The
Constable (衝鋒戰警, Hong Kong, 2013) Un film de Dennis Law avec Simon Yam, Lam Suet,
Sam Lee, Maggie Siu, Niu Meng-meng, Ken Lo, Maggie Li, Eddie Cheung, Zi Yi, Li
Jin-jiang, Wang Si-ya, Chen Jing-yi, Lisa Cheng, Lo Hoi-pang. 100 minutes.
Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 28 novembre 2013.
jeudi 28 novembre 2013
Sorties à Hong Kong (novembre 2013) Doomsday party
Doomsday
party (末日派對, Hong Kong, 2013) Un film de Ho Hong avec Paul Wong, Kay Tse, Kelvin Kwan, Teddy Robin, Wilfred Lau, Cheung
Kwok-keung, Maggie Chan, Kyle Tse, Liao Ziyu. 97 minutes. Classé Catégorie IIB.
Sortie à Hong Kong : 28 novembre 2013.
mardi 26 novembre 2013
Les Petits canards de papier
Pour me changer de la routine et des Zatoichi,
je suis allé voir ce programme court (36 minutes) Les Petits canards de papier issu des studios d’animation de
Shanghai. Les trois films, tournés en 1960 et 1980, ont été réalisés par Yu
Zheguang. Il utilise une technique de papier découpé et plié (qui ne donne rien
vraiment sur la photo postée ci-dessus) qui offre un effet de relief assez
intéressant. Les animaux représentés dans les films (canetons, lapin, chaton,
bouc, renard, papillon, grenouille) se déplacent comme dans un dessin animé
classique, mais leur revers est plat. L’animation image par image a du
sacrément longue.
Avec Le
Petit canard Yaya, le plus récent des trois films ont assiste à l’éclosion
des canetons. Le soleil souriant chauffe leur nid qui ressemble à une boite à
œufs. Dix oiseaux en sortent et vont vite s’aventurer dans la mare à la
recherche d’eau. Un renard cherche à les manger. Les canetons vont redoubler de
ruse face au renard affamé tandis que la maman cane, coiffée d’un élégant fichu,
s’inquiète pour sa progéniture. Autre prédateur que les trois canards dans Les Petits canards intelligents doivent
éviter : le chat, qui vient gêner leur chasse aux papillons. Les deux
films sont sans dialogue, agrémentée d’une musique guillerette.
Dans Un
gros chou, ce sont un lapereau et un chaton qui sont les héros. Cette fois
ils parlent et chantent, et, comme tous les enfants, ils font des bêtises (ils
sont habillés pour appuyer le message à l’attention des bambins spectateurs).
En l’occurrence, le petit chat saccage un joli chou pommé dans le jardin du
bouc. Leur espièglerie cède le pas à la honte d’avoir abimé un si beau potager
et ils vont chercher le pardon du fermier en l’aidant à récolter les choux. Je
reste toujours étonné par la souplesse de l’animation de ces papiers pliés et
par l’allégresse du message forcément éducatif de ce programme court.
Les Petits canards de papier (Chine) Programme
de trois courts-métrages des studios de Shanghaï. Films de Yu Zheguang. Le Petit canard Yaya (小鸭呷呷, 1980), Les Petits canards intelligents (聪明的鸭子 , 1960), Un gros chou
(一棵大白菜, 1961)
dimanche 24 novembre 2013
The Lunatics
Travailleur
social dans une association d’aide aux malades mentaux et aux sans domicile
fixe, Tsui (Stanley Fung) se voit contraint par son patron d’être suivi par une
journaliste, Tina Lau (Deannie Yip) quelques jours dans son travail. La veille,
elle avait découvert Tsui par hasard dans un marché aux poissons. Appelé
d’urgence par la police, il était venu calmer Doggie (Tony Leung Chiu-wai) qui,
habillé d’un survêt vert, d’un short et d’une casquette jaune, menaçait les
autres clients avec un hachoir.
Cette
entrée en matière de The Lunatics,
premier film de Derek Yee, permet de montrer le boulot de Tsui. Il suit les
malades mentaux qui risquent de péter les plombs. Les journalistes, ce jour-là,
accourus en masse, prenant des photos et avides de sensationnalisme, voulaient
faire un article vendeur. Tina Lau est intriguée par Tsui qui a jeté à terre son
appareil photo. Bien malgré lui, il accepte d’être suivi dans sa tournée. Il
fait de nombreuses recommandations : tenue neutre et surtout pas de flash
qui effraient les malades.
Tsui
décide de plonger immédiatement Tina dans l’enfer de Hong Kong. Elle découvre
un monde qu’elle ignorait, des SDF pris sur le vif dans la rue, des gens
déclassés qui vivent dans des taudis ou des bidons au bord de la route. Elle
demande naïvement pourquoi Tsui ne propose pas à ses gens de venir prendre une
douche au centre d’aide. Il répond prosaïquement que, mine de rien, leur crasse
les protège du froid. Elle tente de poser des questions aux SDF, dans une idée
de faire un article classique, mais elle ne reçoit en guise de réponse que des balbutiements
incohérents.
Après
avoir rencontré quelques personnages cocasses, The Lunatics suit deux cas. Le premier est autour de Chung (Chow
Yun-fat), un sans domicile fixe crasseux qui ramasse des mégots de cigarettes
pour les fumer. Il s’enfuit quand il voit Tsui arriver. La poursuite continue
dans un amas de maisons à moitié calcinées où Chung vit avec sa petite fille
qui s’avère être très malade. Il semble avoir totalement perdu la raison, Chow
Yun-fat jouant la démence avec des yeux grands ouverts comme hallucinés. La
star joue avec force ce personnage de déclassé de la société qui cherche à
retrouver son fils au milieu de la forêt.
