lundi 30 avril 2012

Dragon Gate, la légende des sabres volants



Pour son premier film en 3D, Tsui Hark s’est appuyé sur des bases connues de tous. Dès le générique d’ouverture de Dragon Gate, la légende des sabres volants, on reconnait la musique déjà présente dès Dragon Inn de King Hu et que Tsui Hark avait reprise pour son Auberge du dragon en 1992. Evidemment, le titre du film indiquait bien vers où le spectateur va et comme toujours vers l’eunuque impérial qui, dans sa soif de pouvoir absolu, élimine ses ennemis au sein du pouvoir. Du haut de sa balustrade, il condamne sans appel ceux qui avaient osé critiquer sa politique. Quand en plus cet eunuque, forcément apprêté, forcément très caricatural est incarné par Gordon Liu et que c’est Jet Li, qui n’avait pas tourné avec Tsui Hark depuis Dr. Wong en Amérique, qui vient rétablir la justice et botter le train de Gordon Liu, on se dit qu’il y a des chances que le spectacle soit beau.

Zhao (Jet Li) combat la corruption au sein du pouvoir et ce dernier va chercher à éliminer ce redresseur de tort. Un autre eunuque, Yu Huatian (Aloys Chen), par ailleurs favori de l’impératrice part à la chasse de Zhao. Puis, c’est toute une foule de personnages qui vont se donner rendez-vous dans l’auberge du Dragon au beau milieu du désert. Une servante qui s’est échappée du palais, porteuse d’un secret et enceinte (Mavis Fan) sera sauvé de la brutalité de Yu par une experte en arts martiaux. Jade (Zhou Xun) se fait d’abord passer pour Zhao car ils se connaissent, leur vie a un passé commun. Jade va protéger la servante apeurée et on apprendra qu’elle connait tous les recoins de l’auberge puisqu’elle ouvre une trappe qui permet de se cacher dans une grotte. De là, Jade pourra espionner les autres, c'est-à-dire à la fois les aubergistes et les clients.

En fait de clients, ce sont des mercenaires ou des soldats qui occupent la place. On rencontre une bande de Mongoles tatoués et costauds menés par une chef tatouée (Kwai Lun-mei). Face à eux, des hommes de Yu Huatian dirigés par Tan Luzi (Sheng Jian) et Ma Jinliang (Fan Siu-wong) et son œil de verre, tous deux d’habiles sabreurs. Entre les deux, un couple Gu Shaotang (Li Yuchun) et Wing Blade (Aloys Chen), le sosie de Yu Huatian, qui va servir justement à semer le trouble – et accessoirement à fournir au film son unique personnage comique. Il faut s’accrocher pour suivre tous les personnages nombreux et qui parfois se dédoublent. Les femmes sont les personnages les plus forts, comme souvent dans son cinéma. Tsui Hark organise un scénario à la densité qui rappelle celle de Zu les guerriers de la montagne magique. Cette idée de confusion est plaisante parce qu’elle rappelle de bons souvenirs quand le cinéaste n’avait pas peur de la profusion, d’aller loin le montage effréné, les plans biscornus et les effets spéciaux grandiloquents. Au programme de Dragon Gate, la légende des sabres volants, on trouve beaucoup de combats virevoltants entre tous les personnages. C’est dire si chaque spectateur aura à boire et à manger.

Comme il y a trente ans avec Zu, les effets spéciaux sont au cœur du cinéma de Tsui Hark. La 3D sert à faire voler tous les lames, sabres et autres objets contendants à travers l’écran, vers le visage du spectateur (vertu désormais classique de la 3D) ou à l’inverse en caméra subjective. Effectivement les sabres volent, le titre anglais ne ment pas. C’est la variété qui est jouissive plus que l’abondance. Cela sonne parfois comme un gadget mais peut aussi donner de belles choses comme ce vol de corbeaux qui forme un nuage puis qui foncent sur Jade et la servante. Il est en revanche plus compliqué d’être convaincu par la tempête de sable qui s’abat sur l’auberge avec un étage qui se détache en tournant dans le ciel tandis que Jet Li et Aloys Chen se battent. Comme dans DetectiveDee, Tsui Hark prend un malin plaisir à détruire son décor, ici moins imposant, il ne s’agit que d’un simple bâtiment de pierre et de sable. Il s’amuse beaucoup mais il manque quelque chose au film, une scène d’anthologie digne du strip tease de L’Auberge du dragon par exemple. Il manque quelques moments de calme entre les sommets de l’action, histoire de se reposer quelques minutes avant l’explosion visuelle.

Dragon Gate, la légende des sabres volants (Flying swords of Dragon Gate, 龍門飛甲, Hong Kong – Chine, 2011) Un film de Tsui Hark avec Jet Li, Zhou Xun, Aloys Chen, Kwai Lun-mei, Mavis Fan, Fan Siu-wong, Li Yuchun, Du Yi-hengn, Dillon Wu, Zhang Xin-yu, Sheng Jian, Gordon Liu, Sun Jian-Kui.

vendredi 27 avril 2012

Beijing rocks



Armé de son caméscope, Michael Wu (Daniel Wu) traverse en taxi Pékin. Il filme un peu et arrive dans une petite salle où un concert de rock a lieu. Immédiatement, il apprécie l’ambiance. Road (Geng Le) est le leader – chanteur d’un groupe de rock indépendant. C’est son look (cheveux longs, pantalon de cuir, concert torse nu) comme celui des autres membres du groupe qui indique qu’il fait du rock. Parce que les chansons qu’il interprète (écrites par Alex Law, scénariste attitré de Mabel Cheung) sont de la soupe. Michael remarque une jeune choriste déchainée, c’est Yang Yin (Shu Qi), perruque fluo sur la tête, large sourire. Et tout à coup, une baston interrompt le concert.

On l’aura vite compris, le trio de Beijing rocks va s’aimer douloureusement. Yang Yin est la petite amie de Road mais elle plait beaucoup à Michael. Ce dernier s’incruste dans la troupe, il parle peu mandarin et ses nouveaux amis se moquent un peu de son accent. Michael vient de Hong Kong (il se présentera face caméra, comme les autres personnages), il est chanteur de cantopop et va se dévergonder en Chine et chercher l’inspiration pour son nouvel album. Régulièrement son père (Richard Ng) l’appelle au téléphone, lui rappelle un rendez-vous important qui explique aussi son départ de Hong Kong. On apprendra qu’un soir, il a frappé violement un de ses musiciens et qu’il attend son procès. Il a de sérieux problèmes avec son père, un homme d’affaires qui le surprotège. A Pékin, Michael se sent libre.

Les parents sont donc aussi un souci pour Road. Son père est un campagnard, il est conducteur de train dans un coin perdu de Chine. Road a quitté son village natal pour tenter l’aventure artistique mais cela n’a jamais été facile. Dans l’une des meilleures scènes, on découvre le groupe tenter de jouer dans un village devant des paysans qui ne semblent pas comprendre ce qu’ils voient. L’intransigeance artistique lui donne des œillères et c’est finalement Yang Yin et Michael qui finissent le concert en reprenant une chanson populaire plutôt que du rock revendicatif. C’est le début d’une esquisse de romance entre eux, enfin après tout ce temps où il ne restait dans le groupe que pour elle. C’est une histoire d’amour compliquée puisqu’elle affirme par ses gestes rester fidèle à Road.

