Après le succès de Drunken master, il était logique que Yuen Woo-ping et la Golden Harvest continue de profiter du filon Wong Fei-hung. C’est aujourd’hui pareil avec les Ip Man, Yuen Woo-ping chorégraphie la version de Wong Kar-wai qui doit sortir en décembre. Jackie Chan, qui était le héros chinois adolescent est remplacé par Kwan Tak-hing, qui trente ans après ses débuts dans le rôle rempile pour ces deux films. C’est donc un Wong Fei-hung vieux mais peu présent dans le récit auquel on a droit. Ici, ce sont les personnages d’habitude accessoires qui sont mis en vedette, Wing le boucher (Sammo Hung) dans Le Héros magnifique et Fu (Leung Kar-yan) dans Tigre blanc.
Wing est un gentil naïf mais très impulsif. Naïf lorsque son collègue boucher tente de lui voler ses porcs ou que ses camarades de l’école Po Chi Lam, notamment Fu (Yuen Biao) se moque de lui. Impulsif parce qu’il répond immédiatement en donnant du coup de poing. Cela se retourne parfois contre lui comme quand il frappe un disciple de Maître Kao (Lee Hoi-sang) et que celui demande justice. Kao Tai-ho, le fils du maitre (Fung Hak-on) est loin d’avoir la sagesse de son père et n’aura de cesse de chercher des noises à Wing et à tous ceux qui lui sont proches. Il a tous les vices : obsédé sexuel, menteur, joueur invétéré et il fume.
Quand le petit frère de Wing arrive dans le village avec sa femme, Kao la kidnappe. Le petit frère (Chiang Kam) rencontre le mendiant Su (Fan Mei-sheng, transfuge de la Shaw Brothers) qui rappelle Simon Yam. Son aspect est le même, cheveux gris, en haillons et qui boit constamment. Il va défendre le frérot contre Kao qui passe d’un coup fourré à un autre. Su est l’intérêt principal du Héros magnifique dans sa manière de résoudre tous les problèmes des personnages et de déjouer les plans machiavéliques de Kao. Le film reprend quelques idées du Chinois se déchaine (Su manipule les bras et jambe d’un combattant pour défaire un adversaire) et de Drunken master (l’enseignement de Wing) sur un mode comique qui s’oppose au ton dramatique des actions de Kao.
Le succès a été tel et la concurrence de la Shaw Brothers ravivée (avec Gordon Liu dans le rôle de Wong Fei-hung) que Tigre blanc est mis en route avec encore une fois le vieux Kwan Tak-hing dans le rôle du médecin. A 74 ans, l’acteur est encore vert et montre son habileté dans quelques scènes : la séance de soin à l’homme au visage peint (San Kuai), la bataille des lions de papier (bien trop longue) ou encore celle du tailleur assassin (Fung Hak-on). Son personnage est aussi inclus dans des moments humoristiques quand Jien (Yuen Biao), peureux devant l’éternel, se fait passer pour Wong Fei-hung et s’attire des ennuis.
Il est étonnant que dans Tigre blanc, Yuen Biao n’est qu’une partition si petite et qu’il apparaisse ignorant les arts martiaux. Par chance, la scène finale lui est accordée. Il devient l’apprenti de Fu (Leung Kar-yan, qui joue le kung-fu sans en connaitre les règles). Fu, en tant que disciple préféré de Wong Fei-hung, viendra progressivement au centre du film quand il faudra affronter l’homme au visage peint qui est fou et assassine à tour de bras. On retrouve Fan Mei-sheng dans un rôle radicalement opposé de celui du Héros magnifique, il y est un flic libidineux et incompétent. Ce qui frappe dans Tigre blanc, c’est un scénario bancal qui à force devient ennuyeux. Cela sonnera le glas de la franchise jusqu’à se résurrection par Tsui Hark dix ans plus tard sur un mode plus réaliste.
Le Héros magnifique (The Magnificent butcher, 林世榮, Hong Kong, 1979) Un film de Yuen Woo-ping avec Sammo Hung, Fan Mei-sheng, Fung Hak-on, JoJo Chan, Kwan Tak-hing, Lee Hoi-sang, Chung Faat, Yuen Biao, Wai Pak, Lam Ching-ying, Chiang Kam.
Tigre blanc (Dreadnaught, 勇者無懼), Hong Kong, 1981) Un film de Yuen Woo-ping avec Yuen Biao, Leung Kar-yan, Kwan Tak-hing, Phillip Ko, Yuen Shun-yi, Lily Li, Tong Jing, Fan Mei-sheng, Brandy Yuen, Yuen Cheung-yan, Fung Hak-on, Danny Chow, Chiu Chung-hing, San Kuai.
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