Le
deuxième cas occupe la majeure partie du récit. Tsuen (Paul Chun) a pété les
plombs et a longtemps interné en hôpital psychiatrique deux ans. Il vit
maintenant normalement dans un petit appartement. Sa mère (Lai Suen) le
soutient, travaillant dans un restaurant pour subvenir à leurs besoins. De sa
vie passée, Tsuen a dû tout abandonner. Son travail et, surtout sa famille. Il
a divorcé de sa femme et ne peut pas voir son jeune fils. C’est après une
confrontation avec son ancienne épouse que Tsuen va commencer à dériver
lentement vers une sourde folie.
Derek
Yee mène deux fronts dans son film. Il dénonce les conditions de vie des
marginaux qui ne plaisent pas aux règles communes de la société de Hong Kong.
Tsuen va ainsi être pris à partie par ses voisins quand ils apprennent qu’il
est mentalement malade. Le cinéaste cherche aussi à créer du suspense avec la
menace que fait peser Tsuen sur son jeune fils et ses camarades d’école. Le
film est ainsi tiraillé par ces deux extrêmes plutôt contradictoires. La folie
faisait sourire en début de film et tout se termine dans un drame exacerbé mais
un peu poussif.
The
Lunatics (癲佬正傳, Hong Kong, 1986) Un film de
Derek Yee avec Stanley Fung, deannie
Yip, Paul Chun, Chow Yun-fat, Tony Leung Chiu-wai, Dennis Chan, Lai Suen, John
Shum, Lo Hung.
jeudi 21 novembre 2013
La Légende de Zatoïchi 12 : Voyage en enfer
Grand
amateur de jeux de hasard et de paris, Zatoichi jette les dés pour la première
fois dans Voyage en enfer. Embarqué
sur un bateau pour traverser un bras de mer, le masseur aveugle mène le jeu
pour berner les autres parieurs. Il fait croire qu’un dé est sorti du sabot,
les concurrents gagnent de l’argent, puis que les deux dés sont sortis, au
ravissement des autres, mais il affirme que ce sont les dés cachés qui
comptent. Forcément les autres sont en colère contre lui et cherchent à se
venger, ignorant l’habileté au sabre de Zatoichi. Il manque de les mettre à
l’eau en se moquant d’eux et de leur mauvais esprit sportif.
C’est
donc sur ce bateau que le récit se lance. Après cette ouverture comique, Kenji
Misumi fait rencontrer son héros avec un voyageur solitaire qui joue aux
échecs, en solitaire, sur le pont. Jumonji Tadsu (Mikio Narita), un samouraï.
La différence entre les dés et les échecs est que Zatoichi ne peut pas profiter
de ses sens exceptionnels (dont l’ouïe et le toucher) pour gagner aux échecs.
Il se fait vite mettre échec et mat par Jumonji. Désarçonné, il perd ses
repères pour tout le reste du film. Une fois arrivé sur la terre ferme, les
deux hommes vont faire un bout de chemin ensemble. Zatoichi reste incognito,
Jumonji l’appellera « Simple Ichi ». C’est un autre Zatoichi qui
entre en scène.
On
l’avait un peu remarquée dans le bateau, au fond, en train de regarder Zatoichi
jouer, elle va suivre le masseur et le samouraï. Otané (Kaneko Iwasaki) et sa
petite fille Miki vont être malmenées par les joueurs mécontents qui veulent se
venger. L’enfant est blessée au pied. Les médicaments coûtent chers, Otané n’a
pas d’argent et « Simple Ichi » se dévoue pour aller acheter le
remède. La bonté du masseur passe par un
nouveau coup de dés mais cette fois, avec beaucoup d’ironie, Zatoichi est pris
à son propre piège et perd tout son argent pour n’avoir pas parié
convenablement. Au milieu de film, dans une station thermale, Zatoichi
rencontre deux nouveaux personnages, un seigneur et sa sœur en quête de
vengeance.
Kenji
Misumi prend un malin plaisir à faire plonger son héros dans des pièges qu’il a
lui-même tendus. Il ne maitrise plus tout à fait son destin et se laisse
manipuler par ses compagnons de voyage. Mais d’une manière beaucoup plus douce
que d’habitude. Il se rend compte bien tard qui est Otané et quel est la
mission de Jumonji. Le calme gagne la mise en scène du cinéaste, donnant une
forme molle à Voyage en enfer, titre
un peu exagéré. Les rares combats sont filmés en plan fixe, les adversaires se
déplaçant dans le plan, parfois légèrement suivis par un simple travelling. Un
Zatoichi de Kenji Misumi très loin des fulgurances passées.
La
Légende de Zatoïchi 12 : Voyage en enfer (座頭市地獄旅, Japon, 1965) Un film de Kenji
Misumi avec Shintarô Katsu, Mikio Narita, Chizu Hayashi, Kaneko Iwasaki, Gaku
Yamamoto, Saburô Date, Tatsuo Endô, Takuya Fujioka, Kanae Kobayashi, Fujio
Suga, Rokko Toura.
Sorties à Hong Kong (novembre 2013) Pay back
Pay back
(獵仇者, Hong Kong – Chine, 2013) Un film de Fu Xi avec Francis Ng, Deng
Zi-yi, Fan Siu-wong, Lam Suet, Cynthia Khan, Chang Cheng, Chen Yi-rong. 85 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 21 novembre 2013.
Sorties à Hong Kong (novembre 2013) Bends
Bends (過界,
Hong Kong – Chine, 2013) Un film de Flora Lau avec Carina Lau, Chen Kun, Tian
Yuan, Lawrence Cheng, Stephanie Che. 95 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à
Hong Kong : 21 novembre 2013.
samedi 16 novembre 2013
So young
Le
dicton selon lequel les opposés s’attirent est le meilleur moyen de résumer So young premier film de l’actrice
Vicky Zhao adapté d’un roman à succès. Le film plonge ses personnages dans la
Chine de la fin des années 1980 et les regarde évoluer sur une quinzaine
d’années. Zheng Wei (Yang Zishan) arrive de sa campagne pour étudier à la
grande ville. Elle était partie rejoindre son amour de lycée qui a quitté la
fac. Elle se retrouve à l’Université où elle partage sa modeste chambre avec
quatre autres jeunes étudiantes aux caractères bien différents.
