vendredi 7 octobre 2011

Miss Kicki


De temps en temps, une co-production internationale entre un pays européen et Taïwan donne un film. Ça devient de plus en plus rare, mais pour le jeune cinéaste Håkon Liu, cela semble une évidence. Mère suédoise, père taïwanais, il a vécu une bonne partie de sa vie à Taipei, mais je me garderai bien de dire que Miss Kicki est autobiographique. Le film suit à la trace une mère suédoise (Pernilla August), un peu paumée, solitaire et son fils Viktor (Ludwig Palmell), timide et qui a été élevé par sa grand-mère. Le soir de son anniversaire, fêté sinistrement, elle lui propose de l’accompagner à Taipei.

Ils ne se connaissent pas vraiment et ne savent pas quoi se dire. La mère Kicki est venue à Taiwan pour tenter de rencontrer Chang (Eric Tsang) avec qui elle a une « liaison » par skype. Ils ne se sont jamais vus compte tenu de la distance et cette idée de venir le voir, un peu folle, impulsive et irrationnelle, Micki n’en a jamais parlé à Chang. Elle ne l’a même pas avoué à son fils. La mère va aller dans les bureaux pour le voir ; elle ne se montrera pas. Pendant ce temps, Viktor se promène dans la ville, armé d’un plan, mais se perd dans un quartier pauvre. Didi (Huang He River), un jeune gars, a priori délinquant (il change de scooter tous les jours) et orphelin.

Les deux jeunes hommes vont sympathiser. Le lendemain, Didi attend Viktor devant l’hôtel minable loué par la mère. Ils ne vont pas visiter les lieux touristiques mais plutôt les squats, les maisons en travaux. En fait, le jeune homme se cache de ses « amis » qui veulent récupérer l’argent qu’ils lui ont prêté. Les rapports entre les deux garçons commencent à se transformer. Didi a quelques gestes de tendresse envers son ami sans que ce dernier ne comprenne réellement la portée de ces simples caresses. Kicki déprime de ne pas pouvoir voir Chang et elle boit avec le patron de l’hôtel (Tsai Chen-nan), qui la dragouille gentiment, l’alcool aidant.

C’est la pudeur qui prime dans Miss Kicki. Chaque thématique est abordée avec beaucoup de calme. Le réveil amoureux par l’homosexualité, la solitude d’une mère prête à tout pour recommencer sa vie, mais aussi les pouvoir de la famille dans la société chinoise, les petits malfrats qui menacent Didi, et encore la pauvreté de ce dernier face à l’écœurante richesse de Chang. Le regard porté est souvent empreint d’étonnement face aux comportements des personnages, un regard tendre mais triste.

Miss Kicki (Suède – Taïwan, 2009) Un film de Håkon Liu avec Pernilla August, Ludwig Palmell, Huang He River, Britta Andersson, Eric Tsang, Tsai Chen-nan, Ken Lin, Kuo Hsin-yao.

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