dimanche 27 février 2011

Symbol


Une voiture vient du fin fond du désert dans la poussière. Au volant, une bonne sœur clope au bec. Elle va chez son frère, catcheur mexicain, masque sur le visage. Il l’attend pour aller combattre. Symbol, le nouveau film de l’animateur amuseur de la télévision japonaise Hitoshi Matsumoto est encore plus maboule que Dai Nipponjin, projeté en 2007 à la Quinzaine des Réalisateurs et toujours inédit en France. Il commence son nouveau film avec des personnages hauts en couleur dont cette nonne qui conduit vite et qui jure comme un charretier quand les autres conducteurs lambinent. On a un peu l’impression d’être dans un film de Robert Rodriguez avec cette petite ritournelle de personnages connotés (la nonne, le catcheur) placés dans des situations décalées.

Passée cette introduction mexicaine à l’ambiance chaude, le film se transporte dans une pièce blanche où un homme (Hitoshi Matsumoto) est étendu là en pyjama jaune à pois rose et bleus. L’absence totale de transition étonne et l’homme, dont on ne connaitra jamais le nom, ne sait pas ce qu’il fait là. Et moi non plus. Apparemment, il n’existe pas de porte de sortie. Et tout à coup, une légère protubérance pousse sur le mur. L’homme s’en approche, regarde bien, ça ressemble à un petit sexe. Il appuie dessus et, après un petit son vocal, des anges apparaissent dans la pièce. Puis, ils s’enfoncent dans le mur et seuls leurs sexes dépassent. Et l’homme comprend que chaque fois qu’il appuie sur un sexe, un objet apparait. Une jarre, des baguettes, un bonzaï, une brosse à dents ou encore des sushis.

La pièce se remplit peu à peu. De temps en temps, les anges lui font une blague : de l’eau tombe sur sa tête, on lui pète au nez. Et parce qu’ils sont très taquins, ils lui montrent qu’il existe une porte mais il n’as jamais le temps d’y accéder. Et il faudra une clé pour ouvrir la porte. Dès lors, c’est une partie de casse-tête que l’homme doit résoudre, ce qui occupera une bonne partie du film. L’homme est désespéré car il ne comprend ce qui lui arrive mais cela crée des situations cocasses et drôles. Il pourrait sombrer dans la folie, on le comprendrait, mais on esprit va démultiplier ses capacités. De temps en temps, on retourne au Mexique où le combat de catch a commencé filmé de manière vive. Le lien entre les deux lieux sera finalement révélé.

C’est un film fou où les dialogues sont rares et organiques. L’homme parle peu, il supplie les anges de lui fournir les objets nécessaires à sa survie et son évasion. Hitoshi Matsumoto doit sans doute parler de quelque chose : de la société de consommation, de Dieu, de la solitude. Les deux parties sont réussies. Mais c’est l’idée de cette grande pièce blanche ressemble à un purgatoire. Finalement, on ne saura rien de la raison pour laquelle l’homme est ici. Cet énigme irrésolue jusqu’au bout et qui, pour le coup, se complexifie encore plus au fur et à mesure du film. Personnellement, je n’ai pas d’explication. En revanche, son sens aiguisé de l’absurde est passionnant. Symbol est par ailleurs bien plus maitrisé que Dai Nipponjin.

Symbol (しんぼる, Japon, 2009) Un film de Hitoshi Matsumoto avec Hitoshi Matsumoto, David Quintero, Luis Accinelli, Lilian Tapia, Adriana Fricke, Carlos C. Torres, Ivana Wong, Arkangel De La Muerte, Matcho Panpu, Dick Togo, Salam Diagne.

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