Ses
coturnes sont Ruan Guan (Maggie Jiang) qui fait toujours preuve d’une grande
gentillesse, Li Weijuan (Zhang Yao) qui aide tout le monde à se sentir bien et
Xiaobei (Cya Liu) garçon manqué qui travaille le soir pour payer ses études.
Zheng Wei est plutôt d’un tempérament rebelle, prompte à réagir au quart de
tour, à se plaindre de la vétusté de leur petite chambre d’étudiantes, laissant
de marbre le gardien qui préfère regarder sa série à la télé que d’écouter les
doléances.
Les
quatre filles deviennent rapidement inséparables et vont rencontrer des
garçons, étudiants comme elles. Kayiang (Zheng Kai) est issu d’une famille
aisée et Zhang Kai (Bao Beier) est un prétentieux. Ils partagent leur chambre
avec Chen Xiaozheng (Mark Chao). Ce dernier ne pense qu’à ses études, ne semble
avoir aucune passion. Son coin est parfaitement en ordre, contrairement aux
autres étudiants qui vivent dans un capharnaüm. Sous le sommier au dessus du
sien, il a scotché de quoi réviser en permanence.
C’est
évidemment vers Chen Xiaosheng que Zheng Wei va porter son dévolu. Aucun d’eux
ne le sait encore d’autant que leur première rencontre est très explosive.
L’arrogance de Chen le rend tout d’abord particulièrement antipathique tout comme
l’énergie débordante de Zheng Wei est épuisante. Poussée par la curiosité, elle
inspecte les affaires de Chen et touche une maquette qu’il a fabriquée,
manquant de la faire tomber quand il la surprend. Il la jette de la chambre
comme une malpropre, la traitant d’irresponsable et espère ne plus jamais avoir
à la rencontrer sur le campus.
C’est
exactement l’inverse qui va se passer. L’étudiante exige des excuses, touchée
dans son estime d’elle-même. Elle va le harceler partout où il se trouve
provoquant l’exaspération du jeune homme. Ces confrontations verbales, souvent
hilarantes, constituent les meilleurs moments de So young. Les répliques acides fusent entre eux. Les coups fourrés
de Zheng Wei agissent comme des pièges dans lesquels Chen Xiaozheng se fait
prendre. Il est totalement déstabilisé par sa camarade, il semble comme un
petit chien perdu au milieu de la folie douce de Zheng Wei.
Le
film se concentrant essentiellement sur les rapports entre Zheng Wei et Chen
Xiaozheng, de leur haine réciproque à leur amour fusionnel, le scénario laisse
de côté les personnages secondaires tout en cherchant à donner corps à leur
émoi et difficultés. So young évoque
également les grands changements de mœurs apparus durant ces quinze années, du
carcan étroit dans lequel évoluait la jeunesse au libéralisme politique qui
apparut plus tard. La dernière partie qui les montre adultes est bien plus
faible que le reste du film. Vicky Zhao fait trop durer son film (2h10) pour
totalement convaincre.
So
young (致我們終將逝去的青春, Chine, 2013) Un film de Vicki Zhao avec Mark Chao, Yang Zishan, Han
Geng, Jiang Shu-ying, Tong Liya, Zhang Yao, Bao Beier, Wang Jia-jia, Huang
Ming, Zheng Kai, Liu Ya-se.
vendredi 15 novembre 2013
Badges of fury
La
carrière de Jet Li s’est considérablement ralentie depuis quelques années. Une
comédie dramatique sociale (Ocean heaven),
une participation aux Expendables de
Sylvester Stallone et deux films en costumes de plus ou moins bonne fortune (Le Sorcier et le serpent blanc et Dragon Gate). Pour rester présent
auprès des publics, ici à la fois hongkongais et chinois du continent, Jet Li
se lance avec Badges of fury dans la
comédie policière avec gros effets spéciaux, scènes d’action musclée et longs
mouvements scénaristiques romantiques.
Pour
approcher le public, cette super-production entoure Jet Li (qui a comme
personnage Huang Fei-hong : gros rappels musicaux à Il était une fois en Chine, bien entendu) d’un jeune acteur Wen
Zhang (qui partageait l’affiche d’Ocean heaven).
Tous deux sont des policiers. Wang Bu-er et Huang ne s’entendent pas, ils ont
un contentieux en commun mais doivent travailler ensemble dans une filature.
Huang est cuistot et Wang Bu-er danseur écossais. L’opération est supervisée
par Angela (Michele Chen), leur supérieure hiérarchique.
La
filature tourne rapidement à la catastrophe (le décor est entièrement détruit) parce
que les deux hommes ne cessent de s’envoyer des insultes dans leurs micros
cachés et que Wang Bu-er pense avoir découvert un suspect dans une autre
affaire irrésolue de crimes en séries. Trois hommes sont morts mystérieusement
en affichant un très large sourire. C’est autour de cette enquête que les deux
policiers, qui se détestent, vont devoir travailler ensemble. La piste les mène
vers deux femmes que les victimes connaissaient pour avoir été leurs fiancés.
Liu
Jin-shui (Liu Shi-shi) est une actrice célèbre qui rêve du grand amour mais
espère que l’homme de sa vie ne s’arrêtera pas à son image de star du cinéma.
