Ng See-yuen a permis à Tsui Hark de sortir de l’univers de la télévision en produisant son premier long métrage. Ng ne l’a pas fait parce qu’il pensait que Tsui Hark méritait plus que tout autre d’être révélé, mais parce qu’il a toujours un bon flair pour détecter ce qui pouvait marcher. Ng See-yuen a permis à Jackie Chan de sortir du créneau de sous Bruce Lee mâtiné de kung-fu vieille manière. Même si beaucoup nie aujourd’hui son existence formelle, The Butterfly murders lance la nouvelle vague de Hong Kong.
L’histoire est un peu complexe. C’est une vague histoire de clans qui s’affrontent sans véritable enjeu. Le clan du Fils du Tonnerre veut se débarrasser de Tien Fang. Ce dernier va se rendre dans un château avec Ombre Verte, une jeune femme espiègle, et Fong, un lettré. Mais le château est l’objet de l’attaque d’étranges papillons qui empoisonnent par leurs piqures les gens. Des nuées de papillons peuvent soudainement envahir les lieux et tuer. Tout le monde va dans les grottes sous le château.
Le maître des lieux est là aussi avec son épouse et la servante sourde et muette. Très vite, d’autres mystères semblent apparaître. La servante est-elle vraiment sourde ? Comment les papillons réussissent-ils à pénétrer dans les grottes ? Qui est sous l’armure de cet homme qui tue si violemment ? Toutes ses réponses seront données dans la dernière partie par Fong qui en tant que lettré se transforme en Sherlock Holmes. Mais ça n’est pas cela qui intéresse le plus Tsui Hark et qui fait qu’il existe effectivement une nouvelle vague en 1979 à Hong Kong.
Le scénario est bel et bien raconté mais Tsui Hark, dès son premier film, fait exploser sa mise en scène. Ce qu’il cherche à produire ce sont de belles images les plus étonnantes possibles. Il n’hésite jamais à couper cut dans son montage au risque de la rupture, comme lors du générique avec une chanson disco (alors qu’on est dans un film moyenâgeux) qui est abruptement coupé avec un plan de cascade. Ou encore ce corbeau en gros plan qui vient, regard caméra, troubler la tranquillité.
Les scènes de dialogue sont souvent développées à contre courant. Ainsi deux personnages peuvent discuter, en champ contrechamp, mais en se tournant le dos. Cela crée une tension, une angoisse sourde que ne donnent pas les attaques des papillons bricolées et amateurs. La musique utilisée à bon escient dans le même but de tension est pour une fois particulièrement soignée, ce qui à Hong Kong est exceptionnel.
La lumière du film est aussi l’objet de l’attention de Tsui Hark. La partie dans les grottes est très longue et il se donne à malin plaisir à ne filmer que des visages au beau milieu de l’obscurité la plus totale. Il y a aussi là dedans des questions de budget car il n’y a pas besoin de produire des décors. Tsui Hark brise les règles classiques de la narration et exhausse sa mise en scène et c’est cela qui est, aujourd’hui, le plus visible. Certes The Butterfly murders est très bancal, un peu raté mais il témoigne d’une époque de changement, d’un rejet des formatages proposés à la fois par les films de
The Butterfly murders (蝶变, Hong Kong, 1979) Un film de Tsui Hark avec Lau Siu-ming, Michelle, Wong Shu-tong, Zhang Guozhu, Chen Qiqi, Wang Jiang, Eddy Ko, Xu Xiaoling, Hsia Kuang-li.
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