jeudi 4 mars 2010

To live and die in Mongkok


Ce qu’il y a de formidable et de terrible avec le cinéma de Wong Jing, c’est sa versatilité. Il passe d’un genre à un autre sans souci. Il fait une comédie en costumes puis passe à un polar autour des triades. C’est formidable parce qu’on sait que tous les quatre ou cinq mois, on va voir un de ses films. C’est terrible parce qu’on oublie le précédent à chaque nouveau film. Pour To live and die in Mongkok, la publicité annonçait que le casting du film était avec quatre acteurs et actrices récompensés aux derniers Hong Kong Film Awards. C’est vrai, mais quelle importance puisque de toute façon ce polar ne fera pas date.


Soit Fai (Nick Cheung, meilleur acteur en 2009 pour The Beast stalker) qui, après 29 ans de prison, est enfin libéré. Il avait tué une vingtaine d’hommes et avait été arrêté par le policier Yu, surnommé Gunner (Liu Kai-chi, meilleur acteur dans un second rôle en 2009 pour The Beast stalker). Le flic est toujours en place et cherche à contrôler la triade dans laquelle va retourner Fai. Un nouveau chef de clan doit être élu et Fai pourrait partager Porky (Wai Kar-hung) qui a le soutien des anciens et qui remplacerait son père et Peter (Patrick Tam), adepte d’un style plus neuf mais tout aussi violent. Fai va retrouver sa mère (Bau Hei-jing (meilleure actrice en 2009 pour The Way we are). Il va aussi rencontrer Pamela (Monica Mok), prostituée qui est harcelée par Porky. Elle vient de Chine continentale. Sa jeune sœur Penny (Nathalie Meng), débarque à ce moment-là après la mort de sa mère.


Wong Jing nous propose tout un panel de la folie. Fai est schyzophrène. Il parle à son double, appelé Fai Junior (Tang Tak-po), qui est lui-même trente ans avant. C’est une boule de violence qui explose à la moindre contrariété. Nick Cheung arbore un sourire béat mais Tang Tak-po fait la gueule. On pense à Lau Ching-wan et ses doubles de Mad detective, mais Wong Jing n’arrive pas à semer autant le trouble que Wai Ka-fai. Il se sent obligé de donner des explications tout au long du film au cas où on n’aurait pas compris. La mère de Fai souffre d’Alzheimer. Penny est retardée et se comporte comme une enfant de six ans, ce qui crée quelques problèmes. Enfin, Porky est un psychopathe violent. Il bat tous ses hommes de main. C’est aussi un obsédé sexuel et un violeur compulsif. Voilà le tableau.


Parce que Wong Jing n’est ni John Woo ni Johnnie To, rien n’est filmé de manière clinique, bien au contraire. La mise en scène de Wong Jing et Billy Chung est frénétique, épileptique et chaotique, pour ne pas dire clipesque. On a droit à tout : ralentis, split screen, noir et blanc au milieu d’une séquence en couleur, accélérés, effets spéciaux, larges focales. Mais, ça marche plutôt bien. Bien sûr, on a parfois l’impression que Wong Jing essaie de refaire un Wai Ka-fai (To many ways to be N°1) ou un Johnnie To (tous ses polars triades depuis Election jusqu’à Exilé). Mais Wong Jing reste en mode mineur. Certes, il aimerait se prendre pour le Quentin Tarantino cantonais (il doit croire qu’il l’est d’ailleurs). Il parle de cinéma, il filme Fai et Pamela dans une salle vide (il n’y a plus de cinéma à Hong Kong, à part moi), on voit des affiches de On his majesty’s secret service un peu partout, Fai regrette sa jeunesse où les héros des films de triades étaient si valeureux. Wong Jing ambitionne d’être le parrain du cinéma, mais c’est pas gagné.


To live and die in Mongkok (旺角監獄, Hong Kong, 2009) Un film de Wong Jing et Billy Chung avec Nick Cheung, Liu Kai-chi, Chan Lai-wan, Nina Paw, Nathalie Meng, Patrick Tam, Monica Mok, Bau Hei-jing, Wong Jing, Wai Kar-hung, Tang Tak-po, Samuel Leung, Jeffrey Chow, Roderick Lam, Ng Chi-hung.

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