Travailleur
social dans une association d’aide aux malades mentaux et aux sans domicile
fixe, Tsui (Stanley Fung) se voit contraint par son patron d’être suivi par une
journaliste, Tina Lau (Deannie Yip) quelques jours dans son travail. La veille,
elle avait découvert Tsui par hasard dans un marché aux poissons. Appelé
d’urgence par la police, il était venu calmer Doggie (Tony Leung Chiu-wai) qui,
habillé d’un survêt vert, d’un short et d’une casquette jaune, menaçait les
autres clients avec un hachoir.
Cette
entrée en matière de The Lunatics,
premier film de Derek Yee, permet de montrer le boulot de Tsui. Il suit les
malades mentaux qui risquent de péter les plombs. Les journalistes, ce jour-là,
accourus en masse, prenant des photos et avides de sensationnalisme, voulaient
faire un article vendeur. Tina Lau est intriguée par Tsui qui a jeté à terre son
appareil photo. Bien malgré lui, il accepte d’être suivi dans sa tournée. Il
fait de nombreuses recommandations : tenue neutre et surtout pas de flash
qui effraient les malades.
Tsui
décide de plonger immédiatement Tina dans l’enfer de Hong Kong. Elle découvre
un monde qu’elle ignorait, des SDF pris sur le vif dans la rue, des gens
déclassés qui vivent dans des taudis ou des bidons au bord de la route. Elle
demande naïvement pourquoi Tsui ne propose pas à ses gens de venir prendre une
douche au centre d’aide. Il répond prosaïquement que, mine de rien, leur crasse
les protège du froid. Elle tente de poser des questions aux SDF, dans une idée
de faire un article classique, mais elle ne reçoit en guise de réponse que des balbutiements
incohérents.
Après
avoir rencontré quelques personnages cocasses, The Lunatics suit deux cas. Le premier est autour de Chung (Chow
Yun-fat), un sans domicile fixe crasseux qui ramasse des mégots de cigarettes
pour les fumer. Il s’enfuit quand il voit Tsui arriver. La poursuite continue
dans un amas de maisons à moitié calcinées où Chung vit avec sa petite fille
qui s’avère être très malade. Il semble avoir totalement perdu la raison, Chow
Yun-fat jouant la démence avec des yeux grands ouverts comme hallucinés. La
star joue avec force ce personnage de déclassé de la société qui cherche à
retrouver son fils au milieu de la forêt.
Le
deuxième cas occupe la majeure partie du récit. Tsuen (Paul Chun) a pété les
plombs et a longtemps interné en hôpital psychiatrique deux ans. Il vit
maintenant normalement dans un petit appartement. Sa mère (Lai Suen) le
soutient, travaillant dans un restaurant pour subvenir à leurs besoins. De sa
vie passée, Tsuen a dû tout abandonner. Son travail et, surtout sa famille. Il
a divorcé de sa femme et ne peut pas voir son jeune fils. C’est après une
confrontation avec son ancienne épouse que Tsuen va commencer à dériver
lentement vers une sourde folie.
Derek
Yee mène deux fronts dans son film. Il dénonce les conditions de vie des
marginaux qui ne plaisent pas aux règles communes de la société de Hong Kong.
Tsuen va ainsi être pris à partie par ses voisins quand ils apprennent qu’il
est mentalement malade. Le cinéaste cherche aussi à créer du suspense avec la
menace que fait peser Tsuen sur son jeune fils et ses camarades d’école. Le
film est ainsi tiraillé par ces deux extrêmes plutôt contradictoires. La folie
faisait sourire en début de film et tout se termine dans un drame exacerbé mais
un peu poussif.
The
Lunatics (癲佬正傳, Hong Kong, 1986) Un film de
Derek Yee avec Stanley Fung, deannie
Yip, Paul Chun, Chow Yun-fat, Tony Leung Chiu-wai, Dennis Chan, Lai Suen, John
Shum, Lo Hung.
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