« Il
était une fois, dans la Chine ancienne, trois sœurs. La première aimait
l’argent, le deuxième aimait le pouvoir, la troisième aimait son pays. » C’est
sur ces indications que s’ouvre The
Soong sisters, film sur cette famille chinoise du début du 20ème
siècle qui a donné des épouses à Tchang Kai-chek et à Sun Yat-sen, deux des
fondateurs de la république. Le récit démarre en 1981, à Pékin avec l’annonce
que la veuve de Sun est malade et qu’elle demande à sa petite sœur, veuve du
fondateur de Taïwan, revienne en Chine continentale. C’est l’occasion pour
Soong Mai-ling (Vivian Wu), la plus jeune de se rappeler sa vie et de lancer un
flash-back. C’est bien entendu une histoire vraie, celle de la Chine.
Charlie
Soong (Jiang Wen) et son épouse (Elaine Kam) sont des parents modernes. Ils
décident d’éduquer leurs trois filles puis de les envoyer étudier aux
Etats-Unis (elles parlent anglais dès qu’elles ont un secret à se dire). Le
père est un chrétien, il est même montré comme un pasteur, haranguant les
foules pour faire passer le message d’une Chine nouvelle. Il s’agit de manière
générale d’éduquer les gens pour qu’ils ne soient plus dépendants des riches et
de plus précisément, il incite les hommes à se couper la natte par exemple. Quoi
qu’il en soit M. Soong veut que ses filles aient des destins prestigieux. The Soong sisters suit donc la vie
politique et amoureuse des sœurs, particulièrement les deux cadettes. L’aînée
Ai-lin (Michelle Yeoh) se marie rapidement à un riche homme d’affaires et
intéresse moins Mabel Cheung. On apprend qu’elle quittera la Chine pour Hong
Kong à la fin des années 1930 et qu’elle a eu quatre enfants.
Le
film suit donc essentiellement les parcours de Mai-ling et de Ching-ling
(Maggie Cheung). Cette dernière s’amourache de Sun Yat-sen (Winston Chao), un
ami de son père et largement plus âgé qu’elle. Le père Soong sera contre leur
union mais ils se marient au Japon où il s’est exilé. Les chaussures prennent
ici une importance. Sun Yat-sen parle des gens pauvres qui ne peuvent pas s’acheter
des souliers. Lui-même perdra sa chaussure quand il fuit les policiers et une
autre fois au Japon le jour où Ching-ling vient le rejoindre. Les chaussures,
ce sont aussi les pieds des femmes chinoises et leur compression symbole de la
féodalité. Sun Yat-sen est donc un progressiste et, à sa mort en 1925, son
épouse va reprendre le flambeau en se lançant dans la politique.
La
plus petite sœur, Mai-ling sera donc l’épouse du « généralissime »
Tchang Kai-chek (Wu Hsing-guo), montré d’abord comme un homme timide et que Sun
Yat-sen lance pour qu’il devienne ce qu’il sera : le chef des
Nationalistes. L’affrontement entre le militaire et sa belle-sœur constitue le
meilleur de The Soong sisters. La
détermination des deux personnages crée du suspense, à la fois alliés
politiques contre l’invasion japonaise, membres de la même famille et
adversaires quand Tchang tente de la supprimer et qu’il fait assassiner les
communistes. La tension atteint son point culminant lors d’un repas de Noël où
tous sont réunis et que le débat politique s’enflamme. L’écueil est cependant
d’avoir montré un Tchang Kai-chek très caricatural, responsable unique de la si
longue guerre civile avant l’union nationale contre les Japonais.
Le
film, sorti l’année de la rétrocession de Hong Kong à la Chin préoccupation
majeure des hongkongais en 1997, se veut aussi une métaphore de la situation
des trois Chine. Chaque actrice représente une entité. Michelle Yeoh est Hong
Kong (celle qui aime l’argent), Vivian Wu est Taïwan (celle qui aime le pouvoir ;
elle sera montrée pendant tout le film comme une femme digne, supportant les
égarements politiques de son mari et sa position rétrograde) et Maggie Cheung
est la Chine populaire (celle qui aime son pays) et a le beau rôle. La portée
politique reste manichéenne d’autant que Mabel Cheung et Alex Lam, son
scénariste) enrobe tout cela dans un romantisme désuet. Mais en comparaison
avec les films en costumes « politiques » actuels (Ip Man ou Bodyguards
and assassins) largement influencés par Pékin dans leur message pro-chinois,
The Soong sisters apparait comme d’une
sage neutralité.
The
Soong sisters (宋家皇朝, Hong Kong – Japon, 1996) Un film de Mabel Cheung avec Maggie Cheung,
Michelle Yeoh, Vivian Wu, Winston Chao, Wu Hsing-guo, Niu Zhen-hua, Elaine Kam,
Jiang Wen, Chan Mei-ling, Liu Jin.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire