mardi 11 octobre 2011

Wu xia


D’abord filmer le calme d’une journée de l’été 1917. Une vie tranquille dans un petit village isolé. Liu Jinxi (Donnie Yen) travaille dans une papeterie ; il est marié et a deux jeunes enfants. On découvre cette vie simple et de labeur, les techniques pour fabriquer le papier, la vie paysanne, sur un mode quasi documentaire. Yu (Tang Wei), la timide épouse prépare les repas, s’occupe des enfants. Tout le monde semble épanoui. Ça ne va pas durer bien longtemps, nous somme dans un film qui s’appelle Wu xia (sabre et épée) dont la star est Donnie Yen, le roi du film d’action. Ensuite filmer le chaos.

Les fauteurs de troubles sont deux hommes qui viennent braquer un commerce du village. Ils commandent du vin, plusieurs verres du vin local. Ils font la fine bouche et demandent l’argent de la caisse. Jinxi est justement dans le magasin, tapi derrière le comptoir, il attend que quelque chose se passe. Les deux malfrats vont taper sur le commerçant et son serveur, ils les menacent pour avoir l’argent qui ne doit pas couler à flots. Jinxi intervient, un peu mollement, il s’agrippe à l’un des marauds et ne le lâche plus. Sa méthode marche tant et si bien qu’il parvient à les battre. L’un d’eux se cogne la tête contre un meuble, auparavant il aura, dans sa maladresse, coupé l’oreille de son comparse, ce dernier recevra un sale coup de poing sur cette oreille et se noiera dans la rivière.

L’enquête sera menée par le détective Xu Baiju (Takeshi Kaneshiro), homme lettré, vêtu de blanc, portant chapeau et lunettes cerclées. En cela, il s’oppose d’abord physiquement à Jinxi qui est tout en habits noirs et n’a qu’une éducation primaire. Les deux hommes contrastent également dans leur comportement, Baiju est constamment fébrile dans ses investigations. C’est d’ailleurs l’un des moments les plus divertissants du film. Le limier recompose tout le combat entre Jinxi et les deux malfrats, il refait par rapport au récit et à ce que l’on a vu auparavant, ce qui a réellement pu se dérouler. On revoir donc entièrement l’action, avec Baiju qui entre dans le champ, qui corrige la mise en scène initiale. Tout cela est à la fois très sophistiqué (et évoque l’idée hitchcokienne du point de vue) et jouissif.

En recréant ce qui a pu se passer, en analysant la scène du crime et donc en devenant metteur en scène, Baiju estime que Jinxi n’est pas le simple bon père de famille qu’il affirme être. Il est persuadé qu’il est Tang Long, le fils du chef des 72 Démons, c'est-à-dire un groupe d’hommes qui s’est mis hors la loi et dirigé par l’impitoyable Grand Maitre (Jimmy Wang Yu). Wu Xia est donc l’histoire d’un homme qui voulait refaire sa vie et qui rencontre un homme qui veut lui faire payer son passé criminel. Ça rappelle bien entendu A history of violence mais avec un supplément de karma, de destin et de fatalité. Ce qui pousse Baiju à révéler en Jinxi le monstre qu’il était n’est pas tant sa soif de justice aveugle qu’à exorciser ses propres démons, son propre passé et la mort qu’il doit combattre tous les jours.

A trop vouloir que la vérité soit annoncée, Baiju va transformer ce village paisible en enfer sur terre. Le père de Jinxi veut aussi que le destin s’accomplisse. Jimmy Wang Yu pour son grand retour s’offre un combat face à Donnie Yen, en hommage au mythe du sabreur manchot. Wu xia comporte peu de scène d’arts martiaux. Au centre du film, Donnie Yen, mains nues, affrontera Kara Hui armée de deux poignards. Les trois combats (le premier étant celui dans le magasin en début de film) sont mis en scène avec précision par Donnie Yen sur une musique rock dominée par des riffs de guitare électrique. Ils offrent un bon contrepoint à la psychologie appuyée de Peter Chan qui donne l’un des meilleurs films de Hong Kong de l’année et peut-être son meilleur film tout simplement.

Wu Xia (武術, Hong Kong – Chine, 2011) Un film de Peter Chan Ho-sun avec Donnie Yen, Takeshi Kaneshiro, Tang Wei, Zheng Wei, Li Jiamin, Jimmy Wang Yu, Ethan Ruan, Kara Hui, Chun Hyn, Jiang Wu, Li Xiao-ran, Wan To-shing.

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