Quand ils sont tous les deux, le film se lance vers quelques moments de comédie. Yang Yin décide de vendre des CD du groupe dans la rue et Michael s’amuse de ces moments fugaces où ils doivent échapper à la police (oui, c’est connu, la police traque le piratage), courir dans le métro puis se promener main dans la main. Tout cela est très romantique, sans doute trop et fleure bon le cliché, comme si Mabel Cheung se sentait obligée de montrer ce rapprochement, métaphore de celui entre Hong Kong et la Chine, cousines si différentes mais si proches. D’ailleurs elle croit à peine à cette romance en faisant se séparer Yang Yin et Michael et mourir Road, comme si seul son décès pouvait les faire s’aimer vraiment. Finalement, en début de film, on voyait Daniel Wu filmer des moments de vie et ne plus filmer du tout, Mabel Cheung fait la même chose, Beijing rocks voulait filmer la liberté des rockeurs, mais on n’en voit que le conformisme.

Beijing rocks (北京樂與路, Hong Kong – Chine, 2001) Un film de Mabel Cheung avec Daniel Wu, Geng Le, Shu Qi, Hu Xi-yong, Li Xi-ye, Wei Ru-yi, Wang Xiang-shan, Sun Hai-bo, Yuan De-qiang, Zhou Hao-dong, Chong Lin, Wang Biao, Yu Fei-hong, Richard Ng, Cherry.

lundi 23 avril 2012

The Soong sisters



« Il était une fois, dans la Chine ancienne, trois sœurs. La première aimait l’argent, le deuxième aimait le pouvoir, la troisième aimait son pays. » C’est sur ces indications que s’ouvre The Soong sisters, film sur cette famille chinoise du début du 20ème siècle qui a donné des épouses à Tchang Kai-chek et à Sun Yat-sen, deux des fondateurs de la république. Le récit démarre en 1981, à Pékin avec l’annonce que la veuve de Sun est malade et qu’elle demande à sa petite sœur, veuve du fondateur de Taïwan, revienne en Chine continentale. C’est l’occasion pour Soong Mai-ling (Vivian Wu), la plus jeune de se rappeler sa vie et de lancer un flash-back. C’est bien entendu une histoire vraie, celle de la Chine.

Charlie Soong (Jiang Wen) et son épouse (Elaine Kam) sont des parents modernes. Ils décident d’éduquer leurs trois filles puis de les envoyer étudier aux Etats-Unis (elles parlent anglais dès qu’elles ont un secret à se dire). Le père est un chrétien, il est même montré comme un pasteur, haranguant les foules pour faire passer le message d’une Chine nouvelle. Il s’agit de manière générale d’éduquer les gens pour qu’ils ne soient plus dépendants des riches et de plus précisément, il incite les hommes à se couper la natte par exemple. Quoi qu’il en soit M. Soong veut que ses filles aient des destins prestigieux. The Soong sisters suit donc la vie politique et amoureuse des sœurs, particulièrement les deux cadettes. L’aînée Ai-lin (Michelle Yeoh) se marie rapidement à un riche homme d’affaires et intéresse moins Mabel Cheung. On apprend qu’elle quittera la Chine pour Hong Kong à la fin des années 1930 et qu’elle a eu quatre enfants.

Le film suit donc essentiellement les parcours de Mai-ling et de Ching-ling (Maggie Cheung). Cette dernière s’amourache de Sun Yat-sen (Winston Chao), un ami de son père et largement plus âgé qu’elle. Le père Soong sera contre leur union mais ils se marient au Japon où il s’est exilé. Les chaussures prennent ici une importance. Sun Yat-sen parle des gens pauvres qui ne peuvent pas s’acheter des souliers. Lui-même perdra sa chaussure quand il fuit les policiers et une autre fois au Japon le jour où Ching-ling vient le rejoindre. Les chaussures, ce sont aussi les pieds des femmes chinoises et leur compression symbole de la féodalité. Sun Yat-sen est donc un progressiste et, à sa mort en 1925, son épouse va reprendre le flambeau en se lançant dans la politique.

La plus petite sœur, Mai-ling sera donc l’épouse du « généralissime » Tchang Kai-chek (Wu Hsing-guo), montré d’abord comme un homme timide et que Sun Yat-sen lance pour qu’il devienne ce qu’il sera : le chef des Nationalistes. L’affrontement entre le militaire et sa belle-sœur constitue le meilleur de The Soong sisters. La détermination des deux personnages crée du suspense, à la fois alliés politiques contre l’invasion japonaise, membres de la même famille et adversaires quand Tchang tente de la supprimer et qu’il fait assassiner les communistes. La tension atteint son point culminant lors d’un repas de Noël où tous sont réunis et que le débat politique s’enflamme. L’écueil est cependant d’avoir montré un Tchang Kai-chek très caricatural, responsable unique de la si longue guerre civile avant l’union nationale contre les Japonais.

Le film, sorti l’année de la rétrocession de Hong Kong à la Chin préoccupation majeure des hongkongais en 1997, se veut aussi une métaphore de la situation des trois Chine. Chaque actrice représente une entité. Michelle Yeoh est Hong Kong (celle qui aime l’argent), Vivian Wu est Taïwan (celle qui aime le pouvoir ; elle sera montrée pendant tout le film comme une femme digne, supportant les égarements politiques de son mari et sa position rétrograde) et Maggie Cheung est la Chine populaire (celle qui aime son pays) et a le beau rôle. La portée politique reste manichéenne d’autant que Mabel Cheung et Alex Lam, son scénariste) enrobe tout cela dans un romantisme désuet. Mais en comparaison avec les films en costumes « politiques » actuels (Ip Man ou Bodyguards and assassins) largement influencés par Pékin dans leur message pro-chinois, The Soong sisters apparait comme d’une sage neutralité.

The Soong sisters (宋家皇朝, Hong Kong – Japon, 1996) Un film de Mabel Cheung avec Maggie Cheung, Michelle Yeoh, Vivian Wu, Winston Chao, Wu Hsing-guo, Niu Zhen-hua, Elaine Kam, Jiang Wen, Chan Mei-ling, Liu Jin.

jeudi 19 avril 2012

Sorties à Hong Kong (avril 2012)

Lives in flames (起勢搖滾, Hong Kong, 2012) Un film de Jacky Lee avec Lam Yan-tung, Alex Lam, Michelle Wai, Jeana Ho, Sin Sik-lai, Betrys Kong Yi, Michael Chan Wai-man, Lai Yin-saan, Yip Chun-tong. 92 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 19 avril 2012.

mardi 17 avril 2012

Rose Rose I love you



Vraie fausse suite de 92 Legendary La Rose noire, Rose Rose I love you est d’abord un festival Tony Leung Ka-fai qui apporte de sa voix nasillarde toute l’incongruité qu’il faut à son personnage de flic un peu loser mais qui ne le sait pas vraiment. Habillé comme il se doit avec un costume qui aurait fait fureur dans les années 1960, Keith enquête sur Micky (Simon Yam), un voleur échappé de prison qui est à la recherche d’un diamant (la rose malaisienne). Micky va sans aucun doute rejoindre sa petite amie Pearl (Carina Lau). Keith décide de squatter l’appartement sur le même palier pour mieux la surveiller. Problème, le collègue du flic, Leung (Kenny Bee), qui a aussi remarqué de Pearl est bien jolie, aimerait mener les investigations et les deux hommes vont se disputer.
Car la trame policière du film n’est qu’un McGuffin des plus grossiers. Certes, on verra le personnage de malfrat de Simon Yam de temps en temps, comme si les scénaristes se rappelaient qu’il est dans le film, mais ce sont les tentatives calamiteuses des deux hommes pour draguer les filles qui constituent l’essentiel du récit de Rose Rose I love you. Même la référence aux aventures de Rose Noire est peu marquée, arrivant par intermittence et se battant dans un combat un peu mou entre Carina Lau et Veronica Yip, portant toutes les deux un masque de plumes sur les yeux. On voit également des extraits d’une des versions des années 1960 avec Shek Kin et Nam Hung, l’actrice fétiche de ce personnage de voleuse.
Les deux flics vont donc s’installer dans cet immeuble. Appartement 2B, celui où habite Bowie Lam, prétendument atteint d’amnésie et à qui Keith va faire croire qu’il est son petit ami. Il va le pousser dehors au bout de quelques minutes pour devoir confronter Beauty (Veronica Yip) habillée en garçon. Appartement 2A, Leung ne perd pas de temps et se fait passer auprès de Pearl pour un immigré chinois perdu et qui demande de l’aide. Il serait difficile de décrire tous les gags mais certains sont très bons. Les acteurs se donnent à fond pour faire exister des situations improbables (une grand-mère boit du thé dans un placard, un affrontement à coup de bouilloires entre Simon Yam et Kenny Bee, des déguisements, des portes qui claquent, des quiproquos à gogo, un strip-tease en comédie musicale dans un lycée). Parfois, les situations sont un peu trop répétitives comme les différentes tentatives de suicide de Beauty. L’intérêt de Rose Rose I love you repose donc sur la capacité du spectateur à assimiler un humour épuisant mais jouissif.
Rose Rose I love you (玫瑰玫瑰我愛你, Hong Kong, 1993) Un film de Jacky Pang avec Tony Leung Ka-fai, Carina Lau, Kenny Bee, Simon Yam, Veronica Yip, Charine Chan, Bowie Lam, Ku Feng, Lo Hung, Tommy Leung, Jameson Lam.

dimanche 15 avril 2012

31èmes Hong Kong Film Awards : Ann Hui contre Tsui Hark.


Ann Hui et son film A simple life ont été les grands gagnants des 31èmes Hong Kong Film Awards. Cinq prix : meilleur film, meilleure réalisatrice, Andy Lau meilleur acteur, Deannie Yip meilleure actrice (après son prix à Berlin) et meilleur scénario.

Le film en 3D de Tsui Hark, The Flying swords of Dragon Gate reçoit le même nombre de récompenses mais dans les catégories dites techniques : meilleur montage, meilleure direction artistique (décors), meilleure chorégraphie des combats, meilleur son et meilleurs effets visuels. Encore une fois, Tsui Hark passe à côté des prix suprêmes.

Deux acteurs de Life without principle de Johnnie To sont primés pour leur second rôle : Lo Hoi-pang et So Hang-shuen. Quant au nouvel interprète, c’est Jam Hsiao qui est récompensé et la nouvelle réalisatrice est Tsang Tsui-shan pour son film The Big blue lake.

Wu Xia reçoit les prix pour la meilleure photographie et la meilleure musique. Les meilleurs costumes et maquillages sont attribués à Let the bullet fly.

Toutes les nominations.

jeudi 12 avril 2012

Romancing in thin air


Tout comme Louis Koo, le personnage de Michael Lau qu’il interprète est un acteur à succès connu de tous et qui enchaine les films. Michael Lau est aussi reconnu par ses pairs puisqu’il reçoit dans la scène d’ouverture de Romancing in thin air, le Hong Kong Film Award du meilleur acteur. Il faut voir ici l’ironie de la situation sachant que Louis Koo, malgré ses rôles marquants (au hasard Election 2 et Run papa run) est, chaque année, le grand oublié des nominés pour la précieuse statuette. Lors de cette cérémonie, Michael demande sa partenaire à l’écran, Ding Yuan-yuan (Gao Yuan-yuan) en mariage. C’est très mignon, mais le jour du mariage, patatras, un homme surgit de la foule et se présente comme le vrai fiancé. Mariage annulé, Michael plonge dans la déprime et disparait.

Il fuit Hong Kong, ses mondanités et sa vie trépidante pour l’inconnu. En l’occurrence, il boit beaucoup, s’est laissé pousser la barbe et atterrit dans l’hôtel que tient Sau (Sammi Cheng). Là haut, la vie y est bien différente, c’est en haute montagne (on y parle de Shangri-la), la vie est rythmé par les travaux quotidiens et l’air y est très rare. L’arrivée de Michael ne se fait pas sans heurts. Beauty (Sun Jia-yi) et Teeny (Yeung Yik), les deux employées de Sau reconnaissent immédiatement la star et se prennent en photo avec lui. La médecin (Tien Niu) fait de même. La situation dramatique se transforme en moment comique : il est dans le coma éthylique et les trois femmes se comportent comme des gamines, obligées avec force moues boudeuses d’effacer les photos prises sur leurs portables.

Toute la première partie du film est sur un ton léger. Michael boit et fait des bêtises. Sous l’emprise de l’alcool et parce qu’il se croit tout permis (oui, c’est une star à qui on passait tous les caprices), il emprunte le camion de Sau et provoque un accident. Le camion est embourbé et c’est toute la petite communauté qui doit aider à sortir le véhicule de la boue. Plus tard, il se rend avec la mobylette chez le curé pour prendre tout le vin de messe, mais après avoir bu une bouteille entière, il a un autre accident. Sau ne perd pas patience, pas plus que ses deux employées qui sont sous le charme de l’acteur (scène hilarante où il lui suffit de toucher les filles pour qu’elles succombent à son charme). Bientôt, l’alcool manquera et Michael devra aider aux travaux et, enfin, devenir sage.

Avec l’arrêt de l’ivresse, c’est la réalité qui prend le dessus. Et la romance aussi. Johnnie To est ici très loin des polars qui ont fait sa réputation mais en réunissant dix ans après le duo de Love for all seasons dans une situation quasi similaire avec des personnages très opposés, il sait que le spectateur attend une fin heureuse avec des chemins juchés d’obstacles. La deuxième partie est consacrée au passé de Sua. Il décrit année après année son histoire avec cet hôtel. La première partie du film évoquait le personnage de Tian (Li Guang-jie), le mari de Sua, sans qu’on ne le voit jamais, mais chaque objet le rappelle. Le piano dont les notes Do Ré Mi ne fonctionnent pas, le camion que casse Michael. Et surtout la pièce secrète de Sua où sont gardées un grand nombre d’objets vouant un culte à Michael Lau. Sua étant la fan de l’acteur N°33. Il s’était persuadé qu’elle ne le connaissait pas. C’était l’exact opposé.