Sa sœur Dai Yi-yi (Liu Yan) a également été la fiancée de ces trois hommes
après leur rupture avec Jin-shui. Il faut dire que ses attraits physiques sont
impressionnants, elle apparait constamment dans des tenues sexy avec des
bustiers échancrés. Dai Yi-yi est filmée comme une bombe sexuelle à laquelle
aucun homme ne peut résister. Wang Bu-er est comme le loup de Tex Avery, langue
pendante, devant elle.
Le
comique du film renvoie à celui des grosses comédies de Wong Jing (je pense par
exemple à Nicky Larson) avec des
effets visuels (le corps de Wang Bu-er semble élastique, sa grande et fine
taille y est pour beaucoup à côté du corps pataud de Jet Li) et sonores (chaque
gag est appuyé par un jingle). Le film s’apparente, surtout dans sa première
partie, à un cartoon, comme le faisait Stephen Chow dans sa période faste. Il
faut ajouter à cela de nombreuses courtes apparitions de star (Leung Kar-yan,
Lam Suet, Lam Tze-chung, le gros de Shaolin
soccer), pas mal de blagues triviales et d’humour potache ainsi que de nombreuses références cinématographiques.
On sent
l’envie de Jet Li de revenir à un cinéma qu’il a raté dans les années 1990, ce
genre de comédie où les moments comiques alternent avec la romance légère et
les longues scènes d’action, dirigées ici par Corey Yuen. L’acteur est un peu
en retrait, subit les effets spéciaux (une plongée numérique dans les
escaliers) et cède souvent la place à Wen Zhang pour les combats au corps à
corps (et il se débrouille très bien). Comme le faisait Jackie Chan quand il
tournait New police story il y a dix
ans de cela, Jet Li adoube cette nouvelle génération d’acteur d’action du
cinéma chinois.
Badges of
fury (不二神探, Hong Kong – Chine, 2013) Un film de Wang Zhiming avec Jet
Li, Wen Zhang, Liu Shi-shi, Michelle Chen, Liu Yan, Wu Jing, Leung Kar-yan,
Tong Da-wei, Michael Tse, Stephy Tang, Huang Xiao-ming, Kevin Cheng, Raymond
Lam, Alex Fong Lik-sun, Ma Yi-li, Feng Dan-ying.
jeudi 14 novembre 2013
Sorties à Hong Kong (novembre 2013) Kick ass girls
Kick ass
girls (爆3俏嬌娃, Hong Kong, 2013) Un film de GC Goo-bi avec Chrissie Chau, Yu
Xiao-tong, DaDa Lo, Chiu Tien-you, Chris Tung, GC Goo-bi, Lam Pui-kei, La Ying,
King Chiu. 95 minutes. Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 14 novembre
2013.
mardi 12 novembre 2013
Tales from the dark 1
Trois
contes sur les fantômes chinois par trois réalisateurs de Hong Kong composent
ce Tales from the dark 1. Cette
fois, les trois histoires sont de niveau à peu près égal, donnant un film très
agréable à regarder avec ses qualités, à commencer par le casting de haute
volée (Simon Yam, Tony Leung Ka-fai et Siu Yam-yam dans les rôles principaux)
et ses défauts (les films de fantômes chinois, ça ne me fait vraiment pas peur
mais c’est toujours amusant de regarder les acteurs qu’on aime jouer les
revenants).
Simon
Yam fait ses débuts de réalisateur avec le premier épisode. Dans Stolen Goods, il incarne Kwan, un
ouvrier tellement rongé par ses insomnies qu’il n’arrive jamais à se rendre à
l’heure à son travail. Il se fait virer de tous ses boulots, ouvrier dans le
bâtiment ou cuistot dans un restau tenu par une Yuen Qiu (actrice trop rare
depuis Crazy kung-fu) qui passe son
temps à lui gueuler dessus entre chaque partie de jeux sur son smartphone. Kwan
vit seul dans un minuscule cagibi où les étagères sont remplies de jouets et
poupées filmés en gros plan qui leur donne un aspect inquiétant.
Pour
survivre, Kwan suit les conseils de sa patronne qui lui a dit que seuls les
fantômes voudraient l’embaucher. Il va donc voler des urnes funéraires et
rançonner les familles. Ça n’était pas forcément une bonne idée. Simon Yam joue
à fond la carte du grand guignol avec des apparitions des fantômes qui font
sursauter dans des effets effrayants (montage cut et grosse musique), Lam Suet
grimé en blanc en train de se goinfrer et Simon Yam dans un personnage d’agité
du ciboulot qui ne comprend pas vraiment ce qu’il lui arrive et qui attribue sa
folie à la terre entière.
Le
commerce autour des fantômes se poursuit avec A word in the palm. Tony Leung Ka-fai est Maitre Ho, sorte de diseur
de bonne aventures dans un quartier commercial de seconde zone. Il a décidé
d’arrêter cette profession à la demande de sa femme (Eileen Tung) avec qui il
est séparé mais qu’il espère reconquérir. Leur fils, désormais adulte, est un
pianiste émérite. Les derniers clients de Ho sont un jeune couple qui attend un
enfant. Ils souhaitent trouver le meilleur feng-shui pour leur bébé. Ho leur
conseille d’aller voir Lan (Kelly Chen) qui tient la boutique voisine et qui
leur prodiguera des conseils.
Lan
est une femme excentrique qui n’a jamais vu de fantôme. Elle n’attend que cela
avec une impatience non feinte, lassant un peu Ho qui est le sérieux même. Leurs
attitudes opposées créent des moments légèrement comiques qui vont être
contrariés avec l’arrivée de Ting (Cherrie Ngan) une lycéenne. Le duo de médium
repère en elle un fantôme qui en veut au jeune marié qui vient de les
consulter. Dans cet épisode, la tension est soutenue grâce aux portes qui
coincent, avec le visage cadavérique de la lycéenne et le danger qu’elle
représente face à la mariée enceinte.
