Il était logique qu’après Wong Fei-hung (cinq fois quand même) et Fong Sai-yuk, Jet Li endosse le costume de Chen Zhen. Personne n’avait semble-t-il osé depuis la mort de Bruce Lee reprendre son personnage de La Fureur de vaincre. La lignée dans laquelle se place l’acteur est donc claire et on retrouve la même avec Donnie Yen aujourd’hui qui reprend le rôle dans Legend of the fist. Chaque décennie a son héros mais Fist of legend de Gordon Chan et chorégraphié par Yuen Woo-ping ne se veut pas un film aussi politique que le Bruce Lee, à peine peut-on y lire un message sur l’angoisse de la rétrocession.
Toujours situé dans cette période de colonisation de la Chine, Chen Zhen (Jet Li) est parti faire ses études au Japon où règne le racisme anti-chinois. Habilement le film montre quelques rares Japonais pacifiques qui manifestent et distribuent des tracts conte la guerre qui se prépare. Mais Chen Zhen est houspillé par les disciples de l’école de karaté du Dragon Noir dans la salle de classe. Le jeune étudiant garde son flegme devant l’excitation des disciples et donne ainsi le ton des chorégraphies mises en scène. La caméra restera souvent fixe et ce sont les adversaires de Chan Zhen qui se déplaceront dans le cadre pour se battre. Chen Zhen bouge peu, ses gestes sont précis, ils montrent sa sagesse et sa maîtrise parfaite des arts martiaux. Il est un rempart face à l’agitation.
Le maître de son école de kung-fu vient de mourir, Chen Zhen rentre en Chine. Son école se trouve au beau milieu d’une concession anglaise, le racisme ordinaire règne, ses condisciples sont harcelés par les Japonais. Mais contrairement à Bruce Lee, Chen Zhen ne troquera son bel uniforme d’étudiant (costume sombre, chaussures occidentales) contre des vêtements traditionnels chinois. Chen Zhen sera constamment en exil. Dès son arrivée, le pousse-pousse lui parle en japonais, puis dans l’école Jingwu Mun, Ting-en (Chin Siu-ho) son frère adoptif et nouveau chef du lieu voit son arrivée d’un mauvais œil. D’autant que Chen Zhen fascine les autres élèves par les techniques importées du Japon. Il va aussi étonner tout les monde, surtout l’intendant (Paul Chun) quand il fait déterrer la dépouille du maître parce qu’il est persuadé qu’il a été empoisonné.
C’est évidemment un complot ourdi par les Japonais et notamment le général Fujita (Billy Chow), monstre de cruauté et de brutalité qui entend montrer la suprématie des arts martiaux de son pays. La scène de la pancarte, célèbre dans La Fureur de vaincre, est ici transformée lors d’un défi. Il est écrit sur cette pancarte que Fujita brandit « la honte de l’Asie orientale » en parlant des Chinois. Chen Zhen la brisera d’un coup de pied. Voilà son ennemi, ce général profondément raciste qui va tenter d’emprisonner Chen Zhen en l’accusant d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Ce sera la jeune et jolie Mitsuko (Nakayama Shinobu), rencontrée au Japon qui viendra le disculper. Le jeune couple d’amoureux est alors doublement considéré comme traitre.
Ils vont devoir quitter la ville, plus personne ne veut les accueillir, vivre de presque rien dans une cabane, Chen Zhen abandonne son rôle de héros dans l’école Jingwu Mun. Le film n’a pas forcément le trait fin sur ce rejet complet mais parvient à donner des raisons plausibles à chacun. La liaison de Chen Zhen avec Mitsuko est opposée avec celle de Ting-en et une jeune prostituée qu’il entretient depuis deux ans en secret. Une jeune Japonaise honnête et fidèle vaut-elle moins qu’une fille de basse vertu. C’est un des enjeux du film qui stigmatise le racisme rampant d’où qu’il vienne. Un autre personnage japonais positif apparait, celui de l’oncle de Mitsuko. Fumio (Kurata Yasuaki, vétéran de la Shaw Brothers) est un expert en arts martiaux, un homme qui sait reconnaitre le génie du combat de Chen Zhen. Son affrontement (pour la forme) entre les deux films en plein air, sous les feuilles tombantes des érables puis le combat (pour le fond) violent entre Chen Zhen et Fujita sont sublimes.
Fist of legend (精武英雄, Hong Kong, 1994) Un film de Gordon Chan avec Jet Li, Chin Siu-ho, Nakayama Shinobu, Paul Chun, Billy Chow, Yuen Cheung-yan, Kurata Yasuaki, Ada Choi, Jackson Lau, Tam Suk-mooi.
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