mercredi 25 juin 2008

Soif de justice


En 1984, les Espagnols savaient tous parler cantonais. C’est ce que nous dit ce film assez moyen de Sammo Hung, bien en deçà de ce qu’il a pu tourner dans cette période phare de la Golden Harvest. Soif de justice se passe en Espagne pour des raisons aussi incompréhensibles que La Fureur du dragon de Bruce Lee se passait en Italie. A moins qu’en Espagne et à Barcelone en particulier, à cette époque, il se soit trouvé un très large public pour le trio d’acteurs.

L’intrigue se déroule donc dans une petite ville de la péninsule. Moby (Sammo Hung) est détective privé. Plus exactement, il est le larbin de Matt. Mais les affaires ne marchent pas. L’électricité a été coupée, le téléphone aussi. Les créanciers recherche le patron de Moby et il s’enfuit laissant Moby seul. Il devient, non sans fierté, son propre patron. Un homme vient alors l’engager pour rechercher une jeune femme dont il n’a aucune photo. Moby va mener l’enquête.

David (Yuen Biao) et Thomas (Jackie Chan) sont deux amis qui vivent et travaillent ensemble. Ils font leur gym d’un même mouvement et partagent tout. Ils sont d’honnêtes commerçants et tiennent un restaurant ambulant qui fait le bonheur des Espagnols. Lors d’une visite à l’asile de fous où habite le père de David, ils font la connaissance de Sylvia. On va vite comprendre que c’est la fille qui est au cœur des investigations de Moby. Pour l’anecdote, dans cet asile on aperçoit Wu Ma qui fait l’horloge, John Sham et Richard Ng.

Je reviens à Sylvia (Lola Forner) qui est au centre d’un héritage. Sa mère avait eu un enfant avec un comte espagnol et elle serait en droit de réclamer l’héritage. Là, des méchants à la solde d’un homme qui veut s’accaparer l’argent du comte vont entrer en scène. Sylvia pour se débrouiller dans la vie est devenue pickpocket. Pour attirer les hommes, elle fait croire qu’elle se prostitue. David et Thomas vont aller plus d’une fois à sa rescousse même si elle leur en fait baver.

Le scénario de Soif de justice est constamment poussif et manque de bout en bout de souffle. Et je ne parle même pas de crédibilité. Ici, c’est plutôt la débilité des gags qui resurgit, tous plus indigents les uns que les autres bien moins élaborés que dans la « trilogie » du Flic de Hong Kong. Les trois acteurs sont allés passer des vacances en Espagne. Pourquoi pas ?

Ce qui est drôle c’est de voir tous les acteurs parler cantonais à nos trois héros. On ne sait pas tout de suite que ça se passe en Espagne, et on se demande pourquoi ils ne parlent pas espagnol. Mais non. Ensuite, ce sont les fringues qu’ils portent. Une horreur de ringardise. Mais ces fringues-là étaient à la mode en 1984. Jackie et Biao sont habillés avec des sweast shirts flashy pas franchement sympas. Et puis, ils font du skate. C’était le début du mouvement.

Sammo n’est pas en reste. Je pourrais, rien qu’avec ce film, faire une nouvelle revue de mode avec toutes les tenues qu’il porte. En plus, il a eu le bon goût de se faire une permanente du plus bel effet. Bref, Sammo porte tout et n’importe quoi ici. Il se ridiculise comme rarement, mais sans que cela produise les effets comiques dont il a pu faire preuve à de maintes reprises. C’est bien entendu très regrettable.

Restent dans Soif de justice les combats que Sammo Hung a évidemment chorégraphiés. Ils sont pour la plupart d’entre eux offerts à Jackie Chan et à Yuen Biao qui sont, comme toujours, des maîtres de l’agilité. Mais, ça fait quand même bizarre de les voir se battre dans un château d’Espagne. Mais encore une fois, pourquoi pas ?

Soif de justice (快餐车, Wheels on meals, Hong Kong, 1984) Un film de Sammo Hung avec Jackie Chan, Yuen Biao, Sammo Hung, Lola Forner, Benny Urquidez.

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