Le
dernier conte est réalisé par Fruit Chan que l’on n’avait pas vu depuis Nouvelle
cuisine. Jing Zhe commence
avec des plans épars filmés caméra à l’épaule dans un quartier populaire. Des
vieilles dames s’affairent pour attirer des clients qui veulent lancer quelques
sorts à leurs ennemis. Les gens apportent des photos et les intermédiaires
tapent avec une chaussure sur les photos en lançant des incantations. Parmi
eux, Chu (Siu Yam-yam, actrice au visage atypique) est
installée au milieu des bougies, amulettes et bâton d’encens. Elle reçoit comme
cliente une jeune femme (Dada Chan) qui en veut à trois hommes et à une femme.
Cet
épisode est le plus effrayant des trois contes de Tales from the dark 1. On ne comprend pas immédiatement où veut en
venir Fruit Chan. C’est d’abord le boniment de Chu qui est mis en avant, entre
volonté de satisfaire les clients qui ne pratiquent ses sorts plus par
tradition que conviction et sa lassitude de devoir encore travailler à son âge
avancé. Puis, l’angoisse commence à pointer son nez quand on comprend que cette
jeune femme est un fantôme et qu’elle cherche à se venger de ceux qui l’ont
fait mourir. L’effroi ne se crée pas avec son apparition mais par le regard
effrayé de Chu devant ce fantôme vengeur. Tout cela donne envie de regarder
assez vite Tales from the dark 2.
Tales
from the dark 1 (李碧華鬼魅系列-迷離夜, Hong Kong, 2013) Un film de Simon Yam, Lee
Chi-ngai et Fruit Chan. 1. Stolen goods avec Simon Yam,
Yuen Qiu, Maggie Siu, Felix Lok, Lam Suet, Jonathan Wong, Audrey Chan, Ben
Yuen, Ma Yu-ching, Ho Sai-man, Cat Lee. 2. A word in the palm avec Tony Leung Ka-fai, Kelly
Chan, Eileen Tung, Dada Chan, Cherry Ngan, Eddie Li, Jeannie Chan, Kitson Shum,
3. Jing Zhe avec Siu Yam-yam, Fala
Chen, Josephine Koo, Lo Hoi-pang, Chan Lai-wan, Julius Brian Siswojo, Leung
Wing-kit, Tony Ho.
samedi 9 novembre 2013
Three against the world
Dans
cette sympathique comédie d’action qu’est Three
against the world, les trois héros tournent autour d’un trésor antique, en
l’occurrence un exemplaire incunable du Coran. L’un doit le protéger contre les
deux autres qui veulent s’en emparer. Andy Lau est Charlie Chan, prenant le nom
du personnage
de détective inventé par la 20th Century Fox dans les années 1930, époque
où se déroule Three against the world.
Charlie Chan a été engagé par Monsieur Ng (Cheng Kwun-min) pour assurer la
sécurité du précieux parchemin.
Ses
deux adversaires, il les connait depuis des lustres car ils se croisent
régulièrement. Le premier est Ma Yun-lung (Norman Chu, belle coupe de cheveux
en mulette) et le deuxième est Cho Fei-fan (Teddy Robin), qui se déplace avec
une canne. Ils arrivent en fanfare dans la salle d’exposition. Chacun prétend
avoir une bonne raison de l’avoir. Fan est embauché par Sung (Wong Chi-keung)
qui posséder ce trésor. Ma affirme vouloir rendre justice au père de sa fiancée
qui a trouvé ce Coran.
L’enjeu du film est pour Charlie Chan de
trouver le moyen de ne pas laisser les deux hommes voler l’objet et pour les
deux autres toutes les ruses sont bonnes pour parvenir à leur fin. Ma avec sa
fiancée (Che Ling) se déguise en médecin et elle en femme enceinte. Ils font
croire à un accouchement devant le trésor, se barricade derrière des paravents
à l’abri des regards. Fan fait fabriquer un faux Coran par un faussaire
(doublement interprété par Yuen Woo-ping et Wu Ma) pour le substituer au vrai.
La malice de Charlie Chan empêche les
voleurs de mener leur mission à bien. Il trouve toujours une combine pour
humilier ses adversaires. Il est aidé par Hsiao Ming (Chin Ka-lok), le fils du
propriétaire du salon d’exposition. Le jeune Ming s’avère la plupart du temps
maladroit dans sa tâche, il se fait repérer dans ses filatures en vélo (il
tente de suivre Fan en vélo) et se prend quelques coups de poing dans la figure
et son entre-jambe. Son personnage est l’expression du sens burlesque du film.
Le comique vient aussi des caméos dont Shing Fui-on, Chiu Chi-ling.
Le scénario de Three against the world part dans tous les sens sans s’occuper de
la moindre vraisemblance. Ça n’est à vrai dire pas très grave puisque ce qui
est attendu, ce sont surtout les scènes d’action orchestrées par Yuen Wah. Ni
Andy Lau, Norman Chu ou Teddy Robin ne sont des artistes martiales, les scènes
de combat sont donc parodiques (la vitesse est accélérée) et jouent sur la
différence physique entre les acteurs. Teddy Robin, avec sa petite taille,
devrait être le premier battu mais c’est lui, par la grâce des trucages, qui
domine les autres.
Les trois héros ne sont pas les seuls à se
battre et à se menacer avec leur révolver (les leitmotive de John Woo sont
allégrement pillés), les personnages féminins donnent aussi du coup de pied. En
tête, la fille de Cho Fei-fan (Sandy Lam), qui virevolte dans les airs et
bastonne le gentil Hsiao Ming. Il ne faut non plus oublier la romance dévolue
au personnage de Rosamund Kwan, incarnation de la femme fatale en belles robes
qui séduit Charlie Chan. Un film donc aux trop nombreux ingrédients auquel il
manque un liant pour ne pas être autant indigeste.