Le personnage de Tian est pour Sua est une douleur. Puisque Romancing in thin air (dont le titre rappelle furieusement le mélo A moment of romance III), est une comédie romantique, Tian sera un homme disparu en forêt depuis sept ans. Sua attend encore son retour. Le spectateur est prié de croire sans sourciller que Tian s’est perdu six ans dans une forêt très très très dense. Il lui faudra beaucoup de temps pour oublier son époux et pour aimer Michael qui lui semble tomber amoureux au premier regard, mais cela on l’avait compris qu’il a un cœur d’artichaut. Sua a beau se refuser à lui, ne pas se coiffer, feindre l’indifférence, elle devra faire son deuil et l’aimer. Ce sont les règles du cinéma et Michael Lau va faire un film de l’histoire de Tian et Sua (c’est pour cela que le titre du film de Johnnie To et Wai Ka-fai apparait comme une suite). Ce sont les parties légères et humoristiques plutôt que la romance lacrymale qui sont dans Romancing in thin air qui sont les plus réussies.

Romancing in thin air (高海拔之戀II, Hong Kong – Chine, 2012) Un film de Johnnie To avec Louis Koo, Sammi Cheng, Sun Jia-yi, Yeung Yik, Li Gunag-jie, Tien Niu, Fu Chuen-kit, Crystal Huang, Gao Yuan-yuan, Wang Bao-qiang.

mercredi 11 avril 2012

Help me eros


A l’instar de Tsai Ming-liang, son maître et réalisateur attitré, Lee Kang-sheng filme la solitude d’un homme au milieu de la ville. En l’occurrence, lui-même dans Taipeh. Jie, son personnage habite dans un appartement en hauteur, pourvu de grandes baies vitrées, meublé de mobilier moderne et bobo. La grande passion de Jie est sa plantation de cannabis. Il aime ouvrir la porte de la serre, sentir l’odeur des plantes et retourner à ses occupations. A vrai dire, le boulot de Jie, nous ne le connaitrons pas. Il descend régulièrement dans la rue d’un quartier pas franchement chic que borde un pont autoroutier. Help me Eros place le spectateur dans un terrain tsai-ming-liangien plutôt connu, d’autant que Jie est avare de parole et que la nonchalance de Lee Kang-sheng ressemble comme à deux gouttes d’eau à celle de ses autres personnages.

Pour que le titre ait un sens, le film tournera autour de l’érotisme, du sexe, de la sexualité, des amours. Jie habite au dessus d’une boite à filles. Elles attendent des clients, non pas comme prostituées, mais plutôt comme vendeuse de jouets érotiques. Régulièrement, une voiture s’arrête, le conducteur ne se montre pas, il appelle la fille qui descend de son stand sur une barrière de lap-dance et va le servir en l’aguichant. Parmi toutes ces filles en tenue légère (string, talons ultra hauts, mini-jupes et top raccourci), Shin (Yin Shin) avec laquelle Jie tente de sympathiser. Elle fait comme si elle ne le voyait pas, ne l’entendait pas et passe son tour quand un autre client se pointe. Shin, c’est la paysanne de Taïwan venue en ville pour réussir et qui se retrouve à faire pin-ups au bord d’une autoroute.

Et puis, il y a Chyi (Jane Liao), une bonne femme un peu grosse que l’on sent mal dans sa peau. Son mari Rong (Denni Nieh) lui prépare plein de plats (cela dit en gros plan, ce n’est pas si appétissant que ça). Il remplit la baignoire d’anguilles. Désespérée, elle s’y baignera espérant qu’une anguille lui procurera plus de plaisir que la bouffe. On sent que les rapports de couple sont terminés, elle tente de caresser son torse, il referme sa chemise et continue de cuisiner en tablier. Ils ne se parlent pas et Chyi discute en tchat avec Jie. On comprendra plus tard que Rong a un petit ami dans une scène aussi troublante que cruelle où aucun mot, aucun regard ne sera échangé mais où la tension se révélera presque indécente.

Le film entre parfois dans la rêverie. Jie fume de l’herbe et imagine que toutes les filles tombent, ensorcelées, à ses pieds. Dans une belle séquence, il emmène Shin dans une balade en voiture (volée), elle sort du toit ouvrant et sourit enfin. Et lui aussi sourit enfin. Ils s’évadent de ce quartier fermé sur lui-même. Mais rien ne dit que cela est la réalité ou un rêve. Pas plus que les scènes de cul hyper esthétisantes (Jie baise debout tête bèche une femme dans une pièce immaculée) ou mystérieuse comme dans un trip de toxicomane. Contrairement à Tsai Ming-liang, ces effets de plans séquence, de narration minimaliste frôlent la plupart du temps le ridicule et tournent souvent à vide.

La différence majeure entre le Help me Eros et La Saveur de la pastèque (pour prendre le dernier film réussi de Tsai Ming-liang) est l’absence d’unité du film de Lee Kang-sheng, malgré certaines fulgurances (la scène finale avec la neige de papiers blancs), certains plans superbes (la baise à trois sur le toit avec des motifs à la Crazy Horse) ou de beaux plans séquences (la séquence de billard entre le mari et son amant où la caméra fait apparaitre leur nudité tandis qu’ils ne s’occupent pas de la femme). On est séduit par moments mais jamais dans la globalité, comme si les séquences ne se raccordaient jamais entre elles. Or justement, au-delà de son sens du rythme, du cadre et de l’humour, ce qui fait sens chez Tsai Ming-liang, c’est que chaque scène compose un ensemble cohérent. Help me Eros apparait cependant comme un avatar plus intéressant et plus plaisant que les derniers films de Tsai Ming-liang, ici producteur.

Help me Eros (幫幫我愛神, Taïwan, 2007) Un film de Lee Kang-sheng avec Lee Kang-sheng, Yin Shin, Dennis Nieh, Jane Liao, Amy Yip, Stacy Chow, Tiffany Che, Tracy Chou.

mardi 10 avril 2012

Song at midnight


La troupe du Théâtre du Jardin s’apprête à jouer dans une ville du sud de la Chine. Le lieu où les comédiens doivent jouer est lugubre : toiles d’araignées, mobilier vétuste et cassé, lumière terne. Toute la panoplie gothique est là pour indiquer que ce théâtre a été le lieu d’un drame et que depuis, rien n’a pas bougé, ni les souvenirs douloureux ni les traces de ce passé douloureux. La troupe est guidée par le domestique des lieux, un vieillard aux traits défaits, un homme fatigué à la fois inquiet de ce qui pourrait arriver et ravi que les lieux soient à nouveau investis.

Lors des répétitions, Xiao Ou, le comédien vedette a perdu sa voix et il est étonné d’entendre un homme chanter l’air qu’il doit interpréter. Le théâtre serait-il hanté ? Non, en vérité, c’est Song Dangping qui donne sa voix. Xiao Ou monte, anxieux, les escaliers et découvre un homme vêtu d’une longue cape noire dans le grenier. Terré là-haut, Song va raconter son passé au jeune homme en lui demandant de garder pour lui se secret. En échange, Song l’aidera en doublure voix afin que la troupe triomphe sur scène. Song at midnight, l’un des premiers films parlants chinois permet d’entendre quelques chansons. Le film date de 1937, une période où la Chine est en pleine guerre civile (les communistes contre les nationalistes).

