Grand
amateur de jeux de hasard et de paris, Zatoichi jette les dés pour la première
fois dans Voyage en enfer. Embarqué
sur un bateau pour traverser un bras de mer, le masseur aveugle mène le jeu
pour berner les autres parieurs. Il fait croire qu’un dé est sorti du sabot,
les concurrents gagnent de l’argent, puis que les deux dés sont sortis, au
ravissement des autres, mais il affirme que ce sont les dés cachés qui
comptent. Forcément les autres sont en colère contre lui et cherchent à se
venger, ignorant l’habileté au sabre de Zatoichi. Il manque de les mettre à
l’eau en se moquant d’eux et de leur mauvais esprit sportif.
C’est
donc sur ce bateau que le récit se lance. Après cette ouverture comique, Kenji
Misumi fait rencontrer son héros avec un voyageur solitaire qui joue aux
échecs, en solitaire, sur le pont. Jumonji Tadsu (Mikio Narita), un samouraï.
La différence entre les dés et les échecs est que Zatoichi ne peut pas profiter
de ses sens exceptionnels (dont l’ouïe et le toucher) pour gagner aux échecs.
Il se fait vite mettre échec et mat par Jumonji. Désarçonné, il perd ses
repères pour tout le reste du film. Une fois arrivé sur la terre ferme, les
deux hommes vont faire un bout de chemin ensemble. Zatoichi reste incognito,
Jumonji l’appellera « Simple Ichi ». C’est un autre Zatoichi qui
entre en scène.
On
l’avait un peu remarquée dans le bateau, au fond, en train de regarder Zatoichi
jouer, elle va suivre le masseur et le samouraï. Otané (Kaneko Iwasaki) et sa
petite fille Miki vont être malmenées par les joueurs mécontents qui veulent se
venger. L’enfant est blessée au pied. Les médicaments coûtent chers, Otané n’a
pas d’argent et « Simple Ichi » se dévoue pour aller acheter le
remède. La bonté du masseur passe par un
nouveau coup de dés mais cette fois, avec beaucoup d’ironie, Zatoichi est pris
à son propre piège et perd tout son argent pour n’avoir pas parié
convenablement. Au milieu de film, dans une station thermale, Zatoichi
rencontre deux nouveaux personnages, un seigneur et sa sœur en quête de
vengeance.
Kenji
Misumi prend un malin plaisir à faire plonger son héros dans des pièges qu’il a
lui-même tendus. Il ne maitrise plus tout à fait son destin et se laisse
manipuler par ses compagnons de voyage. Mais d’une manière beaucoup plus douce
que d’habitude. Il se rend compte bien tard qui est Otané et quel est la
mission de Jumonji. Le calme gagne la mise en scène du cinéaste, donnant une
forme molle à Voyage en enfer, titre
un peu exagéré. Les rares combats sont filmés en plan fixe, les adversaires se
déplaçant dans le plan, parfois légèrement suivis par un simple travelling. Un
Zatoichi de Kenji Misumi très loin des fulgurances passées.
La
Légende de Zatoïchi 12 : Voyage en enfer (座頭市地獄旅, Japon, 1965) Un film de Kenji
Misumi avec Shintarô Katsu, Mikio Narita, Chizu Hayashi, Kaneko Iwasaki, Gaku
Yamamoto, Saburô Date, Tatsuo Endô, Takuya Fujioka, Kanae Kobayashi, Fujio
Suga, Rokko Toura.
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