Three
against the world (群龍奪寶, Hong Kong, 1988) Un film de
Brandy Yuen avec Andy Lau, Teddy Robin, Norman Chu, Rosamund Kwan, Sandy Lam,
Che Ling, Chin Ka-lok, Teddy Yip, Chung Faat, Cheng Kwun-min, Yuen Woo-ping, Wu
Ma, Walter Tso, Wong Chi-keung, Shing Fui-on, Chiu Chi-ling, Ka Lee, Corey
Yuen.
jeudi 7 novembre 2013
La Légende de Zatoichi 11 : Le Condamné
Les
jeux de hasard ont toujours été le péché mignon de Zatoichi (Shintaro Katsu).
C’est un moyen commode pour lui de gagner sa vie au fil de ses voyages pour
manger ses boulettes de riz. Si on s’en rend bien compte, il se fait très
rarement payé pour ses massages qu’il prodigue surtout à ses adversaires. Dans
tous les épisodes précédents, le masseur joue aux dés humilie les patrons de
maison de jeu qui pensent profiter de sa cécité pour l’escroquer. C’est aussi
un moyen de démontrer sa dextérité.
Cette
fois, il se trouve, en ouverture du Condamné,
dans une bien mauvaise posture : attaché et à genoux, il est puni de 50
coups de bâton pour avoir joué dans une maison de jeux illégale. Juste avant sa
punition, son voisin de cellule est condamné à mort. Il s’appelle Shimazo
(Koichi Mizuhara) et clame son innocence. Sa requête auprès de Zatoichi est
d’aller voir le chef de son village pour se faire déculpabiliser du complot
ourdi contre lui. Mais pour une fois, il rebrousse chemin, refusant d’aider le
condamné.
Tout
ce onzième épisode est placé sous les thèmes du jeu et du hasard. Les
coïncidences et le hasard ont toujours été la marque de fabrique des Zatoichi
qui rencontre sur son chemin des obstacles qu’il doit contourner et des ennemis
qu’il doit défaire. Ici, il tombe sur un faux moine, Hyakutaro (Kanbi Fujiyama)
qui se trouve être le fils de Shimazo. Le fils et le père ne s’étaient pas vus
depuis dix ans. Cette rencontre fortuite le convainc d’aider Shimazo et de
rencontrer son chef de village.
Tout
comme Zatoichi, Hyakutaro aime aussi jouer. Ils se rencontrent d’ailleurs à une
fête foraine où Zatoichi lance des flèches, avec succès, sur des cibles en
mouvement. Le jeune homme aime aussi l’argent et ne trouve rien de mieux que de
se faire passer pour Zatoichi. Il reproduit tous ses gestes, plie ses paupières
pour paraitre aveugle et imite sa voix. Jusqu’à ce qu’il tombe à nouveau, par
hasard, sur Zatoichi appelé pour masser son faux double. Toutes les apparitions
de Hyakutaro sont des moments comiques. Le jeu, c’est aussi le double jeu du
chef du village et de son allié l’intendant.
La
réputation du masseur précède ses arrivées. Sa légende, vraie ou fausse, se
répand partout sans que Zatoichi n’y puisse rien. Dans une auberge, deux
clients parlent de lui, en disent du mal alors que justement ils commentent le
personnage que s’est créé le moine et qui entache l’honneur du masseur. Zatoichi
est condamné à subir l’image qu’on a de lui.
Tout ce qu’il cherche c’est le calme, comme dans cette belle scène où il
sent le sel de l’océan à défaut de le voir. Il n’empêche que Le Condamné est un film un peu mou qui
recycle les éléments clés des autres épisodes.
La
Légende de Zatoichi 11 : Le Condamné (座頭市逆手斬り, Japon, 1965) Un film de Kazuo Mori avec Shintarô
Katsu, Kanbi Fujiyama, Eiko Taki, Masako Myojo, Kenjiro Ishiyama, Ryuzo
Shimada, Koichi Mizuhara.
mardi 5 novembre 2013
Une balle dans la tête
Une balle dans la tête est le film le plus lyrique de John Woo. Le
contexte est le Hong Kong de 1967, dans les quartiers pauvres où les trois
personnages, tout juste rentrés dans l’âge adulte mais encore immatures, ne
rêvent que d’une chose : une vie meilleure. Une balle dans la tête filme d’abord leur sourire, leur amitié indéfectible, leur jeu innocent et se termine
avec des visages grimaçant de douleurs, le cœur brisé et l’amitié détruite.
John Woo filme ce mouvement en deux heures et cinq minutes.
Le
générique d’ouverture est guilleret. Benny (Tony Leung Chiu-wai), Frank (Jacky
Cheung) et Paul (Waise Lee) se connaissent depuis l’enfance. Le premier va
bientôt se marier avec Jane (Fennie Yuen), une jeune femme de leur quartier.
Ils ne pensent pas pouvoir sortir de ces quelques rues où ils trainent en vélo
imaginant des courses, comme s’ils étaient dans La Fureur de vivre. Frank manque de tomber à l'eau dans cette
course (signe prémonitoire). Paul ne rêve que de pouvoir conduire une Mercedes,
sa seule ambition.
Benny
épouse Jane sous la pluie. Frank n'est pas là. Il doit emmener de quoi payer le
restaurateur, il a emprunté de l'argent, sur le chemin, il se fait racketter
par une bande du quartier voisin. Il se fait salement amocher. Benny et Paul
vont le venger à coups de barres de fer. Le mariage de Benny n'aura duré qu'une
nuit, il doit fuir parce que le chef de la bande est mort dans la baston. Les
trois amis décident de partir au Viêt Nam, en pleine guerre, parce que, comme
leur dit un parrain bien intentionné « c'est dans le plus grand des chaos
qu'on peut faire les meilleures affaires ». On leur confie des
amphétamines qu'ils iront vendre au Viêt Nam pour démarrer.
