jeudi 1 mars 2012

The Kid, the story of Ah-Chang


Avant The Big boss et La Fureur de vaincre, avant sa série Le Frelon vert, Bruce Lee a eu une belle carrière à Hong Kong. The Kid, the story of Ah-Chang est le premier long métrage (tourné en cantonais et en noir et blanc) où il a le rôle principal. C’est une comédie sociale où Bruce Lee a le rôle titre. Le petit Chang, dix ans (l’âge de l’acteur) est orphelin et vit chez son oncle Ho (Yee Chau-sui), apparemment veuf mais vivant avec ses deux jeunes enfants. Il vend au coin d’une rue des livres pour pouvoir nourrir sa famille. Ils sont pauvres et Ho va trouver un travail de professeur chez Monsieur Hung (Lee Hoi-chuen).

Hung tient une fabrique de tissus. Le film s’ouvre sur un discours qu’il tient devant un comité de quartier où il promet d’ouvrir une école publique. Mais cette promesse, il ne compte pas la tenir. Sa seule ambition est de gagner de l’argent. Ainsi, lorsqu’il est bousculé par des pickpockets, il prétend à la police qu’on lui a volé 10.000 $, alors qu’il n’avait rien dans son portefeuille. La charmante et pimpante petite fille de Hung a elle perdu son chainette en or, c’est Ho et Chang qui la retrouvent. Ils la ramènent et Hung, qui ostensiblement mange devant eux, affamés, offre ce poste à Ho : il va donner des leçons privées à ses deux enfants. L’autre, plus âgé, est Charles qui fait un trafic de tissu sous le nez de son père.


Chang aura la possibilité d’aller à l’école privée de Hung. Son oncle lui achète de beaux vêtements, mais le gamin n’a pas envie d’aller à l’école et dès le premier jour, il se bat avec ses camarades. Il sera embauché à l’usine comme apprenti. Son énergie fait le bonheur des employées, dont May (Chan Wai-yue) qui subit la pression du contremaitre Joe (Chow Chi-sing) surnommé « quatre yeux » parce qu’il porte des lunettes noires. Elle se fait également draguer par Charles, le fils du patron. Joe est de mèche avec Charles dans le trafic. Il se met à harceler le petit Chang qui se casse un bras.

Le film prend progressivement le parti des ouvriers, des travailleurs et accusent les patrons (surtout le contremaitre) d’abuser de leur prérogatives, d’exploiter de manière scandaleuse la misère des employés. Les ouvrières se mettent en grève et le contremaitre cherche à les accuser de vol. L’époque voulait sans doute cela, Hong Kong était en pleine crise économique après la guerre. Bien qu’entièrement tourné en studio et filmé en plan fixe de manière souvent théâtral, au détour d’une courte scène, on découvre la ville et ses quartiers pauvres quand Chang, pour survivre, devient un voleur. Le jeune garçon trouvera un salut lors de sa rencontre avec Lee (Fung Fung, le réalisateur lui-même) qui, bien que voleur, parviendra à le remettre sur le droit chemin dans un esprit moraliste qui passe avec une certaine finesse.

Et Bruce Lee dans tout cela ? Le jeune acteur en herbe est très vif, avec une capacité de se mouvoir à travers le plan que les autres enfants du film n’ont pas (excepté la fillette qui joue l’enfant de Hung, mais dans une moindre mesure). Bruce Lee saute les barrières, fait des cabrioles, plie et déploie son corps de dix ans. Plus que tout autre personnage, Chang fait rire quand il grimace, qu’il se moque des chefs, quand il imite les adultes. Il a une voix déjà un peu grave, plus que celle des autres gamins, et lorsqu’il devient un petit caïd, il est désormais « adulte », s’habillant comme un grand, avec la même tenue que Lee, chemise blanche, veste et chapeau. Il prend les décisions à la place de son oncle Ho, velléitaire incapable d’agir. Et enfin, on retrouve au détour d’une scène, l’un de ses plus célèbres gestes, celui quand il porte son index sur le nez. Il n’est pas étonnant qu’il soit devenu un star avec un tel tempérament.

The Kid, the story of Ah-Chang (細路祥, Hong Kong, 1950) Un film de Fung Fung avec Bruce Lee, Yee Chau-sui, Lee Hoi-chuen, Fung Fung, Chow Chi-sing, Chan Wai-yue, Yuen Biu-wan, Ko Lo-chuen, Tong Yuen, Wong Gwai-lam, Fung So-po, Yip Ping.

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