Dans le flash-back qui occupe la deuxième partie du film et qui se déroule dix ans auparavant, on découvre que Song Dangping, fringuant jeune homme, est dans les camps du Kuomintang, les nationalistes. Il est très amoureux de Xia, la fille d’un notable local qui n’entend pas de cette oreille cette romance. Le père fait fouetter Song, le laisse inanimé et le jette hors de la ville. Décidé à conquérir sa bien aimée, il va écrire un opéra qu’il n’aura le temps de chanter qu’une fois avant que le prétendant de Xia, le fourbe Tang Jung, ne jette de l’acide sur le visage de Song Dangping. Bien entendu, Tang Jung n’est pas arrêté, son geste ne sera pas jugé mais sa cruauté et son impunité seront mis en avant dans la dernière partie du film quand il viendra menacer la fiancée de Xiao Ou.

Ses amis (dont le vieillard évoqué plus haut) tentent de soigner Song. Son visage et ses mains sont bandées. La scène où le bandage est finalement enlevé et où son nouveau visage est finalement révélé au spectateur donne l’une des meilleures scènes du film. Jusqu’à présent, il était recouvert d’une cape et le suspense dure toujours. En caméra subjective, le médecin déroule le bandage tandis que dehors l’orage gronde, des éclairs éclairant la pièce. Face à Song, les autres personnages découvrent horrifiés le visage. De dos, il se lève, titube jusqu’à un miroir où il peut enfin comprendre que ses traits ont disparu au profit de boursouflures dues aux brûlures de l’acide. Il brise le miroir dans un geste de colère, refuse de lire la lettre envoyée par Xia et décide de se faire passer pour mort.

Eminemment romantique, Song Dangping continue pourtant d’hanter la vie de Xia. A chaque pleine lune, il va chanter le morceau de son opéra. Incapable de refaire sa vie, Xia sombre dans une folie douce où elle n’attend que la nuit où elle pourra écouter son air favori. Song Dangping est devenu un « fantôme de l’opéra ». Mais passé quelques scènes fortes dont on sent l’influence expressionniste, il faut bien reconnaitre les balbutiements de la mise en scène de Ma-xu, le jeu extrêmement théâtral des acteurs, un jeu lent, appuyé à la fois dans les poses et dans la diction. Cette théâtralité est sans aucun doute à mettre sur le compte d’une technique encore balbutiante. Ceci étant, Ma-xu expérimente de nombreuses choses (travellings, fondus enchainés) et parvient à maintenir le suspense autour de ses personnages, notamment celui de Tang Jung qui menace Liu Die, la fiancée de Xiao Ou, comme il terrorisait Xia dix ans auparavant. En revanche, il faut bien le préciser, le visage de Song ne fait jamais peur.

Song at midnight (夜半歌聲, Chine, 1937) Un film de Weibang Ma-xu avec Woo Ping, Gam Saan, Chow Man-chu, Gu Meng-he, Shi Chao, Hui Maan-lai, Wong Wai-yat, Chen Yun, Xiao Ying, Li Chun-pan, Liu Shang-wen, Chen Bao-qi, Wang Ying-ying, Zong You, Liang Xin, Cai Jue-fei.

vendredi 6 avril 2012

Hong Kong ghost stories



Deux histoires, deux réalisateurs, plein de fantômes de Hong Kong. En ouverture de Hong Kong ghost stories et entre les deux sketches, Sammy Leung et Jeana Ho représentent deux fantômes en habits traditionnels qui présentent les deux films devant des caméras de papier. L’imagerie des fantômes chinois disparait vite au profit de deux récits situés à notre époque et mettant en scène des personnages jeunes que ce soit dans la partie de Wong Jing (Classroom avec des lycéens) comme dans la partie de Patrick Kong (Travel). Malgré pas mal de facilités et un casting d’actrices découvertes par Wong Jing (c'est-à-dire des actrices télé), Hong Kong ghost stories est plutôt réussi.

Wong Jing (également producteur, on s’en doute) raconte l’histoire de Mademoiselle Yip, une enseignante (Jennifer Tse, la sœur de Nicholas Tse) qui après trois ans d’absence reprend le chemin du travail. Elle va enseigner l’histoire et est accueillie par Madame Kong (Kristal Tin) puis par le proviseur, Madame Ko (Pang Mei-sung). Il pleut, les lycéens sont déjà en classe et Yip a du mal à trouver la classe qu’on lui a attribué. Une jeune fille passe par là. Don-don (Kimmy Tong) la renseigne et, hasard, elle est l’une de ses élèves. La classe est difficile, les jeunes chahutent et ne donnent aucun répit à leur professeur. Le danger vient sans doute d’eux, on se rend vite compte qu’ils ont un comportement anormal, qu’un secret pèse sur les épaules de Don-don.

La vie de Yip va se compliquer encore plus avec son ex, Chung (Chau Pak-ho) qui vient la relancer, qui la harcèle jusque devant chez elle. Son père (Leung Kar-yan) la protège mais elle ne se sent pas bien. Puis, dans la rue, un fou de Dieu annonce la fin du monde et d’étranges phénomènes se produisent au lycée. Wong Jing sort l’artillerie lourde de l’effroi : portes qui claquent, lumière qui s’éteignent soudain, sang sur le mur, robinets qui coulent soudainement. Le visage de Yip devient vite livide et les jeunes se transforment en zombies (yeux rougis, regard fixe, peau glauque) et attaquent Yip. Mais le film joue sur l’ambiguïté de savoir si elle est dans la réalité ou si elle imagine tout cela. Wong Jing joue sur les gros effets alors qu’il aurait pu se contenter de continuer à montrer le lycée vide et silencieux avec le contraste de madame Kong inquiétante à force de faire tant de blagues.

Dans Travel, on découvre quatre amies dans une veillée funèbre. Elles jouent aux cartes en discutant de tout et de rien. Surtout de rien, il faut bien le dire. Les jeunes filles, toutes fringuées à la dernière mode, maquillées comme des camions et adeptes des derniers gadgets sont particulièrement exaspérantes. Elles couinent, s’esclaffent, parlent fort. Elles veillent une de leur amie décédée. Enfin, amie est un grand mot, on apprendra au fil des flashbacks qu’elles ne se connaissaient pas vraiment, qu’elles se sont rencontrées quelques jours plus tôt lors d’un voyage touristique en Thaïlande. On découvre donc Bobo (Chrissie Chau), une fille plutôt taciturne, angoissée, qui ne mange pas avec les autres. Elle ne semble pas s’amuser avec les autres malgré l’ambiance « déconne » des quatre filles.

Petit à petit le puzzle va se former, les pièces s’ajuster et le récit devenir clair. Car, il faut bien le dire, la thématique « fantôme » ne semblait pas bien évidente au début et ces personnages superficiels commençaient à sentir le film d’ados pénible. Certes, leur superficialité était amusante mais elles sont épuisantes. Et tout à coup, par un retournement de situations inespéré, tout ce deuxième film prend une tournure étonnante. Bien entendu, le scénario ne révolutionne pas le genre, mais Travel donne quelques gags plutôt drôles à des situations qui d’habitude sont réservées à l’épouvante. Du coup, ce film qui aurait pu n’être qu’une nouvelle horrible et insupportable production Wong Jing est une comédie très regardable et franchement sympathique.