Le
chaos, il est déjà à Hong Kong avec les manifs étudiantes qui commencent à
enflammer le campus universitaire. Jane est encore étudiante, Benny est déjà
recherché activement par la police locale. Les manifestants sont communistes,
ils lâchent des bombes au milieu de la rue, ces salauds. A Saïgon, dans le Sud
Viêt Nam, d'autres communistes manifestent pour protester contre la présence
des Américains. Lors de ces deux manifs, on pense aux événements de Tian An Men
survenu pendant le tournage, on voit des étudiants devant un char d'assaut. Un
autre attentat est commis dans la rue. Pas de bol, toute la marchandise des
trois amis est détruite par la bombe.
Le
lyrisme d’Une balle dans la tête passe
par la nostalgie du pays natal pour les trois garçons coincés en pleine guerre
dans un pays dont ils ne parlent pas la langue. Ils voulaient contrôler leur
destin mais n’y parviennent pas. La nostalgie passe par le personnage de Sally
Yan (Yolinda Yan), qui fût, jadis, vedette de la chanson à Hong Kong. Son
regard triste n’exprime qu’une chose : espérer son retour dans la colonie
britannique. Benny la remarque tout de suite, elle lui rappelle sans doute Jane
laissée au pays. Sally Yan chante des
chansons mélancoliques dans le cabaret où on l’oblige à travailler.
Son
bourreau est Leong (Lam Chung), caricature de parrain de triades au ricanement
constant. Il est pourtant le point de chute des trois amis, leur contact pour
« réussir ». C’est lui qui profite du chaos de la guerre pour se
faire de l’argent. Il est de mèche avec les autorités. Il retient Sally en
cachant son passeport. Il la soumet en la droguant. Le dernier personnage
auquel les trois amis vont se raccrocher est Luke (Simon Yam) qui apparait
comme un fantôme tout vêtu de blanc qu’il est. Il est l’antithèse de Leong, le
sauveur de toutes les situations. Leong est un traitre, Luke un ange.
La
guerre rend fou, le chaos change les hommes. Paul se démarque de ses deux amis
en ne voulant qu’une chose : l’or qui appartient à Leong. L’amitié ne vaut
rien face à de l’or. La traversée des champs de bataille permet à John Woo de
rivaliser, avec beaucoup moins de moyens, avec Hollywood. Le film est un dépliage
de Voyage au bout de l’enfer de
Michael Cimino. Dans cette course folle en voiture au milieu des bombes qui
tombent, des Vietnamiens qui fuient, l’incongruité de se trimballer avec un
coffre plein d’or détonne.
La
tension dans ces scènes de bataille se crée ainsi en opposant la violence des
combats, filmés en alternant plans larges et gros plans, et l’angoisse qui se
lit sur le visage de Paul, Benny, Frank, Luke et Sally. Puis, il s’accentue
encore plus lorsque les Viêt-Cong (le film est violemment anti-communiste)
obligent les soldats prisonniers puis Frank et Paul à abattre à bout portant
d’autres prisonniers. La tension est à son comble quand Paul, tenant le coffre
d’or dans une main, ne peut pas s’empêcher de ne vouloir sauver que sa peau et
abandonner Frank, blessé, à son sort.
Les
beaux visages des quatre acteurs n’en finissent pas de se tordre, au ralenti, sous
la douleur à la fois physique et morale. John Woo leur demande d’hystériser
leur interprétation, de hurler les dialogues, de crisper leur yeux. Il défigure
la beauté de Tony Leung Chiu-wai, celle de Simon Yam ou Jacky Cheung, en les
plongeant dans la boue, dans le sang, dans la sueur. Les corps sont épuisés,
les visages remplis de cicatrices, leur jeunesse est perdue. Le spectateur est
lui aussi épuisé par le sort qu’on leur fait subir sans ménagement. Une balle dans la tête est l’un des
films les plus viscéraux et les plus sombres de John Woo.
Une
balle dans la tête (Bullet in the head, 喋血街頭, Hong Kong, 1990) Un
film de John Woo avec Tony Leung Chiu-wai, Jacky Cheung, Waise Lee, Simon
Yam, Yolinda Yan, Lam Chung, Fennie Yuen, Chang Gan-wing, So Hang-suen, Pau
Hei-ching, Cheung Chang, Siao San-yan, Yee Tin-hung, Pooi Wan, Tsui Kwong-lam,
Lawrence Lau, To Wai-wo, Lam Chi-tai, Wan Seung-lam, Raymond Lee, Jameson Lam.
dimanche 3 novembre 2013
My name ain't Suzie
L’intérêt
principal de My name ain’t Suzie est
de voir Anthony Wong dans son tout premier rôle au cinéma. L’acteur, qui
n’avait fait que de la télé, est crédité, dans cette production Shaw Brothers,
sous le nom d’Anthony Perry. A cela il y a une raison scénaristique. Il faut
admirer ses cheveux ondulants et ses chemises occidentales qui contrastent avec
les autres acteurs chinois, il incarne Jimmy un jeune métisse à la recherche de
son père américain qu’il n’a jamais connu. Nous sommes au milieu des années 1950.
Jimmy
traine la plupart du temps dans le Lucky Bar tenu par Lin Yuk (Angela Yu),
surnommée Little Lady. Une main de fer dans un gant de velours. Il est devenu
son amant bien qu’elle puisse être sa mère. Il ne l’aime pas vraiment, regarde
toujours les jeunes femmes qui travaillent dans le bar. S’il traine là, c’est
parce que le lieu est fréquenté par des marins à qui Jimmy demande s’ils
connaissent son père. Il montre une photo de son père qui jouxte celle de James
Dean, son idole.
Parmi
toutes les filles qui servent à faire cracher leur argent à ces marins
américains, Chiu-mei (Pat Ha) est celle qui intéresse le plus Jimmy. Elle vient
de la campagne sans vraiment comprendre qu’elle serait son métier à Hong Kong.
