dimanche 21 mars 2010

Little big soldier


Entre ses rôles sérieux et ses navets américains, il y a longtemps que je n’avais pas eu l’impression de voir Jackie Chan dans un personnage qui ne pouvait être qu’à lui. Le soldat pleutre de Little big soldier est taillé sur mesure pour l’acteur (il a écrit le scénario) et le film renoue avec ses films des années 1980. C’est plutôt une bonne nouvelle d’autant que la séquence initiale rappelle celle de Les Seigneurs de la guerre, image grisâtre, amoncellement de cadavres d’où sort notre héros, film de guerre de la Chine ancienne. Bref rien de bon ni de neuf a priori.


Quand le vieux soldat sans nom (Jackie Chan) découvre son visage dans cette montagne de soldats morts, sa réaction est d’abord celle de l’hébétude, puis du soulagement. Il est sans aucun doute habitué à se faire passer pour mort, c’est le secret de sa longévité de soldat. Au milieu de corps, un autre homme se relève. C’est un général ennemi (Wang Lee-hom). Là, Jackie a alors l’idée de faire prisonnier le général du royaume de Wei pour le ramener chez lui dans le Liang. Il espère ainsi obtenir une récompense, un lopin de terre et en finir avec la guerre pour le reste de sa vie. Little big soldier est le récit de ce voyage.


Ils vont marcher et c’est la guerre. Celle de 227 avant JC, quand les royaumes chinois se faisaient la guerre avant que le Qin n’unifie l’Empire (oui, il y a encore une allusion à l’unité chinois, oui, c’est un film agréé par le Bureau). Les deux hommes se respectent mais comme dans tout buddy movies qui se respecte, ils vont s’apprécier à la fin. Le général va chercher à se débarrasser de ses liens mais les deux hommes vont devoir également éviter le Prince du Wei (Steve Yoo), cruel et impitoyable qui abat ses ennemis d’une flèche dans le cœur et qui se déplace en cheval avec son fidèle lieutenant (Yu Rong-guang). Le Prince veut tuer le général pour une raison que l’on apprendra en cours de film (mais qui est facilement devinable).


Au long de leur périble, nos deux hommes vont rencontrer une étrange femme qui va les empoisonner, puis un groupe de barbares peu commodes qui vont les faire prisonnier rudement pour les vendre comme esclaves, deux hommes qui évoquent les disputes rhétoriques entre Conficius et Lao Tseu. Tout le film est filmé dans la campagne chinoise, dans les forêts. D’abord en caméra à l’épaule avec des effets de réel, puis la caméra s’apaise. Au fur et à mesure, que les rapports entre Jackie et Wang Lee-hom s’améliorent, jusqu’à entreprendre un accord de paix mutuel pour leur deux contrées, le film s’illumine passant du gris du sable guerrier aux rayons de soleil.


Le ton général de Little big soldier est celui de la comédie. Les disputes sont sujet de burlesque y compris quand Jackie Chan soigne la jambe blessée de Wang Lee-hom. Ce dernier a reçu une flèche, il souffre mais cherche encore à s’évader. Jackie pour le maitriser met le doigt dans la plaie. Ce qui aurait du une scène d’affreuse torture dans n’importe quel autre film devient un gag ici, d’autant que ce gag est repris plus tard dans le film quand les barbares sont à l’attaque. Le scénario n’est pas très complexe, loin de là. On passe d’une scène drôle à une tentative d’évasion puis à un nouvel ennemi et, de temps en temps, à un combat. Mais Jackie ne se bat pas ici, il évite les coups, ce qui est différent.


J’écrivais en entame de ce texte que Jackie avait un rôle à la Jackie Chan, et c’est vrai. Il parvient à faire un divertissement typique de son cinéma, celui que j’aime, ses comédies d’action brillantes et vives. Bien entendu, il ne peut plus faire ce qu’il faisait il y a un quart de siècle. C’est pour cela qu’il ne se bat plus. Mais ses mimiques restent le meilleur atout du comédien et quand il assume de rôle de bouffon, on l’apprécie comme au bon vieux temps.


Little big soldier (大兵小將, Chine – Hong Kong, 2010) Un film de Ding Sheng avec Jackie Chan, Wang Lee-hom, Lin Peng, Mei Xiao, Lin Peng, Steve Yoo, Du Yuming, Ken Lo, Yu Rong-guang, Wang Baoqiang, Xu Dongmei, Wu Yue, Song Jin.

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