lundi 30 avril 2012

Dragon Gate, la légende des sabres volants



Pour son premier film en 3D, Tsui Hark s’est appuyé sur des bases connues de tous. Dès le générique d’ouverture de Dragon Gate, la légende des sabres volants, on reconnait la musique déjà présente dès Dragon Inn de King Hu et que Tsui Hark avait reprise pour son Auberge du dragon en 1992. Evidemment, le titre du film indiquait bien vers où le spectateur va et comme toujours vers l’eunuque impérial qui, dans sa soif de pouvoir absolu, élimine ses ennemis au sein du pouvoir. Du haut de sa balustrade, il condamne sans appel ceux qui avaient osé critiquer sa politique. Quand en plus cet eunuque, forcément apprêté, forcément très caricatural est incarné par Gordon Liu et que c’est Jet Li, qui n’avait pas tourné avec Tsui Hark depuis Dr. Wong en Amérique, qui vient rétablir la justice et botter le train de Gordon Liu, on se dit qu’il y a des chances que le spectacle soit beau.

Zhao (Jet Li) combat la corruption au sein du pouvoir et ce dernier va chercher à éliminer ce redresseur de tort. Un autre eunuque, Yu Huatian (Aloys Chen), par ailleurs favori de l’impératrice part à la chasse de Zhao. Puis, c’est toute une foule de personnages qui vont se donner rendez-vous dans l’auberge du Dragon au beau milieu du désert. Une servante qui s’est échappée du palais, porteuse d’un secret et enceinte (Mavis Fan) sera sauvé de la brutalité de Yu par une experte en arts martiaux. Jade (Zhou Xun) se fait d’abord passer pour Zhao car ils se connaissent, leur vie a un passé commun. Jade va protéger la servante apeurée et on apprendra qu’elle connait tous les recoins de l’auberge puisqu’elle ouvre une trappe qui permet de se cacher dans une grotte. De là, Jade pourra espionner les autres, c'est-à-dire à la fois les aubergistes et les clients.

En fait de clients, ce sont des mercenaires ou des soldats qui occupent la place. On rencontre une bande de Mongoles tatoués et costauds menés par une chef tatouée (Kwai Lun-mei). Face à eux, des hommes de Yu Huatian dirigés par Tan Luzi (Sheng Jian) et Ma Jinliang (Fan Siu-wong) et son œil de verre, tous deux d’habiles sabreurs. Entre les deux, un couple Gu Shaotang (Li Yuchun) et Wing Blade (Aloys Chen), le sosie de Yu Huatian, qui va servir justement à semer le trouble – et accessoirement à fournir au film son unique personnage comique. Il faut s’accrocher pour suivre tous les personnages nombreux et qui parfois se dédoublent. Les femmes sont les personnages les plus forts, comme souvent dans son cinéma. Tsui Hark organise un scénario à la densité qui rappelle celle de Zu les guerriers de la montagne magique. Cette idée de confusion est plaisante parce qu’elle rappelle de bons souvenirs quand le cinéaste n’avait pas peur de la profusion, d’aller loin le montage effréné, les plans biscornus et les effets spéciaux grandiloquents. Au programme de Dragon Gate, la légende des sabres volants, on trouve beaucoup de combats virevoltants entre tous les personnages. C’est dire si chaque spectateur aura à boire et à manger.

Comme il y a trente ans avec Zu, les effets spéciaux sont au cœur du cinéma de Tsui Hark. La 3D sert à faire voler tous les lames, sabres et autres objets contendants à travers l’écran, vers le visage du spectateur (vertu désormais classique de la 3D) ou à l’inverse en caméra subjective. Effectivement les sabres volent, le titre anglais ne ment pas. C’est la variété qui est jouissive plus que l’abondance. Cela sonne parfois comme un gadget mais peut aussi donner de belles choses comme ce vol de corbeaux qui forme un nuage puis qui foncent sur Jade et la servante. Il est en revanche plus compliqué d’être convaincu par la tempête de sable qui s’abat sur l’auberge avec un étage qui se détache en tournant dans le ciel tandis que Jet Li et Aloys Chen se battent. Comme dans DetectiveDee, Tsui Hark prend un malin plaisir à détruire son décor, ici moins imposant, il ne s’agit que d’un simple bâtiment de pierre et de sable. Il s’amuse beaucoup mais il manque quelque chose au film, une scène d’anthologie digne du strip tease de L’Auberge du dragon par exemple. Il manque quelques moments de calme entre les sommets de l’action, histoire de se reposer quelques minutes avant l’explosion visuelle.

Dragon Gate, la légende des sabres volants (Flying swords of Dragon Gate, 龍門飛甲, Hong Kong – Chine, 2011) Un film de Tsui Hark avec Jet Li, Zhou Xun, Aloys Chen, Kwai Lun-mei, Mavis Fan, Fan Siu-wong, Li Yuchun, Du Yi-hengn, Dillon Wu, Zhang Xin-yu, Sheng Jian, Gordon Liu, Sun Jian-Kui.

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