Elle pensait juste se faire un peu d’argent et revenir aider sa famille. C’est
Monie (Betty Ting) qui l’a convaincu de venir travailler au Lucky Star. Monie
était de son village et elle a réussi dans la vie, comme on dit. Chiu-mei veut,
comme Monie, avoir de belles robes.
La
première partie de My name ain’t Suzie
est consacrée à l’apprentissage de Chiu-mei qui adopte le pseudonyme de Mary.
On découvre les jeunes recrues toutes naïves devant le maquillage qui sent
mauvais selon leur critères, le dédain des employées déjà blasées alors
qu’elles ne doivent avoir que quelques mois d’ancienneté et l’apprentissage de
la séduction avec un slogan imparable à sortir aux marins « no money, no
horny », soit pas d’argent, pas de plaisir. Le film en reste aux clichés
sur le changement des jeunes filles qui passent de le tenue traditionnelle aux
belles robes colorées et sexy.
Quand
Jimmy et Chiu-mei commencent à flirter, Little Lady voit rouge. La patronne se
sent vexée d’être mise sur le banc. Puis Jimmy quitte le film quand il retrouve
son père. Avec sa cousine Leung, Chiu-mei décide de quitter la boite à marins
pour fonder sa propre entreprise avec les risques du métier. En l’occurrence,
le poids des triades qui commencent à sévir. Elles vont se faire aider par Wong
Ying (Deannie Yip, la future grand-mère de A
simple life d’Ann Hui), personnage androgyne qui porte le pantalon et fume
le cigare. Leur duo est croustillant.
Le
film d’Angela Chan joue sur plusieurs tableaux. C’est d’abord un film d’époque
qui se déroule sur une vingtaine d’années. Elle montre la transformation de
Hong Kong par le prisme de l’évolution des mœurs en se concentrant sur un
quartier unique. Mei-li était une jeune fille innocente, elle deviendra une
proxénète aguerrie. C’est surtout une romance contrariée parfois un peu
poussive. La conclusion, un peu moralisante, se veut plus mélancolique quand
Mei-li se rend compte qu’elle a raté sa vie amoureuse.
My name ain’t Suzie (花街時代, Hong Kong , 1985) Un film
d’Angela Chan avec Pat Ha, Angela Yu, Betty Ting, Anthony Wong, Deannie Yip, Kwan
Yik-nam, Lee Sze-ping, Colette Goo, Kelvin Wong, Wong Wai, Che Fong.
samedi 2 novembre 2013
La Légende de Zatoichi 10 : La Revanche
Bien
calé dans le foin que transporte une charrette, Zatoichi (Shintaro Katsu) mange
une boule de riz en profitant des rayons du soleil. Très vite, la grisaille du
village où il va se rendre va assombrir la bonne humeur du masseur aveugle. Il
retourne sur les lieux de son passé et souhaite saluer le maître Hikonoichi –
aveugle comme lui – son ancien professeur. Hélas, il apprend assez rapidement
en demandant des nouvelles du vieil homme que celui-ci est décédé deux semaines
plus tôt.
Pire
que cela, Hikonoichi a été assassiné et sa fille la jeune Sayo (Mikiko Tsubouchi) est retenu prisonnière dans la maison close du
coin. Ce bordel est tenu d’une main de fer par deux notables du village, le
chef Tatsugoro (Sonosuke Sawamura) et l’intendant Isoda (Fujio Harumoto)
surnommé par tous, mais en secret, le seigneur lubrique. Ce dernier apprécie
particulièrement les jeunes femmes à la peau douce et si possible vierges. Il
aimerait profiter de Sayo mais cette dernière se refuse à donner son corps.
Les
jeunes femmes qui se prostituent dans cette maison close ont perdu tout
sourire. Elles sont retenues contre leur gré. L’intendant et le chef ont chaque
fois créé de toutes pièces des dettes qu’elles doivent rembourser en vendant
leurs corps aux clients. Dans La
Revanche, on ne verra pas de scènes érotiques (la mode n’était pas encore
répandue), mais la maquerelle et les hommes de main du chef frappent et
molestent les filles rebelles, dont Soya enfermée dans une cage et nourrie
comme une bête.
Pour se
faire encore plus d’argent, le sinistre duo tient une maison de jeux où ils
passent leur temps à demander à Denroku (Norihei Miki), le maître des dés, de
tricher. Là, ils tenteront d’escroquer Zatoichi en échangeant les dés. Le
masseur n’en veut pas à Denroku qui ne fait qu’obéir. C’est un père honorable
qui élève seul sa fille de onze ans, la charmante Tsuru (Sachiko Kobayashi). Ce
père cherche à éviter à sa fille de tomber dans les griffes de l’intendant
Isoda. L’intendant menace de « s’occuper d’elle ».
Cette
dixième aventure revient sur un récit où la corruption des seigneurs gangrène
la société. Rien de neuf de ce côté-là. L’esprit sournois de Tatsugoro et Isoda
les pousse à faire accuser Zatoichi de plusieurs meurtres qu’ils ont fait
commettre. Zatoichi comme à son habitude va faire régner la justice dans cet
univers vicieux. Les morts se comptent par dizaine, chaque fois les hommes de
main des seigneurs se font trucider par la lame cachée dans sa canne. Il chasse
donc ces démons qui assombrissaient le ciel du village et repart avec, encore
une fois, les rayons du soleil sur son visage.
La
Légende de Zatoichi 10 : La Revanche (座頭市二段斬り, Japon, 1965) Un film d’Akira
Inoue avec Shintarô Katsu, Norihei Miki,
Mikiko Tsubouchi, Takeshi Katô, Fujio Harumoto, Sanemon Arashi, Jun Katsumura, Gen
Kimura, Sachiko Kobayashi, Sonosuke Sawamura.
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