Hong Kong ghost stories (猛鬼愛情故事, Hong Kong, 2011) Un film de Wong Jing (Classroom) avec Jennifer Tse, Pau Hee-ching, Leung Kar-yan, Chau Pak-ho, Kristal Tin, Kimmy Tong, Pang Mei-sung et de Patrick Kong (Travel) avec Chrissie Chau, Him Law, Timmy Hung, Charmaine Fong, Jeana Ho, Stephy Tang, Carol Yeung, Jacquelin Chong, Harriet Yeung.

mercredi 4 avril 2012

Samuel Fuller et l'Asie (2)



Après ses deux films coréens tournés en 1951, Samuel Fuller continue de visiter l’Asie en passant par la Chine, le Japon, le Viet Nam et Little Tokyo – le quartier nippon de Los Angeles. Il ne m’a pas été possible de regarder China gate, son film sur les derniers soubresauts de la guerre d’Indochine (soit le conflit de la décolonisation de la France au Viet Nam). Le film n’a jamais été édité en DVD et les projections sont rares. Il faut dire que le film de Samuel Fuller aurait beaucoup déplu et que China gate n’est même jamais sorti en France. Les trois autres films, et c’est une première différence avec J’ai vécu l’enfer de Corée et Baïonnette au canon, mettent en scène des personnages féminins et des romances.

Film de guerre situé pratiquement constamment dans un sous-marin, Le Démon des eaux troubles met en scène un ancien marine américain (Richard Widmark, que le cinéaste retrouve après Le Port de la drogue) qui est chargé de faire une expédition secrète au large du Japon, près des côtes soviétiques et chinoises. La mission est simple. A l’aide d’un scientifique français (Victor Francen) et de son assistante (Bella Darvi), le capitaine doit faire exploser une base militaire secrète abritant des bombes atomiques. Les communistes veulent lancer la troisième guerre mondiale en lançant une bombe en URSS et faire croire que Washington est responsable. L’angoisse de la Peur Rouge comme du Péril Jaune est très présente à Hollywood. Le film est aussi une romance qui s’établit entre Widmark et Darvi. Romance contrariée par le machisme et l’inélégance du capitaine qui ne supporte pas qu’une femme puisse vivre dans ce monde entouré d’hommes.

L’embarquement se fait au Japon, allié des Etats-Unis. Wong Atarne interprète Chin-lee, un Chinois qui veut s’intégrer à la société américaine. Dans une belle scène, on le voit chanter au ukulélé Don’t fence me in de Cole Porter. Après son départ du Japon, le sous-marin est pourchassé par un submersible de l’armée chinoise qui cherche à torpiller les Américains. Cela fournit l’un des suspenses du film. Les sous-mariniers doivent faire preuve de calme pour garder le silence, mais les occidentaux sont les plus forts. Dans le finale, Widmark et ses hommes affrontent des soldats chinois et en font prisonnier qui sera embarqué dans le sous-marin pour être interrogé. Chin-lee, modèle d’héroïsme, se propose de faire l’espion mais le soldat traite Chin-lee de traitre et le tue. La paix est sauve grâce à l’action commune des alliés contre ces lâches de communistes. Voilà en gros le message du film.


Le générique de Maison de bambou vante le tournage du film au Japon, dans les décors mêmes de l’action. Il faut dire que jusqu’à présent, les films « asiatiques » de Samuel Fuller étaient tournés en studio, la palme du carton pate revenant à Baïonnette au canon, avec son décor de montagne enneigée brinquebalant. Maison de bambou est un polar. Un soldat américain (Robert Stack) s’infiltre dans la mafia locale tenue d’une main de fer par Robert Ryan. Etonnement, ce sont des hommes d’affaires américains qui sont des yakuzas. Ils commettent des cambriolages à main armée. Stack va cohabiter avec Mariko (Shirley Yamaguchi), l’ancienne petite amie d’une de ses connaissances. Elle devient la honte de son quartier puisqu’elle s’affiche avec un étranger.

Ce qui intéresse autant que son histoire d’espions, de relations troubles entre Robert Stack et Robert Ryan (que beaucoup ont identifié comme homosexuelle d’autant que jamais Stack n’envisage de coucher avec Mariko), c’est le Japon lui-même. La part documentée du film est importante. Samuel Fuller filme la ville telle qu’elle était en 1955, sa caméra s’attarde souvent à filmer les personnages qui se déplacent. Il filme aussi les coutumes japonaises, les bains (scène hilarante où Stack ne veut pas sortir nu), les repas, les défilés, un parc d’attraction bondé. Et aussi les tenues des Japonais, les couleurs des vêtements. On sent que le cinéaste s’est passionné pour le pays lors du tournage.


Le meilleur de ces trois films japonais est The Crimson kimono. Samuel Fuller revient aux Etats-Unis et au noir et blanc. Il a aussi changé de studio, quitté la Fox et travaille désormais pour la Columbia. Charlie (Glenn Corbett) et Joe (James Shigeta) sont deux policiers de Los Angeles. Ils se sont rencontrés lors de la guerre de Corée. Ils vivent désormais ensemble dans un coquet appartement dont ils disent eux-mêmes qu’ils dépensent tout leur salaire en décoration et meubles pour en faire un nid douillet. Joe et Charlie sont un couple tranquille qui va être perturbé par l’arrivée de Chris (Victoria Shaw) dans leur vie. Charlie croyait que c’était un homme et est très étonné de comprendre que ce peintre est une femme. Chris pourrait aider à retrouver l’assassin. Charlie reçoit aussi les conseils de Mac (Anna Lee), qui boit du whisky à la bouteille et se comporte comme un homme.

Dans The Crimson kimono, Samuel Fuller prend un malin plaisir à filmer un triangle amoureux en le cryptant à la fois de notions sur la race (Joe le Japonais est persuadé qu’une Américaine blanche ne peut pas l’aimer) et de notions sur l’homosexualité des deux flics. Chris est le personnage qui va séparer les deux flics qui vivent une vie de couple bien rangée. La manière dont ils sont filmés au saut du lit, se battant au kendo – le bâton symbole phallique – puis, tout en sueur, tenter de s’expliquer en se regardant les yeux dans les yeux avec des dialogues à double sens, procurent des moments très savoureux. En filmant cette ambigüité sexuelle pourtant évidente, le film met aussi le doigt sur les discriminations raciales aux Etats-Unis à la fin des années 1950. Encore une fois, Samuel Fuller prouve qu’il est l’un des plus grands réalisateur du cinéaste social.

Le Démon des eaux troubles (Hell and high water, Etats-Unis, 1954) Un film de Samuel Fuller avec Richard Widmark, Bella Darvi, Victor Francen, Cameron Mitchell, Gene Evans, David Wayne, Stephen Bekassy, Richard Loo.

Maison de bambou (House of bamboo, Etats-Unis, 1955) Un film de Samuel Fuller avec Robert Ryan, Robert Stack, Shirley Yamaguchi, Cameron Mitchell, Brad Dexter, Sessue Hayakawa, Biff Elliot, Sandro Giglio, Elko Hanabusa.

China gate (Etats-Unis, 1955) Un film de Samuel Fuller avec Gene Barry, Angie Dickinson, Nat 'King' Cole, Paul Dubov, Lee Van Cleef, George Givot, Gerald Milton, Neyle Morrow, Marcel Dalio, Maurice Marsac, Warren Hsieh, Paul Busch, James Hong, William Soo Hoo, Walter Soo Hoo.

