On croyait que ce serait encore un tournage avorté, un de ces effets d’annonce comme il y en a beaucoup trop (on se souvient de ce remake du Cercle rouge avec Delon qui n’avance pas), mais apparemment Johnny Hallyday tourne vraiment à Hong Kong dans Vengeance le prochain film de Johnnie To et Wai Ka-fai. Paris Match est allé faire un reportage à Hong Kong et une interview avec le chanteur. Personnellement, je n’aime pas trop Hallyday, mais les deux cinéastes vont sans doute faire exploser son image. Voici quelques extraits volés du magazine.
L’équipe est adorable. Je vous assure, on n’a pas l’habitude d’être traité aussi chaleureusement par les équipes dans les autres pays. Ils sont tous aux petits soins. On attend, comme sur tous les tournages, mais ici ils viennent tout le temps vous demander si vous voulez du thé, de l’eau, un café ou quelque chose à manger. En France, si on ne demande rien, personne ne vient vous voir !
Et concrètement, est-ce une organisation différente?
Les membres de l’équipe sont très pragmatiques. Si on tourne dans la rue, ils ne vont pas chercher des chambres pour installer nos loges. Tout simplement, ils dressent des tentes sur un bout de trottoir, avec deux chaises, une table, un portant de vêtements et un miroir. Ça, c’est pour l’intendance : ils vont au plus simple. Mais techniquement, ils sont extrêmement méticuleux pour tout ce qui concerne les mouvements de caméras, les positions, la gestuelle. Cela n’est pas du tout aussi simple qu’on pourrait le croire. En plus, ils se “couvrent” beaucoup. C’est-à-dire que, pour une scène, on multiplie les angles et la taille des plans. On fait un film noir, mais Johnnie To y ajoute des plans qu’on verrait plutôt dans un western. Il fait des gros plans sur les yeux, la bouche, les mains. Il adore aussi les cadrages larges. Il est d’une grande précision. Il sait exactement ce qu’il veut.
Aviez-vous vu ses films avant de venir tourner avec lui?
Je connaissais son cinéma, mais, depuis que je suis à Hongkong, j’ai surtout découvert qu’ici Johnnie To est une vraie star. C’est sans aucun doute le metteur en scène le plus apprécié en Asie aujourd’hui. Ce réalisateur, très rigoureux envers son équipe, ses acteurs et lui-même, me fait penser à la fois à Godard et à Melville. Quand il filme la violence, il va jusqu’au bout, à la façon d’un Melville. Mais quand on tourne une scène intimiste, il prend son temps, comme Godard. Dans la vie, on ne se précipite pas pour allumer une cigarette ou boire un verre. Johnnie To me dit : “Tu prends le verre trop vite.” En France, on me dirait : “Mais pourquoi tu mets autant de temps pour prendre ce verre?” J’ai vraiment le sentiment qu’on est en train de faire un grand film noir. C’est aussi un film d’action, plutôt à l’américaine. Quand il y a du sang, en France, on n’ose pas trop le montrer. Ici, ils mettent le paquet. La nuit dernière, j’ai tourné une scène où je prends une balle dans l’épaule. Il y avait du sang partout. Je crois qu’ils mettent du sucre dans le faux sang, ça colle, et on a du mal à s’en débarrasser. Mais à l’image, ça se voit, cela rend la scène intense. C’est pareil pour la pluie. On sait qu’au cinéma il faut beaucoup de pluie pour que cela se voie, mais là, ils y vont à coups de lance à incendie ! Je tourne donc sous une fausse pluie, mais qui est bien froide. Et après six heures d’affilée à rester trempé, j’ai attrapé un rhume...
Comment se passe le travail avec Johnnie To?
Lui, parle mieux l’anglais que la plupart des membres de l’équipe ; et en plus, il est tout le temps avec son interprète. La communication est donc facile. Mais, de tous les acteurs, je suis le seul à avoir lu le scénario. Il ne le donne jamais à lire aux autres. Il les dirige jour après jour, scène après scène, sans qu’aucun d’entre eux ne connaisse l’histoire. Et comme on ne tourne pas dans l’ordre chronologique, ils doivent vraiment être perdus... Mais ils ont l’habitude de travailler avec lui, et ils lui font une confiance totale. Godard faisait la même chose, lorsqu’il nous donnait trois pages à apprendre un quart d’heure avant le tournage...
Vous pouvez nous parler de Francis Costello, votre personnage?
C’est un ancien gangster, reconverti dans la restauration. Il est français, mais sa fille, qui est mariée à un Chinois, vit à Hongkong. Elle et sa famille vont se faire massacrer par des gangsters armés par la mafia. Alors, il vient à Hongkong pour trouver les responsables et les tuer à son tour. Mais comme il ne connaît personne et ne parle pas la langue, il va se faire aider par trois tueurs. C’est un film noir, mais avec beaucoup d’humour. Un humour surprenant, assez décalé.
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