vendredi 19 décembre 2008

Serbis


Michel Ciment, le super-intendant de la revue de cinéma Positit, avait pris ses plus belles armes vocales lors de plusieurs numéros du Masque & la Plume pour dire toute sa haine de Serbis. En substance, c’était une honte, voire une infamie, que ce film philippin soit présenté en compétition au Festival de Cannes 2008. C’est bien entendu trop d’honneur et trop d’indignité. Serbis s’avère extrêmement décevant d’à peu près tous les points de vue.


En comparaison avec John John, le précédent film de Mendoza sorti en France, Serbis semble manquer cruellement d’envergure. Le film suit le parcours sur une journée d’une famille qui tient un cinéma porno dans une ville de province. Le personnage principal semble être Nayda (Jacklyn Jose). Mère de famille d’un adorable petit garçon, elle tient d’une main de maître le cinéma. Vivent aussi ici le frère et la sœur de Nayda et sa mère. C’est autour de son personnage que tourne la partie familiale du récit : elle fait un procès à son mari qui l’a trompée et vitupère contre son fils qui témoigne en faveur du père.


Nayda tente de concilier toute sa famille. De faire que sa sœur ne se maquille pas trop, que son frère ne s’engueule pas avec la mère, que la mère calme sa colère malgré l’adultère du mari, que son fils travaille à l’école pour que lui ne soit obligé de travailler dans ce cinéma minable et vétuste. Nayda doit aussi s’occuper du cinéma, veiller à ce que son projectionniste ne passe pas son temps à baiser. Mendoza voudrait en faire une mère-courage égale de la mère adoptive de John John, mais Nayda n’a pas autant de force et le scénario de Serbis s’apparente plus à celui d’un soap opéra qu’à un film social.


Quelques scènes choc ponctuent régulièrement le film. Une ou deux scènes de cul dans la salle tandis que le film se déroule, une fellation prodiguée au projectionniste, une scène de mutilation avec une bouteille. Rien de vraiment choquant en vérité. Il y une tentative assez vaine de filmer vrai, caméra à l’épaule et jeu naturaliste. Il y a surtout un gros travail sur le son où Mendoza fait enregistrer tous les bruits de l’extérieur, voitures, klaxons, qui saturent notre appréhension du film. Ça n’est jamais émouvant, juste un peu fatigant et somme toute très décevant.


Serbis (Philippines – France, 2008) Un film de Brillante Mendoza avec Dan Alvaro, Mercedes Cabral, Julio Diaz, Bobby Jerome Go, Roxanne Jordan, Jacklyn Jose, Kristoffer King, Coco Martin.

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