The Crimson kimono (Etats-Unis, 1959) Un film de Samuel Fuller avec Victoria Shaw, Glenn Corbett, James Shigeta, Anna Lee, Paul Dubov, Jaclynne Greene, Neyle Morrow, Gloria Pall, Pat Silver, George Yoshinaga, Kaye Elhardt, Aya Oyama, George Okamura, Ryosho S. Sogabe, Bob Okazaki.

mardi 3 avril 2012

Samuel Fuller et l'Asie (1)


Des six films de Samuel Fuller qui se déroulent en Asie, J’ai vécu l’enfer de Corée et Baïonnette au canon sont les deux meilleurs. Tournés coup sur coup sur un format identique (unité d’action, de lieu et de temps) et se déroulant tous les deux pendant la guerre de Corée, les deux films se ressemblent mais sont totalement opposés. Samuel Fuller expliquait qu’il avait tourné Baïonnette au canon sur un pari de son producteur Daaryl F. Zanuck (de la Fox) de reproduire exactement le même film : un groupe d’hommes isolés et sans présence féminine. Au centre des deux films, un même acteur (Gene Evans) à l’air bourru, cigare u bac, barbe épaisse du soldat baroudeur qui en a vu d’autres. Les titres originaux invoquent la défense (le casque d’acier) et l’attaque (la baïonnette au canon) et expriment déjà la différence entre les deux films.


Dans J’ai vécu l’enfer de Corée, le personnage de Gene Evans est d’abord un solitaire qui cherche à rejoindre son régiment d’infanterie. Les mains liées par l’ennemi, laissé pour mort, il sera secouru par un gamin coréen (William Chun). Montré d’abord marchant pieds nus, tenant son fusil, le gamin est peut-être un ennemi prêt à abattre le soldat américain. Un gros plan sur son visage fermé n’exprime pas non plus de compassion d’autant que la musique se fait dramatique. Mais le petit dit « South Korean », sourit et libère le GI. Le jeune Coréen parle plutôt bien anglais. Le soldat essaie d’abord de le chasser, mais le gamin s’incruste, le suit. Il lui fournit un casque afin de le protéger des balles des Nord coréens. L’ennemi « rouge » peut être partout, y compris déguisé en moins, comme ils vont s’en apercevoir bientôt.

Le soldat et le gamin vont rencontrer d’autres soldats avec lesquels ils vont faire troupe. Ils croiseront des Coréens qui fuient la guerre et iront se réfugier dans un temple bouddhiste. Là, la confrontation avec l’ennemi se fait plus intense. Un communiste s’est en effet caché dans le temple (ces gens-là, des athées, ne respectent donc rien), d’autres Coréens sont en embuscade à l’extérieur et abattront le gamin si sympathique. Le film accentue la lâcheté des « rouges », leur caractère impitoyable de machines de guerre qui ne respectent ni Dieu ni les enfants. En somme, Samuel Fuller les montre comme des bêtes. Finalement, le sniper caché (Harold Fong) est fait prisonnier. Le regard fuyant, sale et petit (en comparaison avec la taille des soldats US), il sera filmé de manière inverse du gamin, lumineux, joyeux et dans l’action. Le Coréen communiste cherchera aussi à provoquer un soldat américain (Richard Loo), l’accusant de traitrise à sa couleur de peau : c’est un asiatique.


Si les asiatiques peuvent s’exprimer dans J’ai vécu l’enfer de Corée, il n’en sera pas du coup le cas dans Baïonnette au canon. Dans ce film, quelques soldats d’infanterie sont envoyés en embuscade pour contrer une éventuelle avancée des Nord Coréens. Située en plein hiver, l’action se fait dans des rochers recouverts de neige ou dans une grotte humide qui sert aux soldats d’abri. Le film joue très habilement sur le suspense de cette situation en posant une seule question : quand les ennemis coréens vont-ils attaquer ? Eux connaissent parfaitement le terrain alors que les Américains souffrent du froid et ont peur. Ce qui est intéressant est que l’ennemi rouge est indéterminé. Contrairement à J’ai vécu l’enfer de Corée, les adversaires ne sont pas des personnages mais un ensemble. Les rares dialogues qu’ils ont ne sont pas sous-titrés et peu importe d’ailleurs, car leur stratégie est celle de l’épuisement des GIs. Il ne personnalise plus car c’est l’idéologie qui est l’ennemie.


A vrai dire, si ce n’est le carton introductif du film, jamais les mots « Corée » et « Coréens » ne sont employés. Le film se déroule en Asie. Les soldats américains utilisent toutes sortes de termes pour parler de leurs ennemis, y compris le mot « Chinois », notamment lorsque les soldats en face d’eux jouent de la corne pour décontenancer les GIs. Ce sont bien des idéogrammes composites qui sont lisibles dans une scène où une jeep est abattue et non du coréen. La bataille dans Baïonnette au canon est difficile et les chefs d’escadron se succèdent. Ils se donnent le titre de « ichi-ban », mot japonais signifiant « le premier ». C’est d’une certaine manière, un moyen d’exprimer la contamination du mal rouge tel que le craignait les Etats-Unis alors. Ce qui n’empêche nullement Samuel Fuller à la fois de mettre en scène un suspense éprouvant pour le spectateur et de dénoncer la guerre sans l’air d’y toucher.

J'ai vécu l'enfer de Corée (The Steel Helmet, Etats-Unis, 1951) Un film de Samuel Fuller avec Gene Evans, Robert Hutton, Steve Brodie, James Edwards, Richard Loo, Sid Melton, Richard Monahan, William Chun, Harold Fong, Neyle Morrow, Lynn Stalmaster.

Baïonnette au canon (Fixed bayonets!, Etats-Unis, 1951) Un film de Samuel Fuller avec Richard Basehart, Gene Evans, Michael O'Shea, Richard Hylton, Craig Hill, Skip Homeier.

lundi 2 avril 2012

An Autumn's tale


Après avoir économisé deux ans, Jennifer (Cherie Chung) part enfin à New York rejoindre son petit ami Vincent (Danny Chan). Elle a organisé sa venue aux Etats-Unis candidement avec comme seule certitude, celle de bientôt se marier avec lui. Elle s’aperçoit vite que le jeune homme est passé à autre chose et leurs retrouvailles ne sont pas aussi romantiques qu’elle l’espérait : il a une nouvelle petite amie, Peggy (Ng Fook-sing). Il n’ose même pas la présenter telle quelle, mais Jennifer comprend bien qu’elle est de trop, qu’elle a fait ce voyage de Hong Kong à New York pour rien, qu’elle se trouve un peu bête toute seule dans une ville inconnue où elle ne connait personne.

Presque personne. A l’aéroport, elle a été récupérée par Figgy (Chow Yun-fat), un cousin très éloigné. Le jeune homme arrive avec deux de ses amis dans sa bagnole, un tacot délabré et taggué. Insouciant, il vient la chercher avec deux heures de retard, se gare n’importe au nez et à la barbe d’un policier. Immigré aux Etats-Unis depuis des années, Figgy vit pourtant comme à Hong Kong. Il parle à peine anglais, continue de ne fréquenter que ses compatriotes et joue tous les jours son maigre salaire de serveur aux jeux de hasard. Il a implanté sa vie hongkongaise à New York. Il propose à Jennifer de l’héberger chez lui. Son appartement est un vrai taudis, il vit au jour le jour, dans une idée du carpe diem qui contraste avec l’organisation minutieuse de Jennifer.

