à un point donné. Les bouchons de la grande ville coincent le taxi et ils partent à pied. Ils n’ont pas l’appoint pour la course. Li Mi sort du taxi pour chercher de la monnaie à leur rendre. Les deux hommes s’en vont en prenant les photos. Arrivés au rendez-vous, ils voient un homme sauter d’un pont pour se suicider. Il tombe sur la voiture de Ma Bing (Deng Chao). Choqué, Shui-tian fait tomber les photos. Ma Bing les ramasse et se reconnait. Il s’enfuit. Li Mi revient à son taxi. Elle fait le tour du quartier et prend à nouveau en courses Huo-gui et Shui-tian.
Les deux hommes deviennent menaçants. Avec un couteau, ils la forcent à quitter la ville et à aller dans la campagne. Prise en otage, Li Mi ne peut résister. Huo-gui donne les ordres, il cache quelque chose et ne cesse de parler d’argent. A ses côtés, Shui-tian semble plus gentil. Il est un garçon simplet qui ne parle que de sa fiancée Xiao Xiang qui a quitté le village pour vendre ses charmes en ville. Il n’a pas l’air de se rendre compte de la situation, de ce qu’elle a pu devenir, qu’il est en train de s’enfoncer. Petit à petit, le film plonge dans une angoisse sourde.
Toute la première partie se déroule dans le taxi. Il roule, il traverse des lieux sans habitants. Ils sont tous les trois dans un no man’s land émotif et relationnel et la mise en scène précise de cet huis-clos mouvant rend le film passionnant. Puis Li Mi réussit à se débarrasser des ses deux agresseurs. Elle retourne en ville et les rouages scénaristiques commencent à se déployer. Un policier (Zhang Hanyu) tout en calme va tenter de décortiquer les liens entre les différents personnages que nous avons suivi pendant une bonne heure. C’est à lui de résoudre cette équation dont le titre parle.
The Equation of love and death parle de frustrations, de tous ces désagréments quotidiens avec un sens du détail impressionnant. Tous sont prisonniers de leurs conditions et tentent, en vain, d’en sortir. A ce titre, le bruit des clefs que porte Li Mi autour du cou évoquent, sans appel, les chaines des prisonniers. Les deux hommes venus chercher de l’argent facile vont perdre tout sens moral. Li Mi vit dans un passé qui n’existe plus. Même le policier est désabusé. C’est un film qui déploie une mélancolie inspirée. Zhou Xun porte le film à bout de bras et elle est formidablement convaincante.
The Equation of love and death (愛失償, Chine – Hong Kong, 2008) Un film de Cao Baoping avec Zhou Xun, Deng Chao, Wang Ning, Wang Yanhui, Wang Baoqiang, Zhang Hanyu, Yan Bei, Dong Linda.
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