Très vite, An Autumn’s tale présente ses deux personnages principaux comme totalement opposés pour mieux pouvoir les rapprocher. La différence majeure entre Jennifer et Figgy est que ce dernier tombe très vite amoureux d’elle et va tout faire pour elle. Il décore l’appartement qu’elle occupe, il lui aide à trouver un petit boulot (elle va devenir baby-sitter), il fait des efforts pour paraitre moins excentrique et pour lui plaire. Seulement voilà, Jennifer s’accroche à son ex et ne rend compte de rien. Ainsi, dans la scène la plus émouvante du film, elle tente de renouer avec Vincent lors d’une soirée organisée par Figgy. Ce que Jennifer ignore, c’est que cette fête n’est pas en son honneur mais pour l’anniversaire de Figgy. Dans son égoïsme certain, Jennifer n’admire que son nombril et le choc sera encore plus dur quand elle comprendra la réalité. Mais tous deux sont dans l’échec, échec qu’il faudra surmonter pour exister.

Ce qui fonctionne dans le film de Mabel Cheung, gros succès à Hong Kong et sacré meilleur film aux Hong Kong Film Awards, c’est le jeu de Chow Yun-fat en éternel romantique désabusé qui passe du sourire quand il voit Jennifer à la déception quand il se rend compte qu’elle ne comprend absolument rien, qu’elle est aveuglée par son amour défunt. L’écueil est en revanche double. D’un côté, la cinéaste filme New York avec beaucoup de clichés, comme une ville touristique : les flics sont sympas, la population est sympa (ah la scène un ridicule chez l’antiquaire), aucune difficulté due à l’ère Reagan n’est jamais évoquée (la carte verte pour bosser, les problèmes de logement par exemple). D’un autre côté, le romantisme passe forcément par l’absence d’explication entre les personnages et par des silences sur-signifiants. Si Figgy avait expliqué ses sentiments à Jennifer, tout serait probablement allé plus vite. Ainsi, le film joue sur cette double absence de réalisme. Logiquement puisque le film se présente comme un conte d’automne où les sentiments se confrontent et comme dans la plupart des contes, tout se terminera bien.

An Autumn's tale (秋天的童話, Hong Kong, 1987) Un film de Mabel Cheung avec Chow Yun-fat, Cherie Chung, Danny Chan, Ng Fook-sing, Arthur Fulbright, Gigi Wong, Chan Yui-yin, Jeng Ming-suen, Wong Man, Lo Yip-mei, Tom Hsiung.

dimanche 1 avril 2012

I wish


Cela fait six mois que les parents de Koichi (Koko Maeda) et Ryo (Oshiro Maeda) sont séparés. L’aîné, onze ans, vit avec sa mère. Elle s’est installée chez ses parents et travaille comme caissière dans un supermarché. Ryo habite avec son père, un guitariste qui joue dans un groupe de rock-pop sans grand succès. Les deux enfants ne se voient pas, ils se téléphonent souvent pour discuter et Koichi a un souhait : que la famille soit à nouveau réunie, qu’ils vivent à quatre. La distance n’arrange pas les choses, la mère habite dans le sud de l’île et le père dans le nord.

Koichi est un enfant calme, posé, organisé. Il nettoie avec application la poussière déposée dans sa chambre depuis que le volcan qui surplombe la ville est entré en éruption. A l’école, il est très copain avec deux autres garçons avec lesquels il passe aussi beaucoup de son temps. Ils admirent la bibliothécaire qu’ils trouvent très jolie. Après l’école, il va faire de la natation puis rentre chez lui. L’une de ses grandes passions est de manger les dernières miettes du paquet de chips avec lequel il vient de se goinfrer. Son grand-père beaucoup de temps à reproduire la recette d’un gâteau. Il est chaque fois déçu que tout le monde trouve que le goût soit « indécis », lui qui tente de retrouver la saveur du bon vieux temps.

Ryo ne cesse jamais courir. Pour aller à l’école, il court, pour rentrer chez lui, il court. Non pas qu’il pense perdre son temps, mais c’est la joie, la bonne humeur qui l’anime. Il sourit la plupart du temps, laissant apparaitre deux belles dents tombées. Son passe-temps favori est de cultiver des légumes dans le jardinet de la maison de son père (Joe Odagiri). Ce père, éternel adolescent à la fois dans le look (barbe d’une semaine, vêtement de jeunes) et dans l’activité (il poursuit son rêve de rockeur), Ryo le surveille, comme il le dit lui-même. Il regarde dormir comme un loir quand il doit partir à l’école (en courant forcément). Il traine souvent avec trois de ses camarades. Seule le personnage de la petite Magumi (Kara Uchida) est développée. Elle vit avec sa mère, une actrice qui n’a jamais percée, et souhaite elle-même devenir actrice.

Ce qui plait d’abord dans I wish, c’est le naturel avec lequel les enfants sont dirigés part Hirokazu Kore-eda. Tout le film repose sur eux, pas seulement sur les deux frères (et j’ai plus de bonheur avec le personnage de Ryo), mais sur toute la petite bande (sept enfants tout de même). Les acteurs adultes sont des personnages secondaires et fonctionnent sur des registres différents. Le père et le grand-père sont plutôt du registre humoristique parce que ce sont des faibles mais ils sont touchants. Ils ont des rapports de complicité avec les petits. La mère et la grand-mère sont plutôt des inquiètes, elles cherchent à gérer la vie des hommes, sans vraiment y arriver. Quoi qu’il en soit, I wish apparait comme l’antithèse de Nobody knows dans son récit. On craint souvent qu’il arrive un malheur aux enfants, ça n’arrivera pas. En revanche, tous prennent leurs vies en main, comme dans l’autre film, mais sur un mode plus léger en apparence, car c’est bien de la solitude dont parle le cinéaste.

Le film prend une belle ampleur quand les enfants décident de faire un vœu afin que pour chacun un miracle se produise. Ils attendent avec impatience que la nouvelle ligne de TGV soit inaugurée. Ils se sont persuadés que lors de leur premier voyage, quand les trains se croiseront, s’ils vont ce vœu, il se réalisera. Ils partent donc en train, avec impatience. Il faut d’abord trouver de l’argent pour se rendre sur le lieu du croisement. La troupe part. Koichi est déçu que son frère soit venu avec ses amis, alors que lui-même n’est pas seul. Les retrouvailles ne sont pas aussi éclatantes que prévues. Et là bas, ils ne connaissent rien. Où passer la nuit ? Que manger ? Les parents ne vont-ils pas s’inquiéter. Cette partie agit comme un conte avec une douceur enthousiasmante. Si I wish n’est pas le meilleur film de Kore-eda, c’est celui qui apporte la plus grande plénitude.

I wish (奇跡, Japon, 2011) Un film de Hirokazu Kore-eda avec Koki Maeda, Oshiro Maeda, Nene Otsuka, Joe Odagiri, Ryoga Hayashi, Hosinosuke Nagayosi, Kara Uchida, Kanna Hashimoto, Rento Isobe, Yui Natsukawa, Hiroshi Abe, Masami Nagasawa, Yoshio Harada, Kirin Kiki, Isao Hashizume.